"Le roi est mort, vive le roi", cette acclamation signifie une chose : dès que le roi meurt, il lui est aussitôt succédé. Ainsi d'une certaine façon, le roi ne meurt jamais : le corps meurt mais la fonction demeure. Mais les rois meurent-ils comme de simples mortels ? Réponse avec Patrice Gueniffey auteur (direction) de "Les derniers jours des rois", paru aux éditions Perrin.
La Revue d'Histoire Européenne : https://bit.ly/3HIZClA
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00:00 L'Europe. L'Europe. A quelques mois d'élection européenne capitale, tout le monde a ce mot
00:11 à la bouche. Mais de quoi parle-t-on ? De la machine technocratique de Bruxelles ? Simple
00:15 syndicat d'intérêt économique perdu dans le village global ? D'un appendice vassalisé
00:20 ? Sans territoire ? Sans histoire ? Sans puissance ? Certainement pas. L'institut
00:26 Iliade, qui va fêter ses 10 ans, vous invite au contraire à vous abreuver à la source
00:31 pérenne, celle de notre civilisation purimillénaire, l'Europe. L'Europe de nos pères. Qui sera,
00:38 si nous le voulons bien, l'Europe de nos enfants ? Pour cela, il faut des Européens
00:43 debout. Debout dans la tempête quand nos libertés sont bafouées. Debout dans la tempête
00:48 quand notre identité est niée. Le 6 avril prochain, nous serons près de 1500 personnes
00:54 dans le cadre prestigieux de la maison de la chimie à Paris. Je vous donne rendez-vous
00:58 à ce grand moment d'intelligence et de convivialité. C'est le nôtre, c'est le vôtre. Inscription
01:05 sur institut-iliade.com
01:07 Bonjour à tous. Le roi est mort. Vive le roi !
01:37 Cette acclamation signifie une chose. Dès que le roi meurt, il lui est aussitôt succédé.
01:42 Ainsi, d'une certaine façon, le roi ne meurt jamais. Le corps meurt, mais la fonction
01:47 demeure. Mais les rois meurent-ils comme de simples mortels ? C'est la question que
01:52 nous allons aborder aujourd'hui avec notre invité, Patrice Gueniffey.
01:55 Bonjour.
01:56 Bonjour. Merci d'avoir répondu à notre invitation. Vous êtes historien, vous êtes
02:01 plutôt un spécialiste de l'Empire et de la Révolution. Vous avez d'ailleurs publié
02:06 en 2013 une biographie de Bonaparte chez Gallimard, une somme qui fait référence, ainsi qu'un
02:13 Napoléon et De Gaulle, deux héros français chez Perrin en 2017. Et vous avez dirigé
02:19 plusieurs ouvrages collectifs, notons avec Thierry Lenz en 2016, chez Perrin, La fin
02:26 des Empires, ou encore avec Pierre Brandat, toujours chez Perrin et toujours en 2016,
02:31 1814, La campagne de France.
02:33 Et enfin, nous y venons, Les derniers jours des rois, qui date, il y a 10 ans, mais qui
02:40 vient d'être réédité par Perrin dans sa collection Tempus. C'est un ouvrage que
02:44 vous avez dirigé, beaucoup d'historiens prestigieux. Je vais en citer quelques-uns,
02:49 peut-être tous sinon je vais faire des jaloux. Donc il y a Eric Anceau, que nos téléspectateurs
02:53 connaissent bien, Jean-Pierre Babylon de la Citus, Simone Berthière, Jean-Paul Bled,
02:58 Philippe Contamine, Laurent Feder, Jacques Herz, Françoise Hildeschammer, Didier Lefur,
03:03 Jacques Le Goff, Thierry Lenz, Georges Minois, Daniel de Bonplaisir, que j'ai également
03:07 reçu, Jean-Christophe Petitfils, Jean-François Soldon, Arnaud Tessier et Laurent Tess.
03:12 Oui, c'était un beau plateau.
03:13 Effectivement. Alors, une première question, comment est venue l'idée de ce livre ?
03:18 Il n'y avait pas eu d'étude sur La mort des rois depuis longtemps. Il y avait eu
03:24 un livre qui portait exactement le même titre, "Les derniers jours des rois", dans les années 1920.
03:29 Et depuis, il n'y avait rien eu qui présente sous une forme accessible aux lecteurs qui
03:36 ne seraient pas spécialistes de la question, ces récits de mort pour essayer d'en trouver
03:41 les points communs. Et non pas d'additionner des destins individuels ou des agonies singulières,
03:48 mais essayer de dégager un modèle. C'est-à-dire comment la mort avait fait partie au fond
03:53 du fonctionnement de la royauté et avait eu du sens dans le cadre de ce système.
03:59 Donc, c'était un peu l'idée de départ. Et puis ensuite, mon éditeur et moi, nous
04:05 nous sommes efforcés de trouver les meilleurs et je crois qu'on les a trouvés.
04:10 Que vous avez trouvés. Alors, comment avez-vous opéré la sélection ? Parce que j'imagine
04:15 que ce n'est pas par type de mort, c'est plutôt peut-être par étape.
04:18 D'abord, il y a des cas incontournables. On ne peut pas, comment dire, ignorer Charlemagne,
04:27 Saint-Louis, Louis XIV, Louis XV, Louis XVI. Voilà, ça c'est les incontournables. Et
04:34 puis ensuite, il fallait dans un nombre de pages limitées et un nombre de chapitres
04:39 limités, présenter un panorama qui couvre un peu toute l'histoire de France. Alors,
04:45 on commence un peu tard avec Charlemagne, mais il faut dire que de la mort de Clovis,
04:50 on ne sait pas grand chose. Et puis, on est allé jusqu'à Napoléon III. Je dois dire
04:56 que c'est moi qui ai insisté pour qu'on rajoute les deux empereurs, même s'ils
05:02 n'étaient pas des rois, mais ils ont été en quelque sorte des substituts de la défainte
05:07 monarchie. Et dans la préface, je parle même de quelques présidents pour montrer qu'au
05:13 moins, c'est une idée de la souveraineté qui s'est perpétuée sous la République
05:19 et singulièrement sous la Vème, du moins jusqu'à un certain moment.
05:23 – Alors, qui dit mort du roi, dit plusieurs choses, mais notamment succession.
05:29 – Oui. – C'est ça qui est finalement le plus
05:32 important. Alors, avant Philippe Auguste, qui meurt lui en 1223, la succession n'est
05:37 pas héréditaire, n'est pas totalement acquise. – Non.
05:40 – Elle se déroule, elle est ancrée dans les esprits, mais elle se déroule comment,
05:44 la succession ? – Avant, il faut dire que la question de
05:47 la légitimité du pouvoir est une question très complexe. Ce n'est pas acquis, ce n'est
05:51 pas quelque chose de naturel de considérer que l'autorité est légitime et donc peut
05:55 être transmise à telle ou telle. Chaque période de succession signifie des luttes,
06:02 des revanches, des vengeances. Il y a toujours le risque de la guerre civile qui pèse.
06:07 Et il a fallu des siècles pour trouver un système qui réglait cette question pacifiquement.
06:14 Donc, au départ, il y a bien sûr la succession patrimoniale chez les Mérovingiens et les
06:20 Carolingiens, où la couronne est un bien de famille. Et d'ailleurs, on partageait
06:24 le royaume entre les différents fils pour éviter les problèmes précisément de succession.
