Le plan Vigipirate est rehaussé à son niveau le plus élevé et la menace d'attentat est toujours présente à Strasbourg. Le secrétaire départemental Alliance Police dans le Bas-Rhin, Sylvain André, est l'invité de France Bleu Alsace ce mardi 26 mars.
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00:00 La menace terroriste pèse de nouveau sur la France et l'Alsace.
00:03 Le niveau de vigilance a été rehaussé.
00:05 Alors quelles sont les conséquences dans notre quotidien
00:08 et pour les forces de l'ordre qui assurent notre sécurité ?
00:11 C'est ce qu'on va voir avec vous Sylvain André. Bonjour.
00:13 Bonjour.
00:14 Secrétaire départemental du syndicat Alliance Police dans Le Barin.
00:17 Est-ce que la menace est de retour à Strasbourg
00:21 ou bien elle a toujours été là et on l'avait un peu oubliée ?
00:23 Au vu du contexte géopolitique et puis la menace terroriste
00:27 a toujours été présente à Strasbourg.
00:29 Je te rappelle que depuis 2015,
00:31 effectivement les menaces ont toujours été permanentes
00:35 et surtout après 2018, l'attentat de Strasbourg
00:37 ainsi que celui qui a été déjoué en 2022,
00:40 la menace terroriste est toujours présente à Strasbourg.
00:43 Et Strasbourg est particulièrement visée aujourd'hui encore à cause de quoi ?
00:47 Strasbourg reste quand même la capitale européenne,
00:49 reste quand même une institution qui peut être visée
00:51 avec le Parlement européen, le Conseil de l'Europe.
00:54 Donc automatiquement, ça peut engendrer
00:58 des attentats sur Strasbourg.
01:00 On sait qu'au niveau criminalité, forcément à Strasbourg,
01:03 c'est une grande ville comme d'autres grandes villes,
01:05 il y a d'autres choses à gérer.
01:06 Mais les opérations antiterroristes,
01:09 vos collègues policiers en mènent encore chaque jour actuellement ?
01:13 Tout à fait. Je veux dire, à l'heure d'aujourd'hui,
01:14 les services de renseignement,
01:16 que ce soit le renseignement territorial et la DGSI,
01:18 sont bien présents à Strasbourg,
01:20 agissent avec un professionnalisme et une rigueur exemplaires
01:23 et permettent effectivement le démantèlement de certains attentats.
01:26 Et on pensait qu'il n'y aurait plus tellement d'attentats
01:29 comme ceux du 13 novembre,
01:31 c'est-à-dire avec des commandos organisés
01:33 qui se font sur le sol français,
01:36 plus des actes isolés finalement.
01:38 Est-ce que pour les forces de l'ordre,
01:40 c'est encore d'actualité, ce genre de gros réseaux qui existent ?
01:43 Oui, on a toujours une vigilance sur les groupuscules terroristes.
01:46 Et je veux dire, ce qui est effectivement,
01:48 comme vous le soulignez,
01:50 le souci est effectivement l'acte isolé.
01:52 Un individu qui peut s'armer d'un couteau, d'une machette,
01:55 comme ça s'est vu dernièrement,
01:57 et qui passe à l'acte dans les rues de Strasbourg.
01:59 On l'a eu en 2018 avec effectivement ce terroriste,
02:02 d'ailleurs où le procès est actuellement à Paris,
02:04 où il a commis effectivement une déambulation dans le marché de Noël
02:07 avec une arme et avec un couteau.
02:09 Et ça demande beaucoup de travail de vos collègues,
02:11 notamment la surveillance via Internet, par exemple ?
02:14 Oui, la vigilance est sur Internet,
02:17 elle est sur le suivi de certains individus
02:19 susceptibles d'être radicalisés,
02:22 où le suivi se fait par les services de renseignement.
02:25 - Plan Vigipirate relevé à son niveau maximum,
02:28 on l'a entendu en hoste de Gabriel Etal, le Premier ministre.
02:31 Alors est-ce que ces menaces vous inquiètent ?
02:35 Est-ce que vous vous sentez désormais en sécurité ?
02:37 Est-ce que ce déploiement aussi de force, de l'ordre, vous suffit ?
02:40 Vous témoignez ce matin au 03 88 25 15 15.
02:43 On va prendre la direction de Blotheim dans le Haut-Rhin
02:45 où nous attend Cédric. Bonjour Cédric.
02:47 - Good morning, good morning.
02:49 - Good morning Cédric. On retraite un sujet d'actualité
02:52 dont on se serait bien passé, n'est-ce pas ?
02:54 Reparler à sécurité, reparler à attentat,
02:56 ce n'est pas ce qui nous réjouit le plus,
02:58 mais l'actualité est ainsi faite.
03:00 Qu'est-ce que ça vous inspire tout cela, ce climat actuellement ?
