GRAND AIR - AVRIL 2024 - L'hiver en pente raide...

  • il y a 6 mois
Regards croisés sur une discipline qui n'autorise pas le droit à l'erreur avec le guide de haute montagne Vivian Bruchez, référence du ski de pente raide (près d'une centaine de premières à son actif) et le jeune Tom Lafaille, devenu cet été le premier français a skier le Broad Peak (8051) depuis le sommet.

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00:00 [Générique]
00:24 Bonjour à tous, vous pouvez respirer à fond ces grands terres, le magazine de la montagne et des sports de pleine nature de Télé Grenoble.
00:31 Aujourd'hui on va suivre les traces de deux skieurs de pantraide.
00:35 A ma droite, Vivian Bruchet. Bonjour Vivian.
00:38 Bonjour.
00:39 Bienvenue, guide de haute montagne, une des références dans le monde de la pantraide depuis plusieurs années.
00:44 Plus de 80 premières je crois au palmarès, ça a peut-être augmenté depuis ?
00:48 Je ne suis pas vraiment dans le fait de compter tout le temps mais oui c'est à peu près ça.
00:52 Ça fait en tous les cas bien 20 ans maintenant que je pratique, ça ne me rajeunit pas trop mais 20 ans.
00:59 Alors vous êtes déjà venu plusieurs fois dans cette émission, lui c'est la première fois qu'il vient.
01:04 A ma gauche, Tom Lafay, bonjour Tom.
01:06 Bonjour Thibaut.
01:07 22 ans seulement et déjà aussi un beau palmarès en ski extrême avec notamment la descente cet été d'un 8000.
01:14 On en parlera au cours de cette émission.
01:17 Alors vous n'êtes pas tous les deux de la même génération, on ne sait pas faire offense à Vivian que de dire ça.
01:22 Mais vous êtes tous les deux de la même vallée, celle de Chamonix, vous avez grandi au pied du Mont Blanc.
01:29 Vivian, vous êtes guide de haute montagne, donc un alpiniste aguerri.
01:34 Mais avant de jouer du piolet, vous étiez plutôt un compétiteur acharné en ski.
01:40 Oui, c'est vrai que ma formation elle vient de là, c'est de la compétition en ski alpin.
01:45 Et en fait, ça m'a toujours servi tout au long de mon évolution dans le ski de panteret,
01:51 de cette formation un peu technique.
01:53 Et je pense que c'est ça que j'ai toujours voulu développer dans mon ski.
01:56 Et voilà, donc oui, la compétition, ça a occupé pas mal de mes années.
02:03 Et d'ailleurs, c'est là où j'ai rencontré Tom aussi, parce qu'après avoir été compétiteur, j'ai été entraîneur.
02:09 Et comme entraîneur, j'ai eu Tom.
02:11 Donc ça, c'est ça qui est le plus joli.
02:13 Et c'est qu'après, en tant qu'entraîneur, tu t'entraînes pour skier dans les piquets et s'exprimer au plus haut niveau.
02:20 Puis finalement, après, on se retrouve en panteret ensemble.
02:22 Et voilà, on fait un plateau ensemble, c'est que du plaisir, ça.
02:25 Il était comment comme coach, Vivian, quand vous faisiez vous aussi, Tom, du ski de compétition ?
02:30 Il était plutôt cool, hein ? Il était plutôt cool.
02:33 Il était plutôt cool, ouais.
02:35 Normalement, c'est marrant, c'est un super souvenir.
02:39 Vous rêviez de faire les JO, Vivian ? J'ai vu ça dans un interview.
02:43 Ouais, c'est vrai que j'avais ça en moi, en fait.
02:47 Ouais, ouais, ça m'a toujours fait rêver.
02:49 J'aurais voulu être un grand champion en ski alpin, quand j'étais plus jeune.
02:55 Bon, après, je pense que je n'y ai jamais vraiment cru.
02:59 J'en rêvais, mais je n'y ai jamais vraiment cru.
03:01 Et d'ailleurs, c'est plutôt à travers la panterette où je me rends compte que, par contre,
03:07 j'ai plus été beaucoup plus déterminé dans mes projets en panterette que ce que je l'étais en ski alpin.
03:12 Donc, alors qu'on est dans un environnement où il n'y a pas de compétition, c'est beaucoup plus de la liberté.
03:19 Mais finalement, la motivation et la détermination, elles te poussent beaucoup plus loin en montagne.
03:23 Bon, la panterette n'est pas au programme des JO, je ne sais pas si elle le sera un jour.
03:27 Ça m'étonnerait, c'est peut-être pas mal, d'ailleurs.
03:29 Le ski alpinisme va faire son entrée normalement au programme olympique prochainement.
03:34 Tom, vous êtes venu à l'escalade et à l'alpinisme un peu tard, finalement, pour un enfant de Chamonix, j'ai envie de dire.
03:41 À l'alpinisme, oui, et à l'escalade aussi, oui.
03:46 Je grimpais gamin quand j'étais en famille avec mon père.
03:53 Et puis après, j'ai arrêté et je suis revenu autour de mes 13-14 ans, vraiment.
04:01 Là, par contre, je suis vraiment tombé dedans et ça m'a plu et j'ai accroché.
04:09 Il a fallu annoncer à votre coach de ski que vous arrêtiez le ski pour vous consacrer à ce sport.
04:15 C'est vrai, en plus.
04:17 C'était un peu les années où il y a le potentiel, le pôle, il y a une opportunité qu'il faut choisir.
04:30 Donc non, je suis parti après direct 100% dans la grimpe, où je n'ai pas fait très long.
04:41 Et puis je pense qu'à un moment, j'en avais marre aussi de la compétition.
04:45 À ce moment-là, je me suis tourné plutôt vers la montagne au sens large.
04:55 Vous évoquez votre papa, Jean-Christophe Lafay, qui a été un alpiniste de très haut niveau dans les années 90 et 2000.
05:04 Il a marqué de son empreinte beaucoup de montagnes, notamment les Vaudes, dans le massif du Mont Blanc.
05:09 On le voit là sur ces images d'archives, grimper des faces un peu mythiques, sur lesquelles j'imagine, tous les deux, vous y êtes également allé.
05:19 Notamment les ouvertures dans les grandes Jauras.
05:22 Vivian, vous qui êtes un peu plus âgé, Jean-Christophe Lafay, vous l'avez connu au début de votre carrière ?
05:28 En tout cas, c'était un personnage qui comptait dans le monde de la montagne de l'époque.
05:32 Alors moi, je ne l'ai pas connu directement, mais c'est vrai que je l'ai beaucoup connu à travers Tom, finalement.
05:37 Et à travers ses échanges et tout ça.
05:40 Mais c'est sûr qu'encore et toujours, et en côtoyant aussi beaucoup de Tom maintenant, il est très présent.
05:48 Il est très, très présent, alors d'une bonne manière.
05:50 Et je pense que c'est ça qui est bien aujourd'hui.
05:53 C'est que tu te rends compte que cet esprit pionnier et l'esprit qui a marqué la montagne d'avant, continue à inspirer les nouvelles générations.
06:02 Donc, en fait, je pense qu'on a tous la passion de la montagne et je pense que c'est ça que l'héritage qu'on a de Jean-Christophe, je pense.
06:12 C'était un adepte des ascensions en solitaire, sans oxygène, sur les plus hauts sommets de la planète.
06:17 Et d'ailleurs, il a disparu en janvier 2006 au Macalus, dont il tentait l'ascension en hiver.
06:23 On n'a jamais retrouvé son corps. Il avait 40 ans. Vous aviez à peine 5 ans.
06:27 Vous gardez quand même des souvenirs de votre père sur vos premières années.
06:33 Grâce à des photos, à des images, oui, j'ai quelques souvenirs.
06:38 Après, c'est pas des souvenirs très clairs. C'est pas des souvenirs très précis.
06:47 J'ai quelques souvenirs, mais c'est pas des souvenirs très précis.
06:50 Grâce à toutes les images qu'on a, les photos, les vidéos, ses écrits, on a quand même un bel héritage.