06:30 Ensuite, après la mort de Charlemagne, on revient à un système électif, où le roi
06:35 est acclamé par les barons, par les puissants seigneurs du royaume. Et c'est seulement
06:40 avec les Capétiens, le premier des Capétiens est élu, encore Capet, que l'on va mettre
06:45 en place un système très sophistiqué qui passe d'abord par l'association du fils
06:51 au pouvoir du père. Ainsi, le père est encore roi, mais déjà son fils est devenu co-roi,
06:58 si l'on peut dire, de manière à dissuader les éventuels concurrents de poser leur candidature.
07:05 Et puis ensuite, on a ajouté à ce processus d'association un processus d'anticipation.
07:12 Les premiers Capétiens ont non seulement associé leur fils, mais l'ont fait sacrer
07:17 et couronner deux leurs vivants. Deux précautions valent mieux qu'une. Et c'est seulement
07:23 à partir de Philippe Auguste, donc au XIIIe siècle, que la succession, il faut dire que
07:30 les Capétiens ont eu de la chance, ils ont toujours eu un fils en état de leur succéder.
07:34 Ce qui était un peu un miracle. - Là vous dites fils à chaque fois, on n'a
07:37 pas encore parlé des filles qui, elles, beaucoup plus tard seront exclues.
07:42 - Elles seront exclues au moment de la guerre de Cent Ans. Mais déjà avant, le caractère
07:47 sacré et religieux de la couronne excluait plus ou moins les filles dans la tradition
07:52 française. Alors c'est seulement à partir de Philippe Auguste au XIIIe siècle que toutes
07:57 ces astuces qui permettaient de pacifier le moment de la succession ont été abandonnées
08:02 parce que personne ne contestait plus le régime de la succession. Mais néanmoins, l'on a
08:07 encore sophistiqué pendant environ deux siècles et notamment pendant cette épreuve majeure
08:13 de la guerre de Cent Ans qui a vu l'exclusion des filles en ligne directe et l'exclusion
08:20 des mâles issus des filles. Donc un système qui se met en place progressivement, qui
08:28 ne donnera jamais un code où on aurait écrit les règles de succession, mais un système
08:34 assez solide pour qu'il ait été respecté ensuite, approuvé, consenti et qu'il ait
08:40 pu régler la succession monarchique jusqu'à la Révolution française.
08:44 - Alors le roi est mort, vive le roi comme je l'ai dit tout à l'heure. Est-ce que ça
08:48 signifie que la succession est instantanée ?
08:51 - Elle l'est devenue.
08:52 - C'est de quand ça date cette formule ?
08:55 - Oui, ça date du XVIe siècle, au moment de la Renaissance, quand justement on invente
09:02 un système de funérailles tout à fait spectaculaire qui permet de rendre visible, de matérialiser
09:10 cette formule "le roi ne meurt jamais, le roi est mort, vive le roi, le mort saisit
09:16 le vif à l'instant".
09:18 - Alors que veut dire exactement "le mort saisit le vif" ?
09:20 - Ça veut dire que la capacité politique et la légitimité qui était celle du roi
09:25 régnant passe à l'instant de sa mort dans le corps du roi nouveau.
09:31 C'est-à-dire qu'au fond, tout ce système vise à distinguer entre la personne du roi
09:39 et la fonction, l'office.
09:40 Et ça a eu des conséquences immenses parce que ce qui est un patrimoine privé, familial
09:46 au départ, devient un office d'État, une fonction dont les rois ne sont pas propriétaires.
09:53 Donc ça a eu des conséquences extrêmes, extraordinaires.
09:57 Au départ, les rois sont propriétaires de leur couronne et peuvent la vendre, la céder,
10:03 la partager entre leurs héritiers avec les conséquences néfastes au moment de la mort
10:07 de Charlemagne.
10:08 Et ensuite, la couronne devient un office distinct de la personne de ceux qui en ont
10:15 la charge pendant leur vivant.
10:17 Et à partir de ce moment, ils ne peuvent plus céder la couronne, ils ne peuvent plus
10:22 l'aliéner, ils ne peuvent plus la partager et ils ne peuvent plus non plus refuser d'en
10:26 exercer les devoirs.
10:27 Et on n'a pas de cas d'abdication ?
10:29 Non, ça, ça aurait été possible.
10:32 Pour condamner ce personnel ?
10:33 Voilà, par exemple, Charles Quint a abdiqué la couronne.
10:37 Mais on n'a pas de cas de roi qui refuse la couronne.
10:41 C'est-à-dire, ce qui va se passer en Angleterre en 1936 ou 38, je ne sais plus, avec Édouard,
10:48 ne s'est jamais passé en France.
10:50 Certains rois ont déploré le fait de devenir roi parce que c'est une charge, bien sûr,
10:55 pesante parce que l'aîné était mort.
10:58 Certains qui n'étaient pas destinés à avoir un rang dans la succession, comme par
11:03 exemple après la mort de Louis XIV, Louis XV et l'arrière-arrière-petit-fils.
11:07 Alors, sans doute, il n'était pas destiné à régner, simplement les aînés sont morts.
11:11 Mais il n'a pas refusé.
11:13 Bon, lui était trop jeune pour refuser.
11:15 Mais personne, aucun roi n'a refusé parce que ça devient un office distinct de toute
11:21 initiative personnelle.
11:23 C'est un peu la grandeur de cette histoire.
11:25 Oui, parce que la notion aussi de roi divin intervient.
11:30 C'est la guerre de Cent Ans.
11:31 Que l'on trouve uniquement en France, je crois.
11:33 Oui, c'est la guerre de Cent Ans.
11:34 Et c'était un moyen de délivrer la monarchie française de la tutelle éventuelle de l'Église.
11:42 Parce qu'à partir du moment où le roi est de droit divin, c'est-à-dire qu'il
11:45 tient directement, sans aucun intermédiaire, son autorité de Dieu.
11:50 Ça renforce sa légitimité à l'intérieur du royaume, mais aussi ça renforce sa légitimité
11:57 vis-à-vis de ses deux concurrents extérieurs, qui étaient d'un côté l'empereur germanique,
12:03 qui a prétendu pendant des siècles exercer une surveillance ou une autorité sur le roi
12:09 de France en se prétendant le descendant des Césars, et puis bien sûr, le pape.
12:15 Et à cette époque, l'Église a une doctrine césaro-papiste qui fait du pape le lieutenant,
12:24 le représentant de Dieu sur la terre, ayant juridiction sur les rois, sur tous les rois,
12:30 les rois, les princes, les ducs, etc.
12:32 Et pour les rois de France qui étaient en guerre avec les papes, depuis le règne de
12:36 Philippe le Bel, au moins, c'était un atout important d'être déclarés de droit divin,
12:42 puisqu'ils échappaient de cette façon à tout tutel et ils devenaient pleinement souverains.
12:46 C'est-à-dire, comme dit la formule, souverain c'est empereur en son royaume.
12:50 Je voudrais qu'on aborde une notion, avant de rentrer dans des cas précis peut-être,
12:57 la notion des deux corps du roi.
12:58 On a un essai de la théologie politique du Moyen-Âge, Ernst Kantorowicz, qui date de
13:05 1990, je crois.
13:08 Non, non, avant.
13:09 Bien avant.
13:10 Année 80.
13:11 Mais qui est une réédition déjà d'un ouvrage beaucoup plus ancien, Kantorowicz,
13:15 je crois que c'est avant-guerre.
