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00:00 Vous écoutez Culture Média sur Europe à 9h30 11h tous les jours avec Thomas Hylin.
00:06 Et nos deux indispensables du jour qui nous ont rejoints, Joël Hulme pour la musique,
00:09 salut Jo, et Olivier Pouls pour la gastronomie.
00:12 Bonjour, bonjour.
00:13 Il va y avoir de la dégustation aujourd'hui ?
00:14 Oui, on va manger, on va manger.
00:15 Ah très bien.
00:16 Ça sort déjà.
00:17 Et puis on accueille avec bonheur le comédien Stéphane Guillon.
00:20 Bonjour Stéphane, merci d'être là.
00:22 Alors beaucoup de nos auditeurs vous connaissent dans un registre corrosif, humoristique,
00:27 c'est tout autre chose que vous nous proposez, j'ai l'impression, avec la reprise d'Inconnu
00:32 à cette adresse, c'est au Théâtre Antoine, aux côtés de Jean-Pierre Daroussin, un texte
00:36 que vous connaissez bien parce que vous l'avez joué à de très nombreuses reprises sur
00:40 scène, avec beaucoup de comédiens différents en plus.
00:42 Oui, j'ai joué avec Jean-Ben Guigui, avec Gaspard Proust qui est chez vous, Pascal Elbé.
00:48 Bruno Solow aussi.
00:50 Et vous avez toujours joué le rôle du salaud ?
00:52 Oui, bah écoutez, on ne se refait pas.
00:56 Le rôle de Martin, alors il faut expliquer Inconnu à cette adresse, c'est l'histoire
01:00 d'une amitié entre deux hommes, deux hommes marchands de tableau.
01:03 Vous, vous jouez Martin, c'est un Allemand qui vient de revenir des États-Unis pour
01:06 habiter Munich avec sa famille.
01:08 Et puis Max, joué par Jean-Pierre Daroussin, qui est un Juif américain d'origine allemande
01:12 qui lui est resté à San Francisco.
01:15 Et toutes ces pièces, en fait, c'est leur correspondance à tous les deux.
01:18 Ils vont s'échanger 19 lettres entre 1932 et 1934, au moment où Hitler et le national-socialisme
01:25 émergent en Allemagne.
01:27 Et ce qui est fou, c'est qu'au départ, votre personnage, Martin, il est plein de
01:32 doutes.
01:33 Il se demande si Hitler est bon pour l'Allemagne.
01:35 Il est partagé, en fait.
01:37 C'est la force de la pièce, c'est-à-dire comment un homme ordinaire, finalement, va
01:41 basculer dans la monstruosité, dans la trahison, la trahison d'une amitié.
01:48 Et c'est un peu, je ne sais pas si vous l'avez lu, le livre de Robert Merle, "La mort est
01:53 mon métier", comment un homme ordinaire devient un monstre.
01:56 Et c'est vrai qu'il est mon personnage, au départ.
01:59 Il est bourgeois, il est bonhomme, il est très sympathique.
02:02 Mais je pense qu'il faut, parce qu'il faut le jouer comme ça.
02:07 Et c'est au fil des lettres qu'il va basculer.
02:10 Mais c'est vrai que vous avez raison de le dire, de le souligner.
02:13 Pendant 3-4 lettres, il hésite, il se demande, il dit "est-ce que le type n'est pas dingue ?"
02:18 Et il bascule.
02:19 Et il bascule dans l'adhésion au nazisme, au point de rejeter même son ami juif, de
02:25 lui demander de ne plus lui écrire, mais quand même de continuer à lui envoyer le
02:29 fruit de leur business commun.
02:30 Ouais, hyper pas de l'or.
02:32 Mais ce qui est, j'imagine, particulièrement intéressant à jouer pour vous, c'est ça,
02:36 c'est cette lente bascule d'un homme ordinaire et assez sympathique.
02:40 Au début de la pièce, on a un odieux, odieux personnage à la fin.
