Frédéric Obry, président de la Fédération des chasseurs du Bas-Rhin

  • l’année dernière
Trois communes alsaciennes veulent limiter la chasse certains jours. Le président de la Fédération des chasseurs du Bas-Rhin est l'invité de France Bleu Alsace ce lundi 25 septembre.

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00:00 Ravi de vous accueillir, bienvenue dans le 6/9 de France Bleu Alsace.
00:04 Schiltigheim veut donc interdire la chasse le mercredi, le week-end et pendant les vacances scolaires.
00:10 Est-ce que c'est la tendance à suivre ?
00:12 On vous pose la question ce matin et on en parle avec le président de la Fédération des chasseurs dans le Baran.
00:16 Bonjour Frédéric Aubry.
00:18 Bonjour.
00:19 Cette décision conjointe de Schiltigheim, de Naim et de Bichheim, vous en avez été informé, est-ce qu'elle vous surprend ?
00:26 A l'heure actuelle je n'ai aucun retour de ces mairies. Il est vrai que les locations de chasse ont démarré.
00:34 Puisque toutes les communes du Baran sont obligées de louer leur lot pour la chasse.
00:39 Ça se fait tous les 9 ans ?
00:41 Tous les 9 ans. Le début du bail se fixe au 2 février 2024 et toutes les communes sont obligées de se mettre sur les rangs.
00:50 Par rapport à Schiltigheim, ça vous surprend cette décision ?
00:54 Par rapport à Schiltigheim, Naim, Bichheim, je n'ai aucun retour officiel pour l'instant.
00:58 Donc je n'ai aucun élément tangible pour traiter de la question.
01:03 Mais je pense que nous verrons le moment venu si effectivement cette demande est réelle.
01:08 Elle est réelle, mais déjà on a quelques contours à savoir que les jours auxquels ce sera interdit, donc mercredi, week-end, vacances scolaires,
01:15 également certaines espèces que ces communes voudraient protéger.
01:19 Votre avis là-dessus, qu'est-ce que c'est ?
01:21 Mon avis est très simple. En ce qui concerne les espèces, il y a un certain nombre d'espèces chassables qui sont fixées par arrêté ministériel.
01:29 Il n'est pas question de déroger à cet arrêté. La seule personne en charge d'une éventuelle modification, ce serait Mme la Préfète.
01:39 Et ça se ferait uniquement sur des avis vraiment circonstanciés et pour une espèce éventuellement en danger.
01:47 En ce qui concerne les jours de non-chasse éventuellement proposés par ces mairies, je dois dire que je me mets à la place d'un locataire qui loue un logement.
01:56 On lui dit "vous ne pourrez pas l'occuper le mercredi, le samedi, le dimanche". Qu'en advientra-t-il ?
02:03 Je pense que nos adhérents, si ces mairies veulent effectivement pratiquer ce type de solution, il faudra trouver le locataire qui, lui, de son côté,
02:12 accepte ce type de location avec toutes les contraintes que cela impose.
02:15 En l'occurrence, la forêt est un espace un peu plus partagé que juste une location. Il y a plus de monde qui se rendent dessus.
02:20 Oui, mais nous ne sommes pas du tout exclusifs. Nous sommes prêts à partager la forêt.
02:25 On oublie simplement une chose, c'est qu'au niveau des plans de chasse qui nous sont imposés par l'administration,
02:30 il faudra quand même qu'on arrive à réaliser les quotas qui nous sont imposés.
02:34 Et ce n'est pas avec des jours de non-chasse multipliés dans l'année que nous arriverons à ces réalisations.
02:40 Tenez, on va tendre le micro France Bleu Alsace à des chasseurs et à des non-chasseurs. On a Gérard Chasseur du côté de Munsenheim.
02:46 Gérard, bonjour !
02:48 Bonjour monsieur, bonjour tout le monde.
02:50 Il y a Christian aussi qu'on va accueillir dans un très court instant. Lui n'est pas chasseur.
