GuardIAn, l'intelligence artificielle qui prévoit les tempêtes

  • il y a 7 mois
Transcription
00:00 Les tempêtes de cette saison en ce moment dans les ronds, on vous parle ce matin d'une intelligence artificielle qui permet de prévoir ces tempêtes.
00:05 Le projet s'appelle "Guardian", il est porté par la plateforme Innovation Blueto Lab et le chef de ce projet c'est Alexandre Pénanière qui est avec nous ce matin.
00:14 Bonjour !
00:15 Bonjour !
00:15 Concrètement, ce qu'on voit, donc ça va être inauguré le projet à Frontignan aujourd'hui, donc ce qu'on peut voir sur la plage de Frontignan, c'est un mât de 8 mètres de haut.
00:24 Exactement, c'est un mât de 8 mètres de haut qui est couronné d'un boîtier dans lequel on va retrouver 3 caméras qui sont des caméras presque commerciales au sens où c'est les objets du quotidien.
00:37 Il n'y a pas de haute technologie particulièrement sur ces caméras ?
00:40 Pas particulièrement, la particularité du dispositif c'est qu'elles sont placées de telle façon qu'elles arrivent à capter environ 300 mètres de littoral sur sa largeur, sur une profondeur de 1000 mètres
00:50 et qu'elles travaillent en continu pendant les prochains 14 mois pour acquérir des images et en particulier des images de ce qu'on appelle les vagues, la houle et le jet de rive,
01:00 c'est-à-dire le petit chemin de l'eau sur le sable, sur le front de mer.
01:06 Et donc ces éléments-là sont des éléments de compréhension et de pédagogie pour l'ensemble de ce dispositif qui en fait est géré, comme vous l'avez dit au départ,
01:15 par une intelligence artificielle qui en arrière, en back-office, va travailler à procéder à un calcul mathématique qui s'appelle l'inversion bathymétrique.
01:27 Ok, là ça devient compliqué mais en fait c'est quand même assez simple.
01:31 Donc l'idée c'est de filmer la mer en gros, les éléments dont vous venez de nous parler,
01:38 et ensuite l'intelligence artificielle va réussir grâce à des maths, à des procédés mathématiques, à tirer des conclusions de tout ça.
01:48 Elle va analyser le fond marin. En fait la forme des vagues est déterminée par le fond, puisque les vagues frottent le fond marin pour se former en surface.
01:57 Et donc le calcul consiste à essayer de prédire et de comprendre comment les fonds marins sont constitués
02:03 et surtout comment ils se déplacent, parce qu'en fait c'est ces déplacements des fonds marins qui sont les principaux indicateurs aujourd'hui des tempêtes.
02:09 Et c'est grâce à la compréhension de ces fonds qu'on est en capacité de faire de la prédiction.
02:13 Alors vous allez me répondre que la prédiction on en fait déjà, mais effectivement la prédiction aujourd'hui,
02:19 l'enjeu c'est de la faire le plus tôt possible, en avance de phase, et l'objet de cet appareil c'est d'arriver à le faire à une prédiction de 6 jours.
02:28 - Et donc ça va pas être efficace tout de suite, vous le disiez, 14 mois c'est un peu moins de 2 ans, il faut que l'intelligence artificielle,
02:34 on parle d'intelligence mais artificielle aussi, il faut qu'elle apprenne ?
02:37 - Il faut qu'elle apprenne, il faut l'aider, une intelligence artificielle c'est assez primitif,
02:41 et donc il faut l'accompagner aussi dans son apprentissage, il faut la corriger manuellement.
02:45 Donc on rajoute aussi des jeux de données qui sont anciens, et on lui redonne ce qu'on appelle des chroniques de tempête anciennes.
02:51 Alors les 14 mois sont un délai estimatif et relatif, puisqu'on a un hiver malheureusement ou heureusement pour l'appareil,
03:00 mais extrêmement garni en tempête et en coup de mer, on en a encore eu une cette semaine,
03:04 et donc plus les éléments et plus les aléas marins sont nombreux, et plus l'acquisition et la pédagogie se fait rapidement.
03:11 - Alors justement vous disiez, des prévisions on en fait déjà, mais ça permettra d'anticiper peut-être encore plus,
03:17 c'est-à-dire avec cet outil vous estimez qu'on va pouvoir prévoir une tempête combien de temps à l'avance en fait ?
