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Enquête sur ces fonctionnaires qui désobéissent - Investigation - Documentaire c

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Personnes
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00:00 Ils sont fonctionnaires, enseignants militaires, policiers.
00:07 Ils ont brisé le silence et critiqué des politiques qu'en conscience ils ne pouvaient plus accepter.
00:13 Leur hiérarchie les a sanctionnés. Nous chercherons à comprendre pourquoi.
00:18 Un flic qui parle, c'est un flic qui risque de se faire virer.
00:22 Il y a combien de gens dans la société qui sont prêts à perdre leur boulot en parlant ?
00:27 Si on baillonne les fonctionnaires, si on baillonne les agents publics, c'est toute la démocratie qui souffre.
00:32 Je ne fais que parler de textes qui sont officiels, qui paraissent au journal officiel,
00:35 qui sont des règlements, des circulaires qu'on trouve en ligne sur Internet.
00:39 Je ne fais que les commenter, les critiquer et les contester.
00:43 Nous irons aux Etats-Unis, là où les whistleblowers, les lanceurs d'alerte, sont nés.
00:49 Les lanceurs d'alerte, ce sont ces fonctionnaires qui alertent l'opinion sur les dysfonctionnements de leur administration.
00:55 Aux Etats-Unis, ils sont structurés et protégés par la loi. Mais les procès sont longs et difficiles.
01:02 Je suis une lanceuse d'alerte et je suis fière d'être une lanceuse d'alerte.
01:07 Moi, j'ai été quand même marqué, marqué, parce que le dernier acte de mes 38 ans de vie militaire,
01:15 pendant lequel j'ai servi la France au mieux, a été de signer une punition.
01:18 L'obligation de réserve existe aussi pour les fonctionnaires.
01:21 - Vous êtes sanctionné ? - Oui, mais enfin, c'est logique. Ce n'est pas un foutoir, un pays, non plus.
01:27 À Saint-Jean-de-Vedas, dans l'Hérault, Bastien Casals est entré en désobéissance.
01:49 Bastien Casals, c'est cet enseignant de maternelle de 35 ans qui a défrayé la chronique.
01:54 Les réformes de l'éducation de la rentrée 2008, il les voit comme une transformation de l'école en entreprise.
02:00 Pour lui, on casse le service. Il a donc choisi de devenir un résistant pédagogique.
02:06 Il est prof, il a désobéi et il l'a fait savoir.
02:10 Après avoir fait une formation d'ingénieur, un court passage dans le monde de l'entreprise,
02:15 j'ai débuté ce métier que j'ai choisi par vocation.
02:19 J'ai réalisé combien ce qui se jouait à l'école maternelle était fondamental.
02:23 Petit à petit, j'ai pris conscience de l'évolution du système éducatif, des réformes qu'on lui faisait subir.
02:29 Ça s'est accéléré à la rentrée 2008.
02:33 Là, vraiment, il y avait un paquet cadeau de réformes qui tombaient dessus.
02:40 Là, je sentais que je n'allais plus pouvoir répondre à ce qui m'avait amené à ce métier,
02:45 c'est-à-dire être au service de tous les élèves, notamment les plus en difficulté.
02:50 Ce que Bastien Casals refuse, c'est d'abord le fichier bas élève.
02:55 A la rentrée 2008, tous les directeurs d'école doivent remplir ce fichier centralisé de 59 questions.
03:01 Nationalité des parents, langue parlée à la maison,
03:04 beaucoup y voient un fichage ethnique et social des enfants.
03:11 Autre réforme que Bastien Casals et plus de 3000 enseignants refusent d'appliquer, l'aide personnalisée.
03:18 Une mission jusqu'alors dédiée à des spécialistes.
03:22 Avec la réforme, le soutien aux élèves en difficulté sera désormais assuré par les instituteurs
03:27 après une journée déjà très longue.
03:29 Des enseignants qui n'ont pas été formés pour cela.
03:33 Le principe de rallonger le temps scolaire, c'est pas faire plus d'école qu'il faut, c'est faire mieux l'école.
03:38 Et c'est pas en faisant faire un travail pointu aux enseignants généralistes dont je fais partie
03:43 qu'on arrivera à remédier à la grande difficulté scolaire,
03:46 comme c'était annoncé lors de l'apparition de ce dispositif.
03:49 Mais un fonctionnaire a des obligations, à commencer par celle d'obéir à sa hiérarchie.
03:55 Face au dilemme, la loi contre son éthique personnelle,
03:59 Bastien Casals a d'abord pensé démissionner.
04:02 Et il a finalement choisi de se battre.
04:05 Il a écrit sa colère à la plus haute instance, au président de la République.
04:09 Ces réformes qui s'opposent à sa conscience, il ne les appliquera pas.
04:13 Je suis en colère, proche de la révolte. Je ne peux plus me taire, je me dois de réagir.
04:20 26 mars 2009, premier coup de semence.
04:24 Ce jour-là, devant les députés, le ministre Xavier Darkos rappelle les désobéisseurs à l'ordre.
04:30 L'affaire prend une dimension nationale.
04:32 Moi je crois que tout professeur doit donner l'exemple,
04:35 et qu'un professeur qui se vante de désobéir,
04:37 il apprend à ses élèves que l'autorité est contestée,
04:39 que la règle est faite pour être détournée,
04:41 et que le suffrage universel n'engage que ceux qui en acceptent le verdict.
04:45 Un avertissement et des effets immédiats.
04:48 Pour l'inspecteur d'académie de l'époque, Bastien Casals devait être sanctionné.
04:53 C'est son successeur qui nous répond.
04:55 Le fonctionnaire français a cette grande chance d'avoir un cadre très stable,
04:59 il y a des obligations qui vont avec, ça ne me choque pas.
05:02 Et le fait d'obéir ne rend pas nécessairement idiot, je crois.
05:06 J'estimais que je ne pouvais plus continuer ainsi, sans rien dire,
05:10 je ne me reconnaissais plus dans cette institution,
05:12 je ne voulais pas avoir à rendre compte par rapport à ce qu'il m'a demandé de faire,
05:15 donc il était légitime, en plus pour d'autres aspects juridiques,
05:18 de ne pas appliquer ces contre-réformes.
05:21 Elisabeth Weissmann est professeure et journaliste.
05:24 Cette résistance, elle lui donne un nom,
05:27 la désobéissance éthique.
05:29 Face à des ordres qu'il considère illégitimes,
05:32 les fonctionnaires n'auraient plus qu'un seul choix, désobéir.
05:36 Les actions de désobéissance que les enseignants mettent en œuvre,
05:39 ce sont des actions, je dirais, c'est l'ultime recours,
05:42 parce qu'ils ont essayé les actions classiques,
05:45 ils ont utilisé les modélités classiques d'action,
05:48 qui sont la grève, qui sont la manifestation,
05:51 mais tous m'ont dit, bon alors on fait grève, on manifeste,
05:55 et puis qu'est-ce qui se passe ? Il ne se passe rien.
05:58 Donc ils enraient la machine, ils attaquent la machine à réformer
06:02 en n'appliquant pas les directives.
06:04 Et visiblement, ils sont suivis.
