Les Conversations n°40 de Paul-Marie Coûteaux : Loïk Le Floch-Prigent déballe tout (2ème partie)

  • il y a 6 mois
Dans cette seconde conversation à bâtons rompus, Loïk Le Floch-Prigent n’épargne rien ni personne : l’aveuglement des élites, la fuite des cerveaux, la déliquescence des services publics, les impasses de l’Education nationale, les errances d'un Droit qui bafoue le bien commun, les juges sous influence qui finissent par tuer la démocratie, l’invasion de territoires, l’abandon de l’unité culturelle par dessus toute la surveillance permanente de services étrangers, notamment celle de la CIA dont il a fait l’objet. Admettant qu’il est finalement devenu profondément conservateur, il n’en estime pas mois que tout est rattrapable : c’est au pied du mur que tout redevient possible.
Transcript
00:00:00 [Musique]
00:00:24 - Louis Clofoque-Prigent, je vous laisse finir votre verre parce qu'on est en train de casser la croûte.
00:00:31 On casse une graine. - On casse une graine, c'est pour le verre.
00:00:34 - Pour la suite de notre conversation. Un peu de fromage et de vin et du beurre pour les bretons.
00:00:39 - Absolument. - Alors, je crois que vous vouliez nous dire quelque chose.
00:00:41 - Et un couteau pour manger avec. - Les couteaux vont très bien avec le beurre breton.
00:00:45 - Non mais ça, ça connaît. Vous savez ? - Ah non, je ne savais pas.
00:00:48 - Du pain, du beurre et un couteau pour manger avec, parce que c'est ça la traduction littérale aux bretons.
00:00:53 Et un couteau pour manger avec. On mangerait tous les couteaux.
00:00:56 - Ah, je ne connaissais pas le proverbe, enfin la formule.
00:00:59 - Du pain, du beurre et un couteau pour manger avec. Voilà.
00:01:01 - Alors, on a tout ce qu'il faut. À propos de Bretagne, je crois que vous vouliez,
00:01:06 puisqu'on a parlé pendant notre première conversation pas mal de Bretagne, de votre famille,
00:01:10 mais vous voulez rajouter quelque chose avant de vous retrouver à la tête d'elfe.
00:01:15 - Vous avez remarqué que votre publication s'appelle "Le conservateur".
00:01:19 - Ah, j'ai remarqué, oui. "Le nouveau conservateur".
00:01:22 - Alors, confère-moi ce qu'on porte, je suis disruptif certainement sur beaucoup de choses,
00:01:27 comme vous l'avez constaté, mais dans la première conversation qu'on a eue, je suis conservateur.
00:01:31 - Ah, ça fait férocement conservateur.
00:01:34 - Non, pas pour vous le donner, pas du tout. Parce que c'est l'œuvre la plus importante que j'ai dans...
00:01:40 C'est une œuvre qui n'est pas de moi.
00:01:43 - On le voit bien à la caméra.
00:01:44 - Quelqu'un qui est sans valeur. C'est un petit chien qui joue à la flûte.
00:01:48 Alors, qu'est-ce que c'est ce petit chien qui joue à la flûte ?
00:01:50 C'est le chien qui m'accompagne depuis mon enfance.
00:01:53 - C'est un fétiche ?
00:01:55 - Je vis à l'endroit où le petit chien a la flûte.
00:02:00 Et je suis parfaitement conservateur de ce tableau complètement inutile, stupide, non signé,
00:02:07 et qui est sur bois, et qui est pour moi le tableau le plus joli de mon enfance.
00:02:13 - Mais vous n'en êtes pas en voyage, quand même.
00:02:15 - Je vis... Ma maison, c'est la maison où il y a le tableau.
00:02:20 - C'est votre côté poète, ça.
00:02:22 - Alors, qu'est-ce que c'est ce tableau ? C'est un petit chien qui joue à la flûte.
00:02:26 C'est mon compagnon. Pourquoi ? Parce que j'allais toutes les semaines chez mon grand-père paternel.
00:02:33 Et mon grand-père paternel avait une deuxième femme qui n'était pas commode du tout.
00:02:44 - Une mégère, vous dites.
00:02:45 - Pas commode du tout. Une marâtre. Un peu minable.
00:02:49 Et je devais l'embrasser. Et je n'avais pas envie de l'embrasser.
00:02:55 Alors je faisais des caprices. Je n'avais rien.
00:02:59 Et on m'enlevait de la pièce où étaient le grand-père et la grand-mère.
00:03:05 Et on me mettait soit dans le couloir,
00:03:08 où il faisait un froid de canard et l'hiver c'était affreux,
00:03:14 soit l'hiver on me mettait dans le salon où je n'avais pas le droit de m'asseoir autrement que par terre
00:03:21 et où la seule chose qu'il y avait, pour moi de joli, c'était ce tableau avec le petit chien.
00:03:28 Et donc je passais des heures, ce qui m'apparaissait des heures, à parler au petit chien.
00:03:33 Et donc ça a été mon compagnon de misère pendant une grande partie de mon enfance.
00:03:39 - Vous lui parlez toujours ? - Et je lui parle toujours. Voilà. C'est mon petit chien.
00:03:43 - On va le mettre là. On ne va pas le quitter ce petit chien fétiche.
00:03:47 Mais pensez à le prendre en partant. Je vais en faire un trophée.
00:03:51 - Je vais vous dire que je ne vous le donne pas. - Je vais en faire un trophée. Il est là.
00:03:56 - Alors, vous avez bien besoin du petit chien dans les années qui suivent.
00:04:03 - C'est parce que je pensais aux années qui suivent que je trouvais que c'était important.
00:04:08 Que finalement la prison, qu'elle soit à la Santé ou à la Fresne, n'était pas l'endroit où il y avait le petit chien.
00:04:15 - Ou à l'OME. - Ou à l'OME. Voilà.
00:04:18 - On verra. Parce que vous avez fait quand même... - Ah ben j'ai fait une belle brochette.
00:04:24 - Une belle brochette. Il faut dire que... C'est facile à dire et je n'ai rien à vous reprocher évidemment.
00:04:32 Mais il y a quelque chose qui m'intrigue. Quand vous arrivez à Elf, vous faites venir...
00:04:38 Alors vous gardez celui qui... André Tarallo, qui a créé Elf en Afrique,
00:04:45 qui a permis de développer beaucoup dans les années 80, Elf, en découvrant de nouveaux marchés,
00:04:55 avec des procédés qui sont les procédés de la profession, c'est-à-dire... Vous le dites, vous l'écrivez, de la corruption ?
00:05:03 - Non. De la... Corruption, corruption, c'est un grand mot. - Vous utilisez le mot.
00:05:09 - Quoi ? - Vous utilisez le mot dans vos mails.
00:05:15 - Oui. Mais il y a de la corruption et il y a autre chose, il y a une relation d'État.
00:05:19 Il faut faire attention. C'est-à-dire qu'il y a des chefs d'État, avec lesquels De Gaulle et Focard,
00:05:28 puis ensuite Focard, se sont entendus sur une rémunération... - Rien d'autre qu'il n'y a pas que Focard.
00:05:37 - Une rémunération du chef d'État. Et puis il y a, par ailleurs, des commissions liées à d'autres que le chef d'État.
00:05:50 - Et des rétro-commissions pour que chacun se tienne par la barbichette.
00:05:53 - Et voilà. C'est ça. - On donne à celui qui apporte, on corrompt celui qui...
00:05:58 Chacun corrompt l'autre. Comme ça, ils se tiennent.
00:06:00 - Donc il y a deux éléments. Il y a des relations avec les chefs d'État et des relations avec des entourages divers et variés.
00:06:08 - À coup de millions d'euros, quand même. - Bien sûr. Bien sûr.
00:06:12 - C'est des hauteurs faramineuses. - Oui. Enfin bon, c'est les hauteurs de l'époque.
00:06:18 Non mais, je veux dire, je n'ai rien inventé. Tout le monde faisait pareil. Et c'était l'ère du temps.
00:06:27 Les rémunérations dans le pétrole des États sont des rémunérations liées au chef d'État et aux intermédiaires.
00:06:41 Tout le monde s'est finalement mis au diapason de la relation entre les États-Unis et le Moyen-Orient.
00:06:49 - Eh oui. - Et il n'y avait pas d'autre. Et comme...
00:06:52 - Sinon, on plongeait. Sinon, on plongeait. - Sinon, les Américains prennent tout.
00:06:55 - Voilà. - Lorsque j'arrive au Nigeria, il y a Exxon qui est là. Et Exxon, c'est Exxon.
00:07:03 Et puis, il y a Shell qui est là. Et Shell, c'est Shell. Bon. Les Américains, ils sont là.
00:07:07 Lorsque j'arrive, comme les carabiniers, je regarde ce qu'ils font. Et on me dit, voilà comment il faut faire.
00:07:15 Je dis, je fais. C'est tout. Après, on peut me rapprocher. Et je fais ce qui est fait. Et rien d'autre.
00:07:24 Et c'est la relation de l'électrolyte. Parce que le pétrole est un produit complètement fou.
00:07:29 Puisque entre le prix du pétrole, qui est nul au départ, c'est l'extraction, et puis sa vente, il y a toujours eu un gouffre.
00:07:42 Et ce gouffre, le fait d'avoir imaginé que le producteur de pommes de terre,
00:07:53 il dit, voilà, votre pomme de terre est vendue 100 fois le prix. C'est le bon prix. C'est le paradis.
00:08:03 Et c'est ça. Le pétrole est un produit sans prix, avec un coût faible, qui a une telle incidence sur la vie quotidienne
00:08:13 que l'ensemble des intermédiaires, qu'ils soient au départ ceux qui vont le tirer, qui vont le transporter, qui vont le raffiner,
00:08:23 tous les chiffres sont aberrants, n'ont pas le sens commun. Et donc cette masse...
00:08:33 Ils n'ont pas le sens commun, oui. Parce que pour le commun des mortels, ce sont des sommes effrénées.
00:08:37 Oui, mais aujourd'hui, lorsque vous payez votre litre d'essence, malgré l'augmentation des prix, malgré l'impact,
00:08:48 c'est-à-dire 2 euros, les taxes d'Etat correspondent à 1,2 euros. Donc chacun fait son beurre sur...
00:09:01 Le tout, c'est de garder nos parts de marché et de maintenir à flot la grande entreprise pétrolière non américaine.
00:09:09 Alors là, vous posez une question sur un personnage dont j'ai prononcé le nom, qui est André Tarallo,
00:09:15 que vous trouvez à Elf, qui est le numéro 2 de Elf, il faut le dire, à peu près.
00:09:20 Un numéro 2 d'Elf.
00:09:21 Numéro 2. Et qui a sa manière bien à lui de travailler, parce qu'il y a des commissions et des rétro-commissions aussi
00:09:29 vis-à-vis des partis politiques français. C'est un autre aspect, ça.
00:09:32 Vis-à-vis des partis politiques et vis-à-vis d'individus. Il y a tout.
00:09:36 Il paye des partis, il paye l'ERP, il est très proche de Jacques Chirac.
00:09:42 Il paye des partis et des particuliers. Je reviens, je reviens, j'insiste sur... Il paye des gens et des partis.
00:09:51 Les deux, mon capitaine. Attention. Attention, parce que c'est très important.
00:09:56 Il est camarade de promotion à l'ENA de Chirac. Et vous vous posez la question avec Mitterrand, est-ce qu'on le garde ou pas ?
00:10:04 Oui.
00:10:05 Et il a rendu tellement de service à Elf, donc à la France, que vous décidez de le garder.
00:10:10 Oui.
00:10:11 Parce que ses liens sont précieux et parce qu'il faut continuer.
00:10:13 Oui.
00:10:14 Ou alors on plonge.
00:10:15 Oui.
00:10:16 Mais alors là, vous allumez un contre-feu. Et alors là, c'est là où je me permettrai d'être un peu interrogatif.
00:10:21 Vous avez rencontré à Ron Poulenc quelqu'un qui est très connu...
00:10:29 Non, non, non. J'ai fait venir à Ron Poulenc quelqu'un qui était directeur des relations humaines de Moulinex.
00:10:35 Alfred Sirven.
00:10:36 Qui s'appelle Alfred Sirven et qui a très bien réussi à Ron Poulenc.
00:10:39 Oui.
00:10:40 Oui.
00:10:41 Mais vous n'êtes pas renseigné sur le personnage.
00:10:44 Hum ?
00:10:45 Vous n'êtes pas renseigné sur le personnage.
00:10:47 Je suis renseigné sur le personnage suffisamment pour savoir que ce qui m'intéresse c'est l'efficacité.
00:10:52 Non, non, non, non, non, non, non, non.
00:10:54 Attendez.
00:10:55 Je ne suis pas comme ça, je ne suis pas comme ça.
00:10:56 A 25... Oui, alors...
00:10:57 Je ne suis pas comme ça.
00:10:58 Je suis content que vous dîtes qu'il n'est pas conscient comme ça.
00:11:00 Je suis parfaitement conscient que le personnage...
00:11:03 Est sulfureux.
00:11:04 Est sulfureux.
00:11:05 Et tout simplement, il est... Chez Moulinex, si jamais le patron de Moulinex le suit, eh bien, il réussit.
00:11:17 Et le patron de Moulinex ne le suit pas et par conséquent...
00:11:21 Et en ce qui concerne Ron Poulenc, si jamais dans le truc que j'avais chez Ron Poulenc,
00:11:27 je n'ai pas Sirven pour traiter les sujets de relations humaines, je me plante.
00:11:34 Ce n'est pas avec les bras cassés qu'il y avait chez Ron Poulenc à l'époque qu'on s'en sort.
00:11:38 Mais enfin, vous ne saviez pas par exemple qu'à 28 ou 30 ans, il a braqué une banque au Japon.
00:11:42 Ça ne m'intéresse pas. Je ne fais pas.
00:11:46 Ça, c'est votre personnage. Naïf ou conscient.
00:11:49 Vous avez raison. Vous avez raison de me prendre sur le sujet. Je dis que je n'en ai rien à faire.
00:11:53 Mais parce que c'est vous qui me... Vous faites confiance.
00:11:55 C'est moi. C'est moi.
00:11:56 Vous faites confiance.
00:11:57 Je fais confiance.
00:11:58 Vous dites que c'est votre travers et votre force.
