Les Conversations n°34 de Paul-Marie Coûteaux : Asselineau le mirobolant (partie 5/5)

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D'une chose qui étonne, émerveille et époustoufle, on dit quelle est mirobolante. Certes, le mot peut aussi avoir un connotation moqueuse : chacun en jugera à sa guise après avoir écouté cette cinquième et ultime conversation avec François Asselineau, aussi mirobolante, en tous les cas foisonnantes que les précédentes. Avec lui, nous aurons battu le record de durée de la série des Conversations (plus de huit heures au total), tant le personnage est disert, tant il a des choses à dire sur la France, ce qui l’accable aujourd’hui, et ce qui pourrait demain, par une grande politique, la replacer au rang des grandes puissances. Suivons ici les voyages de cet infatigable coureur de monde, les réorientations qu’il préconise pour notre politique étrangère dont ce gaulliste de bonne souche sait bien qu'elle surdétermine l’ensemble de la politique d'un pays ouvert aux autres comme l’est la France depuis des siècles, riche d’atouts, pourvu qu’elle se décide à sortir de cette prison mentale qu’est l’atlantisme -surtout pour nos modernes oligarques. Ecoutons ses idées en matière de politique culturelle, son choix pour l’inscription d’une "préférence chrétienne" dans la Constitution, et finalement l’énumération de ses plaisirs culturels, ses goûts en musique, en peinture, en littérature… Pour un peu, on en redemanderait !
Transcript
00:00:00 [Musique]
00:00:24 François Asselineau, merci beaucoup d'avoir accepté de faire une ultime conversation.
00:00:30 Donc commençons peut-être par les voyages. J'ai appris que vous avez été reçu au Japon, par exemple, pays cher entre tous pour vous.
00:00:37 — Ah oui, c'est en revenant du voyage que j'avais fait en 2018 en Nouvelle-Calédonie, où j'étais allé porter la bonne parole de l'UPR
00:00:48 pour appeler les Calédoniens à voter non à l'indépendance de la Calédonie. C'est un sujet que je connais assez bien.
00:00:56 — Vous avez été en poste en Nouvelle-Calédonie. — Non, pas en poste. J'ai fait une mission d'inspection des finances pendant 3 mois
00:01:02 sur notamment la question des terres, qui est une question névralgique pas seulement en Nouvelle-Calédonie mais dans l'ensemble de l'Océanie
00:01:08 et dans l'ensemble de beaucoup de pays du monde, et qui d'ailleurs n'est pas sans rappeler les sujets actuels. Le problème israélo-palestinien, en fait.
00:01:19 Il s'agit de deux légitimités différentes sur le même territoire. Et donc comment se règle ce genre de difficultés ?
00:01:25 C'est quasiment insoluble. Enfin malheureusement, si on examine l'histoire avec l'œil froid du clinicien, on s'aperçoit que ça se règle de 3 façons, en fait.
00:01:38 Soit le peuple qui est venu s'installer éradique le peuple qui était là auparavant.
00:01:47 — On va faire les États-Unis. — Les États-Unis, l'Australie, les Îles Hawaï, etc.
00:01:53 Soit les peuples colonisés finissent par chasser l'occupant. C'est par exemple la valise ou le cercueil en Algérie.
00:02:03 Donc tous les pieds noirs qui repartent. C'est le cas dans un certain nombre de pays. Beaucoup de pays qui ont été colonisés en Afrique aussi.
00:02:12 — En Afrique du Sud. — En Afrique du Sud, etc. Donc on voit bien ce que ça signifie pour appliquer au conflit israélo-palestinien.
00:02:20 Dans un cas, ça serait... Il y a plus de... Israël chasse les Palestiniens. Dans l'autre cas, c'est les Palestiniens qui finissent par triompher
00:02:28 et qui finissent par anéantir l'État d'Israël. Alors l'histoire montre aussi qu'il y a des cas, justement, où ça ne s'est pas arrivé comme ça
00:02:38 et où ça fait des pommes de discorde. C'est-à-dire que l'envahisseur, si j'ose dire, n'a pas complètement surmonté le peuple envahi réciproquement.
00:02:49 Et donc on est dans une espèce de moitié-moitié ou trois quarts-un-quart. Et ça pose des problèmes. C'est le cas de la Nouvelle-Calédonie.
00:02:59 En gros, il y a 40% de Cana, 40% de métropolitains, 20% d'allogènes, des Walisiens, Futuniens, des Housiants, des Vietnamiens,
00:03:08 des gens de Polynésie, etc. Mais on trouve ce problème-là. Par exemple aux îles Fidji, qui a été colonisée par le colonisateur britannique
00:03:18 et qui a eu l'idée, comme il l'a fait à l'île Maurice, de faire venir pour cultiver des plantations de canne à sucre des Indiens de l'Inde.
00:03:29 Voilà. Et donc vous avez aux Fidji à peu près la moitié, c'est les Mélanésiens et un peu Polynésiens. Et l'autre moitié, ce sont des...
00:03:37 — Une connaissance des dossiers qui... — Mais c'est intéressant parce que je connais bien les Fidji.
00:03:41 J'avais fait une mission justement pour ces questions de terre. Les Fidji, qui est un petit État vu de Paris, bien sûr, mais qui...
00:03:50 À l'ONU, vous savez que souvent, les Fidji font partie des contingents des Casques bleus pour représenter l'Océanien,
00:03:56 parce que c'est un des gros États parmi les micro-États. C'est l'un des plus gros avec la papresie nouvelle-guinée.
00:04:01 — Accepté par tout le monde en cas de conflit, oui. — Mais cet État, c'est le seul État où il y a eu au moins 2, sinon 3 coups d'État aux Fidji,
00:04:09 parce que la partie mélanésienne refuse que le pouvoir soit pris par un jeu démocratique par les Indiens. Voilà.
00:04:18 Alors pour revenir à vos questions... — Alors vos voyages. Vous avez continué à voyager en tant que président du PNV.
00:04:25 — Oui. Et donc j'avais fait un stop au Japon. J'avais été très très bien reçu. Soyez-y en passant. Ils avaient des fiches.
00:04:33 J'avais été reçu par les chefs des différents partis politiques japonais et aussi par... Ça, c'est un entretien qui m'avait vraiment
00:04:41 un peu bouleversé, en fait. C'est pas si fréquent. C'était avec Naoto Kan, qui était le Premier ministre japonais au moment de Fukushima,
00:04:51 et qui après a quitté... Et donc il est député. Enfin il était député quand j'y suis passé en 2018. Et donc à la diète japonaise,
00:04:58 donc le bâtiment, il m'avait reçu dans son bureau, tout à fait sympathique. D'ailleurs, ce qui était drôle... Je sais pas pourquoi il avait dit ça.
00:05:07 Honnêtement, je le dis sans forfonterie, mais ça m'avait fait sourire intérieurement. Vous savez comment les Japonais sont.
00:05:13 Ils sont très très affables et très polis. En plus de ça, il avait vu dans ma bio que je parlais un peu le japonais,
00:05:19 ce qui avait prédisposé à encore plus que j'avais vécu au Japon. Et il m'avait dit alors « Il paraît que vous êtes le nouveau de Gaulle ».
00:05:27 C'est incroyable. Alors est-ce qu'il a été allé voir... Je sais pas ce qui s'était passé. Enfin en attendant, il m'avait très gentiment reçu.
00:05:34 Et il m'avait d'ailleurs dédicacé un ouvrage qu'il avait écrit, parce qu'il m'avait raconté quelles étaient les offres qui avaient été les siennes
00:05:42 au moment de l'explosion de la centrale nucléaire de Fukushima, enfin de l'Oran-Mare. Et il m'a dit « Pendant 48 heures, je me suis demandé
00:05:55 s'il allait pas falloir faire évacuer toute la région du Kanto, la région de Tokyo, c'est-à-dire en gros 50 millions de personnes ».
00:06:03 Et il m'a dit « Ce jour-là, je ne veux plus entendre parler du nucléaire ». Il en tremblait encore, s'il voulait.
00:06:14 — Ah oui, c'était très impressionnant. — Ah oui, c'était vraiment impressionnant. Ça a été quelqu'un qui avait vraiment été aux affaires. Voilà.
00:06:20 — Ça, c'est la servitude du chef d'État. En quelque sorte, il caractérise notre grand père. — Oui, absolument. En lui, il est Premier ministre.
00:06:25 — Oui, oui, oui. Je suis pas sûr que... Vous savez, la politique japonaise, c'est un peu un truc un peu... C'est pas génial, quoi, comme truc.
00:06:33 C'est quasiment toujours le même parti libéral-démocrate depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. C'est un peu des clans.
00:06:39 Enfin c'est très clanique. Et le Japon est sous la domination américaine depuis 1945. — Il y a eu des assassinats, un assassinat aussi récemment.
00:06:47 — Ah oui. Il y a eu un assassinat d'un ancien Premier ministre, oui, récemment. Donc oui, oui. Il y a beaucoup de réseaux un peu mafieux qui sont sur la politique japonaise.
00:06:57 Mais c'est un pays qui a quand même été sous le boisseau des États-Unis, qui n'en sort pas, en fait. Et les États-Unis sont en train d'ailleurs d'emmener le Japon à la ruine
00:07:08 comme ils sont en train d'emmener la Reine et la France à la ruine. Ils ont imposé au Japon la délégué localisation, etc., etc.
00:07:16 Le Japon est un pays... Moi, j'ai vécu au Japon en 1981, pendant un an et demi. À l'époque, c'était vraiment...
00:07:24 — Prospère. — Ah oui. C'était même plus que prospère. C'était l'endroit du monde où il fallait être. C'est-à-dire à l'époque, on disait 3/5 du PIB des États-Unis
00:07:33 avec 3/5 de la superficie de la France. Je sais pas si... Deuxième puissance économique mondiale. Enfin c'est quelque chose d'extraordinaire.
00:07:41 Ces jours-ci, on vient d'apprendre qu'elle est... Maintenant, elle est rétrogradée au quatrième rang, derrière l'Allemagne, qui est repassée devant le Japon.
00:07:50 Et je peux vous dire qu'en 1981, c'était là où il y avait vraiment de la jeunesse. Il y avait des quartiers extraordinaires à Tokyo, à Hadjoukou, au Motsu-Sando, etc.,
00:08:02 où il y avait vraiment... C'était de l'immortivité, l'invention du premier... Comment on appelait ça ? Walkman. Vous savez, la première fois qu'on pouvait...
00:08:11 — Baladeur en français. — Baladeur en français. Moi, j'ai vécu tout ça sur place. C'était vraiment l'endroit. Et quand j'y suis retourné en 2018...
00:08:19 — Quelque chose qui est tombé. — Oh là là. Un pays... — Peut-être que les États-Unis vont entraîner dans leur chute.
00:08:24 — Ah oui. Un pays en plein ralentissement, en perte de vitesse, d'une façon. Il n'y a plus d'enfants. C'est vraiment... J'ai trouvé ça un peu funèbre.
00:08:36 — Alors il y a un autre voyage qui vous a marqué dans cette période-là, avant la présidentielle de 2017, je veux dire.
00:08:43 — Non. Ça, c'est son voyage après la présidentielle. — Parce qu'une chose qui est intéressante chez vous, c'est que vous avez vraiment
00:08:47 le monde en permanence dans la tête, quoi. — Ça, c'est parce que j'ai beaucoup... D'abord, depuis que je suis petit...
00:08:52 — Vous voyagez. — J'adore les voyages. Deuxièmement... Et puis les pays étrangers. J'ai ça dans le sang. Deuxièmement, j'ai eu la chance d'avoir des parents
00:09:01 qui nous ont fait beaucoup voyager quand j'étais petit. — J'ai envie de raconter ça dans la première édition.
00:09:06 — Voilà. Et donc ça, c'était pour découvrir l'Europe. Je connais pas tous les pays d'Europe. Mais j'en connais quand même la grande majorité.
00:09:14 Quand je dis « connaître », c'est que j'y ai quand même passé plusieurs semaines. Il y a des pays où j'ai vraiment passé beaucoup de temps,
00:09:19 comme l'Italie par exemple, le Royaume-Uni, l'Allemagne, un peu l'Espagne, etc. — Le Liban. Vous m'avez parlé du Liban, quoi, aussi.
00:09:28 — Alors après, quand j'étais étudiant, et puis à la maturité, là, à titre personnel ou à titre professionnel, j'ai beaucoup voyagé dans le monde.
00:09:38 J'avais fait le calcul il n'y a pas très longtemps. J'ai été allé dans 94 ou 95 pays du monde. Il y en a quand même 193 aux Nations unies.
00:09:45 Donc il y a encore de la marge. Mais... — C'est parce qu'il s'appelle « faire un pays », comme disent nos contemporains.
00:09:51 « J'ai fait le Japon, j'ai fait l'Italie, etc. ». Là, vous voyez vraiment... — Voilà. Ça dépend des cas.
00:09:55 — D'abord, vous voyez les responsables. Au Liban aussi, je crois que vous avez été reçu par... — Alors j'ai été au Liban.
00:09:59 Mais après la présidentielle, c'est un voyage qui m'a beaucoup marqué. Je n'y étais jamais allé. J'ai trouvé ça passionnément intéressant.
00:10:09 En plus, bon, moi, j'aime bien le Moyen-Orient. J'aime bien l'Orient de façon générale. Enfin vous connaissez le Liban.
00:10:20 Je suis allé notamment à Baalbeck. J'ai trouvé ça absolument extraordinaire. — La montagne est belle.
00:10:27 — Et puis on est vraiment tout à côté de la Syrie, en fait, à Baalbeck. On trouve d'ailleurs à Baalbeck, dans les ruines de Baalbeck,
00:10:36 un truc extraordinaire. C'est magnifique. Mais on trouve une plaque de marbre qui commémore le voyage du Kronprinz allemand en 1911
00:10:46 ou je sais pas quoi, puisque vous rappelez quand même que l'une des causes de la Première Guerre mondiale, parmi un certain nombre d'autres,
00:10:54 c'est le fameux Bagdad Bahn, c'est-à-dire le chemin de fer allemand qui allait jusqu'à Bagdad en Irak. — Avec l'aide de la Turquie.
00:11:01 — Voilà. Et pour des puissances d'hydrocarbures, déjà. Et donc le Kronprinz a fait un voyage, s'est arrêté là. Et c'est pure 1911.
00:11:10 Enfin ça, je trouve ça... Ça, c'est l'histoire... Je garde quand même 2, 3 souvenirs pittoresques de mon voyage au Liban.
00:11:21 J'ai été reçu honnêtement par toutes les communautés, vraiment. Les chrétiens maronites, les chrétiens d'Arménie, le patriarche arménien,
00:11:33 les musulmans sunnites, les chénitiens... — Avec chacun son territoire. — Oui. C'était vraiment impressionnant.
00:11:44 — Ça ne nous menace pas, ça. — Il n'y a que 2 personnes qui ne m'ont pas reçu parmi toutes celles que j'avais demandées.
00:11:50 J'ai été reçu par des ministres, etc. Il n'y a que 2 personnes qui ne m'ont pas reçu. La première, c'est l'ambassadeur de France.
00:11:57 Voilà. J'avais fait allure. J'étais quand même un ancien candidat à l'élection présidentielle. J'avais fait 1% des suffrages.
00:12:05 Bon, j'étais un haut fonctionnaire. Demander une audience de courtoisie ou simplement... — Oui, de courtoisie, ça ne devrait pas apporter grand-chose.
00:12:13 Mais c'est allé au point qu'on n'a même pas eu de réponse. — Et l'autre ? — On a appelé 2, 3 fois. Même pas une réponse négative.
00:12:24 — Et l'autre personne qui ne vous a pas reçu ? — L'autre personne, c'est M. Michel Aoun, le président de la République.
00:12:30 Alors que j'avais été reçu par son ambassadeur à Paris qui m'avait dit « Aucun problème », sur place, il y a eu un problème.
00:12:38 — Peut-être qu'entre-temps, il s'est passé quelque chose. — Bon, je suis absolument convaincu que l'ambassade de France ait intervenu pour que je ne sois pas reçu.
00:12:44 Enfin bon. À part ça, il y a eu des choses vraiment intéressantes sur effectivement un pays qui a été si proche de la France et qui,
00:12:52 malheureusement, ne serait-ce qu'à cause des évolutions démographiques et puis du retrait de la place de la France...
00:13:00 Il y a des choses que j'ai trouvées un petit peu poignantes. Par exemple la maison où de Gaulle a séjourné.
00:13:06 — Oui, 29. Oui. Lui, pour le coup, en poste pendant près de 2 ans. Il en a fait 30. — Oui. Eh ben je sais pas.
00:13:14 Un homme français pourrait intervenir pour faire un musée de Gaulle. Non, c'est une maison en ruine, en fait. Ça tombe en déliquescence.
00:13:23 — Il y a une chose triste aussi au Liban. J'en parle parce que ça pourrait menacer la France. C'est cette partition générale,
00:13:33 c'est-à-dire un territoire, une confession, un parti en position de force, cette poléopare, vous voyez, c'est-à-dire avec des tâches.