06:06 Alors Bastien Cazal se parle.
06:10 Son combat intéresse les médias, et il devient un peu malgré lui
06:13 le porte-drapeau d'un mouvement d'envergure national.
06:16 J'ai toujours accepté de parler à la presse en espérant
06:20 que de nouveaux parents seraient informés, sensibilisés,
06:23 à comprendre et s'inquiéterait de ce qui se passe.
06:25 Tu vas aller voir ma mère, je ne lui dirai pas du tout que j'ai soifusse.
06:28 Bonjour l'éducation, une émission proposée par Adrien Sommen.
06:33 Quelle a été la réaction finalement de votre hiérarchie ?
06:36 En six mois, j'ai eu une douzaine de visites de mon inspectrice
06:39 de sa conscription, alors qu'on ne la voit en général qu'une fois
06:42 tous les trois, quatre ou cinq ans.
06:44 Pour vous donner des conseils, pour bien l'enseigner ?
06:46 Oui absolument. Non, pour constater, c'était des visites à charge,
06:49 elle venait là pointer, ce qu'on lui demandait de pointer.
06:52 Ce truc là a été fait pour moi, pour mes collègues,
06:54 ils ont été laissés tranquilles, alors qu'elle faisait la même chose.
06:56 J'étais le seul à avoir été sanctionné, non pas parce que ce que je faisais,
06:59 ce que nous faisions pendant ce temps d'être personnalisé
07:02 était incohérent ou inacceptable, mais parce que je l'avais dit
07:06 au grand jour, j'avais écrit une lettre au président de la République
07:08 et je continuais à répondre aux sollicitations médiatiques
07:11 pour expliquer en quoi cette réforme était négative, néfaste et illégale.
07:16 Merci beaucoup Pascale Casale.
07:17 Merci à vous.
07:18 La décision est tombée en fin d'après-midi.
07:20 Comment pouvait-il s'y attendre l'inspecteur d'Académie de l'Hérault,
07:23 Paul-Jacques Guyot, Adémi Isabelle Huchard et Bastien Casale
07:27 de leur fonction de directeur d'école ?
07:29 Cette médiatisation ne passe pas et il va le payer très cher.
07:34 Il devient l'instituteur le plus sanctionné de France.
07:37 Pour chaque demi-heure d'aide personnalisée non effectuée,
07:40 c'est une journée de salaire entière qui lui est retirée.
07:43 Donc j'ai ainsi perdu 12 jours de salaire alors que j'avais 12 jours de classe.
07:47 Donc j'étais payé le mercredi et le week-end.
07:49 Heureusement que j'ai ces temps-là pour être rémunéré.
07:52 Pour la suite de l'année, j'ai eu 24 jours de retrait de salaire.
07:55 En tout et pour tout, on lui retirera 2400 euros.
08:01 Près de deux mois de salaire.
08:03 J'ai eu ensuite le retrait, un blâme.
08:07 J'ai eu ensuite le retrait de ma fonction de directeur
08:12 par rapport à mon refus de renseigner mes élèves.
08:16 J'ai eu également un refus de promotion auquel j'avais droit
08:20 en fonction de mon barème et de mon enceinté.
08:22 Et même eu, ce n'était pas vraiment une sanction,
08:24 mais un ordre assez insolite de ne parler à aucun média
08:27 pour tout sujet ayant rapport à mes fonctions.
08:29 Il y a eu un cumul de pression, répression, sanctions,
08:39 déguisés parce que de leur point de vue,
08:41 ce ne sont que des mesures administratives.
08:43 Mais qui ont essayé de me faire taire,
08:45 c'était le principal objectif, ce que je n'ai refusé de faire.
08:48 Un fonctionnaire, c'est quelqu'un qui a des droits.
08:50 Et c'est quelqu'un qui a des obligations.
08:52 Et parmi ces obligations, il y en a une qui me semble
08:57 en quelque sorte incontournable.
08:59 Et c'est celle-ci que M. Casals, parmi d'autres,
09:02 souhaite contourner.
09:04 C'est l'obligation de mettre en œuvre de manière effective
09:07 la politique telle qu'elle est définie,
09:10 par le ministre qui l'a définie au nom du gouvernement,
09:14 c'est-à-dire au nom de l'État.
09:16 Je me suis retrouvé pas mal de moments seul
09:18 face à représentants de l'administration
09:21 qui venaient me relancer, me demander des comptes, etc.
09:24 Mais ça ne m'a jamais pesé.
09:27 Parce que je m'estimais tellement légitime dans ce que je faisais,
09:30 j'étais tellement en accord avec moi-même,
09:32 tellement en accord avec des valeurs qui me semblent fondamentales
09:34 de notre République, que je souhaite continuer à défendre.
09:37 Selon lui, le rouleau compresseur de la hiérarchie n'a qu'un seul but,
09:41 le faire taire.
09:43 Mais il continue le combat.
09:45 22 septembre 2011, la justice lui donne partiellement raison
09:49 en le réintégrant à son poste de directeur d'école.
09:52 Mais d'autres sanctions sont maintenues.
09:55 À Amiens, c'est un autre fonctionnaire
10:01 qui a été puni pour avoir parlé.
10:03 Le gendarme Jean-Hugues Matély,
10:05 ou plutôt l'ex-gendarme Matély.
10:08 En 2008, le rattachement de la gendarmerie
10:11 au ministère de l'Intérieur se prépare.
10:13 La fusion de la police et de la gendarmerie est en discussion.
10:16 Ce cadre de la gendarmerie,
10:18 qui est aussi chercheur associé au CNRS,
10:21 dénonce ce projet dans un article d'une revue spécialisée
10:24 qui ne posera aucun problème.
10:26 Au moment où Laurent Mucchieli, Christian Moinard et moi
10:30 décidons de préparer ce texte sur le rattachement
10:33 police et gendarmerie, on en parle.
10:36 C'est quelque chose que, en plus de mes confrères me disent,
10:39 ça va, on y pense, ça ne va pas te poser de problème.
10:42 Je dis non, non, si on veille bien à mettre
10:44 "chercheur associé au CNRS", il s'est calé comme ça,
10:47 a priori, il n'y aura aucun souci.
10:49 Mais la version grand public de l'article
10:51 sur le site d'information rue89
10:53 ne passera pas inaperçue auprès de sa hiérarchie.
10:56 Donc là, on est le 30 décembre 2008,
10:58 et c'est le jour où on décide de publier
11:00 Jean-Hugues Matéli, Christian Moinard et Laurent Mucchieli
11:03 sur le site de rue89.
11:05 C'est une tribune qui co-signe,
11:07 qui concerne le rapprochement de la gendarmerie
11:09 et de la police, qui est à l'époque dans l'actualité.
11:11 Et donc, il y a deux universitaires et Matéli,
11:13 qui a donc ce double statut, qui décident de signer un texte.
11:16 Évidemment, les deux autres ne seront pas inquiétés,
11:18 sauf que Matéli est inquiété à partir de ce moment-là,
11:20 et c'est le début de ce qu'on a appelé après l'affaire Matéli.
11:23 J'en viens à cette mesure rarissime
11:25 qui suscite déjà bien des réactions.
