• il y a 10 mois
À l’appel de la Fédération nationale d’agriculture biologique, une centaine d’agriculteurs bio s’est mobilisée aux abords de l’Assemblée nationale afin de dénoncer l’abandon de la filière par le gouvernement.

«Chaque jour qui passe, on a des fermes qui sortent de l’agriculture biologique, des fermes qui commencent à remettre des pesticides sur des surfaces qui ont été protégées jusqu’ici.» assène Philippe Camburet, président de la Fnab.

Grands oubliés du conflit agricole, la Fnab estime que la filière bio « est abandonnée par le gouvernement et les syndicats majoritaires». En effet, si la demande d’un plan d’urgence bio figurait bien dans les revendications d’agriculteurs du secteur, celui-ci n’a pas été défendu à hauteur des enjeux qu’il représente.

Les filières biologiques ont chiffré les pertes qu’elles subissent à 550 millions d’euros sur les deux dernières années. En annonçant vendredi dernier une enveloppe de 50 millions d’euros pour la prise en charge des pertes bio 2023 qui elles, s’élèvent à 300 millions d’euros, le premier ministre a de nouveau montré son désintérêt pour la situation des fermes bio.

Selon Lucie Illy, productrice de fruits bio dans les Hautes-Alpes, la pomme bio est bien plus « margée » qu’une pomme conventionnelle. «Quand on gagne 1200 euros par mois, on ne peut pas acheter une pomme à 3,50 euros le kilo alors que nous les vendons aux industrielles à 0,35 euros…».
Pour la militante du Modef, le gouvernement n’a fait que suivre le discours des industrielles de l’agro-alimentaire et les paysans sont abandonnés.

Pour Christophe Osmont, éleveur de vaches et de cochons dans la Manche, il y a urgence à soutenir véritablement la filière. «Si l’agriculture bio ne de développe pas, on va continuer à avoir des problèmes sanitaires et on a besoin du bio pour l’avenir de l’humanité.»