03:23 - Alors il y a deux enjeux, il y a effectivement la prévisibilité et puis il y a la qualité,
03:28 c'est-à-dire qu'avec cet appareil on est en capacité de travailler sur 5 à 6 jours,
03:32 et puis l'autre enjeu c'est qu'on est en capacité aussi de comprendre la granularité de ces différentes tempêtes,
03:37 et d'établir des typologies, finalement de comprendre mieux les mécanismes qui sont à l'oeuvre sur les littoraux,
03:44 et la finalité pour nous, finalement tout ça c'est du calcul, c'est de la donnée,
03:49 si on prend un petit peu de hauteur par rapport à ces enjeux, pour nous l'objet c'est de se poser sur,
03:55 tout simplement une relocalisation du temps pour les politiques publiques de demain.
04:00 - Parce que c'est de la prévention aussi derrière, vous disiez mieux comprendre le phénomène,
04:04 mais c'est aussi ce qui va permettre de mieux prévenir les populations par exemple ?
04:09 - Oui, prévenir les populations, accompagner les équipements, soigner mieux les infrastructures,
04:14 continuer de produire de la recherche et développement avec les entreprises du littoral,
04:18 qui vont travailler sur des nouveaux équipements, qui vont être plus adaptés aux enjeux mécaniques,
04:22 qu'on aura mieux compris, etc.
04:24 - On est avec Alexandre Penanéard, directeur d'un projet de prévention des tempêtes en bord de Mehran.
04:29 - Est-ce que par exemple votre outil aurait pu permettre de prévoir peut-être un peu plus finement la tempête ?
04:34 On a eu mardi ici dans l'Hérault, et donc admettons qu'il y a eu l'annulation du premier jour d'Escalacette,
04:40 est-ce que grâce à votre outil, on peut se dire 3-4 jours à l'avance quand on organise un événement comme ça ?
04:46 On prend la décision d'annuler ou de reporter directement, puisqu'on a suffisamment de données
04:50 et assez précises pour se dire que ça ne vaut pas le coup de tenter un truc mardi dernier par exemple ?
04:55 - On est exactement dans ce cas de figure, c'est-à-dire que cette prédiction est très très fine,
05:00 et aujourd'hui on est en capacité à 5-6 jours de savoir avec une très grande précision la qualité de l'événement qui va survenir,
05:06 et à quel moment il va survenir, à quelques heures près.
05:08 Donc effectivement c'est le genre de décision qui peut être prise.
05:11 Alors ici on parle d'un événement, et ça a été dommageable pour les organisateurs et pour l'ensemble des festivaliers,
05:17 mais ça peut aussi avoir des enjeux sanitaires et de santé beaucoup plus importants.
05:22 Ici à Frontiniens ce matin, on va inaugurer un dispositif qui est au devant de près de 200 habitations,
05:28 et qui est sur un front de mer qui est habité.
05:30 On l'a choisi avec les habitants il y a un an, cet emplacement,
05:33 parce que précisément les enjeux sont réunis à cet endroit,
05:37 et les habitants étaient encore plus au fait que nous de quel était le bon point précis sur lequel il fallait aller.
05:44 - Et ça nous donne quoi concrètement comme infos sur la tempête à venir ?
05:48 Est-ce que ça nous donne des infos sur la hauteur des vagues, sur la puissance du vent qui va arriver,
05:54 sur l'eau jusqu'où elle va monter ? Qu'est-ce qu'on va pouvoir récolter comme données ?
06:00 - Oui, alors après vous allez m'obliger à rentrer dans des indicateurs un petit peu scientifiques,
06:04 alors je ne vais pas vous les donner avec les mots barbares qu'on utilise nous dans nos réunions de travail comme hier,
06:10 mais on va être sur des logiques d'arrachement, on parle d'arrachement de plages,
06:15 pour un exemple précis, en 2018, la tempête de 2018 qui avait frappé sur Marseillan,
06:20 avait arraché près de 280 000 m3 de sable et de plage,
06:25 donc c'est autant d'éléments naturels qui disparaissent en une nuit,
06:28 donc on parle d'arrachement, on parle d'énergie des vagues,
06:31 donc on regarde aussi ce qu'elles vont déployer,
06:34 on travaille sur la latéralisation versus l'horizontalité ou le côté tout droit des vagues,
06:40 est-ce qu'elles arrivent de côté, est-ce qu'elles arrivent en face,
06:43 et on essaye de, à chaque fois l'objet pour nous c'est comme en aérospatial,
06:46 en voiture, à tous les secteurs qu'on peut connaître dans d'autres domaines,
06:50 c'est essayer de comprendre les phénomènes naturels,
06:53 et puis de mieux les anticiper pour savoir quels vont être leurs effets,
06:56 et ça nous donne des indicateurs pour mieux assortir nos cordons d'une aire,
07:05 mieux gérer nos habitations, ça renvoie aux dispositifs qu'on déploie actuellement sur le territoire,
07:10 comme taux à l'abri pour les inondations, ça renvoie à des dispositifs préventifs,
07:15 - Un plan de prise de décision et de politique publique, oui.