11:27 Un chef d'escadron de gendarmerie,
11:29 un des chercheurs au CNRS, a été radié des cadres
11:32 pour avoir critiqué le rapprochement police-gendarmerie,
11:35 une mesure très lourde prise par un décret du président de la République.
11:38 En mars 2010, Jean-Hugues Matéli devient le premier officier
11:43 radié à vie par un décret de Nicolas Sarkozy
11:46 pour manquement réitéré au devoir de réserve.
11:49 Le statut général des militaires affirme pourtant clairement
11:56 une inapté d'expression avec la réserve exigée par leur État militaire.
12:00 Seulement voilà, cette réserve n'est définie nulle part.
12:03 Jean-Hugues Matéli n'a violé aucun secret défense.
12:07 Ce qui lui est reproché, c'est simplement d'avoir exprimé son avis dans la presse.
12:11 Et donc le 25 mars à minuit, je cesse d'être un militaire de l'armée française,
12:16 je cesse d'être un gendarme, etc.
12:18 Le devoir de réserve des fonctionnaires, c'est quelque chose de flou.
12:21 Et avant, il y avait une interprétation un peu plus souple
12:24 de la part de la hiérarchie et que ça s'est radicalisé.
12:27 Mais ça s'est aussi radicalisé parce que les réformes politiques
12:30 se sont politisées justement.
12:32 Et donc les réactions sont davantage subversives, si on peut dire,
12:35 et à l'inverse, la réaction de la hiérarchie est plus ferme.
12:38 Des tribunes, ce sont des prises de position personnelles,
12:42 des points de vue sur la société, l'actualité, etc.
12:45 Il faut vraiment avoir une perception assez paranoïaque, je pense, de l'histoire.
12:53 Pour sanctionner un auteur de tribune.
12:56 Surtout quand l'auteur en question est sorti major de l'école des sous-officiers,
13:03 puis de celle des officiers.
13:05 Il a une maîtrise de droit public et une de droit privé,
13:08 un DESS, un DEA, un doctorat de Sciences Po.
13:11 Il a toujours reçu les meilleures appréciations de sa hiérarchie.
13:14 Et pourtant.
13:16 [Musique]
13:26 Devoir dresser un quelque chose de nécessaire.
13:28 Il est évident qu'un fonctionnaire, qu'un militaire,
13:30 ne peut pas tout dire, ne peut pas commencer à avoir des propos insultants, injurieux,
13:35 contre sa hiérarchie.
13:37 Ça, c'est pas tolérable, bien sûr.
13:39 Mais la différence à faire, c'est la participation au débat d'idées critiques.
13:43 Et on est un des derniers pays parmi les grandes démocraties occidentales
13:48 à avoir cette crispation, mon affaire significative,
13:52 de cette atrophie de la liberté d'exprimer
13:56 et quelque part de réfléchir au sein de l'armée de la République.
14:00 Bonjour Monsieur Castille, je suis prêt à télé-envoyer.
14:02 Vous allez bien ?
14:03 Oui, absolument.
14:04 Alors, puisqu'il ne peut plus parler, cette affaire, il la raconte dans un livre.
14:10 Évacuer la pression subie pendant des mois, informer l'opinion publique avant tout,
14:14 ce livre, c'est sa dernière arme.
14:16 Dans le livre, en fait, il y a forcément un côté cathartique,
14:21 c'est-à-dire vraiment exprimer, évacuer un certain nombre de choses
14:26 qui me pesaient sur le cœur.
14:28 Mais j'ai essayé de rendre surtout quelque chose d'humain,
14:31 un témoignage de ce qui s'est passé,
14:32 puisque c'est quand même une première historique dans l'armée de la République.
14:35 Et que la question du devoir de réserve ne me paraît pas du tout résolue
14:39 dans l'armée française et dans l'histoire de l'armée française.
14:42 Donc, c'était important en un certain sens de témoigner.
14:44 Nous avons contacté la direction de la gendarmerie.
14:47 Elle a refusé de nous répondre.
14:49 Nous avons donc rencontré celui qui avait signé le décret de radiation à vie de Matteli
14:54 aux côtés du président de la République, l'ancien ministre de la Défense, Hervé Morin.
14:58 Le cas Matteli, il nous dit ne pas bien s'en souvenir.
15:01 Le gendarme Matteli, très franchement, je n'ai plus de souvenirs très précis du dossier,
15:06 parce que, je suis désolé de vous dire, mais vous-même,
15:09 vous n'auriez peut-être pas une mémoire aussi précise des choses
15:13 si vous aviez à gérer un ministère de la Défense avec 320 000 collaborateurs.
15:17 Oui, mais vous n'êtes pas amené tous les jours à signer une révocation à vie
15:20 de vos 320 000 collaborateurs.
15:22 Je suis amené tous les jours à avoir à gérer des problèmes de personnes.
15:26 Là, c'était une première historique.
15:27 Ça n'était jamais arrivé qu'un officier de gendarmerie
15:29 soit encore une fois radié à vie par un décret présidentiel.
15:32 Voilà, c'est une première.
15:35 Pour un militaire, exprimer son opinion peut s'avérer très risqué.
15:39 Quand vous êtes fonctionnaire de l'État, quand vous servez l'État,
15:46 vous n'êtes pas chargé de remettre en cause le fonctionnement des pouvoirs publics.
15:53 Vous n'êtes pas chargé de critiquer l'action des pouvoirs publics
15:57 dont vous êtes un des acteurs, en quelque sorte.
16:02 Dans sa caserne d'amiens, Jean-Hugues Matteli attend.
16:06 Un cauchemar pour cet officier viré qui dure depuis près d'un an.
16:10 Il espère que sa demande d'annulation du décret de radiation présidentielle
16:14 déposée au Conseil d'État lui sera accordée.
16:17 Dans l'armée encore, cette fois, c'est un général trois étoiles
16:22 qui a brisé le silence de la grande muette.
16:24 Ce haut gradé au sommet de la hiérarchie militaire, c'est Vincent Desportes.
16:29 Ancien attaché militaire près de l'ambassade de France aux États-Unis
16:33 et ex-directeur de l'école de guerre,
16:35 il est aujourd'hui conseiller chez un grand constructeur français de blindés.
16:39 Le 2 juillet 2010, il répond à une interview du Monde.
16:44 Dans cet article, il déplore en termes mesurés l'alignement de la France
16:48 sur la stratégie américaine en Afghanistan.
16:51 C'est une guerre américaine.
16:55 Quand vous êtes actionnaire à 1%, vous n'avez pas la parole.
16:58 La formule, a priori anodine, ne passe pas auprès des autorités.
17:03 L'état-major des armées et le ministère de la Défense sont furieux.
17:07 Parler de la grande muette peut avoir des conséquences lourdes.
17:10 J'ai eu une carrière militaire longue, j'ai été soldat pendant 38 ans
17:14 et je pense que j'ai toujours été considéré comme un officier de valeur.
17:18 Sinon, on ne m'aurait pas confié les différents commandements importants
17:22 qu'on m'a confiés tout au long de ma carrière.
17:24 Cette interview donnée à Nathalie Guibert a été publiée dans Le Monde
17:28 datée du 2 juillet.
