Jeudi 7 mars 2024, SMART IMPACT reçoit Baptiste Rossi (vice-président ingégnierie, AYRO) , Michel Cognet (président du conseil d'administration, JEC) et Erick Rousseau (directeur général adjoint, Pinette PEI)
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00:00 Smart Impact vous est présenté par Jack World, le rendez-vous mondial dédié aux composites.
00:06 Bonjour à toutes et à tous, bienvenue dans ce Smart Impact qui nous plonge, vous plonge au cœur des composites
00:23 puisque nous sommes ici au Jack World, le salon mondial consacré à ces matériaux innovants.
00:29 Alors dans cette émission, pendant 30 minutes, on va poser les enjeux de ce salon, découvrir la stratégie européenne pour le secteur
00:37 mais aussi beaucoup d'innovations, les innovations en matière de préformage par exemple de Pinhead PUI
00:42 ou encore ces ailes rigides créées par Airo qui contribuent à la décarbonation du transport maritime.
00:50 C'est parti pour ce Smart Impact spécial Jack World.
00:54 [Musique]
01:00 Bonjour Michel Cogné, heureux de vous accueillir, enfin bienvenue chez vous en quelque sorte
01:04 puisque vous êtes le président du conseil d'administration de Jack Group qui organise ce salon mondial des matériaux composites.
01:11 On était déjà venu ici l'an dernier, c'est un salon qui mérite son nom, ça parle toutes les langues, on est impressionné de l'amplitude de ce salon
01:20 et de ce marché, il faut peut-être en dire un mot, j'avais commencé par ça l'an dernier déjà, mais ça pèse quoi ?
01:25 Ça pèse combien de milliards d'euros ou de dollars ?
01:27 Alors le marché, on le prend à deux niveaux différents.
01:30 Si on prend le marché des matériaux composites, donc un matériau composite, c'est à la fois un renfort, une fibre, le carbone, le verre
01:36 et ce qu'on appelle une matrice qui est une résine souvent, qui peut avoir différentes origines.
01:41 Si on prend ces matériaux et les combinaisons qu'on fait ensemble, le marché au niveau mondial pèse plus de 40 milliards d'euros de chiffre d'affaires.
01:52 Donc c'est une industrie forte.
01:53 Si on prend le niveau des pièces, c'est-à-dire que ces matériaux, on les transforme pour faire des pièces qui sont utilisées dans pas mal d'industries
02:00 et le marché dépasse les 100 milliards d'euros de chiffre d'affaires.
02:04 Donc sur le salon, vous avez à la fois des fabricants de matières et des fabricants de pièces.
02:09 Et alors ce qui est bluffant, c'est quand on se balade dans les allées, c'est à quel point finalement ces matériaux sont partout dans nos vies.
02:16 Alors on les retrouve dans beaucoup d'applications différentes.
02:20 La population en général, leur première confrontation au composite va être dans les activités sportives.
02:28 Il y a énormément d'équipements sportifs qui utilisent des matériaux composites, mais vous les avez dans vos voitures, vous ne les voyez pas.
02:34 Dans le transport, les trains, les avions ont plus de 50% des masses.
02:39 Les éoliennes que vous voyez dans le paysage, les pales sont 100% composites.
02:43 Donc il y a beaucoup de marchés qui utilisent des matériaux composites.
02:48 Ça fait plusieurs décennies que vous travaillez dans cet univers.
02:52 Est-ce que l'innovation, c'est le mot le plus important ?
02:55 Oui, et d'ailleurs j'ai 40 ans d'historique dans le composite alors que je n'ai que 25 ans.
02:59 Donc si vous voulez, l'innovation est au cœur pour arriver à une performance pareille, au cœur de la performance.
03:05 Les composites sont développés après la deuxième guerre mondiale.
03:12 C'était l'arrivée du verre en Europe par Saint-Gobain, une société française qui a développé une fibre en verre.
03:20 Et c'était le départ vraiment des composites.
03:23 Après si on va aller plus loin, il y a beaucoup de constructions.
