Leur complicité, qui transperce l’écran dans “La promesse verte”, en salle aujourd’hui, se ressent aussi lors de notre rencontre, et nous émeut.
Dans ce saisissant thriller écologique, Alexandra Lamy incarne la mère battante de Félix Moati, étudiant injustement incarcéré et condamné au pire en Indonésie.
Conscience écologique, force des mères, écoféminisme… Interview.
Dans ce saisissant thriller écologique, Alexandra Lamy incarne la mère battante de Félix Moati, étudiant injustement incarcéré et condamné au pire en Indonésie.
Conscience écologique, force des mères, écoféminisme… Interview.
Catégorie
🎥
Court métrageTranscription
00:00 Ton combat pour ton fils, qui est très intime et qui est vraiment la base de ton...
00:03 Enfin, la conséquence de ton amour maternel devient un combat pour la planète aussi.
00:06 - Ça va, parce que tu parles pas comme ça à ta mère.
00:07 - Ouais, et puis je t'écoute pas la parole comme ça.
00:09 - T'es jeune, tu parles très mal à ta mère. - Ouais, ouais, je suis d'accord.
00:12 - Qu'est-ce que tu entends ?
00:14 - Je n'entends rien.
00:17 - Parce qu'il n'y a rien à entendre.
00:19 Plus de oiseaux, plus d'insectes, plus de ramboutans...
00:24 Tout est perdu.
00:25 - Oui.
00:29 - Non, vraiment, enfin, en vrai.
00:31 Tu sors de là, tu dis...
00:33 Tiens, je vais peut-être un peu aller m'informer.
00:34 Est-ce que c'est vrai que cette histoire d'huile de palme, elle est partout ?
00:38 Parce que qu'est-ce que c'est que cette histoire dans le dentifrice ?
00:40 Et puis c'est vrai que là, tu vas faire un peu tes placards, tu dis...
00:42 Moi, franchement, je l'ai fait.
00:43 Tu dis... Ah bah ouais, c'est vrai, elle est partout.
00:44 Ça veut dire qu'elle est à peu près dans les trois quarts de mon caddie.
00:46 Elle est aussi dans la pompe. Elle est aussi partout.
00:49 Puis d'un coup, tu commences à rentrer là-dedans.
00:50 Regarde, même toi, t'as voulu rencontrer Camille et Étienne.
00:54 Tu commences à rencontrer tout le monde, tu commences à t'informer.
00:56 C'est pour ça que parfois, on dit... On est un peu des artivistes.
00:58 - Se cogner à ce genre de film, ça éveille à certaines questions
01:01 qui étaient pour nous abstraites avant, par exemple, enfin, à titre personnel.
01:04 Par exemple, la déforestation, l'huile de palme.
01:07 On sait que ça existe, mais on ne connaît pas les conséquences concrètes
01:09 de ce genre de choses.
01:10 On ne sait pas vraiment ce que c'est que l'huile de palme.
01:13 À quel point ça irrigue notre culture, ce qu'on consomme, les biocarburants, voilà.
01:17 On n'est pas précis sur les questions puisqu'on n'est pas formés.
01:19 - Moi, ça m'a choqué, l'histoire du bois.
01:21 Parce qu'on le fait tous, on achète des tables en bois, etc.
01:25 Mais le bois, quand tu te dis que tout le bois exotique que tu vas acheter,
01:28 en fait, vient souvent de gangs criminels, et ça veut dire que tu les nourris.
01:33 Moi, je vais dire non, mais moi, je n'ai pas du tout envie d'avoir
01:35 cette table en bois exotique que je trouvais magnifique.
01:38 Non. Et en plus, tout ce que le gouvernement nous a normalement dit,
01:42 qu'on n'emmènerait pas, on n'importerait pas des choses qui déforestent,
01:47 et en fait, ce n'est pas du tout respecté.
01:49 On a toujours critiqué la jeunesse.
01:51 On critique toujours, toutes les générations critiquent toujours les jeunesses avant.
01:54 Et nous, moi sans doute la première, on me dit "Oh, ça va,
01:55 ces jeunes qui sont toujours en train de gueuler, là, l'écologie, le machin,
01:58 ça y est, c'est le nouveau truc."
01:59 Et puis, en fait, tu sors de là, tu te dis "Ouais, c'est vrai,
02:01 mais ils ont tellement raison, mais ils ont tellement raison de nous alerter."
02:04 Camille Etienne, elle te disait "T'avais un activiste, tous les deux jours,
02:07 qui disparaît." - Tous les deux jours, qui disparaît, oui.
02:08 - C'est ouf, donc au péril de leur vie, et ça continue dans le monde.
02:11 Je me dis "Bon, bah ouais, c'est vrai, tiens, on va peut-être un peu plus écouter les jeunes."
02:15 Qui finalement répètent ce qu'ils entendent des scientifiques,
02:18 parce que ça fait longtemps que les scientifiques le disent.
02:20 C'est le genre de personnage que j'adore interpréter,
02:26 parce que c'est un peu...
02:27 C'est la personne du quotidien, comment on dit ?
02:31 Je sens plus mes mots, là, ça y est, j'ai trop parlé.
02:33 - On a perdu Alexandre.
02:34 - Waouh.
02:36 - Non, non, non.
02:37 Non, mais c'est...
