Elisabeth Lévy : "Abroger la clause de conscience révèle des pulsions véritablement totalitaires !"

  • il y a 6 mois
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##LEVY_SANS_INTERDIT-2024-03-05##

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00:00 Le Grand Matin Sud Radio, 7h-8h30, Patrick Roger.
00:04 Il est 8h12, Elisabeth Lévy, vous revenez donc sur l'IVG et la clause de conscience.
00:12 Certains voudraient l'abroger.
00:14 Oui, parce qu'après la main, elles veulent le bras, dirait-on.
00:19 Parce qu'après cette réponse historique, comme on l'a entendu hier, à une question qui ne se posait pas,
00:24 les féministes ont donc un nouveau combat.
00:26 Il faut faire sauter ce qu'on appelle la double clause de conscience.
00:30 Alors il faut préciser, il existe pour les médecins une clause de conscience générale.
00:34 En dehors des urgences, ils peuvent refuser des soins pour des raisons professionnelles et personnelles.
00:39 Il y a aussi donc dans la loi Veil, une clause de conscience spécifique.
00:43 Un médecin ou une sage femme n'est jamais tenu de pratiquer une IVG.
00:47 Il doit à ce moment-là orienter la femme vers d'autres praticiens.
00:51 Et pour la gauche, cette restriction est insupportable.
00:54 En 2018, la sénatrice socialiste Laurence Rossignol avait déjà essayé de la faire sauter.
01:00 Pour elle, cette clause stigmatise l'avortement et culpabilise les femmes.
01:04 C'est le dernier rempart des anti-IVG qui n'ont jamais désarmé, disait-elle.
01:08 Il y a eu également une tentative en 2021.
01:11 Alors Mathilde Panot et la sénatrice sécolo Mélanie Vogel remettent donc le couvert.
01:19 Ce serait, dit-elle, cette clause de conscience, un moyen pernicieux de s'attaquer à l'IVG.
01:25 Et elles en veulent pour preuve le fait qu'en Italie, 75% des médecins, selon elles,
01:31 refuseraient de pratiquer des avortements, ces salauds de cateaux.
01:35 - Cette clause de conscience est-elle menacée, Elisabeth ?
01:39 - Aujourd'hui, non. Il y a un engagement du gouvernement réitéré par Eric Dupond-Moretti.
01:45 Mais à terme, sait-on jamais ? Une majorité insoumisée, un conseil constitutionnel nommé par la gauche
01:51 pourrait effectivement l'abroger. Alors pour ça, il faudrait tout de même tordre sacrément le coup à la Constitution.
01:58 Parce que la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen dit dans son article 10
02:02 "Nul ne doit être inquiété pour ses opinions, même religieuses."
02:06 Alors évidemment, il y a la fin de cet article qui dit
02:11 "Que leurs manifestations ne troublent pas l'ordre public établi par la loi."
02:15 Il y a donc une petite marge d'appréciation.
02:18 Mais il y a aussi la Constitution qui dit dans son article 1er
02:21 que la France respecte toutes les croyances.
02:23 Alors cette liberté, évidemment, Patrick, on le comprend tous instinctivement,
02:27 c'est une liberté essentielle parce que sans liberté de conscience, de pensée, librement,
02:33 eh bien, aucune autre n'existe. La légèreté avec laquelle Mathilde Panot et les autres en parlent
02:37 est vraiment effrayante. Parce que si la constitutionnalisation
02:41 vise juste à protéger un droit fondamental pour les femmes,
02:44 même si ce droit n'est pas vraiment menacé, admettons, ça ne fait pas de mal.
02:49 Mais on dirait tout de même que l'objectif de la gauche, c'est d'interdire désormais
02:53 tout débat, toute nuance, toute restriction. Or, pourtant, à titre individuel,
02:58 eh bien, chacun a le droit d'être contre l'avortement. C'est le cas de la majorité des croyants.
03:02 Hier, le pape François, tant aimé par la gauche par ailleurs, eh bien, il a tout de même
03:07 appelé à une journée de jeûne à cause de cette loi française.
03:11 Et puis, écoutez, c'est le cœur tout de même de la société démocratique,
03:16 cette liberté de conscience. Parce que la démocratie, c'est le régime qui
03:20 tolère sa propre contradiction. Alors, bien sûr, il est interdit de faire de la propagande
03:25 contre l'IVG à la télévision, par exemple, mais chacun est évidemment libre
03:30 de son adhésion individuelle, et on peut dire la même chose pour la peine de mort.
03:34 Donc, cet offensif contre la clause de conscience révèle des pulsions vraiment totalitaires.
03:39 Il y a une passion de l'interdire, de la contrainte dans cette gauche.
03:43 Pour Mathilde Panot, pour Mélanie Vauger, la conscience humaine, c'est un obstacle
03:48 à la glorieuse marche du progrès. Et je vous dis, moi, il est étonnant qu'il n'y ait pas
03:53 encore des groupes de trans pour exiger que l'on supprime de la loi le mot
03:57 abhorrement réactionnaire "femme". Vous savez que la loi parle de "femme".
