• il y a 7 mois
Nous vous plongeons dans le quotidien d'une reporter de guerre et nous vous emmenons à la fois en Ukraine et en Russie : Anne Nivat parcourt ces pays depuis les années 1990, elle a été correspondante à Moscou et a reçu le prestigieux prix Albert Londres. Son nouveau livre, "La haine et le déni", est en librairies aux éditions Flammarion. Elle s'est rendue ces derniers mois des deux côtés de la ligne de front, et elle raconte la guerre à travers le quotidien, l'état d'esprit de deux peuples.
Regardez L'invité de RTL Soir du 02 avril 2024 avec Julien Sellier.

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00:00 Vous êtes sur RTL.
00:02 Julia Selye, Isabelle Choquet et Cyprien Simi. RTL bonsoir.
00:09 Allez RTL bonsoir, la deuxième heure ce soir notre grande invitée est une reporter de guerre.
00:14 On va plonger dans le quotidien de ce métier si particulier avec elle.
00:17 Elle va nous emmener aussi en Ukraine et en Russie. Bonsoir Anne Niva.
00:21 Bonsoir. Merci d'être avec nous. Vous parcourez ces deux pays depuis les années 90.
00:26 Vous avez été correspondante à Moscou, vous avez reçu le prestigieux prix Albert Londres
00:30 et votre nouveau livre "La haine et le déni" étant librairie aux éditions Flammarion.
00:34 Parce que vous vous êtes rendu ces derniers mois des deux côtés de la ligne de front.
00:37 Vous racontez la guerre à travers le quotidien, l'état d'esprit de deux peuples.
00:42 Cette guerre elle a éclaté il y a un peu plus de deux ans. C'était le 24 février 2022. Archive.
00:48 C'est la guerre aux portes de l'Europe. Vladimir Poutine a déclenché une opération militaire
00:52 avec des attaques sur plusieurs villes et sites stratégiques en Ukraine.
00:55 Et il prévient à tous ceux qui voudraient interférer avec la Russie, la réponse sera immédiate.
01:01 Vous vous souvenez du moment précis où vous avez appris l'invasion de l'Ukraine,
01:05 de ce que vous avez ressenti à ce moment-là ?
01:07 Oui. C'était l'horreur. J'ai ressenti comme une espèce de coup au cœur.
01:11 Je me suis dit "C'est pas possible". Je me suis dit tout de suite "Faut que j'y aille".
01:15 Mais faut que j'y aille des deux côtés.
01:17 Mais je savais que ça serait plus facile d'y aller d'abord côté ukrainien.
01:20 Donc j'ai d'abord été côté ukrainien puisqu'il n'y a pas besoin de visa.
01:23 Et puis il y a plus de journalistes côté ukrainien.
01:25 Et ensuite j'ai demandé un visa pour aller côté russe où il y a aussi des journalistes.
01:30 Mais c'est plus compliqué. Ça l'a toujours été.
01:32 Vous vous êtes dit "C'est pas possible".
01:34 Ça veut dire que vous n'aviez pas anticipé cette possibilité-là, cette extrémité-là ?
01:40 Oui. C'est-à-dire que... Moi mon quotidien c'est de couvrir des guerres.
01:45 Donc c'est pas la première, peut-être j'espère la dernière.
01:48 Mais j'avais été en 2014 en Crimée.
01:51 Quand il y a eu ces fameux "petits hommes verts" comme on les appelait.
01:53 Tout simplement des militaires russes qui avaient enlevé leurs insignes en Crimée.
01:57 Et ensuite il y a eu l'annexion purement et simplement.
02:01 Et à cette époque-là ça n'avait pas...
02:04 Ça n'avait intéressé pratiquement personne je dirais en schématisant un peu dans les médias occidentaux.
02:08 Donc bien sûr que moi comme tout journaliste,
02:11 puis juste puisque je suis en indépendance, j'ai un peu cessé d'y aller.
02:14 Parce que je me disais "à qui ça intéresse ?"
02:17 Et là tout d'un coup voilà, février 2022 ça repart.
02:20 Là je me suis dit "là tout le monde va vouloir à des informations".
02:24 Anne Niva, dès les premières pages on est saisi.
02:25 Ce livre est dédié à Oleg.
