• l’année dernière
Mercredi 7 juin 2023, SMART IMPACT reçoit Sandrine Duquerroy-Delesalle (vice-présidente, GIE La Boîte Boisson) et Paul-Olivier Claudepierre (codirigeant, Martin-Pouret)

Category

🗞
News
Transcription
00:00 [Musique]
00:06 Le débat de ce Smart Impact, on parle d'alimentation avec Sandrine Duqué-Roy de Le Salle.
00:11 Bonjour, bienvenue.
00:12 Vous êtes la vice-présidente du groupement d'intérêt économique La Boîte Boisson.
00:16 À vos côtés, Paul-Olivier Claudepierre.
00:18 Bonjour.
00:19 Et bienvenue, co-dirigeant de la maison Martin Pourret.
00:22 La Boîte Boisson, c'est donc un GIE qui représente combien d'entreprises ?
00:27 Alors, en France, on a trois fabricants de canettes qui sont représentés sur tout le territoire.
00:33 On a des usines, enfin trois usines.
00:35 Une usine dans le nord, une usine dans l'est, à côté de Nancy.
00:38 Une usine dans le sud de la France, à côté de l'Aciota.
00:41 Et ça représente en tout 4000 emplois directs.
00:46 Je dirais toute la chaîne.
00:47 Non pas seulement nos usines, mais également les remplisseurs et les fabricants de matériaux.
00:52 Donc, une chaîne de valeur importante sur le marché français.
00:55 C'est un gros secteur, ça pèse combien en chiffre d'affaires ?
00:57 En chiffre d'affaires, alors si on prend que la canette, ça va être la somme de ces chiffres d'affaires des Français,
01:02 donc de ces entreprises françaises, donc à peu près, j'irais dans les 300 millions d'euros.
01:07 D'accord.
01:08 D'accord, donc il faut compter après l'ensemble de la chaîne de valeur.
01:10 Effectivement.
01:12 Paul-Olivier Claudepierre, quand on parle de la maison Martin Pourret, on entre dans l'histoire, il faut commencer par ça.
01:18 Depuis quand vous fabriquez des condiments ?
01:21 Alors, on fabrique des condiments depuis 1797, on fait partie des 200 plus vieilles entreprises de France.
01:28 Donc, vous perpétuez une tradition qui est la tradition des vinaigriers de la région d'Orléans, c'est ça ?
01:34 Oui, exactement. On perpétue cette tradition.
01:37 Alors, juste pour faire une petite parenthèse historique, en fait, pourquoi Orléans est la capitale historique du vinaigre ?
01:43 Parce que tous les vins qui venaient du sud et du centre de la France et qui voyageaient sur la Loire avant d'arriver à Paris,
01:49 s'arrêtaient à Orléans et pour ceux qui avaient commencé une seconde fermentation, étaient transformés en vinaigre.
01:55 Ok, et donc vous avez choisi un label qui est le label PME+.
01:59 Alors d'abord, pourquoi ce choix et puis qu'est-ce que ça représente pour obtenir le label PME+ ?
02:04 Alors, pourquoi ce choix ? Parce que même si dans l'ADN de la maison, on a toujours été très RSE,
02:09 il est important de le dire à la fois à l'extérieur et puis également aux équipes.
02:14 Et puis le label PME+ c'est justement une façon d'officialiser les choses.
02:19 Donc, ce qui nous permet de pouvoir capitaliser sur toutes les choses responsables qu'on peut faire chez Martin Pouret,
02:27 que ce soit vis-à-vis de nos clients, mais aussi en interne, parce que c'est un formidable moyen de motiver les équipes
02:34 et de donner encore plus de sens à leurs actions de tous les jours.
02:38 Et on en rentrera évidemment dans le détail de ses engagements et de ses actions en matière de RSE.
02:43 Sandrine Duqué-Roy de Laussalle, le bilan carbone, on va rentrer un peu dans le détail,
02:47 parce que là on est vraiment sur alimentation et environnement.
02:51 Le bilan carbone d'une canette métal par rapport aux autres contenants, une bouteille en verre ou autre, c'est quoi ?
02:57 Alors, il y a plusieurs acteurs sur le marché qui ont fait des analyses de cycle de vie et notamment sur la partie carbone.
03:05 Nous, donc le GIE, la boîte de boisson fait partie d'un groupement plus important en Europe qui s'appelle Metal Packaging Europe.
03:11 Et Metal Packaging Europe réalise des ACV, des analyses de cycle de vie, tous les deux à trois ans.
03:16 Donc on remet à jour nos datas tous les deux, trois ans, en prenant en compte tous les éléments qu'on a pu réaliser
03:24 en termes d'allègements, par exemple de nos emballages, de travail dans nos usines pour abaisser nos utilisations d'énergie, d'électricité, etc.
03:35 Oui, ça permet d'avoir des étapes et de voir le progrès.
03:38 Donc tout ça nous a permis de dire aujourd'hui, notre empreinte carbone a vraiment baissé.