02:54 Alors il va y avoir ce débat, mais Gérard, vous déjà, en tant que chasseur, qu'est-ce que vous pensez de ces éventuelles interdictions,
02:58 mercredi, week-end et vacances scolaires ?
03:01 Déjà pour moi, l'espace temps et l'espace nature dehors, ça doit se rejoindre et ça fait un moment qu'on en a déjà discuté.
03:12 Et j'avais proposé il y a déjà deux, trois, quatre ans, mais avec le Covid ça n'a pas pu se mettre en place,
03:16 de mettre en place des corridors en forêt qui sont réservés aux animaux et à la gestion de la chasse si nécessaire,
03:24 et des corridors qui sont eux réservés à ce moment-là à l'homme, aux VTT, etc.
03:29 C'est comme ça que ça peut marcher, parce qu'il faut que l'homme et les animaux vivent ensemble, avec les autres,
03:36 et pas les uns chez les autres, c'est un peu comme il vaut mieux vivre avec sa femme que chez sa femme.
03:41 Voilà, c'est un peu comme ça.
03:43 Et le problème de comportement est extrêmement important, et je pense que si effectivement,
03:50 et je l'avais proposé à l'époque, on a fait une tournée en Suisse pour montrer un peu ce que c'est que ces corridors,
03:56 et ça fonctionne très bien, je sais que le parc des Pallons est en train de mettre ça en place,
04:00 mais j'avais organisé une tournée pour qu'on avance dans ce sens-là, parce qu'autrement je pense que la gestion,
04:07 il y a les gestionnaires du milieu forestier, il y a les agriculteurs, il y a les propriétaires,
04:14 et d'un autre côté, entre guillemets, il y a les utilisateurs qui lisent effectivement la forêt, l'état, tout le monde,
04:19 mais il faut faire attention que la cohabitation soit et reste possible,
04:23 mais aussi la gestion du milieu et la gestion de la faune, sinon ça deviendra très compliqué.
04:28 - Merci Gérard pour votre interpellation ce matin, je voyais que ça faisait réagir Frédéric Aubry,
04:33 cette idée de corridor partagé, vous n'aviez pas l'air tout à fait convaincu que ça pourrait fonctionner comme ça ?
04:38 - Non, parce que tout simplement, la semaine dernière j'étais à une réunion concernant justement le parc des Grands Ballons,
04:45 puisqu'il est question de réintroduire le coq de Bruyère, je crois que la pression actuelle, la pression touristique,
04:51 la pression des personnes qui le week-end veulent sortir et veulent s'approprier un petit peu tous les espaces,
04:58 elle va être très difficile à gérer dans la mesure où un promeneur ne reste pas forcément sur un sentier,
05:03 il aura envie d'aller voir ailleurs, et donc forcément il y aura du dérangement,
05:07 on va se retrouver avec un conflit entre les espèces naturelles et l'humain.
05:12 - Est-ce que vous constatez une différence parfois de réaction entre les espaces qui sont plus proches des grandes villes,
05:20 des zones urbaines, périurbaines, et les zones rurales, dans le traitement de la chasse et dans le rapport à la chasse ?
05:26 - Oui, beaucoup de chasseurs ont déjà intégré cette notion d'espace périurbain et de possibilité pour les citadins de sortir,
05:33 donc ils vont tout simplement freiner, je dirais, ça se fait déjà spontanément, j'ai un de mes amis qui chasse à l'Aventeno,
05:41 et bien tout simplement il n'organise pas de battue, il n'organise pas de chasse collective le dimanche,
05:46 tout simplement pour éviter ce conflit, presque un conflit d'usage, entre les promeneurs, les vététistes, les cyclistes, les randonneurs et les chasseurs.
05:56 - Frédéric Aubry, le président de la Fédération des chasseurs dans le Barin et l'invité du 6/9 de France Bleu Alsace,
06:01 on discute de cette potentielle interdiction du côté de Chilty Game de la chasse, les mercredis, les week-ends et pendant les vacances scolaires.
06:09 Chasseurs, non chasseurs, vous nous appelez 03 88 25 15 15, c'est le numéro qu'a composé Christian de PubFachTat dans le Haut-Rhin.
