Avec Jean-François Corty, vice-président de Médecins du monde et chercheur associé à l’IRIS.
On décrypte le monde, tous les samedi matin à 8h16.
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##ON_DECRYPTE_LE_MONDE-2024-03-02##
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00:00 - Sud Radio, on décrypte le monde.
00:03 - On décrypte le monde, il est 8h20 sur Sud Radio et on parle de la famine qui guette manifestement la bande de Gaza.
00:11 Gaza pilonné par les forces israéliennes, Gaza toujours tenu manifestement par les forces du Hamas
00:17 et Gaza en proie à la famine comme l'ont montré ces images de ces milliers.
00:21 Il n'y a pas d'autre mot de Palestiniens qui se sont rués sur des camions qui transportaient de l'aide humanitaire.
00:26 Bousculades, émeutes, tirs de l'armée israélienne, les soldats se sont sentis menacés, dit l'armée israélienne,
00:33 près de 110 morts d'après le ministère de la santé de la bande de Gaza.
00:37 Je rappelle que ce ministère de la santé effectivement est tenu par définition par le Hamas.
00:42 On parle de la situation humanitaire dans la bande de Gaza avec notre invité Jean-François Cortib. Bonjour à vous.
00:46 - Bonjour.
00:47 - Soyez le bienvenu sur Sud Radio, vice-président de Médecins du Monde, vous êtes par ailleurs chercheur associé à l'Iris.
00:54 Est-ce que Gaza est en proie à la famine aujourd'hui ?
00:57 - Écoutez, je pense que les événements et le drame que vous avez rappelé nous montrent qu'effectivement il y a une famine qui est quasi avérée,
01:07 notamment dans le centre et dans le nord de la bande de Gaza.
01:11 Même si on ne peut pas être assuré des raisons des mortalités, écrasement, tir de l'armée israélienne, mouvements de fou ou autre,
01:19 ce que l'on sait en revanche c'est qu'il y a beaucoup de morts du fait de cette distribution totalement improvisée.
01:26 Donc on a des informations, Médecins du Monde, on a une équipe de 20 personnes qui travaille notamment dans le sud de la bande de Gaza,
01:31 entre Rafa et Raniounès, où là on sait, parce qu'on a des consultations médicales, qu'il y a une tension nutritionnelle très forte.
01:39 On a beaucoup moins d'informations sur le centre et le nord, mais on sait que l'aide humanitaire qui rentre de manière sous-proportionnée,
01:46 elle ne touche pratiquement pas le nord. Cette famine quasi avérée dans le centre et dans le nord de la bande de Gaza,
01:53 il faut comprendre qu'elle n'est pas liée à des phénomènes climatiques ou autre,
01:56 elle est délibérément construite par l'armée israélienne, par un blocus aérien, maritime et terrestre,
02:02 qui sous-dote l'entrée proportionnée d'aide. Si bien que vous avez des gens, comme vous avez pu le décrire sous les images et le voir,
02:09 qui sont affamés, défamés, enfants, et on parle d'une population d'environ 300 000 à 500 000 personnes.
02:14 Il y a 300 000 encore à 500 000 personnes dans la bande de Gaza à ce stade, c'est ce que vous nous dites ?
02:19 Non, dans le centre et dans le nord de la bande de Gaza. Dans le sud, sur Arafat et Ranyounès, il y a environ 1,5 million de personnes,
02:27 où là aussi la tension humanitaire est très forte, puisqu'il n'y a que quelques dizaines de camions qui rentrent par jour,
02:33 alors qu'il en faudrait plusieurs centaines.
02:35 Alors qui les fait entrer ces camions justement ? Qui les conduit ? Qui les fait entrer ?
02:40 Ces camions sont prépositionnés depuis plusieurs mois par les humanitaires, par les Nations Unies, parfois par certains États, côté égyptien.
02:48 Ils sont prêts à rentrer, mais les conditions de sécurité, notamment du fait des bombardements,
02:54 le côté aussi blocage et contrôle et limitation des entrées par l'armée israélienne, fait que l'aide est complètement sous-dotée.
03:01 Vous avez un système de santé qui est à plat, totalement détruit par les bombardements.
03:05 Les humanitaires qui sont morts, médecin humain, on a perdu un autre médecin il y a quelques semaines.
03:11 On a un autre bureau qui a été délibérément détruit par l'armée israélienne il y a quelques semaines aussi.
03:17 L'aide, elle ne peut pas répondre aux besoins.
03:19 Ce qu'il faut comprendre, c'est qu'une distribution, c'est un métier.
03:24 Dans un contexte de famine, tel qu'on le voit dans le centre nord de la bande de Gaza,
03:30 il y a des conditions de sécurité qui sont très importantes.
03:33 Il faut des équipes formées pour pouvoir organiser des distributions.
03:37 Et là, qui la menait justement ? Je vous repose ma question.
03:39 Qui conduisait ces camions ? C'était l'armée israélienne ?
03:41 Dans les informations que nous avons, et que vous pouvez avoir aussi,
03:45 il s'agit manifestement d'une expérimentation de l'armée israélienne qui a lié avec des entreprises dont on ne connaît pas le nom,
03:53 qui ont fait rentrer ces camions de nuit en tentant manifestement une opération totalement hasardeuse.