03:44 Et si on se compare, je pense que sur les ACV, tout le monde a des moyens de dire "moi je suis meilleur", etc.
03:50 Mais si on compare par rapport à d'autres emballages, par rapport au verre, le verre "one way", en usage unique,
04:00 on va dire à une empreinte carbone qui est deux fois supérieure à celle d'une petite bouteille de gorge.
04:04 Après, il y a la question de la recyclabilité, évidemment.
04:06 Oui, si on prend en compte aujourd'hui le recyclage même du verre.
04:09 Si on prend un verre qui va être jeté, recyclé, il a une empreinte carbone supérieure.
04:14 Parce que le recyclage du verre est très coûteux en énergie.
04:18 La force de l'aluminium, c'est que quand on recycle de l'aluminium, on utilise beaucoup moins d'énergie que si on doit générer de l'aluminium primaire.
04:27 Donc voilà, ça c'est par rapport au verre, donc j'irais dire une bien meilleure empreinte.
04:31 Par rapport au plastique aujourd'hui, au niveau de contenus en recyclé qu'on a nous dans nos canettes, on pourra en reparler,
04:37 on est dans des équivalences par rapport au plastique et notre objectif c'est de faire mieux.
04:42 Faire beaucoup mieux en utilisant encore plus de matières recyclées.
04:45 Et avec un système de consignes que vous voulez mettre en place, on va en reparler dans un court instant.
04:51 Je redonne la parole à Paul-Olivier Claudepierre pour détailler un peu ses engagements RSE.
04:56 Par exemple, le choix d'une agriculture locale et durable, ça veut dire quoi ?
05:00 Parce que c'est une phrase que j'entends souvent sur ce plateau.
05:02 Ça veut dire quoi concrètement dans un métier comme le vôtre ?
05:04 Très concrètement, ça veut dire privilégier des agriculteurs qui sont proches de nos ateliers.
05:10 On peut prendre l'exemple assez emblématique de la moutarde puisqu'on en a beaucoup parlé l'année dernière.
05:15 Quand tout le monde était en pénurie de moutarde parce que 90% des graines de moutarde proviennent du Canada,
05:21 chez Martin Pourrin, on avait de la graine de moutarde.
05:23 C'était pas en pénurie.
05:24 On la cultive à 50 km de chez nous avec deux objectifs. J'irais même jusqu'à trois objectifs.
05:31 Le premier, c'est de maîtriser totalement la qualité des ingrédients qu'on utilise.
05:37 La seconde, c'est effectivement réduire l'impact carbone
05:41 puisque ça n'a pas le même impact que d'aller le chercher à l'autre bout du monde.
05:45 Quelques milliers de kilomètres en moins, ça c'est sûr.
05:47 Exactement.
05:48 Et puis le troisième, c'est clairement la souveraineté alimentaire française.
05:52 À notre tout petit niveau.
05:54 Mais c'est vrai qu'on se rend compte que sur un produit aussi emblématique de notre gastronomie,
06:01 on se trouve en rupture parce qu'il provient de l'autre bout du monde.
06:05 C'est un constat désastreux.
06:07 C'est la même chose pour les vins qui servent à la fabrication du vinaigre. Ils viennent de pas trop loin ?
06:11 Ils viennent de toute la France parce que c'est l'histoire de notre maison.
06:15 On perpétue cette tradition.
06:17 Mais effectivement, 90% de nos produits sont certifiés Origine France Garantie
06:22 pour assurer nos consommateurs que tout se fait dans le respect de la tradition.
06:27 La consigne alors, parce que la consigne, juste avant que l'interview ne démarre,
06:32 on disait on réinvente ce que nos aïeux utilisaient.
06:35 La consigne pour les canettes, qu'est-ce que ça va apporter de plus ?
06:39 Parce que moi, je fais le tri de mes déchets et mes canettes, je les mets dans la poubelle jaune.
06:43 Donc qu'est-ce que ça va apporter de plus ?
06:45 Ça va faire très bien de mettre vos canettes dans la poubelle jaune.
06:48 Malheureusement, tous les Français ne le font pas.
06:51 Aujourd'hui, on a un vrai problème de collecte de nos emballages.
06:55 On estime à peu près, parce qu'on n'a pas des chiffres robustes non plus,
06:59 c'est une question qu'on pose à CITEO aussi régulièrement, d'avoir des chiffres robustes.
07:03 On a des chiffres sur l'aluminium, sur tout l'aluminium,
07:06 et vous savez que vous utilisez d'autres emballages en aluminium, pas que des canettes.
07:09 Et donc aujourd'hui, on estime notre taux de recyclage à peu près 60%, entre 50 et 60%.
07:14 C'est vraiment trop peu.
07:16 L'aluminium, il faut absolument qu'on l'utilise et qu'on le réutilise de manière permanente.
07:24 Donc nous, notre objectif aujourd'hui, c'est d'augmenter la collecte.
07:27 Par tous les moyens, la consigne en est un.
