Décryptage : crise en Haïti, le pays dans l'incertitude

  • il y a 7 mois

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Transcription
00:00 - Pour se remettre en mémoire ces dernières années et ces derniers rebondissements, Cyril Payen, bonjour.
00:04 - Bonjour. - On va aller plus loin à vos côtés.
00:06 Ariel Henry qui démissionne après quand même plus d'une semaine d'état d'urgence et des violences qui ne font qu'aller crescendo.
00:13 On ne voit pas comment ça aurait pu être autrement finalement.
00:15 - Oui, puis comment ça a duré autant de temps puisque de l'aveu des haïtiens qu'on a pu interroger à l'Aupe,
00:21 il est encore très tôt ce matin à Port-au-Prince, ça fait l'effet en fait, c'est une image,
00:26 l'image du fruit mûr pourri qui ne demandait qu'à tomber mais il rappelle que ça fait 30 mois que cela dure,
00:32 que sans réellement rendre compte, eh bien ce Premier ministre par intérim a gouverné ce pays
00:39 qui continuait dans une sorte de trou noir des Caraïbes, un pourrissement absolu qui arrive à cet état.
00:47 Alors oui, on peut certainement parler d'apaisement, c'est le mot qui va prévaloir dans les rues de la capitale haïtienne
00:54 à partir de dans les heures auxquelles on parle, c'est plutôt une bonne nouvelle mais c'est trop peu, trop tard.
01:00 Hélas, on parle souvent d'Haïti en utilisant ces éléments langage, en tout cas on n'est radicalement pas du tout
01:05 dans la situation de l'insurrection populaire qui avait chassé du pouvoir la dictature du Valais en 86,
01:10 ça n'a rien à voir, il y a un ensemble de facteurs, de responsabilités, de gangsterisation du pouvoir haïtien
01:17 qu'incarnait, il faut le dire, tout de même le Premier ministre sortant
01:21 qui fait qu'aujourd'hui on n'a pas beaucoup de perspectives dans une île, on l'a rappelé dans ce sujet,
01:27 qui est en proie à une violence incommensurable et qui est en fait les conséquences d'années et d'années d'incurie.
01:33 Le Conseil de sécurité de l'ONU réclame des négociations pour rétablir, je le cite, la démocratie.
01:39 Il négocie avec qui ? Avec les chefs de gang comme Barbecue qu'on a beaucoup entendu ces derniers jours ?
01:43 Avec cet ancien policier effectivement qui demandait comme préalable ou prérequis le départ du Premier ministre.
01:48 Alors ça c'est un fait, pour l'instant pas de communication, mais il faut quand même imaginer
01:52 il y a un tel vide de pouvoir, un tel pourrissement du pouvoir en Haïti que les gangs ou la coalition de gangs
01:58 mais qui sont souvent liées à des potentats locaux, on est vraiment dans un système complètement oligarchique,
02:03 et bien contrôle 80 à 90% du pays.
02:07 Donc résoudre la question, il faudra déjà avoir un état, quelle va être la réaction des gangs, évidemment on ne sait pas,
02:14 mais il y va encore une fois, et je reviens, c'est la question de la responsabilité qui vient beaucoup
02:18 dans les mots qu'on a pu recueillir à Port-au-Prince, là la communauté internationale aussi
02:24 et qui bien qu'il va, on l'a vu avec ce sommet d'urgence dans la carribe, au chevet d'Haïti,
02:29 en urgence pour quand même faire pression sur le Premier ministre pour qu'il quitte enfin le pouvoir
02:34 mais qui finalement s'est contenté, ce que je ne fais que rapporter les propos que j'ai pu recueillir,
02:38 se contenter d'un statu quo, finalement, sans qu'on ne change grand chose, sans faire de pression
02:42 jusqu'à ce qu'on arrive à ce paroxysme de violence.
02:45 Donc il y a vraiment aujourd'hui sur la table la question des responsabilités, la communauté internationale,
02:50 les Etats-Unis, la question de l'aide internationale qui arrive un peu tard, de l'envoi d'une force,
02:55 on va certainement en parler.
02:57 Peut-être regarder des chiffres, parce qu'il y a eu quand même des annonces hier, annonces des Américains,
03:01 notamment, peut-être regarder les promesses avec des fonds supplémentaires pour l'envoi d'une éventuelle force internationale.
03:09 Les Etats-Unis vont fournir 133 millions de dollars supplémentaires, c'est Antony Blinken qui l'a annoncé,
03:14 dont 100 millions seront consacrés à cette force multinationale.
03:18 Le Premier ministre canadien, Justin Trudeau, présent virtuellement lors des discussions hier,
03:23 avait offert peu avant 91 millions de dollars.
03:27 L'envoi de cette force internationale qui était longuement rejetée par la population haïtienne,
03:32 on a vu que les opinions avaient quelque peu évolué ces dernières semaines.
03:38 Elle paraît inévitable, il paraît inévitable cet envoi ?
03:41 Ça va certainement arriver, mais c'est encore une fois trop peu trop tard.
03:44 Les haïtiens sont face aux paradoxes, aux contradictions, veulent-ils voir, de la communauté internationale,
03:49 qui met un an avant de se mettre d'accord pour l'octroi de l'envoi et de faire la domination de cette force.
03:56 Et puis il y a aussi la question de la nature de cette force.
03:58 Beaucoup d'haïtiens disent pourquoi ne pas envoyer une force de stabilisation pour, il est vrai,
04:03 retirer cette gangrène des gangs et cette violence inouïe qui bat des records à Haïti avec des forces régionales,
04:10 des gens qui culturellement pourraient comprendre.
04:12 Les kényans ne parlent pas, parlent l'anglais évidemment, ils ont, dit-on, de gros problèmes de droit de l'homme.
04:18 On dit après tout pourquoi envoyer des kényans, ça risque de faire comme les deux autres missions
04:22 qu'ont connues l'histoire haïtienne, les missions de l'ONU,
04:25 qui n'ont accouché de pas grand chose que surtout de très très mauvais souvenirs.
04:29 Donc on est même là dans cette période qu'on pourrait imaginer d'apaisement, d'une forme de soulagement,
04:34 dans des interrogations avec énormément de questions dans l'esprit des haïtiens qui restent sans réponse aujourd'hui.

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