04:01 C'est pour ça que je vous dis que c'est un métier...
04:03 - C'était mieux que rien et ça partait du bon...
04:05 Je comprends tout à fait ce que vous dites, Jean-François Corti,
04:07 mais si on est équitable, c'était mieux que rien et ça partait d'une bonne intention malgré tout.
04:11 - Non, mais les bonnes intentions, ce n'est pas suffisant.
04:13 On peut avoir du cœur, si vous avez 100 morts à la fin, vous avez un problème avec vos intentions.
04:19 - Le désastre est évident et ça, on en a parlé tout à fait.
04:22 J'aimerais qu'on précise quand même une chose, Jean-François Corti.
04:24 - Je voudrais juste terminer.
04:25 - Bien sûr.
04:26 - Je veux simplement vous dire que c'est un métier de distribuer
04:29 et que ce n'est pas pour rien que les humanitaires appellent à incester le feu depuis plusieurs mois.
04:33 Ce n'est pas une vue de l'esprit, ce n'est pas une position idéologique.
04:36 C'est justement pour que les équipes puissent rentrer sans risque de mourir,
04:39 pour pouvoir organiser l'aide qui est insuffisante
04:42 et pour pouvoir faire en sorte que les civils les aidant ne meurent pas sur des séquences où ils sont censés être aidés.
04:48 Voilà, c'est ça qui est important et qui confirme la nécessité d'incester le feu actuellement.
04:53 - Et le gouvernement israélien répond invariablement à incester le feu, pourquoi pas, mais rendez d'abord les otages.
04:59 Est-ce qu'on sait d'ailleurs aujourd'hui combien il reste d'otages israéliens dans la bande de Gaza ?
05:04 Est-ce qu'on a des nouvelles de leur santé par ailleurs ?
05:06 - Oui, dans les informations qu'on a et que j'ai comme vous, il resterait une centaine d'otages
05:12 et c'est une vraie préoccupation, les civils, les otages, pour les humanitaires.
05:16 Le problème c'est que nous, des humanitaires comme Médecin du Monde, Médecins Sans Frontières ou d'autres,
05:20 on n'a pas accès à ces otages, on n'a pas les mandats, la légitimité politique, opérationnelle pour pouvoir y accéder.
05:27 Donc évidemment que nous sommes concernés par le sort de tous les civils.
05:30 Je dis simplement qu'aujourd'hui, ce blocus qui entraîne une famine, qui est organisé,
05:36 elle impacte les civils palestiniens, elle met aussi le pronostic vital des otages en avant
05:41 et cela n'est pas acceptable.
05:43 Et encore une fois, organiser une famine, ça va dans le sens contraire du respect du droit humanitaire international,
05:48 ça ne va pas dans le sens des recommandations de la Cour internationale de justice
05:52 qui a quelques semaines rappelé qu'on était dans un risque de génocide
05:55 et que pour stopper et prévenir ce risque de génocide,
05:58 il fallait une entrée d'aide massive humanitaire sur le territoire de Gaza,
06:01 ce qui n'est pas le cas aujourd'hui.
06:03 Alors évidemment, ces accusations, ou en tout cas ces craintes, sont violemment dénoncées ou démenties par le gouvernement israélien aujourd'hui.
06:10 Quelle est votre opinion et celle de Médecins du Monde aujourd'hui ?
06:13 Est-ce que vous dites qu'il y a un risque de génocide à Gaza ou pas ? Parce que le terme est fort quand même.
06:17 Oui, mais le terme est fort, mais il est mis en avant par la Cour internationale de justice
06:21 qui sont tout sauf des guignols, qui sont des professionnels, qui ont des arguments rationnels
06:25 pour pouvoir mettre des mots sur une situation potentielle.
06:29 Et encore une fois, ils disent qu'il y a un risque, ils ne s'engagent pas.
06:32 Pour pouvoir caractériser de manière précise la notion de génocide,
06:36 ça prend souvent plusieurs mois ou plusieurs années.
06:38 Aujourd'hui, il faut sauver des vies, il faut sauver 2 millions de personnes,
06:42 plus les otages, que vous avez rappelés, de manière tout à fait légitime.
06:45 Et ce n'est pas de notre point de vue, en bombardant massivement,
06:48 en empêchant les humanitaires de travailler, en les tuant massivement aussi,
06:52 comme on tue vos collègues journalistes massivement à Gaza aujourd'hui,
06:55 que l'on va prévenir une situation génocidaire
06:58 où vous avez 2 millions de personnes qui cherchent à manger, à boire,
07:01 qui ne sont pas plus soignées, qui meurent sous les bombes
07:04 et qui meurent d'un défaut de soins, y compris pour des maladies les plus classiques.
07:07 Mais on sera malheureusement amené à en reparler à une occasion prochaine sur Sud Radio.
07:12 Merci à vous d'avoir pris la parole Jean-François Corti sur Sud Radio,
07:15 vice-président de Médecins du Monde, chercheur associé à l'IRIS.
07:19 À suivre sur Sud Radio.