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Philippe Delorme, secrétaire général de l'enseignement catholique, répond aux questions de Dimitri Pavlenko.Ensemble, ils reviennent sur le rapport parlementaire à charge délivré par deux députés contre l'enseignement privé catholique.
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Philippe Delorme, secrétaire général de l'enseignement catholique, répond aux questions de Dimitri Pavlenko.Ensemble, ils reviennent sur le rapport parlementaire à charge délivré par deux députés contre l'enseignement privé catholique.
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00:00 - Il est 7h12 sur Europe 1, Dimitri Pavlenko, vous recevez ce matin le secrétaire général de l'enseignement catholique.
00:06 - Bonjour Philippe Delorme, bienvenue sur Europe 1.
00:08 Deux parlementaires, l'un de la France Insoumise, l'autre Renaissance, le parti d'Emmanuel Macron, ont donc rendu public hier
00:15 un rapport à charge contre l'enseignement privé catholique. Selon eux, la question du financement public de l'enseignement privé sous contrat
00:23 doit être posée. Ces deux députés parlent d'un financement opaque, hors de contrôle, les mots sont terribles, et ils suggèrent, ces deux députés, de
00:32 réviser les contrats qui lient les écoles privées à l'éducation nationale.
00:36 Alors on va rentrer dans les détails, vous avez évidemment lu ce rapport, Philippe Delorme. Votre réaction ?
00:41 - Ma réaction d'abord, c'est que derrière tout ça, au moins pour M. Vanier, il y a un objectif qu'il ne veut pas assumer.
00:48 - Paul Vanier, député de la France Insoumise, l'un des deux auteurs du rapport.
00:51 - Donc l'objectif qu'il n'est pas assumé, c'est en fait à terme la suppression de la loi de Bré, donc de l'enseignement privé.
00:56 En tous les cas, c'est ce qu'il a déclaré hier dans Libération, mais ça il ne veut pas l'assumer.
01:00 - Donc la loi de Bré, c'est la loi de 1959 qui structure les relations entre l'enseignement catholique privé et l'État.
01:06 - Absolument, et qui donne une loi d'équilibre qui a été votée et qui continue à bien fonctionner.
01:11 Donc ça c'est la première remarque. La deuxième remarque, c'est que tout est... c'est un rapport à charge, comme vous l'avez souligné, où on est dans la suspicion.
01:17 Donc on n'apporte jamais la preuve des affaires, mais on suppose qu'à partir d'un ou deux exemples réels, et du coup on le généralise.
01:25 Et puis le troisième élément, c'est qu'aucun signe positif sur le bon travail que nous accomplissons.
01:33 On aurait pu dire, ben voilà, l'enseignement catholique, l'enseignement privé fait du bon travail, mais il faudrait peut-être revoir ça.
01:38 Ça aurait été moins choquant que de stigmatiser les milliers d'enseignants, les personnels, les chefs d'établissement, tous les bénévoles au service de l'enseignement catholique,
01:48 et les familles qui nous font confiance, parce que le juge de paix, je dirais, ce sont bien les familles qui nous font confiance.
01:54 - Alors vous dites en substance, Philippe Delorme, le dossier est vide, c'est une instruction à charge,
01:58 les deux députés écrivent quand même qu'on ne sait pas exactement le montant total d'argent public qui est consacré aux établissements privés sous contrat.
02:07 Et ça fait écho à un rapport de la Cour des comptes en juin dernier qui disait, effectivement, on a un petit problème de contrôle de l'emploi de l'argent public,
02:14 on ne sait pas exactement où va l'argent et en quelle quantité. Est-ce que vous pouvez répondre à cela, Philippe Delorme ?
02:20 - Oui, je dis que les contrôles, nous y sommes très favorables. Très favorables. Et si aujourd'hui il n'y a pas suffisamment de contrôles...
02:26 - C'est pas vous qui cachez les pièces comptables. - C'est pas nous, c'est parce que...
02:28 - C'est Bercy qui ne fait pas son travail. - Le gouvernement, les autorités publiques chargées de ces contrôles ne font pas leur travail.
02:34 Et moi je suis pour le contrôle parce que ça révélera la fragilité économique de la majorité de nos établissements.
02:40 - C'est-à-dire, vous dites que l'enseignement catholique privé est pauvre en France ?
02:42 - Oui, je dis qu'il est pauvre, je dis qu'aujourd'hui, une grande partie de nos établissements, notamment du premier degré, ont une capacité d'autofinancement extrêmement faible.
02:52 Donc n'imaginons pas qu'on croule sous l'argent. On insinue que nous aurions des donateurs très généreux qui nous déverseraient des milliards.
02:58 Malheureusement, ce n'est pas le cas. La Fondation Saint-Mathieu récolte chaque année environ 6 millions d'euros.
03:03 Et quand on parle de chiffres, je pense qu'il faut aussi les remettre à leur place.
03:07 C'est-à-dire, aujourd'hui on dit 9, 10, 11, 12, 13 milliards. Même si je prends 13 milliards.
03:12 13 milliards, il faut mettre en face le chiffre de l'enseignement public.
