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  • il y a 6 mois
reportage documentaire
Transcript
00:00 C'est un monde étrange, aux paysages qui défient l'imaginaire.
00:04 D'immenses chaînes de montagne se dressent,
00:07 des plaines s'étendent à perte de vue,
00:10 et les volcans sont d'une violence incroyable.
00:13 Mais cette planète n'est pas à l'autre bout de l'univers,
00:20 c'est la nôtre.
00:26 Voilà le fond de nos océans, à des milliers de mètres sous la surface.
00:30 Ce monde spectaculaire est encore mal connu.
00:36 Tout autour du globe, des scientifiques travaillent à en dresser la carte
00:40 et à déterminer à quoi ressemblent les paysages sous-marins.
00:43 L'animation 3D permet de recréer dans les moindres détails les reliefs.
00:47 Maintenant, imaginons que l'on retire une bombe sur un paysage sous-marin.
00:50 Et qu'est-ce qui se passe ?
00:53 Les paysages sont en train de se développer.
00:56 Les paysages sont en train de se développer.
00:59 Les paysages sont en train de se développer.
01:02 Les paysages sont en train de se développer.
01:05 Les paysages sont en train de se développer.
01:08 Les paysages sont en train de se développer.
01:11 Les paysages sont en train de se développer.
01:15 Maintenant, imaginons que l'on retire une bombe au fond de l'océan.
01:18 Et qu'on le vide de toute son eau.
01:21 Notre planète aurait alors une apparence très différente.
01:39 De ce monde-là, tout reste à découvrir.
01:44 L'Océan
01:46 Souvent sauvages et inhospitaliers, l'océan est un milieu dangereux à explorer.
02:09 L'océan
02:11 L'eau couvre plus des trois quarts de la surface du globe,
02:18 dont on voit finalement peu de choses à l'œil nu.
02:21 Elle dissimule des reliefs impressionnants
02:26 qui accueillent une variété considérable de formes de vie.
02:29 Les paysages sous-marins situés près des côtes sont faciles d'accès
02:38 et la vie qui s'y développe nous est familière.
02:40 Le voyage commence dans la baie de Monterey, en Californie.
02:55 Les forêts de varec géants s'élèvent parfois à une trentaine de mètres
02:59 pour chercher la lumière du soleil.
03:02 Le voyage d'un bateau
03:04 Le principal problème de l'étude des grands fonds est justement le manque de luminosité.
03:24 Au-delà d'une centaine de mètres sous l'eau, il fait nuit noire.
03:30 Le bateau
03:32 Plus on descend, plus on s'enfonce vers l'inconnu.
03:40 Le fond de l'océan reste encore une zone bien mystérieuse.
03:44 En bas, tout semble démesuré par rapport au monde de la surface.
03:58 C'est ce qu'on découvre quand on fait baisser virtuellement le niveau de la mer par paliers.
04:02 L'aventure commence sur la côte de la baie de Monterey,
04:18 où la forêt de varec pousse dans un environnement spectaculaire
04:21 qui apparaît dès que l'eau commence à s'évacuer.
04:24 Le canyon de Monterey devient visible.
04:28 Le bateau
04:30 Le bateau
04:33 Le bateau
04:36 Le canyon de Monterey devient visible.
04:40 Le bateau
04:42 Le bateau
04:45 Le bateau
04:48 Le bateau
04:51 Le bateau
04:54 Le bateau
04:57 Le bateau
05:00 Le bateau
05:03 Le bateau
05:08 Le bateau
05:10 Cette gorge s'étend sur près de 500 km
05:15 et plonge à plus de 3 km de profondeur.
05:18 Pour se rendre compte de son gigantisme,
05:32 il faut avoir une vue d'ensemble de la baie.
05:36 Ce qui est désormais possible grâce aux travaux récents des cartographes.
05:40 C'est à l'entrée du canyon, au centre de la baie,
05:51 qu'ont été installés les laboratoires du M-Bari,
05:54 l'institut de recherche de l'aquarium de la baie de Monterey.
05:57 Charlie Paul modélise le canyon grâce à des robots submersibles
06:03 et des véhicules sous-marins commandés à distance.
06:06 Depuis quelques années, nous utilisons un véhicule sous-marin
06:19 qui peut descendre jusqu'au fond du canyon.
06:22 C'est grâce à ça qu'on a fait nos cartes.
06:26 Nous avons pu faire des cartes sur le sol du canyon.
06:29 L'appareil est équipé d'un sonar très puissant.
06:36 Le principe est d'émettre des impulsions sonores
06:46 qui, contrairement à la lumière,
06:48 peuvent parcourir de très longues distances sous l'eau.
06:51 Cela signifie qu'un sonar peut percer l'obscurité des profondeurs
06:54 afin de révéler en détail la forme et la taille du canyon.
