Jacques Pessis reçoit Isabelle Vitari. « Nos chers voisins » lui ont permis de devenir une actrice populaire. Elle a fait d’autres choses au cinéma et au théâtre. Son actualité : « Rupture a domicile » au Rive Gauche.
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##LES_CLEFS_D_UNE_VIE-2024-10-23##
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PersonnesTranscription
00:00Les clés d'une vie, celles de mon invité, vous avez débuté avec des quiches avant
00:07de connaître la célébrité à l'heure du dîner, grâce à la télévision, à la scène
00:11comme à la ville, vous avez toujours fait rimer humour avec amour, vous êtes de retour
00:16sur scène avec une pièce qui est déjà un classique de la comédie, bonjour Isabelle
00:20Vitari.
00:21Bonjour.
00:22Vous êtes à l'affiche de rupture à domicile au Théâtre Yves-Gauche, on va en parler
00:26tout à l'heure, mais vous avez fait mille choses dans votre vie, bon il y a eu nos chers
00:30voisins qui vous ont rendu célèbres, on va en parler aussi, et le principe des clés
00:33d'une vie c'est d'évoquer votre parcours à travers des dates clés.
00:36D'accord.
00:37Donc le principe étant défini, on va passer à la première date qui est le 30 novembre
00:422005, la sortie de ce film.
00:44Dans un lycée de la banlieue ouest de Philadelphoune, comme dans tous les lycées, zérissent des
00:50ringards moches et remoches, c'est-à-dire les...
00:54Un film totalement surréaliste, il y a eu une avant-première je crois à Bordeaux pour
00:57un festival en octobre, et la sortie à Paris, qu'est-ce que c'est que ce film totalement
01:02surréaliste Isabelle Vitari ?
01:03Alors, on l'a réalisé avec notre collectif des Quiches, en fait les Quiches c'est parti
01:10de huit acteurs qui sont encore à l'école de théâtre, on était au cours Florent et
01:16ensuite chez Raymond Coiviva, et on en avait marre, on avait 20 ans et on avait marre d'attendre
01:20les castings, et il y avait les caméscopes qui venaient de sortir, les mini caméras,
01:25et mes parents m'en avaient offert une, et on a commencé à faire des courts-métrages
01:28et à monter sur E-Movie 1.
01:30Ce que personne ne faisait à l'époque ?
01:31Ce que personne ne faisait, absolument, et donc on faisait plein, donc dès qu'on avait
01:34une idée, mais à 20 ans on bouillonne, donc dès qu'on avait une idée, vite, on écrivait
01:38même pas de scénario, on tournait comme ça, on tournait, montait, enfin c'était vraiment,
01:43franchement c'était hyper bien ce qu'on faisait, c'était complètement dingue et on avait
01:46vraiment notre patte.
01:47Il y avait la directrice de ce film qui s'appelait Miss Smoking Hills, il y avait des élèves
01:52rebelles branleurs et très fashion, et le mot fashion n'existait pas en plus dans le
01:56langage courant.
01:57Oui, déjà ça existait un peu quand même, mais pas autant qu'aujourd'hui.
02:01Et donc voilà, on a fait plein de courts-métrages et on s'est fait repérer par Louis Becker
02:05qui nous a dit, moi je vous ai repéré, je vous produis votre long-métrage, et donc
02:08on a dû écrire un film, et on l'a appelé Foun évidemment, F-O-O-N, je l'ai quand même,
02:13ça nous émarrait que tout le monde dise ah t'as vu Foun, t'as vu Foun, rien que pour
02:17ça, parce qu'on se prenait vraiment pas au sérieux.
02:19Et bien ce film n'a pas vraiment marché hélas.
02:21Hélas, ouais.
02:22C'est un collector.
02:23Et franchement, par exemple, Mario Cotillard nous disait que c'était un de ses films cultes
02:27préférés.
02:28Oui mais il y a beaucoup de gens, ceux qui l'ont vu ont tous aimé ce film, il pourrait
02:31un jour ressortir.
02:32Ah bah ça serait mon rêve, bien sûr.
02:34Et Louis Becker, je crois que c'est le fils de Jean Becker, donc petit-fils de Jacques
02:38Becker, qui a quand même tourné entre autres Casque d'Or, qui a permis à Simone Signoret
02:41d'avoir un Oscar.
02:42Oui, exactement.
02:43Et je crois qu'il a fait d'autres choses depuis, d'autres productions.
02:46Oui, il a été connu par un indien dans la ville.
02:49C'était ça son gros...
02:50Alors, il se trouve aussi que dans ce film, il y a une chose étonnante, les dialogues
02:54sont en franglais.
02:55Parce qu'on a voulu faire un film américain, mais on n'avait pas le niveau d'anglais,
02:58donc on l'a fait en franglais.
03:01C'est une sorte de mélange entre Grease et West Side Story.
03:07Voilà, c'est ça.
03:08Et le mot, le franglais, il y a René Tiamble, qui est un angouiste très célèbre, qui
03:13a dénoncé le franglais dans un livre en 1963, c'est la première fois qu'on en parlait,
03:16en disant on est en train de massacrer la langue française depuis la dernière guerre.
03:20Ça ne s'est pas vraiment arrangé depuis.
03:21Alors, vous êtes aussi une des scénaristes de ce film.
03:25Absolument, et co-réalisatrice aussi.
03:28Oui, mais Isabel Vidari, c'est un métier que vous ne connaissiez pas forcément au
03:32départ.
03:33Absolument, mais en fait, ça vient naturellement parce que quand on raconte une histoire, ça
03:37nous vient un peu, les images nous viennent en tête, donc c'est facile de les transcrire
03:42ensuite en vidéo.
03:43Pourquoi les quiches ?
03:44Parce qu'on ne se prend pas au sérieux, qu'on était vraiment huit quiches, quoi,
03:48voilà.
03:49En fait, le mot quiche vient de tarte, effectivement, c'est un mot qui vient de la Moselle, et
03:55dans le champ des injures culinaires, il est classé dans le top 50.
03:58Absolument.
03:59Alors, c'est une forme d'humour totalement absurde qui vous a toujours beaucoup plu.
04:03Exactement.
04:04Oui, il y a plein de petites références déjà à plein de films qu'on aimait.
04:08On a aussi, par exemple, on a quand même, ça, personne ne l'a vu, on a quand même
04:12fait une référence à Bibi Fock, qui était un dessin animé qu'on regardait dans les
04:16années 80.
04:17Et dans le film, on peut voir un Bibi Bibi Bibi Fock, il y est dans le film, là, il
04:23faut le trouver.
04:24Voilà, mais en même temps, c'était pas assez courant de voir ces films-là.
04:27Moi, je me souviens du début des Monty Python, le premier film, que ça ne fait pas ta caisse,
04:31il y avait dix personnes dans la salle.
04:33Oui, voilà.
04:34Et ça vous a toujours tourné pourquoi cette forme d'humour absurde ?
04:37Je ne sais pas, en fait, dans les quiches, il y a énormément d'humour, par exemple
04:42Mika Tarr, qui est pour moi une des femmes les plus drôles que je connaisse.
04:46Elle avait sa forme d'humour, Benoît Pétré aussi, Aurélie Saada aussi, Vanessa Fadge,
04:51tous les membres des quiches avaient Alexandre Brick, qui est aussi très drôle.
04:54On avait tous une forme d'humour et de nous rassembler tous ensemble, ça a créé ça.
05:00Oui, mais en même temps, c'était une sortie de cours, c'est-à-dire que c'est à l'école
05:03que vous vous êtes réunis, retrouvés ?
05:05Exactement.
05:06Parce qu'en général, on fait les classiques à l'école.
05:07On fait les classiques, et nous, on faisait les quiches, n'importe quoi.
05:11Et ça ne posait pas de problème aux professeurs ?
05:13Non.
05:14On avait même fait une fois, chère et moi, à Coahuiva, on devait donner le nom de notre
05:17scène qu'on voulait passer le jour même et en fait, on n'avait pas eu le temps de
05:21travailler avec Mika et on avait inventé un auteur et un nom de scène et on était
05:26passés et on s'est retrouvés à devoir inventer quelque chose et on était en impro.
05:31On avait fait une sorte de théâtre un peu absurde, mais très sérieux.
05:35Et à la fin de la scène, on arrête le truc, il y avait une plante et on faisait des choses
05:38un peu dramatiques comme ça sur la plante et Raymond à Coahuiva, il nous regarde, il
05:42fait « je ne connaissais pas cet auteur, je ne suis pas fan ».
05:47Vous ne lui avez pas dit la vérité ?
05:49Non, on ne l'a pas dit.
05:51Alors, les quiches, je crois qu'il y a eu aussi un programme cours sur Canal+, Allo
05:55Quiche ?
05:56Le concept était génial, c'est qu'une quiche était livrée quelque part, ça pouvait
06:02être sur le vaisseau-mer de V, dans un film porno, chez des ados, voilà, donc la quiche
06:09arrivait et on était dans une situation complètement rocambolesque.