02:28 "Je n'oublierai pas ta joie quand je t'ai vu sortir de ta voiture garée sous la tour Eiffel.
02:32 Tu t'étais échappé de l'enfer pour la montrer à ta femme et à ta nièce.
02:36 Un tir de mortyrus t'a fauché au printemps."
02:38 Anne Niva, est-ce que vous pouvez expliquer à nos auditeurs qui était Oleg ?
02:41 Oleg, un officier d'enseignement ukrainien.
02:45 Qui m'a beaucoup aidé sur le terrain parce que je le dis et je le répète,
02:48 nous journalistes ne sommes rien sur le terrain sans nos sources.
02:53 Parce que moi je n'écris pas de romans, je ne peux pas inventer.
02:55 Donc il faut aussi, pour que j'écrive un livre, pour que je commande quoi que ce soit,
02:59 il faut qu'on m'ait donné des informations.
03:01 Les informations je ne les paye pas, il faut qu'on me les donne.
03:03 Je ne les arrache pas non plus à quiconque.
03:05 Donc je dois avoir des gens qui me parlent, qui ont envie de me parler.
03:08 Oleg en faisait partie.
03:09 Donc Oleg, c'est un homme qui m'a aidé sur le terrain,
03:15 parce qu'il m'a parlé, parce qu'il m'emmenait ici et là,
03:18 parce qu'il me faisait découvrir aussi son quotidien familial.
03:22 Et puis tout d'un coup, donc je l'ai vu en Ukraine bien sûr,
03:26 et puis tout d'un coup j'ai reçu un SMS sur mon téléphone russe,
03:29 puisque j'ai deux téléphones,
03:30 en me disant qu'il était sous la tour Eiffel à Paris,
03:34 je ne pouvais pas y croire.
03:35 Et ce n'était pas une blague, il était venu il y a quelques mois
03:39 pour faire visiter la tour Eiffel à des membres de sa famille.
03:42 Et en attendant qu'elle visite la tour Eiffel,
03:44 lui il m'a écrit en me disant "Viens, j'ai pris mon vélo,
03:47 j'ai été le rejoindre".
03:48 Il avait réussi à sortir de l'Ukraine,
03:50 ce qui n'est pas facile pour un homme ukrainien,
03:52 et il est rentré bien sûr.
03:54 - Et il est mort ensuite là-bas, en Ukraine.
03:56 Et quand vous racontez sa mort, vous écrivez "Je hais mon métier",
03:59 c'est ça que vous ressentez ?
04:00 - Oui, je hais mon métier, oui.
04:02 Quand elle m'apprend la mort de quelqu'un qui m'a touché,
04:04 de quelqu'un qui était devenu un ami,
04:07 oui, je hais mon métier, absolument.
04:09 Je hais mon métier, je hais la guerre,
04:11 je hais ceux qui la font, je hais ceux qui la commandent,
04:13 je hais tout le monde.
04:14 - Mais alors pourquoi ? - Mais c'est un coup de gueule !
04:15 Et ensuite, évidemment, je continue mon métier.
04:18 Parce que je n'ai que ça.
04:19 - Et justement, qu'est-ce qui vous fait continuer ?
04:21 Alors que vous savez que vous êtes...
04:22 - Vous continuez votre métier au micro ici d'AirTel.
04:24 - Moi je ne suis pas reporter de guerre.
04:25 - Moi je continue le mien.
04:25 Oui, mais c'est la même chose.
04:27 Quand on a la passion, on continue.
04:28 Moi je ne sais rien faire d'autre.
04:30 J'ai fait ça depuis toujours.
04:32 J'ai couvert d'autres guerres.
04:33 J'étais sous des bombes américaines en Afghanistan,
04:35 sous des bombes américaines et alliées en Irak,
04:38 sous des bombes russes en Tchétchénie.
04:40 Et à chaque fois, je raconte l'humain.
04:42 Voilà, je fais surgir l'humain parce que...
04:45 C'est intéressant, bien sûr, les déclarations politiques
04:48 des uns et des autres, et que nous commentons,
04:50 et puis les supputations, et puis l'émotion, bien sûr.
04:53 Mais moi, je me dis quand même qu'il faut essayer
04:57 d'aller chercher ce que ressentent les gens sur le terrain
05:00 pour pouvoir le transmettre.
