Xerfi Canal a reçu Virginie Martin, professeure et Directrice du Media Lab à Kedge Business School, pour parler des limites du projet européen avec « Parlement ». Une interview menée par Jean-Philippe Denis.
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00:00 Bonjour Virginie Martin.
00:10 Bonjour Jean-Philippe Denis.
00:11 Virginie Martin, professeure à Kedge Business School,
00:14 directrice du Media Lab, le charme discret des séries,
00:17 l'humaine science.
00:18 Avec Anne-Lise Melchion, vous publiez "J'assure en géopolitique"
00:22 grâce aux séries chez Deux Bocs Supérieurs.
00:24 C'est absolument passionnant, les étudiants vont adorer.
00:28 Enfin, on parle de choses qui parlent.
00:30 Même si je n'ai pas vu la moitié des séries évoquées,
00:33 mais du coup ça me donne envie.
00:34 Et une série qui me donne particulièrement envie
00:37 et que je n'ai pas vue, c'est "Parlement".
00:39 "Parlement", la troisième saison, est en train de sortir octobre 2023.
00:44 C'est une série truculente, excessivement critique,
00:49 ironique, caustique, sur les instances européennes.
00:54 C'est vraiment un morceau d'anthologie.
00:57 C'est rigolo parce que les réalisateurs et les créateurs disent
00:59 que ce n'est pas une série anti-Union européenne.
01:02 Or, elle est tellement critique qu'elle me paraît un peu anti-UE.
01:06 Et donc, on rentre à la fois dans le labyrinthe architectural
01:10 de l'Union européenne et du Parlement.
01:12 C'est tergkaïen, c'est ça.
01:13 Voilà, c'est ça.
01:14 Et à la fois dans le labyrinthe des institutions, des gens,
01:18 même des députés qui seront le fil conducteur.
01:21 Il ne comprend lui-même strictement rien à ce qu'il fait,
01:25 strictement rien aux lois, comment elle se vote,
01:27 comment elle ne se vote pas, etc.
01:29 Et puis, il y a des petites choses comme ça aussi,
01:31 un peu de deuxième degré.
01:32 Tout le monde parle anglais alors qu'il y a eu le Brexit.
01:36 Donc, il n'y a plus l'Angleterre, mais tout le monde continue
01:38 de parler anglais.
01:39 Mais en revanche, chacun revient à sa langue d'origine,
01:42 allemande, espagnole, italienne, dès qu'il s'agit d'aller faire
01:46 des coups bas derrière le dos des gens et derrière le dos des pays.
01:50 Parce que finalement, on se rend compte dans cette série
01:54 que finalement, est-ce que cette affaire d'histoire européenne
02:00 et d'Union européenne, est-ce qu'elle a autant pris
02:03 en termes symboliques, en termes charnels,
02:07 en termes finalement d'âme ?
02:10 Est-ce que cette petite vapeur collective dont parle Durkheim
02:15 et qui dit « c'est comme ça qu'on fait société »,
02:17 est-ce qu'on fait Europe ?
02:19 Quand on voit Parlement, on a l'impression qu'on ne fait pas
02:21 tout à fait Europe, en effet.
02:23 Quand on vient des sciences politiques, comme c'est votre cas,
02:26 et qu'on s'intéresse à une série comme Parlement,
02:29 je vous écoute, j'ai l'impression d'entendre parler
02:31 de modèle de la poubelle de James March,
02:33 vous savez, du garbage can.
02:35 C'est ça, on peut avoir ce regard-là très organisationnel.
02:39 Absolument, et aussi, dans Parlement, il y a aussi
02:43 toute cette rationalité limitée, dont il est souvent question
02:47 aussi en sciences de gestion et en sciences des organisations.
02:50 Et on voit bien que, quelle que soit la volonté des acteurs
02:54 et des actrices pour gérer finalement tout ce mastodonte
02:58 européen, mais finalement, il a aussi sa propre vie,
03:01 il est impossible de tout connaître, d'avoir toutes les infos,
03:04 d'avoir les bonnes infos, et partons de là.
03:06 Et conséquemment, les décisions stratégiques tombent
03:09 toujours un peu à côté.
03:11 Et ça aussi, c'est intéressant, évidemment,
03:14 pour toutes les entreprises et toutes les organisations
03:18 que l'on connaît ici ou là, pas seulement au niveau européen,
03:21 évidemment.
03:22 Donc, un superbe outil aussi pour illustrer des concepts
03:25 des sciences des organisations.
03:27 J'assure en géopolitique, grâce aux séries,
03:29 le charme discret des séries.
03:30 Merci Virginie Martin.
03:31 Merci Jean-Philippe.
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