03:25 Vous prenez de la paille et de la boue, vous construisez un mur, c'est un matériau composite.
03:30 Mais si on parle d'un matériau de performance, ça démarre avec la fibre de verre il y a 60 ans.
03:36 Et les évolutions sont constantes.
03:38 L'innovation est vraiment, comme vous l'avez dit, le driver du développement de cette industrie.
03:43 Et si on fait un peu d'histoire, on peut remonter aussi, puisqu'on parle de fibre, on parle de tissage,
03:49 on peut remonter à l'histoire des soyeux, des soies éoliennes, il y a un lien aussi à faire ?
03:54 Le premier développement du verre s'est fait dans les années 1830, en Italie, en France, en Angleterre,
04:01 pour l'habillement c'était très manuel, ce n'était pas du tout des procédés industriels.
04:05 Il y a eu des robes, ça grattait, des rideaux, il y a eu beaucoup de choses.
04:10 Donc c'est tombé, on dit, des huétus de la deuxième partie du 19e siècle.
04:15 Et c'est donc au milieu du 20e, comme je l'ai dit tout à l'heure, Saint-Gobain a démarré la fibre de verre.
04:21 Et il a cherché à développer en France, comme Saint-Gobain est une belle société française.
04:26 Et les seuls tisseurs qui à l'époque étaient capables de transformer cette fibre de verre, qui est très fragile,
04:32 ont été les soyeux lyonnais.
04:34 Donc vous aviez dans le nord de la France, par exemple, des laigniers ou dans l'est des cotonniers,
04:38 qui n'avaient pas la capacité, soit par le savoir-faire et surtout par les équipements, d'utiliser cette fibre de verre.
04:45 Et en France et en Europe, le développement des matériaux composites est vraiment parti de la région lyonnaise.
04:50 Et vous avez beaucoup d'acteurs, de sociétés sur le salon, qui sont le résultat de cette évolution.
04:55 Les composites, pardon, c'est une vraie question de Béossien, mais ce sont forcément des fibres qu'il faut tisser ?
05:00 Ou alors il y a différentes façons de le faire ?
05:02 Au début, si vous voulez, ça démarrait avec des formes tissées.
05:05 Parce qu'une fibre, vous avez un fil sur une bobine, le mettre en œuvre, c'est compliqué.
05:10 Donc si vous en faites un tissu, vous vous retrouvez avec un produit que vous pouvez manipuler, mettre dans un moule.
05:17 L'automatisation, ces dernières décennies, a permis d'utiliser d'autres formes de produits,
05:22 c'est-à-dire de déposer ce qu'on appelle des unidirectionnels, tous les fils dans la même direction.
05:26 Mais ça, vous ne pouvez pas le faire à la main. Vous ne pouvez pas tenir 200 fils côte à côte à la main parallèle.
05:31 Effectivement. Matériaux d'avenir, reconnus comme tels par l'Union européenne.
05:35 Il y a quelques jours, la Commission européenne proposait une nouvelle stratégie.
05:39 Quelle ambition ? Comment on peut décrire cette stratégie ?
05:42 La stratégie de l'Europe, c'est vraiment la décarbonation de notre industrie et atteindre en 2050 un zéro émission.
05:51 Dans ce plan, pour atteindre le zéro émission, il y a vraiment beaucoup de catégories d'actions.
05:58 Il n'y a aucune action qui, à elle seule, va permettre d'atteindre cet objectif.
06:01 Mais les composites ont vraiment un rôle primordial à jouer, parce que les composites offrent énormément d'avantages.
06:08 On peut construire léger. Vous voyez dans le salon, quand vous êtes promenés, beaucoup d'applications.
06:12 Dès que ça bouge, ça vole. Plus léger, moins de matières utilisées. Ce sont des points importants.
06:19 Il y a beaucoup d'autres propriétés des composites. Le composite, par exemple, ne corrode pas.
06:23 Vous prenez un pont fait en béton renforcé avec de l'acier. La corrosion, vous allez avoir une durée de vie qui est assez limitée.
