Les entreprises recrutent toujours beaucoup en Alsace en 2024. France Travail fait le point sur les projets de recrutement. Son directeur territorial dans le Bas-Rhin, Philippe Weisseldinger, est l'invité de France Bleu Alsace mercredi 15 mai.
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00:00 En Alsace, Théo, les entreprises cherchent encore à recruter beaucoup de monde.
00:04 Presque 70 000 personnes recherchées dans des secteurs qui vont du bâtiment à l'aide à la personne.
00:09 Qu'est-ce que vous recrutez ? Est-ce que vous avez du mal à trouver ?
00:12 On vous pose la question ce matin, 0388 25 15 15.
00:15 Et on en parle avec le directeur territorial de France Travail.
00:18 C'est le nouveau nom de Paul Emploi dans le bar.
00:20 Bonjour Philippe Vessin-Nangé.
00:22 Bonjour.
00:23 La difficulté, les secteurs en tension, on va y venir.
00:26 Mais d'abord, la situation est-elle plus ou moins compliquée en Alsace
00:29 et comment est-ce que ça évolue ces besoins en main d'œuvre ?
00:31 Comme vous le disiez très justement, aujourd'hui c'est un marché qui est extrêmement dynamique.
00:36 Même si on a connu une petite baisse cette année,
00:38 baisse d'ailleurs moins forte que sur la région et en Alsace qu'au niveau national.
00:42 Il y a pas mal d'opportunités d'emploi encore en 2024 qu'affichent les employeurs.
00:47 L'Alsace notamment reste un gros pourveilleur d'emploi
00:52 puisque pratiquement un emploi sur trois sur le Grand Est,
00:55 une embauche sur trois sur le Grand Est en 2024 se fera en Alsace.
00:58 On entend ce chiffre de 69 000 projets de recrutement.
01:02 Est-ce que c'est un chiffre qui doit préoccuper ou au contraire qui est plutôt positif
01:05 et qui est signe d'une bonne économie ?
01:07 Quand on regarde un petit peu l'historique, on est sur un plateau, un plateau haut.
01:11 C'est vrai que depuis 2018, on est sur un niveau extrêmement élevé de besoins de recrutement.
01:16 On connaît une petite baisse de 4% par rapport à l'année dernière,
01:20 mais on est quand même aujourd'hui encore plus de 10% en augmentation
01:24 par rapport à l'année 2018 et sur les années précédentes.
01:27 Ce sont souvent des petites entreprises qui cherchent à recruter des entreprises de moins de 10 salariés.
01:32 C'est un signe de vitalité de ces petites entreprises qui se créent
01:35 ou au contraire elles ont besoin de ces gens pour pouvoir tenir le coup ?
01:39 C'est vrai qu'habituellement, on a plutôt l'image du gros employeur qui recrute,
01:44 mais en réalité, la très grande majorité aujourd'hui des recrutements
01:47 se font sur les PME de moins de 10 salariés.
01:49 Donc ça c'est une réalité économique, ça ne date pas d'hier.
01:51 C'est une vraie réalité à laquelle ne pense d'ailleurs pas toujours le monde de l'emploi.
01:55 C'est-à-dire qu'en termes de démarches, il faut que nous demandons à l'emploi
01:59 les démarches, il faut qu'on pense à nos petits artisans, à nos PME,
02:02 quand on recherche un emploi.
02:03 Parce qu'en général, on se dit qu'on cherche du travail uniquement dans les entreprises qu'on connaît
02:08 ou celles qui ont beaucoup de salariés, parce qu'on dit que
02:10 peut-être le turnover est plus important que les petites ?
02:12 C'est une forme de raccourci, effectivement.
02:14 Il faut vraiment qu'on pense aussi à nos PME, à nos artisans, quand on cherche du travail.
02:18 Surtout dans les secteurs les plus en tension, on se parle du bâtiment,
02:21 souvent l'industrie aussi est très demandeuse.
02:24 Aujourd'hui, sur le top 3, on va dire tous les secteurs recherches,
02:28 dans le top 3 des métiers, on a aujourd'hui plus de 2000 embauches
02:33 qui sont prévues sur les personnes qui sont en charge de l'entretien, du nettoyage.
02:38 Ça, c'est le premier métier qui est recherché.
02:40 Ensuite, dans le top 3, on retrouve les secteurs classiques,
02:43 on retrouve le secteur de la santé notamment, avec les aides-soignants,
02:47 puisqu'on aura plus de 1600 postes d'aides-soignants qui vont être proposés en Alsace sur l'année 2024.
02:52 Et le troisième métier le plus recherché, ce sont les employés polyvalents de restauration.
02:57 Donc vous voyez qu'on retrouve bien à la fois des métiers traditionnellement en tension et des secteurs en tension.
03:03 - Mais c'est parce que les besoins sont plus grands
03:05 ou c'est juste parce qu'il y a moins de monde pour pouvoir ses postes aujourd'hui ?
