• il y a 9 mois
Après la diffusion de "Zone interdite" sur les failles de l'accompagnement des enfants handicapés, Olivier Paolini, président de l'association "L'inclusion ensemble", est l'invité de Jérôme Florin.
Regardez Les trois questions de RTL Petit Matin du 25 mars 2024 avec Jérôme Florin et Marina Giraudeau.

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00:00 Vous êtes sur RTL.
00:02 Une lumière crue jetée sur la prise en charge du handicap en France. C'était
00:11 hier soir dans un documentaire choc diffusé dans Zone Interdite sur M6. On y découvre un
00:15 univers entaché de scandales où l'État ne joue pas son rôle ou pas assez. Et vous avez contribué
00:21 à lever une partie du lièvre si je puis dire. Bonjour Olivier Paolini. Bonjour à vous. Vous
00:27 êtes professeur spécialisé, vous êtes président de l'association l'inclusion ensemble et vous
00:31 travaillez, puisque vous en êtes parti, vous travaillez au sein d'un institut médico-éducatif.
00:36 Il y en a 1300 en France. C'était à Narbonne et on vous voit dans le reportage, vous avez décidé
00:44 d'alerter les parents sur la réalité de ce que vivaient leurs enfants. Alors d'abord pour nos
00:48 auditeurs, quelle réalité, qu'est ce que vous avez vu au sein de cet établissement ? Bonjour à vous.
00:54 Donc du coup, moi j'ai travaillé plusieurs années à cet établissement dans l'IME à Narbonne et j'ai
00:59 commencé à alerter les familles sur des problèmes d'abord de scolarisation et de discrimination des
01:05 enfants qui n'étaient pas scolarisés ou très peu scolarisés. Ça c'est pour la partie
01:10 scolarisation puisque je suis enseignant. Mais plus grave encore, de l'attente à la dignité
01:15 humaine au quotidien. On l'a vu dans le documentaire, des enfants étaient en danger à tout
01:21 moment des morceaux de l'établissement pouvaient leur tomber sur la tête. Et donc à ce moment là,
01:26 j'ai décidé d'alerter les parents immédiatement parce qu'il y avait un danger de risque immédiat
01:31 pour la vie de leurs enfants qui, chaque fois qu'ils venaient à l'IME, pouvaient prendre une
01:37 pierre sur la tête, que ce soit dans une salle d'accueil ou dans la cour de récréation. Voilà,
01:41 parce que c'est une vieille maison de 1905, je crois, assez décrépite. On voit une cheminée
01:47 qui est tombée au sol, le bâtiment est fragile. Et vous avez filmé tout ça ? Alors les images,
01:53 pas que moi, du coup, moi je suis lanceur d'alerte, donc il y a beaucoup de professionnels qui n'osent
01:59 pas parler. Moi je parle publiquement parce que j'ai le statut de lanceur d'alerte qui juridiquement
02:03 me protège. Mais il y a beaucoup de professionnels aussi à l'intérieur de l'IME et dans beaucoup
02:09 d'IME qui sont inquiets de la situation. Effectivement, j'ai récupéré des images et
02:15 j'ai décidé de les montrer aux familles parce qu'il est nécessaire et important qu'elles soient au
02:21 courant. Ce qui malheureusement n'était pas le cas parce que l'IME, la direction de l'association
02:27 et de l'IME ne voulait pas leur montrer la réalité de la situation. Parce que ce qui est fou, c'est
02:31 que les parents ne peuvent pas entrer dans ce bâtiment. C'est la norme, ils ne peuvent pas
02:36 entrer dans les IME, les parents d'enfants handicapés. Les parents sont mis à l'écart
02:39 totalement de ces institutions, à tel point que les professionnels et même la direction a peur
02:45 effectivement de les faire rentrer pour montrer ce qui se passe vraiment parce que c'est choquant
02:50 et grave. Les parents, s'ils savaient comment ça se passait dans l'établissement, ils ne
02:55 mettraient pas leur enfant. C'est triste mais malheureusement, un petit peu tout le monde le
03:00 sait, il y a une espèce d'omerta générale qui fait que malgré cette connaissance collective,
03:07 vous avez vu dans le reportage, il manque des places, les parents ont peur que leur enfant ne
03:12 soit plus accueilli dans l'établissement, donc préfèrent se taire aussi, acceptent l'impensable
03:16 jusqu'à la maltraitance de leur enfant. Les parents acceptent l'impensable, c'est ce que vous dites ?
03:20 Oui, parce qu'il y a du chantage à la place en fait, c'est-à-dire qu'ils préfèrent encore être
03:23 dans un établissement maltraitant, fermer les yeux, que ne plus être accueillis. Parce que la
03:29 situation des familles est extrêmement tendue et avoir son enfant à la maison toute la journée,
03:33 c'est extrêmement difficile. Parce que là, pour revenir à l'établissement de Narbonne,
03:38 dans lequel vous avez travaillé, vous avez montré ces images aux parents. Les parents,
03:42 quand ils découvrent ces images, on les voit, ils pleurent, ils sont sous le choc.
03:46 Oui, ils sont choqués. C'est pas passé, mais il y a une maman qui a dit, on dirait un
03:51 établissement du tiers monde. C'est vraiment extrêmement choquant en termes de dignité
03:55 humaine, en termes de sécurité. C'est gravissime. Et malgré tout ça, les enfants, ils sont toujours
04:02 aujourd'hui dans ce même établissement ? Depuis l'enquête, j'ai évidemment alerté,
04:09 grâce à mon alerte, l'ARS est descendu il y a quelques mois.
04:12 L'Agence régionale de santé ?
04:14 Exactement. Elle a demandé à ce que plus aucun enfant ne soit dans ce bâtiment-là. Mais
04:19 l'association gestionnaire médico-sociale les a brimbalés, les a mis dans un autre
04:23 établissement qui n'est pas mieux en termes de sécurité, d'accueil et de dignité des enfants.
04:28 Donc la situation perdure et la désorganisation, malheureusement, perdure encore. Et moi,
04:36 j'en appelle vraiment, alors là je parle aujourd'hui, et c'est extrêmement important,
04:39 de libérer cette parole des professionnels et des parents pour que chacun dénonce la
04:44 situation. Parce que moi, je l'ai fait. Mais vous savez, les professionnels, même en interne,
04:49 il ne faut pas leur jeter la pierre parce qu'ils finissent malheureusement de s'accommoder à la
04:54 situation parce qu'ils ont peur pour leur travail et ne branchent même plus. C'est terrible de dire
05:00 ça, mais tout le monde s'accommode de cette situation. Donc moi, je propose, vous savez,
05:06 il y a eu, lorsqu'il y a eu les problèmes de violences sexuelles et d'inceste sur les enfants
05:11 il y a quelques années, on a créé une commission qui s'appelle la CIVIZ sur le handicap. Je crois
05:17 qu'il est absolument urgent de créer une commission d'écoute et d'alerte handicap pour que s'expriment
05:23 les professionnels, les parents, les aidants, les enseignants. Parce que la situation, tout le monde
05:30 a son avis sur la situation subjective, sur les politiques publiques du handicap, sur l'inclusion,
05:34 mais on n'a pas de données, on n'a pas d'indicateurs. Il faut parler et mettre ça sur la place publique.
05:39 Et je crois que le documentaire diffusé hier soir, il a fortement contribué. On verra quelles
05:44 en sont les conséquences, en tout cas la ministre en charge du handicap.
05:47 handicap.
05:47 *rire*
05:48 Merci à tous !

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