17:30 Et le 1er juillet au soir, on m'a fait savoir que le chef d'état-major des armées
17:37 n'avait pas apprécié mon intervention et qu'il me recevrait pour me le faire savoir.
17:43 Le général Desportes a exprimé une opinion personnelle
17:47 que je trouve malvenue et insuffisamment argumentée.
17:52 Tu dis que c'est une guerre américaine et que les autres,
17:55 c'est-à-dire ceux qui ne sont pas aussi puissants que les États-Unis,
17:58 n'ont pas le droit.
17:59 Je m'inscris totalement en faux avec une telle affirmation,
18:02 connaissant de l'intérieur la façon dont sont prises les décisions.
18:05 Au fond, ce que je voulais dire, et ce qui était l'idée générale de cet article,
18:12 c'est qu'il y avait au moment, à ce moment-là,
18:15 et cela avait valu la relève du général McChrystal,
18:18 un divorce entre la stratégie américaine appliquée sur le terrain
18:22 et les tactiques employées.
18:24 J'ai utilisé la formule, une formule qui a déplu,
18:28 j'ai dit que c'était une guerre américaine.
18:30 Je crois que les choses sont bien cuites dans la presse.
18:36 Oui, j'ai effectivement été sanctionné par le ministre.
18:43 Il avait outrepassé, à mon sens,
18:47 ce qu'on peut attendre d'un général en exercice,
18:55 évoquant la politique d'un pays allié.
18:57 Je pense, peu importe, que je n'ai pas outrepassé mes droits.
19:01 Sinon, je ne l'aurais pas fait.
19:02 Je crois être un officier responsable.
19:04 On n'arrive pas au grade que j'ai eu, aux responsabilités que j'ai eues,
19:08 sans être un officier responsable.
19:09 C'est bien comme ça que j'ai été considéré, je crois,
19:11 tout au long de ma carrière.
19:12 J'ai aussi été considéré comme quelqu'un qui avait des idées,
19:15 qui les exprimait.
19:16 J'ai écrit de nombreux ouvrages, j'ai présenté,
19:18 j'ai prononcé des dizaines et des dizaines de conférences,
19:21 j'ai écrit de nombreux articles,
19:23 parce que je crois à cette nécessité de la pensée critique.
19:26 Aujourd'hui retraité de l'armée française,
19:32 il revendique plus que jamais son droit à l'expression,
19:35 même si en langage très officiel,
19:37 il a reçu une réprimande du ministère de la Défense.
19:40 Les militaires français ne sont pas des fonctionnaires comme les autres.
19:48 Ils n'ont pas le droit de se syndiquer.
19:50 Qu'en est-il chez nos voisins européens ?
19:52 C'est en Suède que nous sommes allés trouver la réponse.
19:55 Avril 2011, Stockholm.
20:00 Congrès d'Euromil, l'organisation regroupant les syndicats
20:03 et les associations de défense des droits des militaires européens.
20:06 Emmanuel Jacob, président du syndicat belge et d'Euromil,
20:12 s'inquiète de la situation française.
20:15 La France est l'un des plus gros pays de notre groupe
20:18 où le droit de s'associer n'est toujours pas reconnu aux militaires.
20:21 Ça fait des années que je me préoccupe de la situation française.
20:24 Il n'y a pas de partenaires sociaux officiels pour eux dans le système,
20:27 et ça, c'est un vrai problème.
20:30 C'est au nord de l'Europe que les militaires ont le plus de droits,
20:33 à commencer par celui de se syndiquer et de manifester.
20:36 Belgique, Allemagne, Pays-Bas, Danemark, Suède,
20:40 leur liberté de parole ne semble poser aucun problème,
20:43 comme lors de cette manifestation aux Pays-Bas en février 2011.
20:48 Il n'y a pas très longtemps, on a eu une manifestation aux Pays-Bas
20:53 et des militaires en uniforme y participaient.
20:58 Les médias leur demandaient leur opinion et ils se sont exprimés.
21:02 Je ne crois pas du tout qu'il s'agisse là d'insubordination.
21:07 Ils ont parlé en tant qu'êtres humains
21:11 et il n'y a eu aucune réaction négative de la part du ministère de la Défense.
21:18 À la pointe de la liberté des militaires, le Danemark.
21:22 Il est tout à fait exact de dire que le Danemark est à la pointe dans ce domaine.
21:27 On a une très vieille tradition syndicale au Danemark
21:31 et depuis une trentaine d'années, les militaires ont exactement les mêmes droits que les autres fonctionnaires.
21:38 Le droit de se syndiquer, la liberté d'expression, le droit de manifester.
21:46 On a des troupes en Afghanistan qui se battent dans le sud du pays, dans la province du Allemagne,
21:52 dans des combats extrêmement durs et en même temps, ils peuvent faire valoir tous leurs droits.
21:59 Chaque jour, on contredit le fait que si on leur donne des droits, ça va nuire à la cohésion.
22:06 Progressisme des pays du Nord qui ont bâti leur modèle de société sur le compromis et le dialogue.
22:12 La parole des militaires y est même encouragée.
22:15 En France, l'ADEF Dromille, l'association de défense des droits des militaires,
22:20 animée par des militaires à la retraite et tolérée par les autorités,
22:23 s'inquiète du malaise au sein de l'armée française.
22:26 L'une des raisons, l'impossibilité de se syndiquer et de s'exprimer librement.
22:31 Il y a une sorte de contrainte de la pensée doctrinaire.
22:35 On n'aime pas que des militaires aient des idées divergentes,
22:42 je dirais presque dissidentes de la pensée officielle.
22:47 C'est le règne de la pensée unique.
22:49 Les blogs et les forums sont actuellement l'un des rares lieux
22:53 où les militaires peuvent s'exprimer avec un relatif anonymat.
22:59 Colère, ras-le-bol, les flics aussi se mettent à parler.
23:04 Leur vidéo-choc diffusé en ligne ont créé le buzz.
23:07 Il faut faire du chiffre, du chiffre, du chiffre, interpeller, interpeller, interpeller.
23:12 Je suis même pas sûr qu'à la SPA, il faudrait mettre sérieusement un chien dans nos cellules.
23:17 Alors, nous, on est obligés de mettre des gens.
23:19 Ce qu'il y a de plus simple à faire sur Paris pour faire du chiffre, c'est du sans-papier.
23:23 Donc, on va dans les quartiers où on sait qu'il y a du sans-papier,
23:25 on contrôle ce qu'on suppose être un sans-papier,
23:27 s'il est sans-papier, on embarque et à la fin, on fait un TG, on dit super, deux interpellations.
23:31 Mais s'exprimer quand on est policier peut s'avérer très risqué.
23:35 Face aux menaces, ils dénoncent à visage caché les dérives de leur service.
23:40 Pour Marc Louboutin, le temps de l'OMERTA, c'est fini.
23:43 Après 20 ans de service dans la police, il a fini par démissionner.
23:48 Un flic qui parle, c'est un flic qui risque de se faire virer.
23:51 Il y a combien de gens dans la société qui sont prêts à perdre leur boulot en parlant ?
23:57 Le devoir de réserve, au départ, c'est protéger le secret des enquêtes.
