Grand Corps Malade, poète, auteur et interprète

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Transcript

00:00 Ce matin vous recevez Grand Corps Malade, alors il y a quelques dates à noter parce qu'effectivement il y a la tournée des zéniths, ça en 2024 c'est acté,

00:07 mais il y a aussi les festivals tout cet été avec par exemple les vieilles charrues à Carré, ça sera le 13 juillet

00:13 et vous serez également Grand Corps Malade au festival de Nîmes le 23 juin.

00:16 Et puis vous serez en live dans un instant sur Europe 1 avec ce titre.

00:20 C'est aujourd'hui que ça se passe.

00:30 C'est aujourd'hui que ça se passe, titre que vous allez nous interpréter, issu de votre 8e album Reflais qui est déjà disque d'or, bravo à vous.

00:38 Cette chanson vous a été inspirée d'une discussion, paraît-il, à 1h du matin dans un festival.

00:43 C'était des élus locaux, le maire du bled où on jouait au festival et j'ai entendu cette phrase qui disait "faut pas attendre".

00:52 C'est une notion que j'aimais bien, le fait de dire "faut pas attendre demain" et il a dit "être heureux c'est aujourd'hui".

00:58 C'est maintenant, c'était François Hollande.

01:00 C'était pas lui.

01:02 C'est un élu local mais d'un autre bled.

01:06 Et donc vous vous êtes dit "je vais en faire une chanson".

01:09 C'est ça ce truc d'être heureux, c'est maintenant.

01:13 Le fait de ne pas remettre au lendemain, d'avoir envie d'agir tout de suite.

01:17 De vivre au présent, un album sur lequel vous vous autorisez aussi à chanter.

01:22 *Musique*

01:40 Elle est même chouette de vous entendre chanter.

01:42 Ça fait du bien de vous entendre chanter, on l'adore.

01:44 On l'a souvent passé dans cette émission, ce titre "retiens tes rêves", chanson dédiée à vos deux fils.

01:48 Vous leur aviez fait écouter la musique sans leur dire que vous écriviez un texte sur eux.

01:52 C'est vrai ?

01:53 Oui c'est ça. Ils avaient déjà validé la musique.

01:55 Je leur avais dit "écoutez ça" et ils m'avaient dit "c'est super beau ça".

01:58 En parallèle, j'étais comme...

02:00 Je commençais à avoir cette petite idée de texte sur eux.

02:03 Je me suis dit "c'est bon, ils ont validé la musique, maintenant il va falloir que je m'applique sur le texte".

02:07 Ils ont validé le texte ?

02:08 Oui, ils ont validé, c'est cool.

02:10 Ils ont été même un peu émus, c'était un beau moment.

02:12 Ils ont quel âge aujourd'hui ?

02:13 Ils ont 10 ans et 13 ans.

02:15 Comment vous basculez sur la chanson ? À quel moment vous vous dites "sur celle-ci, je ne vais pas que se lamer, je vais aussi chanter".

02:21 Qu'est-ce qui vous convainc ?

02:22 Il n'y a pas vraiment de règle, c'est le "feeling".

02:24 Des fois c'est une musique qui m'inspire.

02:26 C'est une petite mélodie, ce petit refrain chanté.

02:29 C'est moi qui ai trouvé la mélodie parce que la musique composée par le compositeur m'a inspiré ça.

02:37 Des fois, je ne le sens pas.

02:39 Je ne ferai jamais, je pense, un album 100% chanté.

02:45 Mais c'est vrai que je le fais de plus en plus pour le bien d'un refrain.

02:48 C'est vrai que la musique prend de plus en plus de place.

02:50 C'est ce que vous racontez dans le dernier titre "Un Parole et Musique".

02:52 On voit que la musique prend de plus en plus de place dans les carrières.

02:55 Oui, ça fait même longtemps.

02:57 J'ai fait un flashback en parlant de cette incursion de la musique sur mes textes.

03:01 Dès le deuxième album, qui date déjà d'il y a quelques années,

03:04 il y avait déjà des gros arrangements, des ensembles de cordes, des guitares électriques, des batteries.

03:09 Donc ça fait longtemps que la musique, on se parle.

03:12 Et petit à petit, vous chantez. C'est vrai qu'il y a un changement aussi.

03:16 Je disais que vous chantiez sur cette chanson.

03:18 Sur d'autres, on est sur du très bon rap, comme "Auto-Reflet",

03:21 qui m'a fait un peu penser à "L'Odeur de l'Essence" d'Orelsan.

03:24 Écoutez un extrait.

03:25 [Musique]

03:42 Très puissante cette chanson avec ce son "Cinémosymane", c'est ça ?

03:45 Oui, exactement.

03:46 Une prod épique, avec des cuivres qui arrivent à la fin.

03:50 Et c'est vrai que ce morceau sur scène, ce n'est pas simple.

03:55 C'est cinq minutes de tout droit.