06:59 C'est un nom difficile à porter quand on est un jeune et qu'on se lance dans le même registre que son papa, qui a autant marqué que ça sa génération ?
07:08 C'est pas facile. C'est pas facile.
07:13 Aujourd'hui, je fais aussi des choses différentes. Du coup, ça aide aussi.
07:21 Mais non, c'est pas toujours facile.
07:23 Jean-Christophe Fafay était très fort dans beaucoup de disciplines de montagne, mais je ne suis pas sûr qu'il était un grand adepte du ski de pentraide.
07:31 Je ne suis pas sûr non plus. Je ne pourrais pas le confirmer, mais je ne suis pas sûr non plus.
07:36 Qu'est-ce qui vous a attiré vers cette discipline qui reste quand même une discipline extrême ?
07:40 On fait du ski alpin, du slalom, des choses qui sont techniques, mais assez classiques.
07:46 Le ski extrême, il faut quand même passer un cap, notamment peut-être dans sa tête ?
07:51 Ça a été assez logique. Je faisais de l'alpin gamin. J'ai grandi avec le ski alpin.
07:56 Et puis, il y a eu un moment où je me suis tourné vers l'escalade et la montagne.
08:01 Et puis, en fait, il y a un moment où tu combines les deux.
08:05 Tu aimes la montagne et le ski. En fait, c'est parfait. C'est la discipline.
08:11 Oui, voilà. C'est du ski, mais c'est quand même bien montagne.
08:16 On peut dire ça. Vivian, à partir de quelle inclinaison de pente on considère qu'on est dans du ski de pentraide ?
08:23 Logiquement, à peu près, je dirais 40 degrés.
08:27 Alors, je n'ai pas envie de dire de bêtises, mais globalement, une piste noire, c'est 30 degrés.
08:33 À peu près, oui. C'est des bonnes pistes noires.
08:36 Voilà, bonnes pistes noires. Et après, c'est vrai que l'inclinaison de la pente, ce qui va beaucoup varier aussi, c'est l'exposition.
08:44 C'est-à-dire qu'en fait, tu peux avoir vraiment des pentes qui sont raides, mais où il n'y a pas de rochers, où il n'y a pas de barres rocheuses.
08:51 Là, tout de suite, ce n'est pas pareil. Dès que tu vas mettre un petit peu des cassures, des barres rocheuses, etc.
08:55 Donc, finalement, on a été obligé d'aller dans ce registre-là pour continuer à ouvrir des nouveaux itinéraires,
09:05 continuer à cultiver cet esprit pionnier.
09:08 Et finalement, c'est du ski hyper aérien sur des vires.
09:14 Donc, tu peux avoir des vires qui ne sont vraiment pas raides, mais par contre, qui sont très aériennes.
09:18 Donc, au final, voilà. Je crois que les années, on va dire, entre 80 et 90, le Graal, c'était le 60 degrés.
09:26 Et au fur et à mesure, maintenant, c'est plus des lignes qu'on va chercher que vraiment de la pente.
09:32 - L'inclinaison, oui.
09:33 Ça s'apprend dans les clubs de ski, par exemple, le ski de pentraide, ou c'est vraiment quelque chose que chacun développe de son côté ?
09:39 - Ce qui s'apprend, typiquement, à l'ENSA, on travaille le virage pentraide, par exemple,
09:46 qui a un mécanisme, une technique particulière pour faire un pivotement très court et faire des virages dans très peu d'espace.
09:52 Donc, en fait, ça, c'est une technique qui s'apprend et d'ailleurs, qui peut te faire évoluer,
09:59 ne serait-ce que quand tu es un skieur sur piste, savoir faire un virage pentraide, c'est pas que en pentraide,
10:04 c'est aussi pour passer des passages étroits, skier en forêt, par exemple.
10:08 Voilà, c'est vraiment un mécanisme qui te permet de pivoter sur place, quasiment.
10:13 Donc oui, on s'entraîne un petit peu comme ça.
10:18 Et maintenant, ce qu'on commence à développer, là, sur Chamonix, je travaille, moi, avec la Chamoniarde,
10:23 qui est un organisme de prévention et on fait des stages, ça s'appelle "Step by Step".
10:29 Donc ça, c'est réservé. Alors, on a deux stages, 14-19 ans et... enfin, 14-18 ans et 18-25 ans,
10:35 où là, on fait de la formation au ski de pentraide, ouais.
10:39 - Alors l'ENSA, c'est l'organisme qui forme les guides de haute montagne.
10:42 C'est par là, il y a quelques années.
10:44 Tom, suis également les traces de Vivian, puisque vous aussi, vous êtes aspirant guide
10:49 et bientôt guide de haute montagne. On vous a demandé dans la liste de course
10:52 pour valider le premier cap des descentes en pentraide, ou ça ne faisait pas partie des exigences ?
10:58 - Alors, dans la liste d'entrée au probatoire, pour le probatoire, ouais, ouais, il y a...
11:04 Enfin, on n'est pas obligé de mettre des descentes de pentraide, mais il y a une liste ski à faire, ouais.
11:10 Et forcément, forcément, il y a un petit peu de pentraide, ouais.
11:14 - Alors, ce n'est pas une discipline, quand même, à pratiquer à la légère.
11:17 Vivian, vous parliez de l'exposition. La chute est souvent prohibée dans ce type d'activité,
11:23 parce qu'elle est parfois fatale.
11:26 - Ben, ça dépend, encore une fois, ça dépend des itinéraires,
11:29 et en fait, ça dépend aussi des endroits dans ton itinéraire.
11:32 C'est pour ça qu'en fait, on essaie vraiment de s'obliger au maximum de grimper nos itinéraires
11:38 avant de les skier pour pouvoir repérer les endroits clés qui sont importants.
11:41 Tu as des endroits où, finalement, ben, c'est pas très dangereux,
11:46 et si tu te mets un roulet-boulet, ça va, tu t'en sors.
11:48 Mais il y en a d'autres, là, il ne faut pas tomber. Il ne faut vraiment pas tomber.
11:51 Donc, il faut être capable d'identifier ces endroits-là et être bon au bon endroit au bon moment, ouais.
11:59 - On vous voit, Tom, dans la descente du Mont Malais, dans le massif du Mont Blanc.
12:03 Vous y pensez à la chute, à la prise de risque quand vous êtes comme ça en action
12:06 ou vous arrivez à faire abstraction complètement ?
12:09 - Souvent, on fait quand même... Alors, on se sent exposé. Il y a des moments plus que d'autres.
12:18 Et on... Ouais. Alors, non, j'y pense...
12:25 - Il n'y a pas le moment de coup de flip des fois où vous vous dites qu'est-ce que je fais là ?
12:29 - Il y a des petits moments, ouais. Il y a des petits moments comme ça où...
12:33 C'est plutôt quand on va... Voilà.
12:37 Quand on se sent vraiment exposé, qu'on va un peu...
12:40 Qu'on sent qu'on va un petit peu chercher un petit peu plus, il peut y avoir ce petit...
12:45 Mais ce n'est pas ce qu'on va chercher.
12:47 C'est que souvent, si on a un petit peu ce coup de flip et qu'on n'est pas bien, c'est quand même pas bon signe, ouais.
12:53 C'est quand même pas bon signe.
12:55 - Alors, vous le disiez, Vivian, les précurseurs de la pantraide
12:59 ont écumé tous les grands itinéraires classiques du Massif du Mont-Blanc.
13:03 Donc, pour vos générations, il faut aller chercher des nouvelles lignes.
13:07 Il reste encore des choses à découvrir, des premières à faire,
13:11 notamment dans le Massif du Mont-Blanc, où ça commence à être un peu compliqué ?
13:15 - Non, non, non. Il en reste. Il en reste.
13:17 Alors, c'est sûr que c'est vraiment des combinaisons de ski, d'alpinisme, de traversée, des connexions.
13:24 Je pense aussi que l'effervescence des nouvelles disciplines, c'est-à-dire un peu le parapente, amène aussi des nouvelles choses.