03:09 - Alors, comme on a parlé des besoins, après, effectivement,
03:11 la réalité de la demande d'emploi fait qu'aujourd'hui, il y a moins de personnes en recherche d'emploi.
03:14 Donc forcément, cette tension aussi, elle est accrue du fait qu'il y a une baisse de la demande d'emploi.
03:19 Aujourd'hui, je pense qu'on est plutôt là pour parler des intentions d'embauche des employeurs.
03:24 - Et bien, tenez, les employeurs, justement, alors, dans le micro ce matin,
03:27 chef d'entreprise, chef de toute petite entreprise, qu'importe,
03:30 vous cherchez de la main d'œuvre, vous peinez à accruter,
03:33 c'est peut-être le moment de passer une annonce, pourquoi pas ?
03:36 Quels sont vos besoins ? Quels sont les profils que vous recherchez ?
03:39 Et quelles sont les difficultés auxquelles vous faites face ?
03:42 0388 25 15 15 pour Témouny ce matin sur France Bleu Alsace.
03:45 - Nous sommes toujours avec le responsable territorial de France Travail dans le Barin, Philippe Vaisselle-Dinger.
03:49 Il y a les métiers les plus recherchés, vous l'avez dit,
03:51 il y a les métiers en tension dont on parlait, à savoir le bâtiment, la construction, etc.
03:55 La tension, elle est un petit peu moins forte, pourtant, en Alsace cette année.
04:00 C'est ce que vous constatez aujourd'hui ?
04:02 - Oui, c'est vrai que lorsque nous interrogeons les employeurs sur leurs intentions d'embauche,
04:06 on leur demande clairement s'ils pensent pouvoir recruter facilement
04:10 ou s'ils pensent avoir des difficultés à recruter.
04:13 Aujourd'hui, on a 57,6% des employeurs qui estiment qu'ils auront des difficultés à recruter en 2024, lorsqu'ils vont recruter.
04:22 Donc ça, c'est vrai que ça reste un niveau élevé,
04:24 mais c'est un niveau qui baisse de plus d'un point et demi par rapport à l'année dernière.
04:28 Donc effectivement, on constate une baisse de la tension sur les recrutements,
04:32 en tout cas une baisse affichée par les employeurs.
04:35 Et alors cette baisse, elle est particulièrement significative,
04:38 notamment sur le secteur de l'industrie, puisqu'on passe de 59% de difficultés affichées en 2023 à 54%.
04:47 - Donc les employeurs dans ces milieux sont un peu plus optimistes sur leur perspective d'embauche de travailleurs ?
04:54 - En tout cas sur la facilité à recruter.
04:56 - Il y a des endroits en Alsace où le marché de l'emploi est plus tendu que d'autres ?
05:02 - Alors c'est vrai qu'on ne va pas parler de chômage aujourd'hui,
05:04 mais en tout cas, effectivement, il y a des réalités différentes sur le marché du travail.
05:07 On a des bassins aujourd'hui qui sont pratiquement en plein emploi,
05:10 et on a un taux de chômage qui est plus faible aujourd'hui en Alsace,
05:14 et notamment dans le Bas-Rhin par rapport au Grand Est et au National.
05:17 Et au sein du territoire, on a des réalités différentes aussi.
05:20 - Mais alors pourquoi est-ce que les employeurs n'arrivent pas à embaucher ?
05:23 Qu'est-ce qui y coince aujourd'hui ?
05:25 - Alors les employeurs, lorsqu'on les interroge, on leur demande aussi pourquoi ils pensent avoir des difficultés à recruter.
05:33 Alors en fait, il y a deux causes majeures qui sont identifiées par les employeurs.
05:37 La première, c'est qu'ils disent "je ne vais pas avoir le candidat",
05:40 ou alors "le candidat qui va se présenter ne correspond pas au profil que je recherche".
05:44 Donc ça, c'est la grande cause qui est aujourd'hui identifiée par les employeurs.
05:48 Et on a une deuxième aussi qui commence à poindre, c'est quelque part les conditions de travail.
05:52 Les employeurs commencent à considérer que les conditions de travail qu'ils vont offrir,
05:57 les conditions de travail du métier, ou même le déficit d'image de l'entreprise, du secteur,
06:02 font que peut-être ils vont avoir des difficultés à attirer et à fidéliser leur salarié.
06:08 - Et alors dans ce cas, qu'est-ce qui doit être fait pour que ça se débloque,
06:11 ces problèmes de conditions de travail, de déficit d'image, ça oblige à repenser les postes ?
06:15 - Alors il y a plusieurs dimensions.
06:17 Effectivement, il y a ce travail qu'on fait nous, que font les fédérations, que font les branches,
06:22 de valorisation aussi de l'image, des secteurs.
06:25 On parlait de l'industrie, on parle de la restauration, on parle de tous ces secteurs en tension,
06:29 qui font aujourd'hui qu'ils connaissent ce déficit d'image,
06:32 donc ils travaillent aussi autour de cette image,
06:35 parce qu'on sait que pour attirer des candidats, à un moment donné,
06:38 il faut qu'on ait quelque part une démarche un peu marketing.
