Le vide européen par Emmanuel Todd

  • il y a 5 mois
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Source
Todd Elucid https://www.youtube.com/watch?v=iRgC2l94T6U
Musique https://www.youtube.com/watch?v=39PVEaSytpo

Réponses au quiz de fin :

/!\ Description à ne pas lire avant d'avoir vu la vidéo entièrement
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Dans quels pays d'Europe l'emploi industriel est à moins de 15% ?
Luxembourg et Pays-Bas.

Quel est le taux de croissance de la population en France en 2021 ?
Entre 0 et +0,5%

Quels sont les taux d'inflation depuis 2021 en Europe de l'Est ?
Minimum +25%.

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Transcript
00:00 [Musique]
00:08 Justement, puisqu'on est sur l'Europe, ce qu'on nous promettait aussi, c'était une espèce d'homogénéisation de l'Europe.
00:13 La croissance européenne, ça va devenir un seul grand État, on serait tous pareils ou presque, que tout allait converger.
00:18 En fait, dans tes travaux aussi, tu montres et tu expliques que ce n'est pas du tout ce qui se passe, on a plutôt des divergences.
00:23 Pour revenir sur cet aspect européen, je te propose de commenter différentes cartes pour justement comprendre un peu ce qui se passe.
00:33 Ici, on a une vision de la balance commerciale des pays européens dans leurs relations en dehors de l'Union européenne.
00:43 Oui, alors ça, c'est une carte qui est absolument fascinante parce que c'est une carte de permanence économique-culturelle spectaculaire.
00:54 C'est-à-dire que l'axe central qui comprend l'Allemagne et les pays scandinaves, ou plus loin, en allant d'ailleurs jusqu'aux deux pays baltes, l'Estonie et la Lettonie,
01:07 qui sont également en vert, alors l'Autriche et l'Irlande seraient des cas à part, mais c'est la vieille Europe protestante disciplinée.
01:23 C'était aussi les zones d'alphabétisation maximale qui ont permis l'industrialisation et cette balance commerciale.
01:34 Donc, il y a une sorte de permanence qui semble avoir été réactivée ou absolument pas empêchée par l'existence de l'euro.
01:42 Mais alors cela dit, l'Autriche, la Suisse a à cœur un équilibre protestant-catholique, mais l'Autriche est raccordée à l'Allemagne par des structures familiales, analogues, autoritaires.
01:58 L'Irlande est un cas vraiment très particulier parce que l'Irlande a une place spéciale dans le dispositif financier anglo-américain.
02:12 Cela dit, ce qu'il faut noter, c'est que je parlais de protestantisme, mais cela ne s'applique pas à l'Angleterre qui s'est autodétruite économiquement à sa manière et en parallèle avec les États-Unis.
02:27 Mais le Danemark, la Norvège, la Suède, la Finlande, la Lettonie, l'Estonie et la Suisse, en termes de tendance centrale, sont des pays protestants.
02:41 C'est vraiment ce cœur-là qui a un lien avec la carte suivante sur les emplois industriels.
02:47 On peut commenter les deux ?
02:49 Alors oui, là on obtient autre chose. On obtient une Europe de l'Ouest, une Europe du centre et une Europe de l'Est.
02:54 Mais c'est qu'en fait, la construction européenne, l'élargissement européen, ce continent, on a l'euro.
03:04 L'euro, je ne le vois pas trop sur cette carte. Ce qu'on voit sur cette carte, fondamentalement, c'est l'existence d'une Europe occidentale,
03:15 la vraie Europe occidentale, d'ailleurs en termes de structure familiale et de statut des femmes.
03:19 Les pays les plus féministes, c'est ceux qui sont en rouge. C'est les pays qui ont le plus désindustrialisé en fait.
03:25 Ça va avec le développement du tertiaire qui était plus facile, une interaction entre l'émancipation des femmes et le développement du secteur tertiaire.