13:32 C'est-à-dire que ça peut permettre encore des connexions.
13:35 Alors, c'est pas nouveau, parce que les enchaînements que pouvait faire un Jean-Marc Boivin,
13:40 ou même, tout à l'heure, on parlait des grimpeurs,
13:44 il y a déjà plein de choses qui se sont faites avec cet outil-là.
13:47 Mais maintenant, j'ai l'impression que ça s'ancre un peu plus.
13:51 Et moi, j'étais encore en montagne ce matin, je croise des jeunes au jour d'aujourd'hui,
13:55 ils savent tout faire. Ils vont skier, ils vont grimper, ils vont voler en parapente.
14:01 Enfin, ils ont un panel qui est extrêmement large.
14:04 Mais bon, après, tu peux avoir un panel très large,
14:08 il faut quand même cultiver aussi, quand même, de l'expérience montagne, qui est quand même importante.
14:14 - Je crois que vous faites du parapente, Tom ? - Un petit peu, ouais. Enfin, ouais, je vole en montagne, ouais.
14:19 - Vous préférez redescendre quand même plutôt en ski qu'en volant, quand les conditions sont bonnes ?
14:23 - Ouais, c'est pour skier quelque chose de sympa, ouais.
14:26 - J'ai bien évoqué la technique, est-ce qu'elle a évolué depuis, on va dire, les années 70, 80 ?
14:32 J'ai quelques images de Pierre Tardivelle, qui était l'une des références de la pantraide à ces époques,
14:38 notamment dans les années 80.
14:41 Aujourd'hui, on ski de la même façon ou les choses ont changé ?
14:45 - Bah, ce qui évolue beaucoup, non, c'est pas trop la technique, c'est plutôt l'approche des conditions,
14:51 qui a beaucoup, beaucoup évolué depuis ces dernières années.
14:54 Moi, je me souviens, quand je commençais un peu à skier en pantraide,
14:58 il y avait un espèce de petit combat entre pantraide, freerider,
15:02 les freeriders, ils ne font pas de la pantraide, etc.
15:06 Et finalement, le freeride a apporté beaucoup de choses aussi à la pantraide,
15:10 c'est-à-dire que, bon, en fait, ça a amené le fait de skier plus vite dans les itinéraires
15:15 et aussi dans des conditions de neige qui sont totalement différentes.
15:18 C'est-à-dire que, on va dire, dans les années où on voit les images un peu avec Tardivelle,
15:24 là, c'était plutôt une neige de printemps qui était favorisée,
15:27 maintenant, ce qui se passe beaucoup, c'est que c'est vraiment une neige hivernale.
15:30 Donc, bon, ça fait qu'on arrive à skier globalement toute l'année.
15:38 Mais voilà, ce qui a beaucoup changé, c'est cette approche des conditions,
15:42 qui est bien et il y a aussi des choses moins bien dedans,
15:47 parce que finalement, qui dit neige hivernale, dit tu t'exposes beaucoup plus à un risque d'avalanche.
15:52 Et ça, pour moi, au jour d'aujourd'hui, le fait de skier vite en pantraide,
15:55 c'est quand même réservé à une toute petite élite de skieurs.
15:59 On a l'impression que c'est ouvert à tout le monde, mais non,
16:02 skier vite dans une pente et gérer un sluff, donc des coulées de surface,
16:06 ça, c'est réservé à vraiment une poignée de skieurs.
16:09 Voilà, clairement, je sais que ce n'est pas vraiment mon style.
16:13 Moi, je sais que j'ai plutôt une vision assez traditionnelle de la discipline.
16:17 J'aime bien ce que faisaient les anciens.
16:19 J'aime bien rester là-dedans, skier de la neige de printemps, neige dure, béton, ça me va très bien.
16:25 Là, on voit justement parmi les anciens Jean-Marc Boivin,
16:27 qui lui aussi était un adepte de la pente raide.
16:32 Le matériel, on a vu les chaussures d'époque.
16:35 C'est là aussi une évolution ? Finalement, vous pourriez faire la même chose avec leur matériel ?
16:40 C'est sûr que là, le matériel a quand même vraiment évolué.
16:42 Et là, en plus des très longs skis, des chaussures rigides, la fixation,
16:46 nous, c'est sûr qu'on est beaucoup plus léger, qu'on utilise des skis aussi plus courts.
16:51 Ça serait d'ailleurs intéressant d'aller revisiter des itinéraires avec le matériel d'époque.
16:57 Ça pourrait être très sympa.
17:04 C'est sûr qu'on n'a pas le même matériel.
17:07 Il y a une différence aussi entre cette époque-là et aujourd'hui.
17:11 C'est que par exemple, Jean-Marc Boivin, qu'on a vu dans la face sud de l'aiguille du Moine,
17:15 sur ces images, il était monté en hélicoptère au sommet.
17:18 Ça, ça ne fait plus partie des usages ?
17:21 Tom, vous seriez tenté encore si c'était possible ?
17:24 Pas trop, non.
17:26 Je ne serais même pas tenté.
17:29 On ne se posait pas de questions à cette époque-là.
17:32 Ça faisait partie de la pratique courante de monter au sommet de la Verte depuis Chamonix
17:37 et de faire une descente de couloir ?
17:39 Il y a eu toute une époque où en fait, ça se faisait comme ça.
17:44 Puis finalement, il y a peu de temps, on a sorti un film "Portrait sur l'aiguille verte".
17:50 Il y a toutes les images d'archives.
17:53 Des images avec Serge Cacharosset qui avait fait la première descente du couloir couturier à l'aiguille verte.
18:00 À cette époque-là, on ne se posait pas trop de questions.
18:05 Peut-être qu'aujourd'hui, il la referait en alpinisme.
18:09 Je pense que oui, maintenant, on est quand même plus attaché, entre guillemets, au fait de grimper.
18:15 Finalement, la montée est autant intéressante que la descente.
18:19 C'est plutôt un peu le voyage entier qui va nous intéresser.
18:22 Alors Jean-Marc Boivin avait réalisé en 1987,
18:26 c'est les images qu'on a vues, la première descente à ski de la face sud de l'aiguille du Moine.
18:30 Et trois de vos copains, Chamonia, ont réédité cette descente cet hiver.
18:35 On voit les images, Jules Saussier, Damien Arnaud et Aurélien Lardi.
18:39 Une descente qui demande un grand niveau d'engagement.
18:42 Vous l'avez déjà faite, vous, Vivian, cette face sud de l'aiguille du Moine ?
18:46 Non, moi, la face sud, je ne l'ai pas faite. J'ai fait des itinéraires à côté, un peu en dessous.
18:50 Et je sais que Tom y était. Et je pense d'ailleurs, s'il y a des traces qui sont devant, c'était des traces de Tom juste avant.
18:56 Vous êtes monté avec eux ?
18:58 Non, on y était deux jours avant, nous. En fait, on y était deux jours avant, Aurélien et Jules.
19:03 J'étais avec une amie, Faye Meners, et on avait skié, ouais, deux jours avant.
19:10 Vous les avez... Vivian, expliquez le risque, la prise de risque, là, sur ces corniches,
19:16 où des deux côtés, on a beaucoup de vide.
19:19 Alors, ouais. Alors, le haut, le haut est assez raide. La première pente, les 15 premiers mètres sont assez raides et très expos.
19:29 Assez raides pour un skieur de pente raide, ça veut dire très raides.
19:33 Assez raides, ouais. J'étais même un peu étonné. J'ai dit "ah, c'est raide".
19:38 Le premier virage du sommet, sommet est raide. Et après, la suite reste soutenue, hein.
19:44 Reste soutenue et on est toujours bien exposé, ouais. Ça, c'est clair que...
19:50 Alors, quand on ski des aiguilles rocheuses, il ne faut pas parfois aller chercher la neige au milieu des cailloux.
19:58 On vous voit, là, Tom, sur un autre sommet du Massif du Mont-Blanc. Je crois que c'est du côté de la dent du géant.
20:05 C'est pas plus simple de déchausser à ce moment-là que de passer avec les skis ?