00:13:44 — Ah ben c'est la libanisation, bien sûr. — Et ça menace pas la France, hein. — Peut-être. Il faut que tout soit...
00:13:49 — François Hollande a parlé de sécession, c'est ça ? — Oui. Mais si vous voulez, il est absolument pas dans son rôle.
00:13:53 Un chef de l'État français n'est pas là en train de commenter... — Il devrait pas dire ça.
00:13:56 — Il est pas en train de commenter comme un eunuque le fait que l'empire est en train de s'effondrer.
00:14:02 Enfin qu'est-ce que c'est que cette histoire ? — Oui. Enfin la question se pose.
00:14:04 — Non mais la question se pose parce qu'on a laissé la question se poser. Donc on aura l'occasion d'en revenir.
00:14:12 — Je voudrais quand même terminer sur une autre anecdote que j'ai trouvée assez cocasse. J'ai été reçu par le grand moufti de Beyrouth,
00:14:23 qui est un clocher des musulmans sunnites. Donc vous savez qu'au Liban, cette répartition des pouvoirs depuis les Français...
00:14:32 Le président de la République est un chrétien maronite. Le Premier ministre est un premier ministre sunnite.
00:14:36 Et le président de l'Assemblée nationale est un musulman chiite. Malheureusement, les évolutions depuis lors...
00:14:42 — Démographiques. — Démographiques ont rendu cet équilibre qui était déjà fragile de plus en plus fragile.
00:14:49 Bref, j'ai été reçu par le grand moufti. Et on me dit... Les gens qui m'accompagnaient disaient :
00:14:54 « Vous savez, c'est quelqu'un de très très important. C'est un entretien de courtoisie. Enfin 10 minutes, quoi.
00:15:04 Bon. Je suis reçu par le grand moufti, qui est un homme que j'ai trouvé très très intelligent.
00:15:10 Et puis on a discuté le bout de gras, parce que... — En français.
00:15:16 — Alors je me rappelle, puis j'ai eu des entretiens en français. — Il y a beaucoup de sunnites francophones.
00:15:21 — Oui. Alors c'était peut-être en français. Oui. Je ne sais plus. — Je ne sais pas qu'il y ait maronite en français.
00:15:25 — Parce qu'on avait aussi des traducteurs. Mais je ne sais pas. On s'est passionnés l'un pour l'autre pour ce qu'on disait.
00:15:30 Voilà. Parce qu'il a vu... Enfin excusez-moi de m'envoyer des fleurs. Mais il a vu que je connaissais quand même bien le sujet,
00:15:36 que j'avais de quoi parler. — De quoi parler. Il y a de quoi parler.
00:15:40 — Et notamment, à un moment, on est entrés... Je vais parler justement de la laïcité, de la compatibilité de la laïcité avec l'islam.
00:15:47 J'ai cité un des passages du Coran que j'aime bien citer à cette occasion, dans la sourate d'Al-Bakara al-Havaj, le verset...
00:15:55 Je crois que c'est 256. « Laïk rahafidin ». Il faisait des yeux ronds, parce qu'il avait jamais vu un responsable politique français
00:16:03 qui lui donnait l'impression d'aussi bien connaître l'islam... Je suis pas musulman. Il le savait très bien. Mais d'y porter de l'attention.
00:16:15 — Ça l'a touché. — Ça l'a touché. Et puis il s'est dit quand même... Et d'ailleurs, il était d'accord...
00:16:20 Parce qu'à partir du moment où vous parlez aux gens avec le cœur, que vous leur portez de l'attention, que vous leur dites
00:16:25 « Moi, je ne suis pas musulman, mais je conçois que vous soyez musulman... » — « Et je m'intéresse à ça ».
00:16:31 — « ...et je m'intéresse à vous », franchement, ça change tout. Et il m'a raconté une anecdote. Alors elle va faire grincer certaines dents.
00:16:36 Enfin il a rigolé avec moi, parce qu'il m'a dit que Mme Le Pen était venue à Beyrouth et avait sollicité un entretien.
00:16:45 — Ah, le voile. — Voilà. Et donc quand elle avait voulu entrer, on lui avait demandé de mettre quelque chose sur la tête.
00:16:53 Bon. Et donc elle avait refusé d'entrer. Et elle avait fait un scandale. Et donc il a dit... Je crois que Mme Le Pen
00:17:02 ne connaît pas très bien nos usages. Et il était assez fin, parce qu'il m'a dit « Mais lorsqu'on voit le pape, une femme doit faire quoi ? ».
00:17:12 — Mentilles. — Moi, je sais que j'ai été avec ma femme au Vatican reçue par Jean Perrin quand je vous l'avais raconté.
00:17:20 À l'époque, on avait au quai d'Orsay des mentilles de fonction pour toutes les dames qui étaient reçues par le pape, une femme.
00:17:27 Alors j'ai vu que Brigitte Macron, maintenant, s'est dispensée de mettre une mentille. Enfin tout fou le camp, comme disait l'autre.
00:17:34 On a les femmes ne mettent plus de mentilles. Le pape n'est plus vraiment un pape. Il tient le discours de Klaus Schwab.
00:17:41 Enfin bon, on est dans un monde un peu particulier. Mais c'était quand même assez drôle, en fait. Parce qu'effectivement,
00:17:49 si Mme Le Pen va aller voir le pape, normalement, l'Isus est coutume, c'est que les femmes devant le Saint-Père doivent être
00:17:58 un petit... une petite mentille. — Vous avez raconté ça. Et vous nous avez dit à plusieurs reprises que de tous les candidats en 2017,
00:18:04 vous étiez certainement celui qui connaissait le plus de responsables à travers le monde.
00:18:09 — Alors il y avait peut-être François Fillon quand même, qui avait été Premier ministre. — Oui, peut-être. Oui. Il connaissait du monde.
00:18:15 — Quand même, il connaissait du monde. Mais peut-être pas... — Mais à part ça. — Mais peut-être pas comme moi.
00:18:20 Parce que j'ai quand même une particularité, je pense. C'est que j'ai beaucoup, beaucoup, beaucoup roulé ma bosse, comme on dirait.
00:18:28 — Et beaucoup lu. — Et beaucoup lu. Et roulé ma bosse dans des conditions... Moi, je suis allé au Yémen avec ma femme.
00:18:35 C'était avant la réunification. On a été pris dans une tempête de sable dans la plaine de la Tihama. C'est là, près de Mokka.
00:18:43 Mokka, c'est là que vient le café. Avec une tempête de sable, on s'est réfugiés. C'était quasiment biblique, comme ça.
00:18:51 On s'est réfugiés chez un couple qui avait – je sais pas – 25, 27 ans. Ils avaient déjà 2, 3 enfants. C'était dans une hutte en branchage.
00:19:01 C'étaient des gens incroyablement démunis. Et qu'est-ce qu'ils nous ont fait tout de suite ? Les dates, le café.
00:19:08 Enfin c'était le café. Et si vous voulez, il y a ça qu'on trouve... Bon, je veux pas jouer un peu les Marie Chantal.
00:19:18 Mais quand même, quand on voyage seul dans le monde, ou en couple, mais sans aucune organisation, on a parfois des rencontres...
00:19:26 — Vous aimez vous perdre un peu comme ça. — Comment ?
00:19:28 — Vous aimez un peu vous perdre dans... — Oui, oui, oui, oui. J'ai eu des...
00:19:31 — Vous avez parlé d'Amérique latine aussi. — Oui, j'ai eu des...
00:19:35 — Thaïlande. Vous avez parlé de tout ça. — Oui, oui. C'est vraiment quelque... Alors ça, je pense, par exemple...
00:19:40 — Le vrai voyage. — Oui. Et je pense que de ce point de vue-là, je suis un haut fonctionnaire atypique. Voilà.
00:19:48 Et même je suis atypique dans ma génération et même dans... Parce que les élites françaises, enfin ce qu'on appelle les élites,
00:19:56 eux, quand on leur parle de l'étranger, c'est les États-Unis, New York, la Calif... Moi, je suis allé à New York.
00:20:01 Je suis allé en Californie. Je suis allé aux îles Hawaii américaines. Je suis allé sur la côte Est. Je suis allé en Pennsylvanie.
00:20:11 Je suis allé à Philadelphie, Boston. Je suis allé à Chicago. Je connais pas tous les États-Unis, mais je connais... Bon.
00:20:19 C'est un pays où il y a des individualités qui sont des gens tout à fait charmants. Ça, c'est vrai.
00:20:25 C'est un pays où on trouve tout et son contraire. Il y a des endroits qui sont... Enfin j'ai des souvenirs qui datent un peu.
00:20:34 J'étais allé à Los Angeles et San Francisco quand j'étais à HEC. Quand je vois ce que paraît-il, c'est devenu San Francisco,
00:20:40 maintenant, qui est une espèce d'égout à ciel ouvert, c'est terrible. — C'est pas reluisant.
00:20:45 — Non, c'est pas reluisant. Mais allez, donc... — Non, mais les États-Unis sont en pleine décadence.
00:20:47 Les contemporains ne le savent pas. Et vous mettez le doigt, pardon de vous interrompre, François Asselineau.
00:20:52 C'est quelque chose d'important. Nos élites... Enfin nos oligarques, nos oligarchies sont polarisées sur les États-Unis
00:20:58 et s'enferment un peu dans l'univers atlantique au point de négliger le reste du monde. On le voit beaucoup aujourd'hui.
00:21:04 — Absolument. C'est-à-dire que... — Ils ne comprennent pas le basculement du monde.
00:21:08 La réunion des BRICS en août dernier, en août... en Afrique du Sud, en août 2023, pour eux, c'était un coup de tonnerre.
00:21:17 Et je ne sais pas s'ils intègrent ce que ça veut dire, le basculement du monde. La communauté internationale...
00:21:22 On a fait des grandes choses avec la communauté internationale. Ça n'est plus aujourd'hui que les États-Unis
00:21:27 et les quelques pays qui les suivent pour leur malheur le plus souvent, comme on le disait à propos du Japon.
00:21:32 La vraie communauté internationale, maintenant, qui regroupe des pays représentant plus de la majorité...
00:21:39 Enfin la majorité, une nette majorité de la population mondiale, une nette partie des sources d'énergie, d'approvisionnement,
00:21:47 c'est peut-être elle, notamment d'ailleurs dans le conflit du Proche-Orient – mais on en parlera plus tard si vous voulez –
00:21:52 qui est en train de prendre la main. Et nos élites parisiennes sont enfermées là-dedans.
00:21:56 On, par exemple, ignore tout à fait la francophonie, les ressources de la francophonie.
00:22:00 Il y a une francophonie, contrairement à ce qu'on répète sans cesse, très dynamique.
00:22:04 Les oligarques français restent fixés sur le voyage de New York, de Boston ou de Los Angeles,
00:22:09 et sur un univers qui se retrécit. — Ah mais ça, je suis...
00:22:13 — D'être d'accord là-dessus. Je pense que vous devriez être un des prophètes. — On est souvent d'accord sur beaucoup de choses.
00:22:16 Mais je suis mille fois d'accord. Moi, je l'ai vécu quand j'étais donc plus jeune.
00:22:22 — Ça a de grandes conséquences politiques, en politique étrangère.
00:22:26 — À la sortie de l'ENA, j'ambitionnais de sortir au Quai d'Orsay. Je crois que je vous l'avais expliqué.
00:22:33 Et il faut absolument présenter deux langues étrangères. Donc il y avait l'anglais, qui est une langue obligatoire.
00:22:38 Il y avait une option pour ceux qui voulaient éventuellement sortir au Quai d'Orsay. C'est une deuxième langue.
00:22:42 Et j'ai eu la coquetterie non pas de présenter l'allemand, qui est normalement ma deuxième langue naturelle, mais le japonais.
00:22:47 — Japonais. — Bon. Parce que j'avais appris sur place à parler un peu le japonais. Et j'ai eu un petit texte. J'ai réussi à déchiffrer.
00:22:55 J'ai réussi à faire une petite conversation en japonais avec les examinateurs. Je crois qu'on était 2 ou 3 à présenter.
00:23:03 Et ils m'ont mis... J'ai eu 4 sur 5. Et je crois qu'ils n'auraient jamais mis cette note. C'est quasiment la note dont je suis
00:23:11 le plus fier de toute ma scolarité à l'ENA. Mais ensuite, j'étais considéré avec ça...
00:23:17 — Comme bizarre. — Oui. C'était un peu... Voilà. Moi, je sais que quand je vais dans des pays étrangers, j'essaie toujours de comprendre.
00:23:24 Je suis allé au mariage il y a quelques années d'un ami qui se mariait en Algérie, en Kabylie. Et c'était moi qui lui lisais
00:23:34 des trucs en arabe. J'ai fait l'effort d'arriver à déchiffrer l'arabe. — Vous savez faire ça ?
00:23:41 — Il faut de l'effort. J'avoue que j'ai essayé de faire la même chose au Sri Lanka avec l'écriture singalaise.
00:23:51 — C'est épouvantable. — C'est assez épouvantable. C'est pas évident. Mais j'ai fait l'effort... Par exemple, au Japon,
00:23:58 je connaissais 350 caractères. Il en faut 1 800 pour lire un livre. Mais cet effort-là, c'est l'accès à un autre univers.
00:24:08 — Aux civilisations du monde, à la diversité de l'univers. — Et je peux vous assurer que dans ma scolarité, puis ensuite,
00:24:15 quand j'étais dans la haute administration, c'était considéré quasiment comme une espèce de superfluité,
00:24:22 une espèce de dandisme intellectuel que de connaître un peu les caractères chinois. C'est quand même incroyable.
00:24:29 C'est-à-dire qu'on est effectivement avec des élites françaises, une classe dirigeante française qui ne jure que par les États-Unis d'Amérique.
00:24:39 — Ou par un univers très rétréci. — Et un univers rétréci. — Alors nous, on nous accuse, souverainistes, que vous aimiez le mot ou pas,
00:24:45 ou les nationaux, d'être fermés. Alors nous sommes les frileux. Nous sommes fermés au reste du monde. C'est exactement l'inverse.
00:24:54 — C'est exactement l'inverse. — C'est ce que vous nous dites. — Vous savez, c'est le païen-parole de De Gaulle qui dit que
00:24:59 les grandes figures de l'histoire mondiale ont d'abord été des grandes figures de leur histoire nationale.
00:25:05 — Bien sûr. — De Gaulle était un homme quand même très cultivé, qui connaissait quand même très bien le monde entier aussi.
00:25:12 Et je pense que c'est vraiment ce qui manque. Je pense que quelqu'un comme ceux qui se sont succédés... Chirac connaissait bien.
00:25:19 Je vous l'ai peut-être déjà raconté. Voilà. Il connaissait. Il avait une large culture générale, notamment.
00:25:24 Il connaissait assez bien le monde. Je crois qu'il avait été tenté par être plus ou moins capitaine au long cours quand il était jeune.
00:25:29 — Oui. Il y a un côté grand larve chez Chirac. Mais qui est rare. — Voilà. Mais qui est rare.
00:25:34 — Pour d'autres, pas chez Hollande. — Non. — Même pas chez Macron, qui fait pourtant profession dans le monde.
00:25:39 — Non, non, non. Non, non. D'ailleurs, on voit bien qu'en ce moment, Macron, il est tricard de partout. Plus personne ne veut le voir.
00:25:45 Donc il se rattache. — Il a raté complètement sa invention internationale. Il est même pris pour un plouc.
00:25:49 — Mais oui. Donc il va chez qui veut bien le recevoir. Enfin c'est un peu... On a l'impression qu'il fait du mileage, vous savez,
00:25:55 pour avoir ensuite des billets gratis. Et puis on a eu... Et je n'aurais pas eu l'épargne H, s'il n'avait pas eu ça.
00:26:02 On a eu un événement fondateur qui a été le vote du Brexit, le référendum en 2006. De telle sorte qu'il y a l'avant et l'après.
00:26:11 C'est-à-dire quand on commençait à les chercher... J'avais quand même été... On avait été candidat aux élections régionales.
00:26:18 Il y en avait qui se rappelaient. « Ah oui, oui, c'est vrai. Vous avez été... ». Mais enfin on était considérés comme un micro-parti.
00:26:24 Et ils me disaient : « Mais qu'est-ce que vous proposez dans la sortie de l'UE ? ». « Ah oui, non, c'est pas du tout mes idées », etc.
00:26:29 Bon. On disait... Mais c'est pas parce que c'est pas... — Arrive le référendum anglais.
00:26:33 — À partir du moment du référendum... — Juin 2016. — Voilà. Il y a eu quand même... Ça a changé.
00:26:38 — 1 an avant l'élection. — Voilà. Il y a eu beaucoup de maires qui ont dit « Écoutez, je suis pas d'accord », ou « Franchement, c'est très exagéré ».
00:26:44 Mais là, ils étaient coincés. Écoutez, les Britanniques, depuis la Magna Carta 1215, c'est quand même le pays
00:26:52 qui a été en point de liberté publique en Europe. — Et ils continuent. — Et ils continuent. Voilà. Ils ont inventé l'Abbé Ascorpus.