06:13Alors ça, c'était les quiches, vous vous êtes séparés et chacun a continué son
06:17chemin et vous Isabelle Vittari, votre chemin a débuté à Aubervilliers, vous avez grandi
06:22près de Paris.
06:23Absolument.
06:24Et c'était une petite ville.
06:26Je sais que les dernières années de sa vie, Pierre Bromberger, qui a été un des plus
06:29grands producteurs de cinéma, qui a découvert Godard, Melville, Truffaut, vivait à Aubervilliers.
06:34Ah d'accord.
06:35Et au départ, vous êtes dans une famille très particulière, je crois que votre père
06:40est policier.
06:41Eh oui, absolument, il a été policier, il était inspecteur de police au début, il a
06:44fini commissaire, il a fait une belle carrière et ma mère était intendante, elle était
06:50dans l'éducation nationale.
06:51Et c'était une ville tranquille à l'époque ?
06:53Oui, on a ensuite déménagé dans le 93 à Drancy, qui a une triste histoire, hélas.
07:03Moi, je n'ai pas beaucoup de souvenirs de ma ville de naissance parce qu'on est parti
07:09assez vite finalement.
07:10Mais là aussi, c'était une vie de famille heureuse, tranquille, avec un père qui avait
07:14quand même peur pour vous, je crois.
07:15J'en avais parlé ensuite dans mon spectacle, oui c'est vrai, il était très flippé.
07:21En fait, il voulait avoir des garçons et il a eu deux filles et ça a été sa plus
07:25grande hantise, c'est qu'on se fasse violer ou pas respecter par les hommes.
07:29Donc je pense que malgré lui, il était féministe.
07:31C'est-à-dire ?
07:32Eh bien, il nous a élevés pour être des femmes fortes.
07:36Il nous a dit, vous ne devez jamais attendre d'un homme qui doit vous payer vos robes,
07:41vos sorties, c'est vous qui êtes indépendantes financièrement et ça, c'était très important
07:45pour lui.
07:46Et c'est vrai que ma sœur et moi, on est hyper indépendantes, quoi.
07:49Et il se trouve aussi qu'il vous a suivi pendant vos études, vos études ont été
07:53brillantes au départ.
07:54Oui, oui, oui.
07:55Oui, j'ai eu mon bac avec mention, j'ai fait des études de lettres, absolument, j'ai
07:58une licence de lettres.
07:59Bon, brillant, il y a mieux, il y a moins bien.
08:02Et puis, il vous a donné aussi quelques secrets professionnels si jamais vous étiez agressé
08:06un jour ou l'autre.
08:07Oui, absolument.
08:08Non mais, j'ai eu la chance de traverser ce métier toutes ces années où il y avait
08:13énormément de prédateurs.
08:14Je pense vraiment que le fait de dire, parce que je le disais naïvement, mais après coup
08:18je me disais que ce n'était pas si bête, que mon père était commissaire de police,
08:22quoi.
08:23Et donc, je pense que les prédateurs, allez peut-être voir ailleurs parce qu'il ne voulait
08:25pas avoir de problème.
08:26Mais là aussi, c'est une époque où quand il y avait des prédateurs, on n'en parlait
08:29pas Isabelle Vidal.
08:30On n'en parlait pas, ouais.
08:31Mais moi, je ne les ai pas vus.
08:32Et je pense que c'est grâce à mon papa qui était flic, quoi.
08:34Alors, le théâtre, ça vous a toujours attiré ?
08:36Alors, malgré moi, c'est ma prof de danse classique à 9 ans qui a dit à ma mère,
08:41il faut qu'elle fasse du théâtre.
08:42Et moi, au début, je ne voulais pas.
08:44C'est nul, Titus Berenice, je trouvais ça… Pour moi, c'était ça le théâtre, c'était
08:47un peu… Et en fait, pas du tout.
08:49Donc, je suis allée quand même prendre des cours de théâtre au conservatoire de Drancy
08:53avec M. Echacerriot.
08:54Et là, je me suis éclatée, j'ai eu le plus grand bonheur de ma vie.
08:59Je jouais le chat dans la patte du chat des Contes de Perrault et ça durait 20 minutes.
09:02Et au bout des 20 minutes, j'étais là, déjà ? Mais non, non, je veux rester sur
09:05scène.
09:06Et comment elle vous avait repéré, cette professeure de danse ?
09:09Alors ça, je ne sais pas.
09:11Elle a vu… Parce que je n'étais pas franchement super douée.
09:13J'étais un peu brouillon.
09:14Il y avait des petites filles autour de moi qui étaient quand même meilleures.
09:16Mais je devais avoir un truc dans l'expression du visage, je suis quand même très expressive.
09:21Elle a senti quelque chose.
09:22Et le conservatoire vous a amenée d'abord au cours Simon ?
09:24Exactement.
09:25Oui.
09:26J'ai commencé par le cours Simon.
09:27Je me suis inscrite au cours Simon.
09:28C'est ma mère qui m'a inscrite au cours Simon.
09:30Et ensuite, je suis allée au cours Florent.
09:33Voilà.
09:34Mais votre père n'était pas inquiet que vous fassiez ce genre de métier ?
09:36Non, il était assez content pour moi.
09:38Et votre objectif, ce n'était pas la comédie française ? Qu'est-ce que vous aviez envie
09:41de faire au théâtre à ce moment-là ?
09:42Je ne me rendais pas trop compte.
09:44Oui, je voulais jouer, je voulais jouer, mais je ne me rendais pas trop compte.
09:49Mais par contre, je sais qu'au moment des quiches, quand j'ai eu vraiment 18-19 ans,
09:53j'avais envie de créer.
09:54Et ça m'est toujours resté.
09:55C'est pour ça que j'ai fait des spectacles après.
09:56Écrire, créer.
09:57Voilà.
09:58C'est pour ça que j'étais si heureuse avec mes potes, et d'ailleurs c'est toujours
10:01mes amis, les quiches, ce moment de créativité intense.
10:04Oui.
10:05Ce que vous n'aviez pas appris dans les cours, parce que le cours Florent, c'était très
10:07bien.
10:08On vous apprend de la théorie, mais la pratique, ce n'est pas ça.
10:11Exactement.
10:12D'ailleurs, je trouve que les cours Florent, c'est très bien pour se faire une famille.
10:16C'est là qu'on rencontre ses amis et ses connexions pour la vie.
10:18Mais je trouve qu'on apprend aux acteurs français à faire, on n'apprend pas à vivre.
10:25Et je trouve que la méthode américaine ou russe est quand même meilleure.
10:27Vous les avez pratiquées ?
10:28Un petit peu.
10:29J'ai fait des stages.
10:30J'ai essayé de récupérer un peu le train en cours, mais bon, voilà.
10:35Je trouve que voilà, en France, on est...
10:38Mais je trouve que ça va mieux maintenant.
10:39Oui.
10:40Et en même temps, c'est un métier difficile au départ, vous le saviez.
10:43Oui.
10:44C'est très dur.
10:45Moi, quand on me demande là maintenant, oh là là, j'ai ma petite cousine qui voudrait
10:48être actrice, je dis ah bon, t'es sûre ? T'es sûre ? Parce que c'est extrêmement
10:52difficile.
10:53Pourquoi c'est difficile ? Parce que quand ça marche, on a peur que ça ne marche plus.
10:56Et quand ça ne marche pas, mais c'est tellement difficile de ne pas être désiré.
10:59On est à côté du monde, quoi.
11:03Donc, c'est très dur.
11:04C'est un métier très dur.
11:05Mais vous vous êtes bien débrouillé et on va évoquer justement le début de votre
11:08carrière sur scène à travers la date du 14 septembre 2012.
11:12A tout de suite sur Sud Radio avec Isabelle Vittari.
11:14Sud Radio, les clés d'une vie.
11:17Jacques Pessis.
11:18Sud Radio, les clés d'une vie.
11:19Mon invité Isabelle Vittari.
11:21Nous parlerons tout à l'heure de Rupture à domicile, un classique de la comédie de
11:25Tristan Petitgirard que vous jouez au Théâtre Yves Gauche.
11:28On a parlé de vos débuts et de votre rêve d'être actrice.
11:31On vous connaît à travers nos chers voisins aussi, mais on va en parler.
11:34Mais il y a une date qui m'a marqué, c'est le 14 septembre 2012.
11:38Vos débuts sur scène.
11:39Où en êtes-vous dans le programme ?
11:43J'ai pour projet de monter une opérette sur le thème des Roms.
11:49J'ai abandonné l'idée de la comédie musicale sur les personnes à mobilité réduite.
11:53Non, non, non.
11:54C'est le petit gymnase et c'est vous dans un spectacle et vous en riez encore.
11:58Oui, mais ce spectacle, il était fou.
12:01Je l'ai écrit avec ma copine des Quiches, Mika Tarr, et on l'a écrit toutes les deux.
