Elisabeth Lévy : "Une conception de l’islam identitaire progresse parce que nous sommes faibles"

  • il y a 6 mois
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##LEVY_SANS_INTERDIT-2024-03-27##
Transcript
00:00 - Il est 8h13, c'est à la une, Lévis sans interdit. Bonjour Elisabeth Lévy.
00:05 - Bonjour Patrick, bonjour à tous.
00:06 - Vous revenez sur cette affaire, le proviseur du lycée Maurice Ravel, à Paris, dans le nord de Paris, était menacé de mort et il a quitté ses fonctions.
00:16 - Oui, je dois dire qu'en entendant cette nouvelle, j'ai eu un sentiment vraiment de honte devant cette défaite en race campagne.
00:23 Alors il faut rappeler que le 28 février, ce proviseur avait demandé tout à fait normalement à trois élèves d'ôter leur voile islamique.
00:30 L'une d'elles a prétendu qu'il l'avait agressée, puis le scénario habituel s'est mis en branle, des mensonges qui tournent en boucle sur les réseaux,
00:38 comme cette vidéo qu'on peut encore voir sur TikTok, postée avant-hier par cette jeune fille, sur le site du CCIE, vous savez, le Comité contre l'islamophobie en Europe,
00:48 où elle pleurniche, visage flouté, parce que la plainte qu'elle a osé déposer a été classée sans suite.
00:55 Ensuite, donc, après ces pleurnichages et ces insultes et ces mensonges, il y a des menaces de mort, il y a eu la visite de la ministre Nicole Belloubet,
01:05 des proclamations martiales, nous ne céderons pas jusqu'à cette conclusion piteuse où nous avons cédé.
01:11 Alors, selon le rectorat, c'est peut-être le pire, le procureur, le proviseur, pardon, à quelques mois de la retraite a voulu partir pour convenance personnelle,
01:19 je vous laisse apprécier le terme, on a plutôt l'impression qu'il a été exfiltré pour calmer le jeu, pas de vague, c'est toujours la même chose,
01:27 et il y a eu en tous les cas une certitude, c'est que s'il s'était senti soutenu et protégé, eh bien, il ne serait pas parti.
01:34 Et d'ailleurs, ça confirme ce que dit un rapport sénatorial sur les violences, les menaces et les pressions sur les enseignants,
01:40 vous savez, c'est dans le cadre de la commission qui avait été demandée par Michael Paty, la sœur de Samuel Paty,
01:46 ce rapport dénonce la solitude des enseignants, il assure que les incidents déclarés ne sont que la partie émergée de l'iceberg,
01:53 mais, écrivent-ils, écrivent les rapporteurs, aucun établissement ni aucun territoire ne sont aujourd'hui épargnés.
01:59 - Oui, et Elisabeth Lévy, c'est vrai qu'on ne peut pas mettre aussi des policiers autour de tous les professeurs, proviseurs, en l'occurrence menacés.
02:07 - Eh bien, si, il faut le faire, il faut le faire, je suis désolé, il faut montrer que l'État est là et qu'il permettra à tous ses agents de remplir leur mission.
02:15 Et il faut aussi que tous ceux qui défient nos lois soient troidiens en justice, virés de l'établissement pour les élèves,
02:22 et expulsés pour les majeurs étrangers qui menacent et qui font pression sur l'éducation nationale.
02:28 Mais l'urgence, c'est d'arrêter de se mentir collectivement, le djihadisme ne se réduit pas au terrorisme,
02:34 il mène aussi un combat culturel pour le contrôle des esprits musulmans.
02:39 Et d'ailleurs, il y a déjà, comme le dit Hugo Michon, une contre-société installée sur de larges pans du territoire,
02:45 où une certaine conception de l'islam identitaire et victimaire est de plus en plus répandue.
02:50 Et si elle progresse, c'est parce que nous sommes faibles et que nous avons peur d'affirmer notre identité collective.
02:57 Eh bien voilà, au sommet de l'État, il faut qu'on définisse des lignes rouges et qu'on adresse un message clair à tout le monde,
03:03 et notamment à nos concitoyens musulmans.
03:06 Ce sont évidemment des citoyens comme les autres, ce qui signifie qu'ils doivent respecter la loi et accepter,
03:13 bon sang, une fois pour toutes, qu'on se moque de leur religion.
03:16 Sinon, s'ils ne peuvent pas l'accepter, il y a des pays plus accommodants.