00:27:01 Ils ont inventé les syndicats, les trade unions, auparavant la monarchie parlementaire. Ils ont été les seuls à résister à Hitler en 1940.
00:27:13 Et puis maintenant, ils sont les premiers à être... — Les seuls à résister à Hitler ? Ils ont failli tomber sous le charme, toute la douterie.
00:27:20 — Non mais ça, c'est encore une autre histoire. Enfin bon... — La bonne Angleterre et la mauvaise France, notamment.
00:27:24 — Oui, exactement. OK. — Ils étaient beaucoup plus prêts de basculer dans la nouvelle Europe. Bon, enfin, pas de...
00:27:30 — En attendant, entre juin 1940 et juin 1941, ils ont été le seul pays au monde en guerre avec Adolf Hitler. Voilà. Bon.
00:27:41 Toute l'Europe s'était rangée derrière l'Allemagne hitlérienne. Et les États-Unis fricotaient avec l'Allemagne hitlérienne. Bon.
00:27:49 Donc c'est comme ça que les choses se sont passées. Enfin bref. Donc tout ça... — Donc vous aimez l'Angleterre. Voilà.
00:27:55 — Non, non, non. Non, non. Enfin j'aime bien... Moi, je porte un intérêt sincère aux gens. Vraiment. Vraiment.
00:28:05 Je crois que c'était... Un jour, c'est ce que m'a dit Pasquale. Il m'a dit... Et ce qu'il y a de bien avec eux, c'est qu'en fait,
00:28:11 on voit que vous aimez les gens. Et il avait dit qu'on peut pas faire de politique si on aime pas un peu les gens.
00:28:17 — C'est ça. C'est ça. — Et vraiment, je porte... Quand je parlais tout à l'heure de l'islam, je pourrais vous parler pendant des heures
00:28:24 de l'hindouisme, du Japon, etc. — Vous l'avez fait. Vous l'avez fait. — On l'a fait un petit peu fin.
00:28:30 Mais parce que je porte de l'intérêt à autrui. Et c'est d'autant... Plus on porte d'intérêt à autrui... — Plus on en apprend.
00:28:40 — Plus on en apprend sur soi-même et sur... Pourquoi je suis devenu un amoureux de la France ? Parce que c'est mon pays,
00:28:47 parce que je vois que je suis le fruit de cette terre, de cette civilisation. — Et un parmi d'autres.
00:28:52 — Voilà. Et que... — Dans le monde. — Et que nous sommes différents. On a un vrai message, la France a porté.
00:28:59 Et là, je suis effaré de voir en fait la médiocrité ambiante de nos dirigeants, parce qu'ils pensent par exemple
00:29:06 qu'on est tous pareil avec les Américains. Non, non, non, pas du tout. — C'est ce que disait De Gaulle. « La France, nation parmi les nations du monde ».
00:29:11 C'est-à-dire à la conscience de l'altérité. — Voilà. — Une immense diaprure de civilisation qui constitue le monde
00:29:18 et qu'il faut connaître et aimer. Et aimer pour les connaître, justement, comme on le dit. — C'est exactement ça.
00:29:23 — C'est très beau. — Et en fait, c'est d'ailleurs ce qui me fascine. C'est que les européistes, en fait... — Ah pas du tout.
00:29:30 — ...ont un gros problème avec l'altérité. — Ah oui, oui, oui, pas du tout. — Quand on leur explique... Parce que ce que je dis là
00:29:35 du Japon, de l'Inde ou de l'Arabie saoudite ou je ne sais pas quoi, on peut dire la même chose de l'Allemagne.
00:29:43 Les Français ne connaissent pas l'Allemagne. Mais vraiment. D'abord, il y a très peu de Français qui parlent l'allemand.
00:29:50 Ceux qui parlent bien l'allemand, ce qui n'est pas bon cas, s'entendent encore plus rare. Or, vous savez qu'une langue maternelle
00:29:56 formate l'esprit. C'est très très important à comprendre. Donc on a des différences extraordinaires avec les Anglais, avec les Allemands.
00:30:06 Par exemple, c'est un truc comme la wow-culture et la question du genre. Vous savez que la France, enfin la langue française
00:30:14 comme les langues latines sont des langues extrêmement sexuées. C'est-à-dire il y a vraiment le masculin et le féminin.
00:30:20 C'est vraiment... — Les latins. — Voilà, les latins. Mais vous savez, on dit « un homme », « une femme ». Mais en anglais,
00:30:29 « a man », « a woman », c'est une langue non sexuée. — C'est vrai. — Sauf les avions et les bateaux qui sont féminins.
00:30:36 C'est une langue qu'on dit « a man », « a woman », « a boy », « a girl », etc. C'est incroyable. Et moi, j'ai tendance à rapprocher ça
00:30:46 de cette espèce de confusion des genres qui est substantielle à la langue anglaise. Maintenant, les Allemands.
00:30:55 Les Allemands, c'est encore autre chose, parce qu'ils ont 3 genres. Ils ont le neutre. — Das. — Bon. Et ils ont donc « der Mann »,
00:31:03 « die Frau », donc l'homme, la femme. Mais par exemple, une petite fille, c'est « das Mädchen », c'est-à-dire c'est le neutre.
00:31:10 C'est encore autre chose. Vous connaissez cette fameuse inversion extraordinaire. Il y a des philosophes qui se sont penchés là-dessus.
00:31:18 Nous, en France, on dit « le soleil et la lune », parce que ça nous paraît tellement évident. Le soleil, c'est la puissance, c'est le roi-soleil, etc.
00:31:28 La lune, c'est le cycle de 28 jours, c'est le truc variable. C'est quelque chose de mystérieux. C'est un peu les archétypes de l'homme
00:31:40 et de la femme, dans des grands archétypes mentaux. D'ailleurs, on retrouve exactement ce qu'on trouve dans la civilisation chinoise,
00:31:46 puisque le yin et le yang, en fait, la bonne traduction, c'est l'adret et l'ubak. C'est-à-dire l'adret, c'est la partie de la colline ensoleillée,
00:31:55 principe masculin pour les Chinois. Et l'ubak, c'est la partie de la colline qui reste toujours à l'angle, qui a orienté vers le nord, principe féminin.
00:32:03 Donc yin et yang, à l'origine, ce sont des termes d'agronomie dans la civilisation chinoise la plus ancienne. Mais en allemand,
00:32:11 on dit « die Sonne », la soleil, et « der Mondt », le lune. Alors il y a des gens qui ont glosé là-dessus sur cette espèce d'assurance,
00:32:23 d'attirance trouble parfois du peuple allemand pour des espèces de forces – comment dirais-je – telluriques, inquiétantes.
00:32:32 On pense éventuellement même à certains bouchons assez loin en y voyant des cérémonies nazies, des trucs comme ça.
00:32:40 C'est une espèce de fascination pour... — Oui, la vieille fantasmagorie allemande remise au goût du jour par Wagner.
00:32:49 — C'est intéressant, franchement. — Oui, la question des langues est passionnante. Et alors justement, ce que vous dites
00:32:54 rejoint une de mes préoccupations. Non seulement les Européens ne se connaissent pas si bien entre eux. La preuve, c'est qu'ils parlent
00:33:02 tous en anglais, dans un anglais absolument ridicule, au point que dans des conversations... — C'est du globisch.
00:33:07 — Au point que dans des conversations, vous savez, quand chacun parle anglais à sa manière, les Allemands à la manière allemande,
00:33:15 les Italiens à la manière italienne, les Polonais à la manière... Le taux de compréhension de la Réunion, ça flotte entre 10% et 30%.
00:33:22 On comprend pas tout ce qui se passe. Bon. Mais ça, c'est l'ignorance même des européistes pour l'Europe et pire encore du reste du monde.
00:33:33 Et nos élites, là, elles ignorent tout. Je reviens à mon dada de la francophonie. Ça serait un magnifique atout, la francophonie.
00:33:41 Et je sais que vous aimez l'invoquer. Et vous avez raison. Rare en cela parmi vos pairs. Il y a des ressources... D'ailleurs, ça permet à la France
00:33:50 de pas s'enfermer dans l'Occident. Il y a des ressources dans la francophonie qui va pas si mal. On dit que la francophonie, c'est foutu pas du tout.
00:33:58 En Afrique, ne serait-ce que par la croissance démographique, mais aussi la croissance économique, qui est supérieure à l'Afrique francophone,
00:34:06 parce qu'elle est en Afrique anglophone. Il y a de grandes métropoles dynamiques françaises où on parle français en tous les cas.
00:34:15 Il n'y a pas que le Québec. Il y a aussi l'Afrique. Il y a aussi l'Afrique du Nord. Il y a aussi... Bon, vous parliez du Liban,
00:34:24 qui est en mauvais état actuellement. Mais la francophonie ne se porte pas mal. Mais elle est ignorée des Français.
00:34:29 Alors elle est ignorée pour – je crois – 2, 3 choses. D'abord parce qu'elle a été un petit peu trop captée – me semble-t-il –
00:34:41 par des gens qui voulaient être trop puristes sur la langue française. Voilà. C'est-à-dire les gens... Voilà.
00:34:48 C'est pas moi qui... Moi, j'aime bien utiliser l'imparfait du subjonctif de temps en temps. Mais bon. Parfois, la francophonie a été captée
00:34:57 par des gens qui jouaient un petit peu les pertes à la dure, les maîtres d'école. Là, il faut pas...
00:35:01 — Le purisme. — Il faut pas que le bon français soit trop puriste. Je suis pas sûr que ça attire beaucoup les gens.
00:35:06 Mais fondamentalement, c'est parce qu'on a appris aux Français à se détester. C'est une espèce de... On parle toujours en France
00:35:15 d'antisémitisme, d'islamophobie, de... Je sais pas quoi, d'homophobie, etc. Mais la vérité, c'est d'abord la francophobie qu'il y a en France.
00:35:25 Nous sommes dirigés par des gens... — Mais tout ce qui nous ressemble, nous en éloignons.
00:35:28 — Voilà. Je crois pas qu'on trouve facilement dans d'autres langues l'équivalent de l'adjectif « franchouillard », par exemple.
00:35:35 — Vous l'aviez dit. — Je l'avais déjà dit. Donc je trouve qu'il y a fondamentalement l'idée que la France, c'est un truc complètement...
00:35:44 Voilà, passé de mode, etc., ce qui est complètement faux. Et on arrive à ce paradoxe que c'est en France que l'on...
00:35:54 Que l'on torpille la langue française. Au moment... Rappelez-vous, il y a une dizaine d'années, il y avait eu la loi Fioraso,
00:36:01 du nom de Mme Fioraso, qui était... — Ah, l'Université.
00:36:03 — L'Université, qui avait fait en sorte que l'on puisse avoir des cours et des scolarités en France en langues étrangères.
00:36:12 — Mais Mme Pécresse y était entendue comme précédente à l'Université de Fillon.
00:36:17 — Voilà. Ce qui est contraire au principe... — Autorisant des cours en anglais.
00:36:21 — Alors moi, je trouve... — Ce qui est forant par exemple à Sciences Po.
00:36:24 — Oui. Mais maintenant, ce qui est délirant, c'est que je suis tout à fait favorable à l'ouverture sur l'étranger.
00:36:30 C'est pas à moi qu'il faut le dire. Bon. Je serais favorable personnellement à ce que dans les écoles de la République,
00:36:37 on apprenne non seulement l'anglais, l'allemand, mais aussi le russe, le chinois, l'hindi, l'espagnol,
00:36:45 enfin des grandes langues du monde. Actuellement, je crois qu'il y a moins de Français qui apprennent la langue chinoise,
00:36:53 le mandarin, que le breton. — Que de Chinois qui apprennent le français. Ah, que le breton.
00:36:59 Il y a beaucoup de Chinois qui apprennent le français, ne serait-ce que pour faire du commerce avec la République, si vous savez ça.
00:37:03 — Bien sûr. Bien sûr. Ça veut dire que c'est des membres, quand on y réfléchit. Bon. — C'est l'enfermement.
00:37:08 — L'enfermement. — Dans un univers qui est même pas la France, puisqu'il est détesté, cet univers, par la plupart des...
00:37:15 — Au moment de la loi Fioraso... — ...dont le cadre est connu et méprisé.
00:37:18 — Au moment de la loi Fioraso, on avait pris parti contre la loi Fioraso. Et je me rappelle, j'avais été invité sur Canal 23,
00:37:25 une chaîne de télévision – je sais pas s'il existe encore – à un débat où il y avait eu – je sais plus qui – du journal Le Monde.
00:37:35 Il y avait une représentante de – je sais pas quoi – du NPA. Il y avait eu le président de l'université de Toulouse 3, etc.
00:37:45 Et puis il y avait moi et il y avait Calix Béala, qui est une romancière camerounaise. Bon.
00:37:53 Et jusqu'à ce qu'elle prenne la parole, j'étais le seul à partir en guerre contre cette loi, en disant que c'était tout à fait scandaleux.
00:38:02 C'était que moi, j'étais pour l'enseignement des langues. Mais ce qui se passe en ce moment, c'est plus l'enseignement des langues.
00:38:08 Par exemple, à l'IOP de Paris, vous avez la possibilité d'avoir des cours... Je me demande même si ça n'est pas obligatoire.
00:38:13 D'ailleurs, tous les cours dans tous les sujets... — Ah oui, c'est obligatoire. Il y a des sujets sur lesquels c'est obligatoire.
00:38:19 Mais même dans les universités, c'est encore pire. — Donc ça, c'est quand même scandaleux. C'est d'autant plus scandaleux que c'est bête,
00:38:24 puisque justement, il faut protéger la diversité des espèces animales, il faut protéger la diversité des grandes langues du monde,
00:38:34 parce qu'une langue, comme je le disais tout à l'heure, ne véhicule pas la même vision des choses. Et il y a peut-être une particularité
00:38:44 à la langue française qu'on a eu beaucoup de scientifiques. — Vous savez ce que je disais. Oui, alors la question de la francophonie scientifique...
00:38:49 Pardon, je vous coupe simplement pour glisser une information. Alors en France, ce que vous dites, Dumézil, le grand Dumézil,
00:38:59 au moment où il mourait, aux alentours de 2000, a dit qu'il y a 2 fois moins de langues dans le monde qu'en 1900.
00:39:08 C'est-à-dire qu'en un siècle, la moitié des langues vont disparaître. Et je pense que beaucoup de langues vont disparaître,
00:39:12 ne serait-ce qu'à cause des machines. À partir du moment où elles n'ont pas la terminologie, où elles n'ont pas un bassin d'utilisateurs suffisamment nombreux
00:39:23 pour que ne serait-ce que les claviers reprennent leur code, elles risquent de disparaître. Il y a un six-tiers des langues.
00:39:30 — Oui, je sais. Et donc je termine mon propos. Je fais ça... Bien sûr, il y avait la représentante du NPA qui me jetait des regards furibles.
00:39:40 — Oui, alors Calix. — Et puis il y avait le président de l'université de Toulouse III qui me disait que c'était formidable.
00:39:45 En gros, j'étais à ringard et tout. Et puis d'un seul coup, il y a la romancière africaine Calix Veïra qui a pris la parole.
00:39:54 Après que je le retrouve, c'était avec... Je sais plus comment il s'appelait, ce journaliste, qui a pris la parole et qui s'adressait
00:40:02 à tous mes contradicteurs en disant « Vous êtes des traîtres ». « Vous êtes des traîtres à votre propre langue, à votre propre identité ».
00:40:12 Il faut aujourd'hui... C'est malheureusement un cas assez classique dans l'histoire de France, d'ailleurs, où il faut que...
00:40:20 La France est défendue par des gens de l'extérieur plus que par les Français eux-mêmes.
00:40:26 Lors d'un sommet francophone, j'ai entendu – je crois que c'était un béninois – dire « Nous ferons la francophonie sans la France. »
00:40:32 Il le faut, et même contre elle. — Oui. On en est là. On en est là. Ça montre le degré de détestation de soi, d'abaissement d'une toute catégorie...
00:40:44 — Il y a un point – pardon – sur lequel je serais pas d'accord avec vous sur le purisme. Certes, il y a un excès puriste.
00:40:50 Mais grâce à l'Académie française – et d'ailleurs pas si mauvais que l'Académie française est comme perpétuelle, hein, libanais, justement...
00:40:57 — C'est nouveau, oui. — On vous montre la dimension depuis quelques semaines. Mais à l'ouf. La langue française a gardé un peu d'unité,
00:41:05 même une notable unité, alors que l'anglais, par exemple, part dans tous les sens, et évolue tellement même en Angleterre que j'ai appris ça...
00:41:16 J'étais stupéfait. Est-ce que vous savez ça, François Asselineau ? Pour ceux, les étudiants qui s'intéressent à Churchill, au discours de Churchill,
00:41:24 il faut le traduire en anglais moderne. L'anglais de Churchill n'est plus compréhensible. Celui de Meredith au début du siècle,
00:41:30 c'est le Proust anglais 1900-1910, est totalement inconnu, illisible, comme pour nous rabeler, si vous voulez. Et il faut le traduire en anglais moderne.