12:08Je sortais d'ailleurs d'une grosse série pour TF1 et j'avais besoin de créer, de
12:14dire des choses de là où j'en étais moi dans ma vie.
12:16On a écrit, on a parlé de huit femmes, huit personnages féminins et c'était toute
12:21une partie de moi.
12:22Il y avait l'actrice, on se foutait un peu de la gueule de tous ces acteurs qui se prenaient
12:25au sérieux.
12:26En plus, j'étais célibataire à ce moment-là et donc, on parlait de toutes les rencontres
12:32que j'avais faites, les coups d'un soir, les machins.
12:34Et donc, c'est devenu cette femme qui a rendez-vous avec un petit mec qui n'a pas les mêmes
12:38références, qui est un peu dans lui, ses références, c'est le porno.
12:41Elle, elle a 30 ans.
12:42Elle n'est pas, elle est un peu dans le love, quoi, et elle se fait dégâter, ça finit
12:47un peu trash.
12:48Bref.
12:49Et donc, il y a plein de personnages comme ça et ça a été un bonheur.
12:52On a écrit aussi avec Cyril Touvenin, on a écrit un sketch sur une maîtresse d'école
12:58qui se faisait complètement, mais qui était complètement folle et qui perdait pied avec
13:03tous ses petits élèves, voilà, qui la harcelait, quoi.
13:05Enfin bon, on s'est bien marré.
13:06Alors, le spectacle s'appelait « Rire ». Curieusement, ce titre n'a jamais été pris
13:09pour un spectacle.
13:10Oui.
13:11Ah oui, c'est vrai.
13:12Ah, je ne savais pas ça.
13:13Parce que « Rire », au moins, on connaît les couleurs.
13:15Bah oui, voilà.
13:16C'est simple.
13:17Alors, qu'est-ce qui vous a donné envie de faire un seul en scène au départ, Isabelle
13:20Vitali ?
13:21C'est toujours cette histoire de créer, d'être créatif.
13:23Et je me suis souvenue que quand j'étais petite, avec mes cousins, je prenais le caméscope
13:27de mes parents quand j'avais 9 ans et je faisais des petits films avec mes cousins qui
13:31faisaient des personnages.
13:33Donc, je crois que depuis toujours, ça m'a plu, même avec ma sœur, encore plus tôt,
13:38on faisait des parodies d'émissions, j'ai toujours été très… j'ai besoin de créer,
13:43quoi.
13:44C'est important pour moi.
13:45Oui, mais alors, un spectacle comme ça, que vous arrivez, vous connaissez personne, personne
13:47vous connaît, même s'il y a eu de la télévision, c'est un risque au départ ?
13:50Oui, mais alors, je ne faisais pas trop gaffe, c'était tellement nécessaire pour moi
13:54de monter sur scène.
13:55J'avais tellement de plaisir d'écrire avec Mika et de faire ce spectacle avec elle
14:00qu'en fait, on a fait un showcase, comme on dit dans le métier, c'était au Jamel
14:07Comedy Club.
14:08D'ailleurs, je m'en souviens, grâce à Nagui qui m'avait fait l'entremetteur,
14:12si gentiment.
14:13Et donc, on n'avait jamais, je n'avais jamais joué toute seule sur scène et puis
14:17jouer ce spectacle.
14:19C'était un truc de malade.
14:21Il y avait 150 personnes, tous du métier et c'était la folie.
14:24Et en fait, on ne s'était pas rendu compte de la puissance de ce qu'on avait écrit.
14:28Parce qu'en plus, vous avez pris des risques, c'est assez trash ce spectacle et à l'époque,
14:32ça ne se faisait pas beaucoup.
14:33C'était trop trash.
14:34Et c'est pour ça que ça n'a pas marché, ça n'a pas eu le succès que ça aurait
14:39dû.
14:40Ça méritait parce que franchement, c'était vraiment super ce spectacle et on en parle
14:42encore.
14:43Et pourquoi ce côté trash ?
14:45Parce que moi, je l'avais un peu, Mika aussi l'avait un peu.
14:48Alors quand on nous mettait toutes les deux, on était inarrêtable et puis ça nous faisait
14:52marrer ce ton là, qui n'existait pas à l'époque.
14:55C'était avant Blanche Gardin et je crois que c'était un petit peu trop tôt.
14:58Oui, parce que Blanche Gardin, finalement, ce qu'elle a fait, ça ressemble à ce spectacle
15:02rire.
15:03Ça ressemble, oui, dans son style, avec ses failles à elle et sa façon de voir le monde.
15:07Mais oui, voilà, c'est un peu ce genre là.
15:09Mais d'ailleurs, Isabelle Vittarix, à certaines scènes, il y avait des O et des A dans la
15:13salle.
15:15Oui, mais franchement, ça remuait bien, mais ce qui était et qui, je pense, est l'essentiel
15:21et c'est ce que me disait Éric Théobald, avec qui j'ai écrit le deuxième spectacle,
15:25me disait il faut qu'il faut que tu parles de toi pour que ça devienne universel.
15:29Et en fait, ce spectacle là, c'était vraiment ça, c'était vraiment moi, quoi.
15:33Vraiment.
15:34Oui, mais on n'a pas l'habitude en 2012 d'avoir une jeune femme souriante qui parle avec des
15:38mots crus.
15:39Exactement.
15:40Non, mais c'était trop tôt.
15:41Vraiment, je le dis.
15:42Et en même temps, vous aviez une crainte, c'est ce que vous appeliez le quatrième mur,
15:46Isabelle Vittarix.
15:47Exactement.
15:48Très juste.
15:49Je jouais vraiment mes personnages et c'était fini, quoi, je n'avais aucune relation avec
15:55le public.
15:56Chose que j'ai travaillé avec, justement, Éric Théobald dans le deuxième spectacle.
16:00Vous aviez peur du public ?
16:01Oui, j'étais pas très à l'aise avec le côté un peu stand-up des spectacles qui
16:07existent maintenant.
16:08En fait, quand on est acteur, il y a un quatrième mur.
16:12C'est vrai qu'il y a des spectacles où on parle un peu au public, mais à l'époque,
16:14ça ne se faisait pas.
16:15Non, mais même les femmes comme vous, ça ne se faisait pas.
16:17La première femme à faire un seul en scène était Anne-Marie Carrière dans les années
16:2150, où c'était quand même très gentil parce qu'elle défendait les femmes à qui
16:24les hommes reprochaient de se servir de la voiture pour se maquiller et du rétroviseur
16:31pour se maquiller.
16:32Et c'était tout à fait gentil.
16:33Après, il y a eu une évolution.
16:34Et le petit gymnase, quand vous entendez dans la salle, il y a une photo de Coluche, une
16:39affiche de Coluche.
16:40Donc, c'est aussi votre univers, un peu tout ça.
16:42Oui, absolument.
16:43Vous avez été marquée par Coluche ?
16:44Bien sûr.
16:45Alors, ma mère m'a raconté qu'elle était allée voir un spectacle de Coluche avec moi
16:50dans son ventre.
16:51Elle était à huit mois de grossesse et elle a ri, ri, ri pendant deux heures.
16:55Elle me dit c'est peut-être ça, ça vient peut-être de là, ta passion de l'humour
16:58et d'avoir l'envie de faire rire tout le monde, ça vient peut-être de là.
17:02Vous évoquez dans ce spectacle aussi, je crois, vos origines espagnoles et italiennes.
17:07Oui, ma mère est espagnole et mon père est à moitié espagnol et à moitié italien,
17:11d'où le nom Vita Harris.
17:13Voilà, exactement.
17:14Et d'ailleurs, il y a des actrices qui eux, elles sont espagnoles, mais qui ne parlent
17:18pas un mot de cette langue, comme Cameron Diaz ou Cristina Aguilera, qui n'ont jamais
17:21prononcé le moindre mot en espagnol.
17:23Moi non plus.
17:24Moi non plus.
17:25Hélas.
17:26Alors, il y a quand même du trivial, parce que quand vous dites à un homme c'est comme
17:29un gros gâteau au chocolat, il n'en veut qu'à ton cul, ça doit faire rire, mais ça
17:33doit surprendre aussi dans la salle des petits gymnases à cette époque-là.
17:36C'est vrai, c'est vrai, mais c'est vrai que c'est ce que me disait mon père.
17:40Il me disait, fais attention parce que les hommes, en fait, c'est la seule chose qui
17:44les intéresse, c'est de te choper.
17:46Bon, ce n'est pas franchement vrai, mais moi, j'ai grandi avec ça, quoi.
17:50Et puis, il y a eu le spectacle suivant où là, vraiment, vous avez parlé de votre vie
17:54privée, ce qui est rare chez une actrice ou de vos enfants.
17:56Exactement.
17:57En fait, pendant que j'ai écrit le deuxième spectacle, j'étais en pleine crise d'ado
18:01de ma fille qui avait 14 ans et qui m'a fait vivre l'enfer sur terre.
18:05Et vraiment, j'avais peur quand j'entendais la clé dans la serrure.