06:57 Le canyon de Monterey est particulier.
07:16 Il commence à quelques centaines de mètres de la côte,
07:19 tout près des laboratoires du M-Bari.
07:23 Cela explique pourquoi nous avons des relevés précis de cette zone,
07:27 car les fonds plus éloignés sont plus difficiles à cartographier.
07:31 L'Institut océanographique du Scripps est lui aussi en Californie.
07:42 Les scientifiques y élaborent une carte mondiale des fonds marins.
07:51 David Sandwell travaille depuis plusieurs années à ce projet
07:55 et sait mieux que personne
07:57 combien notre connaissance de la surface de notre planète est encore modeste.
08:01 Sur Mars, ils ont envoyé un satellite équipé d'un laser.
08:10 On en a étudié la topographie avec une résolution d'un kilomètre,
08:14 si bien qu'on a des cartes splendides de Mars.
08:17 Regardez ce que ça donne.
08:19 Il est plus facile de cartographier Mars que la Terre
08:27 puisqu'on peut en mesurer des différents reliefs depuis le ciel grâce au laser.
08:32 Mars, qui est à plus de 55 millions de kilomètres,
08:35 nous est mieux connu que la Terre,
08:37 car la technique du sonar utilisé sous nos océans
08:40 est longue à produire des résultats.
08:42 Le sonar est un instrument de recherche qui permet de mesurer
08:51 les dimensions de la Terre.
08:53 Il est aussi un instrument de recherche qui permet de mesurer
08:56 les dimensions de la Terre.
08:58 [Musique]
09:04 Tout d'abord, les sonars sont embarqués sur un bateau.
09:07 [Musique]
09:16 Ces appareils très sophistiqués envoient des sons puissants
09:19 jusque dans les zones les plus profondes.
09:21 [Musique]
09:34 Une fois les signaux émis, on constate le temps qu'ils mettent à revenir.
09:38 [Musique]
09:42 On est prêt.
09:44 L'ordinateur en déduit à quelle profondeur le sol se trouve.
09:50 À mesure que le bateau avance, la carte du fond se dessine lentement.
09:54 Très bien.
09:57 [Musique]
10:05 Chaque bip équivaut à une profondeur,
10:07 donc tous les pixels de l'image correspondent à des relevés différents.
10:11 [Musique]
10:16 Ça montre à quoi ressemble le fond.
10:20 Ensuite, on va faire demi-tour pour rassembler des informations sur cette zone.
10:25 C'est bon, tu peux tourner quand tu veux.
10:30 [Musique]
10:36 On commence à tourner.
10:38 Ça va nous permettre d'avoir un quadrillage à 100%.
10:46 Les scientifiques disent que le bateau avance comme s'il tondait la pelouse
10:49 pour décrire son itinéraire qui n'oubliera aucune parcelle.
10:53 C'est encore la meilleure méthode qu'on ait trouvée, qui donne la résolution la plus fine.
11:01 Mais à ce rythme, il nous faudra 125 ans pour couvrir tout l'océan.
11:06 Cela explique que des pans entiers de l'océan demeurent inexplorés.
11:14 [Bruit de la mer]
11:17 Cette carte montre les parties qui ont été couvertes depuis 40 ans.
11:24 Ici, c'est le Pacifique Sud, une zone bien plus vaste que l'Amérique du Nord,
11:30 et on voit bien que la densité du quadrillage est très faible.
11:34 Il y a des blancs de la taille du Kansas ou du Colorado.
11:38 [Musique]
11:43 Si on savait aussi peu de choses sur nos terres émergées que sur nos océans,
11:47 notre connaissance des contours des continents serait encore approximative.
11:51 De nombreux pays n'apparaîtraient même pas sur les cartes.
11:56 Mais les représentations des fonds marins commencent à prendre forme,
12:04 et les scientifiques ont de plus en plus d'informations sur ces paysages cachés par les flots.
12:08 [Musique]
12:14 Les données récoltées par les sonars sont entrées dans un programme informatique baptisé "Flutter Mouse",
12:19 qui recrée les fonds des océans en trois dimensions.
12:22 Chaque couleur correspond à une profondeur différente.
12:26 Ce logiciel donne un aperçu de la surface du globe comme s'il avait été vidé de son eau.
12:35 Nous avons pris un planisphère auquel nous avons ajouté une couche pour symboliser les surfaces immergées.
12:41 On peut faire tout ce qu'on veut sur un ordinateur, comme baisser ou augmenter le niveau des mers.
12:47 L'idéal serait d'obtenir un monde virtuel pour faire comme si on pouvait marcher au fond de l'eau.
12:55 J'aimerais bien y arriver.