00:41:39 C'est-à-dire que grâce au purisme, malgré tout, il y a une espèce de... C'est l'académisme. Une constance dans la langue et une universalité protégée
00:41:48 parce qu'elle ne part pas dans tous les sens, comprenons. — Je me suis peut-être mal exprimé. Je voulais dire qu'au quotidien,
00:41:57 souvent, trop souvent, j'ai vu des défenseurs de la langue française qui se battaient sur des points-virgules, sur des choses comme ça.
00:42:05 Ce que je voudrais surtout insister, c'est que la langue française, comme vous l'avez dit et comme je suis d'accord tout à fait, est une langue d'avenir.
00:42:15 C'est une langue qu'il faut absolument protéger, défendre et promouvoir, parce que nous ne sommes pas la même chose,
00:42:22 c'est pas la même vision du monde que les anglo-saxons. C'est vraiment fondamental.
00:42:26 — Et que la France a été faite par la langue, beaucoup. — Voilà. Exactement. — Ça a été un autre sacré. Outre la catholicité,
00:42:31 il y a eu l'autre sacré, un sacré laïc. Par exemple, les académiciens, on les appelle les immortels. Ça vous a pas frappé, ça ?
00:42:37 — Oui, oui. — Comme s'il y avait une sacralité de la langue. — Oui, c'est parce que dès qu'il y en a un qui meurt, il est renouvelé.
00:42:43 — Oui. Et puis ça veut dire aussi que parce qu'on possède la maîtrise de la langue, on atteint une sorte d'immortalité.
00:42:48 D'ailleurs, là, je plaiderais même pour le point-virgule. — Ah, mais moi, j'adore le point-virgule.
00:42:52 — Vous savez ce que dit le grand écrivain Gabriel Mazef, qui est très poursuivi actuellement. Au bord du désespoir, je m'accrocherai toujours
00:43:00 au point-virgule. Je défendrais beaucoup le point-virgule, je dois dire. Et les particularités de la langue, les sinuosités de la langue,
00:43:07 les difficultés de la langue font partie d'une gymnastique de l'esprit qui est tout à notre honneur, à mon avis.
00:43:12 — Je suis absolument convaincu que c'est une des chances formidables de la France de pouvoir peser dans le monde de demain.
00:43:19 C'est tellement vrai que depuis déjà plus de 10 ans, j'avais proposé que la France sortant de l'UE se retrouve évidemment
00:43:29 avec le parlement de Strasbourg, qui ne sert plus à rien. Bon. D'ailleurs, c'est ce que souhaitent tous les autres pays.
00:43:37 Ils veulent que tout le parlement soit rallié à Bruxelles. Donc on dirait... Ben voilà.
00:43:40 — Et on a un beau parlement neuf, enfin qui a 15 ans. — Oui. Et qui... Voilà. Je dirais comme ça parce qu'on paye d'ailleurs
00:43:46 des sommes phénoménales pour payer les billets d'avion des Chypriotes pour venir à Strasbourg. Enfin...
00:43:50 — Vous en parlez pas. — Et j'avais proposé dans le même mouvement que la France, qui abrite l'UNESCO, qui est donc la filiale...
00:43:58 Enfin la filiale... C'est dans le système de l'ONU, l'Association pour l'éducation, les sciences et la culture, qui est située à Paris
00:44:06 dans un bâtiment qui a été construit à la fin des années 50, au tournoi des années 60, qui a été construit pour à peu près
00:44:13 une cinquantaine de pays, comme il y avait à l'époque l'UNESCO. — Il y en a près de 200, hein.
00:44:17 — Non, un peu moins qu'à l'ONU. Parce qu'aux États-Unis, il y en a 153, 155. Ça craque de partout. C'est place de Fontenoy.
00:44:24 Et donc j'avais proposé... C'est pas nouveau. Dans mon programme, ça fait 10 ans que j'ai proposé ça. C'est qu'on propose
00:44:30 aux États membres de l'ONU, de l'UNESCO, de transférer l'UNESCO à Strasbourg. Strasbourg qui deviendrait d'ailleurs
00:44:42 au passage la capitale de la Concorde des civilisations, parce que je suis contre le choc des civilisations,
00:44:50 la Concorde des civilisations entre le monde latin et le monde germanique. Et là, on a un bâtiment qui est beaucoup
00:44:59 beaucoup beaucoup beaucoup plus grand qu'à Paris et où on aurait là d'un seul coup quelque chose qui donnerait
00:45:04 un rayonnement extraordinaire. D'ailleurs, à la ville de Strasbourg, parce que je sais qu'il y a des gens...
00:45:07 — Je ferais plaisir au Strasbourg. — Mais oui. Mais ça ferait... Et j'avais prévu... C'était une espèce d'opération tiroir,
00:45:14 comme on dit en immobilier. — Place de Fontenoy.
00:45:15 — Voilà. Que le place de Fontenoy, on revivifie ce qu'avait été la volonté de Charles de Gaulle d'avoir la communauté
00:45:23 des États francophones, et où on est cette fois-ci un parlement de la francophonie, où la France ne serait plus
00:45:31 la puissance coloniale mais serait un des pays membres de la francophonie. Et dans ce parlement, avec... Là, ça conviendrait très bien,
00:45:39 une quarantaine d'États. C'est parfaitement... — 150 États.
00:45:42 — 150 États. C'est à peu près. Oui, enfin... Bon. Quand on entre dans l'État... — Un peu trop.
00:45:47 — Oui, il y en a un peu trop. Voilà. Il y a eu une tendance un peu du temps de Chirac.
00:45:51 — Je suis bien d'accord. La férocité est un peu trop. — Voilà. Quand je vois que le Qatar est dans la francophonie...
00:45:54 — Moi, je suis pas d'accord avec ça. — C'est vrai, c'est vrai. — Avoir de l'autorité, c'est aussi savoir dire non.
00:46:01 Et moi, j'estime que personnellement, on devrait dire non à un pays comme le Qatar, qui n'a rien à faire
00:46:06 dans la francophonie. — Et alors avec à la clé une reconversion des aides à la coopération, dont les 2/3 vont à des pays européens.
00:46:12 — Voilà. — Je n'ose pas citer le nom. — Mais tout se tient, si vous voulez.
00:46:15 — Et qui dégarnit l'Afrique. — Oui. Et tout se tient, parce que...
00:46:19 — Dans le Nouveau conservateur... Pardon de faire un petit passage publicitaire. Dans le Nouveau conservateur n°12 du mois de décembre,
00:46:26 vous avez un très bel article d'Elias Zouhari – je crois que nous le connaissons l'un à l'autre – qui montre l'évolution,
00:46:32 la diminution des crédits accordés à l'Afrique parallèlement à une augmentation des crédits de coopération accordés
00:46:38 à d'autres pays européens. Ça aussi, c'est de l'enfermement dans l'Europe. — C'est non seulement de l'enfermement.
00:46:43 — Ça fait 16 ans et demi que je dis que c'est une injustice incroyable. — C'est ça.
00:46:47 — Et à partir du moment où on revient sur un pied d'égalité... — C'est ce que je disais tout à l'heure.
00:46:53 — Oui. Et on s'intéresse aux autres d'une façon sincère, honnête, et où on s'aperçoit qu'en effet,
00:47:04 il y a énormément de choses à développer, de choses à faire, et qu'on a beaucoup beaucoup plus d'affinités
00:47:10 avec des pays qui sont en plein développement mine de rien, comme nous en savons, des pays d'Afrique, le Sénégal.
00:47:16 Il a des taux de croissance très impressionnants, ou d'autres pays d'Afrique. — Côte d'Ivoire.
00:47:20 — Comment ? — Côte d'Ivoire. — Côte d'Ivoire, etc. Donc il faut qu'on change ce regard paternaliste, etc.
00:47:27 Et puis aussi, comme vous l'avez dit... Enfin c'est ce que je dis moi-même depuis des années.
00:47:33 La France se renferme dans un petit monde en train de se rétrécir, de se recroqueviller. Sous la houlette des États-Unis,
00:47:41 ce sont les pays qui en fait n'ont plus de ressources en hydrocarbures. Et donc au lieu d'être en bon terme...
00:47:53 — Avec des pouvoirs d'énergie, il est bien sûr que l'énergie, c'est la déterminante.
00:47:56 — Avec des pouvoirs d'énergie, la politique arabe de De Gaulle, une politique intelligente vis-à-vis de la Chine, de la Russie, etc.,
00:48:03 on se met derrière une puissance, un groupe d'États qui n'ont plus de ressources, en fait. Donc inéluctablement,
00:48:13 nous serons amenés soit à la dégringolade économique, soit à des guerres d'appropriation, des guerres de rapides sur autrui.
00:48:23 — J'ai deux questions. J'ai deux questions importantes l'une et l'autre. Bravo pour dire ce que vous dites,
00:48:29 qui... Moi, je bois du petit lait. Il y avait autour de cette table, devant cette même table il y a quelques jours, ici,
00:48:34 Louis Leflore-Prigent, qui a fait un papier dans Le Nouveau Conservateur, toujours lui, au mois de décembre,
00:48:41 sur la question que serait l'Afrique sans la France et la France sans l'Afrique. Il est tout à fait dans vos conceptions.
00:48:46 — C'est un bel esprit. — Magnifique esprit. — Il était venu à l'université...
00:48:49 — Un des plus grands patrons français. Parce qu'il faut pas croire que les patrons ne sont pas au courant de l'évolution du monde.
00:48:53 — Bien sûr. — Il y a une espèce de mépris pour les patrons. Alors certains sont...
00:48:57 — Mais lui, ça donne très un... — Mais eux, ils voient le monde... Les patrons de Total, par exemple...
00:49:02 Je repars incidemment, parce qu'on veut du mal à Total, alors que c'est un de nos plus grands florons. C'est effrayant. La destruction.
00:49:10 — Mais il y a des gens derrière. Il y a des structures derrière. — Oui, je sais. Il faut le dire, ça.
00:49:13 — Eh bien je le dis. — Alors la question. Je reviens... — Je vais dire. Dans le golfe de Martaban, vous savez où c'est ?
00:49:19 — Non. — C'est au sud de la Birmanie. Enfin le Myanmar, maintenant. — Ah.
00:49:23 — Total avait des permis d'exploration. — Ils ont été persécutés, oui.
00:49:27 — Ils ont été persécutés par Greenpeace, par ci, par ça, par les associations de défense des droits de l'homme au Myanmar.
00:49:33 En fait, c'était financé par les grandes majors américaines. — Contre Total.
00:49:37 — Contre Total. Ils s'en foutent complètement des droits de l'homme. Les droits de l'homme, il faut voir ce que c'est.
00:49:42 Les droits de l'homme au Bahreïn ou... — Ou en Érythrée. — Oui, ou en Arabie saoudite. Les Américains s'en foutent.
00:49:48 Non. Ce qui leur plaît pas, c'est quand en effet, il y a des sociétés françaises qui leur damnent le pion.
00:49:54 Et là, vous avez des entreprises de délivrement par des sous. — Mais relayées par des Français. C'est ça qui est effrayant.
00:50:01 — Oui. Bien sûr, bien sûr. — Le patron de Total en souffre beaucoup, de ça. — Bien sûr.
00:50:05 — Alors pourquoi, sachant ce que vous dites, qui peut rencontrer – je crois – beaucoup d'espérance chez les Français,
00:50:16 finalement, ils demandent qu'à cela, par exemple, à utiliser aussi – on peut en parler, mais on l'a déjà fait un peu –
00:50:23 la carte ultramarine française, c'est-à-dire notre domaine maritime, qui est un énorme cas pour la France dans l'avenir.
00:50:30 Pourquoi ces questions n'arrivent jamais dans les débats, et notamment dans le débat présidentiel ?
00:50:34 C'est le moment où jamais d'apporter ces grandes questions d'orientation générale pour la France dans le XXIe siècle.
00:50:40 Pourquoi ? Parce que les journalistes ne vous posent pas la question, parce qu'il est impossible d'imposer dans le débat
00:50:45 des nouveaux sujets. Qu'est-ce qui se passe pour que ce soit occulté, tout ça ?
00:50:49 — Parce que fondamentalement, je pense qu'il y a une contradiction insurmontable entre la francophonie et la construction européenne,
00:51:00 parce qu'on ne peut pas vouloir des priorités contradictoires, en fait. Il est là, le problème.
00:51:06 Et si vous êtes pour la francophonie, si vous développez cette vision du monde qui est la nôtre,
00:51:13 c'est-à-dire que la France, elle doit d'abord défendre les pays qui partagent la même langue qu'elle,
00:51:19 parce qu'ils ont quand même d'une certaine façon un peu une même vision du monde. Ils ont aussi une histoire,
00:51:25 une historique. Ils ont des choses comme ça. Si on doit donner l'argent que l'on donne plutôt que de le donner aux Pays-Bas,
00:51:33 ou à la Bulgarie, etc., qui sont encore une fois des pays qui sont déjà développés, pour ne pas parler de l'Ukraine,
00:51:41 où on va donner des milliards, pour ne pas parler d'ailleurs des 7 États que Mme von der Leyen veut faire entrer...
00:51:46 M. Macron est d'accord. C'est-à-dire le Kosovo, l'Albanie, la Géorgie, le Monténégro, etc.
00:51:53 Les Français ne sont absolument pas concernés. Simplement, tous ces États veulent entrer dans l'UE.
00:52:00 Vous savez, je crois que vous l'avez pas déjà dit. C'était comme la Calas quand elle s'était mariée avec Onassis,
00:52:06 quand on lui disait « Mais pourquoi vous mariez, vous, si jeune, si belle, avec ce vieux barbon d'Aristotho-Nazis qui était un milliardaire grec ? ».
00:52:14 Et elle avait répondu d'une façon majestueuse « Je me marie avec lui parce qu'il est beau comme Crésus ». Voilà.
00:52:21 Voilà. C'est-à-dire qu'en fait, ils s'en fichent éperdument. Les pays de l'Est qui veulent entrer dans l'UE,
00:52:25 ils s'en fichent des grands propos sur l'Europe. Ils veulent l'argent. Mais nous, cet argent-là, d'abord, on devrait d'abord et avant tout
00:52:32 le consacrer à la France, parce qu'en France, il y a énormément de travaux qui sont laissés de côté. Mais le reste, le réorienter.
00:52:39 Et ça ne serait que justice vers ces pays qui permettent d'avoir une autre vision du monde. Donc il y a contradiction.
00:52:46 De la même façon qu'il y a une contradiction insurmontable en matière de diplomatie, je vois qu'on a dans le traité de Maastricht
00:52:55 le deuxième pilier politique étrangère de sécurité commune, la PESC. Voilà. Qui est devenue ensuite la PESD,
00:53:04 la politique étrangère de sécurité de défense, avec les traités ultérieurs. Bon. On a vocation à avoir la même politique étrangère.
00:53:14 On a même un GUS qui se trouve être d'ailleurs M. Borrell, cet Espagnol qui fait quand même... Enfin « Brel », je veux pas être...
00:53:23 Enfin bon, bref. M. Borrell, il est le haut représentant à la politique étrangère. Donc normalement, si les peuples d'Europe,
00:53:34 si les pays d'Europe, si les dirigeants européens étaient conséquents, cohérents avec leur propre...
00:53:39 Ils devraient décider de fermer boutique. Pourquoi est-ce qu'il y a encore un ministère français des affaires étrangères,
00:53:45 un ministère allemand ? Pourquoi est-ce qu'on a des ambassadeurs...
00:53:47 — S'il vous plaît, il y a des ambassadeurs de l'Union européenne dans la plupart des grands pays.
00:53:52 — Voilà. Donc en fait, ça veut dire quoi ? — Et l'ambassadeur de France, au lieu de tout ça, il sait pas ce qu'il veut faire.
00:53:56 — Mais bien sûr. Mais bien sûr. Ça veut dire quoi ? Ça veut dire que nous avons des dirigeants qui ne savent pas ce qu'ils veulent
00:54:03 et qui ne veulent pas ce qu'ils savent, comme disait De Gaulle. On peut pas à la fois courir un lièvre à un autre, un autre, un autre,
00:54:09 et qui sont complètement contradictoires. Si on veut vraiment avoir une souveraineté européenne comme dit Macron,
00:54:15 alors il devrait proposer un grand saut, comme on nous dirait. On supprime tous les ministères des affaires étrangères.
00:54:22 — Il y a un corps diplomatique unique. — Voilà. Voilà. — Mais il a commencé par détruire le corps diplomatique français, le signal.
00:54:27 Et le pire, c'est qu'on aurait beau avoir un système diplomatique commun, on n'aurait aucune politique commune.
00:54:34 C'est la bonne vieille phrase de Philippe de Saint-Robert. L'Europe ne peut parler d'une seule voix que pour ne rien dire,
00:54:39 puisqu'on n'est pas d'accord. C'est la neutralisation de tous les pays européens. — On l'a vu, notamment encore très récemment...
00:54:45 — Et on l'a vu récemment sur la Palestine. — ...sur la Palestine, parce qu'il y a eu 2 votes demandant une trêve humanitaire.