18:09J'étais là, j'avais peur parce qu'elle était, elle était dans une rage folle.
18:14Elle me hurlait dessus.
18:15Rien n'allait.
18:16Bon, évidemment, j'y suis pour quelque chose aussi.
18:18Alors là, je vous donne que ma version.
18:20Moi aussi, je devais.
18:21Je pense que c'est difficile d'avoir un ado à la maison.
18:24On a du mal à.
18:25J'avais vraiment l'impression d'avoir, d'être en coloc avec quelqu'un que je
18:28nourrissais, avec qui je lavais les chaussettes et tout ce qui me parlait comme
18:31un chien, quoi. C'était horrible.
18:34En fait, je trouve ça injuste.
18:35C'est injuste, un ado.
18:37Tout d'un coup, c'est un monstre et je la compare dans le spectacle à une sorte
18:41d'alienne sanguinaire, quoi, parce qu'elle me faisait peur.
18:45J'avais peur.
18:45Elle a vu le spectacle?
18:47Non, je voulais pas.
18:49Je suis quand même sa maman, donc je voulais pas qu'elle soit marquée encore plus.
18:54Mais ce genre de sujet, en même temps, ça touche les mères de famille.
18:56Isabelle Vittari, je suis sûr que dans la salle, il y avait des gens.
18:59C'était le sketch préféré de tout le monde.
19:01Les mères me disaient, ah là là, j'ai le même ou la même à la maison.
19:05Les autres, ceux qui n'avaient pas d'enfants me disaient, ah là là, mais moi,
19:07j'étais comme ça quand j'étais jeune.
19:08Enfin, voilà, tout le monde s'y reconnaissait.
19:10Oui, et les tournées, c'était un soulagement.
19:13Exactement.
19:15Je faisais un peu semblant d'être triste de partir quand même de la maison.
19:17Je suis là, oh, j'y vais.
19:18Mais en fait, j'étais bien contente d'être enfin tranquille.
19:21Et en même temps, Isabelle Vittari, votre rêve était d'avoir des enfants?
19:25Bien sûr, évidemment.
19:26Je suis ravie.
19:27Mais d'ailleurs, maintenant, avec ma fille, on est très, très, très proche.
19:30On s'adore.
19:31Mais est-ce que les sketchs que vous avez faits il y a dix ou vingt ans
19:33sera encore d'actualité aujourd'hui avec les réseaux sociaux et tout ce qui se passe?
19:38Je pense.
19:39Franchement, c'est une idée qui me trotte dans la tête depuis longtemps.
19:41Je voudrais reprendre ce premier, ce fameux premier spectacle
19:45et ses huit femmes.
19:46Et j'aimerais bien les remettre un peu au goût du jour avec Mika.
19:51J'aimerais bien.
19:51Et je pense que oui, elles ont elles ont tenu le choc.
19:55Mais en plus, il y a de plus en plus de rivales entre guillemets.
19:59Vous avez été la pionnière de ces femmes.
20:01Elodie Pouls, dans ce spectacle, dit qu'elle n'aime pas les enfants, elle.
20:04Oui, elle, c'est ça.
20:05Voilà, c'est son prisme.
20:08Moi, moi, je les aime beaucoup.
20:09Et vous n'avez fait que trois spectacles en dix ans.
20:12J'en ai fait deux.
20:13En fait, il y en a un qui a été renommé.
20:15Et du coup, on a l'impression que j'en ai fait trois.
20:17Mais en fait, c'est le même.
20:18Et pourquoi alors deux spectacles?
20:19Parce qu'il me faut beaucoup de temps pour engranger des idées,
20:25savoir ce que j'ai envie de dire.
20:26Je ne monte pas sur scène si je n'ai rien à dire.
20:28Et en même temps, l'humour a évolué.
20:30Et vous aussi, l'humour n'est plus le même qu'il y a dix ou vingt ans.
20:34Absolument. Et en même temps, ce qui m'a un peu gênée
20:36quand j'ai avec ce deuxième spectacle, c'est que je me suis
20:39avec en plus la notoriété de nos chers voisins,
20:41c'est que je me suis rendu compte qu'on me présentait comme une humoriste.
20:44Et je ne suis pas une humoriste.
20:46Moi, je suis une comédienne.
20:47J'ai juste écrit mon spectacle et j'ai joué mon spectacle.
20:49Et je ne suis pas là pour faire.
20:52Enfin, pour.
20:53Alors, j'allais dans les émissions, puis il fallait faire un peu poète, poète.
20:56Et c'est une place qui ne me correspond pas du tout, en fait.
20:59Non, vous êtes une comédienne avec des sketchs écrits.
21:02Et puis, c'est de l'humour. C'est tout.
21:03Voilà exactement.
21:04Et mes chers voisins, justement, ça a beaucoup marqué le public.
21:07Et on va en parler dans quelques instants à travers la date du 4 juin 2012.
21:12A tout de suite sur Sud Radio avec Isabelle Vittari.
21:16Sud Radio, les clés d'une vie.
21:18Jacques Pessis, Sud Radio, les clés d'une vie.
21:20Mon invité Isabelle Vittari, nous parlerons tout à l'heure de rupture
21:23à domicile au Théâtre Rive-Gauche, que vous jouez une pièce de Tristan,
21:27Petit Gérard, que vous reprenez.
21:29Mais là, on a évoqué vos débuts, les quiches.
21:32On a évoqué votre parcours de seule en scène qui a parfois choqué.
21:37Et on en arrive au 4 juin 2012.
21:44La France entière connaît cette musique, ce générique, nos chers voisins.
21:48Quelle aventure merveilleuse, mais vraiment.
21:51Comment c'est arrivé?
21:52Casting, casting grâce notamment à Denis Thibault,
21:55qui était un des réalisateurs qui a lancé la série,
22:00que j'embrasse d'ailleurs.
22:01Et c'est drôle parce que j'avais fait un casting et je n'avais pas réussi.
22:06Il m'avait dit non, non, non, mais tu attends, j'étais pas là au casting,
22:08je viens, tu refais ton casting.
22:10Et j'ai refait le casting avec lui et j'ai été engagée.
22:14Sauf que là, on ne se rend pas compte, vous ne vous rendez pas compte.
22:16Mais nous, on fait juste des castings.
22:17On en fait plein tout le temps, toute l'année.
22:19On ne sait pas ce qu'on fait.
22:20Donc, on a un petit texte, on le dit, voilà.
22:23Et puis, hop, on est pris et ça change votre vie, quoi.
22:26Est-ce que c'était quoi, le texte du casting, vous en souvenez?
22:28C'était une petite scénette.
22:29Non, je m'en souviens plus.
22:29C'était une petite scénette, ouais, j'en sais plus.
22:32Et donc, vous devenez Karine Becker,
22:34une mère de famille qui travaille dans une agence de voyage.
22:36Exactement.
22:37Mais surtout, le secret de cette émission,
22:40c'est juste le casting, en fait, qui a été parfait.
22:43C'est à dire qu'on était tous à notre place.
22:44Moi, j'avais la colérie qui est un peu...
22:46Après, ils écrivaient un peu par rapport à nous, forcément, avec le temps.
22:50Mais voilà, Gilles Alma, qui était mon conjoint,
22:53il était génial dans le côté un peu beauf, un peu...
22:56Voilà, il était barman, je crois.
22:57Oui, il était barman, exactement.
22:59En face, on avait Léduberné Carton avec Christelle Reboule,
23:02qui est une actrice incroyable de théâtre, d'ailleurs incroyable.
23:05Voilà, Joey Esther, Jean-Baptiste Chimardine, tous ça, des acteurs.
23:08Et on était tous à notre place, exactement au bon endroit.
23:11Ce qui fait qu'il y avait une sorte d'osmose
23:14et un équilibre parfait dans cette émission, quoi.
23:16Il y avait plusieurs appartements.
23:18C'était un décor incroyable parce qu'il y avait plusieurs étages.
23:20Oui, il y avait plusieurs étages.
23:22Il y avait le rez-de-chaussée avec les poubelles, la cour.
23:27Il y avait...
23:29C'était un vrai studio.
23:30Et un travail immense parce qu'il faut tourner vite, apprendre vite.
23:34Exactement.
23:35On tournait onze sketchs par jour, onze fois trois quarts d'heure.
23:39On avait trois quarts d'heure pour tourner un sketch.
23:41Donc, c'était toute la journée.
23:43On enchaînait, on enchaînait, on enchaînait.
23:44On avait une heure de pause et hop, on enchaînait, on enchaînait.
23:46Donc, c'était un travail éreintant.
23:49Mais à chaque sketch, on se marrait.
23:51C'était quand même énormément de plaisir.
23:52Oui, c'était quelque chose de 8 heures à 22 heures, sans problème.
23:55Exactement.
23:56Mais il faut les apprendre, ces sketchs.
23:58En fait, trois quarts d'heure, ça va.
23:59C'est quand même quelques lignes.
24:00Donc, en fait, on était beaucoup sur la mémoire
24:03instantanée.