05:01 Parce que mon but, c'est ça.
05:02 Il y a même des ressentis, avec des avis variés
05:05 sur le conflit dans votre livre.
05:07 Vous faites partie des rares journalistes à avoir pu raconter
05:09 en longueur la Russie, là, d'aujourd'hui.
05:12 Et donc, dans le livre, vous nous emmenez à Moscou.
05:13 Et ça peut paraître très surprenant,
05:15 ça l'est quand on lit votre livre.
05:16 Vous dites que seuls quelques posters rappellent la guerre à Moscou.
05:20 Comme si c'était toujours une grande métropole bouillonnante,
05:23 comme si de rien n'était.
05:24 Ah mais, vous pouvez le dire, ça l'est toujours.
05:26 Et encore aujourd'hui.
05:27 Moscou, c'est difficile à imaginer ce que c'est que cette ville.
05:31 C'est une mégalopole de plus de 10 millions d'habitants.
05:33 Une cité hyper moderne.
05:35 Il y a des caméras digitales partout.
05:37 Ça vit 24h/24.
05:39 Il n'y a pas les 35h à Moscou.
05:41 On peut acheter, faire ses courses à minuit, 2h du matin.
05:45 Il y a des restaurants ouverts tout le temps.
05:47 Des discothèques, des spectacles.
05:49 On le voit avec l'attentat terroriste du vendredi à vendredi.
05:52 Donc, si vous voulez, Moscou, on ne ressent pas la guerre.
05:54 Effectivement, s'il n'y avait pas ces immenses affiches 4x3,
05:59 qui glorifient les héros morts sur le terrain,
06:02 tout est fait pour qu'on oublie cette guerre.
06:04 Mais il y a quand même des endroits en Russie,
06:07 quelques endroits où on ressent la guerre.
06:09 Comme à la frontière avec l'Ukraine belgorod,
06:10 où je viens d'aller il y a une semaine.
06:12 - Mais d'ailleurs, vu les rapports franco-russes en ce moment,
06:14 nos auditeurs se demandent peut-être comment,
06:16 quand on est journaliste français, on peut se rendre en Russie.
06:19 Il y a des avions directs, des visas ?
06:20 - Ah non, il n'y a pas d'avions directs.
06:22 Il n'y a pas d'avions directs.
06:23 - On sait, mais pour les auditeurs, c'est l'escalier de Pangeoul.
06:25 - Bien sûr, c'est une bonne question.
06:26 D'abord, je tiens à dire que je ne suis pas la seule allée en Russie.
06:29 Tous les grands médias français sont en Russie.
06:31 - Le grand reporter Nicolas Burneau.
06:32 - Voilà, exactement. Il a été en Russie, donc il a eu un visa comme moi.
06:35 Et puis, nous avons des correspondants permanents du Monde, du Figaro, etc.
06:38 Donc, depuis le début de cette guerre, la Russie est sous sanction.
06:43 Et toutes les grandes compagnies aériennes occidentales
06:45 ne volent plus pour la Russie.
06:46 Donc Air France n'y va plus.
06:48 Donc, on doit passer par des pays tiers.
06:49 Essentiellement, c'est soit par Dubaï, soit par Istanbul.
06:53 Donc compagnie Emirati ou compagnie Turkish Airways,
06:55 qui, je peux vous dire, font énormément d'argent avec le fait qu'il y ait la guerre.
06:59 Je ne pouvais pas imaginer le nombre de vols qu'il y a entre la Turquie et la Russie aujourd'hui.
07:03 Ensuite, il faut avoir un visa, il faut attendre, il faut être patient.
07:05 Là, par exemple, pour moi-même et pour tous les ressortissants,
07:09 journalistes français, donc ressortissants de pays dits hostiles,
07:12 puisque la France livre des armes à l'Ukraine,
07:15 nous avons eu des visas de 8 jours.
07:17 Ça fait 30 ans que je vais en Russie, je n'ai jamais eu un visa aussi court.
07:20 Mais quand même, j'y suis allée.
07:22 - Et est-ce que vous vous sentez épiée comme une espionne là-bas ou pas ?
07:25 En tant que journaliste française venant d'un pays hostile.
07:28 - Moi, j'ai évidemment une très longue histoire avec la Russie.
07:31 Il m'est arrivé des tas de choses.
