• il y a 7 mois
Focus sur le label Bio Équitable en France, créé en mai 2020 pour promouvoir les produits issus de l’agriculture biologique paysanne française, tout en rémunérant équitablement les producteurs. Plus de 650 références portant le label sont commercialisées à fin décembre 2023. L’occasion d’aborder la notion de prix planchers, notamment proposée par Emmanuel Macron pendant sa visite au Salon international de l’agriculture 2024.

Category

🗞
News
Transcription
00:00 [Musique]
00:06 C'est le débat de ce Smart Impact. Je vous présente tout de suite mes invités.
00:09 Vincent Rousselet, bonjour.
00:11 Bonjour.
00:11 Bienvenue. Vous êtes le directeur de l'association Bioéquitable en France.
00:15 À vos côtés Christelle Garnier, bonjour.
00:16 Bienvenue à vous aussi.
00:18 Vous êtes vice-présidente du label, paysanne également, administratrice de Biocop.
00:24 On trouve des produits du label chez Biocop.
00:26 On peut faire ce lien d'ores et déjà.
00:28 Quelques questions de présentation. L'association Bioéquitable en France, en quelques mots.
00:32 L'association Bioéquitable en France est née il y a à peu près 4 ans et réunit un certain nombre d'acteurs
00:38 qui ont voulu rendre leur démarche de commerce équitable origine France visible et cohérente
00:46 avec la loi sur le commerce équitable.
00:48 Peut-être on pourra en reparler parce qu'il y a une loi sur le commerce équitable origine France.
00:52 On connaît peut-être un petit peu plus le commerce équitable sur les bananes, le café, le cacao.
00:57 Le commerce équitable maintenant existe sur des produits français comme le blé, le lait, les pois chiches, la viande, etc.
01:06 Avec ce label Bioéquitable en France, 128 filières agricoles, plus de 650 références commercialisées.
01:13 L'association s'est créée pour créer le label, juste pour faire le lien bien comprendre ?
01:18 Oui, exactement. L'association porte le label.
01:20 Elle a élaboré un cahier des charges très strict pour préciser quels sont les engagements de commerce équitable.
01:28 C'est donc un prix équitable basé sur les coûts de production pour les producteurs,
01:32 une relation équitable dans la durée, 3 ans minimum, entre les producteurs et leurs acheteurs,
01:39 et un fonds de développement qui est un complément de prix qui est versé aux producteurs pour mettre en place leur projet collectif.
01:46 Parce qu'on s'adresse à des collectifs de producteurs qui s'organisent pour mettre en marché,
01:51 pour vendre leurs produits, leurs marchandises et avoir des discussions équilibrées avec leurs partenaires commerciaux.
01:57 On est au cœur des enjeux dont on parle depuis des semaines avec la crise du monde paysan.
02:04 Christelle Garnier, en quelques mots, Biocop, c'est une marque, une démarche que pas mal de gens connaissent,
02:09 mais expliquez-nous c'est quoi Biocop ?
02:10 Biocop c'est une marque mais avant tout c'est une coopérative, donc une coopérative multi-sections.
02:15 C'est-à-dire qu'il y a une section magasins, évidemment ça on le voit parce qu'elle enseigne sur les magasins.
02:19 Il y a 739 magasins aujourd'hui répartis sur tout le territoire français et en Corse même.
02:25 Et puis il y a une section groupements de producteurs, donc il y a 22 groupements de producteurs aujourd'hui,
02:32 donc dans plusieurs filières, les fruits et légumes, le lait, la viande, les céréales et le miel.
02:37 C'est quelque chose de nouveau, premier groupement de producteurs de miel.
02:41 Et puis donc il y a aussi des sociétaires salariés qui peuvent être des salariés des services centraux,
02:45 mais des salariés de magasins ou de groupements producteurs, donc qui peuvent participer à la vie politique.