00:54:50 Il y a eu un premier vote au Conseil de sécurité où 4 pays s'y sont opposés, les États-Unis, le Royaume-Uni, la France,
00:54:57 qui ont tous les trois utilisé leur veto, plus le Japon. Donc ce qui est quand même très très choquant,
00:55:03 au motif qu'il n'était pas question du Hamas dans cette histoire. Et puis il y a eu un deuxième vote à l'Assemblée générale des Nations unies,
00:55:10 donc cette fois-ci devant la plénière. Et là, il y a donc les 27 États de l'UE qui se sont exprimés. Là, on a vu quoi ?
00:55:18 On a vu 4 États qui ont voté contre cette trêve humanitaire, dont d'ailleurs... 4 États parmi les 27, hein, parce qu'on a vu quoi ?
00:55:27 Au niveau mondial, on a vu les États-Unis, Israël, qui ont voté contre la trêve humanitaire, toute une série de micro-États
00:55:33 du Pacifique sud, les îles Marshall, Nauru, etc., qui sont financés en fait par les États-Unis, donc qui ont fait pression
00:55:42 pour qu'il en soit ainsi. Donc il y a dû y avoir une quinzaine de pays dans le monde qui ont voté contre la trêve humanitaire.
00:55:48 Mais pour ce qui concerne l'Europe, sur les 27, il y a eu 4 États qui ont voté contre, dont d'ailleurs la Hongrie de M. Orba,
00:55:56 dont la politique, la diplomatie est quand même à regarder d'un peu près. Il y en a 15 qui se sont abstenus, dont d'ailleurs la Lagragne.
00:56:05 Et il y en a 8 qui ont voté pour la trêve humanitaire, dont au miracle, la France, avec la Belgique, avec un certain nombre d'autres.
00:56:13 — La dispersion totale. — Voilà. Alors ça veut dire au passage que la France elle-même, elle s'en va pas. C'est-à-dire que...
00:56:18 — C'est contre Macron. — Enfin ça, c'est Macron. Il sait même pas ce qu'il veut. Bon. On est les oseaux.
00:56:23 Mais ça veut dire en tout cas que sur les 27, vous voyez que c'était... — Pas du tout. L'Europe peut parler d'une seule voix.
00:56:30 — Écoutez, je renvoie aux gens qui s'intéressent à ça. J'ai fait une vidéo qui a 16 ans qui s'appelle « Qui gouverne la France ? »,
00:56:36 et où j'ai montré que la quintessence pour comprendre le piège conçu par les Américains après la Seconde Guerre mondiale
00:56:45 de la construction européenne, c'est un des 36 stratagèmes de l'art chinois de la guerre, qui est ce qu'on appelle le stratagème des chênes.
00:56:53 Voilà. C'est-à-dire que plus vous avez d'État aux intérêts opposés, que vous mettez dans un truc en disant...
00:56:59 — C'est notre allure. — Rappelez-nous quand vous serez d'accord sur tout. Ça fait 66 ans après le traité de Rome. On est toujours au même point.
00:57:07 — Il y a encore pas mal de points à traiter. Et important, vous avez cité Alfred Sovi, François Asselineau, tout à l'heure.
00:57:14 Je peux témoigner parce que je l'ai entendu... Je l'ai rencontré qu'une seule fois me le dire. Enfin le dire lors d'un repas
00:57:19 avec une dizaine de personnes sur la francophonie, justement. Et il a écrit « Le XXIe siècle... » Nous étions vers 1985-1990.
00:57:28 « Le XXIe siècle sera un siècle de grandes migrations, de grandes invasions. » Je pense qu'il a dit « invasion » plutôt que « migration »
00:57:37 parce que ça m'avait choqué un peu. Et est-ce que nous n'y sommes pas ? — Alors oui, en partie. En partie.
00:57:47 — Parce que la francophonie... Pardon. Il y a un autre volet dans ma question. Après, je vous laisse répondre sur les deux côtés.
00:57:52 La francophonie peut passer aux yeux de bien des Français pour une accélération de l'immigration en provenance de pays africains.
00:58:01 Alors que c'est... À mon avis, c'est différent. Plus on aura de relations, y compris financières, avec des pays francophones,
00:58:08 plus on aura barre. En tous les cas, on pourra dialoguer pour reprendre leurs nationaux, pour les empêcher de les lâcher dans la nature vers le nord.
00:58:18 Et c'est plutôt l'inverse. La francophonie est une arme contre l'immigration. — Alors... — Il y a deux aspects.
00:58:23 — Oui. Il y a deux aspects des choses. D'abord, l'avenir, il sera de ce qu'on en fera. Deuxièmement, il y a des tendances lourdes.
00:58:31 Et vous savez que parmi les faits porteurs d'avenir, la question démographique arrive... C'est la seule science dure qui permet de prévoir l'avenir
00:58:40 de façon très très fiable à l'horizon de 5 ans. Et puis c'est un peu comme les phares dans une route avec du brouillard.
00:58:46 À l'horizon de 20 ans, 30 ans, ça dépend des hypothèses sur le taux de nuptialité, le taux de fécondité, le taux de mortalité, etc., etc.
00:58:54 Donc il y a des hypothèses différentes. Ce qui est sûr – on en parlait tout à l'heure –, c'est que depuis que l'homme est sur Terre,
00:59:04 lorsque vous avez des zones avec une très forte croissance démographique et des zones pauvres, qui d'ailleurs l'un va avec l'autre,
00:59:12 parce que la pauvreté s'accompagne d'une forte fécondité, puis quand ces pays entrent dans le processus du développement,
00:59:19 absolument partout, dans toutes les civilisations, sur tous les continents, le développement économique fait chuter le taux de fécondité. Voilà.
00:59:26 Et lorsque vous avez ces zones-là qui sont confrontées ou vont face aux pays qui, eux, sont en déclin démographique,
00:59:36 il y a des phénomènes... Voilà. C'est comme les hautes pressions et les basses pressions en matière de météorologie.
00:59:43 Bon. Donc il y a des pressions micro-électroïdes qui sont considérables, qui viennent des pays du Sud. Ça, c'est tout à fait exact.
00:59:51 Moi, je suis de ceux qui pensent qu'il faut essayer de ralentir, même de canaliser ce mouvement.
00:59:59 Et ça n'est pas avec des rodomontades, avec des procès, avec des choses qui font peur à tout le monde, que l'on y arrivera.
01:00:10 On y arrivera d'abord et avant tout – je l'ai dit tout à l'heure – il faut que les pays du Sud se développent. Mais vraiment,
01:00:16 il faut que l'on considère que parmi les grandes causes nationales...
01:00:20 — Mais ils le font. Ça ne veut pas dire qu'il faut que... — Oui. Mais quand je dis ça...
01:00:24 — Il faut le concevoir, l'accepter, l'accompagner. De toute façon, ils le feront.
01:00:27 — Oui. Par exemple, ça veut dire aussi que tout ce que l'on a consenti vis-à-vis de la Chine, où on a transféré des usines,
01:00:33 il faut aussi qu'on les transfère vers les pays d'Afrique. Je rencontrais récemment – je sais plus qui –
01:00:37 quelqu'un qui était un Ivoirien qui me disait – je sais pas si c'était vrai – qu'il n'y a même pas d'entreprise en Côte d'Ivoire
01:00:45 pour fabriquer des tablettes de chocolat. Il fabrique du cacao mais pas des tablettes. Bon. Il faut que l'il y ait dans tous ces pays
01:00:53 un processus d'industrialisation, un processus... Et ça, il faut s'en donner les moyens. Et les aides que l'on a faites...
01:01:01 — Ça suppose un esprit aussi rationnel qui n'est pas présent partout. C'est une longue maturation.
01:01:06 — Oui. Mais quand même, le monde africain se développe. Enfin les pays d'Avril, parce qu'il y a autant de pays d'ailleurs que...
01:01:13 Et il faut que l'aide qui est orientée vers les pays de l'Est européen soit orientée vers les pays du Sud.
01:01:19 Ça, j'en suis absolument convaincu. — Il ne faut pas faire abstraction d'un phénomène aussi à propos de la démographie.
01:01:25 C'est une arme de combat pour l'islam. C'est ouvertement dit par exemple par l'organisation de la coopération islamique
01:01:34 dans une fameuse déclaration de 1985, je crois. 55 pays signent une charte au terme laquelle, 1) la démographie est une arme
01:01:45 pour le développement de l'islam dans le monde. Et tous les pays signataires doivent encourager leurs co-religionnaires
01:01:53 qui sont dans les pays du Nord à y développer la religion islamique. C'est pour ça aussi que je parle d'invasion,
01:01:59 parce qu'on est sortis de l'immigration, là. Il y a eu une immigration polonaise, etc., etc. Là, il y a une immigration
01:02:06 qui n'est pas de peuplement. — Vous pouvez trouver des citations comme ça. Vous trouvez aussi des phénomènes
01:02:10 qui sont quand même là pour les contredire. — Qui est de conquête. — Je ne dis pas... Oui. Mais ça, c'est du Zemmour que vous faites.
01:02:17 Mais le problème de Zemmour, vous voulez que je vous dise ? — Dites-moi. — C'est qu'il ne dit jamais qui est derrière tout ça.
01:02:23 — C'est-à-dire ? — Qui est-ce qui est derrière le Qatar ? Qui est derrière l'Arabie saoudite ? Qui est-ce qui finance
01:02:32 les frères musulmans dans les banlieues françaises ? Les États-Unis d'Amérique. — Vous savez, Kissinger vient de l'admettre.
01:02:39 — Oui. Donc il faut bien comprendre quelque chose. — En disant qu'on a joué les apprentis sorciers.
01:02:43 — Bien sûr. Et ceux qui parlent d'Islamérique, par exemple. — Comme Péroncet-Lugos. — Comme Péroncet-Lugos. Bon.
01:02:50 Il y a les États-Unis. Je suis désolé. Il y a des gens qui disent qu'il y a toujours les États-Unis. Mais oui, les États-Unis ont un objectif
01:03:01 de dissolution des États-nations qui peuvent leur faire obstacle. Moi, j'apporte quelque chose au débat, parce que moi,
01:03:09 j'essaie de trouver des solutions. Moi, je ne suis pas là pour jeter de l'huile sur le feu, pour dénoncer à la vindicte publique
01:03:17 une partie des habitants de la France. Je ne suis pas là pour prophétiser l'arrivée d'une guerre civile, parce que je vois des gens,
01:03:28 M. Zemmour ou dans son entourage, qui disent ce qui se passe à Gaza, c'est ce qu'il y a dans les banlieues françaises.
01:03:34 Mais enfin qui, encore une fois, finance les banlieues françaises ? D'ailleurs, qui finance le Hamas ? On pourrait aussi le dire.
01:03:41 J'aimerais aussi que M. Zemmour nous dise qui a financé le Hamas. — Mais pourquoi vous prenez le mot possible ?
01:03:45 Tout le monde est aveugle sur le sujet. — Non, non, non, non, non. Tout le monde n'est pas aveugle. On peut dire la vérité.
01:03:50 Donc moi, ce que je dis, ce que j'ai dit ça fait déjà depuis plusieurs années. C'était dans mon programme pour 2022.
01:03:57 Bien entendu, personne n'en a parlé. Je propose que l'on règle la question en France de l'identité nationale par un changement,
01:04:08 une adjonction à la Constitution. — Voilà une proposition nette. — Voilà. C'est une proposition très précise. Pourquoi ?
01:04:13 Parce que comme disait De Gaulle, il faut partir des réalités. Les réalités, c'est quoi ? Première réalité, les Français sont très attachés
01:04:23 à la laïcité au sens large, c'est-à-dire que les Français n'ont pas envie que l'État ou quiconque leur donne des leçons de morale,
01:04:34 des trucs à vivre. Les Français, ils sont attachés au fait qu'on peut être catholique, protestant, juif, musulman, sunnite, chiite,
01:04:43 hindou, bouddhiste, y compris libre-penseur ou athée. Les Français, ils sont attachés, comme les Français sont attachés à ce que
01:04:52 par exemple, il y ait des hétéros, des homos, etc. Mais tout ceci doit être dans la sphère privée. C'est ça, la quintessence de la laïcité
01:05:01 à la française, c'est-à-dire pas de communautarisme affiché, pas de communautarisme ostentatoire. La République ne connaît
01:05:07 que les citoyens français. Donc ce principe-là, je pense, correspond à un vrai souhait des Français, quel que soit leur origine.
01:05:15 — C'est vieux, la laïcité en France. — Mais les Français sont aussi dans leur très très grande majorité, y compris des gens qui ne sont pas
01:05:23 de religion chrétienne. Les Français sont attachés au mode de vie français. C'est quoi, le mode de vie français ? C'est qu'on a des villages
01:05:31 avec une église, qu'il y a les cloches qui sonnent, qu'il y a la messe le dimanche, que le dimanche est un jour férié, qu'il n'y a pas d'interdit alimentaire
01:05:39 en France, qu'on boit de l'alcool – heureusement, c'est le premier pays du vin –, que l'on mange du porc, que les Français sont attachés
01:05:48 à ce que l'on fête Noël, à ce que l'on fête le Pâques, que la femme soit l'égale de l'homme, qu'il n'y ait pas...
01:05:54 Lorsqu'une femme témoigne devant un tribunal, sa parole vaille autant que celle d'un homme, qu'au moment de l'héritage,
01:06:00 elle a droit à une parole de la même source que ses frères, par exemple. Tout ça, c'est notre civilisation chrétienne, en fait.
01:06:07 Et les Français, ils y sont... Même si certains tordent le nez à le reconnaître, ils y sont attachés. D'ailleurs, on peut dire que la laïcité
01:06:15 est en fait le fruit de cette vision du monde. C'est la fameuse parabole du Christ sur le denier. « Rends à César ce qui est à César,
01:06:23 et rend à Dieu ce qui est à Dieu ». Bon. Et c'est la raison pour laquelle... — C'est pour ça que je disais qu'elle est très ancienne, en fait.
01:06:28 — C'est la raison pour laquelle... — On a déjà des trafics laudistes. — Voilà. C'est la raison pour laquelle, partant du principe des réalités,
01:06:34 je propose que l'on inscrive dans la Constitution française que la France est une République laïque. C'est actuellement le cas.
01:06:41 C'est déjà écrit dans la Constitution. Mais j'ajoute de tradition chrétienne. Et ça change tout. Pourquoi ? Parce que d'abord,
01:06:48 la laïcité, la loi de 1905, le petit père-comble, c'était une époque où il y avait peut-être 20, 25% de libres-penseurs ou d'athées.
01:06:55 Mais les 75% restants... Il y en avait 98% qui étaient catholiques, 2%... Enfin 95% catholiques, 2,3% protestants et 1% juifs.
01:07:06 Les musulmans, ça n'existait pas en 1905, en France. Je parle de la France métropolitaine. Bon.
01:07:12 — La proportion de juifs, à mon avis, est un peu supérieure. — Enfin bon, peu importe. Et donc ce que je dis, c'est qu'à notre époque,
01:07:19 on va tout droit vers des problèmes d'identité, d'identitaires. Mais moi, je les regarde en face. Par exemple, regardez ce qui se passe
01:07:27 en Almaragne, dans la ville de Cologne, ou maintenant dans le Bronx, je crois, aux États-Unis, où vous avez des mosquées qui construisent
01:07:34 des minarets et qui ont obtenu l'appel du muezzin 5 fois par jour. Moi, je pense que ça, si vous avez en France
01:07:41 des mosquées avec l'appel du muezzin 5 fois par jour, ça, c'est plus la France. Là, c'est effectivement autre chose.
01:07:47 Là, on va vers la libanisation. — C'est pour ça qu'on en parlait tout à l'heure.
01:07:51 — C'est pour ça qu'on en parlait tout à l'heure. Et moi, je ne veux pas de ça. — Paul les en parle.
01:07:55 — Mais moi, je le dis très clairement. Et je suis sûr que 90% des Français sont d'accord avec moi, y compris des Français musulmans
01:08:05 d'origine du Maghreb qui sont très contents de vivre enceinte avec la douceur française. Il y en a un certain nombre aussi,
01:08:11 bon, qui boivent de l'alcool, etc. Bon, libre à eux de faire ce qu'ils veulent. Ce que je veux dire par là,
01:08:16 c'est qu'on va avoir un problème qui va se poser dans les années qui viennent, si on ne réfléchit pas, qui se pose déjà.
01:08:22 Et malheureusement, actuellement, avec cette loi de la laïcité, en plus de ça... Ça dépend de Pierre-Paul Jacques,
01:08:30 un type chargé au Conseil d'État de trancher pour le peuple français qui, d'un seul coup, il suffit qu'actuellement...
01:08:37 Je crois que celui qui est plus ou moins chargé des libertés publiques au Conseil d'État, c'est quelqu'un qui est finalement
01:08:41 très à l'aise avec le communautarisme et qui peut très bien nous dire demain... Eh ben c'est normal, en effet, que face à Notre-Dame,
01:08:47 on a construit une mosquée avec des minarets et puis l'appel du Muenzin. Mais ça, je pense que c'est...
01:08:51 — Vous pensez que la modification constitutionnelle invoquant la tradition chrétienne de la France...
