L'entreprise Michelin annonce la mise en place d'un salaire «décent» pour tous ses salariés
Chaque jour, Thomas Schnell et ses invités font un point complet sur l'actualité.
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00:00 - De 13h à 14h avec Thomas Schnell cette semaine et on poursuit le débat avec vos chroniqueurs Thomas.
00:06 - Oui avec Jean-Claude Dassy, avec Olivier Dartigolles, on se demande ce qu'est un salaire décent ?
00:12 Ce sont des mots rares dans la bouche d'un patron. Le SMIC n'est pas un revenu décent.
00:16 Le président de Michelin annonce que les rémunérations au sein du groupe de pneus de Clermont-Ferrand vont être augmentées.
00:23 C'est quoi un salaire décent ?
00:24 - Je ne sais pas, ça dépend de la santé des entreprises dans laquelle les salaires décents sont censés travailler.
00:29 Si l'entreprise va mal, de toute façon il ne versera pas le patron de salaire convenable.
00:35 Là je suis un peu surpris par la déclaration du patron de Michelin.
00:38 S'il a les moyens de payer ses ouvriers au-delà du SMIC, qu'il ne s'en prive pas.
00:45 Je pense en réalité que le SMIC est une erreur, une de plus au plan économique que nous avons commise depuis fort longtemps.
00:51 - Ça ne protège pas ?
00:52 - Ça ne protège rien, c'est une piège au contraire à chômage.
00:55 Vous êtes fixé au SMIC et pour en sortir c'est toute une affaire.
00:59 Vous avez en plus des augmentations qui sont intervenues, qui ont fait du SMIC, du SMIC, seul, enfin pas seul, mais souvent seul.
01:06 Qui sont vus collés au salaire les plus inférieurs qui sont versés, mais qui sont juste au-dessus du SMIC.
01:13 Ça crée du malaise social, ça crée des difficultés.
01:16 Les grands pays ont oublié le SMIC depuis longtemps.
01:19 Ça ferait en principe partie des grandes réformes à faire, mais je plaide dans le désert.
01:24 - Les gens ont oublié, cher Jean-Claude Dacien, les gens ont oublié.
01:28 D'abord le SMIC c'est 1398 euros net.
01:31 Très compliqué de vivre avec 1400 euros net.
01:37 - Il n'y a pas de doute.
01:38 - Deuxième chose, pourquoi est-ce qu'il n'y a jamais dans le salariat français, dans le privé, il y a eu une telle SMICardisation du salariat français ?
01:46 17% des salariés du privé, dans le secteur non agricole, sont payés au SMIC.
01:52 Il y a encore deux ans c'était que 12%.
01:54 Pourquoi ? J'ai oublié de le dire.
01:56 Parce qu'il y a une politique massive d'exonération des cotisations sociales patronales, qui fait que ça fait une trappe à bas salaire.
02:04 Et que dès que vous êtes au SMIC, ou un peu plus que de le SMIC, ces exonérations font que les patrons, je le comprends bien,
02:11 laissent leurs salariés sur ce niveau de salaire, et toute augmentation après fait que ça leur coûte très cher.
02:19 Il y a donc un vrai problème.
02:20 - Une vision un peu collectiviste.
02:22 - Non, généreuse.
02:23 Et première chose, le fait que des patrons, des grands patrons, puissent aujourd'hui dire que la politique de modération salariale,
02:31 qui ne touche pas Carlos Tavares, est un problème dans d'autres pays, tant mieux !
02:36 Et le patron Michelin peut faire le prochain meeting à la fête de l'Humain, allons-y !
02:40 - Bravo, bravo, vive la fête de l'Humain !
02:42 - Oui !
02:43 - Et bravo D'Artigolle, je vois que vos positions économiques ont toujours évolué.
02:47 - Toujours, il ne jappe à rien !
02:48 - A la fête de l'Humain, Alain est avec nous, un auditeur au téléphone, bonjour !
02:53 - Bonjour !
02:54 - Alain, vous nous appelez des Yvelines.
02:56 Alain, je me permets de préciser que vous êtes ancien cadre chez L'Oréal,
03:00 que pensez-vous des déclarations du patron de Michelin ? Le SMIC est-il un salaire décent ?
03:06 - Alors, j'ai bien lu l'interview du patron de Michelin, je suis complètement d'accord avec Jean-Claude Dacier évidemment.