24:04Voilà, exactement.
24:05Donc, vous arrivez d'apprendre un sketch et de le jouer
24:07et même de l'oublier le soir même.
24:09Ben oui, heureusement.
24:10Sinon, je serais décédée d'une rupture d'un névrisme.
24:13Alors, c'est une histoire qui a commencé de façon très curieuse.
24:15Je ne sais pas si vous le savez.
24:17Alban Etienne, qui est un des producteurs,
24:19il organise un dîner avec ses voisins et ils perdent la clé.
24:22Et je crois qu'au lieu de rentrer chez eux en appelant un serrurier,
24:26ils vont chercher leur matériel de varappe et ils rentrent par la fenêtre
24:30en cassant la fenêtre.
24:31Et il a dit, mais il y a une mine là-dedans.
24:34C'est comme ça qu'est née l'idée.
24:35Exactement. Oui, c'est vrai.
24:37C'est vrai.
24:37Et quand vous êtes arrivée, vous pensiez que ça durerait cinq ans?
24:40Ah ben non, non.
24:42Puis même, on a été très étonnés que ça marche.
24:43Dès le début, dès la première diffusion, ça a cartonné,
24:46ça a monté en flèche tout de suite.
24:48Et comment ça s'explique, vis-à-vis Isabel Vittari?
24:50Je pense que ce que je disais, c'est qu'on était tous au bon endroit.
24:55L'écriture était excellente.
24:57Sébastien Pavard et Alban étaient aussi de très bons producteurs.
25:02Il y avait un rythme, il y avait un rythme.
25:05Et puis surtout, voilà, les voisins, c'est universel.
25:07C'est un sujet, c'est comme scène de ménage.
25:10Vous étiez le rival de scène de ménage.
25:11Oui, on était l'opposé.
25:12C'est-à-dire que les scènes de ménage,
25:13ils ne sont que chez eux.
25:14Et nous, on n'était pas chez nous.
25:15On n'était que dans les couloirs.
25:16Voilà, c'était un peu le...
25:17Voilà, on était un pendant.
25:18Et en même temps, les Français se sont immédiatement reconnus
25:21dans ce feuilleton.
25:22Exactement, tout de suite.
25:24Et ça a changé votre vie?
25:25Ben oui, je suis devenue populaire.
25:27Ouais, exactement. Pour mon plus grand bonheur.
25:29Ça s'est passé comment? Dans la rue, on vous reconnaissait?
25:31Et oui, dans la rue, on me reconnaît toujours.
25:33Et mais c'est surtout beaucoup d'amour.
25:35Beaucoup.
25:36Il y a énormément de gens qui viennent me voir et qui me disent
25:38mais merci de nous donner autant de bonheur.
25:41Et c'est là que je me dis, mais pourquoi je suis sur cette terre?
25:44Je suis sur cette terre pour donner du bonheur aux gens, en fait.
25:48Alors, il y avait votre personnage, il était gaffeur, désorganisé,
25:51susceptible, toujours débordé, colérique.
25:55Quel bonheur! J'adore.
25:57Souvent, on s'empêche d'être en colère.
25:59Et là, je pouvais enfin, 12 heures par jour,
26:02un peu engueuler tout le monde.
26:03C'était très agréable.
26:04Alors, vous êtes aussi dans ce feuilleton, dans cette série,
26:08si mes souvenirs sont exacts, une très mauvaise cuisinière.
26:11Avec ma fameuse quiche aux huîtres.
26:13Absolument.
26:14Ça, c'est très drôle.
26:15Oui, en même temps, vous avez été invité au concours du meilleur pâtissier.
26:19Et j'ai gagné.
26:20C'est extraordinaire.
26:22Oui, ça prouve que c'est un rôle de composition,
26:25parce que je suis quand même pas trop mal en cuisine.
26:27Mais il se trouve que le pionnier des recettes de cuisine à la télévision,
26:29c'était un certain Monsieur X, un comédien, Jean Jadet.
26:32En 53, il y avait 10 000 postes de télévision.
26:35Alors, il avait une recette à faire,
26:37mais il débordait pendant 18 minutes en parlant d'autre chose.
26:39Ce qui fait que les téléspectateurs,
26:41il n'y en avait pas beaucoup, ne pouvaient pas faire la recette.
26:43Et ça a été une catastrophe.
26:44Il a tenté de faire une recette d'œuf aux tripes,
26:47qui a été épouvantable et l'émission s'est arrêtée.
26:51C'est assez étonnant.
26:53Ça, on ne retrouve que quelques traces aujourd'hui dans les archives.
26:55Alors, Gilles Allemain, effectivement, vous entendez bien avec lui,
26:58mais aussi avec tout le monde.
26:59Il y a régulièrement des dîners entre voisins.
27:02On a notre petit groupe WhatsApp
27:05tous ensemble et évidemment, on va se voir les uns les autres.
27:09Là, on est tous allés voir Ring avec Amaury de Crayancourt,
27:12qui était notre docteur.
27:14Qui est venu dans les clés d'une vie, voici quelques semaines.
27:16Voilà, que j'adore.
27:18Voilà, ils vont venir me voir.
27:19L'adore Uptur, enfin voilà.
27:21Donc, c'est une vraie famille.
27:22Une vraie famille.
27:23Le problème avec cette série, c'est qu'il fallait faire garder les enfants
27:26parce qu'on ne peut plus avoir de vie familiale.
27:29Bah, en fait, je travaillais comme tout le monde.
27:33J'allais travailler.
27:34Tôt le matin et tard le soir.
27:35Voilà, oui, tôt le matin et non, on finissait vers 19 heures.
27:39J'arrivais même à cuisiner un petit quelque chose pour la petite famille.
27:42Et les enfants, là, vous découvrez autrement ?
27:45Non, en fait, je ne montre pas trop ce que je fais.
27:48Quand je rentre à la maison, je suis la maman, je suis Isabelle.
27:51Je ne suis plus l'actrice.
27:53En tout cas, pour 5 millions de téléspectateurs,
27:55vous étiez la femme qu'on attendait le soir à la télé.
27:59Ça a duré cinq ans, ça aurait pu continuer ?
28:03Oui, moi, je vous avouerais que j'avais un peu fait le tour
28:06de descendre les poubelles et de dire du mal du voisin.
28:09C'est vrai qu'en cinq ans, je trouve que mon personnage est un peu bon.
28:12Donc, c'était très bien que ça s'arrête de sa belle mort.
28:14Voilà.
28:15Alors, la télévision, je crois que ça a commencé par des figurations
28:18pour vous, Isabelle Vittari, dans les séries AB, notamment dans le groupe.
28:22Absolument, j'avais...
28:24Oh là là, j'étais tellement heureuse,
28:25parce que j'ai quand même passé toute mon enfance à regarder les séries AB.
28:28C'était ma passion.
28:29C'est pour ça que quand on dit
28:30« Ah, les jeunes, ils sont tout le temps sur Instagram, les réseaux. »
28:33Enfin, moi, excusez-moi, je faisais pareil, mais encore plus débile.
28:35J'en regardais AB Productions, mais vraiment, quatre heures par jour.
28:38Il y avait le premier baiser.
28:40Ça s'enchaînait.
28:41C'était de pire en pire.
28:42C'était une catastrophe.
28:44Et je regarde ça.
28:44J'avais quand même conscience que c'était nul, mais c'était une drogue, vraiment.
28:48Ça marchait très fort.
28:49Ça cartonnait, cartonnait.
28:51Et donc, un jour, comment vous devenez figurante ?
28:53Eh bien, voilà, je vois une petite annonce passer.
28:56Et puis, j'ai répondu à l'annonce et je suis allée.
28:58Je crois que j'ai même passé un casting pour faire un petit rôle dans
29:02Justine, je ne sais pas quoi, « Premier baiser ».
29:05« Premier baiser », oui.
29:06Et j'étais allée sur le plateau.
29:08J'étais là et je voyais les décors.
29:10C'était magique.
29:11Ils avaient construit à la Plaine-Saint-Denis un immeuble avec un décor
29:14où il y avait tout ce qui est possible et imaginable.
29:16Exactement.
29:17Et le réalisateur Jacques Samin avait réalisé à ses débuts « Bonne nuit, les petits ».
29:21Donc, ça restait dans l'enfance.
29:23Alors, il se trouve que ça a été votre première figuration,
29:26mais votre premier grand rôle à la télévision, Isabelle Vittari,
29:28je crois que c'est Doc 13.
29:30Oui, absolument, Doc 13, qu'on est allé tourner à Marseille.
29:34Et c'est vrai que c'était mon premier vrai grand rôle
29:38grâce à Angélique Louisie, qui était la directrice de casting.
29:41Et oui, je faisais le rôle d'une photographe.
29:46À l'époque, les fiches personnages, ils mettaient tout en bloc.
29:50J'étais photographe, je sortais de prison, je montais un groupe de rock.
29:54Je sais pas quoi, j'étais là, je faisais des clips.