00:12:00 Absolument. Je dis, peu importe...
00:12:02 Vous aimez faire confiance.
00:12:03 Êtes-vous efficace ? Êtes-vous loyal avec moi ?
00:12:07 Et donc, je fais confiance à la loyauté des gens et je regarde l'efficacité de ceux qui leur demandent.
00:12:15 C'est ça que je demande.
00:12:16 C'est-à-dire, lorsque je recrute aujourd'hui un directeur de site, je ne vais pas aller fouiller dans sa vie, ni privé, ni public.
00:12:24 C'est pas mon problème. Qu'est-ce que vous avez fait ? Qu'est-ce que vous savez faire ?
00:12:27 Je le juge sur ce qu'il fait.
00:12:29 Et je le juge sur la loyauté envers l'entreprise.
00:12:33 C'est ça qui m'intéresse.
00:12:34 Et là, la loyauté d'Alfred Sirvin vis-à-vis de Rodolphe Blanc, elle a été parfaite pendant les années que j'ai fait.
00:12:44 L'INEX ou ailleurs...
00:12:45 Et ce n'est pas le problème.
00:12:47 Ils cassent une grève avec des gros bras.
00:12:49 Ils payent les syndicats.
00:12:51 Drôle de DRH.
00:12:52 Président de l'association des DRH, des grandes entreprises françaises.
00:12:57 Ils les ont introduits partout.
00:12:59 Donc vous considérez que l'ensemble des DRH ont eu tort, comme moi, de ne pas voir son efficacité ?
00:13:09 Il était reçu partout.
00:13:11 En quoi ? Est-ce que M. Chirac, lorsqu'il recevait M. Sirvin, avait regardé son truc ?
00:13:17 Il est en tort aussi.
00:13:19 Il était partout.
00:13:20 Mais non, ne faites pas un ennemi public numéro un.
00:13:23 J'en fais pas un ennemi public numéro un.
00:13:25 Et je ne vois pas en quoi le fait que je fasse confiance en des gens est critiquable.
00:13:32 Puisque personne n'est parfait dans ce monde.
00:13:35 Personne n'est parfait.
00:13:36 Personne n'est parfait, mais tout le monde n'utilise pas des procédés extrémitifs pour casser des grèves.
00:13:43 Est-ce que de temps en temps, il vous a apparu dans la vie politique qu'un tel qui était blanc comme neige,
00:13:52 "Ah tiens, mais c'est bizarre, il avait fait ci et ça."
00:13:54 Bien sûr, tout le monde.
00:13:56 Donc ne jugeons pas à l'étranger.
00:13:58 Vous avez peur d'être paranoïaque comme vous dites, c'est-à-dire d'avoir peur des gens.
00:14:02 Jugeons les gens sur ce qu'ils font.
00:14:05 Regardons ce qu'ils sont capables de faire et jugeons les gens sur ce qu'ils font.
00:14:09 Je ne changerai pas 80 balais de position sur le sujet.
00:14:12 Non mais c'est tout vous ça, vous aimez faire confiance.
00:14:15 Il n'y a pas d'autre solution.
00:14:17 Si jamais vous regardez sous le tapis sans arrêt, sans arrêt, sans arrêt,
00:14:23 vous ne faites rien et vous prenez que des imbéciles.
00:14:26 Alors que des imbéciles.
00:14:28 Vous avez un niveau d'imbécilité total, vous êtes tranquille et vous ne faites plus rien.
00:14:34 Sirvain n'était pas un imbécile, certes.
00:14:37 Toulousain, haut en couleur, amateur de saucisson, qui vit bizarrement, seul dans un studio,
00:14:44 très étrange personnage, d'ascendance kirghiz en partie.
00:14:48 On me reprochait à Ron Poulenc de dire "vous ne regardez pas ce qu'ils sont".
00:14:57 Bientôt il fallait que je sache ce qu'ils envoyaient,
00:15:01 s'il fallait le nombre de femmes, le nombre d'enfants, le nombre...
00:15:05 C'est pas le sujet.
00:15:07 Vous l'embauchez en grande partie aussi, vous le gardez après l'avoir conservé à Ron Poulenc,
00:15:15 parce que vous voulez qu'il contre plus ou moins implicitement
00:15:21 l'influence d'André Tarallo, notamment en Afrique.
00:15:24 Ce dont vous ne vous doutez pas, c'est qu'ils vont non pas se concurrencer l'un l'autre,
00:15:31 mais s'entendre un peu sur votre dos, ou derrière votre dos.
00:15:35 C'est ce qui se passe.
00:15:36 C'est l'histoire, c'est mon histoire.
00:15:38 J'assume, contrairement à beaucoup de responsables de ce pays, devant la justice je dis "j'assume, j'ai fait ça, je suis coupable,
00:15:48 vous voulez que j'aille faire de la taule, je fais de la taule à cause de ça, très bien, je fais".
00:15:52 Et je ne m'aimais pas en appel à la suite de la peine prononcée.
00:15:57 Je dis "d'accord".
00:15:59 Vous voulez me couper, je suis coupable.
00:16:01 Je suis coupable d'avoir pas vu que deux de mes collaborateurs, l'un contrôlant l'autre, me contrôlaient moi.
00:16:07 Ok, très bien, parfait.
00:16:08 Je vais qu'il fasse.
00:16:09 Mais, mais...
00:16:11 Ça fait pas de vous un naïf, mais un homme confiant.
00:16:14 Mais ELF a progressé.
00:16:16 ELF est devenue la première compagnie internationale, la première combattant des Etats-Unis,
00:16:21 et c'est sous ma jurisdiction et grâce aux méthodes que j'ai employées, que vous n'aimez pas,
00:16:29 que vous n'aimez pas quelques années après, c'est votre affaire.
00:16:32 Vous bénéficiez les uns et les autres de ce que j'ai fait.
00:16:36 Les gens qui sont chez Total aujourd'hui bénéficient de ce que j'ai fait.
00:16:40 Ils me sont par connaissance cassés le problème.
00:16:42 C'est pas mon problème.
00:16:43 Mon problème c'est que je sais ce que j'ai fait.
00:16:45 Alors, il y a un autre problème.
00:16:48 C'est les juges.
00:16:50 Et là vous posez très bien la question des juges.
00:16:53 Vous commencez par introduire la question des juges par l'évocation d'un proche, d'un breton,
00:16:59 juge Michel, qui est un juge de paix en somme, qui cherche la paix.
00:17:04 Mais vous dites qu'il y a une justice bretonne de proximité.
00:17:07 Ça va très loin pour le localiste que je suis, sans être régionaliste,
00:17:12 et qu'il y a une justice parisienne complètement différente.
00:17:16 Et que les juges parisiens sont très souvent mus par des affects qui les remuent,
00:17:22 l'esprit de revanche social, la haine du patron.
00:17:27 C'est à dire que nous sommes passés, avec mon affaire, et j'ai expliqué aux uns et aux autres,
00:17:35 alors maintenant les gens ne se souviennent plus de ce que j'ai dit à l'époque,
00:17:40 on est passé d'une justice que je connaissais moi, qui était la justice bretonne,
00:17:46 une justice française qui avait tendance à considérer qu'il fallait qu'elle soit indépendante,
00:17:52 indépendante de quoi ? Je sais pas.
00:17:54 Pas de même.
00:17:55 Et à considérer que les juges étaient la bouche de la loi, et qu'en conséquence ils ne pouvaient pas se tromper.
00:18:02 Et moi, qui avais comme deuxième frère de mon père un juge qui est allé très loin comme juge à Paris,
00:18:14 qui rencontrait beaucoup de juges chez lui, je savais que c'était pas vrai,
00:18:19 parce que j'ai entendu les conversations des juges, c'est pas vrai.
00:18:22 On vous a bourré le mot avec les juges indépendants.
00:18:25 Ils sont pas indépendants de leur propre ressentiment social.
00:18:29 De leur histoire, et donc l'histoire de cette justice indépendante, des gens qui sont droits,
00:18:36 et qui jugent, tout ça c'est du pipo, du pipo complètement.
00:18:40 On interprète les textes, on met des textes supplémentaires, on dit où il y a dans ce texte,
00:18:46 les juges constitutionnels, les juges décroient de l'homme, les juges,
00:18:49 toutes ces cours suprêmes, ce sont des hommes et des femmes comme vous et moi,
00:18:53 et qui ont leurs problèmes, leurs problèmes conjugaux, leurs problèmes avec leurs enfants,
00:18:58 leurs problèmes avec leur propre... - Leur ressentiment social.
00:19:00 Et leur ressentiment social. Et donc on ne peut pas faire confiance.
00:19:04 Et donc ma mère avait une phrase permanente qui m'a bercé toute ma vie de proscrit,
00:19:13 c'était "la justice des hommes c'est ça, il n'y a pas de justice,
00:19:17 la justice des hommes est imparfaite forcément, il n'y a que seulement la justice divine et bonne".
00:19:22 Elle était assue, et donc j'ai dit "la justice divine c'est pas celle que j'en fasse de moi,
00:19:28 moi c'est dommage parce que..." - Mais vous avez répété cette phrase.
00:19:31 - Mais qui verra, mais qui verra quoi ? - Vous avez répété cette phrase.
00:19:33 - Ah oui. - 17 ans de procédure pénale quand même.
00:19:37 - 17 ans de procédure pénale. Et donc j'ai rencontré des gens avides de pouvoir,
00:19:45 et en revanche sociale permanente. Et je dis que ces gens là ne sont pas aptes à juger,
00:19:56 et je considère qu'on est en train de faire fausse route dans la démocratie
00:20:01 avec le gouvernement des juges, on fait fausse route. C'est à dire que...
00:20:05 - Qui a tué la monarchie je signale déjà. - Oui mais on tuera la démocratie aussi.
00:20:10 On tuera la démocratie aussi parce que si jamais l'interprétation d'une loi doit être faite par des gens
00:20:19 qui vont la colporter au point de foutre en l'air l'ensemble de la société,
00:20:25 ce n'est pas forcément ce que le peuple a voulu. Et on s'aperçoit aujourd'hui,
00:20:31 on s'aperçoit qu'on attend du conseil constitutionnel qu'il dise ce qu'est constitutionnel ou pas
00:20:40 dans une loi qui a été faite par les représentants du peuple, soit c'est les représentants du peuple
00:20:45 qui l'ont faite, dans quel cas on considère que c'est le peuple, soit on considère que
00:20:51 les représentants du peuple ce ne sont pas vraiment des représentants du peuple.
00:20:57 Très bien. À ce moment-là on fait un référendum pour savoir ce que le peuple veut.
00:21:01 Mais on n'a pas le choix. C'est le peuple. On fait ça au nom du peuple. On ne fait pas ça au nom...
00:21:06 - Attention. On fait ça au nom du droit. Pardon de vous interrompre avec le flot prigent.
00:21:10 Au nom du droit. La mort de Dieu a laissé un trou béant et pour beaucoup il est rempli par le droit,
00:21:19 par les droits de l'homme, par les droits sociaux, par le droit. Le droit a une valeur sacrée.
00:21:25 Le juge est armé du droit. Et cette sacralité-là, elle est extrêmement dangereuse, je trouve.
00:21:31 Je préfère encore la sacralité divine, moi.
00:21:33 - Si c'est la bouche de la loi, il faut savoir comment la loi a été élaborée et qui a été votée.
00:21:40 - Et qui l'interprète.
00:21:42 - Si jamais, dans les textes qui m'ont condamné, et qui ne m'auraient pas condamné aux Etats-Unis,
00:21:53 qui ne m'auraient pas condamné en Allemagne, qui ne m'auraient pas condamné en Suisse,
00:21:56 qui m'ont été condamné seulement là.
00:21:58 - Le droit est envieux en France.
00:22:00 - Si jamais ces textes m'ont condamné, c'est parce qu'il y a eu une interprétation des textes
00:22:07 par des gens qui avaient envie d'interpréter comme ils voulaient et sur lesquels je n'avais pas à revenir.
00:22:14 Donc il y a bien un contexte dans lequel il faut... Si jamais on ne réfléchit pas à ça...
00:22:19 - Il faut le faire.
00:22:23 - Mais si jamais la société française ne veut pas réfléchir à ça, si elle continue à dire
00:22:29 "nous avons voté un texte au niveau du Parlement, mais le Conseil national va dire si on avait le droit de le faire ou pas",
00:22:37 là on ne peut pas s'en sortir.
00:22:40 - Alors il y a deux problèmes. Il y a celui dont nous venons de parler.
00:22:43 C'est-à-dire que les juges sont des hommes et ils sont armés d'un nouveau sacré qui est excessivement sacré, qui s'appelle le droit.
00:22:50 Il y a un autre problème. C'est que les juges sont d'autant moins indépendants, et le cas d'Évangelie est intéressant.
00:22:57 Je vous pose cette hypothèse. Beaucoup de juges se sont acharnés contre vous parce que vous aviez tout pour déplaire.
00:23:03 Vous étiez à la fois le mouton noir comme le breton qui arrive, donc vous n'aviez pas la nomenclature énarque des grandes écoles pour vous.
00:23:10 Et en plus, vous étiez un patron de gauche. Alors ça déplaitait à tout le monde, parce que vous étiez patron et parce que vous étiez de gauche.
00:23:17 Vous aviez tout pour vous faire condamner.
00:23:19 - Ah oui, c'est fantastique.
00:23:21 - Ah oui, vous avez été parfait quand même.
00:23:23 - J'étais le mouton noir parfait. J'ai accepté la responsabilité de ce que mes collaborateurs ont fait.
00:23:36 Et les gens ont trouvé ça normal. Les gens qui ont suivi n'ont jamais accepté la responsabilité de ce qu'ont fait leurs collaborateurs.
00:23:47 Et ils sont passés à avoir des gouttes.
00:23:49 - Alors, c'est un vrai sujet.
00:23:51 - C'est un énorme sujet.
00:23:53 - J'ai réussi à sauver Roncoulin, qu'à sauver Elf, à mon avis à orienter Gaze de France pour que ce soit pas mal, et à orienter la SNCF.
00:24:04 J'ai réussi. Et je me suis fait condamner pour des choses qui ont été commises par mes collaborateurs.
00:24:10 Et j'ai assumé que ceux que mes collaborateurs avaient fait sous mèche de rédiction, c'était moi qui les avais fait.