24:03 Ça part du secret professionnel.
24:06 Ça intègre également l'idée de ne pas porter préjudice à l'administration.
24:10 Cette dernière partie qui n'est pas la plus neutre
24:14 est devenue administrativement juste l'obligation de se taire par rapport aux conditions de travail.
24:21 C'est aussi simple que ça.
24:23 Dans le sud de la France, nous avons rendez-vous avec l'un des policiers qui a participé à ces vidéos.
24:29 Une enquête de la police des polices est actuellement en cours pour les identifier.
24:34 Je sais que je prends des risques en intervenant dans les vidéos par rapport au devoir de réserve.
24:43 Mais je suis quelqu'un qui est en phase avec lui-même.
24:49 Donc je reste toujours en phase avec mes idées.
24:53 Sinon, après, ça ne sert à rien de se regarder dans la glace.
24:56 J'ai envie de dire que le fonctionnaire de police qui se tait, c'est l'excellent fonctionnaire.
25:01 C'est le mieux noté.
25:04 Il ne faut pas réfléchir.
25:05 Si on réfléchit trop, on va se déranger.
25:12 J'ai participé à certaines vidéos qui dénonçaient certaines façons de faire que je trouve mal honnêtes.
25:19 Vis-à-vis des chiffres, il y a pas mal de trucages.
25:23 On peut soit donner carrément des faux chiffres.
25:27 Je l'ai déjà vu, des collègues qui devaient comptabiliser des véhicules volés de l'année.
25:33 Et le patron, en apprenant le chiffre, ça ne lui plaisait pas.
25:36 Il a dit "Bon, on va baisser, on va mettre de temps".
25:39 Il y a un discours politique aujourd'hui qui a axé depuis 2002, la sécurité est toujours sur l'avancée.
25:45 Et puis, ce qu'ils dénoncent, c'est que tout ça, c'est du flan.
25:48 C'est du flan.
25:49 Eux, ils n'ont pas de bagnole pour bosser.
25:51 Ils sont de moins en moins.
25:53 On a très peu le moyen.
25:55 Les véhicules sont dans un état décorable.
25:58 Ce qui me révolte aussi, c'est vraiment cette façon qu'ont les politiques et le gouvernement
26:05 de vendre du rêve aux citoyens en disant "Nous faisons mieux".
26:09 Ils prennent en fait la sécurité en otage, au lieu de laisser la police vraiment pouvoir travailler
26:17 plus aisément, sans imposer de chiffres, en ayant plus d'initiatives pour régler vraiment les problèmes où ils se trouvent.
26:24 On a vraiment une hiérarchie gouvernementale pesante.
26:28 Mais quand je dis pesante, c'est le mot effaible.
26:31 Notre hiérarchie directe et indirecte, plus ça monte, plus ils ont les chocottes.
26:37 Ils ont peur.
26:38 Ils ont peur de se faire taper sur les doigts par un préfet, par un ministre, par un directeur de cabinet.
26:44 Ils ont peur.
26:45 À la mesure où on impose un quota de PV, que ce soit du terroir ou du territoire,
26:49 à l'intérieur de police, son appréciation, il faut se la mettre du côté.
26:53 Il faut absolument qu'il ramène un certain nombre de chimpons qui galvanisent tout ce qu'il nous dit.
26:56 Ce qui leur paraît totalement dingue, et à moi également, c'est qu'on est obligés d'avoir une espèce d'organisation hiérarchisée,
27:03 structurée, clandestine, comme si on était les terroristes.
27:08 C'est comme un mouvement de résistance armée, juste pour parler.
27:12 C'est la politique de la terreur chez nous.
27:15 Tout le monde a peur.
27:16 Il ne faut pas sortir du cadre.
27:18 Celui qui sort du cadre, on va le crucifier.
27:21 S'ils attrapent quelqu'un qui dénonce, qui brise son devoir de réserve, c'est clair qu'ils en feront un exemple.
27:32 Je crois que par rapport au devoir de réserve, ce que risquent de faire les flics,
27:38 soit ils vont devenir réellement fonctionnaires, à savoir appliquer les ordres et s'en foutre,
27:44 et attendre que ça se passe.
27:46 Ou soit, comme me l'ont dit beaucoup, ils m'ont dit "écoute Marco, nous on n'est pas particulièrement d'extrême droite,
27:53 mais personne ne nous écoute".
27:55 Donc aujourd'hui, les seuls qui semblent être perméables à notre vie, à notre vécu, c'est le Front National.
28:03 Et s'il faut qu'on leur donne des éléments, pour que même les choses avancent dans la caricature,
28:08 si c'est la seule chose qui nous reste, on va lui filer les notes de service à Marine Le Pen.
28:14 On va lui filer les instructions, on va lui dire exactement comment on travaille.
28:18 Mais pour eux, c'est déjà un constat d'échec.
28:20 Et moi, c'est une chose qui me désespère, parce que ça veut dire que réellement, on a échoué,
28:27 et que les imbéciles, je pèse mes mots à dessein, les imbéciles qui empêchent les policiers de s'exprimer,
28:35 et les triples imbéciles qui ne veulent jamais les écouter, sont les véritables responsables de la situation dans laquelle on est.
28:42 Nous nous rendons aux États-Unis. On nous avait parlé de ces fameux « whistleblowers », que nous appelons lanceurs d'alerte.
28:49 Des fonctionnaires qui dénoncent les dysfonctionnements de leur administration.
28:53 Là-bas, ils sont protégés par la loi.
28:56 À Washington, ils sont défendus par les meilleurs avocats, comme Stephen Cohn, directeur du NWC, le centre national des lanceurs d'alerte.
29:07 Lancer l'alerte, c'est le droit pour un employé de dire la vérité au public au sujet de fautes commises au sein de son administration.
29:14 C'est la base même de la démocratie.
29:18 Et on a des décisions de justice ici aux États-Unis.
29:22 Il y a un grand nombre de lois qui protègent les lanceurs d'alerte.
29:26 Le plus important, c'est notre Constitution et son premier amendement qui protègent la liberté d'expression.
29:31 D'ailleurs, ça fait partie de la Déclaration universelle des droits de l'homme, le droit des citoyens de s'exprimer.
29:37 Le NWC en a fait sa mission.
29:43 Défendre ceux qui tentent de l'intérieur de dénoncer des erreurs, des dysfonctionnements, des errements des services de l'État.
29:53 Quiconque révèle quelque chose ou lance l'alerte peut s'attendre à un retour de bâton ou à ce que ça nuise sérieusement à sa carrière.
30:01 C'est en effet l'histoire de Marsha Coleman, cadre à l'Agence de protection environnementale.
30:09 Elle découvre en 1996 des pratiques douteuses menées par des sociétés pharmaceutiques américaines en Afrique du Sud et couvertes par son administration.
30:17 Elle a été placardisée, mais la justice lui donne finalement raison en 2000.
30:22 Et deux ans plus tard, une loi protégeant les lanceurs d'alerte a même été votée.
30:26 Quand j'ai fini par aviser mes supérieurs, je n'oublierai jamais ce que ma chef m'a dit.
30:34 Elle m'a dit « tais-toi, tout simplement, tais-toi ».
