50 ans de la mort de Pompidou - La chronique de Guy Carlier - Vidéo Dailymotion

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Transcript

00:00 Le Grand Matin Sud Radio, 7h-8h30, Patrick Roger.

00:04 Il est 7h56, allez Guy Carlier ce matin, Carlier libre, Laurie ?

00:10 Et Guy nous parle aujourd'hui d'un président de la République et d'une prof de français, amoureuse d'un de ses élèves.

00:15 Alors je pense qu'on devine un petit peu de qui il s'agit. Bonjour Guy.

00:19 Oui, bonjour Patrick, bonjour Laurie, bonjour à tous.

00:22 Eh bien non, vous ne devinez pas car le président de la République dont je vais vous parler n'est pas Emmanuel Macron,

00:28 mais Georges Pompidou dont c'était hier le cinquantenaire de la mort.

00:32 Pour les enfants de mai 68 que nous étions, il était de bon ton de se moquer de cet homme au physique de Bourbon

00:39 et dont le nom évoquait le titre d'une chanson de Marilyn Monroe.

00:43 A cette époque, souvenez-vous, enfin ceux qui sont, ceux qui étaient nés,

00:47 les conférences de presse des présidents de la République étaient des grands messes télévisées

00:51 auxquelles assistait toute la famille regroupée devant la télé.

00:54 Alors après avoir parcouru les problèmes internationaux, politiques, sociaux,

00:58 la dernière question portait généralement sur un fait divers qui avait marqué le pays.

01:04 Fin 69, les Français furent bouleversés par l'histoire d'amour d'une prof de français de 30 ans

01:11 qui s'appelait Gabrielle Russier avec un de ses élèves âgés de 15 ans.

01:15 Le père du garçon porta plainte.

01:17 Gabrielle Russier fut condamnée pour détournement de mineur et se suicida dans son appartement marseillais.

01:24 A la fin d'une de ses conférences de presse de Pompidou, on lui demanda ce qu'il pensait de ce drame.

01:30 Le président marqua un temps comme s'il allait chercher ses émotions au fond de son âme

01:36 et il répondit en citant un poème de Paul Éluard qui disait

01:40 "Comprenne qui voudra, moi mon remords c'est la victime au regard d'enfant perdu."

01:47 Hier, l'anniversaire de la mort de Pompidou a semblé agir auprès des Français comme une Madeleine de Proust.

01:54 Toutes les radios, les télés dégoulinaient de nostalgie des 30 glorieuses.

01:58 Les gens interrogés lors de micro-trottoirs évoquaient des souvenirs un peu cuculs

02:02 comme le couteau électrique pour découper le rosebif du repas du dimanche,

02:06 les invités qui débarquaient avec des caoutchoucs.

02:09 On n'en voit plus des caoutchoucs, ça envahissait tout le salon,

02:12 ça courait sur l'étreinte de la rideau, ça descendait derrière les chiennifies le long du papier peint orange.

02:17 Ça c'est de la nostalgie doucereuse, c'était mieux avant, ça n'a pas grand intérêt.

02:23 Mais il y a aussi une nostalgie douloureuse.

02:26 Ce sont ces vers de Paul Éluard qui aujourd'hui ont été remplacés par les commentaires

02:31 médiocres, vulgaires, inutiles et aigris des réseaux sociaux sur Brigitte Macron

02:36 qui avait cru sensiblement la même histoire que Gabriel Russier.

02:40 Et ça, ça s'appelle la décadence.

02:43 Bon allez, je ne vais pas vous laisser partir sur ce triste constat,

02:46 on va se quitter dans la joie et la gaieté, car si hier c'était l'anniversaire de la mort de Pompidou,

02:51 aujourd'hui c'est celui de la naissance de Dario Moreno, chanteur gay dans tous les sens du terme,

02:57 qui jouait au sud-américain de Perrette, moitié général Alcazar,

03:01 moitié Zaza Napoli de la Cage aux folles et qui chantait "Si tu vas à Rio".

03:05 C'était paraît-il la chanson préférée du général de Gaulle,

03:08 au point qu'un soir où il recevait une délégation brésilienne à l'Elysée,

03:13 c'est authentique, il glissa à l'oreille de l'ambassadeur de France,

03:16 "Puisque vous retournez à Rio, surtout n'oubliez pas de monter là-haut".

03:21 L'autre, comme de Gaulle n'était pas vraiment un joyeux de rire,

03:24 pensa qu'il s'agissait d'une phrase codée et que le grand Charles,

03:28 comme l'appelaient les prolos, lui confiait une mission d'espionnage.

03:31 Alors le plus sérieusement du monde, il répondit au chef de l'État en claquant les talons,

03:35 "Comptez sur moi mon général, dès mon arrivée à Rio, je monterai là-haut pour la France".

03:41 la France.

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