02:43 C'est un texte que j'avais déjà vu jouer il y a une dizaine d'années, mais alors là,
02:46 j'ai eu l'impression de redécouvrir totalement ce texte grâce à votre jeu, je le dis, et
02:51 puis grâce à la mise en scène qui est très réussie.
02:53 Il faut la souligner aussi de Jérémy Lipman.
02:55 Oui, et j'encourage parce qu'on a certaines personnes qui nous disent "ah mais je l'ai
02:59 déjà vu", comme si on disait "ah j'ai déjà vu le misanthrope", mais revenez parce
03:03 que c'est vrai que Jérémy Lipman a fait un travail de scénographie assez incroyable.
03:07 Il a composé une musique originale, il est très bien entouré, il y a des vidéos, des
03:13 illustrations, c'est un vrai spectacle, c'est plus une lecture.
03:19 C'est un très bel écrin pour vous, il faut expliquer que Catherine Cressman Taylor a
03:23 écrit ce texte un an avant la Seconde Guerre mondiale, sous le nom de Cressman Taylor,
03:28 parce qu'on ne pouvait pas croire à l'époque qu'une femme puisse écrire un texte comme
03:32 celui-là, c'est ça l'histoire ?
03:33 Oui.
03:34 Ce n'était pas possible qu'une femme écrive ça ?
03:36 Non, et je ne ferai aucune vanne.
03:38 Ah non mais...
03:39 Vous êtes vraiment à sa vie !
03:43 Il a changé, il a vraiment changé.
03:45 Je ne le reconnais pas moi-même.
03:47 Ce texte a été joué à très nombreuses reprises, est-ce que ce qui se passe en ce
03:53 moment aussi en Israël a participé à l'envie de remonter sur scène ?
03:57 Oui, évidemment, parce que ça parle aussi de la haine du juif, de la haine de l'autre,
04:03 donc évidemment que le drame, les horreurs du 7 octobre ont contribué, je pense aussi
04:10 qu'il y a une ferveur dans la salle qui est assez incroyable.
04:13 Hier soir encore les gens étaient debout, donc je pense qu'il y a une résonance.
04:17 Mais au-delà de ça, finalement, il y a aussi le fait que tout d'un coup...
04:21 Qu'est-ce que ça dit la pièce ?
04:22 Ça dit que quand une situation économique est compliquée, quand tout va mal, finalement
04:28 se réfugier dans la haine de l'autre, dans le rejet, ce n'est pas la solution.
04:34 Et l'Allemagne, c'est 14 ans après la première guerre mondiale, l'Allemagne est d'une
04:39 pauvreté incroyable, et ils vont être séduits par quelqu'un qui leur dit "mais moi je suis,
04:44 moi je vais vous redonner la fierté, moi je vais redonner à l'Allemagne sa grandeur",
04:49 et ils vont verser là-dedans.
04:51 Moi j'ai la solution.
04:52 Et sur l'histoire de cette bascule, finalement, est-ce qu'on a tous en nous une part de salopard
04:56 et est-ce qu'on est tous capables de basculer ? Parce que c'est quelqu'un d'une banalité
05:01 au départ terrible.
05:03 Mais c'est très juste, oui, c'est "qu'est-ce que j'aurais fait, moi ?"
05:07 Et encore une fois, le livre de Robert Merle, c'est ça, c'est quelqu'un d'ordinaire qui
05:11 va devenir un chef de camp nazi, quelqu'un de très banal.
05:16 Finalement, qu'est-ce que j'aurais fait, moi, dans ces conditions, dans cette situation ?
05:22 Parce que Martin, il a aussi une pression, il le dit à un moment donné,
05:27 "si je ne fais pas ça, je vais perdre mon boulot", donc il va céder,
05:32 il va aller vers le mauvais côté.
05:34 Et c'est évidemment une question qu'on se pose quand on est dans la salle.
05:37 "Inconnu" à 7 adresses est en ce moment au Théâtre Antoine, du mardi au samedi à 19h dans le Téléjournal.