07:33 Je n'ai pas pour habitude de me plaindre, de les mettre en avant.
07:36 Bien évidemment, les services secrets russes ont un énorme dossier sur moi.
07:40 Bien évidemment, je les connais, ils me connaissent.
07:41 Avec le temps, ce sont des personnes différentes, mais les services restent.
07:45 J'ai été déjà expulsée de Russie lors d'une présidentielle.
07:49 J'ai eu des tas d'ennuis, bien sûr.
07:52 On cherche à m'empêcher de faire mon travail.
07:55 Ça m'est arrivé aussi côté ukrainien.
07:57 Ça m'est arrivé aussi en Irak.
07:58 Ça m'est arrivé aussi en Afghanistan.
08:00 Nous, les journalistes, vous le savez très bien, on est quand même des gêneurs.
08:03 Mais la Russie d'aujourd'hui, même la Russie en guerre,
08:06 visiblement ne souhaite pas se fermer complètement.
08:09 Elle veut continuer à avoir des journalistes sur place.
08:11 - Et quasiment tous vos interlocuteurs russes ont demandé à être cités sous pseudonyme dans le livre.
08:15 "La société est morte de peur", c'est ce que vous écrivez.
08:18 J'imagine que vous prenez beaucoup de précautions avant de rencontrer les gens là-bas,
08:21 avant de faire vos interviews.
08:22 - Bien sûr, vous avez raison.
08:24 Je dis, la société russe, il ne faut pas croire qu'elle est passive, qu'elle est apathique,
08:27 mais elle est morte de peur.
08:28 Mais effectivement, on le saurait à moins.
08:30 Bien sûr qu'elle est morte de peur, parce qu'il y a tellement de possibilités,
08:33 si vous vous exprimez publiquement et que vous ne dites pas ce qu'il faut dire depuis cette guerre,
08:37 qu'on vous arrête et qu'on vous envoie en prison pour un certain nombre d'années,
08:40 que bien sûr, tout le monde a peur.
08:43 Mais moi, je parle la langue russe comme je parle le français.
08:47 J'y vais depuis 30 ans.
08:48 Vous imaginez les réseaux que j'ai, les tissus d'amitié que j'ai développés depuis des années et des années.
08:55 Donc, simplement, depuis cette guerre, c'est vrai que ça n'est pas plus facile.
08:59 C'est bien sûr plus difficile.
09:01 Les gens qui me connaissent, me connaissent.
09:03 Mes nouvelles sources d'informations peuvent se méfier, évidemment.
09:06 Donc, il faut que je leur donne des gages en les anonymisant,
09:10 en leur expliquant qu'effectivement, ils ne risquent rien puisque c'est un livre,
09:13 je ne suis pas là avec une caméra, etc.
09:15 Mais au final, ils ont quand même envie de parler.
09:17 Tout le monde a envie de parler pour raconter ce qu'il ressent vraiment.
09:20 Parce que cette guerre, elle ne leur plaît pas.
09:22 Elle ne plaît pas aux Russes pro-guerre parce qu'ils n'arrivent pas à la gagner.
09:25 Ils voient bien que leur pays ne la gagne pas.
09:27 Et elle ne plaît pas aux Russes anti-guerre puisqu'elle existe et qu'ils n'en voient pas le bout.
09:31 - J'ai juste un exemple qui est très touchant dans le livre.
09:33 Cette femme, Nadia, que vous rencontrez, qui économise,
09:36 qui sacrifie pour envoyer son fils presque 18 ans à l'étranger pour éviter qu'il parte à l'armée.
09:41 Et c'est leur secret. Ils n'en parlent à personne.
09:43 - Oui, je me souviens. Elle travaille dans une agence de pub.
09:48 Et d'ailleurs, ils ont perdu tous leurs clients occidentaux.
09:50 Et elle ne peut pas... Parce que la petite copine de son fils,
09:54 le père de cette petite copine, elle m'a dit ça à la fin de l'interview, est policier.
09:59 Donc, effectivement, comme elle avait l'intention de l'envoyer, etc.
10:03 Donc, ce n'était pas question qu'ils en parlent.
10:04 Mais beaucoup de gens sont obligés de cacher, de dépendre de leur vie.
10:07 Surtout de cacher ce qu'ils pensent.