02:49 Et puis des associations de consommateurs, donc tout ça, ça représente à peu près 1200 sociétaires
02:55 et donc toutes ces personnes participent à la vie politique de Biocop.
02:58 Votre objectif, comment je vais vous poser la même question, je commence avec vous Christelle Garnier,
03:01 c'est de mettre en avant, de promouvoir, de partager les principes d'une agriculture différente ?
03:07 Vous dites agriculture paysanne, ça veut dire quoi ?
03:10 En fait, chez Biocop, le projet politique, la charte, n'a pas changé depuis la création en 1986.
03:17 Et donc le début de la charte, c'est développer l'agriculture biologique dans un esprit d'équité et de coopération.
03:23 Donc là, tout est dit en fait. C'est le collectif qui prime avant tout pour développer l'agriculture biologique,
03:29 mais évidemment sur des petites fermes. Enfin l'idée, ce n'est pas l'industrialisation de l'agriculture,
03:35 c'est bien des fermes à taille humaine, donc avec évidemment plus de personnes qui y travaillent,
03:40 le respect du vivant via le bio, etc.
03:43 Et donc l'enjeu de la rémunération des agriculteurs, je le disais, ça fait des mois que c'est au cœur des manifestations.
03:52 Comment vous garantissez finalement ? J'ai bien compris le système, le contrat sur trois ans,
03:56 je pense que ça permet finalement de garantir, de sécuriser,
04:02 mais comment vous faites ? C'est quoi le modèle économique en quelque sorte ?
04:05 C'est le fait d'avoir moins d'intermédiaires par exemple ? Comment vous y arrivez ?
04:08 Le fait d'avoir moins d'intermédiaires fait partie effectivement du modèle.
04:12 Il y a un nombre maximum, 4 exactement, dans nos chaînes d'approvisionnement,
04:17 mais la plupart du temps, on est sur des chaînes plus courtes.
04:21 On a même des groupements qui ont utilisé le label pour valoriser leurs propres produits, leurs propres marques.
04:28 Donc ça c'est un modèle aussi plus court.
04:33 L'idée effectivement, et je reviens sur ce que vous disiez tout à l'heure,
04:37 nous notre souhait c'est effectivement de défendre un certain modèle d'agriculture,
04:41 un certain modèle d'agriculture bio-paysanne, et donc de rémunérer les paysans au juste niveau,
04:52 avec effectivement un modèle paysan qui parfois a des coûts de production plus élevés.
04:56 En bio, on a des rendements qui sont quand même inférieurs aux conventionnels,
05:00 et bien il faut le prendre en compte dans le coût de production.
05:02 Et c'est pour ça qu'on a ce commerce équitable qui défend ces prix
05:07 et cette rémunération des producteurs bio sur des modèles de fermes familiales.
05:13 Ça veut dire que les produits sont forcément plus chers pour les consommateurs ?
05:17 C'est aussi un acte engagé ou militant de la part des consommateurs ?
05:22 Vous pouvez commencer.
05:24 Alors ça dépend parce que nous ce qu'on essaye de faire effectivement
05:27 c'est de rendre ces produits équitables accessibles au grand nombre.
05:31 Donc ce qu'on privilégie par exemple beaucoup c'est les produits en vrac.
05:34 Donc on va trouver beaucoup de nos produits labellisés bioéquitables en France
05:38 dans les céréales en vrac par exemple.
05:41 On va aussi mettre en avant les fruits et légumes,
05:44 qui sont des produits non seulement accessibles mais en plus bons pour la santé.
05:49 Et puis il peut y avoir aussi une réduction de l'ultra-transformation,
05:52 que Biocop fait très bien, qui permet d'avoir des produits aussi
05:56 à des prix beaucoup plus abordables et meilleurs pour la santé.
06:00 Et puis après il peut y avoir des produits qui sont certes un petit peu plus chers
06:03 et là c'est un acte militant des consommateurs.