06:15 Christian, bonjour. - Oui, bonjour à tous les auditeurs et l'équipe de France Bleu.
06:19 - Bonjour Christian. - Vous n'êtes pas chasseur, vous êtes plutôt randonneur, alors ça vous évoque quoi, cette idée d'interdiction ?
06:26 - Oui, je suis randonneur et je pratique du VTT, du vélo. Il nous est déjà arrivé de rencontrer des chasseurs, mais ça s'est très bien passé,
06:36 c'est-à-dire qu'ils ont déjà désarmé leur fusil, on a discuté, on a rigolé pendant 10 minutes,
06:42 et de toute façon, dans une forêt, toute la forêt n'est pas toujours concernée,
06:45 donc cette interdiction se rajoute à la longue litanie des interdictions, des limitations, des normalisations.
06:53 L'atteinte aux libertés dans ce pays est devenue insupportable. Ce matin, j'ai entendu encore sur votre radio,
07:00 cette autophobie qui consiste maintenant à flasher des gens qui roulent seuls dans leur voiture.
07:06 Mais écoutez, c'est devenu un enfer, on est en Corée du Nord, qu'est-ce qui se passe dans ce pays ?
07:10 - Un autre sujet, en effet, sur la chasse en elle-même, on a entendu que vous, en tout cas,
07:14 les rapports avec les chasseurs sont bons de là où vous allez vous balader, Christian ?
07:18 - Oui, bien sûr, ça ne m'a jamais posé de problème. Vous savez, c'est une question de bonne intelligence.
07:22 Tout ne passe pas par la loi, il faut qu'on se parle, il faut qu'on soit tolérants.
07:28 Je ne pense pas qu'il faut toujours opposer les uns aux autres, c'est maladif, ça.
07:32 - Échanger en bonne intelligence, voilà la solution de Christian et votre point de vue. Merci Christian.
07:38 - Christian, merci, vous avez passé une excellente journée. Du côté de Page 7,
07:42 Christian n'avait pas envie de nous dire au revoir ce matin, mais il a réagi à vos propos.
07:46 Frédéric Aubry, invité du CSTEP ce matin.
07:48 - On l'entend avec ce que nous dit Christian, certains croient au partage pacifique de ces espaces naturels.
07:54 Vous, c'est aussi votre position, et en Alsace, ça se passe plutôt bien en général, ce partage-là ?
08:00 - Oui, absolument. Je dirais que c'est notre credo actuel. Nous cherchons tout simplement à cohabiter
08:06 de façon pacifique. Ce n'est pas parce que nous sommes porteurs d'une arme que nous sommes des personnes dangereuses.
08:13 Nous sommes tout à fait prêts à accueillir d'autres personnes sur nos territoires de chasse.
08:19 Cette exclusion qui, à la limite, est voulue par les mairies périurbaines de Strasbourg,
08:25 m'inquiète aussi au titre des dégâts, puisque je ne sais pas si les auditeurs le savent,
08:29 mais le chasseur est responsable des dégâts causés par les suidés, donc par les sangliers.
08:34 Il y a une facture annuelle qui est proche de 5 millions d'euros, en ce qui concerne tous les dégâts,
08:42 et cette facture est payée par le fonds départemental des chasseurs, du Barin,
08:49 qui est obligé d'indemniser effectivement tous les dégâts causés par les sangliers.
08:53 Donc si vous interdisez la chasse, que va-t-il devenir de cette problématique sur les territoires concernés ?
08:58 Qui va payer ? Parce que le locataire peut très bien décider de se retourner contre la commune
09:03 et dire "je ne suis pas responsable, puisqu'on m'a empêché de prélever,
09:08 on m'a empêché tout simplement de gérer un petit peu cette population".
09:12 Qu'en sera-t-il ? Cuite de la position de ces mairies,
09:16 je crois qu'il faut tout simplement aborder le problème de façon plus frontale.