13:00 [Musique]
13:04 Avec quelques trucages cinématographiques, il est désormais possible d'exaucer le vœu des scientifiques.
13:09 Leur permettre de faire ce qui semble être un doux rêve, marcher sur les fonds sous-marins et admirer le paysage.
13:17 [Musique]
13:29 Mais ça n'est pas qu'un gadget.
13:31 Car incruster un personnage aide à définir une échelle.
13:35 Et c'est le seul moyen de se rendre compte des dimensions réelles des reliefs.
13:39 Certains sites sous-marins rappellent des lieux qui nous sont familiers en surface.
13:45 Nous pouvons donc visiter ces sites en vrai en imaginant qu'ils ont leurs jumeaux sous l'eau.
13:52 [Musique]
13:59 Par exemple, le canyon de Monterrey, avec ses 500 kilomètres de long, a presque la taille du Grand Canyon en Arizona.
14:05 [Musique]
14:12 L'un comme l'autre présente une faille d'une profondeur d'un kilomètre et demi.
14:16 [Musique]
14:38 La grande différence entre les deux, c'est que la faille du Grand Canyon a été sculptée par le fleuve Colorado qui érode progressivement la roche sur son passage.
14:46 [Musique]
14:50 Mais aucune rivière ne coule au fond du canyon de Monterrey.
14:53 [Musique]
14:55 Comment une telle brèche a-t-elle alors pu s'ouvrir ?
14:57 [Musique]
15:02 Les parties les plus basses du canyon reposent sous plus de 3 kilomètres d'eau.
15:05 Ce qui rend son exploration difficile et nous interdit de deviner comment ce relief s'est formé.
15:10 [Musique]
15:19 Mais les techniciens de l'Institut de Monterrey développent de nouveaux procédés pour sonder les profondeurs.
15:24 Ils ont déjà mis au point plusieurs véhicules télécommandés très performants qui peuvent descendre au fond du canyon.
15:31 [Musique]
15:36 La pression y est 300 fois supérieure à celle relevée sur la terre ferme.
15:40 [Musique]
16:04 Ces robots transmettent les données à la surface et sont guidés depuis un bateau.
16:08 [Musique]
16:20 Les premiers résultats de ces explorations commencent à laisser entrevoir des hypothèses quant à la formation du canyon.
16:26 [Musique]
16:37 Pour en comprendre l'origine, les scientifiques ont besoin de savoir de quoi est constitué le fond du canyon.
16:42 Ce qui implique de faire des prélèvements.
16:44 [Musique]
16:51 Les robots doivent donc enfoncer un tube dans les sédiments et en tirer un échantillon.
16:56 [Musique]
17:03 Le robot est un appareil qui va avoir tendance à flotter.
17:07 Alors si on le pose au fond et qu'il tape sur la surface pour creuser, il va tout bonnement remonter.
17:15 C'est pour ça qu'on l'a équipé d'un carottier vibrant qui pallie ces problèmes de gravité.
17:20 [Musique]
17:24 Dans son caisson, le carottier vibre et s'enfonce dans le sol sous le poids de sa coque métallique.
17:29 [Musique]
17:32 Ce système fonctionne très bien et a permis à Charlie Paul de recueillir de précieuses informations.
17:37 [Musique]
17:41 Ses carottes lui ont appris que le fond du canyon était constitué d'un mélange de sable et de galets
17:46 qui ont dû s'accumuler suite à une agitation exceptionnelle.
17:49 [Musique]
17:55 Ils pensent que régulièrement, une avalanche chargée de ces deux matériaux descend au fond du canyon.
18:00 C'est ce qui aurait contribué à le creuser au fil du temps.
18:04 [Musique]
18:16 Les éboulis sont si importants qu'ils sont même détectés au sonar.
18:19 [Musique]
18:22 Les débris qui se sont accumulés apparaissent en violet sur la modélisation Fledermaus.
18:27 [Musique]
18:33 Les vagues charrient du sable et du gravier depuis les côtes jusqu'au centre de la baie de Monterey, à l'entrée du canyon.
18:40 [Bruit de la vague]
18:44 Quand la quantité de matériaux dépasse une masse critique, elle génère un flot sous-marin.
18:49 Mais cela se produit si vite que Charlie a du mal à recueillir les données nécessaires pour reconstituer l'événement.
18:56 C'est pourquoi l'Institut de Monterey développe un nouveau procédé de surveillance constante.
19:01 [Musique]
19:09 On envoie des instruments au fond du canyon, reliés à la surface par des câbles de fibre optique.
19:15 Ces appareils sont alimentés par des panneaux solaires et des éoliennes.
19:20 Puis ils renvoient l'information sur la côte au moyen d'une connexion satellite.