06:33 Peut-être de 60 à 80 ans. Puis au bout de 10 ans, il faut faire une grosse maintenance.
06:36 Vous faites un pont en matériaux composites. La première maintenance est à 100 ans.
06:41 Le pont a une durée de vie qui n'est pas connue, mais qui est énorme.
06:46 Un avion en composite, vous n'avez pas de maintenance. La durabilité du matériau composite est exceptionnelle.
06:54 Ça veut dire que la Commission européenne incite l'industrie à se tourner vers le composite.
07:00 Elle incite et elle fait plus. Elle offre des possibilités de financement aux industries pour se transformer.
07:08 Ça fait partie des annonces qui ont été faites l'année dernière en ce qui concerne les matériaux nouveaux.
07:14 Il y avait déjà eu par le passé un programme qui s'appelait Horizon 2020, qui a été développé par la Commission.
07:21 Aujourd'hui, il y a un programme qui s'appelle Horizon Europe, qui vise 0 émissions en 2050, 90% de savings d'émissions en 2040, avec des milestones.
07:35 Il y a à la fois des financements et à la fois des normes, des régulations.
07:40 Quel rôle un salon comme le GECWorld peut jouer dans ce cadre-là ?
07:47 Vous visitiez ce salon il y a 10 ans, ce qu'on appelle Sustainability en anglais,
07:53 qu'on peut essayer de traduire par une... ça fait partie des annonces.
07:58 La durabilité.
07:59 Oui, la durabilité. C'est le meilleur vocabulaire, certainement.
08:02 La durabilité est devenue le moteur de l'innovation dans cette industrie.
08:08 Il y a une responsabilité extrêmement forte de l'industrie des composites de permettre aux autres industries
08:15 d'être beaucoup plus efficaces dans leurs procédés, leur fabrication de pièces.
08:19 Je parlais un petit peu de construction tout à l'heure.
08:21 Aujourd'hui, si vous faites une structure en béton renforcée en acier,
08:25 vous mettez une épaisseur de béton très importante, pas forcément pour la performance structurelle,
08:29 mais pour protéger l'acier qui est à l'intérieur de la corrosion.
08:32 Si vous gardez une structure béton et vous le renforcez avec du composite,
08:36 la performance du composite est beaucoup plus importante que l'acier.
08:41 Donc, vous pouvez mettre moins de béton en complément.
08:44 En plus, vous n'allez pas protéger le composite parce que lui-même s'autoprotège totalement
08:49 et n'a pas besoin de protection.
08:52 Cet enjeu de durabilité pose aussi la question de la recyclabilité du composite.
08:59 On a reçu ici des entreprises qui travaillent vraiment là-dessus.
09:04 C'est vraiment un axe essentiel.
09:05 Vous avez reçu des entreprises qui ont été soit finalistes, soit des awards.
09:11 Vous remontiez il y a dix ans l'aspect recyclabilité ou l'aspect durabilité,
09:18 sous le sens « sustainability » en anglais, où il y avait très peu de dossiers.
09:22 Aujourd'hui, plus de la moitié des dossiers d'innovation dans le composite touchent cet aspect.
09:27 Parce que oui, on participe énormément à améliorer nos industries,
09:31 mais on a aussi un travail à faire sur nos procédés, sur nos matériaux et sur notre industrie.
09:36 C'est extrêmement étonnant de voir la capacité de réaction de cette industrie des composites
09:43 à se transformer pour vraiment développer des matériaux recyclables, réutilisables, et ainsi de suite.
09:49 Merci beaucoup, Michel Cogné. Bon salon, bon « jack world ».
09:53 Bon « jack world » à vous aussi.
09:54 Merci encore de nous avoir accueillis ici.
09:56 Notre émission continue consacrée justement à ces innovations. On va en découvrir certaines.
10:01 Bonjour Eric Rousseau, bienvenue.
10:10 Bonjour Thomas.
10:11 Vous êtes le directeur général adjoint de Pinet PIE, PME française et européenne,
10:15 qui allie histoire et innovation.