03:20 Et je voudrais vous rappeler qu'en 1962, le premier étudiant noir de l'université du Mississippi allait étudier entouré de soldats.
03:29 Il y a eu des émeutes, il y a eu des blessés, mais il y a eu aussi des milliers de militaires dépêchés de Washington
03:36 pour protéger les droits civiques d'un seul homme contre la meute haineuse.
03:40 Eh bien Emmanuel Macron devrait s'inspirer du président Kennedy.
03:43 On ne peut pas rouler des mécaniques face à Poutine et mettre genoux à terre devant des gamines endoctrinées.
03:52 - Il y a beaucoup de réactions sur les réseaux sociaux, évidemment, après ça, en disant qu'on n'a pas suffisamment assuré la sécurité, justement, aussi des proviseurs,
04:02 qu'on devrait plus les soutenir.
04:04 Et il y a des questions aussi sur ce que devient la jeune fille qui a été réprimandée pour ce voile dans cette histoire.
04:13 Françoise Decoy.
04:14 - Qu'est-ce que je peux dire de plus à l'excellent édito d'Elisabeth ?
04:19 Je suis très touchée que vous repreniez cette image de cet étudiant noir, parce que c'est une des images fortes de la construction de l'Amérique moderne,
04:27 cette étudiante noire, de la lutte pour les droits civiques, de cette construction-là, de ce combat-là,
04:32 qui a été mené avec tous les policiers à la demande de Kennedy, parce que le gouverneur ne veut pas qu'il y rentre.
04:38 Et donc c'est vraiment l'État fédéral qui prend la décision.
04:42 Je ne peux pas être contre, et je suis totalement...
04:45 Pour moi, j'ai été très bouleversée par cette histoire.
04:48 Mon papa est éproviseur, et je sais très bien à quel point c'est très difficile ce métier.
04:53 On parle toujours des professeurs, mais les proviseurs...
04:55 J'imagine la détresse, en tout cas le chagrin moral de ce chef d'établissement,
05:01 parce qu'en plus il est chef d'établissement d'un quartier difficile, dans le nord de Paris.
05:05 C'est quelqu'un aussi qui a une forme...
05:07 - On est quand même à Paris, le 20e siècle, c'était pas mal.
05:11 - Lui aussi, il a quand même une forme de sacerdoce en tant que professeur de cet établissement.
05:15 - Surtout qu'il a fait Montreuil, il a fait ça, il a fait beaucoup de scènes.
05:18 - C'est ce que je veux dire, c'est que ce que je vois de cet homme,
05:20 c'est qu'il a une croyance dans la capacité de l'éducation à transformer les vies, à changer les vies.
05:26 Et cet homme s'en va à la retraite prématurément, j'imagine son désarroi, je me mets à sa place.
05:31 - Il n'est pas seul, effectivement, parmi les proviseurs.
05:34 Il y avait eu au moins... - Le 4 mars, oui.
05:36 - Il y avait eu 160 chefs d'établissement, place de la Sorbonne,
05:40 c'était des chefs d'établissement de la région parisienne,
05:42 qui faisaient part de leurs préoccupations, de leurs malaises.
05:47 - Ils ne savent pas comment faire.
05:49 - Et je voudrais terminer juste un mot sur votre édito, Elisabeth, au-delà du djihadisme.
05:54 Je voulais juste vous dire que je suis absolument d'accord avec Elisabeth sur l'idée de la police.
05:59 Oui, je suis absolument d'accord sur l'idée que s'il faut passer
06:03 par une démonstration de force, des forces républicaines, et bien faisons-le.
06:08 - Oui, alors d'abord oui, je crois, il y a des pays qui ont récupéré,
06:13 Nicolas Baverez le disait hier, il y a des pays qui ont réussi à récupérer,
06:17 à reprendre la main, comme la Suède, si vous voulez, tout simplement,
06:20 parce qu'ils sont très durs, ils expulsent facilement,
06:23 alors bien sûr je parle des étrangers, ils condamnent,
06:27 mais surtout je crois que c'est une question aussi de réprobation sociale.
06:31 Et là, François, je voudrais un peu pas vous taquiner, c'est pas le mot sur un sujet pareil,
06:37 mais si vous voulez, ce qui m'embête un peu, c'est qu'il y a une partie des Français
06:40 qui refuse toujours de voir la réalité.
06:43 Il y a toujours un déni sur l'ampleur de notre problème.
06:46 Tous les jours, non mais, il faut à un moment tirer les conséquences de ce qu'on dit.