13:16 Donc il parle d'un corps politique inaltérable et puis bien évidemment du corps mortel.
13:22 Cette notion date de...
13:24 Elle naît avec ces formules, le roi ne meurt jamais.
13:28 Évidemment, le roi meurt, puisqu'il est un humain comme tous les humains, il est promis
13:34 à la mort, mais son corps politique ne meurt jamais.
13:37 Le corps physique du roi est périssable, il ne fait que passer.
13:42 Le corps politique, non pas du roi, mais de la royauté, est constant, inaltérable et
13:48 ne passe pas, et ne meurt pas.
13:50 Et c'est un peu ça la grande découverte de la théologie politique médiévale, c'est
13:57 cette découverte de l'indépendance de l'État par rapport à ceux qui en assument les fonctions
14:04 à un moment donné.
14:05 Et ça, ça a traversé ensuite les siècles, c'est sans doute le fondement de toute souveraineté.
14:11 C'est que celui qui l'exerce n'en est pas le propriétaire, et la souveraineté dure
14:16 plus longtemps que lui.
14:17 C'est la formule de Louis XIV, "je meurs, mais l'État continuera".
14:22 Et non pas "l'État c'est moi".
14:24 Non, il n'a pas dit "l'État c'est moi".
14:26 Alors, sauf...
14:27 Ou il l'a peut-être pensé.
14:28 Sauf mort violente finalement, des morts violentes il y en a eu assez peu, sommes toutes.
14:33 Pas énormément.
14:34 Des accidents, des accidents.
14:36 Oui, ce qui prouve que la légitimité de la monarchie en France était très bien assurée.
14:41 Alors comment le souverain prépare-t-il sa mort ?
14:46 Encore faut-il qu'il en ait le temps.
14:48 C'est pour ça que j'excluais les morts violentes ou les morts bêtes.
14:53 Les morts stupides, comme celle de Louis III, qui s'est cogné la tête dans une porte.
14:59 Alors bien sûr, il n'a pas eu le temps d'anticiper la fin.
15:02 Il y a le même problème pour Charles VIII.
15:04 Et puis le malheureux Henri II, qui dans un tournoi, prend une lance dans l'œil
15:09 et mourra de l'infection provoquée par ce coup de lance malheureux,
15:15 ce qui n'aurait pas dû arriver, puisque dans les tournois,
15:17 la lance n'était pas supposée passer par la fente.
15:20 Oui, et puis le roi n'était pas censé non plus.
15:23 Oui, ça, ça arrivait à l'époque.
15:25 Non, si, à l'époque, ça arrivait, mais généralement, il n'y avait pas ce genre d'accident.
15:29 C'est vraiment un accident malheureux.
15:32 Il y a tout un rituel autour de la mort des rois.
15:36 Et puis, il faut bien distinguer ce rituel.
15:39 Le roi est entouré, bien sûr, il se confesse, il reçoit l'extrême onction.
15:44 Parfois, il donne quelques directives à ses proches,
15:48 qui sont destinées à son successeur.
15:51 Mais surtout, il y a aussi la représentation que l'on a de ces morts royales
15:58 dans des chroniques, dans des poèmes, dans des chants,
16:02 qui montrent ce qu'il y avait dans l'imaginaire des gens de cette époque.
16:07 Et précisément, que si les rois sont des chrétiens comme les autres,
16:12 premiers à la mort, s'ils meurent finalement comme ils peuvent,
16:16 et de préférence en s'étant confessés avant de trépasser,
16:20 en même temps, leurs fonctions leur imposent un certain nombre de devoirs ultimes
16:27 vis-à-vis de Dieu d'un côté et de leur sujet de l'autre.
16:31 C'est dans ce sens où ce sont des morts un peu singulières
16:35 dans la représentation qu'on en a.
16:37 Car très probablement, ils mourraient comme tout un chacun.
16:40 Ils perdaient connaissance, ils agonisaient, ils souffraient.
16:45 Sans compter les fois où ils pensaient qu'ils allaient mourir et ils pouvaient guésir.
16:49 Oui, à l'époque, ça pouvait arriver aussi.
16:51 Donc c'est ce qu'on appelle, il y avait la notion de belle mort.
16:54 De bien mourir plutôt.
16:55 De bien mourir.
16:56 Ce n'est pas la belle mort, parce que la belle mort, personne n'en est le maître.
16:59 Une belle mort, c'est de s'endormir dans son sommeil.
17:03 Quand je dis belle mort, c'est effectivement étranger, dégueu.
17:06 C'est d'avoir une mort édifiante.
17:09 Donc être en règle avec Dieu.
17:11 On le comprend, il se confesse, comme Louis XV qui renvoie sa maîtresse également.
17:18 Être en règle avec ses sujets, ça passe par quel genre ?
17:21 C'est d'exprimer quelques regrets, faire quelques promesses
17:25 qui pourront éventuellement lier le successeur.
17:29 Généralement, le roi se repent d'avoir trop guéroyé.
17:33 Il se repent aussi d'avoir eu la main trop lourde en matière fiscale.
17:38 Ou de ne pas avoir assez persécuté les hérétiques.
17:41 Des choses comme ça.
17:43 Il émet quelques regrets, c'est une forme de testament politique,
17:49 mais qui ne peut pas excéder les pouvoirs qui sont les siens.
17:54 Louis XIV, quand il meurt, rédige un testament qui excède,
17:59 notamment, ce qui lui est autorisé.
18:02 Il légitime les bâtards qu'il avait eus, les enfants.
18:06 Il légitime, aujourd'hui, on dirait plutôt que les bâtards qu'il avait eus.
18:10 Et le Parlement de Paris va s'empresser de casser le testament
18:15 qui excède ce qu'on attendait d'un roi mourant.
18:19 En ce qui concerne, on parlait de représentation,
18:22 souvent on cite les dernières paroles d'un roi.
18:25 Est-ce que beaucoup sont apocryphes ?
18:29 Probablement la plupart sont apocryphes.
18:32 Un des rares qui est authentique, c'est celui qui concerne la mort de Louis-Philippe.
18:37 Dans les années 1850, Louis-Philippe reçoit son médecin et lui dit
18:45 "Eh bien, je vois que vous êtes venu me donner mon congé".
18:49 C'est un mot... Il avait de l'humour, encore, au dernier instant.
18:54 En ce qui concerne les dispositions testamentaires,
18:57 il y a le testament écrit, dans lequel il peut rédiger des volontés politiques.
19:03 Le testament, généralement, est un testament privé.
19:06 C'est-à-dire que le roi dispose des biens privés qu'il possède en tant que personne
19:14 et les distribue à ses serviteurs, à ses proches, etc.
19:19 Fait différent l'aigle.
19:21 Tout ce qui est du domaine de la couronne ne lui appartient pas.
19:25 Donc, fait partie de ce patrimoine de cette couronne qui ne meurt pas,
19:29 qui passe à un successeur avec tout ce qui lui est attaché,
19:32 surtout ses biens qui sont du domaine de la couronne.
19:35 Là aussi, ça a mis du temps pour se matérialiser cette idée d'un domaine inaliénable de la couronne.
19:44 Et donc, le roi n'a d'autorité que sur ses biens privés, sur son domaine privé.
19:51 Les terres, les seigneuries qu'il a pu hériter ou dont il a pu hériter par mariage,
19:58 donc, ils lui appartiennent en propre.
20:01 Mais sur tout le reste, ça appartient à l'État, il n'a pas à en disposer.