00:24:16 - Parce que pour vous, la boussole c'est le bien commun, c'est pas le droit.
00:24:18 - C'est le bien commun.
00:24:20 - C'est vrai que De Gaulle disait exactement la même chose. Le droit ça vient après le bien commun.
00:24:24 Ceci n'est plus aujourd'hui la règle. Le fait que cette règle ait divergé, le fait que nous soyons dans cette position aujourd'hui, est très dangereux pour la France, pour la démocratie, pour tout ce qu'on peut imaginer.
00:24:38 - Pour le bien commun.
00:24:40 - Pour le bien commun. Et donc, j'aurais voulu que mon cas soit examiné de plus près par les uns et par les autres. Ils n'ont pas voulu le faire.
00:24:48 - Mais il l'est maintenant.
00:24:50 - Mais de fait, il l'est.
00:24:52 - Je n'ai pas, vis-à-vis du bien commun et vis-à-vis de la République, je n'ai pas commis de fautes. C'était bien ça qu'il fallait que je fasse et je le referais s'il fallait le refaire.
00:25:08 Je ne me suis pas enrichi. D'autres se sont enrichis, c'est leur affaire, moi c'est pas mon problème.
00:25:14 - Alors vous n'avez aucune richesse personnelle.
00:25:16 - C'est pas mon problème.
00:25:18 - Vous ne vous dites pas...
00:25:20 - Ça n'a jamais été mon problème.
00:25:22 - Comme ceux de votre famille d'ailleurs.
00:25:24 - Tout le monde le savait. Tout le monde le savait. Que c'était pas mon problème. Tout le monde. J'étais moqué à l'intérieur du microcosme parisien par le fait que ça ne m'intéressait pas.
00:25:34 Le luxe n'a jamais été mon problème. Qu'il y ait un lit en ferraille de la prison de Fresnes avec un matelas dégueulasse, un lit en varek comme dans mon enfance ou un lit king size de ci ou de ça, je n'en ai rien à faire. Et je n'en ai rien à faire aujourd'hui comme hier comme hier.
00:25:56 Ce n'est pas vrai. Je n'ai pas, je ne peux pas... Vous étiez dans des palaces. Qu'est-ce que c'est votre problème ?
00:26:06 - Je préfère que ce soit des français et des américains qui soient dans des palaces.
00:26:10 - Des palaces ? Moi ça m'est égal. Lorsque j'allais dans les trucs à Riad, est-ce que vous pensez qu'à Riad j'étais bien dans les trucs avec... J'arrivais dans les trucs avec 5 pièces. 5 pièces pour un lit. Impossible d'éteindre la lumière. Je mettais une demi-heure à éteindre la lumière.
00:26:28 Disons, vous vous espècez, etc. Mais quel est le problème ?
00:26:33 - Mais il y a une autre hypothèse. On a fait une parenthèse sur le luxe. C'est que les juges ne soient pas indépendants pour une autre raison. C'est qu'ils soient liés à des puissances étrangères.
00:26:48 - C'est l'hypothèse sur laquelle devraient travailler un peu plus les services français. Voilà. Donc moi c'est...
00:26:58 - Je suis content de vous l'entendre dire parce que je suis étonné que personne...
00:27:01 - Personne ne lance l'examen. Ne met en examen cette hypothèse. Est-ce que je peux parler d'Eva Jolie ? Alors Eva Jolie, vous allez en parler aussi, mais j'ai regardé sa vie qui est extrêmement étrange.
00:27:14 Il y a le ressentiment parce qu'elle a été jeune fille au père, elle a épousé un certain Jolie de votre parentèle, Patrice Jolie, qui finira par se suicider d'ailleurs. Répudiée par sa belle famille, trop bourgeoise, cette jeune fille est modeste.
00:27:32 Modeste, mais pleine d'ambition. Il y a un signe intéressant, c'est qu'à 20 ans, elle concourt à Miss Norvège, Eva Jolie. Alors elle arrive troisième, mais c'est un trait de caractère étonnant.
00:27:43 On a l'impression qu'elle est prête à tout pour réussir ou pour se venger. Elle a eu un parcours très intéressant. Elle est entrée très tard à l'École nationale de la magistrature et un peu par accro.
00:27:57 Elle y entre à 36 ans et elle en sort à 38 ans. C'est assez tard pour faire des études. Elle devient magistrate d'une arrogance folle. Elle est passée par des sociétés états-uniennes aussi.
00:28:12 Elle a eu des liens professionnels avec des sociétés américaines. Elle se paye le patron de la plus grande entreprise pétrolière qui n'est pas américaine. Et elle est décidée dès la bord à se le payer.
00:28:31 Et on n'enquête pas là-dessus. Le naïf, ce n'est pas vous, c'est l'État français. Nous sommes d'une naïveté. J'ai rappelé dans la première émission la phrase de Mitterrand, rappelant que nous étions en guerre avec les Américains.
00:28:47 Une guerre totale, une guerre à mort, sans mort apparemment, mais ça fait dire que nous n'avons pas conscience que nous sommes en guerre.
00:28:55 Ce qui arrive à me mettre dans l'embarras, c'est qu'il faut aller chercher les choses en dehors des aspects journalistiques et je dirais plénéliens de l'affaire.
00:29:10 Plénel, comme Mme Joly, il assassine et ils étaient en liaison. La connexion du juge et du journaliste est toxique.
00:29:19 Donc l'aspect plénéniel de l'affaire. Ce qui est passionnant, c'est le fait qu'à un moment, je me mets dans l'idée avec l'assentiment de Mitterrand que la Russie est un élément clé du dispositif européen
00:29:46 parce qu'il y a un pétrole et un gaz pas cher. Je rachète la raffinerie de Leunas en Allemagne de l'Est, à la suite du mur de Berlin, pour en faire une pépite grâce à un contrat avec la Russie.
00:30:06 Je travaille au rapprochement avec la Russie dans un esprit très gaullien qui était l'esprit de Mitterrand à l'époque.
00:30:21 C'est à ce moment là que les choses se déchaînent. Je me retrouve dans les difficultés au moment où l'enquête est en train de se développer.
00:30:36 Je suis patron de Gaz de France avec comme grand partenaire la Russie. Mon partenaire c'est Gazprom, avec Viacareff avec qui j'ai des relations.
00:30:54 Et avec Charnomerdine que j'ai très bien connu, ministre des engrais à l'époque où je le connais, qui devient l'ambassadeur de Russie en Ukraine.
00:31:06 Tout ça est troublant. Quand vous regardez et que j'ai l'agence Kroll et la CIA au fesse, c'est troublant.
00:31:19 De la même façon que par la suite, lorsque je continue à avoir des relations en Irak, puisque j'ai des relations en Irak,
00:31:29 je me retrouve encore une fois avec sur ma route des gens de la CIA. Tout ça est troublant.
00:31:39 Il y a autre chose troublante. Est-ce que vous allez sauter au plafond ? Faites-le. Ou me trouver un peu paranoïaque ?
00:31:50 Quand vous parlez de la Russie, quand vous parlez du gaz et du pétrole, en l'occurrence le gaz, je ne peux pas ne pas penser à un de vos successeurs à la tête de Total,
00:32:00 Messieurs de Margerie, dont l'avion explose. Christophe de Margerie. Christophe est très proche de Poutine.
00:32:09 Il a eu le même réflexe que vous. Développons les relations avec la Russie. Quand on s'intéresse à l'énergie, ça tombe sous le sang.
00:32:16 C'est lui qui prend complètement en main l'ensemble de ce que j'ai fait chez ELF. Il reprend tout ce que j'ai fait chez ELF.
00:32:27 La liaison avec les gens avec qui j'étais. Il met ELF, par conséquent Total devenu Total, à l'abri sauf géopolitique, pendant des années,
00:32:45 compte tenu de ce qui est fait, en même temps que grâce à Technip, qui est la société choisie pour faire l'affaire colossale d'aller chercher en Sibérie très glaciaire le gaz,
00:33:06 et qui permet de le faire deux ans avant la prévision. L'effort qui est fait en Russie est considérable.
00:33:17 Et son avion explose. Il y a une histoire de chasse-neige. Il rencontre un chasse-neige où il n'y a pas de neige.
00:33:27 Ah ! Et sa femme n'arrive pas à faire établir la vérité. C'est l'affaire Matei, je disais, c'est Matei, président de l'ENI, qui fait la même chose.
00:33:39 J'en sais rien. Il veut sauvegarder l'indépendance énergétique de l'Italie. Il a un groupe qui s'appelle l'ENI. Il explose aussi en avion.
00:33:54 Vous n'avez pas peur de prendre l'avion ?
00:33:59 Je suis scientifique. Par conséquent, il y a des relations de corrélation, il y a des relations de causalité.
00:34:05 Moi, tant que je ne suis pas arrivé à la causalité, je n'ai rien. Donc, il y a des corrélations troublantes. Il faut garder les corrélations troublantes.
00:34:14 Mais disons que c'est une corrélation troublante. C'est clair que la corrélation est troublante.
00:34:20 Vous avez des pages assez savoureuses et pleines de retenues et presque de magnanimité sur Eva Jolie dans "Le mouton noir".
00:34:31 Vous la comprenez. Elle ne vous comprend pas, mais vous la comprenez. Ce qui est le signe d'une culture chrétienne.
00:34:38 Vous avez une générosité vis-à-vis d'elle, alors qu'elle n'en a aucune vis-à-vis de vous.
00:34:42 Il faut dire qu'elle va chercher tout ce qu'elle peut contre vous. Il y a l'affaire Biderman, je dis d'un mot.
00:34:50 Elle...
00:34:51 Qui tombe ? Qui tombe ? Il n'y a plus rien. Elle n'a sans dire rien.
00:34:54 Oui, mais enfin, vous avez...
00:34:55 L'affaire Biderman, judiciairement...
00:34:58 Vous avez renfloué une entreprise textile.
00:35:00 Judiciairement, il n'y a rien sur Biderman.
00:35:03 Ce qui n'était pas la fonction de Elf.
00:35:04 Je ne suis pas condamné sur Biderman.
00:35:06 Non, vous ne l'êtes pas, en effet. Mais enfin, elle va le chercher.
00:35:08 Elle va le chercher. Elle va le chercher. Elle va le chercher. Midi à 14h, si on peut dire.
00:35:11 Il n'y a rien, je répète, il n'y a rien sur Biderman.
00:35:16 Il y a quelque chose de bizarre.
00:35:18 Il n'y a rien.
00:35:19 Dès le début, elle voulait 5 mois en prison, alors dans les années 90, en préventive, ce qui est extraordinaire,
00:35:26 comme si vous étiez dangereux. On ne le fait pas ça, en général.
00:35:30 Tarallo n'a jamais fait de préventive.
00:35:32 Non.
00:35:33 Vous étiez dans le collimateur.
00:35:37 Tout ça est troublant. Mérite examen. Mérite examen, personne n'aura envie de le faire.
00:35:44 Pas plus vous que quelqu'un d'autre.
00:35:46 Ah, mais moi j'ai très envie de le faire.
00:35:47 Ça m'est égal. Ça m'est égal. Non, mais je veux dire, c'est du passé.
00:35:50 Le problème pour moi aujourd'hui, c'est que la France, parce qu'elle n'a pas voulu regarder ce qui m'est arrivé,
00:35:57 parce qu'elle n'a pas voulu regarder ce qui est arrivé à d'autres derrière, dans les mêmes conditions,
00:36:01 est dans une situation très délicate. Et qu'il faut revenir sur le passé pour comprendre ce qui risque de se passer.
00:36:11 C'est pour ça que quand vous dites que c'est le passé, c'est le passé, mais non, c'est l'avenir qui est défléchi.
00:36:16 Et donc, c'est ça. Ce n'est pas à moi de le faire. Parce que moi, c'est un problème pour moi.
00:36:20 Moi, j'ai dû goûter les enfants. Vous m'avez condamné, vous m'avez flotté en taule, vous m'avez vilipendé, machin, etc.
00:36:28 Tout ça, c'est faux. C'est tout ça. Et arrêtez. Moi, je vis correctement aujourd'hui. Je continue à faire les choses qui m'intéressent.
00:36:38 Je suis patron d'entreprise. Je suis heureux. Je suis heureux avec les gens que j'aime.
00:36:43 Mais simplement pour le pays, il serait bon que vous réfléchissiez bien à ce qui est arrivé.
00:36:49 Parce qu'il y a des relations de corrélation qui mériteraient d'être regardées en relation avec le pays.
00:36:57 Notre degré de soumission – m'était-on en raison quand on disait que l'Amérique était en guerre contre nous et qu'elle était féroce, qu'elle était vitale,
00:37:03 qu'ils utilisaient le mot vitale – notre degré de soumission pour ne pas investiguer, se poser des questions,
00:37:10 aller chercher ce qu'il y a derrière, ne serait-ce que le groupe ou la CIA ou le groupe Kroll qui vous poursuit pour vous coincer
00:37:19 et qui manifestement sert les intérêts des États-Unis. Moi, j'ai dit les choses très clairement. Je ne comprends pas pourquoi personne ne le fait.
00:37:26 Et pourquoi l'État n'enquête pas ? Il faut qu'on soit très soumis pour arriver à cette terre. Vous ne trouvez pas ?
00:37:35 Je ne suis pas chef de l'État. Astérix !
00:37:38 Je vois un midi à ma porte. Midi à ma porte aujourd'hui, c'est sur l'énergie nous avons déraillé et sur l'industrie nous avons déraillé.
00:37:49 Il n'y aura pas d'avenir pour la France si on ne se remet pas sur l'énergie et sur l'industrie à se mettre sur les rails de la prospérité, de la croissance,
00:37:59 de la souveraineté et de l'indépendance. Il n'y a pas de légion. Donc moi, tant que j'aurai un souffle de vie, je resterai sur cette dynamique.
00:38:06 Et ça, ça m'occupe 100% de mon temps. Si jamais les gens ont envie de s'occuper de ce que vous dites, qu'ils le fassent. Ce n'est pas mon sujet.
00:38:16 Mon sujet, c'est la France dans l'avenir.
00:38:19 Ce qui est extraordinaire, c'est qu'en plus dans votre personnalité propre, il y a une sorte de trésor supplémentaire, pas de ressentiment.