04:02 - Élisabeth Lévy. Bon, oh non, mais il faut remettre les choses au centre.
04:08 C'est vrai, bon, alors, l'avortement, donc, dans la Constitution, l'IVG, ce droit à l'avortement
04:14 est sanctuarisé. Après, oui, il y a cette clause de conscience de médecin,
04:20 de certains, qui ne voudraient pas la pratiquer.
04:23 - Mais, pourtant, les médecins...
04:25 - Ça peut poser des problèmes. Amine Elkatmi, oui.
04:28 - Quand on est médecin, Patrick, le choix qu'on fait, c'est d'abord de soigner l'autre,
04:33 de venir en aide à l'autre. On n'est pas là pour imposer ces choix de conscience
04:39 ou ces opinions qui peuvent être personnelles et qui peuvent se respecter.
04:45 Mais quand on fait le choix de devenir médecin, on fait le choix de venir en aide à l'autre.
04:52 Donc, moi, c'est comme les mères qui, par exemple, refusaient de célébrer les mariages pour tous.
04:56 Une fois que la loi est votée et que vous êtes mère, vous devez l'appliquer.
05:00 Donc là, j'ai un vrai désaccord avec Elisabeth. Moi, je pense que les médecins n'ont pas à privilégier...
05:04 - Hé, je me suis sidéré. Non, non, mais je me suis sidéré. Vous qui êtes si libéral d'habitude.
05:10 - Elisabeth, laissez terminer d'abord Amine, oui.
05:13 - Je pense qu'encore une fois, quand on est médecin, on est là pour aider l'autre.
05:19 - Et donc, pour soigner, et on doit respecter ce que dit la loi. C'est ce que vous dites Amine Ali Kassoum.
05:25 - Après, pardon, moi, je ne suis pas dupe de tout ce qu'on rajoute.
05:31 Ce visuel absolument ridicule où Mathilde Panot se met en scène face à Simone Veil,
05:39 tout ce cirque de la gauche qui n'a plus que ça pour se raccrocher aux branches,
05:43 je n'en suis pas dupe, pour que l'on soit d'accord.
05:46 - C'est autre chose, c'est vrai, c'est l'instrumentalisation politique.
05:50 Et reste cette clause de conscience.
05:52 Éric Revelle, et puis Elisabeth Lévy, il reviendra dans un instant.
05:56 - Écoutez, il y a quand même, me semble-t-il, j'ai entendu Elisabeth et Amine,
06:00 mais il y a quand même, me semble-t-il, la conscience du médecin.
06:04 Le serment d'Hippocrate, donc moi, me semble-t-il, c'est un vrai sujet.
06:09 Est-ce que dans l'avenir, quoi qu'on dise aujourd'hui,
06:13 les médecins auront toujours le choix d'avoir leur libre arbitre
06:16 et pourront opposer leur conscience à la loi ou à l'inscription dans la Constitution ?
06:25 C'est un vrai débat qu'ont les médecins eux-mêmes, donc c'est pas si simple.
06:29 Alors, ce que je retiens d'hier, bon, je vous explique qu'il y avait urgence,
06:33 qu'il fallait inscrire tout ça dans la Constitution,
06:35 bon, en tout cas, ça a donné lieu, pardonnez-moi, à une espèce d'unanisme,
06:39 d'une représentation nationale, ce congratulons, bon, très bien.
06:43 On manque à un de ces moments, en France, en ce moment,
06:46 dans une société tellement fracturée de ces moments d'unité politique,
06:50 mais ne soyons pas dupes, quand même, ne soyons pas dupes.
06:54 C'est aussi un coup politique, alors je sais que les organismes,
06:58 les organisations féministes, on a vu devant le Trocadéro,
07:02 la Tour Eiffel qui scintillait, des pancartes du MLF, bon,
07:06 tout ça est beau, mais il y a quand même, et moi je trouve qu'Elisabeth a raison de poser la question,
07:11 personne ne dit le contraire aujourd'hui, mais en tout cas, oui,
07:14 il y a beaucoup de médecins qui se posent la question,
07:16 est-ce que demain, ils seront dans l'obligation, même si leur conscience médicale
07:20 n'est pas conforme, est-ce qu'ils seront, ou pas, dans l'obligation de pratiquer des IVG ?
07:26 Pardonnez-moi, c'est un vrai sujet !
07:29 Et puis, deuxième chose, oui, c'est vrai, François le Pape,
07:32 tellement progressiste, tellement monté au pinacle,
07:36 souvent par la gauche, ben là, avec les évêques de France,
07:40 il a pris une position, le Vatican, et donc le Pape,
07:43 clairement, la veille, aujourd'hui même, en défaveur de l'IVG,
07:48 donc, ok, le débat est clos dans la Constitution,
07:51 mais dans les consciences, il n'est pas si clos que ça.
07:54 - Oui, oui, voilà, c'est ce que vous vouliez dire.
07:56 Elisabeth Lévy, un mot à rajouter ?