06:06 Tout le monde ne peut pas le faire mais certains peuvent le faire de temps en temps
06:11 et ça aide beaucoup les producteurs.
06:12 Je vous pose cette question aussi Christophe Garnier parce que voilà,
06:16 le bio en général, je ne parle pas de votre modèle,
06:19 mais le bio en général a quand même beaucoup souffert depuis deux ans avec l'inflation.
06:23 À quel point vous l'avez-vous ressenti
06:26 et est-ce que c'est un peu derrière vous ou derrière nous cette crise du bio ?
06:31 On pense que c'est derrière nous, en tout cas on a l'espoir que ça va continuer à être derrière nous.
06:36 Après c'est vrai qu'il y a eu un moment difficile
06:38 parce qu'il y a eu les consommateurs qui se sont un petit peu détournés du bio
06:42 mais ça aussi via le fait de le label HVO, de valeur environnementale,
06:47 ou les allégations sans résidus de pesticides, pas de traitement après la récolte,
06:52 qui a fait croire aux consommateurs que c'était des produits bio moins chers.
06:56 Alors que ce n'était pas du tout le cas, ce n'est pas du tout le même modèle.
07:00 Alors effectivement on a dû faire des efforts sur nos prix, y compris en commerce équitable,
07:05 c'est-à-dire que pour ne pas être complètement décorrélés du marché,
07:09 il a fallu qu'on fasse attention et que tout le monde fasse des efforts.
07:12 Et aujourd'hui je pense que ce qui serait vraiment important,
07:15 c'est que les pouvoirs publics puissent accompagner l'ensemble de la chaîne
07:18 parce que pour qu'un produit soit labellisé, il faut que le groupement de producteurs soit labellisé,
07:22 mais aussi le transformateur, le céréalier, le groupement de producteurs de céréales,
07:27 celui qui fait la farine, celui qui fait le biscuit et ensuite le porteur de marque.
07:31 Et en fait ce qui serait important, c'est que l'État puisse accompagner les différents acteurs de la chaîne
07:37 pour que le prix équitable à la fin ne soit pas discriminant pour le consommateur,
07:42 pour qu'il puisse arbitrer son choix, pas avec le prix,
07:45 mais avec ce que porte le label Bioéquitable en France.
07:51 Tout est dit en fait, c'est bio, c'est équitable et c'est français.
07:54 Et c'est des produits français.
07:56 Vous l'avez évoqué Vincent Rousselet, il y a cette idée de financer des projets collectifs.
08:01 De quoi on parle précisément ?
08:03 Alors oui, c'est le fonds de développement, c'est le troisième pilier du commerce équitable.
08:07 Chez nous c'est 1% des ventes du groupement de producteurs à son acheteur
08:13 et qui permet effectivement de financer des actions collectives des groupements de producteurs.
08:19 Alors qu'est-ce que ça peut être ?
08:20 Ça peut être pourquoi pas un système informatique qui permet de planifier les récoltes
08:25 pour avoir une meilleure coordination des livraisons pour l'acheteur.
08:30 Ça peut être aussi, c'est le cas de notre président,
08:33 d'avoir des meilleures mesures agroécologiques pour aller au-delà du cahier des charges.
08:39 Par exemple sur les fruits rouges et sur les fraises,
08:41 malheureusement en bio on utilise encore du plastique pour éviter le développement des mauvaises herbes.
08:47 Et bien là, le groupement développe des nouvelles méthodes de paillage
08:51 qui sont à la fois bonnes pour l'environnement, bonnes pour la plante et bonnes pour le consommateur.
08:58 Et puis ça peut être aussi des formations pour les dirigeants des coopératives,
09:04 les administrateurs, les agriculteurs eux-mêmes qui ont envie de se former à la gouvernance,
09:10 au développement de leurs propres structures pour prendre en main leur destin.
09:14 Est-ce qu'il y a trop de labels, Christelle Garnier ?