30:38 Alors j'ai fait un procès à l'EPA en 2000 et j'ai gagné le plus gros procès de l'histoire contre l'Agence.
30:49 On a envoyé un message très clair à notre administration.
30:52 On ne va pas se laisser faire, on ne va pas faire machine arrière, on va de l'avant et vous feriez bien de nous laisser la voie libre, parce que nous, on ne va plus reculer maintenant.
31:01 C'était tellement important, pas seulement pour ma famille, mais pour les employés de l'État, parce qu'ils ont compris que ce combat, c'était leur combat, et que cette victoire, c'était leur victoire à tous.
31:12 Et ça avait été très dur.
31:16 Je ne crois pas que j'avais vraiment le choix. Je suivais ma propre boussole morale, mon sens du bien et du mal.
31:23 Le sens du bien et du mal, Benatine Greenhouse l'a chevillée au corps.
31:29 Fille de la méritocratie américaine, Benny a accédé aux plus hautes responsabilités au ministère de la Défense.
31:35 Ce qu'elle y a vu sous l'air bouche l'a scandalisé.
31:39 Je suis une lanceuse d'alerte et je suis fière d'être une lanceuse d'alerte.
31:44 J'étais assistante principale et je gérais les contrats au corps des ingénieurs de l'armée américaine.
31:50 Alors lors des préparatifs de la guerre en Irak, la compagnie Alli-Burton KBR est venue vers moi pour qu'on valide leurs contrats.
31:59 Et c'était un contrat exclusif de plusieurs milliards de dollars, sans concurrence et classé confidentiel.
32:10 J'ai vu le type de contrat de copinage, le type de contrat complaisant et ça, c'était inacceptable.
32:19 KBR, c'était une filiale de Alli-Burton.
32:24 Jusqu'en 2000, Alli-Burton était dirigé par Dick Cheney, le futur vice-président des États-Unis.
32:30 En préparation de l'intervention américaine en Irak, le groupe signe un contrat d'aide logistique colossale avec l'armée américaine.
32:37 Bunny Greenhouse soupçonne un conflit d'intérêts.
32:40 Cheney et Bush comptent beaucoup d'amis chez Alli-Burton qui contribueront au financement de leur campagne.
32:46 Ils avaient ma carrière entre les mains.
32:50 Mon président ne m'a pas défendue.
32:53 Même s'il y avait des implications au sujet de Alli-Burton, KBR et du vice-président Cheney,
33:00 j'attendais d'eux qu'ils me soutiennent, qu'ils disent "Bunny Greenhouse est un des meilleurs."
33:05 Qu'ils me soutiennent, qu'ils disent "Bunny Greenhouse a fait ce qu'elle devait faire."
33:10 Au Washington Post, nous rencontrons le journaliste Nealey Tucker.
33:15 C'est lui qui a dévoilé l'histoire de Bunny à l'opinion publique américaine.
33:19 C'est par la presse que la lanceuse d'alerte a mis en lumière le scandale de son administration en 2005.
33:25 Je crois que c'est très dur quand vous n'avez pas un minimum de transparence de rendre les gens responsables de leurs actes
33:31 et de faire en sorte que les choses fonctionnent comme les gens le voudraient.
33:35 Même si ça touche à l'intérêt national, parfois les choses doivent être critiquées,
33:38 même si ça concerne le gouvernement ou l'armée.
33:41 On doit juste pouvoir en parler.
33:44 Le Washington Post, c'est le modèle du journalisme d'investigation à l'américaine.
33:49 D'énormes scandales ont souvent eu pour source un lanceur d'alerte, comme dans l'affaire du Watergate.
33:54 C'est dans les colonnes du Post que Bob Woodward et Carl Bernstein, informés par Gorges profondes,
33:59 numéro 2 du FBI, ont sorti l'affaire qui poussa le président Nixon à la démission en 1974.
34:05 La Maison Blanche, au début, a nié tout. Ils ont menti. Net. Simple.
34:12 Ils ont menti, ils ont menti, ils ont menti.
34:16 Et comment est-ce qu'on a découvert qu'ils mentaient ?
34:19 On était sûr que nous et nos journalistes avions raison.
34:29 Il doit y avoir un intermédiaire. Il faut que ce soit publié ou sinon personne n'en parle.
34:34 C'est là que la médiatisation et le 4e pouvoir jouent leur rôle.
34:38 Je crois que la question que tous les lanceurs d'alerte devraient se poser, c'est comment ils vont donner leur info.
34:44 Est-ce qu'ils la donnent en cachette à un magazine ou un journal, un site internet ?
34:48 Ou bien est-ce qu'ils le font au grand jour en allant en justice ?
34:52 Et ça, c'est un choix très difficile à faire.
34:54 Mais oui, tous les reporteurs, tous les journaux qui couvrent des questions politiques
34:58 ou qui touchent à la question de la responsabilité des services de l'État ont absolument besoin des lanceurs d'alerte.
35:03 Dans un pays où la libre expression passe aussi par la manif de rue pour à peu près tout et son contraire,
35:11 la presse et la justice ne sont pas les seules armes pour dénoncer.
35:14 Le Congrès peut aussi faire avancer la cause des lanceurs d'alerte.
35:18 En juin 2005, devant cette instance, Bernie Greenhouse livre enfin sa vérité.
35:23 Lors d'une audition, elle témoigne déterminée sur ce qui est devenu le combat de sa vie.
35:29 Madame Greenhouse, merci beaucoup. Merci pour votre courage et merci d'être là aujourd'hui.
35:37 Protéger les lanceurs d'alerte par la loi, promouvoir leur droit à la parole,
35:43 c'est ce que fait le sénateur républicain Charles Grassley.
35:46 Depuis 35 ans, il se bat pour l'éthique et la transparence dans les services de l'État.
35:51 Les lanceurs d'alerte sont des gens très patriotes.
35:56 Ils veulent simplement faire leur travail et que le gouvernement fasse le sien.
36:00 Et quand ils voient quelque chose de mal et qu'on laisse faire, ils sont révoltés et se tournent vers moi.
36:04 Ils se sont avérés être une source d'information essentielle pour moi,
36:08 pour que je puisse remplir une partie de ma mission au Congrès,
36:11 contrôler les services de l'État.
36:13 Et ce qui se passe, c'est que quand quelqu'un se distingue en étant patriote,
36:17 en faisant ce qui est bien, il met sa carrière en danger.
36:20 Ça ne devrait pas être le cas, mais c'est ce qui se passe la plupart du temps,
36:23 et c'est pourquoi il mérite d'être félicité.
36:26 On a des lois qui les protègent, mais pas encore suffisamment,
36:29 même si moi, j'ai joué un rôle dans le vote de certaines de ces lois.
36:32 Aux États-Unis, les lanceurs d'alerte sont bien défendus et très médiatisés.
36:37 Mais face à des multinationales implantées au cœur du pouvoir, la route est longue.
36:42 L'alerte de Bernie aura limité l'étendue du contrat passé par le gouvernement américain avec KBR.
36:48 Et après six ans de combat, elle a enfin obtenu gain de cause en juillet 2011.