10:09 - Anne Niva, vous restez avec nous. Vous la reporter de Guerre, la haine et le déni.
10:11 Votre nouveau livre qui nous emmène en Russie et en Ukraine est en librairie.
10:15 On va retourner en Ukraine. Tiens, justement, juste après la pause.
10:17 - Allez, RTL, bonsoir. La deuxième heure.
10:26 Notre grande invitée ce soir est donc reporter de Guerre.
10:29 Anne Niva nous emmène en Ukraine, en Russie, dans son nouveau livre, la haine et le déni.
10:33 Dans ce livre, il y a deux hommes qui reviennent beaucoup au fil des pages.
10:36 Dans le regard de vos interlocuteurs, le premier, c'est Vladimir Poutine.
10:39 Et le second, c'est Volodymyr Zelensky.
10:41 Parlons-en du président ukrainien maintenant.
10:43 Le monde entend depuis deux ans ses appels, ses coups de gueule.
10:47 Petit exemple.
10:48 - Bien sûr, nous allons préparer de nouvelles contre-offensives et de nouvelles opérations.
10:54 Et je ne dis pas que nous allons juste rester sans rien faire.
10:57 Seulement, cela dépend de beaucoup de choses.
10:59 Est-ce que les Ukrainiens peuvent survivre sans le soutien du Congrès américain ?
11:02 Bien sûr que oui. Mais nous ne survivrons pas tous.
11:05 - Et vous, Anne Niva, vous racontez dans ce livre que l'unité derrière Zelensky,
11:11 elle commence à se fissurer en Ukraine.
11:13 C'est juste un clown au bon mot, vous dit un officier dans le livre.
11:16 - Oui, je dis bien que ce n'est pas moi qui le dis.
11:18 C'est un officier qui le dit.
11:20 Oui, ça, ça m'a beaucoup marqué parce que c'était quand même en avril-mai 2022,
11:24 donc au début de la guerre, et un officier ukrainien,
11:28 donc un haut gradé militaire qui ne portait pas du tout dans son cœur Volodymyr Zelensky.
11:33 Mais comme beaucoup de militaires, et on a vu par la suite ce que ça a donné,
11:38 lui, c'était un fan absolu de Zalouzhny, le chef d'état-major ukrainien,
11:44 qui est un véritable héros, une icône auprès de tous les citoyens ukrainiens,
11:47 qui est celui qui commandait la guerre jusqu'à il y a quelques mois,
11:51 puisqu'il a été au final remercié par le président.
11:55 Et ça, ça a beaucoup marqué les Ukrainiens.
11:57 Mais ce qui m'a marqué aussi, c'est de voir beaucoup de jeunes Ukrainiens
12:00 qui me disaient qu'ils n'avaient pas forcément voté.
12:01 Vous savez, il a été élu en 2019, Volodymyr Zelensky,
12:04 donc peu de temps avant la guerre, et il avait des positions beaucoup plus pro-russes à l'époque,
12:10 beaucoup plus en faveur d'un rapprochement avec la Russie.
12:13 Et beaucoup de jeunes n'avaient pas voté pour lui,
12:15 mais tous se sont retrouvés complètement ébahis par son héroïsme,
12:21 par sa capacité à réagir. - Son courage, il est resté.
12:23 - Oui, son courage, absolument. Son courage force le respect.
12:26 Et là, j'ai énormément de gens qui m'ont dit qu'on n'a pas voté pour lui,
12:29 mais là, depuis le début de la guerre, on le trouve absolument extraordinaire.
12:32 Maintenant, on est à deux ans plus tard, et bien évidemment...
12:35 - La politique a repris ses droits. - Et bien sûr !
12:37 Et puis, l'Ukraine est une démocratie, elle veut rentrer dans l'Europe,
12:40 donc il y a quand même un multipartisme.
12:43 Et il y avait, avant cette guerre, là c'est un petit peu plus compliqué,
12:46 mais des partis d'opposition à Volodymyr Zelensky,
12:48 et notamment des partis d'opposition, c'est là le problème pro-russe.
12:51 Donc, ils étaient présents au Parlement, à la Rada.
12:55 Et depuis la guerre, bien sûr, j'ai rencontré certains représentants de ces partis d'opposition.