03:03 - Le fait qu'il y ait de nouveau une alerte,
03:06 ça augmente de nouveau l'angoisse de sortir
03:09 et de se promener en ville, ça c'est sûr.
03:11 Après, ce que je tiens à saluer,
03:14 c'est les forces de police, comme disait M. André,
03:16 qui font un travail interne qu'on ne voit pas forcément
03:19 et qui, de ce fait, peuvent déjouer maintenant des attentats
03:22 parce qu'on est quand même assez préparés, je pense,
03:25 à ce genre de choses, mais comme il dit,
03:27 on n'est jamais à l'abri d'un dégénéré
03:30 qui se promène dans la rue avec un couteau et une machette
03:32 et qui peut vous planter dans le dos.
03:34 Donc je pense qu'il faut marcher, il faut apprendre à marcher
03:36 avec un œil dans le dos aussi.
03:37 - C'est ce qui vous arrive à vous, Cédric,
03:39 quand vous sortez, vous y pensez
03:41 ou est-ce que finalement ça fait un peu partie
03:43 mais sans forcément vous retourner le cerveau chaque jour ?
03:46 - Moi, depuis les attentats, j'y pense, oui,
03:48 parce que faisant partie de la communauté LGBT,
03:50 on est forcément un peu toujours les premiers
03:53 "ciblés" entre guillemets.
03:55 Donc moi, j'ai appris à marcher avec un œil dans le dos,
03:57 que ce soit à Strasbourg, à Mulhouse
04:00 ou dans d'autres villes de France d'ailleurs.
04:02 - Et est-ce que ce qui se passe actuellement,
04:04 le relèvement de ce plan Vigipirate,
04:07 va modifier votre quotidien, vos déplacements éventuellement ?
04:11 - Alors modifier, non, parce que je ne laisserai
04:14 certainement pas gagner les terroristes, ça c'est sûr.
04:17 Mais il faudrait ne pas être plus vigilant,
04:19 c'est vraiment triste, en espérant qu'un jour
04:21 ça s'arrange pour nos générations futures
04:23 et pour nos enfants.
04:25 - Cédric, on vous remercie de votre témoignage,
04:26 en tout cas merci à nous d'avoir appelé France Blaise.
04:29 Si vous souhaitez vous aussi réagir,
04:31 échanger sur ce sujet d'actualité,
04:33 profitez-en, c'est votre moment, jusqu'à 8h,
04:35 comme chaque matin, 03.88.25.15.
04:37 - Sylvain André, secrétaire départemental
04:39 d'Alliance Police dans le Barin.
04:41 Maintenant qu'on est en urgence,
04:43 attentat, ce niveau le plus élevé du plan Vigipirate,
04:45 qu'est-ce que ça change pour notre quotidien ?
04:47 - Ce que ça change pour votre quotidien,
04:49 c'est surtout pour les forces de l'ordre,
04:51 parce que c'est des présences maintenant accrues
04:53 sur la voie publique.
04:55 L'augmentation des patrouilles sentinelles aussi,
04:57 ils font partie de ce dispositif,
04:59 et ça donne effectivement à mes collègues
05:01 un petit peu plus de pouvoir
05:03 en termes de mesures administratives ou judiciaires,
05:05 pour pouvoir effectivement
05:07 traiter l'ensemble de ces menaces.
05:09 - Vos collègues sont très sollicités, on le sait,
05:11 hier encore, on l'a vu, il y a eu des menaces
05:13 contre des établissements scolaires,
05:15 c'était prévisible que ça arrive,
05:17 comment est-ce qu'on gère ce genre de situation,
05:19 dont on sait que ça peut arriver, parce que d'autres établissements
05:21 en ont reçu, dont on sait que les conséquences
05:23 ne sont pas forcément présentes, mais qui mobilisent quand même
05:25 des forces de l'ordre, comment on fait ?
05:27 - Tout à fait, cette menace n'est pas prise à la légère,
05:29 le risque zéro n'existe pas,
05:31 et automatiquement, lorsqu'il y a une menace
05:33 qui est faite sur un établissement scolaire,
05:35 puisque le passé nous rappelle quand même
05:37 à des heures sombres, avec des harass ou autre,
05:39 où il y a eu des attaques dans des établissements scolaires,
05:41 donc automatiquement,
05:43 il y a un dispositif qui est mis en place
05:45 avec l'évacuation et la sécurisation des lieux,
05:47 et intervention des services spécialisés,
05:49 en l'occurrence le déménage,
05:51 et tant que la levée de doute n'a pas été faite,
05:53 on garde ce dispositif.