20:09 Bah, déchausser, alors déjà, nous, dans notre éthique de ski, parfois...
20:15 On veut pas.
20:16 On aime bien aller gratter un peu. Et puis, en fait, on perdrait même du temps de déchausser, de remettre des crampons, voilà, de désescalader.
20:27 Et là, on est sur des lignes qui sont presque un peu des entraînements.
20:32 Donc on aime bien se mettre un peu dans le dur et puis, ouais, voir les limites.
20:40 Ça vous plaît aussi, Vivian, ce type de passage ?
20:43 Ah bah moi, je dirais que je l'ai quand même beaucoup développé, le dry skiing.
20:48 C'était dans un film qui s'appelle "T'es pas bien là" qui a beaucoup tourné.
20:51 C'était déjà, il y a plus de 10 ans maintenant, et on était déjà dans des trucs de désescalade,
20:55 ce qui est beaucoup avec Kilian Jornet à cette époque-là.
20:58 Et ouais, je l'ai bien vachement développé, cette technique.
21:02 Et c'est vrai que... Voilà, suivant où tu le fais, pas partout non plus.
21:09 Bon, le massif du Mont-Blanc avec des sommets à plus de 4000 mètres ne nécessite pas forcément d'aller chercher ailleurs du ski de pentraite.
21:19 Pourtant, dans des massifs moins élevés, on peut trouver des descentes à réaliser.
21:25 J'ai des images du Mont Bilyat, c'est dans le Chablé.
21:28 Vous avez skié tous les deux, on voit cette ligne il y a deux ans, je crois que c'était en 2021.
21:34 Là pourtant, on est à moins de 2000 mètres d'altitude au sommet, Vivian.
21:38 Ça, c'est des petits trésors, ça c'est des petits trésors qu'il n'y a pas très loin de la maison.
21:42 Et en fait, nous, on a la fois cette chance d'être né à Chamonix et d'avoir la verticalité des montagnes.
21:48 En fait, on porte ça en nous, mais au final, quand on va chercher un peu dans d'autres massifs, un peu plus bas,
21:52 des lignes un peu esthétiques comme ça, on est hyper heureux d'aller découvrir ça.
21:58 Comment vous voulez repérer ces lignes, justement ?
22:01 On cherche. On cherche quand même beaucoup.
22:05 On passe du temps soit un peu sur des applications de cartes, soit dans des topos.
22:10 Il y a aussi des formes d'inspiration qui peuvent être, au jour d'aujourd'hui, les réseaux sociaux.
22:14 Ils peuvent aussi nous donner un peu des idées.
22:18 C'est intéressant, parce qu'on va regarder un peu derrière les photos des gens.
22:24 Mais la particularité de ces lignes qui sont un peu basses en altitude, c'est ce côté un peu éphémère.
22:29 C'est le côté que le créneau, il est bon pendant très peu de temps.
22:33 Donc c'est ça la grande différence.
22:36 Ce n'était pas large, cette ligne-là, en l'occurrence.
22:41 On parlait de la taille des skis tout à l'heure.
22:43 Là, il faut bien choisir, non ?
22:45 Là, c'est pas très large.
22:49 Non, c'est pas très large.
22:52 Parfois, puisque j'évoque la taille des skis, quand on pratique le ski de pantraide,
22:57 il faut être capable de passer dans des trous de souris.
23:01 Vivian, ça, vous aimez bien ?
23:04 J'aime assez. C'est une espèce de particularité.
23:07 Je trouve, tout à l'heure, je disais que c'est des trésors.
23:10 J'aime bien ces endroits un peu atypiques.
23:16 C'est encore autre chose que du ski de pantraide.
23:21 C'était dans les showrooms, en plus, les showrooms olympiques.
23:24 Ça, c'est la traversée héroïque.
23:29 C'est des beautés de la nature. C'est des cadeaux.
23:33 C'est très compliqué à s'enneiger parce que forcément, vu que c'est des trous…
23:38 Ça glisse dedans.
23:40 Ça rentre des fois avec le vent.
23:42 Encore une fois, ça a un côté très éphémère.
23:44 Les conditions ne sont pas tout le temps là.
23:47 Mais ce qu'il y a de beau, c'est d'être au bon endroit, au bon moment,
23:51 avec les bonnes personnes. Je crois que c'est ça, la quête.
23:55 Il y a une technique particulière pour passer ski au pied dans ces trous de souris ?
24:00 Celle-là, je l'adore. C'est une petite technique de désescalier.
24:05 C'est quand tu n'es pas capable d'aller tout droit dans le trou.
24:09 Ce jour-là, j'étais accompagné avec Léo Slemet.
24:11 Léo Slemet est ancien champion du monde de freeride.
24:15 Lui, il est passé tout droit sans problème.
24:18 Sauf que derrière, il a quand même tremblé un peu.
24:21 Mais moi, j'y vais un peu plus tranquille.
24:24 Ça passe très bien aussi.
24:26 Ça passe très bien. Il y a chacun sa méthode.
24:29 Au-delà de ça, c'est ça qui est hyper intéressant à travers le ski de pantraide,
24:34 le ski de montagne, c'est que tu peux développer plein de petites techniques.
24:37 Déjà pour prendre soin de toi et ta sécurité.
24:41 Et puis aussi pour savoir utiliser tes skis.
24:45 C'est le prolongement de toi-même.
24:47 Ce sont des petits outils qui te permettent de faire du franchissement.
24:51 Tom a expliqué qu'un skieur de pantraide, il n'aime pas trop des chaussées.
24:55 Parfois, le trou de souris est tellement petit
24:57 qu'il faut quand même enlever les skis, Vivian.
25:00 Oui, ça, c'était des belles belles images.
25:02 C'était au Chardonnay avec Kilian Jornet.
25:05 C'était il y a déjà quelques temps.
25:08 Et là, on n'arrivait pas à skier.
25:11 Donc, on avait dû passer à l'intérieur, ressortir derrière.
25:15 Ça, c'est des très beaux voyages qu'on a pu faire dans l'aiguille du Chardonnay.
25:20 Qui étaient au départ des voies historiques d'alpinisme.
25:22 Et en fait, très souvent, c'était aussi les voies historiques d'ascension en alpinisme
25:28 qui étaient un peu perdues dans l'oubli des montagnards, des alpinistes.
25:33 Donc, un peu dans l'oubli de tout ça.
25:35 Et revisiter avec les skis au pied,
25:37 c'est en fait des itinéraires qui se répètent chaque année.
25:40 Et je crois que c'est ça la belle évolution de la discipline.
25:44 C'est un bon skieur de pantraide, Kilian Jornet ?
25:47 Eh bien, Kilian, il a énormément progressé.
25:50 Il a beaucoup progressé.
25:52 Non, non, il a…
25:53 Moi, les premières descentes que j'ai faites avec lui, c'était en 2012.
25:56 Et jusqu'à 2016, on a beaucoup skié ensemble.
25:59 Et en 2016, c'était plus du tout le même skieur qu'en 2012.
26:02 Il avait des capacités aussi d'apprentissage extrêmement… très, très rapide.
26:09 Et il est devenu extrêmement fort.
26:12 Il a d'ailleurs réalisé une descente en Norvège, le Troll Wall,
26:16 qui est franchement vraiment costaud.
26:20 Alors, même si on peut pratiquer le ski de pantraide à moins de 2000 m d'altitude,
26:24 on l'a vu, ou dans des trous de souris,
26:26 on a quand même plutôt tendance à regarder vers le haut
26:28 quand on fait des exploits comme les vôtres.
26:31 Tom, je ne sais pas si c'était une question de gêne,
26:34 mais vous aussi, vous avez cédé à l'appel des 8000.
26:37 Vous êtes parti cet été pour votre premier 8000 au Pakistan,
26:41 le Broad Peak, 8051 m.
26:45 C'est une montagne qui inspire les Français.
26:48 Elle a été survolée il y a quelques années.
26:50 On voit les images par le Français Antoine Girard en parapente.
26:53 Il est devenu le premier parapentiste à franchir la barre des 8000 m.