36:53 Je crois que l'intégrité au sein de l'État, ça ne se discute pas.
36:58 C'est une vraie responsabilité. C'est une obligation.
37:03 Alors le NWC ne lâche rien et forme même des délégations internationales.
37:08 On a reçu de nombreuses délégations du monde entier,
37:12 probablement autour d'une quarantaine ou cinquantaine de pays différents,
37:15 mais je n'en crois pas qu'on ait reçu de Français.
37:17 Les politiques qui disent que les lanceurs d'alerte, ce n'est pas pour nous, c'est un truc américain, c'est tout simplement faux.
37:23 Tous les héros à travers l'histoire et partout dans le monde ont été des lanceurs d'alerte.
37:29 Ce sont des gens qui ont tenu le langage de la vérité au pouvoir en place
37:32 et qui ont défendu le sens de ce qui est juste en risquant leur carrière ou leur vie pour l'intérêt de tous.
37:39 Il arrive un moment dans la vie où on doit se demander "en quoi je crois ?
37:46 Quelle est ma mission sur cette terre et comment je peux l'accomplir ?
37:50 Quelles qu'en soient les conséquences ?"
37:52 Un autre cas extrême fait actuellement la Une Outre-Atlantique,
37:58 celle d'un jeune soldat devenu le lanceur d'alerte par excellence.
38:02 Son nom, Bradley Manning.
38:04 Il est la source présumée de Julian Assange, le fondateur de Wikileaks.
38:09 C'est lui qui aurait transmis les documents classés "secrets"
38:12 et la vidéo "Collateral Murder" publiée par le site il y a un an et demi.
38:16 Pour ses défenseurs, il est le héros national qui a exposé les bavures de l'armée américaine en Irak.
38:21 Pour l'armée, c'est un traître à la nation.
38:27 Détenu depuis juin 2010 mais pas encore jugé, il en court une peine de 52 ans de prison.
38:33 On doit avoir accès à l'information.
38:39 On a besoin d'organisations comme Wikileaks.
38:42 On a besoin des lanceurs d'alerte.
38:46 Et maintenant, je vous présente Zach Coet, qui est venu de Louisiane pour être avec nous aujourd'hui.
38:55 Bradley Manning a compris que le peuple irakien n'était pas notre ennemi.
38:58 Et que l'ennemi est en fait ici.
39:00 Je suis là pour dire que je soutiens à fond Bradley Manning comme mes frères et sœurs.
39:04 Ces médailles ne représentent plus rien pour moi.
39:08 Elles ne représentent plus rien.
39:10 Je me demande même pourquoi je les porte.
39:14 Si on va dans un pays étranger, qu'on commence à dire la vérité sur ce qu'on a vu...
39:20 On ne peut pas dire la vérité sur ce qu'on a vu en Irak et en Afghanistan.
39:23 C'est notre pays.
39:28 Et...
39:29 Aujourd'hui...
39:35 Aujourd'hui, on est tous Bradley Manning.
39:38 Et c'est ce que je suis.
39:39 Aujourd'hui, je suis Bradley Manning.
39:41 Merci.
39:43 Oui, Bradley Manning !
39:45 Oui, Bradley Manning !
39:47 Oui, Bradley Manning !
39:49 Oui, Bradley Manning !
39:50 À part son avocat, ce jeune homme est le seul à être autorisé à voir Bradley Manning dans sa prison.
39:55 David House continue le combat pour son meilleur ami
39:58 à l'intérieur des quartiers de haute sécurité,
40:01 à l'extérieur pour la transparence et la vérité.
40:04 On diffuse en direct.
40:06 On a une nouvelle vidéo.
40:08 On a une nouvelle vidéo.
40:10 en direct on met la vidéo de la manif en ligne je suis là aujourd'hui pour vous dire que si
40:21 bradley manning est coupable des faits qui lui sont reprochés si c'est lui qui a communiqué
40:25 ces documents pour moi c'est un héros de premier ordre alors maintenant ça dépend de vous personne
40:35 ne le fera pour nous si notre génération ne se bouge pas et c'est maintenant qu'il faut agir
40:39 merci une trentaine de manifestants seront arrêtés ce jour là devant la base militaire de quantico en
40:53 virginie le cas manning c'est le concept du lanceur d'alerte poussé à l'extrême s'il est
41:01 réellement l'informateur de wiki leaks son acte bien qu'illégal en est-il pour autant illégitime
41:07 en france aussi c'est le noeud du problème fidélité à sa hiérarchie aux réformes à
41:16 appliquer contre éthique personnelle et conscience morale le lanceur d'alerte est pris en étau mais
41:21 que dit la loi finalement c'est à anissel le porc ce que nous le demandons ancien ministre
41:26 communiste soumis terrain il est l'auteur de la loi de 1983 sur les droits et les obligations
41:31 des fonctionnaires l'obligation de réserve des fonctionnaires n'est pas une notion qui est
41:37 mentionné dans le statut général des fonctionnaires mais cela ne veut pas dire qu'elle
41:43 n'existe pas simplement on a estimé que c'était une notion qui était tellement complexe délicate
41:50 à interpréter qu'il fallait que ce soit le juge administratif qui au cas par cas apprécie si elle
41:58 a été respectée ou outrepassé le devoir de réserve notion juridiquement floue n'est pas inscrit dans
42:06 la loi c'est la jurisprudence qui au cours du temps fixe les règles ce que la loi énonce ce
42:12 sont le secret et la discrétion professionnelle en revanche la loi réaffirme clairement la liberté
42:18 d'opinion des fonctionnaires l'article 28 du statut général des fonctionnaires dit que les
42:24 fonctionnaires doivent accomplir les tâches qui leur sont confiées et il ajoute le fonctionnaire
42:30 de soi doit se conformer aux instructions de son supérieur hiérarchique et l'article ajoute sauf
42:36 ordre manifestement illégal et de nature à compromettre gravement un intérêt public
42:42 retour sur jean-hugues matelli nous sommes le 12 janvier 2011 et c'est le jour j de sa caserne
42:50 damien nous l'accompagnons pour paris où il attend la décision finale du conseil d'état qui
42:55 statut sur son cas si le conseil d'état me donne tort déjà j'aurais la grande tristesse de remiser
43:01 définitivement au placard bon képi et ma tenue de gendarme j'ai ouvert un signal extrêmement
43:06 néfaste pour tout ce qui est de l'expression des fonctionnaires des militaires on voit pas qui
43:13 risquerait d'émettre un quelconque avidymia vergent qui serait contre contre en fait le point
43:18 de vue du pouvoir en place le conseil d'état c'est la plus haute juridiction administrative
43:26 française dans quelques minutes cet homme de 45 ans va savoir si sa carrière de gendarme
43:33 s'arrête là une décision autant politique que juridique qui peut aussi bouleverser par ricochet
43:38 l'avenir de tous les fonctionnaires français
43:41 et bien c'est l'annulation du décret du président de la république me rayons des cadres le conseil
43:55 d'état décide article 1er le décret du 12 mars 2010 du président de la république radiant
44:00 monsieur jean-luc matelli des quatre de la gendarmerie nationale par mesure disciplinaire
44:04 est annulé je pense que justice a été rendu une certaine manière c'est à dire que on ne peut
44:13 pas concevoir malgré tout un monde de militaires de militaires citoyens sans aucune liberté
44:20 d'expression le devoir de réserve ne peut pas être utilisé je vais dire de manière
