• il y a 8 mois
Hubert Antoine, secrétaire académique de l'enseignement catholique pour l'académie de Lille, réagit au rapport parlementaire sur le financement de l'enseignement privé.

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Transcription
00:00 - Bonjour Hubert-Antoine. - Bonjour.
00:01 - Il y a un mot qui ressort de ce rapport, c'est le terme "opaque".
00:04 Un financement opaque de l'enseignement privé, c'est-à-dire finalement l'État verse des subventions,
00:08 les collectivités territoriales en versent aussi,
00:11 mais les députés qui ont fait ce rapport n'ont pas trouvé comment, n'ont pas trouvé pourquoi.
00:14 Qu'est-ce que vous répondez à ce terme qui est particulier, qui est fort quand même ?
00:17 - Les règles financières sont très claires.
00:20 L'État participe et finance la rémunération, les rémunérations des enseignants,
00:27 et l'État et les collectivités financent le fonctionnement des établissements
00:32 sur la base de ce que coûte un élève du public.
00:36 - Comment sont fixées ces subventions que les pouvoirs publics vous accordent ?
00:39 Cela représente combien d'ailleurs pour le budget d'un établissement ?
00:41 C'est quoi, c'est 75% ? Ça c'est un chiffre qui revient dans le rapport ?
00:45 - Alors c'est très variable suivant les établissements,
00:47 puisqu'il y a les hauteurs de forfaits qui sont différentes suivant le type d'établissement.
00:54 Les écoles ont des forfaits qui sont beaucoup moindres par rapport au second degré.
00:59 Donc ça varie, grosso modo on est de l'ordre de 50%.
01:02 - Et ces subventions, elles sont réévaluées tous les ans en fonction des besoins ?
01:06 C'est quelque chose qu'on voit dans le rapport que les contrats ont été passés il y a longtemps,
01:09 finalement personne ne remet ça en cause,
01:12 et les subventions sont renouvelées, comme ça année après année,
01:14 sans qu'on pose vraiment de questions.
01:15 - Le financement il est clair, c'est le calcul de ce que coûte un élève du public,
01:20 et pour le fonctionnement, le privé reçoit ce que coûte un élève du public,
01:25 et ça c'est très clair, et c'est depuis le démarrage des contrats.
01:28 - Ces établissements privés sont sous contrat,
01:31 on le souligne avec l'État, qui dit "contrat" dit potentiellement "contrôle",
01:36 et c'est l'autre élément qui ressort de ce rapport, c'est la quasi-absence justement de contrôle.
01:39 Est-ce que vous en avez eu récemment dans l'Académie de Lille
01:41 pour vérifier que vous appliquiez bien le contrat passé avec l'État ?
01:44 - Non, le contrôle est du ressort des collectivités et de l'État.
01:48 Chaque établissement est tenu de présenter un budget
01:54 dans lequel il invite les élus correspondant à l'établissement.
02:00 Ces comptes sont déposés à la Trésorerie Générale,
02:02 toutes les collectivités peuvent le consulter,
02:05 et l'État assure ces contrôles à partir de ces éléments-là.
02:08 - Il y a les contrôles budgétaires, il y a aussi les contrôles pédagogiques,
02:11 pour voir que vous appliquez bien là aussi les programmes.
02:14 On a eu le cas avec le lycée Averroëst de Lille,
02:16 qui est un lycée particulier, puisque c'est un lycée musulman,
02:18 donc vous ne le représentez pas, mais qui a été contrôlé
02:21 pour voir si les enseignements étaient conformes aux valeurs de la République.
02:24 Il faudrait davantage de contrôles comme ça,
02:25 vous le souhaitez, pour dire comme ça on lève tous les doutes ?
02:27 - Les enseignants sont des agents contractuels de l'État,
02:30 leur employeur c'est l'État,
02:32 et l'État les contrôle de la même manière que dans le public.
02:37 Alors est-ce qu'il y a des choses différentes ou pas ?
02:39 Demandez effectivement directement au niveau du rectorat,
02:42 mais pour nous les enseignants sont contrôlés exactement de la même manière.
02:47 Alors maintenant il y a bien obligation, et là on est très attentif,
02:50 à l'obligation que comptent les établissements privés
02:52 de respecter les horaires obligatoires qui sont fixés
02:55 par le rectorat, par la loi,
02:59 par rapport à ces programmes,
03:01 et puis ils sont tenus de pouvoir les respecter, et les contenus pédagogiques.