03:15 - Combien coûte un élève de l'enseignement privé à l'État ?
03:18 - Je ne peux pas le dire exactement comme ça. Ce que je peux dire, c'est qu'un élève de l'enseignement privé coûte deux fois moins cher qu'un élève de l'enseignement public.
03:24 - Il y a des données qui émanent de la direction des statistiques du ministre de l'Éducation.
03:28 - Les statistiques, c'est 112 milliards d'euros. Nous, c'est 13 milliards d'euros au maximum.
03:34 Ce qui représente un peu plus de 11%, alors qu'on pèse près de 20% des élèves.
03:38 Donc si vous voulez, aujourd'hui, on fait au moins aussi bien, avec beaucoup moins d'argent.
03:45 Donc arrêtons de nous stigmatiser, mais contrôlons, contrôlons au contraire.
03:49 Moi je suis pour que tout l'ensemble de nos établissements soient contrôlés pour voir notre réalité économique, et pas celle qui est décrite dans ce rapport.
03:56 - Alors tout ça intervient aussi à un moment, on l'observe depuis quelques années, Philippe Delorme, où l'école privée est en très forte croissance.
04:03 Et on va le dire franchement, même l'enseignement catholique privé le reconnaît, c'est pas tellement l'alternative religieuse qui est recherchée,
04:09 mais plutôt une offre concurrente à celle de l'école publique qui est jugée insatisfaisante aujourd'hui, Philippe Delorme.
04:15 C'est ça aussi, vous pensez, qu'on vous fait un peu payer ?
04:17 - Alors la croissance est relative, puisqu'on subit des croissances démographiques comme l'enseignement public.
04:23 Aujourd'hui il y a moins d'enfants en France, je me situe jamais en concurrence, et l'enseignement catholique n'est pas concurrent de l'enseignement public.
04:31 L'enseignement catholique est complémentaire.
04:33 - C'est comme ça que les familles le voient en tout cas.
04:35 - Pas toutes les familles, et puis moi je récuse le fait que les familles ne nous choisissent pas pour notre projet éducatif.
04:41 Les familles nous choisissent bien pour notre projet éducatif.
04:44 - C'est pas contre l'école publique qu'on choisit l'école privée ?
04:47 - Non, c'est une adhésion à un projet. C'est d'abord une adhésion à un projet, un projet chrétien d'éducation, même si les familles ne sont pas croyantes ou appartiennent à une autre religion.
04:54 C'est bien l'éducation qu'on propose aux jeunes, ce qu'on appelle l'éducation intégrale, c'est-à-dire pour le jeune dans sa globalité,
05:01 accueillir un enfant avant d'accueillir un élève, que les familles recherchent.
05:04 Et ça c'est un projet chrétien d'éducation.
05:06 - On a l'impression quand même à la lecture du rapport, Philippe Delorme, que les considérations budgétaires, vous l'avez un peu dit, sont là en fait pour préparer une autre revendication.
05:15 On exige l'école privée qui est accusée d'entre soi, une plus grande mixité sociale.
05:21 Ce reproche il est là depuis Papendia, il ne s'est jamais éteint. Qu'est-ce que vous dites à ça aussi, Philippe Delorme ?
05:26 - Je dis d'abord qu'il faut regarder sur l'ensemble du territoire et que malheureusement on a tendance à observer ce phénomène uniquement dans les grandes métropoles.
05:34 Effectivement, la population scolaire dans les grandes métropoles a évolué, et on sait pourquoi.
05:40 La gentrification qui s'opère dans les grandes métropoles en raison de l'augmentation notamment du coût du logement.
05:45 Et donc nous avons perdu ces dernières années un certain nombre de familles plus modestes qui ont quitté ces territoires pour aller plus en périphérie.
05:52 Donc il est vrai que là on a vu notre IPS, l'indice de position sociale, augmenter ces dernières années dans ces grandes métropoles.
05:59 Mais j'étais il y a 15 jours dans la Véron par exemple, dans la Véron où on scolarise 35% des élèves, l'IPS moyen de nos collèges est inférieur à celui du public.
06:09 Donc dire que partout en France, comme l'affirme M. Vannier, nous sommes uniquement là pour les riches et les bien portants est une calomnie.
06:18 Et deuxième élément, dans cette affirmation, on sous-entend que les chefs d'établissement feraient le choix volontaire d'exclure les élèves, de ne pas accueillir les élèves, modestes.
06:32 Or notre difficulté aujourd'hui c'est que les familles ne se présentent pas chez nous, ou n'ont pas les moyens de venir chez nous, même quand on fait des efforts importants pour les accueillir.
06:40 - Merci beaucoup Philippe Delorme d'être venu au micro d'Europe 1 ce matin. Je rappelle vous êtes le secrétaire général d'enseignement catholique.
06:46 On reparlera de ce fameux rapport tout à l'heure à 8h moins 10 avec Vincent Trémolet de Villers, ce sera le thème de l'édito politique sur Europe 1 ce matin.
06:54 Bonne journée à vous ! - A vous aussi, merci !