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Le Parlement doit entériner aujourd'hui à Versailles l'inscription de l'IVG dans la Constitution. L'aboutissement d'un long combat de la gauche, que le camp macroniste et une partie de la droite ont repris à leur compte sous la forte pression de l'opinion et des militantes.
L'inscription de l'avortement au sein de la constitution est aussi un message d'espoir aux féministes du monde entier. Car en France et à travers le monde, le droit à l'avortement est encore gravement menacé.

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Transcription
00:00 Bonjour Salomé Puchral, membre et administratrice du planning familial de l'Hérault.
00:06 C'est un moment important de la vie politique française aujourd'hui,
00:08 parce que ce n'est pas tous les jours qu'on réunit le Parlement, le Congrès, comme on dit.
00:12 Pour ceux qui ne savent pas, le Congrès c'est quand on réunit à la fois les députés et les sénateurs.
00:17 Généralement on le fait quand il va y avoir un changement, une modification au sein de notre Constitution.
00:22 Ce sera le cas aujourd'hui avec cette inscription de l'IVG dans la Constitution.
00:26 Pour vous c'est un grand jour, Salomé Puchral ?
00:28 Bien sûr, c'est un grand jour pour toutes les associations féministes qui se sont battues pour la constitutionnalisation de ce droit.
00:35 Ça va passer et on en est ravis.
00:38 Ça va permettre de protéger le droit à l'avortement.
00:41 Et pour ça c'est une grande victoire, une grande victoire pour nos combats,
00:44 une grande victoire aussi contre les anti-choix, des mouvements réactionnaires qui ont de l'argent, qui sont très actifs.
00:51 On le voit notamment aux Etats-Unis, on le voit notamment avec des Etats américains qui reviennent sur ce droit à l'avortement.
00:56 Bien sûr, il y a plusieurs Etats maintenant aux USA où les personnes ne peuvent plus pratiquer des IVG.
01:01 Mais c'est pas qu'aux Etats-Unis, ça arrive aussi en Europe, en Hongrie, en Pologne, en Italie,
01:05 le droit à l'IVG est de plus en plus restreint pour les femmes.
01:09 Cette inscription au sein de la Constitution, c'est plus qu'un symbole qu'autre chose.
01:13 Ça ne va pas révolutionner les choses parce que ce droit il existait déjà d'une certaine manière.
01:17 Il existait déjà, même pas d'une certaine manière, il existait déjà.
01:20 Sauf qu'on va inscrire la liberté garantie et pas le droit.
01:24 Il y a eu une petite polémique pendant quelques mois.
01:26 Ça c'est un petit regret quand même de votre part ou pas ?
01:29 Oui, c'est un regret. En effet, la demande première c'était d'inscrire le droit à l'avortement.
01:37 La liberté garantie ne nous convient pas suffisamment parce que ça ne permet pas ensuite une application de la loi
01:44 qui répond aux besoins du terrain.
01:47 Oui. Et c'est-à-dire les moyens qui vont avec, c'est ça en fait ?
01:50 Exactement. Du coup, il n'y a pas les moyens qui vont avec.
01:52 Et aujourd'hui, même encore, accéder à un avortement ce n'est pas forcément facile.
01:57 Il y a beaucoup d'inégalités d'accès sur les territoires.
02:00 On peut le voir même dans les Rôles.
02:02 La maternité de Gange a fermé en 2022.
02:06 Et il y a des personnes qui doivent faire jusqu'à une heure de route pour pouvoir pratiquer un avortement.
02:11 Et ça ce n'est pas normal.
02:13 Quand on a inscrit dans une loi un droit, on doit pouvoir accéder à ce droit facilement.
02:18 Et là ce n'est pas le cas.
02:19 Et le fait maintenant de l'inscrire au sein de la Constitution, est-ce que vous pensez...
02:22 Parce qu'effectivement il y a une vraie inégalité entre les territoires.
02:25 Vous parliez de ces maternités de proximité comme celle de Gange qui ont fermé.
02:29 Il y a des centres IVG aussi qui ferment.
02:31 Je crois qu'il y a... Les chiffres, les proportions sont importantes quand même.
02:35 Oui, les chiffres sont énormes.
02:36 Le planning familial recense qu'en 15 ans, il y a 130 centres d'IVG qui ont fermé.
02:41 En France, oui.