20:07 Et puis, les recommandations à ses successeurs, souvent, font plutôt partie des confidences
20:14 qui sont faites à son entourage pendant ces derniers moments.
20:18 – Mais est-ce que c'est souvent respecté ?
20:21 – Non, parce que la volonté du roi défunt, au fond, la capacité de décider,
20:27 le quitte en même temps que la vie.
20:29 Son successeur n'est pas lié par les décisions qui ont été prises par le prédécesseur.
20:36 – Il doit même le savoir, étant donné que lui n'a certainement pas respecté ses volontés.
20:39 – Oui, mais ça fait partie de l'orituel du bien à mourir,
20:42 c'est-à-dire le fait d'être roi jusqu'à la dernière minute.
20:45 C'est un peu ça qui est attendu d'un souverain.
20:48 C'est-à-dire qu'il cesse d'être roi à l'instant qu'il meurt.
20:54 Même si la vie l'a plus ou moins quitté, il est encore roi jusqu'à son dernier souffle.
21:01 Mais une formule dira que lorsque le roi a la bouche close, son successeur est roi parfait.
21:09 C'est une formule du XVIe siècle qui dit à peu près tout.
21:13 C'est-à-dire que le roi est vraiment roi jusqu'à son dernier souffle,
21:16 mais une fois que le dernier souffle est rendu, tout est passé au successeur.
21:20 Et le successeur, juridiquement, n'est pas lié par les actes du prédécesseur.
21:25 Il peut les modifier.
21:27 – Une fois que le souverain a rendu son dernier souffle, que se passe-t-il ?
21:33 Ça a changé, ça également, suivant les époques ?
21:36 – Oui, il y a toujours eu une exposition du corps.
21:42 Il y a eu pendant très longtemps l'embaumement du corps des souverains.
21:47 Et puis pendant une fenêtre de deux siècles, au XVe et XVIe siècle,
21:53 les siècles de la Renaissance, il y a eu une procédure très théâtrale,
21:57 très complexe dans une période troublée.
22:00 On sortait de la guerre de Cent Ans, la monarchie était faible,
22:04 après Jeanne d'Arc, la monarchie est plutôt faible.
22:07 Louis XI n'a pas été un roi très apprécié, même si ça a été un grand roi.
22:12 Et puis au XVIe siècle, la monarchie est prise dans la tourmente des guerres de religion.
22:17 Et donc, entre le milieu du XVe siècle, fin de la guerre de Cent Ans,
22:23 et puis l'assassinat d'Henri IV en 1610,
22:27 il y a une période pendant laquelle la monarchie a mis en scène
22:33 la mort de ses rois de manière à bien faire sentir,
22:37 à bien faire comprendre la perpétuité de la couronne.
22:41 Et d'une couronne qui, politiquement, était très fragilisée.
22:44 D'où ce rituel très impressionnant de l'effigie.
22:49 Donc une fois que le roi était mort, une effigie,
22:53 qui était en carton, en bois, en tout ce qu'on voulait,
22:57 prenait sa place. On lui rendait les honneurs.
23:00 - Prenait sa place dans son lit ? - Oui, dans son lit.
23:03 On lui rendait les honneurs, on lui servait des repas,
23:07 on lui rendait hommage, comme si le roi était toujours vivant.
23:10 Et pendant ce temps, le nouveau roi qui allait succéder
23:14 se tenait derrière le rideau, c'est-à-dire se tenait caché, en fait.
23:18 Il était déjà pleinement roi pour signer des actes, des arrêts, des lois, etc.
23:24 Mais il était invisible.
23:26 Et le jour des obsèques, l'effigie suivait le corps mort du roi
23:32 comme si le roi encore vivant accompagnait sa dépouille jusqu'à Saint-Denis.
23:38 Et c'est uniquement à la basilique de Saint-Denis
23:41 que l'effigie disparaissait à son tour
23:44 et que le nouveau roi entrait solennellement en fonction.
23:48 Donc cette effigie était destinée à faire le lien, un trait d'union,
23:53 entre le corps mort du roi et le corps glorieux du nouveau roi.
23:59 Donc ça a été une solution tout à fait baroque et dans le style du temps,
24:06 trouvée pour surmonter une période de très grande fragilité pour la monarchie.
24:11 Après c'est fini.
24:12 - Et est-ce que le roi, le successeur, assistait à ces funérailles ?
24:15 - Oui, il apparaît parce qu'on va lui remettre les insignes,
24:19 les régalia qui avaient été déposées sur le cercueil du roi mort
24:24 et qu'ensuite on donne au roi vivant.
24:27 - Donc tout ça est indépendant du sacre ?
24:29 - Indépendant du sacre.
24:30 Le sacre et le couronnement sont des cérémonies venant parfois beaucoup plus tard
24:36 parce que les rois ont déjà exercé leur fonction,
24:40 souvent pendant un certain temps,
24:42 avant qu'on puisse matériellement organiser la cérémonie de Reims pour le sacre.
24:47 Et après Henri IV, ça tombe en désuétude.
24:51 Non seulement l'effigie ne sera plus utilisée,
24:55 mais même il n'y aura plus de funérailles solennelles.
24:58 Les rois meurent comme ils peuvent.
25:01 Certes, on racontera toujours les instants édifiants de leur mort,
25:07 mais ensuite même l'inhumation se fera sans tambour ni trompette.
25:13 Parce que sans doute, la monarchie est si bien installée et enracinée à partir des Bourbons,
25:21 à partir de Louis XIII,
25:23 que toutes ces cérémonies deviennent inutiles.
25:26 - On a même l'exemple de Louis XV qui lui s'intéressait notamment.
25:29 - Oui, il y avait aussi des raisons politiques.
25:31 Il est mort quand même, le bien-aimé était devenu le plus haï des rois de l'opinion.
25:37 Et donc dérobé en plus, il y avait le risque de contagion
25:40 parce qu'il avait pourri littéralement.
25:43 Et donc il y avait le souci qu'il n'y ait pas de manifestation.
25:50 Donc non seulement on l'a enterré en catimini, mais on l'a enterré de nuit.
25:55 C'est une mort un peu triste, des funérailles un peu tristes,
26:00 mais qui s'explique à la fois politiquement
26:02 et parce que le moment de la mort avait perdu de son importance.
26:06 La mort du roi, c'est simplement la mort du corps mortel du roi,
26:10 la royauté, elle, continue.
26:13 25 ans après, c'était fini.
26:15 - Alors vous parlez de la maladie de Louis XV,
26:19 à parcourir le livre, sur les maladies justement,
26:22 on évoque souvent d'abominables souffrances physiques.
26:25 C'est-à-dire qu'à l'époque, il n'y avait pas de médecine à deux vitesses.
26:28 Si peut-être, parce que c'est peut-être encore pire
26:30 pour ceux qui avaient les moyens d'avoir des médecins autour d'eux.
26:32 Quand on voit l'exemple de ce pauvre Henri III
26:34 qui justement a une hémorragie, on le sait, il a eu des lavements.
26:39 - Oui, c'est-à-dire qu'on a chevel et malade.
26:41 - Plus qu'autre chose. - Sous prétexte de l'exonération.
26:44 - Est-ce qu'ils font tous preuve d'un grand courage physique ?
26:48 - Oui, dans l'ensemble, ils sont assez, je trouve, placides face à la mort.
26:53 - C'est-à-dire qu'après la propagation, on en a bien évidemment.