10:17 Écoutez bien, l'histoire commence en 1863, c'est ça ?
10:20 Oui, tout à fait, en 1863. On a fêté l'année dernière nos 160 ans.
10:24 Et donc, c'est quoi l'activité de Pinet PIE ?
10:27 Alors, Pinet PIE, on est fabricant d'ingénierie industrielle, fabrication d'équipements pour la transformation des matériaux composites.
10:34 On est également intégrateur d'automatisation, de robotisation. On est une société « all-in-one », comme on les appelle aujourd'hui.
10:42 Mais alors, comment on passe de… c'était quoi en 1863 l'activité de Pinet PIE ?
10:46 C'est une très bonne question. En 1863, ça a commencé par une petite entreprise de mécanique générale
10:52 au centre-ville de Châlons-sur-Saône, sur la Bourgogne du Sud, en Saône-et-Loire.
10:56 Et c'est devenu petit à petit une entreprise pour fabriquer des presses à eau,
11:01 ensuite des presses pour fabriquer des briques, parce qu'il y avait beaucoup de briquetterie dans la région.
11:06 Et ensuite, avec le développement du creusot, qui est juste à côté de chez nous,
11:10 ça s'est développé sur des presses hydrauliques. Le rachat d'une société en 1950 qui s'appelait Émideco, c'est devenu Pinet.
11:16 Émideco spécialise des presses à travers le monde. Et aujourd'hui, on est leader mondial sur la fabrication des équipements
11:23 pour la transformation des matériaux thermoplastiques.
11:26 Est-ce qu'on peut dire que les matériaux composites, c'est un peu votre matière première ? Qu'est-ce que vous diriez ça ?
11:30 Alors, je vais peut-être un peu formuler différemment. En fait, on a deux grosses briques.
11:35 On a bien sûr les matériaux composites, en termes durs, thermoplastiques.
11:39 Et on a une autre brique additionnelle qui est le travail du métal, métal en feuille ou métal de forte épaisseur.
11:45 Et alors, sur les matériaux composites, ça veut dire que vous travaillez pour quel secteur d'activité ?
11:50 Parce que je le dis souvent quand je suis ici au GECWorld, c'est ce qui est vraiment bluffant quand on se balade dans les allées du salon.
11:57 En fait, on est dans toutes les étapes de nos vies, en quelque sorte.
12:01 Oui, tout à fait. Et c'est ce qui fait notre force, en fait. C'est la diversification.
12:04 Si aujourd'hui, vous n'êtes pas diversifié, l'entreprise, elle ne peut pas durer 160 ans.
12:08 Et j'espère qu'elle durera encore 160 ans. Donc, on va travailler bien sûr avec des domaines historiques comme l'aéronautique,
12:13 comme le spatial. Mais demain, ça va être l'automobile électrique.
12:17 Quand on parle de composites, on parle d'allègements, on parle de transition écologique, on parle de réduction de consommation
12:22 pour alléger l'empreinte carbone et éventuellement augmenter les distances parcourues par les ARF ou par les véhicules électriques.
12:29 Mais on va travailler également sur tout ce qui est loisirs, tout ce qui est défense.
12:33 On va travailler également sur d'autres secteurs d'activité comme le médical. Mais je pourrais en citer plusieurs.
12:41 Allez-y, continuez s'il y en a d'autres.
12:43 Vous n'avez qu'à traverser les allées du GEC et vous verrez, on peut trouver de très, très belles choses qui font partie de notre quotidien.
12:50 Oui, c'est ça. On est dans la vie quotidienne des Français et des Européens.
12:54 J'ajouterais juste un point. On parle de composites. Aujourd'hui, on va parler de composites recyclés parce que c'est un des avantages du composite
13:04 et notamment le thermoplastique. On va pouvoir recycler ce matériau et on va pouvoir le réutiliser sur d'autres applications.
13:10 On va parler de la construction demain. On va pouvoir travailler sur la construction.