02:42 En France, exactement.
02:43 Donc, on ajoute à ça la baisse des moyens de l'hôpital.
02:47 On ajoute à ça un manque de formation des professionnels.
02:51 Ça entrave d'autant plus l'accès à l'IVG.
02:54 Donc, oui, le droit à l'IVG rentre dans la Constitution.
02:58 Mais il faut que sur le terrain, il y ait des mesures et des applications concrètes.
03:03 Est-ce que ça, justement, précisément, ça peut changer les choses ?
03:06 Est-ce que ça peut accorder plus de moyens ?
03:09 Et moyens, on avait compris que c'est ce qui manquait aujourd'hui.
03:12 Ou est-ce que ça reste uniquement un symbole, finalement, un symbole politique, constitutionnel ?
03:19 D'une part, on remarque qu'inscrire l'IVG dans la Constitution,
03:24 ça va permettre de montrer que c'est un acte médical, à part entière,
03:28 qui n'est pas différent des autres, mais qu'il faut continuer à protéger.
03:33 Ensuite, sur la mise en place des moyens,
03:35 eh bien ça, on va voir, on espère que ça va permettre de débloquer plus de moyens.
03:39 Mais honnêtement, on n'en est pas encore sûr.
03:41 Pour ce qui concerne notre région, je crois que l'Occitanie est la région de France
03:47 où l'on pratique le plus d'interruptions volontaires de grossesse.
03:50 J'ai un chiffre, là, 21 500 par an,
03:54 pour environ 230 000 avortements en France, à peu près tous les ans.
03:59 C'est un chiffre important, plus de 21 000 ?
04:01 J'ai envie de vous dire qu'on s'en fiche que ce chiffre soit important ou pas.
04:04 L'idée, c'est que les personnes qui souhaitent avorter puissent avorter.
04:07 Quand je disais chiffre important, c'était par rapport à la possibilité de pouvoir avoir recours à l'IVG.
04:13 C'est pas par rapport au fait d'avorter, ça peut importer, c'est pas le débat.
04:16 Mais ça prouve que quand même, malgré tout, dans notre région,
04:19 même s'il y a des problèmes de moyens,
04:23 il est possible d'avoir une réponse par rapport à une demande comme celle-là.
04:26 Oui, il est possible d'avoir une réponse, mais avec des inégalités sur les territoires.
04:31 En Occitanie, on a beaucoup de territoires ruraux,
04:33 et là encore, il y a des personnes qui galèrent à accéder à l'avortement.
04:37 On sait aussi que dans deux départements, les Hautes-Pyrénées et...
04:42 Je n'ai plus l'autre !
04:43 Et un autre département, en Occitanie.
04:45 Il n'y a pas de possibilité pour les femmes d'avoir un IVG chirurgical.
04:49 Il y a deux méthodes d'IVG, l'IVG médicamentaise et l'IVG chirurgical.
04:54 Dans ces deux départements, il n'y a pas de centre qui pratique l'IVG chirurgical.
04:57 Donc là encore, les femmes n'ont pas les moyens d'accéder à cet avortement.
05:01 Quid du département de l'Hérault ?
05:03 Quid du département de l'Hérault ?
05:05 Écoutez, dans l'Hérault, on est plutôt bien lotis.
05:07 On a pas mal de centres d'IVG, on a pas mal de professionnels
05:11 qui sont formés à l'IVG médicamenteuse.
05:14 Pour l'Hérault, c'est pas mal.
05:17 Afin de renforcer et de faciliter cet accès à l'IVG,
05:22 on sait qu'un décret a été pris au mois de décembre dernier
05:25 pour ouvrir la pratique de l'interruption volontaire de grossesse instrumentale aux sages-femmes.
05:30 Mais ça a du mal à être appliqué,
05:32 parce que vous dites que les conditions sont beaucoup trop restrictives.
05:36 C'est ça. Il faut savoir déjà qu'il y a eu un allongement des délais.
05:40 Maintenant, l'avortement est possible jusqu'à 14 semaines.
05:43 Les sages-femmes aussi maintenant ont le droit de pratiquer les avortements.
05:47 Sauf que ?
05:48 Sauf que, exactement.
05:49 Il y a une condition spécifique qui demande qu'il y ait 4 professionnels disponibles
05:55 et qui doivent être réactifs en cas de problème.