07:18 - Voilà, c'est ça, donc à chaque fois on remonte,
07:20 c'est l'enjeu de cette plateforme BlutoLab qui est pilotée par François Comel,
07:23 le maire de Cèdres, qui est aussi le président référent innovation sur le syndicat Mix du Bassin de Thau,
07:29 dans lequel cette mission BlutoLab est intégrée,
07:32 et effectivement on est régulièrement à l'œuvre avec les 26 communes du territoire,
07:37 et en particulier celles du front de mer et des lagunes,
07:39 pour envisager ensemble tous ces enjeux liés à l'eau.
07:42 - Vous parliez des habitants, il y a un volet pédagogique aussi dans votre projet,
07:46 je crois que vous allez installer des panneaux,
07:48 est-ce que vous allez publier des résultats régulièrement,
07:50 est-ce que vous allez organiser des ateliers, des conférences, autour de ce projet gardien ?
07:55 - Oui, merci de me poser la question, parce qu'effectivement l'enjeu de cette plateforme BlutoLab,
07:59 c'est aussi d'apporter la science sur le terrain du grand public,
08:02 donc l'année dernière, dans la manière dont on a orchestré et aménagé ce projet,
08:05 on l'a fait avec les habitants et avec la direction vie citoyenne de la ville de Frontignan,
08:11 et l'enjeu c'est de créer ce que j'appelle la science participative,
08:15 c'est-à-dire sur ce panneau qui sera installé ce matin et inauguré,
08:19 on aura un encart blanc sur lequel régulièrement des QR codes viendront être apposés,
08:23 pour demander aux usagers de la plage, aux plaisanciers et aux habitants,
08:28 de pourquoi pas nous fournir des photos à des moments précis,
08:31 pour qu'on ait des visuels, exactement les angles morts,
08:34 puisque on fixe une partie du littoral mais on n'a pas forcément les visions sur les côtés,
08:38 donc l'enjeu c'est de créer de la documentation et de créer ce qu'on appelle des lacs de données plus importants,
08:45 pour encore une fois mieux comprendre et avoir peut-être plus de choses à partager avec les autres villes,
08:51 parce qu'on parle de Frontignan ce matin, mais c'est un dispositif qui est déployé deux fois,
08:55 une fois à Marseillan, une fois à Frontignan, on est donc sur deux polarités de la lagune de Thau,
08:59 c'est deux exclusivités méditerranéennes et on va en retrouver d'autres sur le front de mer atlantique,
09:04 puisque le centre RIVAGE PROTEC qui est à la manœuvre, aux côtés du SMBT,
09:09 sur le déploiement de ce dispositif, est plutôt orienté sur la façade atlantique,
09:14 et c'est par effet de discussion avec eux qu'on a choisi, il y a maintenant deux ans,
09:18 il y a quatre ans pardon, de développer ces deux dispositifs.
09:22 - Les emplacements à Frontignan et à Marseillan, et donc ce sera participatif pour ceux qui en ont envie,
09:27 on a bien compris, plus on aura de données, plus ça permettra d'être précis au niveau des informations.
09:33 Merci beaucoup d'avoir été avec nous ce matin pour parler de ce projet,
09:38 donc gardien inauguré à Frontignan-Plage, c'est au niveau du poste de secours de la bergerie, c'est ça ?
09:43 - C'est au niveau du poste de secours de la bergerie, et comme vous l'avez dit, c'est une occasion de prendre date pour la suite,
09:47 donc on espère qu'on aura beaucoup de participants, parce que ça va être l'occasion de donner ses coordonnées,
09:52 et puis d'être un petit peu ensuite actif dans la vie de ce processus.
09:57 - Cette intelligence artificielle qui pourrait permettre de prévoir un peu plus finement les tempêtes.

Recommandations