Fin de vie : Que penser du projet de loi pour une aide active à mourir sous «conditions strictes»

  • il y a 6 mois

Chaque jour, Céline Géraud et ses invités font un point complet sur l'actualité.
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00:00 L'actualité aussi à 13h37 si vous nous rejoignez sur Europe 1, on va en parler maintenant avec vous,
00:04 Olivier Dertigold, chroniqueur politique et Georges Fenech, l'ancien juge d'instruction.
00:08 C'est ce projet de loi sur la fin de vie qui sera donc dévoilé en avril,
00:14 à présenter en avril au Conseil des ministres pour une aide à mourir.
00:17 Elle concernerait donc les personnes majeures atteintes d'une maladie incurable, subissant des souffrances.
00:22 Le texte sera présenté au Conseil des ministres en avril et le 27 mai à l'Assemblée nationale.
00:27 Avant d'en parler avec vous, on va écouter ce qu'en pense Mgr Rouget, l'évêque de Nanterre.
00:32 Moi j'ai réagi avec beaucoup de tristesse, parce que la vie en société,
00:36 elle passe par le respect inconditionnel de la vie de chacun et des personnes les plus fragiles en particulier.
00:42 Et quand on met de l'arbitraire dans le respect de la vie de chacun, on introduit de la violence dans la société.
00:47 Alors bien sûr, il y a des situations parfois très difficiles et comme homme, comme évêque, j'y suis extrêmement sensible.
00:53 Les soins palliatifs donnent énormément de réponses, mais ils sont en deçà de ce qu'ils doivent être.
01:00 Et l'urgence, c'est qu'enfin une stratégie soit mise en œuvre et c'est cela que nous attendons en priorité.
01:07 Mgr Rouget, l'évêque de Nanterre au micro d'Antoine Bienveau.
01:10 Alors c'est vrai qu'on ne parle pas de suicide assisté ou de thanasie, mais d'aide à mourir, la formule reste troublante.
01:17 Oui, pas même d'aide active à mourir, ce qui avait été une formule...
01:21 D'abord, je trouve positif qu'après deux ans de réflexion, et c'est certainement un délai raisonnable,
01:27 que le président de la République mette sur table aujourd'hui les grandes lignes, les grands piliers de ce modèle français d'une aide à mourir.
01:36 Il le présente donc aujourd'hui dans les colonnes de Libé et de la Croix.
01:40 Ça va amener en effet une proposition de loi avant fin mars, la présentation d'un plan décennal concernant les soins palliatifs,
01:50 qui est un sujet très important parce que malheureusement la loi Claes-Leonetti de 2016,
01:55 qui avait été un moment important pour notre nation sur ces sujets-là,
01:59 on n'a pas donné les moyens de sa mise en oeuvre partout sur le territoire.
02:03 Il y a encore 21 départements.
02:04 21 départements ne sont pas dotés, et plus encore il y a des inégalités territoriales pour être accompagnés.
02:10 On sait très bien qu'une personne qui va exprimer ce souhait d'en finir,
02:15 sur ce qu'elle est prise en charge pour atténuer ses souffrances physiques ou psychiques,
02:19 elle peut revenir sur ce qu'elle avait indiqué.
02:22 Pour autant, il y a là une proposition qui va ouvrir un débat dans notre société, au Parlement,
02:28 et j'espère qu'on pourra cheminer dans un débat respectueux de toutes et tous.
02:32 Parce que sur ce sujet-là, je pense qu'il y a des sensibilités présentes dans le corps social.
02:38 Il y a aussi des expériences de vie, et on doit écouter tout un chacun avec respect,
02:43 tout en défendant des positions.
02:45 Personnellement, il se trouve par exemple que la proposition d'Emmanuel Macron,
02:49 notamment avec les 4 conditions pour aller vers cette aide à mourir,
02:52 est une proposition équilibrée.
02:54 On va aller détailler ces 4 propositions.
02:58 Il faut qu'effectivement la personne soit majeure.
03:00 Il faut que vous soyez conscient, que vous ne soyez pas frappé,
03:04 que vous ayez conscience de votre formulation.
03:07 Emmanuel Macron prend l'exemple d'Alzheimer.
03:10 Il faut que vous soyez atteint d'une maladie avec un pronostic vital,
03:16 engagé à un cours ou moyen terme.
03:18 Il peut y avoir débat sur ce moyen terme.