13:13 On va pouvoir travailler sur l'ameublement, sur des pièces qui n'auront pas forcément les mêmes besoins en termes de mécanique, de restance mécanique.
13:23 Quand on parle de recyclabilité, à quel point on peut recycler ces matériaux ?
13:28 Quand on parle de thermoplastique, parce qu'en fait, il faut bien faire la différence entre le thermodure et le thermoplastique.
13:32 Le thermoplastique, je pense qu'il est recyclable à vie, mais avec des pièces de différentes demandes en termes de restance mécanique.
13:41 Oui, elles ne vont pas forcément avoir exactement le même usage en fonction du cycle de vie.
13:46 Pinette P.U. qui s'engage sur l'objectif de développement durable, j'ai vu ça en préparant l'émission, l'un des ODD de l'ONU, en matière d'efficacité énergétique.
13:56 Alors expliquez-nous, donnez-nous un peu de détails là-dessus. En quoi consiste cet engagement ?
14:01 En fait, cet engagement est très important à la fois pour le management de l'entreprise, mais l'ensemble de ses équipes.
14:08 Ça fait partie de nos quatre piliers de développement. On a parlé de l'innovation, on va parler du partenariat, on va parler de l'international et de la transition écologique ou du développement durable.
14:19 Alors c'est sous deux formes. La première, ça va être en interne par rapport à des actions.
14:24 Donc on s'est engagé via l'ONU. Il faut savoir aussi qu'on est maintenant Ecovadis au niveau Gold.
14:29 Ce qui fait que Pinette fait partie des 5% des entreprises au monde avec avoir atteint ce niveau de certification.
14:38 Et d'une autre part, au niveau de nos actions au quotidien, ça va être bien sûr sur la réduction de notre propre consommation, mais ça va être sur l'éco-conception.
14:47 L'éco-conception pour que nos utilisateurs, nos clients, les utilisateurs de nos machines puissent baisser leurs économies, baisser leur consommation d'énergie.
14:57 Donc c'est vraiment un point important. Ça fait partie maintenant du mindset de l'ensemble de nos équipes de design, de recherche et développement, arriver à baisser cette consommation.
15:07 Alors justement, c'était la question que j'allais vous poser puisqu'il y a je crois 10% du chiffre d'affaires qui est consacré à la recherche et développement.
15:14 Avec cette orientation aujourd'hui de plus en plus, c'est-à-dire en intégrant les enjeux de durabilité, de recyclabilité, d'éco-conception à cette recherche ?
15:23 Tout à fait. Ça fait partie des 3 grands axes du mode de la recherche et développement.
15:27 La première, on est leader mondial de la transformation des matériaux composites thermoplastiques. Pour le rester, il faut innover.
15:33 Aujourd'hui, nos entreprises, si on n'innove pas, si on n'a pas ce facteur différentiel, on ne tiendra pas 160 ans de plus.
15:39 Donc il faut absolument qu'on innove. C'est un facteur différentiel. C'est quelque chose qui nous permet de nous diversifier et d'aller chercher des secteurs nouveaux.
15:49 Après, derrière, vous parliez de la partie recyclable. Je vais pencher plutôt sur la partie chauffe-refroidissement de nos machines.
16:00 Pour pouvoir transformer les matériaux composites, vous êtes obligés de les chauffer, de les refroidir. Donc vous consommez de l'énergie.
16:06 Là, il faut qu'on arrive à optimiser cette consommation, à la fois pour la qualité des matériaux obtenus et pour la réduction de la consommation.
16:13 Donc ça, c'est l'étape suivante ? Vous avez déjà progressé ?
16:16 C'est les étapes en cours. Et puis, je terminerai aussi par l'intelligence artificielle. Aujourd'hui, il faut qu'on prenne ça à bras-le-corps.
16:23 Il ne faut pas qu'on le subisse. Il faut qu'on puisse être leader dans cette partie-là.
16:27 Grâce à un démonstrateur qu'on a mis en place en interne, une machine à l'échelle 1,
16:31 1300 tonnes de pression capable de traiter l'ensemble des procédés et des process de traitement des matériaux composites, qu'on a appelé Tiffany.
