Inscription de l'VG dans la Constitution : comment en est-on arrivé là ?

  • il y a 7 mois

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Transcription
00:00 - Et avec moi sur ce plateau, Laure Manin. Bonjour Laure. - Bonjour Pauline.
00:03 - Vous êtes la présentatrice d'Actuel, c'est tous les vendredis à 16h15 sur cette antenne,
00:07 spécialiste des droits des femmes et des questions de genre ici à France 24.
00:14 On l'a évoqué rapidement dans le sujet cette journée historique.
00:17 Comment est-ce qu'elle a pu arriver cette journée ?
00:20 - C'est le fruit d'une très longue mobilisation, évidemment 50 ans de lutte pour les droits des femmes,
00:26 le droit à disposer de leur corps depuis la loi Veil, mais aussi et beaucoup une lutte politique,
00:31 engagée depuis plusieurs années, une lutte transpartisane menée plutôt par des femmes évidemment.
00:35 La première proposition d'inscription de l'IVG dans la Constitution, elle remonte à 2017,
00:40 elle est portée par deux sénatrices communistes, Laurence Cohen et Eliane Assassi.
00:44 Et puis ça reste un peu l'être morte, ça échoue.
00:47 Et finalement en 2022, il y a l'électrochoc en juin du renversement de l'arrêt Euro contre Wade aux États-Unis.
00:52 Là ça choque énormément puisque les États-Unis sont un péril riche, une démocratie comparable un peu à la France,
00:58 contrairement à d'autres pays qui sont plus en retard sur les questions des droits reproductifs.
01:02 Et là ça crée vraiment une prise de conscience.
01:04 Et Mathilde Panot, la députée France Insoumise, dépose une proposition de loi à l'Assemblée Nationale.
01:11 Aurore Berger qui est du groupe Renaissance en fait autant à la même période.
01:15 Il y a une petite bisbille entre la droite et la gauche,
01:16 mais finalement Aurore Berger se rallie au projet de Mathilde Panot, le soutient.
01:22 A l'Assemblée Nationale c'est donc adopté, resté à le faire du côté du Sénat.
01:25 Là c'est encore une fois une union transpartisane avec la sénatrice écolo Mélanie Vogel
01:31 qui est soutenue par la centriste Dominique Vérien ou la socialiste Laurence Rossignol
01:36 qui ont beaucoup porté le projet au Sénat,
01:38 avec finalement cette adoption transpartisane menée par des femmes mais soutenue évidemment par des hommes.
01:44 Et puis sur les 50 dernières années il y a évidemment eu la mobilisation de la société civile
01:48 avec les plannings familiaux, les différentes associations féministes qui ont travaillé et œuvré en coulisses.
01:55 Mais il ne faut pas oublier que malgré tout il y a des forces anti-choix qui continuent de s'exercer.
02:00 Il y a des attaques régulièrement contre les plannings familiaux,
02:03 il y a des attaques aussi contre les droits et la possibilité des femmes à s'informer correctement
02:07 avec des faux numéros verts qui sont soi-disant des numéros d'information généraliste
02:12 qui en réalité sont ceux de militants anti-choix qui veulent dégoûter les femmes de recourir à l'IVG.
02:19 Donc il faut malgré tout continuer à se méfier.
02:21 Et puis l'effectivité du droit à l'avortement est aussi compliquée
02:24 parce que parfois il y a des délais d'attente.
02:27 La crise par exemple du Covid-19 avait ralenti et fait diminuer le nombre de demandes
02:31 puisque les services médicaux étaient débordés.
02:34 L'IVG, et c'était un des arguments de ceux qui étaient contre ce projet
02:38 d'inscrire cette liberté dans le texte fondamental,
02:42 était donc permise par la loi en France depuis 1975.
02:45 Pourquoi il fallait la constitutionnaliser ?
02:48 En fait la constitutionnalisation c'est d'abord une réaction à l'actualité,
02:52 notamment le renversement de Recontre-Waïde, mais à d'autres événements aussi.
02:55 Et puis c'est aussi la suite logique de 50 ans de lutte féministe.
02:59 Il faut savoir que quand même les droits reproductifs en France sont assez récents pour les femmes.
03:04 C'est en 1967 que la loi Neuvirth autorise la contraception.
03:07 La contraception c'est assez tardif.
03:09 Et ensuite c'est en 1975 seulement que le droit à l'avortement est dépénalisé.
03:13 Pas autorisé, dépénalisé.
03:15 On passe quand même de peine de prison à plus de peine de prison.
03:18 Mais ça a été l'issue d'un long combat.
03:20 Il y a eu notamment le procès de Bobigny mené par Gisèle Allimy
03:24 pour défendre Marie-Claire Chevalier qui était une jeune femme qui avait été violée
03:28 par son "petite amie" qui avait avorté avec l'aide de sa mère.
03:32 Et en fait l'agresseur, le violeur, avait dénoncé la jeune femme qui l'avait violée.
03:37 Il l'avait accusée d'avoir recouru à une IVG, ce qui était quand même fort de café.
03:43 Et donc cette procès avait été extrêmement médiatisé.
03:47 Et Gisèle Allimy avait fait toute une plaidoirie autour notamment de la lutte
03:51 pour de l'inégalité entre les femmes par leur classe sociale et les moyens.
03:56 Parce que les femmes riches pouvaient recourir sous le manteau plus facilement
04:00 à des aides pour arrêter une IVG.
04:03 En allant à l'étranger, en prenant moins de risques pour leur santé.
04:07 Donc les femmes pauvres étaient finalement plus à risquer.
04:10 Et puis plus récemment, il y a eu en 2014 un coup de semence en Espagne
04:14 avec le gouvernement du parti conservateur au pouvoir.
04:17 Le ministre de la Justice Alberto Ruiz Gallardo, qui était un catholique ultra conservateur,
04:22 est pris en 2013 de la volonté d'abolir l'IVG qui était autorisée depuis 1985 en Espagne.
04:27 Il y a eu une bronca après quand même 8 mois de débat entre pro et anti au gouvernement.
04:33 Et puis finalement l'idée c'était d'interdire l'IVG, même en cas de malformation.
04:38 Avec seulement deux exceptions, en cas de viol et en cas de lutte et de danger pour la vie de la mère,
04:43 pour la santé de la mère, qui devait être prouvée par deux psychiatres.
04:46 Finalement le parti populaire cherchait à recentrer ses forces face à une grosse crise économique.
04:53 Et finalement la population s'était montrée très largement contre.
04:56 et le gouvernement avait abandonné le projet.

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