00:38:26 La prison passe sur vous comme de l'eau sur une plume d'oie. Vous lisez, vous n'en sortez pas aigri du tout, mais pas du tout.
00:38:37 Trois fois en prison, d'autres fois en prison.
00:38:39 Je rencontre des gens fantastiques en prison.
00:38:41 Je rencontre des gens qui sont vrais, qui ont fait des choses, qui sont affreuses, mais qui montrent bien la façon dont la société est en train, par exemple, pour les drogués,
00:38:57 de pénaliser des gens qui sont des petits sans aller chercher les gros.
00:39:03 Donc à un moment, on sait que ça va péter.
00:39:06 Et puis, il y a cette suite.
00:39:13 Je fais des rencontres passionnantes en prison.
00:39:17 Et vous parlez avec les gens ?
00:39:18 J'ai fait deux livres sur la prison.
00:39:20 L'un avec mon expérience de la prison, l'autre pour repenser la prison qui ont eu un succès très limité.
00:39:29 Tant pis, on va peut-être les découvrir dans 20 ou 30 ans, ce n'est pas grave.
00:39:33 J'ai indiqué la manière dont aujourd'hui on peut résoudre les problèmes qui sont relativement simples à résoudre.
00:39:43 Si on a envie, on n'a pas envie de résoudre les problèmes.
00:39:46 Ce n'est pas ministre de l'industrie que vous devez être, c'est ministre de la justice.
00:39:51 On ne veut pas les regarder.
00:39:53 Oui, c'est sûr.
00:39:54 On ne veut pas les regarder.
00:39:56 J'ai un sentiment d'insécurité.
00:39:58 Non, j'ai de l'insécurité.
00:39:59 J'ai un problème.
00:40:03 Quand je joue au volley-ball avec les gens de Fresnes, une fois par mois, on m'appelle le vieux, effectivement tout le monde est jeune,
00:40:19 je ne comprends pas un mot de ce qu'il m'a dit.
00:40:23 Pas un mot.
00:40:24 La langue.
00:40:25 Pas un mot.
00:40:27 Ce n'est pas notre langue.
00:40:29 Il parle pas ma langue.
00:40:31 C'est surtout pas un mot.
00:40:33 C'est un problème.
00:40:35 Non, vous pouvez appeler tout ce que vous voulez.
00:40:38 Qu'est-ce que vous voulez dire d'ailleurs de cette question de langue ?
00:40:41 Il y a une différence de langue entre les jeunes et les classiques.
00:40:47 Il y a un, il y a 90% des Français.
00:40:50 Et deux, ces gens-là ne savent pas parler français du tout.
00:40:53 Combien vous dites, 90% ?
00:40:55 Oui, énorme.
00:40:57 Tout le monde le sait, personne ne le dit.
00:40:59 Dans mon équipe de volley.
00:41:02 Tout le monde le sait, personne ne le dit.
00:41:05 J'étais là.
00:41:06 Si, moi je le dis.
00:41:07 Mais bon, ça n'intéresse personne parce que j'ai été en prison.
00:41:09 Ça intéresse tout le monde.
00:41:11 Mais non, ça n'intéresse personne.
00:41:13 Ça n'intéresse pas la nomenclature A, les élites, les oligarchies.
00:41:17 Lorsque je parle de la prison, ça n'intéresse personne.
00:41:21 Je n'en parle pas.
00:41:23 Et ceux qui parlent de la prison, ce sont des avocats ou des juges qui n'ont jamais été en prison.
00:41:30 Il faut qu'il leur dise d'aller en prison.
00:41:33 Il y a des politiques qui disent, je suis allé visiter une fois.
00:41:35 Très bien, vous avez été visiter une fois.
00:41:37 Alors vous, je connais tout.
00:41:38 Très bien, parfait.
00:41:39 Il n'y a pas.
00:41:40 Alors je reviens à la science.
00:41:41 Je suis un scientifique.
00:41:42 Si jamais je ne connais pas sur le fond un problème, je ne peux pas en parler.
00:41:47 Et je ne parle pas.
00:41:48 Et donc je passe un temps fou à essayer d'aller au fond des problèmes.
00:41:53 Pour essayer de savoir si j'ai raison ou tort.
00:41:55 Et je ne suis jamais conscient de plus que je n'en sais rien, qu'après avoir potassé un sujet pendant des mois et des mois.
00:42:06 Et je me dis, finalement, à bout de tout ça, avec tous les gens que je connais, etc.
00:42:11 Quelle est mon opinion ?
00:42:12 Je me mets devant la glace et je me dis, mais quelle est ton opinion finalement ?
00:42:15 Et je suis...
00:42:18 Alors après, si jamais dans ce pays, on dit le doute est important pour la science, on devient sceptique.
00:42:26 Alors bon, je suis un sceptique complet, permanent.
00:42:30 Je n'en sais rien.
00:42:31 Mais vous n'êtes pas sceptique sur les êtres.
00:42:32 Parce que, je ne sais pas si on aborde au moins, faisons-le du boulot, une dernière histoire qui fait souffrir quand on lit votre biographie.
00:42:42 Vous sortez pour la troisième fois de prison, on est au début des années 2000.
00:42:48 Évidemment, vous êtes un peu tricard.
00:42:51 Ce qui ne correspond pas, l'inactivité ne correspond pas du tout à votre personnage, vous voulez faire.
00:42:57 Et puis vous avez un savoir-faire que vous devez employer.
00:43:01 C'est presque physique.
00:43:03 Et vous voilà parti dans une nouvelle aventure qui vous décrit de nouveau comme très chrétien.
00:43:11 C'est-à-dire, vous faites confiance, vous ne voyez pas le mauvais côté des êtres.
00:43:15 Vous rencontrez un personnage auquel vous commencez par faire confiance, encore une fois, et encore une fois de façon un peu rapide,
00:43:24 qui s'appelle à base Youssef, un Emirati, homme d'affaires, proche de tout ce qui compte, et au Proche-Orient et à Paris.
00:43:37 Il connaît votre savoir-faire pétrolier et il se dit "ce type-là, je vais l'utiliser".
00:43:43 Mais vous ne voulez pas être son salarié.
00:43:48 Et vous concluez un pacte d'honneur au terme duquel, si vous réussissez à développer pour lui une sorte d'empire pétrolier,
00:43:58 ou tout au moins d'empire pétrolier, vous en partagerez dix ans plus tard les bénéfices.
00:44:07 Et vous voilà parti, vous recommencez à explorer, vous partez au Congo-Brasaville, vous racontez une expédition,
00:44:13 il y a le Canada, il y a partout, vous le servez.
00:44:20 Et là je suis sidéré parce que vous n'en avez pas de bénéfices.
00:44:24 Enfin, ils vous remboursent vos frais, bien entendu.
00:44:26 Moi ce qui m'intéresse c'est de faire un peu...
00:44:28 - C'est incroyable !
00:44:29 - Je pense qu'on peut effectivement gagner de l'argent dans le pétrole, on peut toujours en gagner.
00:44:33 Il y a beaucoup d'argent qui... - Là c'était pas pour vous !
00:44:36 - ... qui vont continuer à garder.
00:44:38 Mais si jamais les Français ne veulent pas, ben ils ne veulent pas.
00:44:42 D'ailleurs je ne suis plus dans le pétrole du tout, parce que c'est pas la peine de faire bourrar un Inde qui n'a pas soif.
00:44:49 Si jamais le monde entier considère que... en France considère que je n'ai pas de compétences,
00:44:54 ben j'ai pas de compétences, j'ai des compétences ailleurs.
00:44:56 - Mais c'est à vous Youssef, je vais compris vos compétences.
00:44:58 - C'est pas grave. - Et ils vous utilisent.
00:45:00 Et puis ils vous emmènent dans une histoire, on n'a pas le temps de donner les détails,
00:45:03 - Non mais stupide, c'est une affaire de corne-cul.
00:45:06 - ... de corne-cul, avec une histoire de... il devient fou, fou d'une femme, à la fois...
00:45:15 - C'est des histoires, il faut reprendre le truc, j'ai confiance en quelqu'un qui s'embarque dans une histoire de fou,
00:45:25 qui essaie de m'y emmarquer, je refuse, qui fait une mauvaise affaire compte tenu de sa bêtise à lui,
00:45:36 et qui a envie de montrer à sa famille que c'est... - Et de sa manipulation par une femme aussi.
00:45:40 - Qui est sa manipulation par une femme, et qui veut me faire porter le chapeau, et qui pour ça...
00:45:48 - Invente une manipulation terrible avec la complicité du président...
00:45:51 - Elle fait la corruption, la corruption du briquet...
00:45:54 - ... du Togo, qui vous prend...
00:45:57 - Alors corruption au Togo, corruption en Côte d'Ivoire, bon et puis...
00:46:03 - Et puis un jour vous êtes en Côte d'Ivoire, on peut quand même parler de cette invasion du Dessinéant,
00:46:07 et vous êtes arrêté à l'aéroport d'Abidjan...
00:46:10 - Tout ça ne peut pas arriver si la France se comporte bien avec moi, ce qui n'est pas le cas.
00:46:15 Mais faisons, résumons, si jamais la France, c'est-à-dire M. Hollande, M. Fabius,
00:46:21 et l'ambassadeur de France en Côte d'Ivoire, se comportent correctement vis-à-vis de moi, il n'y a pas de sujet.
00:46:29 Et le sujet me conduit au Togo, 5 mois et 11 jours, avec une tubeur à la jambe, qui froide très malade,
00:46:40 et sans ça ma vie y passe, voilà, c'est tout.
00:46:43 - Je vais essayer de vous en faire des poignants...
00:46:45 - Mais si jamais, je repasse mes mots, si jamais le chef de l'État, le ministre des Affaires étrangères,
00:46:54 et l'ambassadeur font leur travail, il n'y a pas d'affaire.
00:46:57 L'année, c'est 2012-2013, le président de la République est François Hollande...
00:47:01 - Je parle de Hollande, Fabius.
00:47:03 - Et le ministre des Affaires étrangères, Laurent Fabius,
00:47:05 l'ambassadeur en Côte d'Ivoire ne se comporte pas très bien, par contre celui au Togo se comporte très bien,
00:47:11 et vous aide, vous ramène à Paris, ne prend pas de vacances pour être sûr que le dossier est bouclé en votre faveur,
00:47:19 il y en a un qui se comporte très bien, mais il y en a un qui se comporte très mal, je dis son nom, c'est Laurent Fabius.
00:47:26 - Je parlais de trois personnes, c'est tout, mais il n'y a pas d'affaire, l'affaire n'existe pas, il n'y a pas d'affaire.
00:47:37 - Ne parlons pas plus, cet épisode qui clôt vos mémoires, que vous avez publiées en 2014, il faudrait en prolonger.
00:47:47 - Après il faut les prolonger.
00:47:49 - Il y a quelque chose de poignant, vous avez failli mourir au Togo, là pour le coup,
00:47:54 vous n'êtes passé pas loin de la septicémie.
00:47:56 - Là oui, c'est à dire que l'endroit où vous voulez m'opérer était appelé dans Toulomé le Mouroir, c'est pas vraiment le...
00:48:04 - Il fallait rentrer à Paris et on...
00:48:06 - Et d'ailleurs, aucun personnage de quelque rang que ce soit n'est opéré dans l'hôpital de...
00:48:14 - Mais pourquoi Laurent Fabius, mais cinq mois à vous faire rentrer en France, dans l'état où vous étiez ?
00:48:19 - Vous interrogez des personnages, vous le direz ça un jour, avec lui, c'était pas mon problème.
00:48:24 Encore une fois, je n'en veux à personne.
00:48:26 - Vous êtes une mensuétude.
00:48:28 - Je n'en veux à personne, tout simplement. Malgré tout ça, malgré tout ce que vous me dites,
00:48:33 je ne me plains pas, j'ai eu une belle vie et je m'en suis sorti.
00:48:37 - Et maintenant vous regardez l'avenir de la France, le dernier chapitre de votre conversation, l'avenir de la France.
00:48:42 - Alors c'est ça mon sujet.
00:48:43 - Ça vous passionne.
00:48:44 - C'est ça mon sujet, c'est-à-dire que vous avez un pays qui est complètement endetté,
00:48:50 qui n'a pas un sou payant, contrairement à ce que Pompidou trouve en 73, au moment où il fait le programme nucléaire.
00:48:59 - Pas de dette.
00:49:00 - Il a... une dette minimale.
00:49:03 - Presque rien.
00:49:05 - Il n'a pas d'argent. On a une situation complexe en déficit commercial.
00:49:19 - 170 milliards chaque année.
00:49:21 - Le déficit commercial commence en...
00:49:24 - 82.
00:49:25 - En l'an 2000.
00:49:26 - Ah non, en 82.
00:49:27 - Le déficit commercial commence en l'an 2000, après les bêtises effectuées par le gouvernement Jospin.
00:49:38 - Déjà les premières années 80, pardon, ne vous en exemptez pas, les années 80, le ministre du commerce extérieur Michel Jaubert,
00:49:45 chaque mois, donne le chiffre du commerce extérieur.
00:49:48 - Oui, mais il l'habille de telle façon que...
00:49:52 - Ça devient plus dérangeant.
00:49:53 - C'est la dépense qui compte. Et l'année 2023, 2022-2023, et le déficit commercial dans l'alimentaire.
00:50:05 La première fois dans l'histoire de France.
00:50:10 - Bien sûr.
00:50:11 - La France n'a jamais été déficitaire dans l'alimentaire. Jamais.
00:50:16 - Bien sûr.
00:50:17 - On peut commencer à Clevis.
00:50:19 - On était à 100% pendant des siècles.
00:50:22 - C'est le déficit Clevis.
00:50:24 - Et troisièmement, on est en déficit budgétaire, pandémique, donc on n'arrive pas à faire le budget.
00:50:31 On était à 100 milliards, maintenant on est à 173, on peut commenter, on peut continuer.
00:50:36 - Attendez, on peut continuer.
00:50:38 - Mais on est à un service de la dette qui va être à 70 milliards.
00:50:43 - Mais je poursuis la liste.
00:50:45 - Donc on est en faillite.
00:50:47 - Je poursuis la liste, permettez...
00:50:48 - Alors, on est en faillite.
00:50:49 - Je voudrais que vous réagissiez sur le reste de la liste.