12:59 Eh bien, ils n'ont plus tellement droit à la parole depuis la guerre,
13:02 mais ça, c'est... guerre oblige, effectivement.
13:05 La guerre change tout en Ukraine aujourd'hui.
13:07 Mais peut-être que ça va être compliqué pour Volodymyr Zelensky,
13:10 il faut qu'ils prennent ça en compte.
13:11 - Anne Niva, après deux ans de guerre, ma question, elle est un peu provocante,
13:14 mais elle est en train, quelque part, de s'imposer.
13:16 Est-ce qu'on peut sortir de ce conflit sans offrir à Poutine des concessions ?
13:21 - Pour le moment, il n'en est pas question.
13:23 Pour le moment, ni d'un côté, ni de l'autre...
13:26 - Pour le moment ?
13:27 - Oui, pour le moment, mais toute guerre...
13:29 Il y a une évolution, tout ne peut pas rester bloqué ad vitam aeternam.
13:33 Mais pour le moment, il est clair que ce qui aiderait à une fin plus facile de cette guerre,
13:37 ce serait une victoire militaire claire d'un côté ou de l'autre.
13:40 Il n'y a aucune victoire militaire claire d'un côté ou de l'autre.
13:43 Et ça, côté russe, côté Vladimir Poutine, il le sait depuis longtemps et il fait durer.
13:48 Et côté ukrainien, effectivement, il y a une certaine lassitude à vouloir toujours demander,
13:54 nous "extorquer" - je dis ça bien gentiment - des armes, etc.
13:59 Et Wolin-Wazielensky voit bien qu'il y a des dissensions au sein de l'Europe,
14:03 même si l'Europe, bien sûr, aide, il y a de la complexité qui vient des Etats-Unis.
14:07 Et ça, ce n'est pas simple.
14:09 Donc, il n'est pas question de négociation aujourd'hui, il n'est pas question de cesser le feu,
14:13 même si, au niveau des populations, bien sûr, de part et d'autre,
14:19 j'ai entendu beaucoup de personnes souhaiter la fin de la guerre.
14:23 Et je les comprends absolument.
14:25 Il est quand même très difficile de dire tout le temps qu'on veut que cette guerre continue.
14:29 - Anne Nivov, il faut qu'on évoque aussi avec vous les événements récents en Russie.
14:32 Il y a dix jours, Moscou a été frappée par un attentat islamiste, 144 morts.
14:36 Poutine continue de dire que l'Ukraine était alliée à Daech.
14:39 Pourquoi ? Parce que dire le contraire, ce serait reconnaître qu'il y a eu des failles dans le renseignement ?
14:43 - Ah, bien évidemment ! - À votre faiblesse ?
14:46 - Absolument. Il y a là, véritablement, deux problèmes pour Vladimir Poutine,
14:50 deux énormes problèmes.
14:52 Il y a une guerre en cours, et cette guerre, comme je l'explique dans ce livre,
14:55 elle est dans toutes les têtes.
14:57 C'est-à-dire qu'on ne peut pas dire que les Russes, ce que j'ai pu entendre au début de cette guerre,
15:01 que les Russes ne savaient pas, ils savent tout,
15:04 et ils n'en peuvent plus de cette guerre, pour différentes raisons.
15:06 Ça les met en colère, comme je l'ai dit tout à l'heure.
15:09 Et donc, ils sont coincés.
15:13 Et en même temps, les Russes ont beaucoup souffert dans les vingt dernières années
15:17 d'attentats terroristes islamistes sur leur sol.
15:20 Donc, le fait que Vladimir Poutine ait immédiatement lié cet attentat à l'Ukraine
15:26 n'est pas étonnant, et c'est quelque chose que beaucoup de gens dans la population russe entendent,
15:30 parce que la guerre est dans toutes les têtes,
15:32 et en même temps, ils ont également peur, ils sont dans l'insécurité,
15:36 par rapport à l'islamisme.
15:38 Or, ça montre bien que ce problème islamiste n'est pas réglé en Russie.
15:41 - Anne Niva, avant d'aborder dans ce studio une partie un peu plus légère de l'émission,
15:45 parce qu'en général, à partir de 9h30, on parle de cuisine...
15:48 - Excuse d'être dans la partie un peu grave !