19:26 Ça nous donne une chance d'obtenir des renseignements sur ce qui se produit à cet instant précis dans la colonne d'eau.
19:36 [Musique]
19:43 L'expérience a été si probante que l'Institut est en train de mettre en place une solution pour garder un lien permanent avec les profondeurs.
19:50 [Musique]
19:55 Craig Doe supervise ce projet qui consistera à tirer des câbles d'électricité et de transfert d'informations entre la côte et le fond des océans.
20:04 Là, une station scientifique sera à la disposition des chercheurs 24 heures sur 24, 7 jours sur 7.
20:11 [Bruit de moteur électrique]
20:15 Nous produisons 10 000 watts pour faire fonctionner 8 points de collecte de données à 50 km à l'ouest d'ici, 1 km de profondeur.
20:26 [Musique]
20:29 Cette station scientifique sera bientôt opérationnelle et aidera les chercheurs à comprendre la formation du canyon.
20:35 [Bruit de moteur électrique]
20:39 Ils pourront aussi étudier les créatures qui peuplent les profondeurs.
20:43 [Musique]
20:47 Toutes celles qui vivent ici ont toujours évolué dans la nuit noire.
20:51 [Musique]
21:01 On a longtemps pensé qu'aucun organisme ne pouvait survivre dans un environnement aussi hostile.
21:06 Mais maintenant, les biologistes comme Edith Wheeler savent que la vie est abondante.
21:11 [Musique]
21:15 Pour voir ce qui vit sous l'eau, on peut laisser traîner des filets.
21:20 Ça nous a fait découvrir un nouveau monde, puis on a envoyé des submersibles.
21:26 On a trouvé énormément de méduses, mais nos filets étaient dangereux pour elles.
21:31 [Musique]
21:34 L'introduction de nouveaux matériels d'exploration a provoqué un bouleversement dans la communauté scientifique.
21:40 Les anciens submersibles, trop bruyants, n'offraient qu'une vision très partielle des profondeurs.
21:46 Depuis un submersible, on ne voit pas plus loin que ce que nos projecteurs veulent bien éclairer.
21:52 Et bien sûr, entre le vacarme des propulseurs et toute cette lumière,
21:56 n'importe quel animal un peu sensible s'enfuit dès qu'on approche.
22:00 [Musique]
22:07 La faune est difficile à étudier, mais Edith a développé de nouveaux outils
22:11 après avoir étudié la manière dont les créatures communiquaient entre elles.
22:15 [Musique]
22:31 Comme il fait nuit noire, les animaux doivent générer leur propre lumière.
22:35 [Musique]
22:37 C'est ce qu'on appelle la bioluminescence.
22:40 [Musique]
22:42 Il faut le voir pour le croire. Ce phénomène a été un grand choc pour moi.
22:47 La première fois que j'ai plongé en eau profonde à 270 mètres,
22:52 j'ai éteint ma lampe et je n'en revenais pas du nombre de petites lumières que je voyais.
22:57 C'est comme un spectacle pyrotechnique gigantesque, on n'en croit pas ses yeux.
23:02 Pour mettre au point mon dispositif, j'ai placé un écran devant le submersible.
23:07 Et dans le submersible, j'ai mis une caméra avec un capteur hypersensible et j'ai filmé l'écran.
23:14 Quand on avance, les créatures qui se cognent contre l'écran redoublent de luminosité.
23:20 [Musique]
23:23 Il y a plusieurs raisons pour lesquelles ces animaux produisent de la lumière.
23:27 [Musique]
23:29 Pour trouver de la nourriture dans le noir, c'est plus pratique d'avoir une lampe de poche.
23:34 Donc certains animaux s'en sont créés une.
23:37 D'autres utilisent leur reflet pour attirer des proies ou un partenaire, un peu comme des lucioles.
23:44 [Musique]
23:46 D'autres encore se servent de la lumière pour une raison plus mystérieuse, ce qu'Edith appelle un système d'alarme.
23:53 La lumière peut servir de défense en présence d'un prédateur,
23:57 car elle peut attirer un plus gros prédateur qui s'en prendra peut-être au premier.
24:02 À la bataille, la petite proie luminescente peut espérer s'échapper.
24:06 Les méduses envoient des signaux lumineux très forts qui se voient à 100 mètres.
24:13 Au lieu de manger la méduse, le gros prédateur s'attaquera à l'animal qui menaçait la méduse.
24:20 [Musique]
24:22 Ce système d'alarme a inspiré Edith pour son nouveau dispositif qu'elle a appelé l'œil de la mer.
24:28 [Bruit de moteur]
24:34 Avant de proposer que son appareil soit relié à la station scientifique du canyon de Monterrey,
24:38 elle veut s'assurer que tout fonctionne comme prévu.
