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Réuni en Congrès au château de Versailles, le Parlement a approuvé l'inscription de l'IVG dans la Constitution, faisant de la France le premier pays à placer cette liberté dans son texte fondamental

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Transcription
00:00 Racontez-nous l'histoire de cette jeune femme, puisque tout le monde n'a pas pu entendre ou voir ce que vous avez dit devant le Congrès.
00:07 L'histoire de cette jeune femme, c'est une jeune femme de 17 ou 18 ans qui est arrivée un jour, j'étais médecin-chef d'un hôpital dans un coin perdu d'un pays du Sud,
00:16 et j'ai vu surgir dans mon bureau un jour une jeune femme, une adolescente, en pleurs, les joues rouges, les cheveux décoiffés, ses vêtements de travers parce qu'elle s'était débattue,
00:35 et elle était encadrée par deux gendarmes du pays en question, chacun à un bras, qui la poussait sans ménagement dans mon bureau,
00:43 parce que le matin même on avait découvert près de chez elle le cadavre d'un nouveau-né qui avait été sommairement enterré.
00:54 Cette jeune femme, et malheureusement ce n'est pas la seule, loin de là, bien entendu on ne voit plus ces choses-là en France aujourd'hui,
01:03 mais dans les pays où l'avortement obligé est interdit, ce qu'on voyait en France avant la loi Veil, on le voit encore,
01:11 elle avait caché sa grossesse, elle avait réussi à accoucher sans que ça se voie, et puis sans doute folle de douleur et de culpabilité, elle avait enterré cet enfant.
01:23 Et puis des chiens, je suis désolé de ces détails, mais des chiens errants qui étaient par là ont éterré le cadavre, un voisin l'a vu, l'enquête s'est faite,
01:37 et les gendarmes sont venus avec elle me voir pour que je l'examine et que je puisse dire si elle avait accouché ou non.
01:45 Et vous imaginez mon trouble, c'était un infanticide, la loi devait s'exercer, et en même temps je savais très bien pourquoi elle était là.
01:56 Elle a été engrossée, si je peux dire, par un séducteur de barrières, par de passage, peut-être même par quelqu'un de la famille, parce que c'est très fréquent.
02:07 Elle avait vécu d'abord son absence de règles, sans doute paniquée, ensuite pendant neuf mois, une grossesse a caché, et puis le jour même, il fallait continuer dans cette logique.
02:23 Ce n'est pas la seule jeune femme à qui c'est arrivé, ni là-bas, ni en France avant la loi Veil.
02:31 Et comment ça s'est terminé pour elle ?
02:34 Ça s'est terminé évidemment, elle a été emmenée en prison, elle a été jugée, je n'étais plus médecin sur place lorsque le jugement a eu lieu,
02:45 parce que les jugements sont toujours très lents, mais bien entendu qu'elle a obligatoirement été condamnée très lourdement pour infanticide,
02:52 comme d'autres femmes sont condamnées pour avortement dans les pays où ça n'est pas légal.
02:59 Et c'est à elle que vous avez pensé en premier aujourd'hui au Congrès ?
03:04 C'est à elle parce que, à d'autres bien entendu, et j'aurais pu raconter une autre histoire, d'autres histoires.
03:10 Et n'importe quel médecin qui a pratiqué dans les pays où l'avortement n'est pas autorisé,
03:16 n'importe quel médecin qui a pratiqué en France avant 1974, c'est-à-dire avant la loi Veil, connaît ce genre d'histoire.
03:23 Les avortements compliqués, les septicémies, les hémorragies, les condamnations, les stérilités définitives,
03:28 c'est cela que la loi Veil a permis d'éviter, mais pas partout.
03:33 Et aujourd'hui, il y a presque la moitié des pays dans le monde,
03:40 ou plutôt la moitié des femmes dans le monde qui vivent dans des pays où ceci continue parce que l'IVG est interdite.

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