Lancement du Sidaction 2024 : Florence Thune directrice générale du Sidaction est l'invitée de 6h20. Plus d'info : https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/l-invite-de-6h20/l-invite-de-6h20-du-vendredi-22-mars-2024-1549467
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00:00 6h22 et votre invitée Marion est directrice générale du Sidaction, le Sidaction qui démarre aujourd'hui.
00:05 Et donc France Inter et partenaire, bonjour Florence Thune.
00:08 Bonjour.
00:08 Le Sidaction qui fête, si l'on peut dire, en tout cas qui fait cette année sa 30ème édition.
00:14 On fait beaucoup de progrès avec les traitements.
00:17 Aujourd'hui par exemple c'est possible de vivre avec le sida, mais il faut quand même continuer à chercher.
00:22 Oui tout à fait.
00:23 Effectivement durant ces 30 ans, on reste aujourd'hui en bonne santé grâce à ces traitements.
00:28 Et en plus...
00:28 Les trithérapies.
00:29 Grâce aux trithérapies qui sont déjà apparues en 1996.
00:31 Donc il y a eu beaucoup de progrès avec moins d'effets indésirables notamment.
00:35 Et en plus ces traitements permettent de ne pas transmettre le VIH, ce qui est une deuxième révolution.
00:40 Et de fait oui, il y a beaucoup de progrès encore à faire.
00:43 Et notamment permettre aux personnes un jour de ne plus avoir à prendre de traitement au quotidien.
00:48 Et peut-être à un moment trouver un état de rémission.
00:50 Les gens prendraient un traitement et n'auraient plus à prendre de traitement tout au long de leur vie.
00:54 En quelque sorte quoi, une espèce de vaccin ?
00:57 Alors non, le vaccin ce serait vraiment pour prévenir pour les personnes qui ne sont pas encore contaminées par le VIH.
01:03 Là ce serait vraiment pour les personnes qui vivent avec le VIH.
01:06 Un remède ?
01:06 Voilà, un remède qui permettrait effectivement de se débarrasser des traitements tout au long de sa vie.
01:10 Rappelons-le, aujourd'hui c'est quand même 200 000 personnes en France qui sont atteintes du sida.
01:16 5 000 nouvelles séropositivités découvertes chaque année.
01:21 Vous en êtes vous-même la preuve.
01:23 Effectivement aujourd'hui on peut avoir une bonne qualité de vie avec les trithérapies.
01:26 On peut vivre avec les trithérapies.
01:28 Oui tout à fait. Il y a 28 ans que j'ai appris ma séropositivité, je pensais que j'allais mourir.
01:32 Aujourd'hui je vieillis, comme on dit, avec le VIH.
01:35 Tout le monde vieillit ici.
01:36 Voilà. Et de fait, j'ai la chance d'être en bonne santé grâce à ces traitements.
01:42 Et grâce au dépistage que j'ai fait il y a 28 ans, vous évoquiez les 5 000 découvertes de séropositivité.
01:46 On a 30% des découvertes, ce sont des personnes qui arrivent déjà en stade sida,
01:50 donc qui ont été contaminées il y a quelques années et dont la santé s'est dégradée.
01:53 Ça veut dire quoi ? Ça veut dire que votre vie est normale aujourd'hui ?
01:56 J'ai du mal toujours à dire "normale" parce que prendre des médicaments au quotidien
02:00 et aussi subir la discrimination parce que c'est ce qui reste aussi malgré tout,
02:03 parce que la science a progressé et pas toujours les mentalités.
02:06 Donc c'est vrai que je ne considère pas que ce soit une vie normale.
02:09 Et il y a aussi d'autres questions.
02:12 Vous dites "je vieillis avec le virus", même si vous avez une vie en tout cas de qualité.
02:18 Cette question du vieillissement, elle est posée aussi à la recherche.
02:22 C'est-à-dire qu'on prend des traitements qui malgré tout sont assez lourds
02:25 et il faut arriver à améliorer cette qualité de vie.
02:27 Tout à fait. C'est à la fois l'effet des traitements et la persistance du VIH
02:31 qui fait que des personnes développent des pathologies
02:34 plutôt que des personnes qui n'ont pas le VIH.
02:36 Donc c'est vraiment un point d'intention aussi pour la recherche.
02:38 L'an dernier, le site d'action avait récolté près de 4 millions d'euros de promesses, de dons.
02:43 L'inflation a ralenti un peu mais elle continue.