03:15 - Aïe !
03:16 - Ce que vous n'avez pas à retenir, c'est que c'est ce que fait Michelin.
03:20 Michelin met en place cette politique dans un certain nombre de pays,
03:24 et notamment dans plein de pays où il n'y a pas de SMIC.
03:26 - Ah oui !
03:27 - Comment font-ils ? Ils font appel à un cabinet extérieur qui calcule des moyennes.
03:31 Et donc, d'une part, je salue l'entreprise qui souhaite rémunérer ses collaborateurs, les motiver, etc.,
03:39 par rapport aux moyennes, très bien.
03:41 Au passage, L'Oréal a fait ça il y a déjà pas mal de temps,
03:44 et pas seulement sur les éléments de salaire, sur d'autres éléments,
03:47 comme les congés parentaux, choses comme ça, dans des pays où ça n'existait pas.
03:52 Mais vous n'avez pas besoin du SMIC pour faire ça.
03:54 À côté de ça, pourquoi le PDG de Michelin se mêle-t-il d'avoir un jugement en tant que PDG de Michelin sur le niveau du SMIC ?
04:03 Effectivement, le SMIC est une aberration,
04:05 mais en plus, aller dire "il est trop élevé, il n'est pas assez élevé",
04:08 j'ai envie de dire que ce n'est pas son problème, qu'il se contente de payer ses salariés correctement.
04:13 - Merci Alain. Alors messieurs, il y a une vraie question du coût de la vie aujourd'hui, qui en France atteint...
04:19 - Que mon point de vue soit bien compris, je n'ai pas dit que le SMIC c'était la richesse et qu'on pouvait tout se permettre,
04:24 bien évidemment que non, mais ce qu'oublie mon camarade Dartigold,
04:28 c'est le poids des charges dans ce bondieux de pays,
04:31 qui fait que la plupart des patrons, pourquoi voulez-vous que les patrons,
04:34 s'ils leur entreprise marche, s'ils gagnent bien leur vie,
04:37 pourquoi voulez-vous qu'ils s'échinent ?
04:39 - Je te pose une question.
04:41 - Et donc, les salariés les plus mal payés, laisser la liberté jouer un peu, et notamment la liberté économique.
04:47 - Jean-Claude Dacier, est-ce que vous pensez comme le pensent certains économistes libéraux,
04:51 que la répartition de la richesse produite entre le coût du travail et le coût du capital,
04:56 est-ce que vous ne pensez pas qu'on pourrait rééquilibrer un peu vers le travail ?
05:01 - Il y avait Riche au Lacan.
05:03 - Que les dernières années sont trop allées à la rémunération du capital.
05:07 - Parce qu'effectivement, le point de vue, si vous voulez, de la gauche au pouvoir,
05:11 était tellement ridicule et tellement contre-productif,
05:14 que nous avons en effet, nous en sommes arrivés à une situation qui a pénalisé les salariés,
05:19 et qui a désastrialisé ce pays.
05:22 C'est grave.
05:23 Et ce que je reproche au président actuel de la République,
05:26 que j'ai pris en un certain temps pour un libéral,
05:30 c'est qu'il n'insiste pas assez sur ces questions.
05:33 Il faut évidemment libérer l'économie de ce pays,
05:36 il faut alléger les charges,
05:37 mais pour alléger les charges, il faut faire des économies,
05:40 et apparemment, on en est incapable.
05:41 - Mais c'est vrai qu'il y a deux chiffres qui se sont percutés cette semaine.
05:44 36 millions et demi il y a quelques jours,
05:46 le SMIC aujourd'hui, 1400 euros,
05:48 on parle de Carlos Tavares et on parle des employés de Michelin.
05:51 - Ce qui nourrit une colère plus ou moins sourde dans le pays,
05:54 parce que rien de ce qu'a fait les Gilets jaunes n'est réglé,
05:57 c'est quand vous travaillez,
05:59 et quand votre salaire ne vous permet pas les petits bonheurs de la vie,
06:03 faire le resto, aller au cinéma avec les enfants,
06:05 que chaque dépense doit être décomptée,
06:08 et qu'à la fin, vous n'y arrivez plus,
06:11 alors même que vous travaillez.
06:13 - Oui, c'est le compliment habituel des communistes.
06:18 - Mais ça veut dire que quelque chose ne va pas !