05:58 Sauf qu'avoir 4 professionnels, anesthésistes, chirurgiens, et je n'ai plus les autres,
06:04 c'est compliqué.
06:05 Les conditions ne sont pas tout le temps réunies pour que les sages-femmes puissent pratiquer les IVG.
06:09 Nous, ça nous questionne.
06:10 Les sages-femmes sont capables de gérer des accouchements difficiles,
06:15 mais elles ne seraient pas capables de gérer des IVG.
06:18 Là encore, on trouve que l'IVG est placée comme une pratique un peu à part, un peu particulière.
06:23 Il y a un peu de schizophrénie à travers ça.
06:25 Il y a un hiatus. D'un côté, on facilite un peu les choses,
06:28 et de l'autre, on les rend aussi un peu plus compliquées.
06:31 C'est toujours ça le problème avec l'IVG.
06:33 Ça me fait penser à la double close de conscience.
06:36 Tous les médecins professionnels de santé ont droit à la close de conscience,
06:40 c'est-à-dire qu'ils et elles peuvent refuser de pratiquer un soin.
06:44 Mais pour l'IVG, il y a une close de conscience spécifique qui, là encore,
06:47 met l'IVG à part comme une pratique où on peut choisir encore plus de la refuser.
06:52 Et notamment avec l'allongement des délais à 14 semaines,
06:55 cette close de conscience a été de plus en plus utilisée.
06:58 - On a commencé cet entretien, Salomé Puchral, en évoquant ce qui se passe aux Etats-Unis,
07:02 où effectivement le droit à l'avortement est remis en cause dans certains Etats.
07:06 Est-ce que vous avez eu le sentiment, à un moment donné,
07:09 qu'il y avait une vraie menace qui planait aussi ici, en France, dans notre pays ?
07:14 - Oui. On a pu le voir pendant les discussions au Sénat.
07:19 Les arguments qui étaient utilisés pouvaient nous rappeler les arguments des anti-choix.
07:24 Les mouvements anti-choix, comme je le disais, sont très actifs.
07:28 Et également sur les réseaux, il y a une étude récente qui a montré
07:32 qu'ils visent notamment les mineurs, les 13-17 ans,
07:35 au travers de fausses informations, de messages culpabilisants.
07:39 Et ça, ça existe en France.
07:41 Encore jusqu'à récemment, quand on tapait "avortement" dans Google,
07:44 on tombait sur le site qui s'appelle IVG.net,
07:46 qui est un site de désinformation, mais on ne le capte pas tout de suite.
07:50 Donc, si on a une personne pas suffisamment informée,
07:53 et c'est le cas pour la plupart des personnes,
07:55 parce qu'il n'y a pas assez d'accès à l'éducation, à la vie affective et sexuelle,
08:00 on peut tomber sur des personnes qui nous délivrent de fausses informations,
08:05 notamment via leur numéro vert.
08:07 Je rappelle que le planning familial a un numéro d'écoute gratuit.
08:11 - Oui, c'est ce que je voulais dire. Un site internet aussi.
08:13 Si on veut une bonne information, fiable et sérieuse,
08:16 autant aller directement sur le site du planning familial.
08:18 - Exactement.
08:19 - J'imagine qu'on ne dirait pas le contraire ce matin.
08:21 Merci Salomé Puchral, membre et administratrice du planning familial de l'Hérault,
08:26 d'être venue dans le 6/9 ce matin. Merci à vous.
08:28 - Merci à vous.
08:29 - Et puis c'est vous qui allez choisir la chanson de Claude Nougaro,
08:31 parce qu'on n'arrive pas à se décider.
08:32 Donc, je vous fais trois propositions.
08:33 Vous me dites ce que vous voulez écouter.
08:35 Celle qui vous branche le plus, est-ce que c'est Uvaira, Nouga York ou Toulouse ?
08:38 Parce que visiblement, c'est compliqué de savoir là, ce matin.
08:40 - Il faudrait donc que je connaisse Claude Nougaro. Je vais dire la deuxième.
08:44 - Eh bien, je vous remercie, car c'est ma préférée.
08:49 - Eh bien voilà. Allez, on va écouter Nouga York alors.
08:51 Claude Nougaro sur France Bleu et Rond.
08:54 Et vous pouvez retrouver en tout cas cette séquence que vous venez d'écouter à l'instant sur notre site.

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