05:55 Bon, ça incombe effectivement une activité supplémentaire
05:57 pour mes collègues, et le risque
05:59 il est toujours présent,
06:01 mais la difficulté, elle est que
06:03 l'activité quotidienne de mes collègues
06:05 est accrue par rapport à ces menaces,
06:07 et pendant ce temps-là, on ne gère pas
06:09 les autres missions de police qui sont autant plus importantes également.
06:11 - Oui, on est obligé de faire ça, à chaque fois,
06:13 il n'y a pas question d'éroger
06:15 ou de se dire "non mais il y a des chances que de toute façon
06:17 il ne se passe rien, même malgré
06:19 les mails de menaces qui sont envoyés".
06:21 - Tout à fait, je veux dire, la menace est permanente,
06:23 et en aucun cas,
06:25 on va se permettre de se dire "on n'intervient pas".
06:27 S'il y a automatiquement une menace,
06:29 il y a intervention des forces de police.
06:31 - Est-ce qu'aujourd'hui, vous disiez, Strasbourg
06:33 est particulièrement visé, on le disait en début d'interview,
06:35 est-ce qu'on a les moyens
06:37 de nos ambitions, on va dire,
06:39 aujourd'hui au niveau des forces de police,
06:41 qui sont très sollicitées, contre le trafic de drogue,
06:43 contre la criminalité au quotidien,
06:45 maintenant contre la menace terroriste ?
06:47 - Oui, à l'heure d'aujourd'hui, mes collègues sont fatigués,
06:49 il ne faut pas se faudre, il faut dire les choses comme elles sont, ils sont fatigués, mais mobilisés.
06:51 Et par contre,
06:53 effectivement, à Strasbourg, on a une particularité,
06:55 c'est qu'à l'heure d'aujourd'hui,
06:57 on est toujours à -100 en termes d'effectifs,
06:59 - -100 personnes ? - -100 personnels, oui.
07:01 - D'accord. - Donc sur le département du Barin,
07:03 en comprenant à Guenau, Célestat et Strasbourg,
07:05 donc nous, on en appelle,
07:07 effectivement, à recevoir ces effectifs pour pouvoir
07:09 soulager mes collègues, qui, eux,
07:11 ont une activité quand même beaucoup plus importante en ce moment,
07:13 et sans oublier
07:15 l'événement international qui arrive
07:17 sur la France, où Strasbourg
07:19 sera sollicité par rapport au fait de
07:21 devoir fournir des effectifs sur Paris,
07:23 et notre crainte, elle est là.
07:25 - Est-ce que les forces de police sont suffisamment alertes
07:27 aujourd'hui ? Il y a toujours
07:29 suffisamment de formes pour pouvoir
07:31 assurer toutes ces missions-là ?
07:33 - Oui, mes collègues sont professionnels jusqu'au bout.
07:35 Ils assureront leurs missions, ils sont formés pour ça,
07:37 mais... - Il n'y a pas de doute à avoir ? - Non, il n'y a pas de doute
07:39 à avoir sur l'efficacité
07:41 de mes collègues et sur leur professionnalisme,
07:43 mais on attend quand même, effectivement,
07:45 ces effectifs sur le Barin.
07:47 - Et vous avez des signes qui vous disent que ça peut
07:49 venir, que ça va arriver ou pas ?
07:51 - On a nos autorités, en l'occurrence, nos autorités
07:53 préfectorales, Mme Chevalier,
07:55 qui agit dans ce sens. Maintenant,
07:57 il faut effectivement que Paris nous donne
07:59 les moyens. - Il y a des demandes qui sont formulées ?
08:01 - Tout à fait. - Régulièrement, et qui sont
08:03 entendues. Vous parliez
08:05 éventuellement, évidemment, des Jeux Olympiques
08:07 qui arrivent bientôt. Il y aura le passage de la flamme
08:09 aussi en Alsace,
08:11 qui va demander une nouvelle fois
08:13 des forces de l'ordre.
08:15 Comment est-ce que vous présentez ces prochains mois ?
08:17 - A l'heure d'aujourd'hui, on attend toujours
08:19 d'avoir les modalités
08:21 d'emploi pour mes collègues, puisqu'on est toujours
08:23 en attente, effectivement, de certains décrets
08:25 du ministère de l'Intérieur,
08:27 pour pouvoir, effectivement, mobiliser
08:29 nos agents. On est, pour l'instant,
08:31 sur de l'appel à volontaire,
08:33 pour pouvoir se rendre sur Paris. Notre crainte, elle est
08:35 également sur les effectifs qui resteront à Strasbourg,
08:37 parce que si l'activité augmente
08:39 sur Strasbourg, avec des effectifs restreints,
08:41 ça risque d'être compliqué pour nous, quand même.
08:43 - Merci beaucoup, Sylvain André, d'avoir été
08:45 avec nous ce matin, secrétaire
08:47 départementale du syndicat Alliance Police
08:49 dans le bar. Merci, bonne journée.