01:08:56 — Oui. Ben oui. Je pense que c'est justement fait pour ça. — Changement. — Mais oui. Parce que sinon, on va vers quoi ?
01:09:00 On va vers le fait que les musulmans, du moins certains d'entre eux, demanderont que le jour férié, le week-end,
01:09:06 ce soit le jeudi et le vendredi, que des Juifs demanderont que ce soit le shabbat, le samedi, et après ça, les cathos,
01:09:12 ce sera le dimanche. Et puis après ça, on aura toutes les fêtes carillonnées. Pourquoi est-ce que la fête de Pâques est fériée
01:09:18 et qu'on n'a pas l'idée de l'Kébir par exemple ou l'idée de l'fitre qui ne sont pas fériés ? Donc on est face à une dissolution, en fait,
01:09:28 et à un processus de libanisation. C'est la raison pour laquelle, à partir du moment où nous avons ça, et que les gens
01:09:34 le comprennent bien, dans mon esprit, les musulmans ont tout à fait le droit de rester musulmans, comme les Juifs de rester juifs,
01:09:42 comme les hindous de rester hindous, mais dans ce cadre de ce que j'appelle ce savoir-vivre en commun, qui est de garder ça
01:09:50 dans leur sphère privée, c'est-à-dire sans en faire une ostentation. C'est aussi simple que ça. Et vous savez, à l'UPR,
01:09:58 il y a beaucoup de Français d'origine du Maghreb, d'ailleurs, et qui sont musulmans – on en a peut-être plus que dans d'autres parties –
01:10:08 et qui approuvent ce que je dis, parce qu'ils savent que ce que je dis est fondé sur la réalité, sur le souhait de garantir la paix civile,
01:10:20 et aussi sur le respect. Parce que ce que j'ajoute à tout ça, c'est que moi, si j'étais président de la République, j'arrête immédiatement
01:10:29 toutes les campagnes de déstabilisation des autres pays, et les trucs où on explique à tel pays qu'il faut arrêter que je sais pas quoi,
01:10:38 que la woke culture, la cancel culture... Vous savez par exemple que Macron a créé un poste d'ambassadeur au droit LGBT.
01:10:48 Et on a donc un ambassadeur qui va dans les pays d'Afrique pour dire « Voilà ce qu'il faut faire ». Le type, il est allé chez Paul Biya.
01:10:59 Enfin il voulait aller au Cameroun chez Paul Biya. 92 ans, Paul Biya. Bon. Les autorités camerounaises ont déclaré « Personne ne gratte à l'ambassadeur de France au droit LGBT ».
01:11:11 Mais enfin c'est quoi, ça ? En vertu de quoi ? Est-ce qu'on imagine l'inverse ? — Toujours le racisme et la supériorité blanche.
01:11:17 — Mais oui. Est-ce qu'on imagine l'inverse ? Que l'Iran est un ambassadeur... — Oui, ça existe. Enfin pas ambassadeur.
01:11:24 Mais ils ont des ambassadeurs multiples des pays musulmans qui agitent une partie de la population. — Oui. Non mais d'accord.
01:11:30 Mais qui viennent nous expliquer qu'il faut que toutes les femmes portent le voile. Ils auraient d'ailleurs du gras à moudre.
01:11:38 Ils pourraient rappeler par exemple que dans les actes des apôtres, je ne sais plus à quel moment, vous avez donc Saint-Paul
01:11:48 qui dit effectivement que les femmes doivent se couvrir la tête. C'est une instruction formelle de Saint-Paul.
01:11:56 — Il était pas féministe, Saint-Paul. — Mais d'ailleurs, si vous regardez toute l'ichronographie occidentale, parce que j'aime beaucoup l'art,
01:12:05 notamment la peinture occidentale, si vous regardez toute l'ichronographie occidentale, toutes les femmes portent un truc sur la tête.
01:12:12 On parlait de la mantille tout à l'heure. Regardez la joconde. Regardez la joconde de près. Elle a un voile.
01:12:18 Regardez toutes les représentations de la Vierge à l'inverse. Toutes les représentations de femmes. Marie-Antoinette,
01:12:23 elles ont toute une voilette. Toujours, toujours, toujours, toujours. — Alors je reviens sur votre proposition constitutionnelle,
01:12:28 qui est très importante. Elle consiste à dire que toutes les religions n'ont pas le même statut en France.
01:12:33 — Il n'y a pas égalité des religions. — Elles auraient le droit à l'exercice du culte, comme c'est actuellement le cas.
01:12:41 — Pas le même statut. — Mais il y aurait un problème de type tradition qui fait qu'il y a une religion, parce que ça fait 1 500 ans
01:12:54 qu'elle est là, qui est celle dont on respecte le dimanche férié, les fêtes fériées, que l'on respecte le fait qu'il y ait un clocher, etc.
01:13:08 — L'attachement de la France, par exemple, qui s'est bien vu aux défrançais. — C'est pas une religion qui aurait un statut.
01:13:14 Disons que ça participe de notre identité. — On a bien vu cet attachement lors de l'incendie de Notre-Dame.
01:13:19 — Oui, par exemple. — Vous avez été ému ce jour-là ? — Bien sûr, comme tout le monde. Mais j'ai d'autant plus été ému que j'ai pensé à deux choses.
01:13:27 D'abord, j'ai trouvé que c'était de mauvaise augure. Et j'ai toujours en moi, comme beaucoup de gens, il y a des symboles.
01:13:36 C'est de mauvaise augure. Ça sent pas... Enfin... — Sans parler de l'intentionnalité possible.
01:13:40 — Voilà. Et la deuxième chose, c'est comment c'est possible. Bon. Alors je sais que... Je sais qu'il y a eu...
01:13:45 — Pleine semaine sainte. Enfin en tous les cas, le lundi de la semaine sainte. — Moi, j'ai une maison de campagne dans la Nièvre.
01:13:52 C'est un peu une vieille maison. Mais elle date de 1880. C'est marqué dessus. Et dedans, il y a des poutres anciennes qui datent de 1880.
01:13:59 — Ça ne se travaille pas comme ça. — Je peux vous dire que vous mettez un briquet pendant 5 minutes, ça n'a pas bougé.
01:14:05 — Je suis content que vous disiez ça. — Et ce sont des poutres de 1880, pas des poutres du XIIIe.
01:14:08 — Dans quelle guerre de religion, là ? — Enfin bref. On en saura sans doute jamais le fin mot de cette histoire. Mais j'ai trouvé...
01:14:15 Effectivement, je me suis posé des questions. Comment est-ce possible, d'une part ? Deuxièmement, c'est mauvais signe.
01:14:20 Mais moi, je suis quelqu'un d'essayer de positif... — Et toutes les églises qui ont brûlé, qui s'insulpissent un mois plus tôt.
01:14:27 — Oui, oui, oui. Mais c'est pour ça... — Les premières églises martyrisées à travers la France dont on ne parle jamais...
01:14:31 — Absolument. Absolument. — Brûlées, abandonnées, détruites, saccagées.
01:14:34 — Absolument. Absolument. Absolument. D'ailleurs, là, il se pose un vrai problème sur les fonds consacrés aux monuments historiques.
01:14:41 Ainsi, je voudrais terminer mon propos. Moi, je suis choqué. C'est ce que je dis d'ailleurs à certains de nos adhérents.
01:14:51 C'est que ce que je dis là... D'abord, je le dis avec précision, fermeté, autorité. C'est-à-dire que les gens qui voteront pour moi,
01:15:01 ils savent ce qu'ils auront. Ils savent ce qu'ils n'auront pas. Ce qu'ils n'auront pas, il n'y aura pas de chasse aux Juifs,
01:15:07 de chasse aux musulmans, de chasse à Sile. Les gens, ils auront le droit d'avoir dans leur vie privée...
01:15:14 D'ailleurs, en France, il y a des mosquées qui sont assez discrètes. Et c'est très bien ainsi où les gens peuvent aller vivre leur foi.
01:15:21 Ça, ils l'auront. Mais ce qu'ils n'auront pas, c'est de pousser le bouchon trop loin. Ils n'auront pas l'imposition de quartiers
01:15:28 avec des lois réservées, l'imposition par exemple d'une interdiction générale de l'alcool ou de la viande de porc, etc. Non.
01:15:38 Parce que nous sommes en France. Et puis ceux qui ne voudraient pas, qui ne seraient pas d'accord, ont toujours la possibilité d'aller ailleurs.
01:15:45 Et je le dis d'autant plus que pour moi, c'est réciproque. Il y a un problème qui est également celui de nos élites.
01:15:52 C'est qu'ils ne regardent jamais ce qui se passe à l'extérieur. Moi, je suis en faveur de la réciprocité.
01:15:57 Vous savez que tous les pays membres des Nations unies, ils ont normalement... Ils ont avalisé la charte de l'ONU.
01:16:03 Et dans la charte de l'ONU, il y a la liberté de culte. Il y a des pays, l'Arabie saoudite pour ne pas la nommer, où tout culte
01:16:10 à part lui, celui de l'islam sunnite, est interdit. C'est une violation de la charte des Nations unies.
01:16:15 — Ou interdit en pratique comme en Turquie. Allez dire une messe en Turquie. — Voilà. Donc ça n'est pas normal.
01:16:19 Et donc que chacun, si on veut vivre en bonne intelligence et de façon pacifique au troisième millénaire,
01:16:28 que l'on essaye de faire des efforts. Et parmi les efforts que moi, je trouve que la France devrait faire,
01:16:33 elle devrait absolument arrêter de vouloir donner des leçons de morale à la planète entière. Voilà.
01:16:38 Il se trouve que les femmes voilées, les femmes ceci, les femmes cela, c'est un vieux fond anthropologique du Moyen-Orient
01:16:45 qui remonte même avant l'islam. Regardez les matrones romaines. Elles étaient toutes voilées. C'était bien avant l'islam.
01:16:51 Arrêtons d'aller leur donner des leçons. Ils font ce qu'ils veulent. Et d'autant plus... Et je le dis avec beaucoup de respect.
01:16:58 Je cite souvent cet exemple. J'ai été aller... J'avais emmené mes enfants il y a une dizaine d'années en Égypte.
01:17:07 Bon. Pour passer une semaine, j'avais pris un pied d'avion directement pour Luxor avec un hôtel. Et après,
01:17:13 comme j'aime bien faire tout ça, mais ça, j'avais fait avec mes enfants... — Le Winter Palace.
01:17:16 — J'avais montré... C'est à Aswan, je crois, le Winter Palace. — Non, c'est le cataracte à Aswan.
01:17:23 — Ah, c'est le cataracte. Bon. — Winter Palace à Luxor. — À Luxor. Mais moi, j'étais allé au Sofitel.
01:17:27 Enfin bon, bref, pas de publicité, parce qu'il y avait une piscine qui était très bien pour les enfants. C'était bien.
01:17:32 Et donc on était... Je les avais emmenés voir le temple de Luxor, le temple de Karnak, la rive occidentale, la rive des morts.
01:17:40 — Le temple des morts. — Et tout ça par moi-même, enfin comme j'aime bien me débrouiller avec eux.
01:17:49 Et qu'est-ce que j'ai vu ? J'étais allé... Quand j'étais étudiant, j'avais 18 ans. Ça a quand même beaucoup changé,
01:17:54 notamment un tourisme très très présent, notamment le fait que depuis le temple de Luxor, on voit un M jaune de McDo
01:18:01 qui est juste à côté. Enfin bon. Bref. Mais ce qu'il y avait surtout à cette époque, c'est qu'il y avait des croisières sur le Nil.
01:18:09 Il y avait un rythme effréné. Il y avait toutes les 5 minutes un nouveau bateau qui arrivait. Vous savez, c'est un des...
01:18:14 Et c'est en donc... Ça se passe en 2004, ce dont je parle. — Oui, parce que depuis, ça a beaucoup cessé à cause des attentats.
01:18:21 — Oui. Mais pourquoi y a-t-il eu ces attentats ? Je peux vous le dire. C'est que moi, j'ai vu de mes yeux vus... J'étais allé en 1975.
01:18:28 J'avais 17 ans. Luxor, c'était un truc complètement assoupi. J'y suis retourné donc en 2003. Je sais plus combien.
01:18:34 Il y avait des gens qui descendaient, des touristes qui descendaient de ces navires. Il y avait énormément de touristes,
01:18:42 notamment venus des pays de l'Est, en particulier pour ne pas nous nommer notamment de Bulgarie, etc., avec des jeunes femmes,
01:18:51 style 24-25 ans. Excusez-moi. Elles étaient en string. — Oui, oui. — Est-ce qu'on imagine ce que c'est qu'une femme,
01:18:58 une blonde aux formes généreuses, une jeune femme qui joue un peu les Américaines, qui débarque avec des tenues extrêmement légères,
01:19:06 en string ? On est en Haute-Égypte. — J'ai vu ça. — Et en plus, ça, ils... — J'étais en poste à l'ambassade de France au Caire.
01:19:14 J'ai vu ça. Et les scandales remontaient souvent à l'ambassade. — Mais bien sûr. Donc comment... Ça, c'est un carburant.
01:19:20 C'est vraiment... C'est vraiment – je le dis beaucoup, vraiment avec force –... — C'est vraiment avec le feu.
01:19:26 — Et puis c'est un mépris pour l'autre. Donc moi, je suis d'autant plus fondé à dire en France, les Français, ils ont un droit inaliénable
01:19:36 à conserver l'identité de la France telle qu'on l'a toujours connue depuis des siècles et des siècles – voilà – avec une forme
01:19:43 d'émancipation de la femme, la parisienne, la française. C'est connu depuis des décennies. C'est d'ailleurs ce qu'attendent
01:19:51 y compris beaucoup de Français d'origine immigrée. Faut pas se leurrer. Nous, c'est comme ça. Et ça ne sera pas autrement.
01:19:59 Mais on va pas non plus, nous, aller vous dire comment il faut se comporter. — Et encore moins la détruire, parce que
01:20:05 combien de pays arabes avons-nous détruit ? Ça a beaucoup excité. — Bien sûr. Bien sûr. En fait, il faut revenir...
01:20:12 Je crois que la clé de l'avenir, c'est un respect mutuel. — Alors je vais vous citer une phrase, parce que je voudrais qu'on finisse là-dessus.
01:20:22 Et là, nous n'avons plus qu'une petite quarte d'heure de conversation. Une très belle phrase que j'aime beaucoup de Paul Caudel.
01:20:28 « Ce que chacun peut apporter de meilleur au monde, c'est les mêmes ». Et alors ça suppose que nous soyons d'abord nous-mêmes
01:20:38 assez conscients de nous-mêmes, que nous ne sommes pas, et assez fiers de nous-mêmes, porteurs de notre civilisation pour pouvoir
01:20:46 nous tourner comme vous le faites vers les autres et puis s'entendre, cohabiter. Et cette phrase-là, elle nous oblige...
01:20:55 J'aimerais qu'on en parle un peu pour finir... à mener une grande politique culturelle, en réalité, que nous ne menons pas.
01:21:01 Ça commence par l'éducation nationale. Ça commence peut-être par l'exaltation, en tous les cas l'illustration de la beauté, de la grandeur,
01:21:10 de la continuité de la politique de la France, de l'histoire de France. Et puis ça se prolonge aussi par la connaissance de la littérature française,
01:21:21 des arts français. J'ouvre une parenthèse, d'ailleurs, vous êtes un de mes rares invités qui m'ait demandé un jour quel était l'auteur de la musique
01:21:32 que l'on entend au début de nos conversations. Vous êtes le seul à vous y être intéressé. Alors je vous réponds, je vous ai répondu.
01:21:38 — C'était les Boréades, oui. — C'était les Boréades de Jean-Philippe Rameau, l'entrée du Fichénie. Non, de Polémie, pardon, excusez-moi,
01:21:49 je cherchais le mot, l'entrée de Polémie et Boréade de Jean-Philippe Rameau. Les Français ne connaissent pas leur richesse patrimoniale.
01:21:59 Et là, je serai président de la République, vous souhaitez l'être. C'est à mettre – je crois que ça l'est déjà dans votre programme –
01:22:07 mais en très grand. Faire que les Français aiment la France en connaissant son patrimoine, ses particularismes, ses richesses et son histoire,
01:22:17 et sa langue. Un retour sur soi pour nous tourner vers les autres. C'est la phrase de Claudel. « Ce que chacun peut apporter de meilleur au monde, c'est lui-même ».
01:22:26 Et qu'est-ce que c'est qu'un monde en ordre ? C'est un monde où les Japonais sont Japonais, où les Égyptiens sont Égyptiens, les Mexicains, Mexicains,
01:22:35 les Allemands, Allemands. — Et c'est ce qui fait d'ailleurs que dans 100 ans, le monde sera encore intéressant.
01:22:40 — Ou pas. — Ou pas. Parce que si on est tous sur la même civilisation... — Bougui-Bulgare.
01:22:47 — Voilà. C'est ça, de mélange généralisé. Voilà. — Coca-Cola, brun. — Ça n'a plus d'intérêt. Ça n'a plus d'intérêt.