26:55 - Oui, mais ils étaient tous très pieux et très croyants.
26:59 Ils n'avaient pas du tout le rapport à la mort que nous avons aujourd'hui.
27:05 D'abord, la mort n'était pas cachée.
27:07 Ensuite, elle était l'événement le plus certain de la vie.
27:11 Il y avait l'espoir du paradis.
27:14 Il y avait le sens aussi de la fonction.
27:18 Et ça, on sait que c'est vrai.
27:20 Des gens qui sont investis d'une fonction, pas toujours,
27:23 mais assez souvent, se montrent dans l'adversité à la hauteur de cette fonction.
27:29 Voilà, on a plein d'exemples.
27:31 Même dans l'histoire récente, rappelez-vous le président chilien, Allende,
27:36 il est mort très bravement.
27:38 Il était président du Chili et quand Pinochet a attaqué la Moncloa, il est mort.
27:44 Voilà, dans le bombardement du palais, il ne se serait pas rendu.
27:48 Donc, les rois, c'est la même chose.
27:50 Et ils ont cette consolation suprême d'être chrétiens,
27:54 donc de croire à l'éternité.
27:56 Ça aide.
27:57 Mais dans l'ensemble, non, ils se montrent tous à la hauteur,
28:00 y compris Louis XVI, à la hauteur de leur fonction.
28:05 D'ailleurs, c'est...
28:06 Il meurt en chrétien, voilà, c'est ça qu'il faudrait...
28:09 Vous n'avez pas écrit tout le chapitre, comme on l'a dit,
28:11 donc je ne vais pas vous demander forcément des détails sur chacun.
28:14 C'est vrai que Philippe Comtamil, lui, écrit sur Charles V,
28:16 il est roi jusqu'au bout.
28:18 Il y a un chapitre qu'il donne le dernier jour,
28:20 il signe encore des actes, alors qu'il est malade,
28:23 il sait qu'il va mourir.
28:25 Il faut distinguer entre ceux qui meurent en fonction,
28:28 et puis il y en a beaucoup qui vont mourir en exil.
28:31 Alors, au XIXe, notamment, c'est vrai de Charles X,
28:36 c'est vrai de Louis Philippe, c'est vrai du comte de Chambord,
28:39 même s'il n'a jamais été roi,
28:41 donc c'est un cas un peu différent.
28:43 Mais ceux qui meurent en fonction sont rois jusqu'au bout.
28:47 La seule exception, d'une certaine façon,
28:50 c'est la grande tragédie de sa vie, c'est Louis XVI.
28:53 Parce qu'il n'est roi qu'au moment de mourir.
28:56 Il n'a pas su vraiment être roi avant,
28:59 et là, il sait être roi pour mourir.
29:02 - Alors, si rien n'est préparé,
29:04 je prends l'exemple d'Henri II, après le tournoi,
29:07 il meurt en trois jours, il n'a plus de temps, il ne parle plus, etc.
29:10 - Il est probablement dans une agonie atroce.
29:12 - Atroce, il fait une septicémie foudroyante.
29:15 Dans ces cas-là, quand rien n'est préparé sur la succession,
29:20 en plus il a un enfant qui est très jeune,
29:23 au sein de son entourage, c'est l'affolement total ?
29:26 Est-ce que c'est verrouillé ? Est-ce qu'il y a des instigations ?
29:30 - Ce qui est verrouillé, c'est que le successeur est connu.
29:34 Donc ensuite, si le successeur est très jeune,
29:37 il y a forcément un moment de grande inquiétude,
29:39 parce que les périodes de minorité sont des périodes dangereuses.
29:43 Parce que bien sûr, un souverain étranger peut élever une revendication,
29:47 un prince de l'intérieur français peut également se dresser contre le roi jeune.
29:56 Les périodes de minorité, les périodes de régence, sont des périodes fragiles.
30:00 Mais en même temps, la monarchie n'est pas des chefs de bande,
30:05 c'est très structuré.
30:07 Donc il y a des gens dont la fonction est de faire appliquer les règles.
30:12 Il y a un parlement de Paris,
30:15 ce sont des magistrats de haut magistrat,
30:18 qui sont les gardiens des lois fondamentales du royaume,
30:21 et qui veillent au grain.
30:23 Alors en général, ils vont travailler, œuvrer,
30:27 pour que la succession se passe conformément aux règles.
30:31 C'est très ritualiste et procédurier.
30:33 Et puis le cas échéant, comme dans le cas de Louis XIV, comme on l'a vu,
30:37 ils vont casser ce testament par lequel Louis XIV avait outrepassé ses pouvoirs.
30:42 Donc il y a tout un cadre juridique qui encadre la mort du roi et la succession.
30:51 Sans compter bien sûr l'Église,
30:53 qui joue un rôle considérable pendant tout l'Ancien Régime,
30:56 et qui est là aussi, pour que les règles soient respectées.
31:00 Il y a un cas assez particulier, parce qu'il ne meurt pas en France,
31:05 il ne meurt pas en Exil non plus.
31:07 C'est Saint Louis, qui meurt de la peste à Tunis.
31:11 Et là son corps lui connaît un voyage de retour...
31:15 - Mouvementé ! - Mouvementé, j'allais dire éprouvant !
31:19 - Oui, il était comme tous les rois, on les ouvre,
31:24 et on sort le cœur, qui est...
31:27 Ils ne sont pas inhumés en un morceau, aucun.
31:30 Le cœur est d'un côté, les entrailles d'un autre côté,
31:33 et le reste du corps va à Saint-Denis.
31:36 D'ailleurs, sur les gisants, vous avez toujours le roi médiéval
31:40 et représenté avec un petit sac, qui représente ses entrailles,
31:44 qui ont été extraites.
31:46 C'est un reste du rite de l'embaumement,
31:49 qui avait caractérisé les premiers rois.
31:52 Le malheureux Saint Louis va être dépecé de cette manière usuelle.
31:59 On va aussi couper différents morceaux qui seront donnés un peu partout.
32:04 Et c'est un peu la rançon de la sainteté
32:08 qui avait fini par entourer son personnage.
32:12 Il subit le sort de tous les saints, il finit en relique.
32:17 Et on va distribuer des petits morceaux d'os, d'organes, etc.
32:25 Il a fini en pièces détachées, c'est un destin...
32:28 - Étonnant, il fait chaud, le corps putréfie très rapidement,
32:33 on le fait bouillir dans du vin.
32:35 - On le fait bouillir dans du vin, oui.
32:37 C'est assez horrible, je ne suis pas sûr que c'est très efficace.
32:41 - Il faut avoir le cœur bien accroché.
32:43 - Mais c'est un peu, son corps a payé le fait qu'il était devenu saint,
32:51 du moins à ce moment-là encore de réputation, de son vivre.
32:54 C'est le seul roi qui, en plus de la dignité qui s'attache à la fonction,
33:01 est revêtu d'une aura qui dépend de sa sainteté,
33:05 de la sainteté qu'on lui prête.
33:07 Et c'est un peu la rançon de cette grandeur,
33:11 d'avoir été débité en petits morceaux.
33:14 Avec l'espoir en plus de l'amener intact à Saint-Denis.
33:18 Il n'y a plus grand-chose.
33:21 - D'ailleurs pour ceux qui ont le cœur bien accroché,
33:24 je recommande aussi la lecture de l'autopsie de Louis XIII.
