Tous les jours dans la matinale d’Europe 1, Olivier de Lagarde scrute et analyse la presse du jour. Aujourd’hui, les 50 ans de la mort de Georges Pompidou, les conseils de Georges Clémenceau en temps de crise et l'école buissonnière d'Anatole France.
Retrouvez "La revue de presse" sur : http://www.europe1.fr/emissions/la-revue-de-presse2
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00:00 (Générique)
00:02 Voici venue la revue de presse d'Europe, Olivier Delagarde, avec ce matin des journaux emprunts d'une certaine nostalgie.
00:09 Je me souviens d'un pays où la croissance était de 6% par an.
00:14 Je me souviens de l'inauguration de l'aéroport de Roissy en France, du Concorde.
00:18 Je me souviens du lancement du TGV, de la construction des centrales nucléaires.
00:22 Je ne me souviens pas que l'on parlait de chômage, de dette, d'Abaya ou de France périphérique.
00:28 Je me souviens que le niveau de vie de la classe ouvrière augmentait.
00:31 Je me souviens que mes parents fumaient dans la voiture sans ceinture de sécurité.
00:36 Je me souviens d'un président amateur de poésie et d'art moderne.
00:39 Je me souviens du 2 avril 1974.
00:43 Je me souviens que l'ORTF avait interrompu les dossiers de l'écran pour nous annoncer la nouvelle.
00:48 Je me souviens que le lendemain, le directeur de l'école communale, Vigé Lebrun, nous avait fait mettre en rang,
00:53 sous le préau, pour une minute de silence.
00:56 Je me souviens de Georges Pompidou.
00:58 On excusera cet emprunt au génial Georges Pérec.
01:01 Mais c'est exactement cela que l'on ressent à la lecture des papiers d'hommage à l'ancien président de la République disparu il y a 50 ans, jour pour jour.
01:09 La nostalgie Pompidou, comme l'appelle Hubert Coudurier dans le Télégramme de Brest.
01:13 Alors non, bien sûr, ces temps n'étaient pas idylliques, rappelle Jean-Michel Bezat du monde.
01:18 Mais pour vous replonger dans ces années, lisez le long papier de Guillaume Perrault dans le Figaro et sa conclusion.
01:24 Et bien c'est que cette nostalgie ne s'explique pas seulement par le regret des 30 glorieuses.
01:30 L'ancien président avait le sens du devoir, gravité, solidité, clarté de la langue et des objectifs.
01:36 Persévérance qui font cruellement défaut aujourd'hui.
01:39 Et ce n'est pas cet ancien conseiller à l'Elysée qui dira l'inverse.
01:43 Il s'appelle David Jaïz, son nom ne vous dit probablement rien,
01:47 mais c'est l'une des belles machines intellectuelles que s'est encore produite à la République.
01:51 Norma Lien, inspecteur des finances, professeur en spo.
01:53 Puis repéré par l'Elysée où il arrive en septembre 2022, mais dont il claque la porte moins d'un an après.
02:00 Il s'en explique dans un livre et sur le site du Point.
02:04 Il raconte le dysfonctionnement français, le déficit de pensée stratégique,
02:09 la paperasse qui décourage les meilleures volontés dans les hôpitaux et dans les écoles.
02:13 "J'ai vu de l'intérieur à quel point l'État était épuisé intellectuellement et opérationnellement", déclare-t-il.
02:20 "Cela va très mal finir, la France peut connaître une énorme crise des finances publiques", prévient-il,
02:26 "ou une révolte sociale à côté de laquelle les gilets jaunes et les agriculteurs sont des gâteaux apéritifs."
02:32 Alors que faire se demandent les journaux ?
02:34 Et bien peut-être suivre les conseils de Georges Clemenceau.
02:38 C'est l'excellent Jean-Marc Vittori des Echos qui a exhumé une circulaire de 1917.
02:44 "En temps de guerre, il ne faut plus lambiner", affirme le Tigre.
02:47 "Il est inadmissible", écrit-il par exemple,
02:50 "de voir deux bureaux entreprendre un échange de correspondance"
02:55 "pour une conversation qui aurait fourni une conversation de deux minutes."
02:59 Voilà ce qu'écrivait le père la Victoire bien des années avant l'invention du mélancopie et de la grève reconductible.
03:05 - Et de la réunionnite aiguë.
03:07 Vous voulez aussi nous parler ce matin, Olivier Delagarde, de la grève des enseignants.
03:11 - Eh oui, ils vont à nouveau cesser le travail aujourd'hui,
03:14 deux semaines après la dernière grève et quatre jours avant les vacances, dans Libération.
03:18 Les profs encore indécis trouveront plein de bonnes raisons pour laisser leurs élèves en plan et à les manifester.
03:24 Mais à la une de Ouest France, Jean-Michel Dian, ancien rédacteur en chef au Monde de l'éducation,
03:29 se permet de leur rappeler certaines réalités.
03:32 Sous le titre "L'insatisfaction permanente", il écrit
03:35 "Malgré ses 60 milliards de budget, son million d'enseignants,
03:39 une activité syndicale au taquet et des principes de précaution à tous les étages,
03:43 l'insatisfaction y règne, viendra un moment où, dépités par l'inertie de l'institution,
03:49 les immenses talents qui s'y croisent voudront croiser le fer avec le réel, c'est-à-dire avec la vraie vie,
03:55 et de rappeler qu'Anatole France, prix Nobel de littérature 1921,
03:59 affirmait que, de toutes les écoles qu'il avait fréquentées,
04:03 la meilleure, et de loin, fut l'école buissonnière."
04:06 *Cris et applaudissements*
04:10 "En sortant de l'école, nous avons rencontré
04:14 un grand chemin de fer qui nous a emmenés
04:18 tout autour de la terre dans un wagon doré.
04:21 Tout autour de la terre, nous avons rencontré
04:25 la mer qui se promenait
04:28 avec tous ses coquillages, ses îles parfumées,
04:32 puis ses beaux nouvrages..."
04:33 - Ah, profitons un peu de Dive Montand.
04:36 Merci beaucoup pour cette note musicale qui conclut la Revue de presse d'Europe.
04:39 Merci beaucoup Olivier Delagare