09:16 Parce que je pensais en préparant l'émission, il y a le label français AB,
09:20 il y a l'Eurofeuille qui est le label bio de l'Union Européenne,
09:22 on peut s'y perdre un peu quand on est consommateur.
09:26 Est-ce qu'il y a trop de labels ?
09:26 C'est vrai qu'aujourd'hui pour faire ses courses, il faut être un expert quelque part.
09:31 Après, s'il y a une multitude de labels, en tout cas beaucoup de labels,
09:36 c'est parce qu'en fait ils sont différents.
09:40 Donc je pense que ce qui est aussi important, c'est de s'approprier comment on veut consommer
09:47 pour pouvoir aller dans un endroit.
09:49 C'est vrai que tous les labels ne se valent pas, sinon il n'y en aurait qu'un.
09:54 Parlons des prix planchers, j'ai bien envie de vous entendre là-dessus, Vincent Rousselet.
09:59 Comment vous avez réagi quand vous avez entendu le président de l'AIP public
10:02 chahuter au Salon de l'Agriculture, dire "Tiens, moi aussi je me convertis aux prix planchers" ?
10:08 On a dit enfin des prix planchers.
10:11 Oui, on est pour les prix planchers, mais tout dépend comment ils sont calculés.
10:16 C'est vraiment la question, évidemment.
10:20 Et je le disais, le mode de production biologique n'est pas le même que le mode de production conventionnel.
10:26 Les rendements sont différents, on est plus intense en main d'oeuvre,
10:29 moins en intrants chimiques, forcément.
10:31 Mais ça a un coût, et nous ce qu'on souhaite c'est que ce coût de production, de la bio,
10:37 de la biopaysanne, soit pris en compte, qu'on intègre bien entendu le travail du producteur,
10:43 sa juste rémunération, et que ce soit ça, le prix plancher.
10:46 Nous, c'est ce qu'on appelle le prix minimum équitable.
10:49 C'est ce qu'on souhaite, c'est ce qu'on porte, c'est ce qu'on met en oeuvre, et on pense que c'est possible.
10:53 Et quand vous voyez finalement, et c'est sans doute caricatural,
10:57 que ce mouvement des agriculteurs est réduit à une critique de notamment le pacte vert européen,
11:07 dans son volet agricole, l'excès de normes notamment européennes,
11:12 et finalement, qu'est-ce qu'on retient au bout de la chaîne ?
11:15 L'Europe est en train de revenir en arrière sur ses ambitions environnementales.
11:19 Comment vous réagissez à ça ? Je vous pose la question à tous les deux,
11:22 vous pouvez commencer rapidement, Vincent Roussel.
11:24 Nous, on pense qu'on se trompe de problème.
11:27 Le problème, il n'est pas sur l'excès des normes ou le respect de l'environnement.
11:31 D'ailleurs, l'utilisation de pesticides nuit à la santé même des producteurs eux-mêmes,
11:38 et nuit à l'ensemble de la société.
11:40 C'est un faux problème.
11:42 Le vrai problème, c'est la juste rémunération des producteurs,
11:45 et c'est un changement de modèle agricole.
11:47 20 secondes pour répondre à cette question, c'est compliqué.
11:50 Ça vous a un peu désespéré à un moment ?
11:52 Oui, moi je trouve ça désespérant.
11:54 Je pense qu'aujourd'hui, on est quand même à un moment de la vie de notre planète,
11:58 de la vie du vivant en fait, qui est préoccupante.
12:01 Et je pense que c'est vraiment des retours en arrière.
12:03 Mais j'ai le sentiment que les consommateurs en prennent acte,
12:07 et peut-être c'est aussi pour ça qu'ils vont revenir vers le bio
12:10 et vers les choses plus vertueuses pour tout le monde.
12:13 On l'espère pour vous. Merci beaucoup. Merci à tous les deux et à bientôt sur Bismarck.
12:17 On passe à notre WERIC Startup tout de suite.

Recommandations