33:27 - Il y a aussi Louis XVIII, le malheureux,
33:30 qui avait les doigts de pied qui tombaient,
33:33 il s'est décomposé vivant.
33:36 - Alors un autre roi, on va terminer d'ailleurs avec lui,
33:42 je vous interroge aussi parce que vous avez écrit le chapitre,
33:46 qui est Louis XVI.
33:48 - Oui, Louis XVI, c'est un roi vraiment en roi.
33:51 - Et en martyr.
33:52 - Et en martyr, d'autant que lui, il a vraiment le temps
33:54 de s'y préparer, qu'il meurt en bonne santé,
33:56 si l'on peut dire.
33:58 Donc comment s'y préparer, parce que quand on lit,
34:01 par exemple, on voit que la veille au soir,
34:03 il dort bien, parce que son valet l'entend ronfler.
34:05 - Vous savez, c'était un homme d'une placidité extraordinaire.
34:09 La Révolution française ne l'a pas affecté au début,
34:13 ça ne l'empêchait pas de dormir, de manger.
34:16 Alors on dit que le jour de la convocation des Etats généraux,
34:19 il dormait au conseil, on le sait, c'est vrai,
34:21 il s'était endormi pendant le conseil,
34:23 qui allait décider finalement du destin de la France
34:26 et de son destin en particulier.
34:28 C'est qu'il était allé à la chasse, il était fatigué,
34:30 il a fait un petit somme, pendant qu'on discutait
34:33 l'affaire la plus importante de son règne.
34:36 Et de la même façon, une fois qu'il a été prisonnier,
34:40 jugé, condamné, et bien son sommeil n'était pas troublé
34:44 par les événements.
34:46 Je crois que sa foi personnelle garantissait
34:51 sa tranquillité d'âme.
34:54 Probablement, il y avait chez lui une espèce d'indifférence
35:00 aux événements, qui était liée aussi à son incapacité
35:05 d'être roi, parce qu'après tout, c'est un règne à la fois
35:08 très noble par sa fin, mais très décevant par son déroulement.
35:12 Parce qu'il n'a rien fait pour changer le cours des événements,
35:15 il s'est toujours abandonné aux favoris du moment,
35:18 aux événements, sans rien faire pour les contrecarrer.
35:22 Et puis quand il est tombé, quand il a perdu le pouvoir,
35:26 lorsqu'il s'est retrouvé prisonnier au Temple,
35:29 et bien là, il s'est révélé meilleur chrétien que roi.
35:34 Et il est moins mort en roi qu'en chrétien.
35:38 Même si, à la fin, il a écrit un très beau testament
35:43 adressé aux français, même s'il a tenté au dernier moment
35:48 de dire quelques mots, il est mort surtout en chrétien.
35:52 - Mais on ne sent pas de peur ?
35:54 - Non, mais chez aucun, je pense qu'il y a de peur.
35:57 On n'a pas de témoignage de peur chez ces rois,
36:01 qui sont à la fois très conscients de leur fonction,
36:05 de leur statut, et en même temps, qui sont tous très chrétiens,
36:11 au moins dans l'accomplissement de leurs devoirs.
36:13 Même s'ils ont pu avoir des doutes.
36:15 - Louis XVI, lui, pense à la postérité par l'intermédiaire
36:18 de son testament adressé aux français,
36:21 puis ses dernières paroles qu'il n'a pas pu prononcer.
36:23 - Oui, voilà, il est roi, il est conscient de sa position,
36:28 et vraiment, c'est dans les derniers jours
36:31 qu'il devient celui dont il aurait été souhaitable qu'il fût dès le départ.
36:36 Il n'a pas eu la dignité, par exemple, du roi d'Angleterre Charles Ier,
36:40 qui a été guillotiné, lui aussi décapité,
36:43 pas guillotiné, décapité, et qui a refusé de répondre aux questions
36:48 dans son procès en jugeant qu'il n'avait pas à répondre
36:51 aux questions d'accusateurs, qui étaient illégitimes.
36:54 Louis XVI n'a pas été roi à ce moment-là,
36:57 parce que lui a répondu, il s'est défendu,
36:59 alors qu'il aurait dû leur dire "vous n'avez pas le droit
37:02 de me juger, ne serait-ce qu'au terme de la Constitution
37:05 que vous aviez rédigée". Il ne l'a pas fait.
37:08 Et c'est une fois condamné à mort, vraiment dans les dernières heures,
37:11 que là, il s'élève à la hauteur de sa fonction.
37:16 - Alors, dans votre préface, vous dépassez un peu le cadre royal,
37:21 donc les deux empereurs, mais sinon, vous évoquez aussi
37:25 les présidents de la Vème République,
37:28 principalement de Gaulle, de Mitterrand,
37:30 et puis la maladie de Georges Pompidou.
37:34 Est-ce qu'on peut faire des rapprochements
37:37 entre ces trois morts et les morts royales
37:40 que vous évoquez dans le livre ?
37:42 - Je pense que là, c'est pour ça, aucun président de la IIIème
37:45 ou de la IVème ne pourrait, bien sûr, parce qu'ils ne sont pas
37:48 l'incarnation de la souveraineté.
37:51 IIIème, IVème République, c'est le Parlement
37:54 qui incarne la souveraineté.
37:56 La Vème reconstitue un système mi-monarchique,
38:01 mi-républicain, avec son président élu pour sept ans
38:05 et rééligible, qui, d'une certaine façon,
38:08 restaure le principe d'incarnation de la souveraineté
38:12 dans un homme.
38:14 Et dans ce sens, il me semble que chez les présidents
38:16 de la Vème, en tout cas ceux-là, jusqu'à Mitterrand,
38:19 qui est le dernier à jouer, le mot n'est pas joli,
38:24 parce qu'il est un peu péjoratif, à jouer la comédie
38:27 du pouvoir légitime et du pouvoir royal,
38:30 avec ce côté imposant, marmoréen, etc.,
38:34 eh bien on retrouve certains traits.
38:37 Dans la mort de De Gaulle, c'est ralliant à la fois
38:40 grandeur et simplicité chrétienne.
38:44 C'est toute la différence avec Mitterrand,
38:47 dont la mort, certes, a une forme de grandeur,
38:50 mais on sent que c'est déjà la décadence de la Vème,
38:53 parce que Mitterrand joue plutôt le rôle
38:57 de la mort du roi en ajoutant un chapitre
39:00 ou un roman de sa vie, un petit peu à la fois
39:03 d'imitation et un petit peu canaille aussi,
39:05 avec les deux veuves qui viennent se réconcilier
39:08 au-dessus du mort.
39:10 - Et la maladie de Pompidou ?
39:12 - La maladie de Pompidou, elle a ceci de touchant
39:15 et de grand qu'il a tenu à exercer ses fonctions
39:20 jusqu'au dernier moment possible,
39:23 alors même qu'il ne connaissait pas l'issue
39:26 certaine de cette maladie, néanmoins il savait bien
39:30 que la maladie risquait d'interrompre
39:32 prématurément son mandat.
39:34 Donc il y a eu une forme de grandeur
39:36 dans la volonté de tenir son rôle,
39:39 alors même qu'il ne pouvait pas ignorer
39:42 la transformation qui était la sienne,
39:44 la voix qui disparaissait,
39:47 le corps qui enflait,
39:50 donc il y a eu une forme de dignité,
39:53 de très grande dignité dans la mort de Georges Pompidou,
39:56 comme dans la mort simple de De Gaulle.