07:29 Si demain, il y a décision par le gouvernement de mettre en œuvre une consigne en France,
07:33 on veut évidemment y être, parce qu'on veut participer à ce nouveau type de collecte.
07:39 Mais alors, ça pose pas mal de questions.
07:41 Ça veut dire que je rapporte mes canettes, je vais récupérer une petite, quelques centimes d'euros sur chaque canette ?
07:48 Comment ça va marcher ?
07:49 Alors, la consigne, en règle générale, c'est en effet un petit montant qu'on va payer au moment de l'achat de la collection.
07:56 Oui, alors ça coûte un peu plus cher à l'achat.
07:59 Ce qui n'est pas neutre en période d'inflation, une tension sur le pouvoir d'achat.
08:03 En effet, c'est pas neutre, mais je pense qu'il faut que les consommateurs...
08:06 Il faut qu'il y ait un gros effort d'explication à faire auprès de nous tous, en tant que consommateurs citoyens.
08:13 De dire, voilà, pourquoi est-ce qu'on met en œuvre une consigne ?
08:16 Parce que les emballages, et notamment la canette en aluminium, ça a une valeur,
08:20 et donc on veut absolument la récupérer en fin de vie, pour ensuite la remettre dans le circuit de recyclage
08:26 et revenir avec une canette quelques semaines plus tard.
08:29 Donc l'objectif, ça va être en effet de payer un petit montant de 10-15 centimes au moment de l'achat.
08:35 Et on récupèrera ce montant au moment où on retourne l'emballage.
08:40 Alors c'est à la fois dans des systèmes de déconsignation automatique,
08:43 ce qu'on appelle des machines, reverse-handling machine,
08:47 ou bien dans des déconsignations manuelles où on viendra à un comptoir récupérer.
08:54 Alors j'ai bien compris qu'il fallait d'abord un accord réglementaire.
08:58 Vous ne l'avez pas encore tout à fait, c'est ça.
09:00 Il y a une attente côté gouvernement.
09:02 C'est une décision du législateur.
09:03 - Et ensuite, est-ce que la filière existe ? Est-ce que c'est facile à mettre en place ?
09:06 On est à quel échéance ? C'est ça ma question.
09:08 - Alors, la filière, non, elle n'existe pas. Les machines n'existent pas.
09:12 Il va falloir les mettre en place sur tout le territoire.
09:14 Ça, c'est en fait nos clients qui sont eux-mêmes, en France,
09:18 on a ce qu'on appelle la responsabilité élargie du producteur.
09:21 Donc c'est celui qui met le packaging sur le marché, qui est responsable de sa fin de vie.
09:27 Et donc, il va falloir que l'ensemble des acteurs du marché,
09:30 nous, on est là pour influencer, pour apporter du support,
09:33 s'organisent pour mettre en place cette infrastructure sur le territoire français.
09:38 Et nous, ce qu'on veut, c'est un maillage le plus dense possible
09:40 pour que nos clients, nos consommateurs, en plus la canette, c'est un emballage nomade,
09:45 on consomme beaucoup dans la rue, en assurant notre sandwich du midi,
09:49 en allant à la gare, etc.
09:51 Donc on veut qu'il y ait des points de déconsignation partout, faciles,
09:54 et que nos clients puissent se rendre compte vraiment que ce geste est facile à faire
09:59 et que c'est facile à faire, etc.
10:01 - Donc ça prendra quelques années ?
10:02 - Ça prendra... Alors, la plupart des pays qui ont mis en œuvre une consigne,
10:06 on en a eu très récemment, des plus petits pays que la France,
10:08 comme la Lituanie, par exemple, la Slovaquie, très récemment,
10:11 avec de très bons taux de retour à présent,
10:14 on met à peu près deux ans entre la décision.
10:17 Donc nous, en France, si on décidait là, si le gouvernement décide en juin, juillet,
10:22 c'est ce qui est censé se passer,
10:24 on peut estimer qu'au 1er janvier 2026, on pourra avoir la consigne en France.
10:27 - Allez, un dernier mot de la maison Martin Pouret.
10:30 Qu'est-ce que vous faites d'autre pour émettre moins de CO2 ?
10:33 J'ai vu que votre vinaigre, il fermentait lentement en fût de chaîne.
10:36 Ça change la donne, ça ?
10:38 - Ça change complètement la donne, puisque si on compare cette méthode traditionnelle
10:42 à une méthode actuelle, alors je ne vais pas rentrer dans des termes techniques,
10:46 mais pour les industriels qui font ça, dans des gros acétateurs,
10:49 le fait d'utiliser une fermentation lente en fût de chaîne
10:54 nous permet d'économiser 7 fois plus d'énergie.
10:58 Donc nous, on est vraiment un exemple de la slow food.
11:01 La chose qu'on utilise le plus, c'est le temps,
11:04 et pour utiliser beaucoup moins d'énergie.
11:07 - Merci beaucoup. Merci à tous les deux.
11:09 Et à bientôt sur Bsmart. On passe à notre rubrique Start-up.

Recommandations