06:49 On peut pas dire que ça existe dans tous les territoires,
06:53 dans énormément d'établissements, et après dire "nous c'est une toute petite minorité".
06:57 Ces jeunes filles qui considèrent, si vous voulez, qu'elles sont des victimes
07:01 parce qu'on leur demande de respecter la loi, elles ne sont pas une minorité.
07:05 C'est une conception de l'islam, excusez-moi, les sondages le montrent,
07:08 je suis nabré, c'est une conception de l'islam qui se répand
07:12 si nous ne menons pas ce combat.
07:14 Mais là, si vous voulez, on ne peut pas, les maillots de gage comme disait l'autre,
07:18 on peut tout faire sauf s'asseoir dessus.
07:21 - Personne ne s'assoit dessus, je pense que d'abord l'année 2015
07:25 nous a ouvert collectivement les yeux sur la dangerosité du terrorisme islamiste,
07:30 l'assassinat, j'ai bien compris, du combat politique mené par l'islam politique,
07:36 l'année, l'assassinat de Samel Paty a fini d'ouvrir les yeux.
07:40 Moi je ne fais pas partie des gens qui voient, comment dirais-je,
07:44 des islamophotes partout, c'est-à-dire que je pense qu'on a le droit
07:47 et on peut dire qu'il y a un problème avec une partie, en tout cas, de ces élèves-là,
07:52 mais je ne suis pas non plus de ceux qui voient des islamo-gauchistes partout.
07:56 Moi je ne suis pas d'accord avec vous quand vous dites "c'est l'ensemble des territoires",
08:00 je ne suis pas sûre du tout que ce soit l'ensemble des territoires
08:02 et je ne suis pas sûre que ça représente la même...
08:04 - Je dis le rapport sénatorial, c'est pas moi !
08:06 - Ok, le rapport sénatorial...
08:08 - Que ça ne vous arrange pas, vous balayez !
08:10 - Ce n'est pas que ça ne m'arrange pas, Elisabeth, c'est que je pense qu'on ne peut pas...
08:14 Il faut de la nuance dans ces sujets, c'est-à-dire que...
08:17 - J'ai de la nuance, je dis qu'il y a une grosse minorité...
08:19 - Vous dites une grosse minorité...
08:21 - Il faut surtout, il faut plus que de la nuance, il faut de la vérité,
08:25 il faut lire les études, il faut lire les livres...
08:28 - Nous les lisons !
08:29 - Il faut lire les études, il faut lire les livres, il faut lire...
08:31 Tous disent la même chose, que ce n'est pas une petite minorité
08:35 qui est séparatiste culturellement, c'est 40% et la moitié des jeunes !
08:40 - 40% de...
08:41 - Non, mais 40% je me moque de...
08:42 - Non, c'est les chiffres...
08:43 - Non, non, non, non...
08:44 - Excusez-moi, je vais vous redonner les chiffres, c'est disons 30%, pour prendre les plus bas,
08:48 30% de la population musulmane française et 50% des jeunes !
08:52 - De quoi vous parlez là ? Vous parlez des sondages, vous parlez des enquêtes de l'IFOP, etc.
08:56 C'est ça dont vous parlez ?
08:57 - Non, non, non, non, non...
08:58 - Pas que, pas que, excusez-moi !
08:59 - Non, mais vous ne voulez pas voir...
09:01 - Allez, il est 8h...
09:02 - Non, non, non, non, cette accusation de déni, vous ne me la collerez pas dessus,
09:05 c'est pas que je ne veux pas voir...
09:06 - Bon, allez, dans un instant...
09:07 - Je veux qu'on...
09:08 Je voudrais un...
09:09 Alors, ça mériterait, voilà, ça, ça mériterait un vrai débat national...
09:12 - Bah oui, évidemment !
09:13 - En réélection, je voudrais un vrai diagnostic, je voudrais qu'on pose vraiment les mots...
09:17 - Oui, d'accord, d'accord...
09:18 - On est d'accord ? Parce que la réalité, c'est qu'on va se transformer en combat gauche-droite,
09:22 ça ne m'intéresse pas, et vous avez raison là-dessus, faisons un vrai diagnostic collectif !
09:27 - Bon, 8h22...
09:29 - Je crois que Patrick veut qu'on s'arrête...
09:30 - Non, mais parce que vous allez continuer dans un instant...
09:32 - Ah oui, d'accord...
09:33 - Est-ce qu'il y a un autre déni aussi, sur les finances ?
09:36 8h23, on voit ça dans un instant...

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