39:58 - On va rappeler le mot de Paul Morand ?
40:02 - Oui mais qui est un mot...
40:04 - Un mot cruel, on ne voulait pas l'appeler.
40:06 - Si, je viens de rappeler,
40:08 il est mort en faisant une réussite,
40:10 quel ambitieux, mais c'était très injuste.
40:13 - Alors, Patrick Esqueniffé, merci,
40:16 je rappelle "Les derniers jours des rois",
40:18 c'est une réédition d'un livre paru en 2014,
40:21 la collection Poche de Perrin,
40:24 il y a, je vais vous dire combien de chapitres ?
40:28 - C'est une vingtaine.
40:30 - Donc on va de Charlemagne à Napoléon III,
40:34 en passant par, on l'a dit, Henri II, Louis XV,
40:39 Louis XVIII, etc.
40:44 - Merci infiniment. - Merci à vous.
40:46 [Musique]
40:53 - Avant de nous quitter, quelques informations culturelles.
40:56 Une belle exposition au musée de Cluny à Paris,
40:59 un musée consacré au Moyen-Âge et qui abrite, entre autres,
41:02 trésor la fameuse tapisserie "La Dame à la licorne".
41:05 L'exposition, elle, est consacrée aux arts sous Charles VII,
41:09 Charles VII dit "le victorieux",
41:11 c'est sous son règne que finit la guerre de Cent Ans.
41:13 Et le retour à une période de paix va permettre
41:15 un véritable renouveau dans l'art.
41:17 Peinture, sculpture, orfèvrerie, tapisserie, vitraux,
41:20 et même manuscrits enluminés,
41:22 les œuvres exposées au musée de Cluny
41:24 témoignent de ce changement radical,
41:26 de cette évolution des arts et des esprits.
41:28 Le parcours explique ces nombreux changements,
41:30 les particularités de ce mouvement novateur,
41:32 tout en donnant la part belle aux grands artistes
41:34 qui ont œuvré sous le règne de Charles VII.
41:36 On peut notamment admirer les tableaux
41:38 du plus grand peintre de cette période, Jean Fouquet.
41:41 Cluny a réuni une grande variété d'œuvres,
41:43 diverses pièces, qui racontent l'évolution de l'art,
41:46 les différences culturelles entre les régions et les pays voisins.
41:49 On peut admirer des œuvres très colorées,
41:51 certaines une richesse impressionnante,
41:53 d'autres très expressives.
41:54 La finesse de la réalisation, les couleurs,
41:56 les émotions attachées à ces créations
41:58 rappelleront aux visiteurs si besoin en était
42:01 que le Moyen Âge était loin d'être austère et triste.
42:04 Un livre, maintenant paru aux éditions,
42:06 "Pierre de Tagac", un très bel ouvrage
42:08 consacré au 3e Régiment étranger d'infanterie en Guyane.
42:12 Ce régiment de la Légion étrangère,
42:14 l'un des plus décorés de l'armée française,
42:16 est arrivé à Kourou, en Guyane,
42:18 voilà 50 ans en provenance de Madagascar.
42:20 Ses missions sont multiples,
42:22 maintien de la souveraineté française,
42:24 lutte contre l'orpaillage,
42:25 et surtout protection du centre spatial guyanais,
42:28 en particulier lors des lancements de fusées.
42:30 Le livre proposé aujourd'hui
42:32 rappelle l'histoire du régiment, ses engagements,
42:34 mais surtout le présent dans son environnement,
42:37 la forêt équatoriale.
42:38 Des témoignages et de magnifiques photos
42:40 permettent de s'immerger dans le milieu guyanais,
42:42 d'en comprendre les spécificités, mais surtout les contraintes.
42:45 Les auteurs nous entraînent dans la jungle,
42:47 expliquent comment est réalisée l'instruction des hommes,
42:49 et dévoilent ce que sont les expéditions profondes.
42:52 Particulièrement riches et documentées,
42:55 proches d'un ouvrage d'art,
42:56 tant les illustrations ont été choisies avec goût,
42:58 et leurs allures soignées, palpitant de vie,
43:01 ce livre ravira les passionnés
43:02 et tous ceux qui veulent découvrir
43:04 les mystères de la Guyane.
43:06 C'était "Passé-présent", émission historique de TVL
43:09 présentée en partenariat avec la revue d'histoire européenne.
43:14 Vous nous allez maintenant retrouver
43:15 Christopher Lanne et sa petite histoire,
43:17 mais avant, n'oubliez pas de cliquer sur le pouce levé sous la vidéo
43:21 et de vous abonner à notre chaîne YouTube.
43:23 Merci et à bientôt.
43:26 [Générique]
43:28 Aujourd'hui, je vais vous parler d'une légende
43:47 relatée par les chroniqueurs d'autrefois,
43:49 et particulièrement Grégoire de Tour.
43:51 Il s'agit de l'épisode du "Guet de la Biche".
43:54 Et quand je parle de "Guet de la Biche",
43:56 je ne parle pas de Stéphane Bern,
43:57 mais bien d'un guet, un guet de fleuve,
43:59 là où Clovis a pu traverser la Vienne en 507,
44:02 grâce à l'apparition d'un cerf majestueux.
44:05 Mais revenons un peu en arrière pour bien comprendre le contexte.
44:08 Vous le savez, enfin j'espère,
44:10 le baptême de Clovis marque pour beaucoup
44:12 le point de départ de notre histoire,
44:14 l'histoire de notre pays, la France,
44:16 et de ce lien qui l'unit à l'Église.
44:18 Après son baptême, Clovis est donc le premier roi chrétien,
44:21 il se voit comme l'héritier de l'Empire romain d'Occident,
44:24 et sa mission politique comme religieuse
44:27 sera d'affermir son royaume.
44:29 Pour affermir son royaume, il faut qu'il conquérisse la Gaule,
44:32 et notamment la Gaule du Sud-Ouest,
44:34 où sont installés les Visigoths.
44:35 Pour ce faire, il a la bénédiction de Saint Rémy et d'Anastase,
44:39 empereurs romains d'Orient,
44:41 mais aussi de ses soldats, bien entendu.
44:43 Pour l'instant, son royaume ne fait que recouvrir grossièrement
44:46 le nord de la France actuelle.
44:48 Mais au sud, et en particulier au Sud-Ouest,
44:50 les Visigoths sont installés jusqu'à la Loire,
44:52 et leur royaume s'étend jusqu'à la Provence à l'Est,
44:55 et jusqu'à l'Espagne au Sud.
44:57 Et à l'Est, là où se trouve l'actuelle région lyonnaise,
45:00 on trouve le royaume des Burgondes,
45:02 qui, au moment des faits dont nous parlons en 507,
45:04 était un allié.
45:05 Le problème qui va se poser, c'est que les Visigoths,
45:08 ces cons-là, eh bien ils sont arianistes.
45:10 "Mécréants !"
45:12 "Arianistes", on le rappelle grossièrement,
45:14 c'est un courant de pensée qui vient du théologien Arius,
45:17 et qui considère que Jésus est avant tout humain,
45:20 avant d'être Dieu fait homme.
45:22 Pfff, la honte !
45:24 Le deuxième problème, c'est de multiples tensions
45:26 entre les Francs et les Visigoths,
45:28 et par exemple, un jour, Clovis et Alaric II,
45:31 qui est alors le roi des Visigoths,
45:33 vont se donner un rendez-vous pour parler de paix.