26:58 On voit ce sommet. Il paraît assez bon enfant vu comme ça, vu d'en haut.
27:04 Le sommet a aussi été escaladé, le Broad Peak,
27:07 au pas de course par Benjamin Védrine,
27:09 avec un décollage ensuite de tout en haut
27:12 pour une descente express jusqu'au camp de base.
27:16 Vous, Tom, sur ce Broad Peak, vous n'avez pas emmené le parapente.
27:20 Non, je n'avais pas pris le parapente. J'avais les skis.
27:23 Vous aviez les skis.
27:25 L'objectif, c'était de pouvoir le descendre à skier.
27:28 L'objectif, c'était vraiment de skier.
27:33 Aller sur un 8000, ça m'intéressait s'il y avait le côté ski.
27:38 Ça, c'était clair. C'était une super expérience.
27:46 On a eu une expé qui était compliquée.
27:50 On a eu beaucoup d'aléas, de pertes de matériel.
27:59 Enfin, le "perte", on s'est fait déchirer une tente
28:02 avec tout notre matériel dedans.
28:04 Il y a eu des conditions météo compliquées dans le Karakoram cette année.
28:12 On a quand même vécu un truc qui n'était pas facile.
28:19 C'était votre première expérience à si haute altitude.
28:23 Vous aviez fait le choix d'y aller sans oxygène aussi.
28:26 Oui, exactement.
28:32 Ce n'est même pas un choix.
28:37 Vous ne vous imaginiez pas faire autrement ?
28:39 Non, pas du tout.
28:42 Il y a quelqu'un qui vous regarde peut-être.
28:45 Peut-être. J'ai grandi avec cette vision.
28:50 Ce n'est pas possible pour moi.
28:57 Benjamin Védrine avait mis 7h28 pour aller du camp de base
29:00 qu'on a vu jusqu'au sommet.
29:02 C'est un record de mutant.
29:04 Il a fallu combien de temps pour gravir cette montagne ?
29:07 On a pris une nuit à la descente.
29:14 3 jours, presque 4 jours.
29:24 On avait perdu tout notre matériel.
29:27 Quand on est reparti du camp de base pour le sommet,
29:30 on est parti avec tout sur le dos.
29:32 On est parti avec la tente, le duvet,
29:35 on est parti avec des sacs de plus de...
29:38 Vous êtes bien chargé.
29:40 Vous étiez en plus chargé que Benjamin Védrine.
29:42 On partait pour le sommet.
29:44 En plus, on était redescendus l'avant-veille
29:47 de notre dernière rotation.
29:49 On voyait 3 jours de fenêtre météo.
29:54 On était éclatés.
29:57 C'était une jeune skieuse polonaise.
30:00 Elle est aussi bien chargée.
30:03 Le problème de la pentraite, c'est qu'il faut avoir
30:06 double matériel sur le sac.
30:08 Ce n'est pas facile à gérer non plus.
30:11 Quel matériel on utilise ?
30:14 Les chaussures ne sont pas faites pour aller à 8000.
30:17 Il faut plein de petits trucs.
30:19 Des guettes.
30:21 On rajoute des petites difficultés aussi.
30:26 - On l'a vu sur les images, il n'y avait pas de sherpa
30:29 pour porter les sacs.
30:31 L'objectif, c'était d'être le premier Français
30:34 à descendre le Brodpik à ski.
30:36 Ça n'avait jamais été fait par un Français ?
30:39 - Ce n'était pas l'objectif.
30:42 Moi, c'était vraiment d'expérimenter le ski à 8000.
30:45 - Le ski de haute attitude.
30:47 - Il s'avère que le Brodpik,
30:50 au ski des récits,
30:52 c'est considéré comme un 8000 facile,
30:55 parce qu'il est relativement bas.
30:58 Mais en fait, déjà, à skier,
31:01 ce n'est vraiment pas facile.
31:03 Ça, c'est à 8000.
31:05 C'est sur l'arrête du sommet.
31:08 Là, ça ressemblerait à l'arrête de l'aiguille du midi,
31:11 avec des grosses corniches à droite,
31:14 de la neige comme on trouve à 8000,
31:17 donc pourries, cartons.
31:20 Toujours expos.
31:23 Donc à 8000, ce n'est pas le plus skiant.
31:26 Ça, c'est sûr.
31:29 - Et puis, vous êtes sans oxygène.
31:32 On sait que les capacités physiques sont amoindries,
31:35 même les capacités mentales à cette altitude-là.
31:38 On le ressent quand on est sur les skis,
31:41 qu'on n'a pas tous ces moyens ?
31:44 - Au moment où on chausse les skis,
31:47 moi, je me suis senti bien.
31:50 J'ai chaussé et tu...
31:53 - Vous étiez dans votre élément.
31:56 - Il y a tellement d'expérience.
31:59 J'ai eu un sentiment de sécurité.
32:02 J'ai chaussé et j'ai dit OK, là, je sais faire.
32:05 Mais oui, on le ressent.
32:08 Même physiquement, on ressent que tout notre corps...
32:11 Et puis le Brod-Pic, c'est particulier
32:14 parce qu'on passe du temps à 8000 aussi.
32:17 On est sur une arête.
32:20 Il y a le Rocky Summit et le vrai sommet.
32:23 Du coup, je pense qu'il y a presque 2 km à 8000.
32:26 Et en fait, c'est super long.
32:29 - On est dans le registre de la pente raide aussi
32:32 sur ce type de montagne.
32:35 On vous voit là dans ce couloir.
32:38 - Globalement, si on se met en roule-boule du sommet,
32:41 on finit au camp de base.
32:44 Et là, il y a des sections, il y a des zones
32:47 où on va... Là, on était même assez loin
32:50 de la voie normale.
32:53 Donc pendant 1 500 m,
32:56 on s'éloigne complètement de la voie normale.
32:59 Et on rentre à vue dans ces itinéraires aussi.
33:02 Et ça, cette section-là entre le camp 3 et le camp 2,
33:05 finalement, c'est déjà une descente en elle-même.
33:08 C'est un peu... Voilà, c'est un peu raide.
33:11 On a des gros sacs.
33:14 On est... On est cuit.
33:17 Donc non, non, c'est sûr qu'il y a une part de...
33:20 Ouais, c'est de la pente raide aussi, ouais.
33:23 - Vous l'avez descendue, cette montagne.
33:26 Jusqu'en bas, c'est un sommet, le brode-pique
33:29 que votre père avait gravi en 2003.
33:32 D'ailleurs, si je me souviens bien, pour lui,
33:35 sur cette montagne... - Ouais, c'est clair.
33:38 Il avait fait un oedème pulmonaire.
33:41 Il avait enchaîné en fait Dolaguerine,
33:44 Angaparbat et Brode-pique.
33:47 Et je pense qu'il était cuit. Il était cuit.
33:50 Et il a fait un oedème au sommet du brode-pique
33:53 dans la descente. Et ouais, il est tombé
33:56 dans une crevasse. Enfin bon, il...
33:59 Et il s'en est sorti. C'était Denis Roubko
34:02 que d'ailleurs j'ai rencontré à Scardou.
34:05 Je suis arrivé à Scardou l'année dernière.
34:08 On s'est croisés, on était dans le même hôtel.
34:11 Donc c'était très cool de le rencontrer.
34:14 Et ouais, il a failli...
34:17 Ouais, il était pas super bien.
34:20 - Vivian, vous avez déjà skié
34:23 si haut à 8000?
34:26 - Non, non. Alors moi j'ai fait
34:29 deux expéditions à 8000, mais toujours...
34:32 Alors déjà au Népal. Une à l'Everest
34:35 avec Kylian Jornet et une autre au Dolaguerie
34:38 plus récemment. - Qui avait jamais été skié
34:41 je crois à l'époque. - À l'époque.
34:44 Et d'ailleurs, on avait pris une option
34:47 d'y aller à l'automne. A chaque fois j'ai été à l'automne
34:50 au Népal et à chaque fois j'ai rencontré trop de neige.