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Transcription
00:00 On voit bien que le gouvernement n'a pas voulu contenter les revendications des paysans.
00:04 Ils ont simplement contenté l'agroalimentaire, les industriels et l'encadrement de leurs marges.
00:11 On n'en parle absolument pas.
00:12 Certaines filières ont réussi à susciter une belle générosité de la part du gouvernement.
00:23 Tant mieux pour elles.
00:24 Qu'en est-il de l'agriculture biologique ?
00:26 18% en 2027, c'est l'objectif qui a été fixé. On en est très loin.
00:31 Doubler les surfaces en 2030, la planification écologique a fixé cet objectif-là.
00:37 Comment est-ce qu'on va y arriver si aujourd'hui, chaque jour qui passe,
00:42 on a des fermes qui sortent de l'agriculture biologique,
00:45 des fermes qui commencent à remettre des engrais et des pesticides
00:48 sur les surfaces qui ont été protégées jusqu'à aujourd'hui ?
00:51 Un soutien fort de l'État, d'un soutien financier, politique, important.
00:56 Les agriculteurs qui ont manifesté, on partage beaucoup, en particulier la colère
01:01 du fait qu'on n'arrive pas à être rémunérés assez pour notre métier qui est si noble.
01:06 Mais peut-être qu'ils ne se rendent pas compte toujours de ce qui se joue
01:10 dans les négociations avec les ministres et avec le gouvernement.
01:13 Ils sont représentés par des agro-industriels qui n'ont absolument pas intérêt
01:17 à les défendre vraiment sur le terrain. Ils ont intérêt à ce que l'agriculture française
01:22 continue à faire des produits de basse qualité qui soient concurrentiels
01:27 à l'international pour pouvoir continuer à exporter.
01:30 Il faut absolument, non seulement qu'il y ait des agriculteurs bio qui restent,
01:35 mais il en faut de plus en plus. Si l'agriculture bio ne se développe pas,
01:39 on va continuer à polluer les sols, on va continuer à avoir des problèmes sanitaires
01:43 et en fait on ne va pas s'en sortir. On a besoin de l'agriculture bio
01:47 pour l'avenir de l'humanité tout simplement.
01:49 On est bio, même si l'État nous épanouit, on est bio.
01:55 C'est un accompagnement qui sera coûteux, c'est un accompagnement qui aujourd'hui
01:59 et les dernières mesures nous le démontrent, ne peut pas se traduire par des choses
02:04 aussi erratiques avec des changements de pied quasiment d'un jour sur l'autre
02:08 suivant le dernier qui a soufflé et qui a mis la pression.
02:10 Et ça demande du coup une planification. Et je croyais bien que depuis la première
02:14 ministre précédente, on était censé faire de la planification écologique.
02:17 C'était peut-être une bonne inspiration du candidat d'entre-deux-tours
02:20 qui est notre ex-nouveau président.
02:22 Sauf qu'à un moment on ne peut pas se payer de mots, surtout quand du réchauffement
02:26 climatique on est passé au dérèglement et qu'on n'est pas loin de l'effondrement.
02:30 Quand Laurence disait que nos jeunes, y compris issus des milieux agricoles,
02:35 sont eux aussi la génération climat. Donc aux adultes, aux élus, aux politiques,
02:41 d'être aussi responsables par rapport à ça, quelle que soit leur couleur politique par ailleurs.
02:46 Par exemple, je connais très bien au niveau des pommes, la pomme bio est plus margée,
02:56 ils prennent plus de marge sur une pomme bio que sur une pomme conventionnelle.
02:59 Et donc quand derrière on nous explique que c'est parce que le bio n'est plus assez attractif,
03:03 que c'est pour ça qu'on vend moins bien, c'est absolument pas ça.
03:05 C'est que quand on gagne 1200 euros par mois, effectivement on ne peut pas se payer une pomme
03:08 qu'on retrouve à 3,50 euros ou 4 euros dans le commerce.
03:11 L'an passé on m'a acheté mes pommes 35 centimes, de la pomme bio.
03:14 Quand d'habitude on tournait aux alentours de 50.
03:17 Et là on a une grosse déconversion, 35% de déconversion,
03:21 parce que les agriculteurs bio ne s'y retrouvent plus.
03:24 Ils ont un discours d'écologie, un discours de transition écologique,
03:29 mais en fait c'est uniquement du discours.
03:31 Parce que dans les actes, on revient sur éco-phyto,
03:33 c'est 30 ans de retour en arrière sur les zones non traitées, c'est une aberration.
03:36 On devrait aller au contraire vers ça, on devrait être accompagnés,
03:39 et en fait c'est totalement l'inverse.
03:42 Ils ont suivi le discours des industriels, de l'agroalimentaire,
03:45 et les paysans sont abandonnés.
03:47 Si on veut tout simplifier, faire tout ça sur ordinateur,
03:56 à ce moment-là on se retrouve avec un énorme champ de betterave où rien ne fonctionne,
03:59 alors que nous on multiplie les cultures un petit peu partout,
04:02 on fait de la culture très diversifiée,
04:04 et on arrive au final à réussir à produire des quantités qui nourrissent des gens.
04:08 Et donc quand on achète un kilo de carottes chez moi,
04:10 on tient vraiment un kilo de carottes,
04:12 alors que si on l'achète en dehors,
04:14 chez des gens qui font une culture un peu classique,
04:17 on va être obligé de mettre beaucoup d'eau pour la faire pousser,
04:20 et à ce moment-là on achète surtout un kilo d'eau.
04:22 Le plus dur c'est de se retenir à utiliser des moyens qui semblent puissants,
04:26 et qui en fait sont assez peu efficaces,
04:29 alors qu'en travaillant avec la nature,
04:31 on arrive finalement à avoir des productions qui sont saines,
04:34 et qui sont en volume très intéressant.
04:36 Pour la santé de nos enfants, on protège l'environnement,
04:40 on veut juste en vivre dignement.
04:43 On est bio, on est bio,
04:47 même si l'État ne nous aime pas, nous on est bio.

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