03:37 Il y a l'Allemagne, l'Italie et l'Autriche qui sont en situation intermédiaire. Mais là, c'est aussi des systèmes plus patrilinéaires.
03:46 C'est une plus grande résistance du tissu industriel associé aux emplois masculins.
03:52 Et puis, il y a l'Europe de l'Est qui est autre chose.
03:55 C'est beaucoup plus industrialisé en fait.
03:57 C'est-à-dire que l'unification a produit une sorte de division du travail interne à l'Europe et a fait de l'Europe de l'Est une sorte de Chine intérieure pour l'Europe,
04:13 avec des très bas salaires. Mais encore une fois, ça a produit un phénomène de différenciation interne, pas de convergence.
04:21 Même si la situation des anciennes démocraties populaires s'est arrangée par certains côtés et a empiré par d'autres côtés dont je suis sûr que tu vas nous les montrer.
04:37 Oui, ici, on voit justement une des conséquences du conflit avec le taux d'inflation.
04:42 Et pour que ce soit un peu plus parlant, parce que comme la guerre a plus d'un an, maintenant, on a des taux qui commencent un peu à diminuer, ce qui est normal.
04:49 Mais il ne faut pas oublier cette inflation-là. Donc là, c'est l'inflation depuis le 1er janvier 2021.
04:53 On en est où en deux ans et demi ?
04:55 Donc on voit qu'on a des taux qui vont de à peu près 6% en Suisse à bien plus de 30% en Europe de l'Est.
05:02 Qu'est-ce que ça t'évoque ?
05:04 C'est une illustration supplémentaire de la fondamentale hétérogénité de l'Europe.
05:10 Je crois que l'un des paradoxes de la situation, c'est que d'un côté, on a un projet européen qui était censé unifier et homogénéiser l'Europe.
05:26 L'euro en particulier était censé unifier et homogénéiser l'Europe.
05:31 Alors, l'euro ne fait pas ça, l'euro produit une divergence.
05:41 L'euro, il existe à la fois par son existence pour les pays qui sont dedans et du fait qu'il y a certains pays qui restent à l'extérieur en Europe.
05:49 Mais si je devais résumer la situation actuelle de l'Europe, c'est une situation où il n'y a plus, je dirais, au niveau des élites, dans chaque pays et pour l'ensemble de l'Europe, de conscience collective.
06:09 C'est-à-dire que les élites, pour moi, une nation, ce n'est pas juste le peuple.
06:15 Une démocratie représentative, libérale, normale, ma préférence, ce n'est pas juste le peuple.
06:25 C'est le peuple et des élites qui mettent en forme, qui acceptent l'existence du peuple, qui se divisent, qui le représentent de façon divisée,
06:34 mais qui représentent aussi, qui aident à une mise en forme du sentiment national collectif.
06:40 Les élites sont essentielles à l'existence d'un sentiment national, autant que le peuple.
06:48 Et là, ce qui est très particulier, c'est que je pense qu'on a partout des phénomènes de dissolution des sentiments d'appartenance collective.
07:00 Et vraiment à tous les niveaux de la société. Je ne suis pas du tout en train d'accuser les élites spécifiquement.
07:07 Simplement, je dirais que quand c'est les élites, c'est encore plus grave, parce que c'est le pôle visible de l'existence nationale.
07:14 Et donc, cette conscience collective des nations disparaît, mais ce que montrent toutes ces cartes,
07:23 toutes ces différences qui existent entre les pays, qu'on a vu pour les taux d'inflation, pour les taux d'exportation.
07:34 On le voit là aussi avec l'évolution de la population, tout simplement. Est-ce que la population augmente ou est-ce qu'elle diminue ?
07:39 Donc celle-là, c'est la plus spectaculaire et c'est une qui marque le caractère fondamentalement dévastateur de la construction européenne
07:53 pour les anciennes démocraties populaires, parce qu'il y a eu des hausses de niveau de vie.
07:57 Mais en vérité, une hausse de niveau de vie dans le contexte d'une population qui diminue, en fait, c'est une perte historique fondamentale.