02:38 Voilà, c'est une héroïne du quotidien, c'est-à-dire que c'est David contre Goliath,
02:41 c'est-à-dire que c'est une femme lambda qui représente toutes les femmes,
02:44 et même tous les papas, c'est juste...
02:47 Il faut qu'elle se batte pour aller sauver son fils.
02:49 Ce personnage qui va se battre avec ses moyens pour essayer de sortir son fils
02:54 des prisons indonésiennes.
02:56 - Moi, ce qui m'a plu tout de suite, c'est le mélange de...
03:00 d'idéalisme convaincu de ce personnage, avec aussi, à la lecture du scénario,
03:05 et ce que j'ai retrouvé vraiment dans le film quand je l'ai vu,
03:07 la promesse de l'aventure, la promesse romanesque.
03:09 Voilà, le fait d'aller à l'autre bout du monde, de voir des paysages que je connais pas,
03:12 dont je suis pas accoutumier.
03:13 Ce personnage qui est curieux, qui a envie de savoir comment le monde fonctionne,
03:17 comment il tourne, qui se rend compte qu'il ne tourne pas rond,
03:20 et qui est témoin d'un meurtre, et qui se fait silencier par les...
03:24 Parce que ça existe.
03:25 On peut silencier des gens.
03:26 - Ouais, c'est ça, c'est un avantage.
03:27 - Ouais, je sais, j'ai vu ton regard de vieille.
03:28 - C'est incroyable, il a invoqué le regard de vieille.
03:29 - Par des institutions...
03:30 Par une institution bien plus puissante que lui.
03:36 Moi, pendant trois mois, c'est sûr que Félix était mon fils, ça c'est sûr.
03:39 Comme je dis à chaque fois qu'il m'appelle ou qu'il...
03:41 - Mon fils ! - Mon fils !
03:42 J'ai toujours un petit truc.
03:43 Après, je pense que le personnage de Carole,
03:46 même moi en tant que maman et Alexandre à l'ami,
03:49 finalement, je me projette aussi dans ce personnage-là.
03:51 Donc, j'allais pas dire que c'est plus facile, parce que c'est pas ça,
03:53 parce qu'évidemment, on se met dans des états, on se fatigue,
03:58 on y pense tout le temps.
04:01 En plus, comme on est à l'étranger, on est tout le temps là-dedans.
04:03 Mais je n'allais pas dire que c'est plus facile, mais tu te projettes.
04:07 Tu te vois en tant que maman, qu'est-ce que tu ferais ?
04:08 Évidemment, tu te battrais pour ta fille ou pour ton fils.
04:12 Et donc, il y a quelque chose qui est viscéral.
04:15 À toi !
04:16 - En fait, quand elle parle, elle me hypnotise un peu, Alexandra.
04:22 Peut-être dû à un charisme inouï.
04:24 - Oui, peut-être.
04:25 Et là, je fais un énorme "j'absorbe".
04:28 - Moi, en fait, sur le corps, je me suis vraiment laissé faire par l'environnement.
04:31 Déjà, les décors où on tournait, c'est-à-dire que ce soit la forêt
04:33 où il y a vraiment une expérience d'humilité totale,
04:36 puisque c'est beaucoup plus puissant que nous.
04:38 Ou les prisons qui sont des décors...
04:41 Alors, c'est évidemment des prisons désaffectées,
04:43 mais on a l'impression qu'elles sont peuplées quand même.
04:45 Et qui sont des décors très particuliers, où on n'a pas l'habitude d'aller.
04:48 Et donc, moi, j'ai laissé faire à la fois les décors et le climat,
04:52 puisqu'il faisait plus de 50 degrés parfois.
04:54 Une chaleur complètement étouffante.
04:55 Donc, ça joue, ça impacte les corps.
04:58 Donc, je voulais que mon personnage se laisse vraiment traverser
05:02 à la fois par les décors et par le climat.
05:03 Et donc, l'inclinaison, les épaules qui s'affaissent...
05:07 Voilà, la fatigue, en fait.
05:10 C'est intéressant, l'écoféminisme.
05:14 C'est vraiment une pensée.
05:15 C'est-à-dire qu'il y a quand même cette idée d'une agression
05:17 des hommes sur les femmes, en règle générale, dans nos sociétés,
05:20 mais aussi vis-à-vis de la nature.
05:22 En effet, l'écoféminisme, l'intersection entre le féminisme
05:25 et la défense de la nature, c'est pas une intéressante concept.
05:28 Alors, je suis pas très formé sur la question...
05:30 Non, mais par exemple, ce que disait Edouard,
05:32 qu'il y a beaucoup plus de lanceuses d'alerte...
05:34 - Que de lanceurs d'alerte. - Que de lanceurs d'alerte.
05:36 Mais peut-être aussi parce que les femmes...
05:38 C'est pas une question de courage, etc.,
05:39 mais elles peuvent aussi parfois endosser plus de choses.
05:42 Mais peut-être aussi parce qu'on a tellement aussi chargé depuis longtemps
05:46 qu'il y a un truc... Non, mais c'est vrai.
05:47 Je pense qu'il y a quelque chose qui fait qu'elles sont chargées
05:51 et donc, elles sont prêtes à résister.
05:53 Sous-titrage Société Radio-Canada