06:41 - Et ça passe par le salaire, ça passe par les horaires de travail ?
06:45 - Alors ça c'est le deuxième aspect. Je parlais du premier aspect, qui était le côté un peu marketing.
06:49 Je vais vendre mon métier, je vais vendre mon entreprise, je vais vendre mon secteur.
06:53 Et après il y a la deuxième question, effectivement, des conditions de travail.
06:57 On sait que notamment dans la restauration, ils ont retravaillé, ils ont réfléchi
07:01 autour des conditions de l'organisation du travail, du salaire.
07:04 Donc il y a aussi cette réflexion interne,
07:07 qu'est-ce qui fait que demain, un candidat,
07:10 quelque part dans cette compétition de la compétence,
07:14 qu'est-ce qui fait qu'un candidat, il va postuler chez moi ?
07:17 - Et il y a aussi la question de la formation, Philippe Vesselle-Dingey.
07:20 On l'entendait d'ailleurs ce matin avec les étoiles d'Alsace,
07:23 qui ouvrent leur propre formation pour faire venir dans l'hôtellerie, restauration.
07:26 Les formations, aujourd'hui, est-ce qu'elles sont adéquates
07:29 pour arriver dans ces milieux-là qui cherchent du travail ?
07:33 - Alors c'est là qu'on en arrive un petit peu aux solutions qu'on propose.
07:37 Sur les solutions, il y a la formation, mais l'évolution forte,
07:41 c'est le côté recherche de solutions qui associe l'employeur.
07:45 Donc on voit une évolution forte, et on a une volonté forte
07:48 que les employeurs soient acteurs aussi, quelque part,
07:51 de l'immersion et de la formation des salariés qu'ils vont recruter.
07:54 - Ils doivent s'impliquer davantage. - Voilà, c'est ça.
07:56 L'idée, elle est un peu là. Ça fait deux, trois ans qu'on pousse vraiment
07:58 les employeurs à dire "vous êtes acteur de votre recrutement,
08:00 vous êtes acteur de votre secteur, donc ouvrez vos portes".
08:03 Donc il y a aujourd'hui la réalité qui fait qu'on favorise vraiment,
08:07 en termes d'immersion, de découverte métier,
08:10 on demande aux employeurs, quelque part, d'ouvrir leurs portes.
08:12 - Et ça, les patrons le comprennent, vraiment ?
08:14 - C'est un travail de longue haleine. - Ça prend du temps.
08:16 - Ça prend du temps, mais aujourd'hui, je vois que le discours commence à partir,
08:19 et que les employeurs ont de plus en plus conscience
08:22 qu'ils sont acteurs de leur recrutement,
08:24 à la fois par l'immersion qu'on vient d'évoquer,
08:26 mais aussi par le fait d'être associés à la formation
08:30 dès le recrutement de leurs salariés.
08:32 On sait bien qu'aujourd'hui, la plupart des salariés
08:35 n'ont pas forcément exercé dans le métier qu'ils vont démarrer.
08:39 On sait qu'il y a besoin de compléter la formation
08:41 les compétences dont disposent les salariés.
08:43 Et l'évolution forte, la solution qu'on apporte aujourd'hui,
08:47 c'est des formations préalables à l'embauche,
08:50 mais qui peuvent se faire directement en poste.
08:52 - Et donc France Travail propose aussi deux événements,
08:54 notamment à venir bientôt, pour faire découvrir ces métiers-là.
08:57 - C'est toujours dans l'idée du "recruter autrement".
08:59 Ouvrez vos portes.
09:01 On a deux événements un peu majeurs qui vont arriver
09:03 dans les prochaines semaines en Alsace.
09:05 Il y en a un dans le Marais, qui va se situer tout près de vos locaux,
09:08 dans les jardins de préfecture,
09:10 puisqu'on a un événement qui s'appelle le "Stade vers l'emploi",
09:13 qui va avoir lieu la semaine prochaine,
09:17 dans les locaux de la préfecture,
09:19 en partenariat avec la Ligue d'athlétisme.
09:22 Donc le concept du "Stade vers l'emploi",
09:25 c'est "recruter autrement".
09:27 Le matin, on se retrouve entre une quinzaine d'employeurs,
09:30 une centaine de demandeurs d'emploi, et on ne sait pas qui est qui.
09:33 Et l'idée, c'est qu'on passe la matinée,
09:36 sur de l'éveil sportif, qui est accessible à tout le monde,
09:39 et donc on passe la matinée à apprendre à se connaître,
09:42 et on passe en format de job dating, différencié l'après-midi.
09:44 - Et il y aura un événement aussi dans le Haut-Rhin,
09:46 "Train vers l'emploi". - C'est ça.
09:47 - Vous avez juste la date qui nous est donnée.
09:50 On la mettra sur le site internet de France Bleu,
09:52 pour informer les auditeurs.
09:54 Merci beaucoup Philippe Vittel d'Angers d'être venu ce matin,
09:56 directeur territorial de France Travaille, dans le bar.