03:04 - À 7h48 sur France Blender, nous sommes en direct avec Hubert Antoine,
03:06 secrétaire académique de l'enseignement catholique pour l'Académie de Lille.
03:10 Hubert Antoine, c'est quelque chose qui est repris dans ce rapport
03:12 qui avait été déjà pointé dans un autre rapport,
03:14 celui de la Cour des Comptes, publié l'an dernier,
03:16 le manque de mixité sociale,
03:18 ou en tout cas la baisse de mixité sociale dans les établissements privés.
03:21 C'est quelque chose dont vous avez conscience ?
03:23 Je vous donnais juste un chiffre, en 2021,
03:25 les enfants issus de familles défavorisées,
03:27 c'était 16% des enfants dans le privé,
03:29 dix ans plus tôt, on était quasiment dix points au-dessus,
03:33 donc c'est quelque chose qui est en baisse,
03:34 vous en avez conscience ?
03:35 Est-ce que c'est quelque chose que vous essayez de corriger ?
03:37 Alors, l'ouverture à tous fait partie de notre projet,
03:40 notre projet chrétien au niveau des écoles,
03:43 et donc ça c'est important.
03:45 Il s'avère que la participation familiale qui est demandée aux familles
03:49 est de plus en plus importante,
03:51 on sait bien que l'inflation joue ici derrière,
03:54 que d'autre part il y a des secteurs comme la restauration
03:57 qui sont extrêmement coûteux
03:59 et qui empêchent nos familles de pouvoir se présenter.
04:02 Donc c'est juste une question de prix ?
04:05 C'est que ça coûte trop cher finalement ?
04:06 C'est pour ça qu'on a de moins en moins d'élèves issus de familles défavorisées,
04:09 de plus en plus d'élèves issus de familles très favorisées ?
04:12 C'est juste une question de prix ?
04:14 C'est un des facteurs.
04:15 Après, on met en place des mesures notamment de participation différenciée,
04:20 qui permet, alors sur le Nord on est de l'ordre de 90%,
04:24 des participations qui sont adaptées aux revenus des familles
04:27 et qui permettent un accès plus important,
04:28 mais il est vrai que ça peut être un frein
04:31 par rapport au fait que les familles poussent les portes de nos établissements.
04:34 Le rapport pointe également certains établissements
04:36 qui sélectionneraient des élèves pour ne garder que les meilleurs,
04:40 pour finalement améliorer leurs résultats à la fin de l'année.
04:42 Est-ce que le privé aujourd'hui pousse dehors les élèves
04:44 les plus en difficulté pour améliorer ses résultats ?
04:46 Alors nous avons dans notre projet le fait de pouvoir faire grandir chacun
04:51 et donc de préconiser l'accueil de tous
04:54 dans le respect et l'acceptation du projet éducatif de l'établissement.
04:57 Voilà, donc les rétas scolaires ne sont pas déterminants
05:00 pour l'accès ou pour le maintien dans un établissement.
05:04 Et si c'était le contraire, il est marginal et je le condamne fermement.
05:08 Il faut des sanctions, c'est ce que proposent justement les deux députés
05:11 qui ont écrit ce rapport, justement des sanctions pour les élèves
05:13 qui pousseraient dehors les élèves les plus en difficulté.
05:19 Le comportement des élèves doit être en adéquation avec le projet d'établissement.
05:26 Voilà, donc les enseignants et les personnels éducatifs,
05:28 ils ont l'habitude et ils sont prêts à accueillir la difficulté scolaire.
05:32 Et encore une fois, sur l'ensemble de nos établissements,
05:34 c'est quelque chose qui est fait et qui est bien fait
05:36 et c'est pour ça que nos familles nous choisissent.
05:39 Par contre, l'indiscipline, ça reste quelque chose de compliqué,
05:42 c'est compliqué pour tout le monde.
05:43 Donc c'est une question de comportement, de discipline,
05:44 pas une question de résultat, si jamais les élèves sont poussés dehors.
05:47 Voilà.
05:48 Hubert Antoine, merci beaucoup d'avoir accepté notre invitation
05:50 ce matin sur France Bleu Nord, secrétaire académique
05:53 de l'enseignement catholique pour l'Académie de Lille.

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