00:50:52 Les services publics qui ne marchent plus, l'instrument judiciaire, l'éducation nationale,
00:50:57 les courroies de la transmission culturelle.
00:51:01 La transmission est totalement grippée.
00:51:04 Rupture que vous n'avez pas connue du tout dans votre enfance,
00:51:08 ou au contraire, vous êtes un héritier, c'est-à-dire, vous avez pris tout l'héritage de la culture française.
00:51:15 On ne peut pas parler de vos goûts, de votre culture littéraire qui est énorme,
00:51:19 votre goût de la musique, on n'a pas le temps de dire tout ça.
00:51:22 Mais vous avez hérité la civilisation française et pour moi, vous l'avez dit tout à l'heure,
00:51:26 le con du conservateur, intelligent, celui qui ne consomme pas du sang.
00:51:30 - Je vous ai présenté mon petit chien.
00:51:32 - Oui, c'est un bon signe.
00:51:34 - Je suis un conservateur, je suis de l'histoire.
00:51:38 - À quoi s'ajoute ?
00:51:40 - À quoi s'ajoute ? Que le pays est envahi ?
00:51:46 Chez vous, on parle d'immigration.
00:51:48 On pouvait parler d'immigration dans les années 70, 80, 90.
00:51:51 Il y a un moment où ce n'est plus de l'immigration.
00:51:53 Quand il y a des millions de personnes sur le territoire qu'on ne peut pas chasser alors qu'on ne veut pas,
00:51:57 ça s'appelle l'invasion.
00:51:59 - En Bretagne, vous avez Brest, Rennes et Nantes qui sont envahies.
00:52:04 - Envahies ?
00:52:05 - C'est clair, c'est pas la peine.
00:52:07 - La réalité.
00:52:08 - La réalité c'est ça.
00:52:10 - Vous aimez la réalité, mais pourquoi on ne la dit pas ?
00:52:13 - Je la dis sans fin.
00:52:15 Après, il y a un bureau diagnostique et les remèdes.
00:52:20 Les remèdes passent, pour moi, par ce que j'ai dit sur le droit.
00:52:31 C'est-à-dire qu'à partir du moment où, sur un sujet fondamental,
00:52:38 les retombes du peuple sont contrôlées par le droit avec des gens nommés,
00:52:45 il n'y a plus de peuple.
00:52:47 Par conséquent, le peuple n'arrive plus à dire ce qu'il faut.
00:52:50 Donc, soit on fait à nouveau un appel au peuple,
00:52:54 soit on a envie vraiment de changer de peuple
00:52:58 et on se fait... il y a un sujet.
00:53:02 - On change de peuple.
00:53:04 - Moi, je suis...
00:53:06 - Et on change de civilisation ?
00:53:08 - Je suis un franchougard breton.
00:53:11 Et je dis, voilà, j'ai la prospérité, j'ai des gens,
00:53:17 et je veux arriver à la prospérité.
00:53:20 Pour arriver à la prospérité, je tiens à avoir une industrie prospère.
00:53:24 Pour avoir une industrie prospère, comment on peut avoir une industrie prospère ?
00:53:28 On peut avoir une industrie prospère en utilisant au maximum l'ensemble de nos chances.
00:53:32 On en a, parce qu'on a des gens absolument merveilleux
00:53:35 qui inventent tous les jours, qui innovent tous les jours.
00:53:37 On a une richesse, encore,
00:53:40 je ne sais pas si elle va être la richesse des gens qui ont 15 ans aujourd'hui,
00:53:44 mais c'est la richesse d'aujourd'hui.
00:53:45 - C'est le problème.
00:53:46 - Alors on va essayer de la valoriser, de la valider au mieux.
00:53:50 Et pour cela, il n'y a pas d'autre possibilité que 1) une politique de fonds propres,
00:53:58 c'est-à-dire d'argent qui vient dans l'industrie
00:54:02 et qui est capitalisé et qui ne nécessite pas, dans un premier temps,
00:54:09 des dividendes ni des prêts usuriers, petit 1,
00:54:14 et 2) j'ai besoin d'une énergie abondante, bon marché et souveraine.
00:54:19 Si jamais je n'ai pas ça, je ne peux pas en sortir.
00:54:21 - Mais on l'a pas.
00:54:22 - C'est ça mon sujet.
00:54:23 C'est ça mon sujet.
00:54:24 On peut revenir à ça.
00:54:26 On peut revenir à ça si on le veut, mais on ne peut pas faire n'importe quoi.
00:54:30 - Alors la réponse, à mon avis, je sais que vous réagissiez.
00:54:32 Encore une fois, je mets mon grain de sel.
00:54:34 La France est à la croisée des chemins.
00:54:36 Soit, avec Macron, on est sûr qu'elle choisira cela.
00:54:39 On s'enferme.
00:54:41 On le fait à propos de la guerre en Ukraine, par exemple,
00:54:45 et sur d'autres sujets internationaux
00:54:48 qui, à mon avis, surplombent tout.
00:54:50 La politique internationale, étrangère, surplombe toutes les autres politiques.
00:54:54 Soit on s'enferme dans l'univers atlantique
00:54:56 et on est fait aux pattes par les Américains,
00:54:58 on ne devient rien du tout,
00:55:00 au point qu'ils voudront nous transformer en bouillie,
00:55:02 favorisant, s'il se trouve, par mille moyens, l'immigration qui devient une invasion,
00:55:06 le changement de peuple et de civilisation, vous venez en parler,
00:55:09 c'est la fin.
00:55:10 Soit, nous sortons de l'enfermement,
00:55:13 ce que j'appelle l'enfermement atlantique,
00:55:15 aux nouveaux conservateurs, on est obsédés par ça.
00:55:18 Et nous nous ouvrons à nos armes extérieures
00:55:23 qui s'appellent l'Afrique, qui s'appellent la francophonie,
00:55:26 qui s'appellent l'outre-mer,
00:55:28 qui s'appellent la puissance maritime de la France.
00:55:31 C'est un tout autre jeu international.
00:55:34 Et vous avez clairement pris partie, je crois, pour cette seconde solution,
00:55:38 dans le dernier numéro, le numéro 12 du Nouveau Conservateur,
00:55:40 en écrivant un très bel article sur l'Afrique,
00:55:43 stupéfiant, parce que l'idée générale, c'est que la France se retire,
00:55:48 et vous dites non, ce défi africain, la France a les moyens de le relever.
00:55:55 Vous donnez votre opinion.
00:55:57 Quelle est la vôtre ?
00:55:59 Alors, mon opinion est beaucoup plus industrielle que vous.
00:56:07 C'est-à-dire que moi, ce qui m'intéresse, c'est à chaque fois,
00:56:12 qu'est-ce que je fais ? Quel est l'impact réel, individuel, collectif ?
00:56:20 Et j'ai fait quelque chose, est-ce que j'ai le retour d'expérience
00:56:24 qui permet de voir que j'étais dans le droit fil ou pas de l'affaire ?
00:56:28 Pour moi, tout mon esprit industriel est basé sur ces deux sujets permanents.
00:56:35 J'ai fait quelque chose, j'écrans quelque chose qui s'est passé.
00:56:40 Est-ce que j'ai bien résolu le problème posé, ou est-ce que j'en ai créé d'autres
00:56:47 qui sont bien pires que le problème que j'ai créé ?
00:56:50 Je ne sais pas, je vous les traitez.
00:56:52 Et la deuxième chose, c'est j'ai fait quelque chose,
00:56:56 il y a un an, deux ans, trois ans, et qu'est-ce qui s'est passé ?
00:57:00 Alors, bon, il est clair que sur l'Afrique, sur l'Ukraine, sur le Tartin,
00:57:05 sur le Moyen-Orient, comme le retour d'expérience montre que ça ne marche pas,
00:57:12 c'est qu'on a tout faux.
00:57:14 Quand on prend le problème de la justice, du malintérêt, c'est qu'on a tout faux.
00:57:18 Si jamais on n'est pas capable...
00:57:20 L'éducation.
00:57:21 Sur l'éducation, on a fait les méthodes globales, on a tout faux.
00:57:26 Si jamais on ne fait pas de mathématiques, moi, aujourd'hui,
00:57:28 je sais qu'il n'y a pas de professeur de mathématiques.
00:57:31 On ne trouve plus de professeur de mathématiques.
00:57:33 Il n'y a pas de candidats à être professeur de mathématiques,
00:57:37 aujourd'hui, en France. Il n'y a pas de candidats.
00:57:39 Oui, parce qu'il n'y a peut-être plus assez de Français formés
00:57:41 pour former d'autres Français.
00:57:43 Oui, vous êtes toujours après dans...
00:57:47 L'extrapolation.
00:57:48 Moi, je constate que personne ne vient.
00:57:53 Donc, j'ai faux.
00:57:55 Donc, où est-ce que j'ai faux ?
00:57:57 Et donc, là, on reprend tout.
00:57:58 Pour moi, l'observation complémentaire que je fais,
00:58:04 c'est qu'il y a paupérisation de la France.
00:58:07 Et nous avons...
00:58:09 Une des observations, toujours, c'est que nous avons
00:58:14 une convergence entre le RSA et le SMIC
00:58:18 qui conduit des gens qui ont le RSA à ne pas avoir envie du SMIC.
00:58:22 Alors là, on est assisté et on n'a pas envie de travailler.
00:58:28 C'est important, ça.
00:58:29 Vous êtes le président du Parti Socialiste, je vois.
00:58:31 C'est important comme constat.
00:58:33 C'est important comme constat.
00:58:34 On n'est pas forcé.
00:58:35 Tout le monde le fait.
00:58:36 On n'est pas forcé.
00:58:37 On n'est pas forcé.
00:58:38 On n'est pas forcé, en faisant un RSA,
00:58:41 de paupériser la France au point que le SMIC rencontre le RSA.
00:58:45 On n'est pas forcé, quand même.
00:58:46 On n'est pas forcé.
00:58:47 Si jamais on a raisonné correctement
00:58:49 et si jamais on a développé indifféremment la France,
00:58:51 on a gardé le RSA et le SMIC s'en est écarté.
00:58:54 Ce n'est pas ce qu'on fait.
00:58:55 On est en train de rapprocher le SMIC du RSA.
00:58:57 Ça pose un problème.
00:58:58 Pour moi, c'est le problème.
00:58:59 Et c'est le problème.
00:59:00 Donc on voit bien que si jamais on n'a pas...
00:59:05 Les questions qu'on pose sur l'Afrique,
00:59:07 sont bien posées.
00:59:08 Si jamais je n'ai pas une évolution positive de la prospérité,
00:59:14 c'est-à-dire si jamais je ne me mets pas en route
00:59:17 pour être prospère en ce pays,
00:59:20 de toute façon c'est foutu.
00:59:21 C'est foutu parce que l'observation que je fais,
00:59:24 c'est qu'on est en train de partir dans le mur.
00:59:27 On part dans le mur à une vitesse folle.
00:59:29 Comment éviter ça ?
00:59:31 Alors je dis éviter ça,
00:59:33 c'est d'une part retrouver comme ambition
00:59:38 une énergie abondante, bon marché et sous.
00:59:43 Première ambition.
00:59:44 Que nous n'avons pas aujourd'hui.
00:59:46 Il n'y a pas un sou mis aujourd'hui,
00:59:50 malgré toutes les rondes de montage,
00:59:52 sur le nouveau nucléaire.
00:59:54 Et on doit faire le nouveau nucléaire,
00:59:56 non pas en 12 ans ou 15 ans,
00:59:59 on doit le faire en 7 ans,
01:00:00 comme on a fait du temps de Pompidou.
01:00:03 Alors on a vu que vous avez,
01:00:06 pas redressé mais beaucoup amplifié,
01:00:08 au grand an des Américains, des Etats-Unisens.
01:00:12 ELF, seule grande entreprise pétrolière non américaine.
01:00:17 Qui l'est toujours mais sous un autre nom.
01:00:20 Total.
01:00:21 Qui vous doit beaucoup.
01:00:23 Et vous faites un peu la même chose,
01:00:26 à titre d'illustration de ce que peut le volontarisme,
01:00:29 avec la SNCF.
01:00:30 Alors la SNCF, j'aimerais qu'on en parle,
01:00:32 parce que vous faites un passage très court,
01:00:34 7 mois,
01:00:35 on vous promet une année, on ne vous la donne pas,
01:00:37 fin 94 ou fin 95,
01:00:41 C'est la grande grève.
01:00:43 La grande grève,
01:00:44 vous commencez à avoir des ennuis judiciaires,
01:00:46 mais la grande grève de décembre 95,
01:00:49 Je demande simplement un an.
01:00:50 est terrible.
01:00:51 Et un émissaire de Chirac,
01:00:53 je ne sais pas qui, peu importe,
01:00:54 vient vous voir en disant,
01:00:55 le président de la République,
01:00:56 voudrait que vous repreniez,
01:00:58 et vous dites, il me faut un an quand même,
01:01:00 et qu'on fiche la paix avec les ennuis judiciaires.
01:01:02 Voilà, et ce n'a pas été le cas.
01:01:04 Et on vous a donné 7 mois.
01:01:05 La promesse n'a pas été tenue.
01:01:07 Encore une fois.
01:01:08 Voilà, c'est quelque chose qui arrive.
01:01:09 Et tant pis pour lui.
01:01:10 Prenez ça avec facilité.
01:01:12 Alors, comment prend la SNCF ?
01:01:15 La SNCF fait une grève,
01:01:17 cette grève est sympathique à l'ensemble de la population,
01:01:21 parce que l'individu qui la personnifie,
01:01:25 Bernard Thibault,
01:01:26 est sympathique, est charismatique.
01:01:28 Patron de la CGT.
01:01:29 Et par ailleurs, on dit tout va mal,
01:01:32 on a pris les cartes dans le mauvais sens.
01:01:35 Et donc j'arrive dans,
01:01:39 et je dis, bon moi,
01:01:41 ça fait des années que je ne prends pas le train.
01:01:43 Parce que je prends essentiellement l'avion.
01:01:46 J'étais patron de elle,
01:01:48 et je ne connais pas bien le train.
01:01:50 Donc votre premier réflexe,
01:01:52 c'est de prendre le train pendant plusieurs semaines.
01:01:54 Voilà.
01:01:55 Plusieurs jours d'abord,
01:01:56 puis plusieurs semaines après.