07:58 - Non, moi je suis quand même très étonnée, si vous voulez,
08:01 parce qu'il s'agit, évidemment, je fais la différence,
08:04 je crois que c'est bien clair,
08:06 un médecin n'a pas le droit de s'opposer, d'aller empêcher quelqu'un d'en pratiquer une,
08:11 de dire à une patiente, d'essayer d'effrayer une patiente,
08:14 en lui disant "il ne faut pas le faire", tout ça, évidemment, est clair.
08:17 Mais quand on passe à l'injonction, on rentre dans un monde horwellien,
08:21 où vous n'avez plus le droit à votre camp d'assois,
08:24 et vous savez, il y a un livre de Virginia Woolf,
08:27 qui s'appelle "Une chambre à soie",
08:29 et qui explique que les femmes ont conquis à un moment leur autonomie, leur souveraineté,
08:33 elle appelait ça "une chambre à soie",
08:35 ce que les féministes d'aujourd'hui incultent, comprennent pas.
08:38 Mais, eh bien, il y a aussi le camp d'assois de chaque individu,
08:42 si vous voulez, qui a le droit de ne pas être d'accord avec la majorité.
08:45 Il n'a pas le droit d'aller s'opposer à la loi de la majorité,
08:49 mais il n'est quand même pas obligé, si vous voulez, de faire un acte positif.
08:53 - La loi, c'est la loi. - Non, non, non.
08:55 - C'est la loi, à un moment donné.
08:57 - C'est une clause de conscience, et dans la loi, d'abord,
08:59 vous devriez quand même, excusez-moi,
09:01 il y a une clause de conscience générale pour les médecins.
09:03 Pour tous les actes.
09:05 Si un médecin a un droit à sa conscience, d'accord,
09:09 et là, en l'occurrence, vous avez des tonnes de croyants à mine,
09:12 des tonnes de croyants qui considèrent que l'avortement,
09:15 que la vie humaine est donnée par Dieu,
09:17 donc on ne peut pas y attenter,
09:19 et, si vous voulez, moi je ne crois pas ça du tout.
09:21 - Bah oui, mais c'est pas au nom de Dieu que vous pouvez mener des actions, vous le savez.
09:25 - Patrick, on a le droit...
09:27 - Le terrorisme, vous dénoncez en fait des actes aussi.
09:29 - Attendez, je ne dénonce jamais ce que font les gens chez eux, dans leur cuisine, excusez-moi.
09:34 - Oui, oui. - Non, non, non.
09:36 La liberté de conscience, moi je ne comprends même pas qu'on en discute.
09:39 - Les lois religieuses ne peuvent pas être au-dessus des lois de la République.
09:43 - Mais j'ai pas dit que c'était... - Mais cher Elisabeth, sinon...
09:45 - Mais elle n'est pas... - Sauf dans un pays d'Aïk, alors il faut savoir.
09:47 - Non mais attendez, je peux répondre ou vous êtes juste sur moi, là ?
09:49 - Oui, bien sûr. - Non, non, mais excusez-moi.
09:51 - Ça vous apporte des arguments.
09:53 - Je considère que quelle que soit la raison...
09:55 - Oui. - Non mais vous ne me laissez pas expliquer.
09:57 - Oui, oui. - Quelle que soit la raison,
09:59 - Oui. - Quelle que soit la raison, vous n'avez pas à le dire, d'accord ?
10:02 Vous avez le droit de ne pas partager.
10:04 C'est un acte, si vous voulez, l'acte n'est pas fait...
10:07 C'est pas théorique, c'est un acte fait par un individu sur un autre individu.
10:12 Et donc, si vous voulez, à partir du moment où
10:16 personne n'empêche la loi de s'appliquer,
10:19 vous n'êtes pas obligé, vous-même, si vous voulez,
10:22 de le pratiquer. Et d'ailleurs, c'est si vrai
10:25 que le Conseil, d'ailleurs le Comité d'éthique, a évidemment
10:28 défendu cette clause de conscience, et je vous dis, elle existe pour tout.
10:32 - Mais bon, on en reparlera... - Donc je ne te prends pas pour...
10:34 - Non, non, mais c'est bien, c'est un bon débat.
10:36 On en reparlera dans un instant, enfin dans 5-10 minutes maintenant,
10:40 avec l'invité de Jean-Jacques Bourdin aussi.
10:41 Philippe Juvin, qui est chef du service des urgences de l'hôpital Pompidou,
10:45 et par ailleurs député LR des Hauts-de-Seine.
10:48 Il sera l'invité de Jean-Jacques et j'imagine qu'il aura, évidemment,
10:51 son mot à dire sur ce sujet. Dans un instant, on va parler aussi d'argent.
10:54 D'argent avec ce témoignage d'un agriculteur ce matin,
10:57 vous l'avez peut-être entendu, complètement qui croule sous les dettes.
11:00 Et puis, à partir de quel moment, de quelle seuil est-ce que l'on est riche
11:04 en France ? Ce rapport de l'Observatoire des Inégalités,
11:07 on en parle dans un instant sur Sud Radio.

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