Le Parlement s'est réunit en Congrès au Château de Versailles pour faire de la France le premier pays au monde à inscrire explicitement dans sa Constitution l'interruption volontaire de grossesse.
Voici l'essentiel du discours du Premier ministre.
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Voici l'essentiel du discours du Premier ministre.
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00:00 L'acte de procréation est l'acte de liberté par excellence.
00:04 La liberté entre toutes les libertés, la plus fondamentale, la plus intime de nos libertés.
00:11 Nous sommes aujourd'hui le 4 mars 2024 et Gisèle Halimi n'est plus seule.
00:17 Un an après l'engagement du Président de la République, le Parlement et avec lui la Nation
00:22 s'est rangé à ses côtés et s'apprête, je l'espère, à inscrire dans notre Constitution
00:27 la liberté de chaque femme à recourir à l'interruption volontaire de grossesse.
00:32 L'homme que je suis ne peut imaginer vraiment la souffrance morale face au poids d'une société
00:37 qui préférait taire et condamner.
00:40 Mais le frère que je suis, le fils que je suis, l'ami que je suis, le Premier ministre que je suis
00:46 retiendra toute sa vie la fierté d'avoir été à cette tribune en ce jour.
00:51 Car nous avons une dette morale envers toutes ces femmes.
00:55 Ces femmes qui ont souffert dans leur chair comme dans leur esprit, parfois jusqu'à y perdre la vie.
01:01 Oui, ces femmes mortes pour avoir voulu être libres nous hantent.
01:04 Nous sommes le 26 novembre 1974, il y a 50 ans,
01:08 Simone Veil monte à la tribune de l'Assemblée Nationale.
01:12 Souvenons-nous des mots qui résonnent et des insultes qui fusent alors dans l'hémicycle à son endroit.
01:19 Barbarie, nazisme, génocide, four crématoire et tant d'autres.
01:24 Malgré les injures, Simone Veil ne cède pas.
01:28 Malgré les insultes et les menaces, Simone Veil ne plie pas.
01:33 Aujourd'hui, le présent doit répondre à l'histoire.
01:36 Alors mesdames et messieurs les parlementaires, 50 ans plus tard,
01:40 sous le regard de la famille de Simone Veil,
01:42 que la force de vos applaudissements pour son combat et pour sa cause
01:45 tonne plus fort encore que ses insultes et fasse définitivement justice à Simone Veil.
01:50 (Applaudissements)
02:04 La lutte pour l'égalité entre les femmes et les hommes ne peut pas être la guerre des sexes,
02:08 elle ne doit jamais le devenir.
02:10 C'est un combat pour toute notre société, un combat universel,
02:14 un combat pour l'unité républicaine et ce combat nous le mènerons ensemble,
02:17 nous le gagnerons ensemble, femmes et hommes, hommes et femmes, côte à côte et rassemblés.
02:22 Depuis ce congrès, je le dis, aujourd'hui c'est une étape fondamentale que nous pouvons franchir,
02:28 une étape qui restera dans l'histoire, une étape qui doit tout aux précédentes.
02:33 En garantissant la liberté de recourir à l'interruption volontaire de grossesse dans notre Constitution,
02:38 nous donnons une deuxième victoire à Simone Veil et à toutes celles qui ont ouvert la voie.
02:43 Nous adressons surtout un message à toutes les femmes.
02:46 Votre corps vous appartient et personne n'a le droit d'en disposer à votre place.
02:50 Mesdames et Messieurs les parlementaires, le progrès est collectif, je l'ai dit,
02:55 car quand elle se met au service du progrès, rien ne peut vaincre l'unité.
02:59 Alors oui, Mesdames et Messieurs les parlementaires,
03:01 réformer la Constitution est une décision qui ne se prend pas à la légère.
03:05 La dernière réunion de ce congrès pour réviser la Constitution date de 16 ans
03:10 et il faut toujours avoir la main qui tremble dès lors que nous touchons à notre norme suprême.
03:15 Mais Mesdames et Messieurs les parlementaires,
03:17 nos libertés fondamentales sont inscrites dans notre Constitution.
03:21 Vous déciderez par votre vote d'adopter une disposition
03:24 qui consacrera comme inaliénable et fondamentale la liberté des femmes à disposer de leur corps.
03:30 C'est le sens même du texte que nous vous proposons aujourd'hui d'adopter.
03:34 Et ce faisant, j'ose le dire, oui, la liberté d'avorter reste en danger,
03:40 consubstantiellement menacée, car tout dans notre histoire le prouve.
03:45 Nos libertés sont par essence menacées, par essence fragiles,
03:49 par essence à la merci de ceux qui en décident.
03:52 Et lorsqu'on veut s'en prendre aux libertés d'un peuple,
03:54 c'est toujours par celle des femmes qu'on commence.
03:57 Simone de Beauvoir, encore une fois, avait raison.
03:59 Alors Mesdames et Messieurs, inscrire ce droit dans notre Constitution,
04:03 c'est fermer la porte au tragique du passé et à son long cortège de souffrances et de douleurs.
04:08 C'est empêcher davantage encore les réactionnaires de s'en prendre aux femmes.
04:12 Mesdames et Messieurs les parlementaires, aujourd'hui la France est pionnière.
04:17 Aujourd'hui, vous direz au monde que oui, la France est fidèle à son héritage,
04:21 à son identité de nation à nul autre pareil.
04:24 Pays phare de l'humanité, patrie des droits de l'homme et aussi et surtout des droits de la femme.
04:30 Et bien je dis à toutes les femmes, au sein de nos frontières et au-delà,
04:34 qu'aujourd'hui, l'ère d'un monde d'espoir commence.
04:37 Je vous remercie.
04:39 (Applaudissements)
04:48 (...)