01:01:58 Alors, il faut dire qu'elle était en mauvais état la SNCF.
01:02:00 Très mauvais état.
01:02:01 Il y avait eu quelques mauvaises gestions.
01:02:04 Alors, quel est le mauvais état ?
01:02:06 Le mauvais état, c'est clair que
01:02:08 on n'appuyait pas sur la richesse de la SNCF.
01:02:12 Quelle était la richesse ?
01:02:14 La richesse, c'était le personnel.
01:02:16 Mais pas le personnel existant.
01:02:20 Le personnel passé et le personnel futur.
01:02:23 C'est-à-dire que la profession de cheminot
01:02:25 est une profession noble.
01:02:26 La tradition.
01:02:27 Une tradition.
01:02:28 Et on l'entrait là,
01:02:31 comme au séminaire.
01:02:33 Et c'était les plus agiles,
01:02:36 les plus talentueux,
01:02:38 à qui le père disait "bon, je suis cheminot
01:02:40 et toi tu vas pouvoir devenir cheminot".
01:02:42 Ah !
01:02:43 Une grande famille noble.
01:02:44 C'est ça.
01:02:45 La noblesse du chemin de fer.
01:02:47 Et c'est là-dessus,
01:02:49 c'est cette richesse qu'il faut regarder.
01:02:51 Tant qu'on n'a pas regardé cette richesse,
01:02:53 tant qu'on n'a pas vérifié
01:02:56 qu'elle pouvait être,
01:02:59 avoir un impact sur le futur,
01:03:01 on n'a rien vu.
01:03:03 On compare ça à une autre société,
01:03:05 c'est ce qu'avait fait mon prédécesseur Berguignoux
01:03:07 qui venait d'EDF,
01:03:08 c'est ce qu'a fait ensuite
01:03:10 l'homme qui a été chargé du rapport sur la réforme
01:03:13 de la SNCF, Jean-Cyril Spinetta,
01:03:15 qui était dans Air France, Air Inter.
01:03:20 On compare.
01:03:22 Il ne faut plus comparer.
01:03:24 On est dans un autre monde.
01:03:25 On est dans le monde des cheminots.
01:03:27 C'est ce que feront ensuite
01:03:29 les Galois et les Pépis.
01:03:31 Ils copient sur l'aéronautique.
01:03:34 Ils essaient.
01:03:36 On a des gares,
01:03:38 c'est les aéroports.
01:03:40 On a des rails,
01:03:42 ce n'est pas comme l'aéroport,
01:03:44 c'est différent.
01:03:45 On a les avions.
01:03:47 Ils essaient de comparer.
01:03:49 Ce n'est pas ça.
01:03:50 La tradition SNCF est perdue.
01:03:52 Le sujet c'est ça.
01:03:53 Tant qu'on ne revient pas
01:03:55 à la tradition
01:03:59 et à la capacité d'utiliser ça
01:04:01 pour redresser la situation,
01:04:02 on ne peut pas s'en sortir.
01:04:04 Vous commencez par prendre le train.
01:04:06 Ce n'est pas pour prendre le train,
01:04:07 c'est pour rencontrer les personnels.
01:04:09 Absolument.
01:04:10 Je vais voir celui qui conduit.
01:04:13 Je passe du temps dans la conduite.
01:04:15 Ensuite, je vais dans les voitures.
01:04:18 À l'époque, il n'y a pas de téléphone portable.
01:04:23 Personne ne sait où je suis.
01:04:24 95.
01:04:25 J'arrive à une gare,
01:04:26 il me dit "C'est moi".
01:04:28 C'est très drôle.
01:04:29 Les gens sont promis.
01:04:31 Quand j'arrive dans une gare et que je m'arrête
01:04:33 pour reprendre le train dans l'autre sens,
01:04:35 je téléphone en disant "C'est moi, je suis là".
01:04:38 Il a appelé.
01:04:39 "Le ministre vous appelle,
01:04:40 le machin vous appelle,
01:04:41 le malata..."
01:04:42 Il dit "Très bien,
01:04:43 je reprends le train et je vais à la vraie terre."
01:04:45 "Ne vous inquiétez pas, je ne suis pas mort."
01:04:47 C'était tout ce que je faisais.
01:04:48 Et un beau jour,
01:04:49 en rentrant de Nice,
01:04:50 relativement tôt,
01:04:52 je rentre dans une gare de Cannes.
01:04:56 De Cannes ou de Nice,
01:04:57 c'est la même chose.
01:05:00 Je suis arrivé et là,
01:05:02 je suis un peu fatigué.
01:05:04 Je ne vais pas conduire.
01:05:06 La conduite c'est très fatigant.
01:05:07 Je conduis à la place et il faut faire ça tout le temps.
01:05:10 Il faut faire ça tout le temps dans la conduite.
01:05:12 C'est très fatigant.
01:05:13 Il faut bouger sans arrêt.
01:05:16 Il faut bouger un membre,
01:05:18 pied ou main,
01:05:20 toutes les 10-20 secondes,
01:05:22 et sans ça le train s'arrête.
01:05:23 C'est très physique le métier de chez l'auto.
01:05:26 Ce métier-là,
01:05:27 c'est un métier où il faut...
01:05:29 C'est usant.
01:05:33 Et puis, comme maintenant,
01:05:34 il faut limiter le personnel,
01:05:36 on est tout seul.
01:05:37 Alors que quand un cheminot a le bonheur
01:05:39 d'avoir le président auprès de lui,
01:05:41 il parle tout le temps,
01:05:42 puis il vous passe les manettes
01:05:43 et vous allez voir comment c'est.
01:05:45 Et non, moi je sors de là...
01:05:47 Et c'est là que vous avez compris que c'est fatigant.
01:05:49 Effusément.
01:05:50 Et donc là, je vais dans une voiture,
01:05:53 et personne.
01:05:54 Personne dans la voiture, très bien.
01:05:55 Il y a juste un corps allongé,
01:05:58 en première,
01:05:59 dans le sud...
01:06:00 Très bien, parfait.
01:06:01 Et puis, le train,
01:06:03 à partir de Marseille,
01:06:05 est direct Paris.
01:06:06 Bon, je dis, maintenant,
01:06:07 je vais jusqu'à Paris,
01:06:09 je ne peux pas m'arrêter avant.
01:06:11 Puis soudain, le corps se lève,
01:06:13 et met sa casquette,
01:06:15 c'est un contrôleur.
01:06:17 Ah, on va bien.
01:06:18 Et il dit, bonjour monsieur.
01:06:20 Ah, ben écoutez, monsieur,
01:06:22 ah là là, c'est tranquille,
01:06:23 maintenant,
01:06:24 est-ce que je peux avoir une bonne vie ?
01:06:26 Je me dis, il n'y a personne dans le train.
01:06:28 Et, vous êtes là, je vais vous contrôler.
01:06:31 Avant de me contrôler,
01:06:33 je voudrais que vous me disiez,
01:06:35 pourquoi vous êtes content ?
01:06:37 Je suis content, je suis content.
01:06:38 Parce qu'il n'y a personne.
01:06:39 Je suis content, il n'y a personne.
01:06:40 Comme ça, je n'ai pas à travailler.
01:06:42 Je dis, mais s'il n'y a personne,
01:06:43 on va supprimer le train.
01:06:45 Ah, ben oui, enfin bon,
01:06:47 on prendra un autre train,
01:06:48 mais il n'y aura pas grand monde non plus.
01:06:49 Très bien.
01:06:50 Ce ne sont pas des bonnes heures,
01:06:51 de toute façon, ces heures-là,
01:06:52 on n'a pas fait,
01:06:53 on aura toujours des trains.
01:06:54 Puis, il faut bien faire rouler les trains.
01:06:56 Quand tu es à la SNCF,
01:06:57 je dis, oui, mais s'il n'y a personne dedans.
01:06:59 Puis, à un moment,
01:07:00 s'il n'y a plus de train qui roule,
01:07:03 il n'y aura plus de SNCF.
01:07:05 Bon, mais si vous ne connaissez pas la SNCF.
01:07:08 C'est l'État.
01:07:09 Non, on a passé les concours.
01:07:11 On a passé les concours.
01:07:13 J'ai un concours, alors je suis rembouché.
01:07:14 À vie, j'avais ma retraite.
01:07:16 Tout est écrit, tout est écrit.
01:07:18 Vous n'y connaissez rien.
01:07:20 Moi, je n'y connais rien.
01:07:22 Et là, le dialogue continue sur ce...
01:07:25 Et à un moment, je dis à propos,
01:07:27 je vais vous dire qui je suis quand même.
01:07:29 Je vais vous donner ma carte.
01:07:30 Je n'ai pas de billet.
01:07:31 Vous n'avez pas de billet.
01:07:32 Vous n'avez pas de billet.
01:07:33 Et je lui montre.
01:07:34 Et qu'est-ce que c'est, ça ?
01:07:35 Que c'est cette carte ?
01:07:36 Je lui dis, c'est la carte du président de la SNCF.
01:07:38 Vous êtes président de la SNCF ?
01:07:39 Ben, oui, c'est récent.
01:07:41 Mais oui, je suis président de la SNCF.
01:07:43 Oh, je suis président.
01:07:44 Alors, excusez-moi,
01:07:45 mais alors, c'est ce que j'ai dit tout à l'heure.
01:07:46 Je lui dis, écoutez, mon vieux,
01:07:48 vous l'avez dit, alors, moi, je vais vous expliquer.
01:07:50 Vous allez rester là,
01:07:51 puisque vous n'avez pas de client.
01:07:54 Vous allez rester là une petite minute,
01:07:56 puis je vais vous expliquer
01:07:57 ce qui va arriver si le train n'est pas rempli.
01:08:00 Et je lui dis, moi, ma tâche, c'est de remplir les trains.
01:08:02 Et votre tâche aussi.
01:08:04 Pour perpétuer la SNCF.
01:08:05 Pour perpétuer la SNCF.
01:08:06 Et donc, je rentre après cet épisode.
01:08:09 Le type, comme il habite Nice ou Cannes,
01:08:14 va dans un dépôt.
01:08:16 À l'époque, un dépôt, c'était pas vraiment...
01:08:18 Un dépôt, c'est un endroit où ils attendent
01:08:21 le train qui va partir dans l'autre sens.
01:08:23 Et, le lendemain,
01:08:26 ben, Thibault m'appelle.
01:08:28 Il paraît que vous avez fait des remarques sur le...
01:08:30 Ben, je dis, oui, bien sûr.
01:08:31 Et donc, j'explique à Thibault ce qu'il a fait.
01:08:34 Et, après, dans toutes les gares où j'allais,
01:08:39 dans tous les endroits où j'allais,
01:08:40 il y avait référence à cette conversation.
01:08:42 Ça avait diffusé en deux jours, en trois jours,
01:08:45 sur toute la SNCF.
01:08:47 Ce qui est intéressant, c'est le contenu de la conversation.
01:08:49 C'est que vous leur expliquez qu'ils font partie d'une compagnie.
01:08:53 Si jamais les trains sont pas remplis, il n'y aura plus...
01:08:55 La communauté de la SNCF vous donne du sens au travail.
01:08:58 C'est ça qui est très important.
01:09:00 C'est ça.
01:09:01 Réciter la tradition.
01:09:02 Si vous n'avez pas, si vous ne travaillez pas,
01:09:04 s'il n'y a pas de travail, s'il y en a,
01:09:06 et bien, vous allez disparaître.
01:09:07 C'est fini.
01:09:08 Et il me disait, mais c'est pas possible.
01:09:10 J'ai dit, si, c'est possible.
01:09:11 C'est possible. Pourquoi ?
01:09:13 Rien n'est impossible.
01:09:14 Si jamais... Réfléchissez bien.
01:09:16 Vous avez bien vu qu'il y avait des lignes qui étaient arrêtées.
01:09:19 Pourquoi ? Parce que...
01:09:20 Oui, on les a arrêtées.
01:09:21 Les lignes sont arrêtées.
01:09:23 Vous avez bien vu.
01:09:24 Et ça, ça a percolé.
01:09:26 Et ça a transformé complètement.
01:09:28 Cet épisode, qui paraît stupide,
01:09:32 a percolé dans toute la SNCF
01:09:35 pendant des années, et encore aujourd'hui.
01:09:38 C'est-à-dire que quand je suis dans les retours,
01:09:40 on me dit, vous avez vu maintenant, les trains sont pleins.
01:09:43 Parce que maintenant, ils sont pleins.
01:09:45 Alors ça, vous y êtes pour quelque chose.
01:09:47 Vous avez dit dans le livre qui nous sert de fil rouge,
01:09:51 "Le mouton noir",
01:09:53 que c'était pas tout à fait une année,
01:09:56 donc les 7 mois
01:09:58 les plus exaltants de votre vie.
01:10:01 Les plus denses.
01:10:02 Les plus denses.
01:10:03 J'ai pas dormi.
01:10:04 Vous dormiez pas ?
01:10:05 J'ai fait en sorte que les gens comprennent qu'il fallait des clients.
01:10:11 Et j'ai dit, comment est-ce qu'on peut avoir des clients ?
01:10:14 Et j'ai institué des certes cadencées,
01:10:18 c'est-à-dire tous les mois, toutes les demi-heures,
01:10:21 toutes les heures, etc.
01:10:22 On va à tel endroit et on a toujours un train.
01:10:25 La possibilité d'avoir une ristourne
01:10:32 si jamais le train était en retard.
01:10:34 La possibilité d'avoir une pénalité
01:10:36 si le conducteur était en retard
01:10:37 pour des raisons qui lui étaient propres, etc.
01:10:39 J'ai institué ça.
01:10:41 Vous avez arrivé à faire passer ça,
01:10:43 la pénalité pour le conducteur qui arrive en retard.
01:10:46 Parce que le train, malheureusement, il part en retard
01:10:49 parce que le conducteur n'est pas là.
01:10:51 Oui, bien sûr, s'il n'y a pas de raison.
01:10:53 C'était terrible.
01:10:54 Et donc tout ça, ça nécessitait des tas de réformes internes
01:10:59 sur l'ensemble de...
01:11:01 Et ça veut dire un management de proximité très important.
01:11:05 Donc une bonne entente avec les syndicats.
01:11:07 Mais un management de proximité.