01:22:55 — C'est la mort du monde. — Oui. C'est la mort du monde. C'est pour ça qu'on se met... Il y a des gens qui se battent à juste titre
01:23:01 pour le maintien de la diversité des espèces animales et des espèces végétales. Il faut se battre pour la diversité des peuples
01:23:08 et des civilisations et des cultures. Alors... Enfin, vous... — Je vous prêcherais convaincu. — Je vous prêcherais convaincu.
01:23:16 — Mais insistez là-dessus. Et dites-nous comment faire en passant par quoi ? La télévision, l'éducation nationale ? La télévision, par exemple ?
01:23:22 — Oui, bien sûr. Donc moi, dans mon programme... Les gens peuvent aller le voir. Encore une fois, c'est sur Internet, Asselineau, programme 2022.
01:23:29 Ils verront... Il y a un chapitre entier. C'est un truc avec 27 chapitres. Donc c'était assez concis quand même pour le développer.
01:23:37 Mais ils verront qu'il y a toute une série de choses sur la culture et l'éducation. Pour donner quelques exemples des idées que je développe,
01:23:44 premièrement, effectivement, les grands classiques, quand on est jeune... Moi, je suis effaré de voir que les jeunes générations...
01:23:55 D'abord, l'histoire, on ne leur apprend plus une histoire chronologique. On leur parle des sujets thématiques.
01:24:02 Mais c'est pas de ça qu'on a besoin quand on est... — Soufflez-vous d'Emmanuel Macron. Disons qu'il n'y a pas d'histoire de France.
01:24:07 — Voilà. On a besoin d'avoir une histoire chronologique. Après qu'on fasse des thèses sur des choses transversales, l'évolution, etc.,
01:24:16 il faut d'abord avoir une bonne connaissance de l'histoire de France. Je connais tout un... J'ai fait une vidéo qui s'appelle
01:24:23 « L'histoire de France », justement, qui est une des deux grandes conférences, avec celle qui s'appelle « Qui gouverne la France ? »,
01:24:28 qui est à l'origine de la croissance de l'UPR. J'ai fait une vidéo sur l'histoire où je prétends en 3h30 le temps raconter l'histoire de France.
01:24:35 Je l'ai faite à ma façon, avec plusieurs angles d'approche qui... — Elle est magnifique. Elle est magnifique.
01:24:40 — Voilà. Elle est intéressante. — Ambitieuse. — Oui, oui, bien sûr. Mais alors évidemment... Vous savez ce que j'ai eu comme critique ?
01:24:45 Il y a des gens qui ont dit : « Ah, mais c'est ça, nos ancêtres les Gaulois, c'est le roman national ». Bien sûr qu'il y a sans doute
01:24:51 une partie de roman national dans l'histoire de France, dans toutes les histoires. — Le mot « roman » est mal choisi,
01:24:56 parce qu'on a l'impression que c'est une fiction. — Oui, oui, oui. — Non, il y a une continuité, il y a une histoire de France.
01:25:01 — Oui. Et puis il y a des choses qui sont peut-être un petit peu embellies. Il y a des choses qui sont peut-être un petit peu mythifiées.
01:25:05 — Comme dans « Le Cher du pays ». — Mais tous les pays du monde, tous les êtres humains, quand un être parle de sa propre vie...
01:25:11 — Il a besoin de l'enjoliver. — Il enjolive. — Pour s'aimer soi-même et continuer à vivre. — Voilà. Bien sûr. Donc peut-être que...
01:25:17 Parce qu'au bout du compte, si on met un processus dissolvant... C'est comme... De toute façon, je suis allé voir la notice Wikipédia de Jeanne d'Arc.
01:25:25 Si vous lisez ça, vous savez qui est derrière Wikipédia, quand même. Bon. Encore une fois, les services des informations américaines.
01:25:32 Si vous allez sur la notice de Wikipédia de Jeanne d'Arc, on sait pas si elle a existé. On sait pas si c'est une femme, si c'est un transgenre,
01:25:43 s'il y en avait deux, s'il y avait deux femmes. C'est incroyable. — Regardez « 732 poitiers » sur Wikipédia et même sur le site de Poitiers,
01:25:51 enfin du vieux Poitiers, qui est à 25 km au nord de Poitiers, vous y voyez un éloge d'Abdéraman, le chef musulman, en face de ce rustre
01:25:59 de Charles Martel, qui était une vraie dépêche. Voilà. — Que ce soit... Ça, je suis au convient d'accord pour la liberté de penser, la liberté...
01:26:09 Mais il y a un temps pour tout, comme on dit dans l'éclésiaste. C'est-à-dire que quand on est petit, quand on a 6 ans, 7 ans, 8 ans,
01:26:16 on a besoin de savoir à quelle filiation se rattache. On n'a pas besoin d'avoir des grands débats philosophiques...
01:26:22 — Être soi-même. — Exactement. « Be yourself », disent les saddous indiens à la fin de... C'est ça, en fait, être soi-même.
01:26:31 — C'est Autone, c'est Socrate. Connais-toi toi-même. — Voilà. Exactement.
01:26:35 — C'est la fin de la phrase. Et tu connaîtras l'univers et les dieux. Commence par être toi-même. Et tu connaîtras l'univers entier et les dieux.
01:26:42 — Alors pour en revenir de façon très pragmatique... — Alors que faire ?
01:26:45 — Par exemple, donc, à l'éducation nationale, réintroduire une histoire linéaire, chronologique, insister sur l'importance de la chronologie,
01:26:54 insister sur les grandes figures fondatrices de l'histoire de France. — Et les nôtres.
01:27:00 — Premièrement, insister aussi aux matières de littérature, sur la connaissance des grands classiques. Moi, je vois des jeunes qui ont 15 ans, 16 ans, 17 ans.
01:27:09 Alors on leur fait lire – je sais pas – Christopher Isherwood, un romancier américain. On leur fait lire... Bon, c'est bien.
01:27:18 Mais ils n'ont jamais lu le moindre livre de Balzac. Ils n'ont pas lu Le Lys dans la vallée. Ils n'ont pas lu Le Rouge et le Noir de Stendhal.
01:27:26 Ils n'ont pas lu Zola. Ils n'ont pas lu Lavar, le Misanthrope, – je sais pas – quelques pièces de Molien.
01:27:33 Ils n'ont pas lu Andromaque ou Fèdre de Racine. — Ou François Lillon, enfin. Ça peut être très libraire.
01:27:39 — Donc il faut d'abord avoir des structures de base. Et là, il y a un travail de sable qui a été fait dans l'enseignement.
01:27:46 C'est l'autorité de l'État de le restituer, de le reposer comme ça. J'ajoute qu'ensuite, il y a tout un travail de culture populaire à faire.
01:27:56 — La télévision. — Moi, je suis d'une génération... Quand j'étais jeune, c'était du temps de De Gaulle. Je suis désolé de le signaler.
01:28:03 Et ça a duré d'ailleurs jusque dans les années 70. Il y avait à la télévision des pièces de théâtre.
01:28:10 — Ah, voilà. Les Rois maudits, par exemple. — Non, mais des vraies pièces de théâtre. Il y avait... Par exemple, il y avait eu...
01:28:16 — Sophoque, là. — Oui. Il y avait des pièces de théâtre du Théâtre antique. Il y avait aussi Lavar, de Molien, Misanthrope.
01:28:24 C'était à la télévision française à 20h30. — Très important, ce que vous dites. Très important.
01:28:28 — Et il y avait aussi des pièces plus légères, mais qui faisaient rigoler tout le monde. Moi, je me rappelle un chapeau de paille d'Italie.
01:28:33 Vous savez, les pièces de la biche, de Fedot, etc., qui passaient pas tous les soirs, bien sûr, mais il y en avait peut-être une fois par mois.
01:28:41 Ça a complètement été éradiqué. On a quoi ? On a Hanouna. Donc... — Et on a des séries américaines.
01:28:48 — Et on a des séries américaines constamment. Donc il faut... — On parle d'islamisation de la France. Mais quand vous appuyez sur un bouton de télévision,
01:28:55 vous voyez pas des prêches de la mer. Vous voyez des feuilletons américains. — Tout autant. Et pareil à la musique.
01:29:02 — La colonisation culturelle est un énorme problème que personne ne soulève, celui-là. — Bien sûr. Moi, je le soulève.
01:29:07 — Allez-y. — Je dis justement que c'est pas normal, la colonisation des esprits. J'avais d'ailleurs proposé dans mon truc culturel...
01:29:16 C'est qu'à la télévision française, du moins la télévision publique, j'avais proposé la renationalisation de TF1 et qu'on donne à TF1
01:29:23 un cahier des charges culturelles, mais un sérieux, par exemple avec de temps en temps une pièce de Molière, une pièce de Racine.
01:29:29 Par exemple aussi cette émission – moi – qui a bercé ma jeunesse qui s'appelait « Les dossiers de l'écran », où vous aviez un film
01:29:36 sur une période de l'histoire de France. Et après, c'était suivi d'un débat avec André Castelot, Alain Deco.
01:29:41 C'était de la bonne vulgarisation. Moi, je peux vous assurer que... Moi, j'étais avec mes grands-parents...
01:29:48 — Mais c'était une mission de service public. — Mais ça les intéressait. Les gens étaient très intéressés, bien sûr.
01:29:53 — C'est une mission de service public non remplie. — Tout ça, maintenant, a été éradiqué. Donc je voudrais qu'on rétablisse ce genre de choses.
01:30:00 Voilà. Et puis aussi, je ne... Découvrez les films français du patrimoine. Par exemple, les films des années 30.
01:30:08 — Les films francophones, entre autres. — Les films du fond... C'est ce que j'ai dit aussi.
01:30:12 — Il y a un film francophone. — Il y a un festival qui s'appelle le Festival panafricain de Ouagadougou.
01:30:17 Au Festival panafricain, il y a tous les 2 ans, on attribue à les jurés un étalon. C'est l'étalon d'or.
01:30:24 C'est l'étalon d'un palme d'or du Festival de Cannes. C'est l'étalon d'or de Yé Neng Wé, je crois, qui est attribué au meilleur film
01:30:30 du Festival panafricain. Sur ces festivals, les films panafricains, il y a 70% de films francophones.
01:30:35 Est-ce que vous avez déjà vu à la télévision française une seule de ces palmes d'or ? Jamais. Donc moi, j'avais dit...
01:30:43 C'est pas nouveau. Ça fait 10 ans que je l'ai dit que dans une télévision... Et là, c'est une vraie mondialisation.
01:30:49 C'est une vraie ouverture sur le monde, en tout cas. C'est qu'il y a toujours des films américains, mais réduits à la proportion
01:30:57 de ce que représentent les États-Unis d'Amérique, c'est-à-dire 5% de la population mondiale, mais qu'il y a des films de Bollywood.
01:31:03 Il y en a qui sont extraordinaires, des films indiens, avec des comédies musicales, avec des trucs comme ça,
01:31:09 avec des films russes, des films chinois, des films sri-lankais, des films latinos, des films italiens,
01:31:13 les grands films des années de Dino Rizzi, etc., des films espagnols, Carlos Saura. On ne voit plus jamais ça.
01:31:20 Donc redonner, montrer que nous ne sommes pas fermés sur nous-mêmes. Nous sommes au moins...
01:31:26 Ceux qui sont fermés sur nous-mêmes, ce sont ceux qui ont le pouvoir aujourd'hui et qui nous imposent constamment
01:31:32 la culture, la surculture américaine. Voilà. Et qui nous coupent du monde. J'en ai aussi...
01:31:36 — Alors il y a une autre politique à mener en faveur du théâtre, par exemple. — Bien sûr.
01:31:39 — Si tu peux faire... Je cite un exemple. Le théâtre du Nord-Ouest, qui monte des pièces magnifiquement faites.
01:31:44 D'ailleurs, les acteurs ne sont même pas payés. Ils font le service public à eux seuls. Les acteurs ne sont pas payés.
01:31:49 Ils montent tout le répertoire de Molière dont vous parliez à l'instant. — Absolument. Et alors pour...
01:31:53 — Et quelquefois, devant 5 ou 6 personnes... Quelquefois, il y a une dizaine d'acteurs et 5 ou 6 personnes parmi les spectateurs.
01:32:01 Plus aucune politique culturelle. Alors mis à part les copains et les coquins de la ville de Paris qui montent des cochonneries.
01:32:07 Et alors à ce moment-là, ils sont... — Alors ça, ça fait partie aussi...
01:32:10 — Là, il y a quelque chose d'énorme à faire. — Non, ça fait partie d'un grand...
01:32:12 — C'est après une politique culturelle. — Il y a un grand coup de balai aussi à mener.
01:32:15 Le ministère de la Culture est devenu comme d'autres ministères un ministère qui... On a des abonnés, des associations.
01:32:23 C'est des copains qui font des choses qui sont très très souvent nulles mais qui sont abonnés, qui sont abonnés sur fonds publics.
01:32:31 Et c'est un point... Moi, je pense que le devoir n°1 du ministère de la Culture, outre intervenir sur notamment
01:32:39 les émissions de télé du service public qui devraient avoir... — Malraux s'en souciait, je sais.
01:32:44 — Oui, avoir un cadre culturel. Il devrait y avoir un grand effort qui devrait être fait sur le patrimoine français.
01:32:54 Ça veut dire quoi ? Ça veut dire d'abord la connaissance du patrimoine. Il faut que les Français se rendent compte d'un truc.
01:33:01 C'est qu'on est un des pays qui a le plus riche patrimoine au monde, avec peut-être l'Italie, sauf que le nôtre est plus diversifié,
01:33:09 parce que nous, on a justement la composition ethnique française. Ça touche un peu au monde celtique, au monde germanique,
01:33:16 au monde latin, etc. Donc on a un patrimoine extraordinaire et qui n'est pas suffisamment mis en valeur.
01:33:22 J'avais des idées aussi assez iconoques, là. Je me permets de vous en livrer une. Je considère... Alors moi, on me dit que je suis jacobin,
01:33:29 parce que je considère que la France doit être un État où il doit y avoir une certaine centralisation et que les Français,
01:33:35 ils aiment bien que tout le monde ait le même type de loi. Je suis contre toutes les expérimentations, les trucs et les machins
01:33:41 qui en fait promeuvent la disparition de l'unité nationale. Mais je suis jacobin, mais je ne suis pas pour autant ignorant des réalités.
01:33:50 Je trouve... Moi, ce que j'avais mis dans mon programme, par exemple, c'est l'idée que les richesses nationales qu'on a au Louvre, par exemple...
01:34:02 Il y en a beaucoup qui sont enfermées dans les musées au Louvre ou au musée d'Orsay. — Ils ne manquent pas la moitié.
01:34:07 — Eh bien pourquoi on ne les met pas en province ? Alors on a trouvé... Maintenant, on les envoie à Dubaï. Enfin c'est quand même incroyable.
01:34:13 Il y a le Louvre à Dubaï ou à Abu Dhabi. Je sais plus. Bon, je suis pas contre le fait. Mais moi, j'avais fait une proposition spectaculaire.
01:34:21 Réfléchissez à cette proposition. — Vous savez, il y a de très beaux musées de province, de très beaux départements...
01:34:26 — Je propose que l'on construise à côté de Chambord un musée Léonard de Vinci. Pourquoi Chambord ? Parce que de plus en plus des...
01:34:36 Maintenant, tout le monde, tous les historiens de l'art savent que Chambord a été très probablement conçu par Léonard de Vinci en personne,
01:34:41 notamment l'escalier de la double révolution qui part de la cave qui va jusqu'au grenier. On pourrait même envisager de l'installer
01:34:46 dans le château de Chambord. Mais il y a peut-être des problèmes de sécurité. Et je propose que les 4 ou 5 tableaux que nous avons
01:34:52 de Léonard de Vinci qui sont au Louvre soient définitivement mis dans ce... — Ou au Clos Lucé à Amboise.
01:34:58 — Ou au Clos Lucé à Amboise, où est mort Léonard de Vinci. C'est la même région. Mais il y a des problèmes peut-être non seulement
01:35:03 de sécurité mais aussi de flux des touristes. Les gens resteraient 2, 3 jours de plus en France, justement.
01:35:09 Ils iraient du coup voir les châteaux de la Loire. On aurait un phénomène économique extraordinaire. Et en plus, ça ne serait que justice,
01:35:16 puisque ces tableaux que Léonard de Vinci est venu avec quand il a fui le duché de Milan, c'était dans la cour des Valois,
01:35:26 c'était dans le Val-de-Loire. Donc historiquement, c'est justifié. Et c'est la Révolution française qui a ramené ça à Paris.
01:35:32 Mais j'en ai deux autres comme ça. Par exemple, vous avez – je sais plus quoi – la meule ou – je sais pas quoi – un tableau de Van Gogh
01:35:39 qui a été peint à Saint-Rémy-de-Provence. Actuellement, il est au musée d'Orsay. Il n'est pas présenté. Il est dans les sous-sols.
01:35:48 Pourquoi est-ce qu'il n'y aurait pas à Saint-Rémy-de-Provence, là où on voit l'endroit où Van Gogh a été – comment dirais-je –
01:35:55 interné pendant quelques temps à Sainte-Mande, d'ailleurs, pourquoi on ferait pas là un musée Van Gogh ? Ça draine des millions de personnes.