08:07 Dans certains pays, c'est presque une menace existentielle, en fait.
08:15 Tout ce que ça montre, c'est que la situation actuelle de l'Europe, qui est vraiment bizarre,
08:18 c'est que les élites ne définissent plus des consciences nationales, ne définissent même plus une conscience européenne,
08:25 mais les sociétés existent toujours. Je dirais que l'Europe, actuellement, c'est un système où la plupart des nations,
08:35 sauf peut-être en Europe de l'Est, n'existent plus vraiment en termes de conscience nationale, mais où les peuples continuent d'exister.
08:44 Donc il n'y a plus de projet national espagnol, il n'y a plus de projet national français.
08:52 J'ai tendance à penser que le projet national anglais du Brexit s'est révélé totalement bidon,
08:59 et peut-être encore plus bidon que ce qui reste de discours national en France ou en Allemagne.
09:07 Mais il n'y a plus rien, donc on a des espèces de bouts de société qui ont des caractéristiques,
09:16 mais plus de pensée centrale capable de les mettre en mouvement. C'est très particulier comme situation historique.
09:21 Et moi, je suis convaincu que la matrice religieuse était quelque chose qui structurait la vie politique.
09:32 Même l'Europe. L'Europe, j'ai dit au départ, c'était l'œuvre de démocrate chrétien.
09:38 Mais c'était l'œuvre de démocrate chrétien à une époque où il y avait de la pratique religieuse en Italie du Nord,
09:44 sur la périphérie française, en Rhénanie, en Bavière, dans le sud des Pays-Bas, en Belgique, etc.
09:53 Elle s'est effondrée. Mais j'associerais assez volontiers le sursaut européiste à un problème de substitution.
10:02 Donc si la croissance catholique disparaît, que croire ? Comment nous identifier en tant que membres d'une collectivité ?
10:12 Et donc là, on a l'européisme optimiste, finalement. Mais là, je pense, et je ne sais pas du tout ce que ça peut donner,
10:23 je pense qu'on avance, surtout dans les jeunes générations, vers la liquidation ultime de tout héritage religieux.
10:31 Je ne dis pas ça dans la nostalgie ou pour le dénoncer. Moi, j'ai toujours été un croyant.
10:37 Mais c'est un univers complètement nouveau, où les gens ne peuvent plus s'identifier à un groupe quelconque.
10:47 On pourrait aussi parler, dans la foulée, en interaction avec le religieux, des identités de classe qui ont disparu.
10:53 Donc à ce moment, on revient sur cette notion de vide particulier.
10:58 Et je travaille effectivement de plus en plus, pas simplement sur la notion de vide, mais sur une sorte de vide qui appelle le nihilisme.
11:10 C'est-à-dire une sorte de vertige du vide qui mène à tout ce qu'on peut imaginer. C'est encore plus de vide.
11:16 Et où le projet, ça devient la destruction de ce qui existe, dans le domaine des mœurs, dans le domaine des valeurs politiques, dans le domaine des valeurs économiques.
11:26 Mais je reviens à cette idée d'une crise. Mais encore une fois, il ne faut pas être moraliste là-dessus.
11:33 Et surtout, même pas forcément pessimiste. En fait, il faut admettre deux choses.
11:41 Il faut admettre que ce qu'on nous dit de la situation, dans un contexte de contrôle de l'information et de nos réflexions absolues, n'est pas la vérité de ce qui se passe.
11:51 Le problème, ce n'est pas par exemple l'agression russe. Le problème, c'est la crise de l'Occident.
11:58 Et ne pas tout de suite foncer dans l'idée que cette crise de l'Occident nous mène forcément à une catastrophe absolue.
12:07 La guerre nucléaire n'est pas la guerre nucléaire. Pas encore, en tout cas, espérons-le.
12:11 [Musique]
12:40 [Musique]

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