01:11:09 C'est-à-dire que les gens qui étaient dans un endroit déterminé,
01:11:13 ils avaient un manager qui pouvait décider sur place.
01:11:16 Ah oui.
01:11:17 Et ça, c'est un élément fondamental.
01:11:21 En décentralisant beaucoup l'autorité alors ?
01:11:23 Absolument.
01:11:24 Et donc j'ai indiqué dès le lendemain
01:11:27 qu'il y avait trop de gens au siège.
01:11:29 J'en ai supprimé un certain nombre.
01:11:31 Puis j'ai fait la même chose deux mois après.
01:11:34 J'ai dit non, il y a trop de gens là-haut,
01:11:36 et il n'y a pas assez de gens en bas.
01:11:38 C'est les gens en bas qui sont importants.
01:11:39 C'est un peu l'armée mexicaine, c'est ça ?
01:11:41 C'était l'armée mexicaine.
01:11:42 Alors j'ai fait ça.
01:11:43 Alors ça a duré pendant un temps derrière,
01:11:45 puis c'est reparti dans le mauvais sens.
01:11:47 C'est-à-dire que dès qu'on fait des immeubles de bureaux,
01:11:50 on remplit les bureaux.
01:11:52 Vous avez un affaire.
01:11:53 Et avec des bureaucrates.
01:11:54 J'ai toujours dit qu'il fallait...
01:11:56 que le problème des entreprises, c'est les sièges.
01:11:59 Et aujourd'hui, je manège des petites entreprises,
01:12:03 et il n'y a pas de sièges.
01:12:05 Les entreprises, c'est les sièges.
01:12:07 Il y a trop de monde aux sièges.
01:12:09 Si jamais il y a des sièges, on est foutus.
01:12:12 À chaque fois que je vois
01:12:15 que j'ai un ancien collaborateur
01:12:18 qui prend une responsabilité,
01:12:20 je dis au moins tu en as gagné gramme.
01:12:22 Je regarde le ratio entre le siège
01:12:25 et les gens qui travaillent,
01:12:28 et je dis tu peux enlever la moitié du siège,
01:12:30 tu verras, ça marchera mieux.
01:12:31 Et ça marche.
01:12:32 La preuve est faite que même quand on va dans le mur,
01:12:35 on peut l'éviter.
01:12:36 In extremis.
01:12:37 Oui.
01:12:38 C'est valable pour tout ça ?
01:12:39 Parce qu'aujourd'hui,
01:12:40 l'ASNC peut être requinquée
01:12:43 si jamais on reprend les choses...
01:12:46 Les mêmes repères.
01:12:47 Les mêmes repères.
01:12:48 On dit voilà, vous êtes en train de faire grève,
01:12:50 et cette fois-ci vous êtes mal vu par vos concitoyens
01:12:53 parce que vous faites la grève pendant les vacances.
01:12:55 Alors maintenant, comment...
01:12:57 Je comprends que vous ayez des récriminations.
01:13:00 Comment est-ce que vous pouvez récriminer,
01:13:03 montrer votre mécontentement,
01:13:05 sans que vous soyez mal vu,
01:13:07 et que l'ASNC soit mal vu ?
01:13:08 Est-ce qu'on peut discuter de ça ?
01:13:10 Ils ne s'étaient pas à discuter, moi.
01:13:12 C'est ce que j'avais dit.
01:13:13 Essayons de voir comment on résout le problème.
01:13:16 Et les gens ont commencé à discuter avec moi.
01:13:18 Après, on m'a envoyé là où vous savez,
01:13:21 donc je n'ai pas pu continuer.
01:13:23 Mais vous avez dû partir devant juge.
01:13:25 Je pense que si Chirac avait tenu ses promesses
01:13:28 maintenant, je pense que depuis cette date,
01:13:32 vous n'auriez plus eu de grève comme aujourd'hui.
01:13:35 Voilà.
01:13:36 Parce que c'est là-dessus qu'il faut jouer.
01:13:38 C'est sur le fait que les cheminots
01:13:41 ont envie d'être fiers du train.
01:13:43 À nous de vous faire préférer le train.
01:13:45 Et les contrôleurs disent dans le micro
01:13:48 "Eh, vous avez le transport le plus écologique,
01:13:51 vous avez bénéficié..."
01:13:52 Ils sont fiers !
01:13:54 Mais c'est la participation du général de Gaulle, ça !
01:13:56 C'est ce qu'avait voulu le général de Gaulle avec ta participation.
01:13:58 Oui, la participation...
01:13:59 Comme même pas beaucoup les syndicats.
01:14:00 C'est-à-dire faire corps avec l'entreprise.
01:14:02 Mais une entreprise fonctionne
01:14:04 si jamais on fait corps avec l'entreprise.
01:14:06 Je ne suis pas à cet égard,
01:14:08 je ne suis pas pour des changements permanents.
01:14:12 J'ai une vue très familiale de l'entreprise
01:14:19 où la compétence se transmet et où la...
01:14:23 Vous savez qu'il se passe exactement la même chose.
01:14:25 L'inverse !
01:14:26 C'est-à-dire qu'aujourd'hui on fait des passages
01:14:27 un an, deux ans, trois ans,
01:14:28 on calcule les plans de carrière,
01:14:30 on s'en va, on se fait mettre soit en disponibilité,
01:14:33 soit carrément au chômage,
01:14:34 soit en marge d'alloc'
01:14:35 Tu fais l'inverse !
01:14:36 Le travail est bousillé !
01:14:37 La notion de travail comme participation à une entreprise
01:14:41 qui a du sens et qui vous dépasse est bousillée !
01:14:44 J'ai bien compris que la contagion était forte.
01:14:46 Il n'en reste pas moins,
01:14:48 c'est pas comme ça que les entreprises peuvent fonctionner.
01:14:51 Et si jamais on doit redresser la France,
01:14:54 et il faut le faire,
01:14:55 et on va le faire,
01:14:56 et bien il va falloir revenir à ces notions simples
01:15:00 qui est que lorsqu'on rentre dans une entreprise,
01:15:03 on rentre dans un milieu,
01:15:04 une famille, une tradition, etc.
01:15:06 On vous transmet le savoir,
01:15:08 une communauté.
01:15:09 Vous progressez,
01:15:10 vous progressez avec un certain nombre d'outils
01:15:13 qui sont nouveaux,
01:15:14 avec des formations,
01:15:15 avec...
01:15:16 Il y a énormément de choses pour vous changer.
01:15:18 C'est la conception chrétienne,
01:15:19 celle de Simone Weil, du travail,
01:15:20 c'est la communauté.
01:15:22 Mais vous avez...
01:15:23 Et pas celle du salarié.
01:15:24 Vous avez des outils nouveaux,
01:15:26 c'est pas parce que ces outils nouveaux sont nouveaux
01:15:29 qu'il faut les utiliser pour faire n'importe quoi.
01:15:33 Vous avez au contraire la possibilité avec des nouveaux
01:15:36 de faire des choses bien plus performantes qu'autrefois.
01:15:39 Alors même quand on va dans le mur,
01:15:41 il est toujours temps de s'arrêter et de redresser les choses.
01:15:43 Un exemple que vous connaissez bien.
01:15:45 Cher docteur,
01:15:47 comment redresser...
01:15:48 Alors ce qui est crucial pour l'avenir du pays,
01:15:51 c'est l'énergie.
01:15:52 Vous nous avez dit tout à l'heure
01:15:54 qu'un pays qui marche
01:15:56 est un pays qui d'abord a une énergie abondante,
01:15:58 bon marché et souveraine.
01:16:00 Voilà.
01:16:01 Alors d'abord il faut...
01:16:02 Alors il faut d'abord accepter cette idée.
01:16:05 D'accord.
01:16:06 Parce que si jamais on n'accepte pas cette idée
01:16:08 et qu'on est comme M. Chirac puis M. Hollande
01:16:12 à compter les électrons
01:16:13 et à dire "bon non, on n'a plus besoin
01:16:15 de construire de centrales parce que
01:16:17 on aura... ça fera trop",
01:16:19 si jamais on n'accepte pas l'idée de l'abondance
01:16:22 et l'idée que cette abondance nous permet d'exporter...
01:16:26 C'est une idée simple.
01:16:28 Je suis abondant.
01:16:30 Et les prix bas du coup.
01:16:32 Et les prix bas du coup.
01:16:34 Si jamais on continue dans cette perspective,
01:16:37 dans... à ce moment-là,
01:16:40 l'ensemble du pays restreint,
01:16:43 ça a la pénurie.
01:16:45 Ah ben c'est simple,
01:16:47 c'est simple, donc on va aller ailleurs.
01:16:49 Et donc on arrive jamais à s'en sortir.
01:16:51 Il faut qu'il y ait au moins un point d'abondant
01:16:53 et de bon marché quelque part.
01:16:55 Et ce point d'abondant et de bon marché,
01:16:57 c'était l'énergie, et ça reste l'énergie
01:16:59 pour les pays qui sont capables de se développer aujourd'hui,
01:17:02 ça reste l'énergie pour un bon bout de temps.
01:17:04 Donc la confrontation...
01:17:05 Une grande partie du développement français est due,
01:17:07 vous nous aviez dit ça, à EDF,
01:17:09 qui a rendu des services immenses au pays,
01:17:11 avec des boiteux et des élites magnifiques.
01:17:15 C'est Marcel Boiteux et Michel Luluc
01:17:17 qui ont été les artisans du succès français sur 30 ans.
01:17:20 Alors maintenant, comment on revient ?
01:17:22 Là où on est, pas loin du coup,
01:17:24 qu'est-ce qu'on fait ?
01:17:26 On est sur la crête,
01:17:29 c'est-à-dire qu'on a fait le boulot,
01:17:31 on a les hommes, ils sont formés,
01:17:33 on a remis les usines en place,
01:17:35 on a remis un certain nombre d'éléments.
01:17:38 Alors maintenant,
01:17:40 je dirais qu'il faut un homme charismatique
01:17:43 pour dire "c'est moi le patron, c'est ça que je fais"
01:17:46 et il faut qu'il y ait de l'argent
01:17:48 pour dire "j'ai de l'argent, par conséquent on fait vite".
01:17:51 C'est un exemple comme d'autres,
01:17:53 c'est-à-dire qu'on dit "on fait le PR2",
01:17:56 on décide de la faire,
01:17:58 il y a un certain nombre d'années maintenant,
01:18:01 on dit "mais ça ne bouge pas, ça ne bouge pas".
01:18:04 "Non, il faut faire l'Elias".
01:18:06 "Tout à fait, on est d'accord".
01:18:08 "4 ans pour faire l'Elias, tout va bien".
01:18:10 "Autrefond, l'Elias en 2 ans, pourquoi bien".
01:18:12 "Il faut faire une phase de détail".
01:18:14 "De détail, c'est 2 ans, si vous voulez".
01:18:16 "Ce n'est pas encore vraiment lancé,
01:18:18 alors ça va mettre 3 ans".
01:18:20 Et ainsi de suite.
01:18:22 Ça veut dire qu'il n'y a pas de chef,
01:18:24 ça veut dire qu'il n'y a pas d'argent.
01:18:26 Sans chef et sans l'argent, ça va être difficile de faire.
01:18:29 Donc il faut revenir à une situation
01:18:31 où il y a un pilote dans l'avion
01:18:33 qui dit "voilà ce qu'on fait"
01:18:35 et puis qui choisit les soutenus.
01:18:37 Mais qu'est-ce qui l'obtient ?
01:18:39 Si nous n'avons plus de chef, plus d'élite
01:18:41 et plus d'argent parce qu'on est en détail de tous les côtés,
01:18:43 les entreprises autochtones, les communes...
01:18:45 Il y a toujours possibilité de trouver de l'argent.
01:18:47 Je vous le rôle du pessimiste structurel.
01:18:49 Nous avons aujourd'hui des gens qui existent,
01:18:53 alors ils ne sont pas forcément tous en France
01:18:55 parce que beaucoup sont partis à l'étranger,
01:18:57 qui sont prêts à relever le gant.
01:19:00 Il y a des gens vrais.
01:19:02 Dans l'énergie ?
01:19:04 Il y a des vrais gens.
01:19:06 Electricité, atomes ?
01:19:08 Des vrais gens.
01:19:10 Il existe, aujourd'hui encore, en France,
01:19:13 quelques chefs de projet
01:19:15 capables de mener à bien une opération.
01:19:18 On l'a vu lorsque nous avons fait les centrales en Chine,
01:19:25 où c'est des français qui ont fait les deux centrales EPR en Chine.
01:19:29 Et nous l'avons vu quand, après avoir fait n'importe quoi en Finlande,
01:19:34 on a envoyé un véritable chef de projet,
01:19:37 je n'irai pas sur le nom parce que sans ça il va rougir,
01:19:40 un véritable chef de projet en Finlande.
01:19:42 Et la Finlande, aujourd'hui, vit face à la Russie
01:19:45 grâce à cette centrale qui fait 1300 MW de puissance.
01:19:50 Donc c'est possible, alors moi je pense que tout est possible,
01:19:54 simplement il faut le vouloir,
01:19:56 et qu'à un moment, ça explose à la figure,
01:19:58 même des gens qui ne veulent pas,
01:20:00 qui n'ont pas d'autre choix que de le faire.
01:20:03 Et je pense que c'est ça qui va arriver.
01:20:05 À un moment, quelqu'un, quelque part, va s'apercevoir que ça ne marche pas.
01:20:11 Il faut aller vite, parce que le temps ne travaille pas pour nous.
01:20:14 Oui, il faut aller vite.
01:20:15 Par exemple, il est clair que les journalistes jouent du violoncelle sur
01:20:21 "Eh bien voilà, l'EPR à Hinkley Point, ça ne marche pas,
01:20:28 ça prend du retard, et puis ça sera très cher, et puis ça..."
01:20:32 Ok, très bien, quel remède ?
01:20:36 Oui, mais il faut supposer qu'il y ait des...
01:20:39 Oui, et là, à un moment, le type se dit "lala,
01:20:43 est-ce que je suis à 20 milliards près ou pas ?
01:20:47 Oui, je suis à 20 milliards près, mais il faut peut-être que..."
01:20:50 Et alors un mec, il y a 15 mecs qui arrivent dans son bureau,
01:20:54 "Si vous nommez pas X là, on s'arrête, on arrête."