24:43 Elle va donc le tester dans le golfe du Mexique avec son équipe.
24:48 Ils attachent des appâts à l'appareil pour attirer les charognards.
24:52 Je voulais créer un leurre optique, quelque chose qui attirerait les prédateurs sur de longues distances.
24:59 Donc on a mis sur pied cette méduse électronique qui reprend le principe du système d'alarme des méduses, leur luminescence.
25:08 Le résultat a été au-delà de mes espérances.
25:12 [Bruit de moteur]
25:15 Le leurre est déposé au fond de l'eau et laissé dans la pénombre.
25:21 La caméra ultrasensible peut alors filmer les poissons sans qu'ils risquent d'être éblouis par une lumière artificielle.
25:28 Les appâts attirent immédiatement les rôdeurs.
25:33 Ne t'inquiète pas, le bateau s'éloigne.
25:42 Pour la première fois, j'ai activé notre méduse électronique avec son système d'alarme, la lumière qui tournait sur elle-même.
25:50 86 secondes plus tard, un calamar de près de 2 mètres est arrivé.
25:55 Personne n'avait jamais vu un animal pareil. On ne savait même pas à quelle espèce il pouvait appartenir.
26:02 C'est incroyable !
26:08 C'est fantastique de se dire qu'on va se servir de cette invention à Monterrey.
26:15 Il suffit en quelque sorte de connecter nos équipements à leur station et on peut mener des tas d'expériences aussi simplement que sur la terre ferme.
26:26 [Musique]
26:37 Les paysages et les créatures qui peuplent le fond du canyon de Monterrey ne sont qu'un petit échantillon du reste de l'océan.
26:45 En continuant de faire baisser le niveau de la mer et en s'éloignant des côtes, un immense bassin apparaît.
26:55 Au milieu du Pacifique se trouve une zone qui a déjà été cartographiée, l'archipel d'Hawaï.
27:03 [Vrombissement du moteur]
27:09 L'île la plus à l'est est surnommée la Grande île.
27:15 Le Mauna Loa est le plus grand volcan bouclier au monde.
27:20 Il s'élève à plus de 4000 mètres au-dessus du niveau de la mer.
27:28 Cette île s'est formée quand du magma s'est élevé et a percé la surface.
27:34 [Musique]
27:53 Plus la quantité de magma sorti de terre augmente, plus l'île s'agrandit.
28:00 L'île connaît une forte activité sismique.
28:04 Sur les pentes du Mauna Loa, un autre volcan, appelé le Kiloéa, est entré en éruption il y a plus de 25 ans.
28:11 [Musique]
28:18 L'île est en bonne part recouverte de coulées de lave récentes.
28:22 Petit à petit, la végétation s'installe sur ce paysage désertique.
28:27 [Musique]
28:51 A l'œil nu, la superficie de terres émergées est déjà impressionnante.
28:56 Mais si tôt qu'on baisse le niveau de l'océan, l'île apparaît dans son intégralité.
29:01 [Musique]
29:06 La Grande île porte bien son nom, car sa surface est bien plus étendue que ce qu'on en voit à l'œil nu.
29:12 [Musique]
29:28 Si on la mesure depuis sa base, c'est la plus grande montagne de la planète, et elle dépasse l'Everest de plus de 1000 mètres.
29:35 [Musique]
29:41 Vue depuis le ciel, et une fois l'eau évacuée, les pentes de ces volcans sont presque perdues au milieu de l'ensemble.
29:47 [Musique]
29:55 Mais cette île n'est pas seulement intéressante pour sa taille.
29:58 [Musique]
30:05 Il existe déjà des cartes très détaillées de l'archipel d'Hawaï et de ses alentours.
30:09 John Smith, du laboratoire de recherche sous-marine d'Hawaï, utilise son ordinateur pour survoler la région virtuellement.
30:16 [Musique]
30:20 Un jour, il a repéré la présence d'un petit volcan sous-marin, le Loihi, sur les flancs de la Grande île.
30:27 [Musique]
30:31 Le Loihi est un volcan actif au large des côtes de la Grande île d'Hawaï, à une trentaine de kilomètres sud-est.
30:39 [Musique]
30:41 Ce volcan a beau reposer à 1000 mètres sous la mer, il est aussi actif que ceux qu'on trouve en surface.
30:46 [Musique]
30:49 Le magma qui perce le fond des mers crée des colonnes d'eau chaude qui ont l'air d'onduler.
30:53 [Musique]
31:04 Les scientifiques suivent le Loihi de près depuis sa découverte en 1955,
31:09 et ils se sont rendus compte qu'il s'élevait petit à petit vers la surface.
31:13 [Musique]
31:18 Il semblerait que le Loihi ait été créé par le même point chaud que celui qui a fait émerger la Grande île.