06:20 - Mais bien sûr qu'il y a quelque chose qui va pas.
06:22 - Non, je te dis Jean-Paul, que quand tu es à temps plein,
06:24 et que ton salaire ne te permet de survivre,
06:28 - C'est sûr, on ne dirait que ça ne sert au rien.
06:30 - Mais si, parce que quand tu es à Paris, à 1401 euros,
06:32 - Mais t'as oublié qu'on est le pays le plus généreux du monde !
06:34 - Quand tu es à Paris avec 1401 euros, comment tu fais ?
06:37 - Mais je suis d'accord !
06:39 - Vivre à Paris avec 1401 euros, c'est impossible.
06:41 - Le problème c'est qu'il faut rendre l'économie de ce pays performante,
06:44 faire en sorte de créer de la richesse,
06:46 de créer du travail et de créer de l'emploi.
06:48 - Avec moins de régulation ?
06:49 - Tout ce que vous décidez depuis 40 ans, va à l'inverse de ses objectifs.
06:52 - Qui moi ?
06:53 - Un peu quelque part !
06:55 - La droite n'a pas été au pouvoir !
06:56 - Un peu quelque part !
06:57 - La droite n'a pas été au pouvoir pendant 40 ans !
06:58 - Mais je suis aussi sévère avec la droite qu'avec la gauche.
07:01 - Parlons également de cette mesure de Michelin qui vise toutes les régions du monde.
07:06 C'est-à-dire, comme l'a expliqué Alain tout à l'heure, notre auditeur,
07:10 qu'effectivement, il va voir dans chaque pays,
07:12 il va augmenter en fonction des besoins de chaque région et pas seulement de la France.
07:18 - Bravo !
07:19 - C'est le rôle d'un grand groupe.
07:21 Michelin a déjà œuvré plusieurs fois dans la protection sociale,
07:25 la protection des familles.
07:27 - D'où vient l'article que peut incarner aujourd'hui une entreprise leader, fabricant de pneus ?
07:31 - Il nous en faudrait 10 !
07:33 - Pourquoi il n'y en a pas plus des Michelins ?
07:34 - Il nous en faudrait 10 des Michelins !
07:36 - Parce qu'il y a beaucoup de grands patrons qui disent "Tiens, on va laisser un salaire à Amsterdam !"
07:41 - Comme ça, D'Artigol ne risquera pas de promouvoir l'augmentation !
07:46 - Stélantis ! Stélantis ! Mais pourquoi il s'en met à Amsterdam ?
07:48 - Moi je suis comme toi !
07:51 - Quand on annonce le salaire de Tavarès à 36 millions, je me dis qu'il y a un petit problème.
07:56 - Et puis je me rappelle quand même que Mbappé lui touche 70 et que ça je ne le mentire.
08:01 - Faudrait qu'à vous aussi, vous défendez, c'était la défense de Carlos Tavarès.
08:05 - Je vais vous dire ce que je souhaiterais.
08:07 - Je souhaiterais qu'il y ait 10 Tavarès à la tête d'entreprise française.
08:11 - Parce qu'il a fait depuis 15 ans, est exceptionnel.
08:14 - Il gagne toutefois 7 fois plus que la plupart des constructeurs, des patrons de constructeurs européens.
08:19 - Vous, quand vous venez faire votre émission, vous n'avez pas une prime ?
08:24 - Non, quand vous venez faire votre émission, vous n'avez pas de prime pour nous poser une question.
08:29 - Il n'y a pas votre salaire plus la prime pour nous poser des questions.
08:31 - M. Tavarès, il a eu une prime de 10 millions pour mettre en place la filière électrique.
08:37 - Alors que ça relève de son travail de dirigeant.
08:41 - C'est comme si là vous veniez, vous avez posé une question, on va mettre une petite prime.
08:44 - Donc tout le monde est capable de faire Tavarès ?
08:47 - Pas un nul.
08:49 - Je vais vous dire, j'ai travaillé 20 ans à TF1, quand ta maison marchait bien.
08:55 - Ça me le met en colère aujourd'hui.
08:57 - Et c'est encore aujourd'hui, on avait des primes, c'est ça qui comptait, on avait de bons salaires, et on était actionnaire.
09:02 - Voilà ce que c'est qu'une société qui gagne de l'argent, mais qui marche bien.