45:35 Mais les émissaires de Clovis, arrivés sur place,
45:38 constatent que des massues ont été dissimulées,
45:40 et donc qu'une embuscade était prête à être tendue
45:43 au roi des Francs.
45:44 Et ça, c'est pas fair-play.
45:46 Pas du tout.
45:48 Pour mettre fin à ces tensions répétitives
46:03 entre Francs et Visigoths,
46:04 on avait alors choisi un arbitre,
46:06 Thierry, roi des Ostrogoths.
46:08 Les Ostrogoths, c'est un peuple qui était installé
46:10 dans le nord de l'Italie.
46:11 Thierry était censé être impartial,
46:13 car parent des deux rois.
46:15 Il épousait la sœur de Clovis,
46:16 et il avait donné sa fille en mariage à Alaric.
46:19 Après que chacune des deux parties ait fait valoir
46:21 ses droits et ses plaintes auprès de Thierry,
46:24 le roi des Ostrogoths a tranché,
46:26 il a donné raison à Clovis.
46:27 Comme à l'époque, on pratiquait encore
46:29 une justice de bab tout solide,
46:31 Thierry a ordonné aux Visigoths
46:32 de planter une lance dans la terre,
46:35 et de la recouvrir d'or,
46:36 jusqu'à ce qu'on ne voit plus la pointe de fer.
46:39 Alors bien entendu, déjà, je sais pas si vous imaginez
46:41 la taille d'une lance plantée dans la terre
46:43 et la taille du tas de pièces qui seraient censées
46:45 la recouvrir entièrement,
46:46 tout cet argent devait revenir à Clovis.
46:49 Évidemment, Alaric n'était pas très content,
46:51 et donc il a juré de reprendre les armes.
46:53 Clovis va donc passer tout le reste de l'année
46:56 à entraîner une armée
46:57 pour conquérir le sud de la Gaule
46:59 et affermir son royaume.
47:01 [Musique]
47:17 On en arrive à Stéphane Bern, enfin à Vouillé.
47:19 En 507, Clovis franchit la Loire,
47:22 non sans avoir envoyé des fidèles à Tours
47:25 pour prier sur le tombeau de Saint Martin
47:27 afin que le Saint assure à Clovis sa bénédiction.
47:30 Alors Saint Martin, ce n'est pas n'importe quel saint,
47:32 déjà c'est un symbole de la lutte contre les hérétiques,
47:35 et en l'occurrence, en tant qu'arianiste,
47:37 les Ostrogons sont hérétiques
47:39 et Clovis se place dans la position du roi chrétien,
47:41 mais c'est aussi un guerrier, comme Clovis,
47:43 et à l'époque, c'est également le plus célèbre,
47:46 le plus fameux des saints gaulois.
47:48 Donc Clovis, qui ne manque jamais de donner
47:50 une dimension religieuse également
47:52 à ses combats et à ses conquêtes,
47:54 franchit la Loire à la rencontre des Ostrogons.
47:57 Mais soudain, un obstacle de taille se présente
47:59 face à son armée, la Vienne,
48:01 qui a débordé, gonflée par les pluies.
48:03 L'armée n'a pas eu le temps de construire des ponts de bateaux,
48:06 et surtout, ses travaux auraient permis aux Ostrogons,
48:08 qui se trouvent de l'autre côté de la rive, de se replier.
48:10 Clovis s'installe alors son campement
48:12 sur la rive droite de la Vienne
48:14 et se met en prière pour demander à Saint Martin
48:16 de lui apporter son soutien
48:18 et de l'aider à aller à la rencontre de ses ennemis.
48:20 Pendant ce temps, ses troupes descendent
48:22 et remontent le cours de la rivière
48:24 à la recherche désespérée d'un passage.
48:26 Alors qu'ils s'approchent de la forêt de Chinon
48:28 et ne trouvent toujours rien,
48:30 un cerf majestueux sort du bois
48:32 et apparaît aux yeux des soldats.
48:34 Pour eux, ce n'est pas encore un signe,
48:36 mais c'est surtout l'occasion de se détendre
48:38 avec une bonne partie de chasse.
48:40 Les hommes se mettent tout d'abord en ligne,
48:42 puis forment un demi-cercle afin d'enserrer l'animal,
48:44 un demi-cercle qui se rétrécit,
48:46 pour l'acculer à la rivière.
48:48 Le cerf recule, panique, et soudain s'enfuit,
48:50 mais plutôt que de repartir vers le bois,
48:52 il se jette dans la rivière,
48:54 et là, miracle !
48:56 Plutôt que de s'enfoncer dans les eaux,
48:58 il marche, et l'eau lui arrive à peine aux genoux,
49:00 et c'est sans difficulté
49:02 qu'il rejoint l'autre rive.
49:04 Devant cette scène providentielle,
49:06 les guerriers baissent leurs arcs
49:08 et épargnent cet envoyé de Dieu.
49:10 Aussitôt, ils rejoignent le camp
49:22 et annoncent la nouvelle à Clovis.
49:24 Dans l'armée, c'est l'euphorie,
49:26 et tout le monde se met en ordre de marche
49:28 direction la rive gauche de la Vienne.
49:30 Une fois de l'autre côté de la rivière,
49:32 ils se portent en avant des ostrogaux,
49:34 et la bataille peut commencer.
49:36 Comme à leurs habitudes, les gaux se contentent
49:38 de charges successives sur l'infanterie de Clovis,
49:40 mais leurs charges se brisent
49:42 toutes sur un mur de Francisque.
49:44 Redoutable guerrier,
49:46 Clovis prend part au combat,
49:48 et dans la mêlée, il cherche Alaric,
49:50 le roi des Visigoths, son rival.
49:52 Quand il arrive à sa portée, il lui lance
49:54 et un combat féroce s'engage
50:00 entre les deux rois.
50:02 La suite, vous la connaissez, Clovis tue Alaric
50:04 de son épée, et l'armée adverse
50:06 prend la fuite. Sur le champ de bataille,
50:08 l'armée Auvergnate, qui se battait
50:10 dans les rangs Visigothiques, est massacrée
50:12 sur place. Vous le savez, et on l'avait déjà
50:14 bien compris à l'époque, les Auvergnats,
50:16 quand il y en a un, ça va, c'est quand il y en a plusieurs
50:18 qui a des problèmes. Là, en l'occurrence, il n'y en a plus.
50:20 Avec ce qu'il reste de l'armée, le fils d'Alaric,
50:22 Amalaric, se replie
50:24 de l'autre côté des Pyrénées, bien gentiment,
50:26 et déserte le sud
50:28 de la France. Grâce à ce coup de pouce de la
50:30 Providence, et ce cerf majestueux sorti
50:32 de nulle part, d'ailleurs on ne sait même pas
50:34 si c'est vrai, c'est Grégoire de Tour,
50:36 le chroniqueur célèbre de l'époque, qui nous raconte
50:38 ça, Clovis s'ouvre la route
50:40 du Midi. Cette conquête marquera
50:42 durablement les frontières de la France,
50:44 et va élever Clovis à la dignité quasi-impériale.
50:47 Et c'est comme ça que les petites histoires
50:49 font la grande.
50:51 Merci à tous d'avoir suivi ce nouvel épisode
50:53 de La Petite Histoire, et je vous dis
50:55 rendez-vous la semaine prochaine pour un nouveau numéro
50:57 sur TV Liberté.
50:59 [Musique]
51:27 [Musique]