15:50 - Non, non, mais je voudrais vous proposer un petit quiz,
15:51 parce que ça permet aussi aux auditeurs, et on en fait régulièrement avec nos grands invités,
15:54 de mieux connaître nos invités.
15:55 Là, en l'occurrence, c'est votre vide reporter de guerre qui est sur le grill,
15:57 c'est Cyprien qui pose les questions, rassurez-vous, il n'y a aucun piège.
16:00 - Question courte, réponse courte.
16:02 Anne Niva, le pays où vous rêvez de vous rendre en reportage ?
16:05 - La Corée du Nord !
16:09 - Le pays où vous rêvez de vous installer ?
16:11 - La Corée du Nord !
16:12 - Non, non, non, non, l'Italie !
16:14 - Pas forcément.
16:15 La personnalité que vous rêvez d'interroger ?
16:18 - Poutine.
16:19 - Le premier journal que vous lisez le matin ?
16:21 Quand vous êtes en France.
16:23 - Le New York Times.
16:24 - La prochaine langue que vous voulez apprendre ?
16:26 Parce que je rappelle qu'on parlait 7 langues.
16:27 - Alors, la prochaine langue...
16:29 - La mort.
16:30 - Ouais, peut-être, pourquoi pas ?
16:32 - Bonne idée.
16:33 - Pourquoi pas ?
16:34 - Ça sert beaucoup.
16:35 - C'est du lourd, ça.
16:36 - La langue la plus dure à apprendre ?
16:38 Des 7 que vous parlez.
16:39 - Non, mais les langues les plus dures à apprendre, c'est par exemple le chinois, une langue asiatique.
16:42 J'ai pas de langue asiatique, donc ça, j'aimerais bien.
16:44 - Et pour terminer, alors j'adore cette question, people,
16:46 expliquez-nous, quand on est dingue de yoga et de pilates, comme vous,
16:49 vous mettez beaucoup de photos sur Instagram.
16:51 - Oui, c'est vrai, absolument, parce que je veux montrer qu'une reporter de guerre,
16:53 c'est pas seulement aller dans les trucs et tout,
16:56 faire que des choses négatives, c'est aussi être en forme.
16:59 - Est-ce qu'on arrive à pratiquer quand vous êtes en reportage au fin fond de la rue ?
17:02 - Très bonne question, merci Cyprien de me la poser.
17:04 Non, c'est très compliqué.
17:05 Je n'y arrive pas du tout, je suis obligée de manger complètement différemment,
17:09 je n'ai plus du tout la même routine, et quand je reviens, je suis exténuée.
17:13 - Est-ce que vous demandez à l'ONU de préparer des salles de pilates ?
17:17 - Je pense que ce serait vraiment une très bonne résolution.
17:20 - Ça peut être une bonne résolution.
17:21 Anne Niva, vous restez avec nous, vous êtes notre grande invitée,
17:23 d'un RTL bonsoir.
17:24 La haine et le déni, votre livre, c'est de plonger dans le quotidien
17:27 de l'Ukraine et de la Russie, c'est en librairie, la suite c'est donc
17:29 de la cuisine, de la musique, comme chaque soir, je crois que vous ne mangez pas de viande,
17:32 Anne Niva.
17:33 - Non, je mange du poisson.
17:35 - Laissez tomber, ça va vous faire.
17:37 C'est toujours très vert, la gueule d'Angèle Ferromagne.
17:39 - Nous non plus, on ne mange plus.
17:41 - Je suis contente de ranger ma cuisine.
17:43 - Qu'est-ce qu'on mange ce soir, Angèle ?
17:44 - C'est super, c'est végétarien.
17:45 - On mange un tagine, végétarien évidemment, aux abricots secs.
17:48 - Et la musique, c'est la playlist de Steven Bellery.
17:50 Qu'est-ce qu'on écoute ce soir, Steven, salut.
17:52 - Savez-vous quel est l'album le plus vendu en France chanté par un artiste français ?
17:56 - Hum, bonne question.
17:58 - "Samedi soir sur la terre" de Francisca Morel.
18:00 On va souffler les bougies, il a 30 ans, et on va danser la country avec Beyoncé.
18:05 - Oui, pas Francisca, l'album.
18:07 - Oui, bien même.
18:09 - Francis vient d'avoir 70.
18:11 RTL
18:12 Bon.
18:12 Merci à tous !

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