• il y a 7 mois
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Chaque matin dans son édito, Alexis Brezet, directeur des rédactions du Figaro, revient sur l'actualité politique du jour. Ce jeudi, il s'intéressent aux rentes qui pourraient être visées par une augmentation des impôts.

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Transcription
00:00 L'édito politique sur Europe 1 avec le Figaro, bonjour Alexis Brezet.
00:04 Bonjour Dimitri, bonjour à tous.
00:06 Alors Gabriel Attal a annoncé mardi la création d'une mission au sein de la majorité chargée de lui faire des propositions d'ici le mois de juin sur la taxation des rentes.
00:14 Alors jusqu'ici, augmenter les prélèvements c'était pourtant une ligne rouge pour le gouvernement. Comment vous comprenez cela Alexis ?
00:20 Comme tout le monde Dimitri, je comprends qu'on se moque de nous.
00:24 Enfin, les déficits sont abyssaux, la dette est hors de contrôle, les agences de notation nous guettent, l'Etat est incapable de faire la moindre économie et Gabriel Attal a trouvé le coupable.
00:36 Ce pelé, ce galeux, c'est Laurentier.
00:40 Eh oui parce qu'il n'a pas bonne presse Laurentier.
00:43 Dans l'imaginaire collectif, c'est un sale type Laurentier.
00:46 Ce n'est pas l'entrepreneur, svelte et sanglé dans son costume étroit, qui risque son capital pour créer de la richesse et de l'emploi.
00:52 Ce n'est pas non plus l'honnête travailleur qui vit de revenus durement gagnés, revenus que lui procure son activité de salarié, de commerçant ou d'artisan.
01:01 Non, pour nos politiques, Laurentier c'est l'avariste du père Grandet, c'est les comptes d'apothicaires de César Birotte, de Biberotto.
01:09 Laurentier, c'est le bourgeois qui s'enrichit en dormant, c'est l'épargnant égoïste qui chaque mois va toucher à la banque les revenus de ses petits coupons,
01:17 le propriétaire terrien qui compte ses fermages, le logeur qui thésaurise ses loyers avec avidité.
01:22 De Colbert, qui faisait grief à Laurent de ne s'investir ni dans l'industrie ni dans le commerce,
01:28 jusqu'à l'économiste Keynes, qui pour sortir de la crise prônait l'inflation et l'euthanasie des rentiers.
01:34 Rien que ça, c'est une vieille habitude chez les esprits modernes et éclairés de les dénigrer les rentiers.
01:40 Et Emmanuel Macron lui-même a fait campagne contre eux en 2017, lorsqu'il a opposé, rappelez-vous, la rente immobilière à l'économie réelle,
01:49 avant de transformer l'ISF en impôt sur l'immobilier, cet actif réactionnaire qui a le grand défaut de n'être ni fluide ni mondialisé.
01:58 Donc, en s'en prenant à la rente et en ouvrant la chasse aux rentiers, on peut dire que Gabriel Attal n'inscrissait pas dans une longue tradition de mépris technocratique.
02:08 - Alors, concrètement, Alexis, cette taxation, sur quelle rente va-t-elle porter et qui va la payer ?
02:13 - Ah ben ça, évidemment, c'est ce qu'on ne nous dit pas, et puis c'est ce que nous allons découvrir progressivement.
02:17 Et c'est là, quand il va falloir sortir des clichés et des caricatures, que les choses vont se compliquer.
02:23 Parce que la rente, ce n'est pas uniquement les méga-profits de quelques producteurs d'énergie qui auraient indubitement profité de la crise ukrainienne.
02:31 La rente, c'est quoi ? C'est l'épargne du bon père de famille, c'est la poire pour la soif du retraité,
02:36 c'est le livret A, c'est l'assurance-vie, ce sont les dividendes d'un portefeuille d'action,
02:41 ce sont les revenus de ces obligations que l'État émet et ô combien pour financer sa dette,
02:45 c'est le loyer du studio ou du deux-pièces sur lequel on compte pour ces vieux jours.
02:49 Vous verrez, on trouvera même au sein de la mission parlementaire de brillants esprits pour ressortir cette vieille idée
02:56 que le propriétaire qui a acquis son logement à l'issue d'une vie de travail et d'impôt,
03:00 eh bien qu'il bénéficie d'une rente puisqu'il ne paie pas son loyer.
03:03 À ce compte-là, les rentiers, c'est vous, c'est moi et ça fait beaucoup de monde à l'arrivée.
03:07 Tout cela vont être taxés.
03:08 Alors là, aujourd'hui, on nous joue le contraire.
03:11 On nous dit qu'il ne faut pas prendre au pied de la lettre les paroles du Premier ministre,
03:14 qu'il s'agit seulement de donner un os à ronger aux députés macronistes hostiles à la réforme de l'assurance-chômage.
03:20 Mais que la ligne n'a pas changé, que bien entendu,
03:23 on n'augmentera pas les impôts des classes moyennes ni de ceux qui ont travaillé toute leur vie.
03:27 Mais demain, quand la pression des agences de dotation et donc des marchés sera plus forte,
03:32 ce sera une autre chanson.
03:33 Et pourtant, et pourtant chacun le sait,
03:36 les 50 milliards que l'État, d'après la Cour des comptes, doit économiser dans les trois ans,
03:41 eh bien il ne les trouvera pas sous le matelas des rentiers.
03:44 L'édito politique sur Europe 1, merci Alexis Brez.

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