09:20 - Alors on l'entendait ce matin, en tout cas à Schildtikeim,
09:22 ils veulent quand même être vigilants aux dégâts que peuvent causer les sangliers,
09:25 puisque c'est par exemple une des espèces auxquelles vous faites référence ici.
09:28 Mais plus globalement, comment se passent vos relations avec les communes en Alsace,
09:32 puisque en ce moment, vous disiez que vous êtes en train de renouveler
09:34 tous les bots de chasse, les bots qui durent 9 ans.
09:37 Est-ce que vous constatez de plus en plus de réticence peut-être des communes
09:41 à l'idée d'accorder ces bots de chasse ?
09:43 - Non, pas du tout. Je dirais que dans la grande majorité,
09:46 nos rapports avec les communes sont excellents, les maires sont très à l'écoute.
09:51 C'est vrai qu'il y a maintenant un cahier des clauses techniques qui est mis en place,
09:55 et donc les maires peuvent décider de certaines "interdictions"
10:01 pour leurs communes, mais je dois dire que globalement,
10:04 ce dialogue est instauré, est installé,
10:07 et est très positif pour l'ensemble de la communauté des chasseurs.
10:11 - On va écouter le témoignage d'Astrid, qui a rencontré hier notre reporter.
10:18 C'était dans la forêt, au pied du château du Hobart, donc à Saverne.
10:22 Astrid, elle habite Oberhausbergen, et pour elle, les terrains de chasse sont mal délimités,
10:28 mal les jours de chasse, même mal indiqués.
10:30 - Quand je monte à cheval, c'est vrai que des fois, les zones ne sont pas forcément délimitées,
10:34 donc on se retrouvait des fois dans des zones où les chasseurs tiraient,
10:37 alors que nous, on n'était pas forcément au courant qu'il y avait une chasse en cours.
10:40 Donc ça, ça peut être aussi super dangereux, parce qu'entre risquer de se prendre une balle
10:44 ou alors de se faire blesser à cheval, c'est quand même pas très sympa.
10:47 Moi, je serais plus d'avis de déléguer ça à des professionnels,
10:50 ou alors de créer effectivement des professionnels de chasse,
10:52 comme une brigade verte, mais dédiée à la chasse.
10:55 Ça pourrait être une bonne idée. Donc là, effectivement, s'ils veulent aller chasser le week-end,
10:58 pas de problème, c'est des professionnels, on sait qu'ils ne peuvent pas boire d'alcool,
11:01 c'est réglementé et c'est surveillé.
11:03 Or que là, j'ai envie de dire, n'importe qui peut le faire, et c'est là où il y a des risques.
11:06 - En un mot, des professionnels de la chasse, est-ce que ce serait possible ?
11:09 - Cela existe déjà. Cela existe en Suisse. Cela existait au Japon.
11:14 Ils sont en train de revenir complètement en arrière, parce que tout simplement,
11:18 un professionnel ne peut pas, je dirais, gérer des territoires immenses, comme un département.
11:25 Donc il faudrait recruter, je ne sais combien, de centaines de personnes pour cette mission.
11:31 Qui paierait ces personnes ? En ce qui concerne Astrid, elle était hier à Saverne.
11:36 Je dois dire que Saverne, en ce moment, elle a certainement entendu, c'était une zone de brame de serre.
11:41 Donc les chasseurs qui sortent en ce moment, Astrid, ne sortent pas simplement le fusil sur l'épaule
11:48 pour battre la campagne. Les chasseurs qui sortent en ce moment sont installés sur un affût,
11:53 de façon très sécurisée, et les promeneurs ne courent aucun risque par rapport à cette chasse
11:59 qui se pratique en ce moment.
12:01 - Merci beaucoup Frédéric Aubry d'avoir été avec nous ce matin et d'avoir répondu aux questions
12:05 et aux interpellations de nos auditeurs sur France Bleu Alsace.
12:08 Je rappelle, vous êtes le président de la Fédération des chasseurs du Bas-Rhin.
12:11 Merci beaucoup, bonne journée. - Vous m'en prie, bonne journée.

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