34:53 Et trop de neige dit forcément
34:56 risque d'avalanche, donc du coup tu fais quand même beaucoup
34:59 beaucoup de demi-tours, etc.
35:02 Et donc le Dolaguerie a finalement été skié au printemps.
35:05 Donc le printemps dernier.
35:08 Donc c'était une super belle réalisation.
35:11 Et voilà, j'ai jamais eu l'occasion d'aller au Pakistan
35:14 et c'est vrai que quand je vois justement le genre de conditions
35:17 qu'ont pu trouver Tom ou les dernières réalisations
35:20 il y a André Bargel qui est un grand skieur
35:23 au jour d'aujourd'hui qui est un peu dans
35:26 voilà, qui skie beaucoup à 8000.
35:29 Je pense que le Pakistan l'été
35:32 a l'air d'être assez bien
35:35 pour skier en tout cas. - Bon là on voyait vos images
35:38 du Dolaguerie, je crois que c'était à l'automne
35:41 2022. - C'est ça.
35:44 - Vous aviez quand même pu glisser
35:47 c'était pas le sommet du Dolaguerie mais vous avez fait
35:50 quelques descentes quand même sympas
35:53 sur ces montagnes. - Oui, on avait pu glisser
35:56 alors forcément en fait, t'as toujours envie de plus
35:59 parce que, une expédition tu pars
36:02 quand même au minimum entre 6 à 8 semaines
36:05 de la maison. Donc c'est vrai que t'as quand même
36:08 l'envie de pouvoir optimiser au maximum ton voyage
36:11 en plus c'est quand même un peu loin
36:14 de la maison.
36:17 J'aurais aimé encore skier plus
36:20 parce que finalement, un peu plus bas en altitude
36:23 on avait des très très bonnes conditions de neige. Et je pense
36:26 que des fois, quand les conditions elles sont pas au top
36:29 à plus haute altitude, finalement d'ouvrir ses yeux
36:32 sur des sommets un peu moins hauts c'est aussi très sympa.
36:35 Mais voilà, on avait fait du beau ski quand même, pas le ski
36:38 qu'on venait chercher mais c'est quand même un bon souvenir.
36:41 - Bon, Tom évoquait le sauvetage de
36:44 Jean-Christophe sur le Bret-Pic. Vous aussi vous avez eu chaud
36:47 je crois sur le Dolaguiri. - Ouais, bah Dolagiri justement
36:50 on s'était fait un peu emprisonner
36:53 un peu par la montagne
36:56 par rapport aux risques liés à la neige et puis aussi
36:59 quelque part peut-être emprisonner par nos peurs
37:02 je pense.
37:05 Tout ce qu'on essaye de mettre un petit peu de côté
37:08 chez nous dans les Alpes entre
37:11 risques liés à la neige, Serac
37:14 grandes montagnes, etc.
37:17 Et bah là-bas en fait, faut que tu l'acceptes.
37:20 - Il n'y a pas le choix. - Sur les 8000 quelque part
37:23 faut vraiment accepter de mettre un engagement
37:26 qui est quand même plus haut.
37:29 Alors si en plus t'as pas les conditions qui sont bonnes
37:32 tu passes pas d'une super nuit quoi.
37:35 Donc on a
37:38 vécu un peu ça et c'est vrai que
37:41 le fait de le vivre t'as pas forcément envie de le revivre après
37:44 mais c'est toujours des expériences forcément quand ça se passe bien
37:47 que ça se termine bien et que
37:50 toute l'équipe rentre tranquille à la maison
37:53 c'est que de l'apprentissage.
37:56 - D'autres projets en Himalaya
37:59 ou pour l'instant c'est pas d'actualité ?
38:02 - Himalaya pas tout de suite pour moi en tous les cas
38:05 les Alpes encore parce que
38:08 mine de rien même après avoir skié 20 ans
38:11 essentiellement autour de la maison presque je dirais
38:14 bien qu'il y a quand même eu des expés, des voyages, etc.
38:17 Et bah mine de rien depuis
38:20 les 4-5 dernières années il y a quand même
38:23 je m'ouvre quand même beaucoup plus aux Alpes
38:26 et au sommet un peu haut quoi
38:29 je suis à 8000 qui m'intéressent
38:32 et il y a beaucoup beaucoup à faire donc voilà
38:35 en tous les cas cette année je vais être concentré là-dessus.
38:38 - Tom, envie d'y retourner à 8000 ?
38:41 - Ouais certainement.
38:44 - Il y a une voie sur Langa Parbat qui porte votre nom
38:47 ça vous donne envie d'y aller ?
38:50 Sur cette montagne en particulier ?
38:53 - Oui ça me donne envie.
38:56 - Ça donne envie ouais.
38:59 - Ce nom à cette voie ?
39:02 - Complètement, qui est à gauche de la King Chauffeur
39:05 de la voie normale et oui oui
39:08 ça me donnera envie en tous cas de voir la ligne
39:11 d'avoir une idée
39:14 de ski.
39:17 - Alors Jean-Christophe Lamaille
39:20 qu'on voit sur ces images il avait l'ambition de gravir
39:23 ce sommet de la planète et de devenir le premier français à réussir
39:26 cet exploit qui avait été réalisé pour la première fois en 1986
39:29 par Reinold Messner.
39:32 Il est mort je crois sur son douzième sommet.
39:35 Il aura fallu attendre 40 ans
39:38 après Messner pour qu'un français arrive à boucler ces 14 8000
39:41 alors c'est une française en l'occurrence une femme
39:44 qui devance les hommes dans le milieu de l'alpinisme
39:47 c'est pas banal et elle a d'ailleurs terminé
39:50 cette ascension l'été dernier par le Nanga Parbat
39:53 on va voir quelques images, elle s'appelle Sophie Laveau
39:56 alors c'est pas une alpiniste professionnelle
39:59 en tout cas
40:02 elle pratique la montagne, l'himalayisme
40:05 avec tout l'aspect commercial que peut représenter
40:08 ses experts, des Sherpas, des voies équipées mais elle a quand même
40:11 réussi à enchaîner ces 14 8000
40:14 la performance a été différemment appréciée dans le milieu de la montagne
40:17 Vivian comment vous l'analysez ?
40:20 - Moi je trouve ça magnifique, je trouve que
40:23 ce qui me plaît beaucoup là dedans
40:26 déjà que ce soit une femme je trouve ça magnifique
40:29 et puis d'un autre côté je ne la connais pas du tout
40:32 mais je me dis que c'est surtout
40:35 un projet de vie qu'elle a eu
40:38 c'est ça que j'aime bien
40:41 et d'aller accomplir, c'est un accomplissement je pense qu'au delà
40:44 d'être la première femme ou la première française
40:47 suisse aussi
40:50 enfin franco-suisse - Elle est même canadienne, elle a trois nationalités
40:53 - Avoir réalisé ça, je pense qu'au delà de la performance
40:56 c'est ça, c'est que c'était un projet de vie sur le long cours
40:59 et au final tu te rends compte que le fait de durer
41:02 le fait de garder l'envie
41:05 d'échouer aussi parce qu'il y a quand même pas mal de sommets
41:08 qu'elle a dû retourner de nombreuses fois
41:11 je trouve que d'aller au bout de ça c'est beau
41:14 - Elle a mis une vingtaine d'années je crois pour boucler ce périple
41:17 ou une quinzaine d'années
41:20 Tom, ces 14 8000 c'est un objectif qui pourrait vous intéresser ?