16:38 On va être capable de mettre en place, en interne, l'ensemble de ces innovations, de les tester avant de les mettre à disposition de nos clients.
16:45 Et quand je parle d'intelligence artificielle, je vais parler de maintenance prédictive.
16:48 Je vais parler de simulateurs avec notre partenaire CompositeXpert,
16:53 qui vont permettre aux utilisateurs de voir si les paramètres de la recette sont bons, sont cohérents par rapport à ce qu'ils vont vouloir faire
16:59 sur tel ou tel procédé ou sur tel ou tel matériau.
17:02 Il y a un autre partenariat dont je voudrais parler pour terminer, puisque ça vous a permis d'être finaliste des JEC Composite Awards.
17:09 Exemple d'innovation, partenariat avec Porsche et Néerlandais d'Airborne, je crois. Pour faire quoi ?
17:16 Et Tegin, j'ajouterais Tegin également.
17:18 Déjà, c'était une fierté de travailler avec ces trois grands noms, Tegin, Airborne et Porsche,
17:24 qui ne rêvent pas un jour de travailler pour Porsche.
17:27 Là, on parle de la Porsche GT3 RS et d'une pièce de structure.
17:32 C'est une grande première. C'était la réalisation d'une ligne de production série pour l'automobile, pour des matériaux composites.
17:38 En l'occurrence, c'était une porte latérale, donc une pièce de structure qui sécurise le pilote en cas de choc.
17:45 L'idée, c'était de pouvoir fabriquer en série à la fois la préforme plus ensuite la pièce en 3D, mais avec une très grande répétabilité.
17:54 Parce que comme on est sur une pièce de sécurité, elle est soumise au crash test.
17:58 Et si vous ne faites pas de la répétabilité sur le positionnement des fibres, que ce soit dans le stacking, que ce soit dans la consolidation ou dans le formage,
18:05 vous ne pouvez pas répondre aux données techniques qui sont issues du crash test.
18:10 Et vous ne pouvez pas sécuriser la traçabilité de votre production.
18:14 C'est tout ça qu'on a réussi à faire avec de la robotique, avec de la vision, avec des presses Pinette PEI.
18:18 Et on en est très, très, très fiers.
18:20 Merci beaucoup, Éric Rousseau, d'être venu dans ce spécial GECWORLD.
18:25 Bon salon, l'innovation au cœur du GECWORLD.
18:28 On va découvrir maintenant les ailes rigides d'Airo, la décarbonation du transport maritime au programme.
18:34 J'accueille Baptiste Rossi.
18:42 Bonjour, bienvenue.
18:43 Bonjour, vous êtes le vice-président d'ingénierie chez Airo, startup française qui produit, qui commercialise les Ocean Wings.
18:50 De quoi on parle ? Décrivez-nous.
18:52 C'est des ailes rigides, c'est ça ?
18:54 Oui, tout à fait.
18:55 Donc, c'est des ailes que l'on met verticalement sur des bateaux pour en assister la propulsion et donc diminuer les émissions de carbone des moteurs traditionnels
19:06 en utilisant le vent pour s'associer à ce moteur et garder des vitesses cibles qui sont les mêmes que sur un bateau traditionnel.
19:14 Alors, ces ailes rigides, on va commencer à les décrire en détail et à rentrer dans le vif du sujet puisqu'on est au salon des matériaux composites.
19:21 De quoi sont-elles faites ?
19:22 Elles sont faites de beaucoup de composites.
19:25 Elles sont constituées de deux mâts sur lesquels on fait coulisser des nervures, entre lesquels on tend une toile qui permet de créer ce profil aérodynamique.
19:35 Et donc, les mâts, les nervures, mais aussi les pièces de structure qui relient ces mâts sont toutes faites en composites.
19:42 Avec quels avantages ?
19:44 Eh bien, l'avantage, c'est qu'on a des matériaux qui sont robustes, qui sont légers, qui résistent bien à la fatigue.