03:57 Pour le coup, il n'y a pas de refrain, pas de chant.

03:59 C'est assez intense.

04:01 Mais c'est vrai que c'est hyper agréable de voir aussi le public en face de toi,

04:05 qui fronce les sourcils en même temps que toi, à mesure que le titre commence.

04:09 On sort d'une tournée de 30 zéniths.

04:11 C'est pour ça que j'ai plein d'images quand j'entends cette chanson.

04:14 Je revois tous ces publics qu'on a vus, en attendant de les retrouver sur les festivals, comme vous disiez.

04:18 Et aussi à l'automne, on refait une petite tournée de zéniths à l'automne.

04:22 Il y aura Lille, Renoble, Nice, Reims, Nantes.

04:24 Et on repasse deux fois à Paris aussi à l'automne.

04:27 Une chanson dans laquelle vous dites aussi que vous n'aimez pas trop les paillettes, le showbiz.

04:30 Je me sens comme un cow-boy encore surpris par son western.

04:34 Vous faites quoi d'ailleurs pour garder un peu les pieds sur terre, pour rester bien ancré dans la réalité ?

04:39 C'est les proches, je n'ai pas changé de proche, je n'ai pas changé de famille.

04:43 Quand je ne suis pas en tournée ou en vadrouille, je suis beaucoup avec les miens à la maison.

04:50 Et puis j'ai les mêmes potes depuis très longtemps.

04:52 C'est ça le socle, c'est les proches.

04:54 Vous n'avez pas changé de femme non plus ?

04:55 Toujours pas.

04:56 Vous l'avez rencontrée avant le succès, c'est pas mal ça aussi.

04:58 Pour l'ego, c'est pas mal de se dire qu'elle était là pour moi.

05:03 Hier, on parlait d'un doc sur le président Pompidou, dans lequel il disait que le problème quand on est président,

05:09 c'est que plus personne ne s'adresse à vous normalement.

05:11 Alors vous, vous n'êtes pas encore président, vous êtes encore malade,

05:13 mais j'imagine que vous ressentez parfois ce petit truc qui fait que les gens vous parlent différemment

05:18 parce que vous avez du succès et se tiennent peut-être à distance.

05:22 C'est compliqué ça ?

05:23 Bien sûr, la notoriété, ça rend les relations moins faciles, moins saines des fois.

05:30 Et bien sûr, quelqu'un qui t'a vu depuis 10 ans à la télé,

05:34 à l'approche de la première fois qu'il te voit, il ne te parle pas complètement normalement.

05:37 Après, c'est à toi de réinstaller tout de suite un rapport d'être humain à être humain.

05:41 Et puis dans cette chanson haute reflets, vous dites aussi "quand le pouvoir se fout des gens, mon ancre est concernée".

05:48 L'inaction politique, à vous en parler aussi dans la chanson 2083.

05:52 J'ai toujours pas compris ce que font les grands de ce monde.

05:54 Chaque conférence sur le climat est un terrible échec.

05:57 Aucun G20 n'aboutit à des mesures profondes.

05:59 Ils y vont en jet privé et se torchent avec les rapports du GIEC.

06:02 Qu'en vont-ils déclarer l'état d'urgence climatique mondiale et contraindre les pays sur leurs émissions de CO2 ?

06:08 Qu'en vont-ils rendre toute déforestation illégale ?

06:10 Investir massivement pour consommer moins, consommer mieux ?

06:13 Les changements de comportement passeront forcément par des lois.

06:16 Les politiques devront sortir de leur inaction.

06:18 Il ne faudra pas attendre d'être en 2083.

06:21 Mais aujourd'hui, les demi-mesures ne sont plus une option.

06:24 - Celle-ci elle met les frissons.

06:26 - C'est carrément un programme politique que vous proposez.

06:29 - Je ne sais pas, en tout cas, j'imagine mon petit-fils depuis l'année 2083 qui me raconte l'état du monde.

06:35 Et moi, ce que je peux dire, c'est que ce n'est pas beau.

06:38 Et évidemment, malheureusement, je n'ai rien inventé.

06:40 Je me suis documenté, j'ai lu, j'ai parlé à des spécialistes.

06:43 Et ce que je raconte dans cette chanson de 2083, ça pourrait vraiment arriver si on ne change pas de braquet.

06:49 Et je pense que le changement de braquet, justement, c'est ce que je dis, c'est aussi être contraint par des lois.

06:55 Les politiques ne nous contraignent pas un peu plus que ça.

06:57 Ce n'est pas nos petites actions au quotidien qui suffiront.

07:00 - Le tri des déchets, ça ne suffira pas.

07:02 - Voilà, c'est ça. D'éteindre l'eau quand on se brosse les dents et le tri des déchets, ça ne suffit pas, non.

07:06 - 2083, c'est l'une des chansons de ce très bon album de Grand Corps Malade qui s'appelle "Reflet".

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