«Le Rassemblement national est en train de devenir un parti de droite», estime le politologue Dominique Reynié

  • il y a 5 mois
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Transcript
00:00 - Abdul, le métro à 18h, comme on disait à un moment.
00:02 - Oui, ça commence à ressembler à ça.
00:04 La comparaison n'est pas forcément aisée maintenant,
00:07 mais il est clair que le Rassemblement national
00:12 est en train de devenir, en tant que parti,
00:15 beaucoup plus marqué dans son discours sur l'autorité,
00:20 l'immigration, encore que ça reste très euphémisé
00:24 par rapport au passé, parce qu'il y a cette quête
00:26 de la normalisation, comme l'on dit.
00:28 C'est clairement en train de devenir
00:32 un parti de la droite en France.
00:35 Toute la droite ne s'y retrouve pas.
00:36 Une partie reste au LR, une autre partie,
00:39 encore aujourd'hui, accrochée au macronisme
00:42 et à ceux qui peuvent en sortir.
00:43 Mais il est clair que le Rassemblement national
00:46 est devenu un parti très solidement installé.
00:48 On va voir quand même...
00:49 - C'est intéressant. Est-ce que vous le compareriez,
00:51 D. Grigny, pardonnez-moi, au RPR à peu près des années 90,
00:55 pour ceux qui s'en souviennent, c'est peu ou prou le même thème ?
00:57 - Oui, c'est ça. Justement, il manque un élément.
00:59 On comparera ça, moi j'attends ça avec intérêt,
01:02 en 2026, on verra si aux élections municipales,
01:06 il y a un frontisme municipal,
01:08 comme il y avait autrefois un communisme municipal.
01:10 S'il y a un frontisme municipal, l'affaire est entendue,
01:13 c'est fini, la droite ne pourra plus,
01:15 la droite classique ne pourra plus se remettre
01:16 avant très longtemps de ce qui lui arrive,
01:19 parce qu'elle perdra les bases qui font aujourd'hui
01:21 qu'elle tient encore le Sénat, par exemple.
01:23 Mais ça va être très important,
01:25 parce que voter pour le RN aux Européennes,
01:27 c'est une façon de dire sa colère,
01:29 peut-être même d'éprouver une forme de jubilation,
01:32 parce qu'on voit le trouble que provoque
01:34 ce type de résultat électoral,
01:37 mais voter pour que sa commune soit RN, c'est différent.
01:41 Et donc là, on aura une vraie mesure, je pense,
01:44 de l'enracinement ou pas du RN,
01:47 puisqu'aujourd'hui, paradoxalement,
01:48 que ce soit le macronisme, le RN ou la France insoumise,
01:51 ce sont trois forces politiques qui existent au niveau national,
01:54 qui n'ont aucune base régionale locale,
01:57 tout à fait détachées de la réalité du terrain,
01:59 qu'ils évoquent pourtant très souvent.
02:01 Il y a quelque chose de frappant, Dominique Grenier,
02:03 par rapport à ce qui se passe en Europe,
02:05 et donc, c'est le paysage de ces élections européennes,
02:07 c'est la poussée du vote.
02:08 Alors, certains disent "anti-Europe",
02:10 alors, pour une autre Europe,
02:12 et cette fièvre, cette poussée,
02:13 elle vient des pays fondateurs de l'idée même,
02:15 de l'esprit européen.
02:17 Comment vous l'expliquez ?
02:18 Est-ce que vous l'avez déjà remarqué en tant que politologue ?
02:21 Oui, en fait, on vient de citer le Rassemblement national,
02:24 donc ça, c'est la France.
02:26 On peut citer Fraternita Alia pour l'Italie,
02:28 on peut citer l'AfD pour l'Allemagne,
02:30 on peut citer le Parti de la liberté pour les Pays-Bas,
02:32 on peut citer le Vlaams Blok,
02:36 ou l'Alliance pour la Finlande...
02:40 Pardonnez-moi, la Flandre libre pour la Belgique.
02:43 Donc, à part le Luxembourg, tous les pays fondateurs
02:46 doivent être cités pour fournir,
02:48 et ce sont des pays peuplés, l'Allemagne, la France, l'Italie,
02:51 vont fournir beaucoup de députés européens,
02:53 dont beaucoup seront, je dirais, de la mouvance,
02:56 soit de Marine Le Pen, soit de Georges Arménouni.
02:59 Ce sont les deux groupes
03:00 qui vont progresser le plus au Parlement européen.
03:03 Moi, je pense qu'il faut faire attention à l'analyse
03:05 de ce vote-là.
03:08 Il y a de la protestation,
03:10 mais nous savons aussi que les électeurs
03:12 de cette Europe fondatrice, comme de l'Europe actuelle,
03:15 ne veulent pas quitter l'Union.
03:17 D'accord, ils ne veulent pas quitter l'Union,
03:19 mais, Dominique Grigny, ils ne veulent pas
03:20 d'une logique maastrichtienne, de l'Europe,
03:22 depuis le traité de Maastricht, si on comprend bien.
03:24 Ils ne veulent pas quitter l'Union,
03:26 ils veulent encore moins quitter l'euro.
03:28 C'était très étonnant de voir que l'euro est même plus populaire
03:31 que l'Union européenne.
03:32 Alors, que veulent-ils ? C'est quoi, cette autre Europe ?
03:34 Plus souveraine, plus protégée des nations ?
03:36 Mon interprétation, c'est que les Européens ont tous compris
03:40 qu'ils ne pèseraient pas seuls face au monde épouvantable
03:45 que nous voyons, impressionnant, épouvantable,
03:47 impressionnant, comme nous voyons,
03:50 et qu'il ne fallait pas qu'être unis,
03:51 mais qu'être unis, ça signifiait avoir
03:54 une puissance publique supplémentaire,
03:56 pas nécessairement à la place des autres,
03:58 ce n'est pas le fédéralisme auquel aspirent les Européens,
04:00 pas du tout, mais une véritable puissance européenne,
04:04 une puissance en plus qui naît de cette Union
04:07 et qui protège les Européens.
04:08 Vous écoutez, c'est l'Europe des nations du général de Gaulle.
04:11 Moi, je crois que l'Europe actuelle,
04:14 il lui manque trois choses pour que les Européens s'y retrouvent.
04:18 Il manque la défense des frontières,
04:20 comme si c'était, au fond, les frontières d'une nation,
04:23 la défense bec et ongle des frontières.
04:26 Il manque d'assumer la nécessité
04:30 d'avoir une puissance commune, militaire, policière, économique, etc.,
04:36 et enfin, d'être capable de défendre une identité européenne.
04:40 Avant, vous parliez de souveraineté européenne.
04:42 Certains affirment...

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