29:57En même temps, je draguais le premier rôle, la totale, c'était très drôle.
30:01Il y a eu une vingtaine d'épisodes ?
30:02Oui, oui, oui, quand même, ça a pas mal marché.
30:05Mais à chaque fois, beaucoup de gens vous ont remarqué
30:08parce qu'on a vu que vous pouviez faire plein de choses en même temps.
30:11Oui, c'est vrai.
30:12J'ai cette chance-là de ne pas être trop marquée par des étiquettes.
30:15On me donne plutôt des rôles assez différents.
30:17Ça, c'est chouette.
30:17Et puis, il y a eu « Seconde chance » aussi.
30:20« Seconde chance », ça a été aussi une série qui a marqué la télévision.
30:24Absolument, et c'était un énorme budget.
30:26On avait des studios incroyables, carrément, on avait des étages.
30:32C'était fou, fou, fou, fou.
30:34Mais c'est une série, je crois que c'était pour M6, qui a un peu oublié...
30:36Non, c'était TF1.
30:37TF1, oui, qui a été un peu oubliée.
30:38Aujourd'hui, vous étiez, je crois, une patronne d'agence de publicité assez méchante.
30:43Tellement méchante, mais quel bonheur.
30:45Mais c'est ça ce qu'il y a de plus beau à jouer, les méchants.
30:48Parce que dans la vie, on n'est pas méchants.
30:50Sinon, c'est interdit par la société, on peut pas.
30:53Donc, tous les relents de méchanceté, je les exultais,
30:56exultais comme ça, avec plaisir.
30:58J'étais payée pour ça, bonheur.
31:00Et là aussi, c'était un casting ?
31:01Ouais, casting, absolument.
31:03Vous avez fait des tas de castings avant de...
31:04Et bien, c'est ça, et là, j'en repasse encore.
31:07Oui, bien sûr, il n'y a pas de souci.
31:09Mais alors, se retrouver pendant 180 épisodes dans un rôle,
31:12c'est aussi une mécanique très particulière.
31:15Oui, c'est vrai qu'au bout d'un moment, on commence à se l'approprier.
31:17En fait, le rôle fond un peu dans ce qu'on est nous.
31:20En fait, on met beaucoup de nous dans nos rôles.
31:24Qu'est-ce que c'était, Seconde Chance ?
31:26C'est-à-dire ?
31:26Comme histoire.
31:27Comme histoire, c'était l'histoire d'une nana,
31:30mère de famille, qui se faisait larguer par son mari.
31:32Et elle arrivait à trouver un job, un peu malgré elle,
31:36dans un concours de circonstances, dans une grosse boîte de pub.
31:39Avec, comme directrice de la boîte, la directrice générale,
31:43la fameuse Laëtitia Desmarcey, qui était méchante et très belle,
31:47et très tirée à quatre épingles.
31:49Donc, j'avais des robes impossibles.
31:51Elle était très normale, c'est-à-dire qu'elle essayait,
31:57elle était franche, elle était honnête, elle était douée.
32:00Et elle se tapait un peu contre tout cet univers-là qui lui était un peu étranger.
32:04Voilà, c'est ce qu'on appelle aux Etats-Unis un soap opéra.
32:07Exactement.
32:07Et la pionnière du genre a été Lucille Ball.
32:09Je ne sais pas si vous le savez.
32:10L'incroyable Lucie de 56 à 68.
32:13Oui, bien sûr, la blonde.
32:16Non seulement, on sait qu'elle a réussi dans le sitcom,
32:18mais elle a tout réinvesti dans des studios où ont été tournés les Incorruptibles.
32:22Elle a été la première productrice des premières saisons de Missions Impossibles et Star Trek,
32:25après avoir terminé ses rôles.
32:27Waouh, une femme de tête.
32:30Il y a aussi les séries de TF1 où vous faites de temps en temps une apparition dans Camping.
32:35Oui, j'ai fait des petits trucs comme ça.
32:37J'ai aussi été une des inspectrices de Julie Lescaut avant Seconde Chance.
32:43C'était très sympa d'être flic aussi.
32:44En plus, j'avais l'impression d'être sur les traces de mon père.
32:47J'avais mon flingue et tout, je n'étais pas peu fière.
32:50Et puis, il y a Fort Boyard où vous avez passé 4 ou 5 fois.
32:52Oui, j'adore.
32:53J'adore Fort Boyard.
32:55J'adore Olivier Mine déjà, premièrement.
32:57Et j'adore faire Fort Boyard parce que j'aime bien me dépasser un peu.
33:01J'aime bien toucher les mégales.
33:02J'aime bien sauter dans le vide.
33:04Ça me plaît beaucoup.
33:05Ça, c'est le côté, c'est mon père qui disait, allez, il ne faut pas avoir peur.
33:08Il nous faisait faire le tour du jardin dans la nuit.
33:10Et donc, on devrait, on avait une trouille folle avec ma soeur
33:12et on devait aller jusqu'au puits, au fond du jardin,
33:14où vraiment, il y avait tous les loups-garous et tous les monstres.
33:17Et hop, hop, hop, et on devait revenir comme ça en courant.
33:19Il nous faisait faire ça, mon père.
33:21C'était pour être plus forte.
33:22Mais quand on voit les cris que poussent les candidats de Fort Boyard,
33:25et vous, c'est jamais.
33:26Ben non, parce que j'ai appris à prendre sur moi et à être une battante.
33:30Il y a aussi Boyarland.
33:32Oui, voilà, c'est la même chose, mais de nuit.
33:34Et en plus, c'est très dur parce qu'on tournait vraiment toute la nuit,
33:38de 20 heures à 6 heures du matin, dans le froid et la pluie.
33:41Ce n'était pas facile.
33:42En tout cas, vous avez fait plein de choses de ce genre.
33:44Vous avez toujours plein de nouveaux projets.
33:45Vous ne faites jamais la même chose.
33:47Ben ouais, ouais, ouais.
33:48Ah ben moi, j'aime la vie.
33:50J'aime, dès qu'on me propose quelque chose qui me fait marrer,
33:52ben je le fais, moi, voilà, tout simplement.
33:54Eh ben, la preuve, vous êtes au théâtre depuis le 1er octobre 2024.
33:58On va en parler dans quelques instants sur Sud Radio avec Isabelle Vittari.
34:03Sud Radio, les clés d'une vie, Jacques Pessis.
34:05Sud Radio, les clés d'une vie, mon invité Isabelle Vittari,
34:09que la France entière connaît grâce à nos chers voisins.
34:13Mais en même temps, vous avez fait beaucoup d'autres choses.
34:14On en a parlé depuis le début de l'émission.
34:17Et le théâtre, justement, vous êtes de nouveau à l'affiche à Paris,
34:20au théâtre Rive Gauche, qui propose Rupture à domicile
34:24depuis le 1er octobre 2024.
34:26Alors, c'est une comédie, une comédie qui marque votre retour sur scène
34:31parce que finalement, vous avez fait peu de théâtre dans votre vie.
34:33Oui, c'est vrai.
34:33J'ai fait un peu de théâtre pour enfants quand j'étais plus jeune
34:36et j'ai joué dans Ard, au théâtre de la Renaissance.
34:40Qui était l'adaptation par renommation d'une série de télé.
34:42Exactement, exactement.
34:44Et oui, c'est vrai que je n'ai pas fait beaucoup de...
34:46En fait, j'étais beaucoup à la télé et tous mes copains théâtreux
34:49n'osaient pas, ne pensaient pas me proposer des rôles
34:52parce que j'étais à la télé et je n'avais pas le temps.
34:55Et là, vous êtes arrivée dans Rupture à domicile.
34:57C'est arrivé comment, Isabelle Vittari ?
35:00Tristan Petitgirard m'avait proposé le rôle il y a très longtemps,
35:04il y a très, très longtemps, au début.
35:06Et je ne pouvais pas le faire parce que justement, je faisais mon spectacle,
35:10mon premier spectacle, mon seul en scène.
35:12Parce qu'en fait, c'est une pièce qu'il a écrite voici des années,
35:14il y a dix ans, c'est sa première pièce.
35:16Elle a fait pratiquement le tour du monde et elle revient à Paris.
35:19Exactement, il a eu envie de la remonter.
35:23Mais sauf qu'en fait, il nous a montré, on n'a pas regardé la captation.
35:29Et donc, on la remontait un peu différemment.
35:33En fait, chaque acteur est différent.
35:35Lou Denis et Lyon sont différents des autres acteurs.
35:41La nouvelle équipe fait que c'est une nouvelle pièce, en fait.
35:44Louis Denis et Lyon, qui lui aussi est à la télévision.
35:46C'est drôle, dans le programme de l'autre chaîne, c'est drôle.
35:51Et ça, c'est le hasard ou c'est voulu ?
35:54Alors, je ne sais pas, mais en tout cas, Tristan nous a proposé le rôle,
35:58un l'un et l'autre.