19:51 Et on sait qu'en mer, on rencontre des conditions qui sont particulièrement rudes.
19:57 On a des ailes qui peuvent soutenir 100 nœuds de vent avec des mers très formées.
20:04 Et grâce aux composites, on peut faire ça avec un produit qui, à la fin, est relativement léger.
20:11 On imagine l'idée de départ.
20:14 On va créer des ailes rigides.
20:17 Déjà, il faut être audacieux.
20:20 Entre cette idée de départ et la réalisation, quels étaient les défis les plus compliqués à relever, en termes techniques notamment ?
20:29 L'idée de départ, elle vient de la course au large de la voile de compétition.
20:33 En 2010, il y a un voilier qui s'appelait Oracle Racing qui a gagné la Coupe de l'América avec une voile rigide.
20:40 Notre fondateur, Mark Van Peteghen, a eu l'idée à partir de ce bateau-là qu'une voile rigide pouvait amener de la performance.
20:50 Mais aussi, le fait qu'elle soit rigide la rendait plus facilement automatisable.
20:55 On pouvait la mettre sur des bateaux de marine marchande sans avoir un équipage qui était dédié au fonctionnement de ses ailes.
21:08 C'est de là que ça vient en 2010.
21:10 Après, on a fait quelques prototypes, dont un qui a été mis sur Energy Observer,
21:18 qui est un démonstrateur de tout ce qui peut se faire en matière d'énergie propre pour propulser un navire.
21:23 On a équipé un bateau qui s'appelle Canopée l'année dernière, en août 2023.
21:29 Un bateau qui transporte des pièces de la fusée Ariane entre l'Europe où les pièces sont produites et Kourou en Guyane.
21:37 Ce bateau est équipé de 4 de nos ailes qui font 37 mètres de haut.
21:42 On a mis au moins 3-4 ans à développer ces ailes dans une industrie qui est totalement nouvelle, avec des réglementations qui sont nouvelles aussi.
21:52 On a dû développer les ailes, mais aussi les réglementations qui vont avec les sociétés de classe.
21:59 Dans notre cas aussi, on a une entreprise avec des personnes qui ont les capacités de faire dans les différents métiers dont on a besoin pour fabriquer ces ailes.
22:08 Vous nous avez dit que ça tient jusqu'à 100 nœuds. Mais on fait quoi quand on tourne à 100-200 nœuds ?
22:13 C'est rare en mer.
22:17 Mais notre aile a l'avantage d'être affalable.
22:20 Les mâts en composite restent en l'air.
22:24 Mais le fait qu'on a ces ribes fait qu'on peut affaler la partie qui génère des efforts.
22:34 Lorsque les conditions sont mauvaises ou lorsque l'on rentre au port, on peut affaler.
22:41 Ça se replie en quelque sorte ?
22:43 Oui, tout à fait. En accordéon.
22:46 On abaisse les ribes et la toile qui est tendue entre ces ribes va s'abaisser et se replier en pied.
22:52 Quels avantages, on les imagine bien mais il faut les détailler, ça peut représenter pour le secteur du transport maritime ?
22:58 Si on prend l'exemple de ce bateau Canopée, quels gains en termes de consommation ?
23:05 Canopée, c'est un bateau qui fait des transatlantiques.
23:08 Les premiers résultats qu'on a, puisque Canopée navigue depuis septembre 2023, on estime qu'on arrive à faire des gains en fuel de l'ordre de 35% sur une transatlantique.
23:23 Ce sont vraiment des gains importants.
23:27 Et si on compare, quand on parle de décarbonation du transport maritime, il y a d'autres solutions.
23:32 Il y a notamment, on les a tous vu, ces ailes qui sont déployées un peu comme une grande aile de parapente à l'avant d'un cargo.
23:40 Est-ce qu'on est sur les mêmes types de gains ? Est-ce que c'est comparable ?
23:44 Nous, normalement, on a un système qui permet d'évoluer dans un range de vent qui est plus grand.