01:20:59 Mettons qu'il y ait des X.
01:21:01 Et donc ça, ça va arriver.
01:21:03 Mettons qu'il y ait des élites, c'est-à-dire autre chose que des petits oligarques...
01:21:09 Il en existe aujourd'hui dans le monde.
01:21:11 ...qui sont manipulés par les oligarchies étrangères, parce que c'est mon hypothèse.
01:21:16 C'est votre hypothèse.
01:21:17 Ce que vous appelez élite sont des petits sous-oligarques manipulés,
01:21:20 des collabos manipulés par des oligarchies supranationales.
01:21:24 C'est votre hypothèse.
01:21:25 Ça c'est la question de Vichy et du Veldiv.
01:21:27 Je sais.
01:21:28 Qui est coupable ? C'est les petits policiers ou ceux qui donnent des ordres et qui sont étrangers ?
01:21:34 C'est votre hypothèse.
01:21:36 Il ne faut pas que les gens s'en aillent.
01:21:38 Vous savez qu'il y a 80 000 ingénieurs de talent,
01:21:42 des deux talents élevés,
01:21:44 qui sont aujourd'hui dans la Silicon Valley,
01:21:46 qui sont des Français.
01:21:47 80 000, c'est énorme.
01:21:50 Ils nous manquent.
01:21:51 Ils sont partis, ils nous manquent.
01:21:53 Donc il faut arriver à ce que notre pays retrouve ses ressources de souveraineté
01:22:04 pour dire à ces gens, écoutez, vous pouvez peut-être donner un mois ou deux mois de votre temps par an
01:22:13 revenu de l'argent que vous gagnez pour revenir.
01:22:15 Est-ce que vous pouvez...
01:22:17 Il y a quelque chose à faire là.
01:22:19 Il y a quelque chose à faire.
01:22:20 Parce que je ne connais pas un Français qui n'ait pas dans son cœur la volonté de revenir.
01:22:27 Je n'en connais pas un.
01:22:29 Je sais, j'ai voyagé.
01:22:31 Je ne connais pas un.
01:22:33 Et lorsque j'étais aux États-Unis,
01:22:37 le nombre de fois où j'ai été accueilli par des gens qui disaient,
01:22:44 "Racontez-moi ce qui se passe en France.
01:22:46 On a envie de revenir, on a envie de revenir."
01:22:48 La nostalgie est forte.
01:22:49 C'est épouvantable.
01:22:51 Donc on a ça en nous.
01:22:53 C'est un peu la même chose que ce que disent les cheminots, vous voyez.
01:22:56 Mais il y a quelque chose qui existe.
01:22:58 Il y a quelque chose qui existe.
01:22:59 C'est de la tradition.
01:23:00 C'est la tradition, c'est le cœur, c'est l'émotion.
01:23:03 L'émotion dans les pays.
01:23:05 Là, il faut un chef d'État différent.
01:23:07 Il faut...
01:23:09 On va pas...
01:23:11 Je vois ce que vous voulez dire.
01:23:15 Mais c'est possible.
01:23:18 Je pense que continuer à dire à la population française,
01:23:23 "C'est fichu, c'est fichu, c'est fichu, c'est faux."
01:23:27 Non.
01:23:28 Et c'est vrai du côté industriel, du côté technique, comme du reste.
01:23:32 On peut rebâtir quelque chose avec un sentiment de filière.
01:23:36 On peut rebâtir des filières.
01:23:38 Encore vous dites que les gens jouent le jeu.
01:23:41 - Surtout qu'on n'est pas breton, Loïc.
01:23:43 Vous êtes un lassable.
01:23:44 - C'est peut-être de l'inconnu.
01:23:45 - Vous ne lâchez rien.
01:23:46 - Je ne lâcherai rien.
01:23:47 - Je vous signale que le petit village gaulois d'Astérix,
01:23:52 de Goscinny et Viderzo, il est chez vous.
01:23:55 - Oui.
01:23:56 - Le petit village qui résiste à l'Empire romain, le dernier petit bout.
01:24:01 - Oui.
01:24:02 - Et la Gaule le finira par...
01:24:04 - Je ne sais pas lequel il avait pris,
01:24:06 mais je sais de quel village je viens.
01:24:08 - C'est entre Guingamp et Trahier.
01:24:10 - Oui, oui.
01:24:11 - C'est pas chez vous.
01:24:12 - Et moi, mon village d'origine, l'origine de ma famille,
01:24:15 c'est Pratt, qui est entre Trahier et Guingamp.
01:24:19 - Voilà, vous êtes dans le village gaulois.
01:24:21 - Et en 1650, mes arrière-arrière-grands-parents avaient une maison face à l'église.
01:24:29 - Et vous ne vous retirerez jamais.
01:24:32 - Qu'est-ce que je devais dire ?
01:24:34 - Vous ne vous retirerez jamais.
01:24:35 - Je ne sais pas de quoi vous parlez.
01:24:37 - Pas de retraite.
01:24:39 - C'est-à-dire des moments où la surdité est totale.
01:24:42 - Pas de retraite dans...
01:24:43 - C'est l'essence de vos retraites.
01:24:44 - C'est ça, cette histoire, cette histoire-là.
01:24:48 Alors, il faut prendre des vacances.
01:24:50 Oui, bien sûr, il faut prendre des vacances.
01:24:53 Mais je suis toujours en vacances, moi.
01:24:55 - Oui, c'est ça.
01:24:56 - Je suis en vacances.
01:24:57 - C'est-à-dire que vous avez des dons extraordinaires.
01:24:59 - Parce que...
01:25:00 - Vous savez que vous avez des dons.
01:25:02 - C'est magnifique.
01:25:03 - Les joueurs de bridge que vous êtes, par exemple, battent toujours tout le monde
01:25:06 parce que vous avez un autre sens que tous les humains n'ont pas.
01:25:09 - C'est tout, c'est tout.
01:25:10 - Mais donc, vous ne vous retirerez pas.
01:25:12 Vous continuez à avoir des entreprises, plusieurs entreprises.
01:25:14 - Huit.
01:25:15 - Huit ?
01:25:16 - Oui.
01:25:17 - À bientôt 80 ans, d'ailleurs, vous les avez.
01:25:18 Je crois qu'on peut dire votre âge.
01:25:19 - Oui.
01:25:20 - Et cette espèce de pugnacité...
01:25:21 - C'est passionnant.
01:25:22 J'ai des gamins passionnants.
01:25:23 - ...doit être contagieuse.
01:25:24 - Qui sont inventifs, passionnants, qui croient...
01:25:25 - Vous ne voulez pas faire de politique, un peu ?
01:25:26 Vous ne voulez pas vous présenter à l'élection présidentielle ?
01:25:27 Je vote pour vous, moi.
01:25:28 - C'est un peu tard.
01:25:29 Je n'ai jamais voulu me présenter comme quoi que ce soit.
01:25:30 J'ai bien fait, j'ai bien fait.
01:25:31 Je suis resté dans mes passions.
01:25:32 - Et c'est drôle parce que...
01:25:43 - Ma passion, c'est quand même la transformation des produits, c'est l'industrie.
01:25:48 - Faire, oui.
01:25:49 - Faire.
01:25:50 - Faire.
01:25:51 - Et donc, je dis à tous ces jeunes gens, regardez l'efficacité de vos actions et non
01:25:58 pas la paternité extraordinaire de vos propos exceptionnels.
01:26:05 Ça ne sert à rien.
01:26:07 - C'est l'action, mais par exemple, on découvre que lorsque vous étiez, on faisait allusion
01:26:11 tout à l'heure à cet épisode, injustement relégué en étant malade en plus, dans une
01:26:18 jôle de Lomé au Togo, vous lisiez Anna Arendt.
01:26:23 - C'est un livre...
01:26:26 - Je me repelle à Anna Arendt.
01:26:28 - Crise dans la civilisation, je crois.
01:26:30 La crise de la civilisation.
01:26:31 - La crise de la civilisation.
01:26:33 - C'est une succession de conférences.
01:26:35 - C'est une succession de conférences.
01:26:37 Je me repelle à Anna Arendt parce qu'elle est tellement actuelle.
01:26:40 - Arendt, oui.
01:26:41 - Elle est tellement actuelle.
01:26:42 - Son totalitarisme en particulier.
01:26:44 - Son totalitarisme, etc.
01:26:46 - Je suis un peu intellectuellement un Camusien, puisque Camus qui me dit que j'ai le droit
01:26:57 d'être de gauche et de ne pas être stalinien.
01:27:00 C'est fantastique pour moi.
01:27:03 Et ensuite, je suis sous le charme d'Anna Arendt depuis toujours.
01:27:09 C'est magnifique, je relis.
01:27:12 Et quand je parle du totalitarisme vert, du totalitarisme gauche, etc.
01:27:18 J'ai les phrases entières d'Anna Arendt qui me reviennent.
01:27:24 - D'ailleurs, à propos de la SNCF et de ce qu'on disait sur la tradition,
01:27:27 il y a une conférence d'Arendt qui est "Seule la tradition fait autorité".
01:27:31 C'est un peu ce que vous disiez tout à l'heure à propos de la SNCF
01:27:34 et de ce qui est à retrouver, qui existe, parce que la tradition ne meurt pas.
01:27:37 Il faut rentrer dans la tradition.
01:27:39 - Absolument.
01:27:40 - Les conservateurs que je suis s'y retrouvent tout à fait.
01:27:43 - Oui, et l'homme de gauche et de progrès que je suis,
01:27:47 scientifique, s'y retrouve aussi complètement.
01:27:50 Par exemple, lorsque je vois un jeune ingénieur,
01:27:56 et il a fait des écoles, etc.
01:28:00 et je lui parle de Claude Bernard.
01:28:04 Il y a très peu qui connaissent Claude Bernard.
01:28:07 - Et je leur dis "Attention, le doute est constitutif de votre liberté".
01:28:15 - Oui, c'est certain.
01:28:17 - "Votre liberté, c'est le doute".
01:28:19 Et donc, faites attention, parce que vous êtes en train de me dire
01:28:21 "Il faut faire ci, parce que ça fait ça, ça fait ça".
01:28:24 C'est votre expérience.
01:28:27 Mais il y a peut-être une autre expérience qui va vous montrer l'inverse
01:28:33 et par conséquent, il faudra en tenir compte.
01:28:36 Donc le doute est absolument indissociable de votre activité.
01:28:40 - Je suis content que vous l'ayez cité, et je ne m'y attendais pas à Camus.
01:28:43 Ça vous va très bien. Quel est le roman de Camus que vous préférez ?
01:28:46 La Peste, non ?
01:28:48 Je vous vois bien en Dr Tarou.
01:28:50 On continue à lutter jusqu'au bout contre la peste.
01:28:53 - Non, j'ai commencé par Le Maître de Sisyphe.
01:28:56 - Ah oui, mais c'est moins optimiste.
01:28:59 - Pour moi, si. - Ah bon ?
01:29:02 - Pour moi, si, parce que la vie est plus forte que tout.
01:29:04 - Vous savez la dernière phrase de La Peste ?
01:29:07 "Le Bastille de la Peste ne mourra jamais."
01:29:10 - Oui, mais Camus, c'est autre chose pour moi.
01:29:15 C'est la capacité de continuer à penser dans un environnement
01:29:23 qui n'a pas envie que l'on pense.
01:29:26 - C'est pourquoi il faudrait que vous fassiez de la politique, j'insiste.
01:29:32 - Il a une capacité à s'opposer à Sartre et Beauvoir,
01:29:38 qui est phénoménale.
01:29:41 - C'est pour ça que ça ne m'étonne pas que vous ne soyez pas loin de Camus.
01:29:47 - Quand j'ai vu ça, parce que je me faisais attaquer par tous les bouts,
01:29:51 j'ai dit "non, pas question, Stadis, c'est un boucher."
01:29:59 - Je vois bien votre tradition.
01:30:02 D'ailleurs, ça pourrait être la conclusion de notre conversation,
01:30:05 une phrase de Camus encore qui vous va bien.
01:30:08 Il disait que le héros n'est pas celui qui fait ce qu'il veut,
01:30:12 c'est celui qui fait ce qu'il peut. Jusqu'au bout.
01:30:17 - Je ne me sens pas héros du tout,
01:30:20 mais c'est la phrase que je cite sans arrêt dans ma tête.
01:30:24 - Ah oui ? Et lorsque vous êtes venu nous voir chez le Théria,
01:30:27 c'est la phrase de Mitterrand aussi, qui dit que la France est en guerre,
01:30:32 que les États-Unis sont en guerre contre la France,
01:30:36 une guerre à mort, une guerre vitale. Donc on peut la gagner ?
01:30:39 - Bien sûr. Bien sûr, on va la gagner.
01:30:43 L'esprit inventif et la tradition vont permettre de bousculer les montagnes.
01:30:55 J'en suis absolument persuadé.
01:30:58 On est dans un trou, un trou noir.
01:31:03 Oui, on est dans un trou noir. Et alors ?
01:31:05 - On en sort. - On va sortir.
01:31:08 - J'ai plusieurs merci à vous faire.
01:31:10 D'abord, merci pour vous être pliés à l'exercice de ces longues conversations,
01:31:14 ces deux conversations.
01:31:16 Et merci surtout pour avoir le courage de dire ce que plus personne ne dit
01:31:21 et de se dire, dans le brouillard dans lequel nous avançons,
01:31:25 c'est que tout est redressable.
01:31:27 Et vous avez montré que, tout au long de votre vie et de notre conversation,
01:31:33 que la volonté, le volontarisme, le désir de servir,
01:31:37 parce que vous êtes un grand serviteur, la boussole du bien commun,
01:31:42 c'est un vocable breton, la boussole, vous l'avez toujours devant vous,
01:31:46 peuvent, comme vous dites, soulever les montagnes.
01:31:49 C'est quand on a perdu la boussole du bien commun qu'on n'a plus le droit à rien.
01:31:55 - Alors, merci beaucoup, cher Loïc Leflocq-Prigent.
01:31:59 - C'est moi qui vous remercie.
01:32:01 - J'espère qu'un jour on se retrouvera dans un an ou deux ou dix ou quinze
01:32:04 et que vous nous diriez que vous avez eu raison.
01:32:07 À bientôt. Merci encore.
01:32:10 [Générique]

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