03:21 Et il faut enfin que vous soyez atteint de souffrances physiques ou psychologiques
03:25 qu'on ne peut pas atténuer.
03:27 - Alors qu'en pensent nos auditeurs ?
03:29 Marie nous appelle justement, elle nous écoute en Normandie.
03:31 Bonjour Marie !
03:32 - Bonjour !
03:33 - Merci d'être avec nous.
03:34 Alors vous souhaitiez réagir sur ce projet de loi ?
03:36 - Oui, en fait j'espère que c'est un projet qui va en tout cas au minimum
03:43 ouvrir les échanges avec les médecins.
03:46 Parce que ma mère est partie en décembre,
03:49 elle est morte pour dire vraiment les mots, en décembre.
03:52 Et elle est suite à un cancer et puis il y avait eu une infection dessus.
03:57 Donc effectivement c'était une question de jours, maximum de semaines.
04:03 Et en fait ce qui s'est passé c'est que nous on a été un peu dans une ignorance.
04:08 Elle a eu ce qui est autorisé maintenant, la sédation...
04:13 - Oui, c'est ça.
04:15 - Voilà, merci.
04:17 Mais si vous voulez, moi c'est en regardant les poches de transfusion
04:23 que j'ai vu les mots et j'ai tapé sur internet, j'étais à côté d'elle.
04:28 Mais à aucun moment le mot "sédation profonde" n'a été prononcé.
04:32 Et j'espère que cette loi va pouvoir, qui peut le plus peut le moins.
04:36 Donc sans...
04:38 Evidemment je pense que le suicide assisté restera une exception,
04:42 j'imagine parce que c'est quand même une démarche longue et difficile.
04:46 Mais j'espère au moins que ça pourra ouvrir des échanges un peu plus faciles
04:53 sur la sédation profonde où finalement on est dans un espèce de tabou.
05:00 - Oui, ma mère est d'origine belge, donc sa soeur est morte il y a trois ans en Belgique.
05:04 Elle a eu aussi une sédation profonde, mais les choses ne se sont pas passées pareil.
05:10 C'était plus ouvert, les choses ont été plus dites.
05:13 Donc je pense que c'est très important dans ces moments qui sont très difficiles
05:18 pour la personne, puisque c'est la dernière étape, et pour l'entourage,
05:22 de savoir un peu plus, d'être un peu plus en connaissance.
05:26 - Que le discours soit transparent et plus clair.
05:29 Marie, une réaction peut-être ? George Fenech sur ce que vient de dire Marie.
05:33 On va mettre des mots sur des faits.
05:36 - Oui, on est dans la deuxième étape après la loi Kless-Leonetti,
05:43 à laquelle j'avais participé à l'époque, et qui avait rassemblé à l'unanimité
05:48 du Parlement. Kless était socialiste, Leonetti LR.
05:51 On avait mené une action trans-partie, si vous voulez.
05:55 Car sur cette question-là, il ne devrait pas y avoir de clivage politique.
06:00 Chacun a aussi sa sensibilité. En deux mots, Kless-Leonetti,
06:04 ce n'était pas d'acharnement thérapeutique, et les directives anticipées.
06:09 - Là, ça va beaucoup plus loin. - Là, ça va plus loin, c'est une aide à mourir.
06:13 Je préfère l'expression "aide à mourir" que "suicide assisté".
06:16 Mais mon vœu le plus cher, c'est qu'on ne se précipite pas,
06:20 qu'on prenne le temps, d'ailleurs ce n'est pas la procédure accélérée
06:23 qui a été décidée au Parlement. Ça va durer à mon avis plusieurs mois,
06:27 voire peut-être même plusieurs années, si ça se trouve.
06:29 Il faut que toute la société comprenne ce débat,
06:33 et puis qu'on en sorte avec le maximum de consensus social
06:37 sur une loi qui sera une loi fondamentale, parce qu'elle touche à l'existence même,
06:41 à la vie, à la mort.
06:43 Georges Fenech, Olivier Dertigolles, on reste ensemble bien sûr,
06:45 et dans quelques instants, l'aventure continue.
06:47 Jusqu'à 14h, on va débattre des autres sujets, on va notamment parler
06:50 du coup d'envoi de la campagne européenne pour la liste reconquête
06:55 et pour la liste renaissance, et on parlera également du pape
06:59 qui brandit l'idée, pourquoi pas, que l'Ukraine hisse le drapeau blanc.
07:03 Et évidemment, Kiev a longuement réagi à tout de suite sur Europe 1.
07:06 Vous écoutez Céline Giraud, bon début d'après-midi sur Europe 1.

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