31:25 Mais la Grande île est en train de dériver et de s'éloigner du point chaud, et le Loihi prendra un jour sa place.
31:32 Il grandira jusqu'à sortir des eaux et deviendra la nouvelle île de l'archipel d'Hawaï.
31:38 C'est comme ça que tout l'archipel s'est créé.
31:40 Chaque île est née au-dessus du même point chaud, mais sur des millions d'années, elles se sont toutes déplacées vers l'ouest.
31:47 Plus exactement, ce ne sont pas les îles qui bougent individuellement,
31:51 c'est l'ensemble des fonds sous-marins qui est en mouvement.
31:55 Toutes les plaques se comportent ainsi et dérivent lentement à la surface du globe.
32:00 [Bruit de moteur de bateau]
32:13 Les nouvelles technologies ont aussi permis aux scientifiques d'avoir une meilleure connaissance de la faune sous-marine.
32:19 [Bruit de moteur de bateau]
32:23 Ce submersible s'appelle "Constellation du Poisson".
32:28 Il descend à 1800 mètres, ce qui est déjà assez profond.
32:33 [Musique]
32:39 Il offre des vues étonnantes et Christopher Cully est émerveillé à chaque exploration.
32:44 [Musique]
32:49 Être dans la capsule et observer ce spectacle de ses propres yeux est une expérience formidable.
32:55 En dessous de 1000 mètres, ce monde nous est vraiment étranger.
33:00 On voit des éponges qui ressemblent à des sucettes géantes.
33:05 [Musique]
33:08 C'est superbe.
33:10 [Musique]
33:37 Ici, tout a l'air beaucoup plus lent.
33:42 Des beaux droits attendent le passage d'une proie, appuyée sur leur nageoire dont elles se servent presque comme si c'était des pattes.
33:48 [Musique]
33:51 Le vampire des abysses doit son nom à la forme des chairs qui relient ses tentacules et ressemble à la cape de Dracula.
33:58 [Musique]
34:09 On trouve aussi des pieuvres Dumbo dont les grandes nageoires qui font penser aux oreilles du célèbre éléphant lui permettent de voler dans l'eau.
34:16 [Musique]
34:37 C'est très exaltant de se dire que quand on est dans le submersible, on ne sait pas du tout où on se trouve ni ce qu'on va apercevoir.
34:45 Il arrive de croiser des animaux que personne n'a jamais vus.
34:49 [Musique]
34:54 Les scientifiques ont eu de grandes surprises quand ils ont exploré ces paysages.
34:59 Ils ont trouvé de vastes surfaces couvertes de coraux.
35:04 On a toujours cru que le corail se plaisait exclusivement dans les eaux tropicales de surface.
35:10 Maintenant, on sait qu'il y en a partout, même dans les profondeurs les plus sombres et les plus froides.
35:16 [Musique]
35:18 Le corail classique survit grâce aux algues présentes dans ses cellules et qui ont besoin de la lumière du soleil.
35:24 C'est la raison pour laquelle on n'en trouve jamais plus loin qu'à quelques dizaines de mètres sous l'eau.
35:29 [Musique]
35:31 Ce corail d'eau profonde n'a quant à lui pas besoin de lumière pour se développer et se nourrir.
35:37 [Musique]
35:47 Encore plus surprenant, les scientifiques ont établi que certains de ces coraux avaient plusieurs milliers d'années.
35:53 [Bruit de vent]
35:58 Ces récifs ont été découverts en suivant l'un des animaux les plus menacés de l'archipel, le phoque moine d'Hawaï.
36:05 [Bruit de vent]
36:10 Les scientifiques ont équipé quelques spécimens de caméras pour étudier leur comportement.
36:15 Quand on leur a posé des caméras, on s'est aperçu qu'ils se rendaient toujours au même endroit, entre 300 et 500 mètres de profondeur.
36:24 On n'était loin d'imaginer que quelque chose pouvait intéresser les phoques sur ce site.
36:29 Quand on est descendu, on n'en croyait pas nos yeux. On a trouvé un récif de corail superbe et très rare.
36:36 Si les phoques ne nous avaient pas conduits à cet endroit, on ne l'aurait jamais découvert.
36:41 C'est eux qui nous ont montré le chemin.
36:44 Les scientifiques aimeraient comprendre ce qui attire les phoques vers ces coraux.
36:50 Les phoques n'arrêtent pas d'aller voir ces récifs et on se demande bien pourquoi.
36:56 On pense qu'ils se nourrissent peut-être de spécimens de poissons qui ne vivent que là-bas,
37:00 mais on n'a toujours pas prouvé que certaines espèces de poissons évoluaient spécifiquement sur cette zone.