01:36:03 Voilà des exemples d'idées que j'avais développées. Il y en a bien d'autres. Il y a aussi consacré beaucoup plus de fonds de l'État
01:36:11 à restaurer le patrimoine public, parce qu'au bout du compte, au troisième millénaire, c'est quand même le pétrole de la France.
01:36:19 — Ah, un des pétroles... Le problème, dans tout ce que vous dites, c'est que nous sommes... Alors accablés par le malheur en disant
01:36:26 que nous sortons de l'histoire, mais nous sommes sur un tas d'or. — Bien sûr.
01:36:29 — Le domaine maritime dont nous parlions. — Bien sûr. — La francophonie et l'Afrique dont nous parlions. — Bien sûr.
01:36:33 — Notre patrimoine culturel. Notre voix dans le monde. Nos armées, tout de même. Bon, elles sont partout dans le monde. Que de richesses ?
01:36:43 Quel est le président de la République qui va les exalter, les ordonner, les organiser pour restaurer le pays ?
01:36:49 — Je vais vous citer pour... Vous parlez de la culture. Je vais vous citer un autre point qui me tient à cœur. C'est la musique.
01:36:57 La musique baroque française. Qu'est-ce que vous aimez en musique, François Asselineau ? Je voulais en parler tout à l'heure à propos de Rameau.
01:37:05 Vous en êtes parti sur autre chose. — J'aime bien la musique... C'est vrai que j'aime bien la musique, disons, de la Renaissance et la musique baroque.
01:37:12 Mais je ne l'imite pas, en fait, à la musique française. Voilà. J'aime bien... — Ah, bien sûr.
01:37:17 — J'aime bien Monteverdi avec les... — Mais connaissez-vous Buxtehude ? Connaissez-vous Jean-Gilles ?
01:37:21 — Buxtehude, oui. Jean-Gilles, non. Mais... — Ah, bah arrêtez. — Non, non, mais j'aime beaucoup...
01:37:26 — Vous savez que de Gaulle, du temps de... Lui, il faisait très souvent... Je pense même que du temps de de Gaulle, il y avait des représentations des Indes galantes.
01:37:36 Les Indes galantes, il y avait Chosy. — Non, non, non. Alors non, je vais vous dire non. Pour le coup, je connais le sujet.
01:37:41 Presque tout le patrimoine de musique baroque française... Alors il y a eu du Vivaldi, etc. n'était plus joué au XIXe et même plus au XXe.
01:37:51 Il a fallu que ce soit quelques étrangers, Hervégue et par-dessus tout William Christie... — William Christie, avec les Varforissos, oui.
01:37:59 — ...qui restaurent un art baroque français que les Français avaient complètement mis de côté.
01:38:05 — Pas seulement français, d'ailleurs. — Un peu à cause de la Révolution française, parce que la musique française était à la fois
01:38:08 une musique de cours, donc bannie, et une musique chrétienne, donc bannie par la Révolution. Donc on s'est tiré une balle de...
01:38:14 — Mais alors là, pour le coup, je serais comme pour la peinture. — Et pareil. — Parce que les gens... Vous savez, j'ai connu des professeurs
01:38:21 au Collège de France. Ils sont décédés maintenant. Je pense à Yves Bonnefoy, je pense à Marc Fumaroli, des gens comme ça,
01:38:28 que je connais personnellement, que je connaissais... — Desparu, hélas. — Et quand on parlait un petit peu politique,
01:38:35 ils étaient choqués quand je leur disais... Mais pour sortir de l'UE... Mais ils étaient intelligents. Et ils disaient...
01:38:41 Ils avaient une vision de personnes maintenant qui sont décédées. Donc ils avaient – je sais pas – 75, 80, 90...
01:38:47 Quand je leur parlais de ça il y a 15, 20 ans... Parce que pour eux, ils disaient : « Mais enfin, l'Europe, c'est Goethe, c'est Dante,
01:38:57 c'est Cervantes, c'est Shakespeare. Comment est-ce que vous pouvez être contre ça ? ». Et je leur répondais...
01:39:05 Vous savez ce qu'avait dit de Gaulle sur la fameuse phrase « Avec l'espéranto, il ne vaut plus qu'intégrer ».
01:39:09 — Les Allemands. — Il dit que je ne suis pas sûr que... Je sais plus ce qu'il cite. — Dante, Goethe, Château-Brillant.
01:39:18 — Voilà. On aurait apporté quoi que ce soit à l'Europe si c'était exprimé... — S'il n'avait pas été respectivement italien, allemand et français.
01:39:25 — Eh bien... — C'est toujours la même phrase. On est toujours dans la même phrase de Bödel.
01:39:29 — Aujourd'hui, l'Europe... Je leur disais ça. Ils savaient pas quoi me répondre, parce qu'ils savaient que j'avais raison.
01:39:36 Mais les jeunes Européens aujourd'hui, ils connaissent quoi ? Ils connaissent Michael Jackson. Ils connaissent... Je sais pas.
01:39:42 — Mais c'est un fait impérial, en réalité. — Voilà. Mais quand vous parlez à des jeunes aujourd'hui de Cervantes, de Greco, de Camoins,
01:39:51 de... Je sais pas, de Dante Alliguel, de Goethe, de Kafka, ils ne savent pas. Ils savent pas qui c'est.
01:39:59 — Et c'est d'ailleurs pourquoi ils sont si peu tournés vers le reste du monde, parce qu'ils ne se connaissent pas.
01:40:02 — Voilà. Voilà. Alors là, pour le coup, par exemple sur la peinture... Moi, j'adore la peinture, notamment la peinture de la Renaissance.
01:40:09 — Qui, par exemple ? Alors le Lorrain ? — Alors en France, oui, bien sûr, le Lorrain. Moi, j'aime bien un peu la même époque, les années 1600.
01:40:15 Donc j'aime bien Mignard, par exemple, ou j'aime bien la peinture de... Bon, la peinture française, c'est tout un ensemble.
01:40:24 La 18e... Mme Vigée Lebrun, qui est quand même extraordinaire. Elle est une femme peintre.
01:40:30 — Proche de Marie-Antoinette. Enfin une dame de la... — Tout à fait, tout à fait extraordinaire.
01:40:34 Et puis l'impressionnisme français, c'est absolument génial. On a des choses qui sont magnifiques.
01:40:41 — Mais un peintre de prédilection, par exemple ? — Je sais pas. Je sais pas.
01:40:45 — Un questionnaire de Proust. Il y en a trop. — Oui, c'est ça. Je sais pas.
01:40:49 — Ou un musicien de prédilection. — Un musicien de prédilection... Alors il est pas forcément français.
01:40:55 Mais il est européen. Il est de l'opéra baroque. — C'est pas du Asselineau, ça. (Rires)
01:41:01 — Qui, dites-vous ? Pardon, excusez-moi. — J'aime beaucoup Händel. — Ah, Händel, oui.
01:41:06 — Notamment les opéras... Vous savez... — Très beau. Cléopâtre. — Ou le Xerxes.
01:41:11 — Ah oui. Il est long, mais magnifique. — Mais ça arrive très vite. Au bout de quelques minutes,
01:41:17 l'andante qui est « Ombra maifu ». — Ah, qu'on chante souvent aux obsèques.
01:41:23 — Oui. — Qui est très belle. Très beau morceau. — D'ailleurs, je l'ai fait chanter au moment des obsèques de ma mère.
01:41:30 — Oui. — C'est un morceau de musique... — C'est moi aussi, il y a 2 mois. — C'est vrai ? — Oui.
01:41:35 — C'est incroyable. C'est absolument extraordinaire. C'est vraiment... Et là, pour le coup... — Il y a Bartholdi.
01:41:40 — Et là, pour le coup, on a... Là, on touche à ce qu'a été l'Europe. Parce que moi, je suis pour l'Europe.
01:41:51 Je suis pas nationaliste. Je sais qu'il y a eu des choses absolument extraordinaires en Europe.
01:41:56 La peinture de la Renaissance italienne, c'est absolument génial. Enfin qu'est-ce qu'il y a de plus génial...
01:42:01 Enfin moi, je suis un grand amateur de ça. À partir des fresques de la chapelle Brancacci, vous savez, avec Masacci et Masolino,
01:42:09 qui donnent le coup d'envoi de la Renaissance vers 1406, des choses comme ça. Et puis ces grands génies absolus,
01:42:19 qui sont Michel-Ange, Raphaël, Léonard de Vinci. Qu'est-ce qu'il y a de plus extraordinaire... Enfin c'est d'ailleurs ce que...
01:42:28 Quand vous vivez au Japon, quand vous allez en Chine, vous rencontrez des universitaires, c'est à ça qu'ils pensent.
01:42:35 — Eh oui. Je suis très content. — Pour moi, l'Europe, c'est ça.
01:42:38 — François Asselineau, c'est vraiment notre dernière minute de conversation, là. Le soir, tombe sur les rues de Paris.
01:42:46 Nous sommes pas loin de l'Académie française, au Saint-Germain-des-Prés, justement. Je découvre...
01:42:52 Mais je savais que vous êtes extraordinairement cultivé. Et j'ai fréquenté beaucoup d'hommes politiques que vous débattez tous.
01:42:57 Mais vraiment tous. Et ça, ça donne confiance. Et pour finir, hélas, parce que cette fois, c'est sans rémission.
01:43:07 Il n'y aura pas d'autre rémission. Mais enfin c'est déjà pas mal. Nous avons dit beaucoup de choses. Je vous remercie.
01:43:12 — Ou alors on fait comme Nasser. Vous savez, un appel au peuple. Il avait démissionné après la guerre des 6 juin.
01:43:17 — Appelez-moi. — Il y avait des millions d'Égyptiens qui étaient descendus dans les rues pour exiger...
01:43:22 — Il y a beaucoup de gens qui ont demandé... Qui ont demandé une autre conversation parce qu'on devait clore notre cycle.
01:43:27 Je reviens à cette phrase parce qu'elle peut aussi s'appliquer à vous. Ce que chacun peut donner de meilleur au monde, c'est lui-même.
01:43:34 Vous êtes tel que vous êtes, peut-être un peu rugueux, peut-être un peu solitaire. Mais il y a des millions de solitaires en France.
01:43:43 La question, c'est de toucher leur cœur, de les trouver et les toucher au cœur. Vous avez l'intention d'être toujours plus ce que vous êtes
01:43:52 parce que c'est ce que vous pouvez donner de meilleur au monde ?
01:43:55 — Écoutez, moi, oui. Enfin c'est un peu grandiloquent, ce que vous me forcez à dire. Mais oui, c'est assez vrai que je suis solitaire.
01:44:03 Je suis pas quelqu'un... On me voit pas beaucoup dans les dîners en ville. Je suis pas quelqu'un de... Vous savez, je peux être très très heureux
01:44:13 quand je lis un livre ancien. J'ai la passion des livres anciens, notamment des livres de voyage, parce qu'on apprend des tas de choses.
01:44:21 Quand on lit un livre du XVIIIe, c'est absolument passionnant. Oui, c'est vrai, je suis un peu comme ça. Je suis un peu...
01:44:29 — En écoutant de la musique, vous lisez... — Oui, en écoutant de la musique. J'aime beaucoup. D'ailleurs, quand on a parlé de la musique européenne,
01:44:34 je voudrais dire aussi que j'aime aussi beaucoup... J'aime bien les civilisations étrangères. Par exemple, un soir, ça peut m'arriver de mettre
01:44:44 un raga du soir, par exemple de Ravi Shankar, en faisant brûler un petit peu dansant. D'un seul coup, je suis...
01:44:52 — C'est vrai que le Japon, il y en a, chez vous. — Oui. Je suis basculé dans le monde indien. Mais aussi bien... Après, j'écouterai un autre jour
01:44:59 du shamisen, vous savez, avec les grands morceaux de la musique japonaise traditionnelle. — Ou du Bach.
01:45:05 — (Chante) Ah, je suis au Japon. C'est ça que c'est vraiment... — Et l'Europe aussi.
01:45:14 — Bien sûr. Mais l'Europe, j'en ai parlé. J'en ai parlé. Oui, Bach, les chants grégoriens, les voix de basse, si vous voulez,
01:45:24 dans la musique orthodoxe russe, c'est absolument extraordinaire. Je suis allé au Moatos, qui est quand même un truc extraordinaire,
01:45:31 le Moatos, qui est une république... — Des sens d'Europe, aussi. — Depuis 900 après Jésus-Christ, c'est une république monastique
01:45:41 qui est dans l'une des trois péninsules de la Chalcidique à l'est de Thessalonique. Vous savez que c'est interdit aux femmes.
01:45:50 Et vous devez avoir un visa indien monétarion que vous devez demander pour pouvoir entrer sur ce territoire.
01:45:56 C'est un truc incroyable. Ça remonte à Byzance. Et là-dedans, vous allez de monastère en monastère. Vous êtes accueillis comme un pèlerin.
01:46:06 Il faut y aller y passer 5, 6 jours. C'est incroyable. Et là, vous touchez... Alors là, c'est l'Europe. Mais c'est une autre Europe.
01:46:13 C'est à la fois l'Europe balkanique et surtout l'Europe orthodoxe, c'est-à-dire en fait les vrais héritiers du christianisme des Premiers tins.
01:46:22 Et je vous assure que quand vous arrivez dans un petit monastère au mois de mai, à la nuit tombante, vous entendez le fracas de la mer égeer
01:46:33 contre les rochers en contrebas, vous entrez dans cette église. Il n'y a pas d'électricité. Mais il y a des milliers de petites bougies...
01:46:39 — De cierges. — De cierges, de petites cierges. Mais tout petites. — Comme ceux qui nous ont accompagnés au fil de la...
01:46:45 — Qui se reflètent sur l'iconostasme, c'est-à-dire ce qui sépare le clergé orthodoxe qui va faire le mystère de la transsubstantiation.
01:46:52 Et vous avez donc ces icônes avec un fond doré qui prennent à ce moment-là tout leur sens, puisque ça reflète toutes les bougies.
01:47:00 Et vous entrez là et vous avez de part et d'autre des moines. Ça va depuis le plus jeune qui doit avoir 15 ans jusqu'au plus âgé qui doit en avoir 70,
01:47:09 et qui ont le... C'est incroyable. — Dostoevsky, « La beauté sauvera le monde ». — Voilà. Vous avez touché là. Là aussi, je suis français,
01:47:20 mais ouvert sur les cultures étrangères. Pour moi, Dostoevsky est le plus grand écrivain, le plus grand romancier du monde, de toute l'histoire littéraire.
01:47:29 — Encore un éloge de l'Europe. Mais la grande Europe, la véritable Europe. Je suis content de vous quitter sur cet éloge de l'Europe.
01:47:35 Et j'ai beaucoup de peine à vous quitter. Mais je vous remercie beaucoup pour tout ce que vous nous avez dit. Et je vous souhaite de bonnes choses.
01:47:42 — Merci, Paul Marécouteau, de m'avoir invité pour toutes ces conversations, en espérant que ça donnera à tous ceux qui nous ont écoutés
01:47:49 l'envie d'en savoir davantage, d'abord évidemment sur le parti que j'ai créé, mais aussi de sortir de la prison mentale des grands médias
01:47:57 et savoir qu'il faut qu'ils aillent se renseigner sur des... Le monde est grand. Et la France a un grand rôle à y jouer.
01:48:06 C'est ce qu'avait dit De Gaulle à Perfit lorsque Perfit avait dit après l'affaire... Vous savez, le protocole interprétatif du traité franco-allemand de l'Élysée.
01:48:19 Donc De Gaulle était furieux. Et donc Perfit dit « Qu'est-ce qu'on va faire ? ». Et De Gaulle dit « De toute façon, on va sortir du marché commun.
01:48:26 Ça ne nous dérange pas ». Il dit ça en 1963. Et donc Perfit dit... Je le dis dans ma conférence sur « Qui gouverne en France ? ».
01:48:35 Perfit dit « Mais comment est-ce possible ? On peut pas sortir du marché commun ». Et De Gaulle dit « Mais tout ça, ce sont des foutaises
01:48:41 de ceux qui ont voulu faire croire à l'Europe ». Et il dit « La France... Le monde est grand. Et la France a un grand rôle à y jouer ».
01:48:52 Et c'est à partir de ce moment-là qu'il envoie tout de suite Edgar Ford à Pékin pour reconnaître la République populaire de Chine. Voilà.
01:49:00 C'est ça que je voudrais, que les gens gardent de ces conversations. La France, c'est un grand pays. Et il n'y a qu'en France qu'on croit que c'est pluriel.
01:49:08 — Commençons par être nous-mêmes. Vous aimez nous-mêmes. Et vous aimez en tant que... — Voilà. Exactement.
01:49:12 Il faudrait qu'il y ait confiance. La France, même encore maintenant, c'est un grand pays. Il a simplement besoin que les Français aiment leur propre pays.
01:49:21 Tout est une question d'amour. — Merci François. — Merci. À bientôt.
01:49:27 [Générique]

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