Pour Séverin Sergent, membre du syndicat des Jeunes agriculteurs en Eure-et-Loir, les annonces du ministre de l’agriculture sont «satisfaisantes». Selon lui, les agriculteurs espèrent que le gouvernement a compris «que le désarroi du monde agricole est colossal».
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00:00 Évidemment qu'elles sont satisfaisantes,
00:01 puisqu'il y a des annonces de fêtes
00:03 et on voit que le ministère a travaillé,
00:05 les administrations ont travaillé et qu'il y a eu des remontées.
00:08 Nous avons reçu ce matin une lettre du ministre
00:12 nous expliquant qu'il y avait 67 engagements
00:14 et que 15% n'étaient pour l'instant qu'engagés.
00:17 Donc il faut rester prudent.
00:19 Après, on est satisfait, mais il n'y a qu'un volet,
00:24 il n'y a pas les deux.
00:25 Le deuxième volet, c'est toute l'économie
00:26 et le ministre l'a annoncé lui-même.
00:28 En ce qui concerne l'amélioration des revenus,
00:31 tout ça, pour l'instant, il faudra attendre, encore,
00:34 alors mai, après ce qu'on appelle après les moissons,
00:37 donc peut-être à la rentrée de septembre,
00:39 et ça pour l'instant, on n'a pas de mesure.
00:41 Évidemment, quand j'entends le ministre qui nous dit
00:43 on veut redonner l'envie aux jeunes d'être agriculteurs,
00:46 d'accord, mais un jeune qui veut être agriculteur,
00:48 il veut gagner sa vie.
00:49 Et si on ne vous fait pas gagner votre vie,
00:51 ben ça ne marche pas.
00:52 Après, le dernier échelon intéressant,
00:53 c'est qu'il y a eu des négociations européennes
00:55 et que quand vous faites des négociations jusqu'à Bruxelles
00:58 et que Bruxelles ne recule pas,
01:00 mais en tout cas entend les revendications,
01:02 c'est déjà un bon signe.
01:04 Néanmoins, c'est la première fois, me semble-t-il,
01:06 que je vous entends parler de satisfaction
01:07 depuis le début de ce conflit, dirais-je,
01:09 entre les agriculteurs et le gouvernement.
01:11 Alors, on parle de satisfaction parce qu'on a obtenu des mesures
01:15 et que forcément, quand on lit,
01:19 lorsque nous a envoyé le ministre,
01:20 que potentiellement les jachères
01:22 ne seront peut-être pas non plus reconduites en 2025,
01:24 on se dit qu'ils ont enfin compris,
01:26 ou en tout cas, on espère qu'ils ont compris,
01:28 que le désarroi du monde agricole cette année, il est colossal.
01:31 Je lisais un article qui disait qu'une exploitation sur deux,
01:34 en France cette année, va être en déficit.
01:36 C'est-à-dire que quand vous êtes en déficit,
01:38 vous n'avez pas de revenus pour vivre.
01:39 Donc, un agriculteur sur deux a travaillé pour ne rien gagner.
01:43 Donc, à un moment, on comprend qu'ils sortent dans la rue
01:45 et puis qu'ils aient envie de dire que ça ne va plus.
01:46 Et puis à ça, vous rajoutez toutes les contraintes
01:49 dont le ministre s'est rendu compte quand même
01:50 que la surélévation des mesures au fur et à mesure,
01:55 c'est insupportable.
01:56 On parle des "et", c'est l'exemple qui a été pris.
01:58 Le trop de normes.
01:59 Voilà.
02:00 14 normes pour la "et".
02:01 Alors, on nous dit que ça va être simplifié dans un texte,
02:03 à condition qu'il ne fasse pas 14 alinéas.
02:04 C'est ça qu'on attend.
02:05 Une vraie bouffée d'oxygène et un peu de libération.
02:09 Le gouvernement s'engage à protéger
02:11 la souveraineté alimentaire française.
02:13 C'est l'article 1 du projet de loi,
02:15 c'est-à-dire qu'il va élever l'agriculture
02:17 au rang d'intérêt général.
02:18 Qu'est-ce que ça signifie ?
02:19 Qu'est-ce que ça change concrètement pour vous ?
02:21 Eh bien, ça change tout simplement qu'aujourd'hui,
02:23 quand on est...
02:23 Vous voulez agrandir vos bâtiments d'élevage ?
02:25 C'est pas possible.
02:25 Alors, vous étiez là depuis très longtemps.
02:27 Il y a des exploitations qui sont là depuis des dizaines,
02:29 voire presque centaines d'années pour certaines.
02:31 Le bruit.
02:33 Tout dérangeait tout le monde.
02:34 Mais l'agriculture, elle a une vocation alimentaire.
02:38 C'est-à-dire, on est là quand même pour nourrir les Français.
02:40 Produire, moi je le dis, dans mon département,
02:42 le chiffre d'affaires de l'agriculture,
02:44 c'est 2,2 milliards d'euros pour un département.
02:47 Ça veut dire qu'on crée quand même énormément de richesses.
02:49 Pour créer ces richesses, il faut bien à la fois qu'on travaille.
02:51 Travailler, ça fait un peu de bruit.
02:52 Ça peut parfois déranger, mais on a notre place.
02:55 Et on n'est pas là par hasard.
02:57 Et donc, dans le reportage, il disait 500 000.
02:59 Moi, je considère qu'on est un peu moins de 400 000 agriculteurs aujourd'hui.
03:02 Dans mon département, on en perd un sur cinq tous les dix ans.
03:06 [Musique]
03:09 Sous-titres réalisés para la communauté d'Amara.org