23:53 On arrive à produire de la puissance à partir d'un vent de 5 degrés de face.
23:59 C'est 5 degrés et puis après jusqu'à un vent arrière.
24:02 Chose qu'on ne va pas pouvoir faire une aile de kite.
24:06 Donc il y a plus de cas de figure dans lequel votre technologie s'utilise.
24:14 Oui, tout à fait.
24:15 En termes de rentabilité, c'est beaucoup plus important.
24:17 Oui, tout à fait.
24:18 Et puis, on a un système aussi qui est plus léger que la concurrence.
24:23 Ce qui fait qu'on a moins d'impact sur la stabilité du bateau et sur la prise de volume sur des bateaux qui restent des bateaux de marine marchand.
24:32 Est-ce que c'est compatible sur tout type de cargo ou de porte-conteneurs ?
24:37 On étudie ces solutions-là. Il y a des petites adaptations à faire.
24:42 Mais relativement, oui, c'est des petites adaptations.
24:45 On peut adapter à beaucoup de types de bateaux.
24:49 Ça veut dire que, pour bien comprendre, ce n'est pas seulement sur des bateaux neufs que vous êtes amené à déployer ces ailes-origine ?
24:57 Non, on peut aussi bien les monter sur des bateaux neufs dédiés que sur faire du rétrofit sur des bateaux existants,
25:05 moyennant un renfort de la structure. Mais c'est tout à fait faisable.
25:10 Ça suppose des travaux importants ?
25:12 Ça suppose des travaux de structure, mais qui, dans l'industrie de la marine, sont largement faisables.
25:22 Quelles sont les perspectives ? Vous avez parlé de canopées.
25:25 Il y a d'autres bateaux qui sont équipés, qui vont bientôt être équipés des Ocean Wings ?
25:30 On espère. On n'a encore rien de signé, mais on a plusieurs pistes en cours.
25:38 Oui, l'industrie maritime, il y a des taxes qui se mettent en place pour essayer de diminuer les consommations en fuel et les émissions de CO2.
25:54 Et dans le cadre de ces taxes, nos systèmes deviennent de plus en plus intéressants pour les armateurs.
25:59 Il y a beaucoup d'armateurs qui sont intéressés par ces produits-là.
26:03 Vous avez remporté le prix JECWORD en catégorie transport maritime et construction navale.
26:09 C'est une belle reconnaissance. Félicitations.
26:12 Je crois qu'ils sont remis au mois de février, donc ça fait quelques jours que vous l'avez.
26:19 Ça peut ouvrir des portes, un prix comme celui-là, parce que le JECWORD, il faut bien prendre conscience que c'est un salon mondial.
26:27 Quand on se balade dans les allées, ça parle toutes les langues ici.
26:30 Déjà, c'est une bonne reconnaissance pour les équipes en interne, mais aussi pour tout l'écosystème avec qui on a travaillé sur ce produit.
26:40 C'est toujours agréable d'avoir cette reconnaissance-là, particulièrement parce qu'on estime être une entreprise innovante et avoir ces awards d'innovation,
26:51 c'est toujours bien et ça permet de prendre un petit peu de recul.
26:57 Puis, ça permet aussi de faire passer le message qu'on est là, on cherche toujours à évoluer et à trouver des systèmes qui sont plus robustes,
27:06 moins coûteux et donc on est là.
27:11 N'hésitez pas à venir nous voir. On est preneur de toutes bonnes idées pour faire avancer les choses dans le bon sens.
27:18 Merci beaucoup, Baptiste Rossy. Bon vent, c'est le cas de le dire. Aero, à bientôt sur Bismarck.
27:23 Merci à vous.
27:24 Voilà, c'est la fin de ce Smart Impact spécial GEC World au Salon Mondial des matériaux composites.
27:31 Je vous dis à très bientôt sur Bismarck, la chaîne des audacieuses et des audacieux.
27:36 Smart Impact vous a été présenté par GEC World, le rendez-vous mondial dédié aux composites.
27:41 [Musique entraînante diminuant jusqu'au silence]