37:05 [Musique]
37:11 Non seulement les scientifiques ont été surpris de trouver du corail à cette profondeur,
37:15 mais ils ont aussi été très étonnés de voir en quelle quantité il était présent.
37:21 Les coraux d'eau profonde sont répandus dans tous les océans.
37:26 On les trouve aussi entre 4000 et 5000 mètres.
37:30 Ils se développent partout.
37:33 Même là où les eaux sont les plus froides.
37:38 [Musique]
37:46 Il n'y a qu'à ouvrir les yeux pour en trouver.
37:50 Le corail d'eau froide est partout sur la planète.
37:54 À certains endroits, il est si abondant qu'il recouvre totalement le paysage.
38:00 L'étude de ces zones nécessite d'avoir des sonars très précis.
38:05 Le détroit de Floride, un bras de mer entre la péninsule de Floride et Cuba, a été cartographié en détail.
38:12 En moyenne, la profondeur est de 700 mètres.
38:18 En 20 ou 30 ans, depuis qu'on a du bon matériel d'exploration,
38:22 on s'est rendu compte qu'il y en avait partout.
38:25 On peut même affirmer qu'il y a plus de corail d'eau froide que de corail classique sur la planète.
38:31 À l'université de Miami, Gregor Heberli et son équipe ont dressé un inventaire détaillé des récifs.
38:38 Il s'avère que certains peuvent atteindre des tailles considérables.
38:44 Leurs pieds sont répartis tout le long du détroit de Floride et ils s'élèvent jusqu'à une centaine de mètres.
38:55 Les relevés effectués au sonar sont si précis que chaque pied est identifiable par sa forme.
39:01 Gregor leur a d'ailleurs donné des noms inspirés de ce qu'ils évoquaient.
39:07 Certains pieds ressemblent à un cœur, donc on les a baptisés des corazonnes.
39:13 D'autres ont poussé avec deux têtes, donc ce sont devenus des twin peaks ou piques jumeaux.
39:23 Et le plus grand sommet, on l'a appelé le materhorn.
39:26 Il mesure 120 mètres et il se trouve sur l'escarpement de Floride-Bahamas.
39:33 Même les animations 3D tiennent compte de la présence de ces étranges créatures qui abondent sous les eaux limpides de la Floride.
39:42 Pour prendre conscience de leur taille réelle, il est utile de les mettre en perspective avec des volumes qui nous sont plus familiers, comme les célèbres buildings de Miami.
39:51 Derrière moi, on voit la Brickell Avenue avec ses immenses gratte-ciels.
39:56 Le plus haut fait 240 mètres. C'est la zone résidentielle la plus élevée de la côte après New York.
40:02 Certains pieds de corail d'eau froide sont à peu près de cette taille.
40:06 Dans le détroit de Floride, ils ne sont pas aussi grands. Ils arrivent à peu près à la hauteur de la première rangée de buildings à 120 mètres environ.
40:18 Il n'est pas facile d'imaginer que sous l'eau, à quelques distances des côtes, il existe des récifs de corail dont la hauteur atteint celle de ces bâtiments.
40:28 Mais ce n'est rien par rapport au prochain site que l'animation 3D va nous révéler.
40:33 L'ensemble des fonds marins du globe n'a pas encore fait l'objet d'un relevé au sonar et n'a donc pas été cartographié.
40:45 Mais il existe une autre technique pour les modéliser.
40:48 La surface de l'océan est loin d'être plate.
40:57 Elle présente des petites collines et des vallées qui sont proportionnelles au paysage des grands fonds.
41:02 En effet, certains reliefs sont si importants qu'ils exercent une force gravitationnelle.
41:09 L'eau est donc tantôt attirée, tantôt repoussée.
41:13 Imaginez qu'au fond de l'eau, vous ayez un gros volcan d'à peu près 1000 mètres de haut.
41:20 Il va attirer l'eau à la surface de l'océan au point qu'à cet endroit, il y aura un bon mètre d'eau en plus.
41:27 Les satellites peuvent mesurer les différences du niveau de la mer au centimètre près et sur l'ensemble du globe.
41:34 Bien sûr, la carte qui en résulte est moins détaillée que celle des zones explorées au sonar.
41:41 Mais elle permet de se rendre compte des grandes variations de terrain.
41:44 [Musique]
41:53 C'est bien parce qu'on peut avoir une vision d'ensemble de la planète.
41:56 Mais il ne faut pas trop zoomer, sinon ça devient vite flou.
42:00 La définition est grossière, mais au moins la carte est complète.
42:08 L'un des reliefs qui apparaît le plus nettement est une sorte de longue chaîne de montagne qui se prolonge d'un bassin océanique à l'autre.
42:15 Il s'agit de la dorsale médio-océanique qui s'étend sur plus de 60 000 kilomètres.