44:25 disproportionnée à tout va pour sanctionner de manière excessive
44:29 pour son avocat william bourdon le cas matelli est révélateur du climat qui règne aujourd'hui
44:37 en france on a si dans ce pays à une logique de durcissement il ya une durcissement il ya
44:44 une conflictualisation qui s'aggrave dans bien des métiers dans bien des secteurs il ya une
44:51 crispation des pouvoirs publics lorsqu'ils sont mis en cause lorsqu'ils sont critiqués il y a
44:56 une intolérance de nicolas sarkozy à la moindre critique tout le monde connaît ce côté un peu
44:59 sous polème caractériel et c'est un peu la métaphore de tout le reste c'est à dire qu'au
45:06 fond l'insupportabilité de la critique comme si tous ceux qui servent l'état devaient avoir le
45:11 doigt sur la couture de pantalons et dans les logiques de servilité et quand en plus on est
45:16 dans une société souffrante où l'état n'assume pas ses obligations et parfois dissimule ses
45:21 dysfonctionnements et bien il est heureux il est souhaitable que il y ait des fonctionnaires
45:24 qui en quelque sorte soit des sentinelles soit les espèces de vigie de veille de veille citoyenne
45:31 et sache nous dire de façon raisonnable et responsable comme l'avait fait monsieur matel
45:35 i effectivement qu'il ya un certain nombre de choses qui ne vont pas dans ce pays une
45:38 victoire pour jean-hugue matel ii deux mois après sa réintégration nous devons le retrouver lors
45:46 d'une conférence à paris aux côtés du général des portes thème du colloque la liberté d'expression
45:53 des militaires mais à notre grande surprise le gendarme réhabilité n'est pas là et nous
46:03 apprenons qu'il ne parlera pas j'ai bien compris qu'il était dans une position extrêmement
46:10 inconfortable et que sans doute sa hiérarchie ce qui est d'ailleurs tellement contre productif
46:15 lui a plutôt fait passer le message qu'il ne fallait pas qu'il vienne je pense que c'est
46:21 regrettable et je pense en plus de ça que c'est une erreur de cette hiérarchie on est dans une
46:27 démocratie je pense que la grande meute c'est fini ça correspond à un passé et même peut-être un
46:35 passif de notre histoire politico-militaire il faut aller vers il faut tourner cette page
46:40 son absence à un simple colloque résume à elle seule le climat au sein de l'armée française
46:45 réintégré à la gendarmerie en janvier 2011 jean-hugues matelli préfère aujourd'hui se consacrer
46:52 entièrement à sa tâche de commandant à amiens pour bastien casals le combat n'est pas terminé
47:01 mais près de trois ans après sa lettre au président sarkozy il continue à résister comme
47:07 jean-hugues matelli la résistance l'information du public sont passés par un livre alors le titre
47:13 de mon livre je suis prof et je désobéis et le titre choisi par mes éditeurs je pense que c'est
47:17 un très bon choix qui a la provocation nécessaire pour interroger et qu'on ait envie de savoir
47:23 pourquoi et donc on a envie de lire le petit texte bien toi tu as vu que ton livre est reparti dans
47:34 les dans les ventes non justement je veux avoir des nouvelles et ben si c'est si c'est si si si
47:38 tu es tu es entraîné par le phénomène et celle et tu reviens dans la liste des meilleurs
47:45 sébastien qui nous a rappelé ce fameux appel de 2004 où les anciens grands résistants avait
47:52 lancé cet appel aux jeunes générations sur le plateau des glières au lieu de la résistance
47:57 symbolique pour faire au fond le raccord entre cette grande résistance et historique le le
48:02 courant de l'histoire avec un grand h dit est celle et puis les jeunes gens de la génération
48:09 de bastien il leur remettait le flambeau et le flambeau a été bien pris en main la preuve bastien
48:15 bastien casals et les 3000 autres instituteurs désobéisseurs entendent jouer un rôle de
48:21 sentinelle de la république cette vigie citoyenne au sein des services de l'état ce devoir de
48:26 résistance un homme de 94 ans n'est le père spirituel stéphane est celle grand résistant
48:33 qu'auteur de la déclaration universelle des droits de l'homme son livre indignez vous est
48:38 un best-seller plus de 2 millions d'exemplaires vendus en france et des traductions partout dans
48:43 le monde l'aventure que je suis en train de vivre j'espère qu'elle va bientôt s'arrêter parce
48:49 qu'elle est lourde à porter c'est celle de ce petit livre indignez vous c'était donc vraiment
48:56 prendre la position d'une révolte de la conscience citoyenne contre ce qui la choque nous vivons dans
49:05 un régime assez dur plus dur je pense que ce que nous avons connu avant il ya en ce moment un désir
49:14 de sanctionner il conduit à ce que des gens qui ne sont pas d'accord avec les propositions qu'on
49:22 leur fait ou avec les instructions qu'on leur donne que ce soit dans l'enseignement dans la
49:27 magistrature ou ailleurs se disent nous ne voulons pas nous voulons marquer notre désaccord avec ce
49:36 qu'on nous propose mai 2011 plateau des glières haute savoie c'est ici qu'en mars 1944 une centaine
49:45 de maquisards tombèrent sous les balles de 5000 soldats allemands et de militiains vichystes un
49:50 haut lieu de la résistance tout un symbole pour des milliers de citoyens qui depuis mai 2007
49:55 investissent le plateau et disent non à certaines réformes du service public parmi eux bastien
50:01 casals qui mobilise sans relâche l'opinion autour de son combat les collectes massives et
50:06 informatisé de données personnelles c'est un lieu qui fédère qui symbolise cette intention de
50:12 convergence de bon nombre de fonctionnaires de service public aussi tout simplement de citoyens
50:16 aussi donc il est impératif de participer à ces rassemblements qui veulent fédérer toutes les
50:22 forces les différentes branches professionnelles qui résistent les citoyens qui veulent se mobiliser
50:27 pour un autre projet de société c'est une évidence c'est une mobilisation de grande ampleur à
50:32 l'initiative du collectif des citoyens résistants d'hier et d'aujourd'hui l'occasion d'y lancer
50:38 chaque année l'appel des résistants on y retrouve stéphane essel militant et parrain de la première
50:44 heure il encourage les jeunes générations à se réveiller il est temps de bien vivre ensemble
50:52 dans la haute nécessité de l'épanouissement du plus grand nombre et d'offrir une perspective
51:00 d'avenir prometteur aux jeunes générations nous voulons dire avec affection créé c'est résisté
51:13 résisté c'est créé résisté créé mais aussi et surtout brisé la loi du silence cassé l'homerta
51:24 fonctionnaire taisez vous un ordre vécu comme une humiliation sur les traces de la résistance les
51:33 lanceurs d'alerte du service public entendent redonner un sens à leur mission dans une république
51:37 qui voudrait selon eux les réduire au silence
51:45 non
51:47 non
52:00 ♪ ♪ ♪

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