35:59Et il y a aussi Cyril Garnier, qui vient de Garnier et Santoux,
36:04qui s'est fait connaître aussi par la télé.
36:05Oui, donc la télé amène des comédiens.
36:08Amène des comédiens. Puis surtout, les comédiens vont à la télé.
36:11Il ne faut pas se dire, ah là là, ils vont, ils ont fait un peu de télé.
36:14Maintenant, ils font du théâtre.
36:15Nous, on vient quand même beaucoup du théâtre.
36:17Et Lou Denis aussi et Cyril aussi.
36:19Mais il y a eu un temps où il n'était pas question pour un acteur de cinéma,
36:22par exemple, de faire de la télévision.
36:23Très juste.
36:24Et la pionnière, ça a été Michy Neprelle et le pionnier Daniel Gélin.
36:28Quand ils ont fait Les Saintes Chéries en 65 à la télévision,
36:31ils ont été les premiers à ouvrir la voie aux comédiens à la télévision.
36:34Et ça a fait un tel carton que tout le monde est venu ensuite.
36:37Alors, Rupture à domicile, au départ, c'est une association, une fondation,
36:43une société donnée par un certain Eric Vance.
36:46Exactement. Eric Vance a monté sa société de Rupture à domicile
36:49et il va faire des ruptures pour les gens qui n'osent pas quitter leur conjoint.
36:54Donc, il y a une mission et on doit annoncer à une jeune femme qu'elle est quittée.
37:01Et ça n'a pas passé comme prévu.
37:02Non, il arrive, il sonne, il a le bouquet de fleurs.
37:05Il a un sac avec les affaires qu'il doit lui rendre.
37:08Et la femme ouvre la porte.
37:11C'est la femme de sa vie, celle qui est partie sans rien lui dire il y a 7 ans.
37:14Voilà, Gaëlle.
37:16Et elle, elle voit Eric et tous les deux sont estomaqués de se retrouver 7 ans plus tard.
37:22Et évidemment que celui qui voulait quitter Gaëlle ne veut plus quitter Gaëlle.
37:27Donc, Lou Denis déboule dans l'appartement.
37:30Et donc, ce ne sont que des quiproquos, des comiques de situations incroyables.
37:35C'est vraiment très, très bien écrit.
37:38Oui, c'est un trio amoureux inédit parce que l'ex, le futur ex et la femme,
37:44ce n'est pas si courant au théâtre.
37:46C'est vrai. Et en plus, ce que j'aime dans l'écriture de Tristan,
37:50c'est que le rôle féminin commence un peu cru-cruche.
37:54C'est ça que j'aime bien.
37:55Ah bon, mais qu'est-ce qui se passe?
37:57Donc, tous les deux lui donnent des versions complètement rocambolesques de ce qui se passe.
38:02Ah bon, et elle gobe tout.
38:03Et on se dit, mais qu'est-ce que c'est que cette cruchasse?
38:05Et en fait, pas du tout.
38:08Et on l'affronte petit à petit.
38:09Elle prend le pouvoir petit à petit.
38:11Et voilà, donc c'est sublimement écrit.
38:13En plus, c'est un rôle compliqué parce qu'il faut tenir le rythme.
38:16Le théâtre et la télévision, le rythme est très différent, Isabelle Wittarian.
38:19Oui, mais alors le rythme du comique est le même.
38:23Je suis d'accord avec vous que le théâtre et la télévision sont deux métiers
38:26complètement différents, mais le comique, le vis comica, le comique,
38:30le sens du comique, c'est toujours le même.
38:32Le sens du rythme, tatata, tatata, tatata, tatata.
38:35Et voilà, et Tristan l'a aussi beaucoup.
38:37Il nous fait beaucoup travailler sur le rythme et c'est passionnant.
38:41Et justement, c'est un bonheur de travailler avec Cyril et Loudeny
38:44parce qu'ils ont ce sens-là.
38:46Oui, en même temps, ce sont des répétitions très précises.
38:48Exactement, oui, mais vraiment, il nous dit, je l'ai dans l'oreille.
38:52Voilà, allez-y, tata, et hop, vous appuyez ce mot-là, vous verrez, il y aura un rire.
38:55En plus, ce qui est génial, c'est qu'il a déjà monté la pièce, donc il sait,
38:57il sent la pièce, il la connaît parfaitement.
39:00Oui, mais en plus, il ne faut pas se tromper,
39:01il ne faut pas faire un pas de trop ou un pas de moins.
39:03Exactement.
39:04Et par contre, ce qui est formidable, c'est qu'au fur et à mesure,
39:07là, on l'a quand même pas mal dans les pattes, la pièce,
39:10et on commence un peu à faire des trouvailles,
39:12tout en restant vraiment honnête et dans nos personnages et dans la situation.
39:16Il y a des choses qui nous échappent et qui sont très drôles
39:19et qu'on garde parfois d'un soir sur l'autre.
39:21Mais encore une fois, c'est un sujet, Isabel Vitari, qui parle à tout le monde.
39:25Absolument, la rupture, bien sûr.
39:27Et beaucoup de gens vous en parlent à la sortie.
39:29Oui, mais en fait, ça marche bien.
39:30Au début, il va dans le public.
39:32D'ailleurs, il casse le quatrième mur.
39:33Tristan casse le quatrième mur.
39:35Il y a Cyril qui descend dans le public, distribuer ses cartes.
39:38C'est très, très drôle. C'est très, très drôle.
39:40Et c'est une société, en plus, aujourd'hui où l'on ne se parle plus,
39:44mais on communique de cette façon.
39:45Exactement.
39:46Finalement, il y a dix ans, ce n'était pas le cas.
39:47Aujourd'hui, cette pièce est dans l'air du temps.
39:49Vraiment, vraiment.
39:51Ah oui, maintenant, on ghost, c'est la grande mode maintenant.
39:55Alors, on ghost, donc ça vient du mot anglais fantôme.
39:59On ghost quelqu'un, c'est d'ailleurs qu'on ne répond plus.
40:02On flirte avec quelqu'un, toujours sur Internet, tatatatata.
40:05Et tout d'un coup, dès qu'on passe à autre chose,
40:07ou qu'on en a trouvé un mieux, hop, on ne répond plus.
40:10On ne répond plus.
40:11Ah, d'accord.
40:11Voilà.
40:12Et ça, c'est la nouveauté.
40:14Vous avez vu ça autour de vous ?
40:15Oui, tout le monde se fait ghoster, et on se ghoste.
40:17Et c'est normal.
40:19Ça a d'une violence.
40:21Et la rupture à domicile, c'est un peu ça.
40:23C'est quelqu'un qui n'a pas le courage d'aller affronter
40:28celui qu'il a aimé ou celle qu'il a aimée, et de lui dire
40:30je m'en vais, voilà pourquoi, ne m'en veux pas.
40:33Enfin, quelque chose d'un peu propre.
40:34Eh bien non, on donne ça à quelqu'un d'autre.
40:37Enfin, c'est fou quand même.
40:39Mais je trouve que ça va très bien avec l'air du temps.
40:41Vous aimez cet air du temps ou ça vous enrichit ?
40:44Moi, j'ai toujours très très bien quitté mes ex.
40:49Et j'ai mis un point d'honneur, je trouve que c'est une forme de respect
40:52de prendre quelqu'un entre quatre yeux et de lui dire gentiment,
40:56voilà, et surtout de ne pas revenir.
40:58Une fois qu'on est parti, on ne revient pas.
41:01Faire du mal, gratter, voilà.
41:03Non, on fait une belle plaie bien propre.
41:06Et on risque un coup de couteau quelquefois quand on s'est mal pris.
41:09C'est autre chose.
41:10Tristan et Gérard parlent de cette pièce comme l'ubérisation de la rupture.
41:15Exactement. C'est ça, c'est exactement ça.
41:18Ce phénomène de rupture à domicile existe aux Etats-Unis ?
41:22Oui, il en avait entendu parler comme ça, Tristan.
41:26La rupture, il y a 20 ans, j'avais lu un livre où une femme quittait son amant
41:31et l'habitait New York et en partant de Paris,
41:35elle avait mis le téléphone sur l'horloge parlante de New York.
41:39Et à l'époque, les communications étaient payantes.
41:41Ce qui fait que quand le monsieur est revenu quinze jours plus tard,
41:44il a eu une note faramineuse à payer.
41:46On ne peut plus faire ça aujourd'hui.
41:49Le rythme des spectacles a évolué depuis votre premier spectacle,
41:52votre premier sol en scène jusqu'à aujourd'hui.
41:53Ce n'est plus la même chose, Isabelle Vittari.
41:55C'est vrai.
41:56Ceci dit, moi, j'ai toujours eu un peu ce rythme un peu effréné.
42:00Moi, ça a été toujours ma marque de fabrique à l'école,
42:03notamment au cours Florent où je faisais toujours à la biche, un fait d'eau,
42:07à fond la caisse.
42:08C'est toujours les ruptures.
42:09J'adore faire des ruptures.