42:23 Elle fait le tour de la planète et a presque l'aspect d'une immense cicatrice.
42:36 La croûte terrestre est divisée en plusieurs immenses plaques, un peu comme la carapace d'une tortue.
42:42 Cette dorsale médio-océanique marque le point de rencontre entre différentes plaques.
42:50 Il est donc possible de faire le tour de la Terre le long de ce relief.
43:03 Sur la plupart de son parcours, la dorsale médio-océanique est cachée par plus de 3 kilomètres d'eau.
43:09 Mais à certains endroits, elle sort de la mer, ce qui permet aux scientifiques d'en étudier la structure, comme c'est le cas en Islande.
43:22 Les paysages islandais sont spectaculaires.
43:25 Ces montagnes accidentées ont beaucoup à nous apprendre sur la formation des grands reliefs sous-marins en général.
43:32 Les montagnes sont aussi des espaces de recherche.
43:40 Les montagnes sont aussi des espaces de recherche.
43:45 Les montagnes sont aussi des espaces de recherche.
43:51 La géologue Gillian Fulger s'intéresse à la topographie de l'île depuis de nombreuses années.
43:57 En Islande, il y a plus de 300 kilomètres de dorsales qui sont hors de l'eau, ce qui en facilite bien l'étude.
44:06 Les plaques nord-américaines et européennes se sont rencontrées à cet endroit.
44:14 Et la ligne de séparation crée un fossé d'effondrement.
44:18 On est en plein sur la faille.
44:26 Derrière moi, c'est la partie est de l'Islande, formée par la plaque européenne.
44:31 Et au loin devant moi, il s'agit de la plaque occidentale, ou plaque nord-américaine.
44:37 C'est donc ici qu'elle se retrouve face à face.
44:42 Les deux parois du fossé s'éloignent l'une de l'autre, ce qui provoque l'ouverture du sol et l'écartement de la faille.
44:48 Toute la région a cet aspect. On dirait qu'on a coupé des tranches dans la roche comme dans un pain.
44:56 Il y a plusieurs fissures parallèles de quelques centaines de mètres de profondeur sur des dizaines de kilomètres de long.
45:07 Il n'y a pas que ces fissures qui attestent de l'intense activité géologique de la dorsale médio-océanique.
45:12 À certains endroits, d'impressionnants geysers jaillissent du sol.
45:23 [Musique]
45:43 L'étude des curiosités géographiques de l'Islande a aidé les géologues à comprendre un peu mieux ce qui se produisait au point de rencontre des plaques tectoniques.
45:51 [Musique]
45:54 L'eau qui sort est bouillante.
45:56 Donc, de toute évidence, il y a quelque chose de très chaud juste sous la surface.
46:02 Et ce quelque chose, bien sûr, c'est le magma.
46:05 Le magma, ces roches en fusion qui forment une couche sous la croûte terrestre, conditionne en bonne partie l'activité géologique de la dorsale médio-océanique.
46:17 Ici, les scientifiques n'ont pas besoin de sonar ni de submersibles pour mener leurs recherches.
46:21 [Musique]
46:29 L'Islande offre un spectacle que la mer dissimule partout ailleurs.
46:33 [Musique]
46:44 C'est comme si on pouvait littéralement marcher au fond des océans.
46:48 [Musique]
46:55 On a des centaines de kilomètres de cette dorsale devant les yeux.
47:00 L'île s'arrête ici.
47:04 Mais la faille continue sur des milliers et des milliers de kilomètres.
47:09 Elle fait le tour complet de la planète.
47:12 Si on veut l'étudier en entier et voir des endroits encore plus spectaculaires, c'est par là qu'il faut aller.
47:22 [Musique]
47:34 Pour marcher le long de cette dorsale, il faut vider encore un peu plus les océans.
47:40 Avec 5000 mètres d'eau en moins, les sommets de la plus haute chaîne de montagne de la planète apparaissent enfin.
47:46 [Musique]
47:56 Ici, tout est colossal.
47:59 [Musique]
48:08 Au cœur de la vallée qui traverse la chaîne de montagne se trouve une rangée de volcans.
48:12 [Musique]
48:31 Grâce aux images de synthèse, il est possible de parcourir cette chaîne de montagne à la découverte de paysages à couper le souffle.
48:38 [Musique]
48:49 Il faudra petit à petit continuer de vider l'eau des océans jusqu'à mettre à nu l'ensemble de la croûte terrestre.
48:56 [Musique]
48:59 La géographie de ces territoires défie l'imaginaire, tout comme les forces cataclysmiques qui les ont créées.
49:06 [Musique]
49:11 C'est la Terre telle que vous ne l'avez jamais vue.
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49:43 [Musique]
50:12 [SILENCE]

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