41:23 - J'ai envie de retourner à 8000
41:32 après les 14, non pas forcément
41:35 mais certainement retourner
41:38 faire du ski à 8000 ça me parle
41:41 mais les 14
41:44 c'est pas nécessairement
41:47 ce que je cherche
41:50 - Il y a les 14 8000
41:53 les 82 4000 dans les Alpes, je sais que Vivien avait le projet
41:56 de les descendre à ski, ces 4000 alpins
41:59 - Ouais, c'est ça
42:02 en fait c'est surtout
42:05 j'ai vraiment l'impression que c'est de s'offrir des cadeaux
42:08 d'aller un peu sur des sommets
42:11 qui sont à la fois pas très loin
42:14 mais qu'il faut quand même aller chercher
42:17 j'ai un souvenir encore au printemps dernier d'aller au Piz Bernina
42:20 d'aller skier une arête qui est plutôt connue pour les alpinistes
42:23 qui s'appelle la Biancograte
42:26 j'étais tout seul, je me suis mis un voyage
42:29 vraiment magnifique et je me souviendrai vraiment de ça
42:32 donc il y a beaucoup de belles choses à réaliser
42:35 sur certains sommets
42:38 j'ajoute des ingrédients que j'aime bien
42:41 un coup on a accédé à vélo, un coup on a accédé en train
42:44 un coup on est rentré en canoë
42:47 par les ruisseaux, par les torrents
42:50 voilà c'est plus
42:53 utiliser le terrain
42:56 pour vivre des aventures
42:59 souvent on dit l'aventure devant chez soi
43:02 il faut quand même aller les chercher
43:05 oui elles ne sont pas très loin
43:08 mais si tu pars à pied ça fait loin
43:11 - ils sont tous skiable depuis leur sommet
43:14 les 4000 des Alpes ou pas ?
43:17 le Cervin par exemple ça ne peut pas passer en ski d'en haut ?
43:20 - le Cervin si, depuis le sommet ça a été fait
43:23 moi j'ai skié seulement la face est et pas du sommet
43:26 donc forcément c'est vrai que
43:29 si je voudrais vraiment aller au bout de ce projet
43:32 vu que c'est possible de le faire
43:35 peut-être que j'y retournerais
43:38 pour le moment ce n'est pas ma priorité
43:41 mais non c'est plutôt par exemple la dent du géant
43:44 bon là ça devient hyper compliqué forcément
43:47 mais par contre ce qu'il faut se dire
43:50 c'est que sous la dent du géant
43:53 il y a des routes qui sont plus pratiquables
43:56 donc c'est plutôt amener une vision ski sur ces 4000
43:59 forcément en les ayant tous gravis jusqu'au sommet
44:02 mais voilà en restant quand même dans du convenable
44:05 - le réchauffement climatique
44:08 est-ce que ça a un impact sur votre discipline ?
44:11 sur l'alpinisme on le sait il y a des voies qui ont changé
44:14 qui sont plus praticables
44:17 est-ce que sur le ski de Pantraide aujourd'hui
44:20 il y a la différence ?
44:23 je me tourne plutôt vers Vivian qui a déjà une vingtaine d'années de pratique
44:26 qui peut peut-être juger
44:29 est-ce que c'est une activité qui pâtit de ça ou pas vraiment ?
44:32 - en fait il y a quand même les deux côtés
44:35 c'est à dire qu'il y a des descentes qui vont
44:38 et qui se sont faites ces dernières années
44:41 et qui ne pouvaient pas se faire avant
44:44 justement parce que les glaciers étaient trop volumineux
44:47 et il y avait de nouvelles voies
44:50 donc des nouveaux itinéraires
44:53 donc quelque part c'est aussi à nous de réinventer et de s'adapter à ce qui se passe
44:56 ça va également changer un peu aussi sur la neige
44:59 tout à l'heure je disais qu'on arrive maintenant à skier toute l'année
45:02 et peut-être les notions de température
45:05 font que quelque fois
45:08 ça peut coller un petit peu plus
45:11 donc voilà il y a des choses qui sont plus pratiques
45:14 et qui font que la neige va se faire un petit peu plus
45:17 donc voilà il y a quelque part là ce que je dis
45:20 c'est plutôt des bonnes choses qui se passent pour la portraite
45:23 même si le sujet est quand même un peu moins positif
45:26 mais oui ce que ça a changé c'est à peu près ça
45:29 - donc il y a encore de l'avenir entre guillemets
45:32 pour cette pratique dans les années qui viennent
45:35 vous avez encore de beaux jours devant vous
45:38 de belles descentes à faire
45:41 on parlait de la neige sur les différents continents
45:44 on s'est rendu compte que finalement à 8000 c'est pas très bon
45:47 faut pas y aller pour la qualité de neige
45:50 est-ce qu'il y a des montagnes réputées plus que d'autres
45:53 pour justement avoir une bonne qualité de neige dans le monde
45:56 qui avait un peu baroudé ?
45:59 - l'Alaska, j'allais dire
46:02 moi j'ai des souvenirs au Denali de ce qu'est une neige
46:05 sans aucune cohésion, assez profonde
46:08 et tu as le sentiment de skier dans une rivière de neige
46:11 c'était assez impressionnant
46:14 très très froide
46:17 quand elle te remonte au visage tu mets un moment à t'en remettre
46:20 au Népal aussi à l'automne à 7000
46:23 j'ai eu des sensations de neige froide
46:26 assez impressionnante
46:29 - et la Patagonie, ça donne quoi ?
46:32 - la Patagonie, pareil
46:35 on a fait un super trip l'été dernier
46:38 là typiquement c'est une neige incroyable
46:41 en plus c'est face au Cerro Torre
46:44 on a fait deux nouveaux couloirs ce jour-là
46:47 des couloirs que même les locaux nous disaient
46:50 là-bas jamais vous pourrez faire du ski
46:53 et au final...
46:56 - ça ressemble à ça là quand même
46:59 - absolument magnifique
47:02 il fallait être un peu audacieux pour grimper dedans
47:05 parce qu'encore une fois on brassait pas mal de neige
47:08 - on voit vos traces de montée
47:11 - on voit nos traces de montée
47:14 et s'autoriser à remonter avec de la neige
47:17 entre les genoux, au-dessus des genoux
47:20 on ne se l'autorise pas trop chez nous
47:23 mais finalement...
47:26 on a fait plusieurs coupes de neige à la montée
47:29 c'était qu'une seule couche de neige
47:32 il n'y avait pas de différentes couches fragiles
47:35 c'était quelque chose de très très léger
47:38 la Patagonie c'est très sympa
47:41 - c'est un couloir bien skiant
47:44 il y avait de la vitesse
47:47 mais vous étiez allé chercher une ligne
47:50 plus engagée sur ces montagnes ?
47:53 - ça c'est à l'aiguille Poincenau
47:56 à côté du Fitz Roy
47:59 je pense que dans cette descente
48:02 on est vraiment à la limite
48:05 de l'acceptable dans le ski de pentraite
48:08 là c'est à la fois une vire qui est suspendue
48:11 on a vraiment eu le sentiment de skier
48:14 dans un big wall
48:17 parce que le mur de Granitic fait plus de 1000 m
48:20 en dessous de nos skis il y avait 800 m
48:23 et la vire te pousse vers le vide
48:26 c'est très particulier
48:29 je me souviens de tous les virages que j'ai fait
48:32 j'en ai pas fait beaucoup
48:35 c'est pour ça que j'ai une bonne mémoire
48:38 la rampe Wyland
48:41 c'était vraiment quelque chose
48:44 c'était quelque chose à vivre
48:47 c'était pas forcément mon projet
48:50 c'était le projet des copains que j'accompagnais
48:53 Aurélien Lardi et Jules Saussier
48:56 c'était un peu leur rêve
48:59 et moi pouvoir les accompagner ça m'a fait plaisir
49:02 et j'ai plus de satisfaction
49:05 le lendemain on est reparti
49:08 on a ouvert une autre ligne
49:11 qui est plus skiante, moins exposée
49:14 et qui va trouver des répétiteurs
49:17 j'ai encore plus de satisfaction pour la ligne du lendemain
49:20 Tom, si tu veux répéter
49:23 il faudra aller en Patagonie, c'est un peu loin
49:26 mais il y a visiblement des belles choses à faire
49:29 on arrive à la fin de ce Grand Air
49:32 ça passe vite
49:35 avec vos images et vos récits
49:38 une dernière rubrique avant de boucler cette émission
49:42 L'actu Montagne
49:45 On commence cette actu Montagne par une nouvelle discipline
49:50 je l'ai choisie parce que ça va vous rappeler des bons souvenirs
49:53 les piquets, ça vous connaissez
49:56 mais par contre là ce sont des VTT
49:59 au départ du slalom pour le premier championnat du monde
50:02 de VTT sur neige
50:05 c'était très officiel sous l'égide de l'UCI
50:08 c'est un sport qui est très populaire
50:11 dans le domaine des portes du soleil
50:14 je ne sais pas si la technique est comparable à celle du ski Vivian
50:17 alors du coup il y a quand même un aspect de trajectoire
50:20 c'est sûr
50:23 et j'allais dire que c'est dans les portes du soleil qu'ils ont fait ça
50:26 parce que sur le vélo en ce moment ils sont vraiment à haut niveau
50:29 c'est une manière de réinventer nos sports de glisse
50:32 et le vélo est vraiment en train de prendre beaucoup de place
50:35 et moi je n'avais pas vu cette course
50:38 donc c'est une découverte
50:41 Pierre Tevenard qui est devenu le premier champion du monde de VTT sur neige
50:44 Tom, faites du VTT pas sur neige mais de façon classique aussi ?