42:11Donc, j'ai toujours été fidèle à ce mode-là, moi.
42:16Oui, mais il faut mélanger la folie et la rigueur.
42:19Attention, le comique, c'est sérieux.
42:21Le comique, pour être drôle, il faut être malheureux.
42:25Il faut vivre la situation intensément.
42:27Et c'est ça qui fait rire.
42:28C'est ce qu'on voit, notamment dans les bronzés font du ski,
42:33les bronzés, la troupe du Splendide.
42:35Si on les regarde bien, si on regarde le père de l'étude nordure,
42:38par exemple, leur pièce de théâtre, ils sont tous dans des situations
42:41dramatiques. Ils vivent un truc vraiment malheureux.
42:45Mais c'est à mourir de rire pour ceux qui regardent.
42:48Et ça, c'est quelque chose que vous avez compris.
42:50Exactement, ça s'appelle la sincérité de ce qu'on vit vraiment.
42:53Et s'il faut le vivre vraiment, il faut vraiment être dans une
42:55intensité dramatique pour que ce soit drôle.
42:59Si on n'y croit pas vraiment et qu'on n'est pas vraiment malheureux,
43:02on est moins drôle.
43:04Mais Michel Blanc, lui, qui avait écrit le rôle de Jean-Claude Duss,
43:07en fait, il avait fait de manière très particulière.
43:09Un matin, en se rasant, il s'est dit, mais si je me laissais pousser
43:12à la moustache, après le personnage.
43:14Ses copains du Splendide se sont foutus de lui en disant
43:16ça marchera jamais.
43:17On a vu le résultat.
43:19Alors, cette pièce, donc, c'est plusieurs soirs par semaine.
43:22Ça veut dire une vie tout à fait différente de celle de la femme
43:25de télévision.
43:26Exactement. Là, c'est l'inverse.
43:27Maintenant, je vois moins.
43:29Je vois toujours mes enfants parce que je les vois après l'école.
43:32Mais c'est vrai que je vois moins mon mari.
43:34Oui, bon, voilà.
43:36Mais il est très heureux.
43:37Il est très heureux que je sois au théâtre.
43:38Il adore la pièce, alors qu'il est extrêmement difficile.
43:41Et donc, il est très heureux.
43:43C'est le meilleur public.
43:45Il y a le théâtre, mais il y a eu le cinéma.
43:46On n'en a pas beaucoup parlé, mais vous avez fait
43:48quelques petites choses au cinéma, notamment dans l'ennemi public
43:51numéro un, un film consacré à la vie de Jacques Messerine.
43:54Exactement.
43:55Là, je me faisais braquer.
43:56J'étais une banquière des années 70.
43:58D'ailleurs, c'était tellement drôle.
43:59C'était drôle.
44:00J'avais une sorte de vieil IBM des années 70.
44:04Et je me faisais braquer par Messerine.
44:06Et j'avais rien à jouer, il y avait juste à réagir.
44:10C'était génial. Un super beau souvenir.
44:12Et là aussi, c'était un casting ?
44:15Je crois que je connaissais quelqu'un.
44:17Non, là, je crois que je n'ai pas passé de casting.
44:20Messerine, c'est l'ennemi public numéro un qui a été abattu.
44:23On le sait.
44:23Mais ce qu'on sait moins, c'est Jean-Jacques Debout,
44:25qui a été son copain de classe à Juillet, qui m'a raconté.
44:28Déjà, à l'école, il y avait la messe à servir
44:31et il piquait le tronc de l'église pour le donner à ses copains.
44:36Donc, il y avait des prédispositions.
44:38Alors, il y a aussi un autre film qui s'appelait
44:41Tu peux garder un secret d'Arcadie, où vous jouez une comère.
44:44Oui, absolument.
44:45J'étais dans les bureaux et on disait du mal de tout le monde.
44:49Oui, absolument.
44:50Mais ça aussi, c'est un rôle très différent à chaque fois.
44:53Vous ne jouez jamais le même personnage.
44:55Exactement.
44:56Ben oui, je fais ce qui m'amuse.
44:58Et faire deux fois la même chose, ce n'est pas drôle.
45:00Vous avez tourné dans des clips aussi.
45:02Des clips, oui, j'ai fait tellement de choses.
45:04Notamment avec Zazie.
45:05Oui.
45:06Qu'est-ce que c'est, cette histoire ?
45:07C'était un copain qui réalisait ça.
45:09Je crois que c'était Denis Thibault, d'ailleurs,
45:11que j'ai retrouvé après sur Nos Chers Voisins.
45:13Et il m'a dit, mais viens, je fais un clip.
45:16J'adore.
45:17Les clips, c'est quand même chouette.
45:18C'est quand même sexy.
45:20J'étais trop contente d'être dans le clip de Zazie.
45:21Oui, en même temps, vous faites de la musique.
45:23Je crois que la batterie est en danger, si j'ose dire.
45:25Exactement.
45:27Mes parents m'ont forcée à faire de la guitare classique.
45:29Toute mon enfance, je trouvais ça nul.
45:31Et là, je me suis vengée et j'ai commencé la batterie il y a quatre ans.
45:34Et franchement, je joue hyper mal et je suis très, très heureuse.
45:37Mais vous avez créé un orchestre, en plus.
45:38Absolument, un orchestre.
45:39Le mot est fort.
45:40Mais oui, mon mec s'est remis à la guitare électrique.
45:43Ma meilleure amie à la basse.
45:44Donc, on n'a pas de chanteur, mais on a Manu Lévy, d'ailleurs,
45:47qui fait de la radio, comme vous le savez, qui est deuxième guitare.
45:51Attention, on commence un peu à être...
45:54Et alors, pour l'instant, vous jouez où ?
45:55Eh bien, on joue dans notre garage, quoi.
45:57On joue dans notre sous-sol.
45:58C'est comme ça que ça a commencé, pour les Beatles, c'est pour beaucoup d'autres.
46:01Nous, on fait des reprises.
46:02On n'a aucun talent créatif au niveau musical.
46:06Mais jamais.
46:06On reprend les musiques qu'on aime.
46:08Et ça, c'est un plaisir fou.
46:10Mais on travaille beaucoup.
46:11On est consciencieux.
46:13Et vos chers voisins, qu'est-ce qu'ils en pensent ?
46:15Eh bien, je leur casse les oreilles.
46:18Mais c'est incroyable le nombre de choses que vous faites en même temps, Isabelle Vittari.
46:22Bah oui, bah oui, bah oui, je ne sais pas.
46:24Vous ne pourriez pas faire autrement ?
46:25Je ne pourrais pas, exactement, ouais.
46:28J'ai aussi fait, l'année dernière, j'ai fait un peu de radio.
46:30Je faisais des critiques de théâtre, d'ailleurs, ça me fait penser.
46:33Bah oui, j'aime faire des trucs, quoi.
46:36Je ne sais pas, non, je trouve ça normal de faire plein de trucs.
46:39Et l'avenir ?
46:40Eh bien, l'avenir, continuer le théâtre.
46:43Franchement, ça me plaît beaucoup de faire de beaux projets comme ça au théâtre.
46:47J'aimerais aussi avoir un beau projet aussi à la télé.
46:50Maintenant, je vais essayer de plus écrire aussi.
46:53Là, j'écris une pièce de théâtre.
46:54J'écris aussi un long métrage.
46:56Voilà, plus l'écriture, être plus créative et de faire vraiment des projets de qualité.
47:00Mais la qualité, c'est beaucoup, beaucoup de travail.
47:03Oui, exactement.
47:04Mais bon, ça, j'ai compris.
47:05Mes parents me l'ont inculqué.
47:07Oui, mais même l'expérience des spectacles a été importante.
47:10Exactement, du travail et de l'expérience.
47:12Exactement.
47:12Et pour l'instant, vous êtes à l'affiche de Rupture à domicile avec deux autres comédiens.
47:17C'est, alors je le précise, du mardi au samedi à 21h et le dimanche à 15h.
47:21Voilà.
47:22Pour une durée la plus longue possible.
47:23Et on est là jusqu'à mi-janvier.
47:24Jusqu'à mi-janvier.
47:25Finalement, ça filoche.
47:26Prenez vos places parce que ça filoche, ça filoche.
47:29Ça filoche.
47:29Et en tout cas, on vous retrouvera.
47:30Et je suis sûr que vous aurez encore beaucoup d'autres choses à faire parce que vous faites
47:33partie des rares qui sont passionnés et qui vont dans toutes les directions.
47:37Ce n'est pas si fréquent dans le théâtre et dans le cinéma et la télévision.
47:40Je suis comme ça.
47:41C'est ainsi.
47:42Eh bien, ne changez rien.
47:43Merci, Isabelle Vittari.
47:45Merci, Jacques.
47:46Rendez-vous au Théâtre Yves-Gauche.
47:47Et puis, l'écrit d'une vie, c'est terminé pour aujourd'hui.
47:49On se retrouve bientôt.
47:50Restez fidèles à l'écoute de Sud Radio.