02:46 Qu'est-ce que vous espérez pour cette année ?
02:48 On espère au moins faire la même chose, voir un peu plus pour ces 30 ans.
02:52 On a vraiment besoin de cette collecte pour à la fois financer la recherche
02:56 et les actions de terrain qui permettent de faire de la prévention et de l'accès au dépistage.
03:00 L'onucidaïsme permet de refaire fin à l'épidémie d'ici 2030.
03:03 Ça vous semble un horizon atteignable ?
03:06 C'est compliqué. On devait être en 2020 à moins de 500.000 nouvelles infections.
03:10 On est encore à 1,3 million. On a ce cap mais ce sera compliqué.
03:15 C'est compliqué par quoi ?
03:17 C'est compliqué parce que le virus est très compliqué en termes de recherche.
03:21 Mais aussi parce qu'il y a de plus en plus d'obstacles face au VIH.
03:24 C'est notamment des obstacles légaux.
03:26 Dans certains pays, vous avez par exemple l'homosexualité criminalisée.
03:30 En Pologne, par exemple, il y a adopté récemment des lois.
03:33 Oui, en Ongarda. C'est très inquiétant.
03:35 Si vous êtes une personne homosexuelle, ça va être difficile pour vous d'aller vers un médecin
03:39 ou vers une association de prévention pour dire "je suis homosexuel"
03:42 alors que vous risquez d'aller en prison, ne serait-ce que de le dire.
03:45 Donc tous ces obstacles, comme en France, sur la loi immigration
03:49 qui va reculer sur l'accès à la santé pour les personnes migrantes.
03:52 C'est vraiment un souci avec les différents aspects qui ont été pris autour de cette loi.
03:56 Qu'est-ce que vous voulez dire sur la loi immigration ?
03:58 Par exemple, sur l'indicale d'Etat qui est en débat, on est vraiment très inquiets
04:03 sur le fait que de nouveau des personnes qui arrivent en France sans papier
04:07 puissent dans les premiers mois ne pas bénéficier d'un simple accès aux soins.
04:11 Et ça c'est parce qu'on sait que durant ce temps, la santé peut se dégrader
04:14 pour les personnes vivant avec le VIH notamment.
04:16 Alors il y a des enjeux aussi qui ne sont pas financiers.
04:18 Là vous parliez des questions un peu légales et des questions de loi.
04:21 Il y a d'autres enjeux, c'est ce qui est dans nos têtes.
04:23 Il reste du progrès à faire.
04:25 D'après un sondage IFOP pour le site d'action,
04:27 un tiers des français par exemple seraient mal à l'aise de partir en vacances
04:30 avec une personne séropositive.
04:32 Un tiers des jeunes refuserait de parler à son entourage de sa séropositivité.
04:37 Il y a encore du chemin à faire là-dessus aussi.
04:39 Oui, il y a du chemin à faire parce que la science a progressé
04:41 et malheureusement pas les mentalités.
04:44 Et c'est ce qui fait aussi obstacle au contrôle de l'épidémie.
04:46 C'est-à-dire qu'avec ces représentations,
04:48 les personnes hésitent aussi à aller vers le dépistage
04:51 parce qu'elles se disent "si je suis séropositive, je vais subir ça également
04:54 et donc je ne vais pas au dépistage".
04:56 Et donc ma santé peut potentiellement aussi se dégrader
04:58 et le VIH continue à circuler.
04:59 On se souvient du baiser de Clémentine Sellerier à la télévision,
05:01 face caméra à une personne, à un homme séropositif.
05:04 Ça n'a pas encore porté complètement ses fruits.
05:06 Ce baiser devrait être reproduit et encore reproduit
05:09 parce qu'on a 30% de personnes qui pensent qu'elles peuvent être contaminées
05:13 en embrassant une personne.
05:15 Et ça c'est vraiment terrible.
05:16 Il faut aussi plus d'éducation à la sexualité dans les lycées.
05:19 C'est un vrai manque.
05:20 Et si les jeunes sont moins informés, c'est aussi parce qu'ils reçoivent moins
05:23 de ces séances d'éducation à la sexualité.
05:26 Florence Thune, directrice générale du site d'action.
05:29 Merci beaucoup d'être venue sur France Inter.
05:31 Pour donner pendant 3 jours au site d'action,
05:33 au SIDAction, vous pouvez aller sur internet sidaction.org ou appeler le 110.