50:47 Pas trop
50:50 Il y a quand même un domaine où vous êtes encore renable
50:53 Non pas trop, c'est vrai
50:56 je me ferais mal en VTT c'est sûr
50:59 je me connais
51:02 Bon rayon librairie j'ai deux nouveautés à vous présenter
51:05 Ce roman d'abord signé par le journaliste Guillaume Desmures
51:08 il se déroule à Chamonix c'est pour ça que je l'ai choisi
51:11 Je vous lis le pitch, ça va peut-être vous rappeler des choses
51:14 Alex, jeune aspirant guide, s'échappe vers la lumière en traçant une voie d'escalade
51:17 qui l'offrira à la femme qu'il aime
51:20 elle s'appelle Saskia et c'est le titre du roman
51:23 mais une histoire surgit d'un lointain passé, se dresse entre les amants
51:26 et l'amour cède à la mer
51:29 j'ai eu l'occasion de le lire mais je trouvais qu'il y avait quelques petites similitudes
51:32 là-dessus
51:35 c'est pour quand le guide ? Parce que vous êtes aspirant guide encore aujourd'hui
51:38 Tom, le diplôme officiel ?
51:41 Et si tout va bien c'est cet été
51:44 je finis au mois de septembre
51:47 Vivian fait partie des examinateurs ou pas ?
51:50 Et non, pas sur la fin
51:53 il aurait pu m'aider
51:56 il n'y aura pas de passe droit
51:59 un autre livre qui vient de sortir aux éditions Guérin
52:02 vers l'Everest, c'est signé par Georges Mallory
52:05 Mallory fut le premier explorateur de l'Everest
52:08 au début du XXe siècle
52:11 il disparut d'ailleurs en tentant l'ascension du toit du monde le 8 juin 1924
52:14 son corps qu'on voit là, momifié, s'est retrouvé en 1999
52:17 sur les pentes de l'Everest
52:20 sans permettre de conclure avec certitude s'il avait ou non atteint le sommet
52:23 avant de mourir, ça restera un des mystères
52:26 de l'histoire de la montagne
52:29 il écrivait beaucoup, Mallory, pendant ses expéditions
52:32 des petits carnets, ce sont ses textes qui viennent d'être traduits
52:35 pour la première fois en français et donc publiés à titre posthume
52:38 aux éditions Guérin-Polcen
52:41 il y a d'ailleurs quelques voix Mallory je crois dans le massif du Mont-Blanc
52:44 Oui, on a fait un peu
52:47 on va dire nos armes dans ces itinéraires
52:50 c'est sûr, à l'aiguille du Midi c'est vraiment
52:53 presque un passage obligatoire
52:56 pour un skieur de pente raide même si maintenant en fait
52:59 vu l'accessibilité
53:02 tu peux avoir un petit peu de monde donc t'as aussi d'autres choses à gérer
53:05 qui sont un peu moins sympas
53:08 mais oui, oui
53:11 un grand et bel itinéraire
53:14 puisqu'on parle de carnets publiés à titre posthume
53:17 dans cette émission même si c'est pas une nouveauté sans
53:20 reparler de ce livre écrit
53:23 par Jean-Christophe Laffaye, l'autobiographie posthume
53:26 du plus grand himalayiste de sa génération
53:29 c'est aussi aux éditions Polcen-Guérin
53:32 il écrivait beaucoup Jean-Christophe, ses carnets
53:35 qui ont servi à élaborer ce livre après sa mort
53:38 Tom, vous les avez j'imagine consultés, ça doit faire partie
53:41 du patrimoine de la famille ?
53:44 Alors il y a des carnets où
53:47 c'était ma soeur qui avait une partie des carnets
53:50 et moi j'en avais une autre partie
53:53 mais c'est vrai que je me suis jeune quand j'ai vraiment découvert
53:56 la montagne, j'ai eu une période où je me suis bien plongé dedans
53:59 ça a été un beau voyage
54:02 dans les carnets
54:05 et puis pour le coup c'était vraiment
54:08 ces carnets quoi, donc c'était très sympa
54:11 Je vous écris de là-haut
54:14 on n'a jamais retrouvé le corps de Jean-Christophe
54:17 sa femme, votre maman, Katia, évoque d'ailleurs dans le livre
54:20 le fait qu'il serait tombé dans une crevasse
54:23 il y a une anecdote surprenante dans ce livre, c'est son grigri
54:26 qui servait à s'auto-assurer qu'il avait le jour de sa disparition
54:29 et qui a été retrouvé sur cette montagne
54:32 quelques années plus tard par un sherpa
54:35 Oui, exactement
54:38 je me souviens dans le livre il y a la photo du sherpa
54:41 avec le grigri
54:44 et ce grigri, je m'en suis jeune
54:47 je m'en suis beaucoup servi
54:50 je grimpais beaucoup tout seul, j'aimais bien
54:53 j'avais fait 2-3 règles
54:56 en 2011 je crois
54:59 5 ans après sa disparition
55:02 c'est même étonnant de retrouver
55:05 c'est fou, et il est comme neuf
55:08 c'est assez étonnant
55:11 Ceux qui s'intéressent à l'histoire de la montagne et des alpinistes
55:17 c'est un livre qui permet de replonger dans une époque
55:20 aujourd'hui on est à l'heure des réseaux sociaux
55:23 ça paraît désuet d'écrire comme ça ses notes de course
55:26 sur des petits carnets, est-ce que vous le faites vous tous les deux ?
55:29 Alors
55:32 je pense que Vivian le fait le plus
55:35 c'est mieux que moi
55:38 mais ça arrive quand même en expédition
55:41 je me retrouve plus dans ces moments-là
55:44 en expédition où vraiment
55:47 on est coupé de tout
55:50 notre carnet c'est notre refuge
55:53 et il n'y a pas grand chose d'autre au final
55:56 on n'a pas l'esprit qui est pris par le téléphone qui sonne
55:59 ou ce qu'on doit faire, là on est sur un camp de base
56:02 et du coup ces moments-là mènent
56:05 à se réfugier un peu dans un carnet
56:08 Vivian, en matière de publication de vos écrits ?
56:11 C'est vrai que j'écris beaucoup et j'aime beaucoup l'écriture
56:14 après je ne suis pas trop papier
56:17 je ne suis pas trop carnet
56:20 j'écris sur mon ordi au maximum
56:23 pas trop sur le téléphone
56:26 mais en tous les cas j'aime beaucoup écrire
56:29 et j'aime écrire sur des thèmes que je vis la journée
56:32 que je vis en montagne
56:35 et oui, j'essaye de faire grandir
56:38 au fur et à mesure cette petite collection que j'aime bien
56:41 et puis voilà, on verra le futur
56:44 On découvra peut-être vos écrits tous les deux dans quelques années
56:47 en tout cas c'était très sympa de vous avoir ensemble
56:50 deux générations de skieurs de Pantrade sur ce plateau
56:53 donc merci de votre attention dans vos projets
56:56 et puis nous on se retrouve dans Grand Air très vite pour d'autres aventures
56:59 [Musique]
57:10 [Générique de fin]

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