Omniprésent et clivant, Bruno Retailleau gagne en notoriété

  • il y a 3 jours

Céline Géraud, accompagnée de la rédaction d’Europe 1, propose chaque midi un point complet sur l’actualité suivi de débats entre invités et auditeurs.
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00:0013h14, Europe 1 13h. 13h34 sur Europe 1, la suite d'Europe 1 13h avec vous, c'est Céline Giraud et aujourd'hui le directeur adjoint de la rédaction du journal du dimanche, Raphaël St-Ville, et l'avocat Gilles-William Gollnadel.
00:12Et on va parler de politique un peu, on va revenir chez nous. Hier soir, vous ne l'avez évidemment pas manqué, deux jours après son discours de politique générale, Michel Barnier était l'invité de France 2 pour sa première interview d'ampleur.
00:25Et sur la question de l'immigration, eh bien c'est moi qui fixe les lignes, a-t-il voulu rappeler, sorte de réponse à ceux du nouveau ministre de l'intérieur Bruno Retailleau qui a occupé, c'est vrai, l'espace médiatique ces derniers jours.
00:37Bruno Retailleau est dans mon gouvernement, comme Didier Migaud qui garde des sceaux. Vous savez, la chance que j'ai, c'est d'avoir un gouvernement composé de pluralismes, de pluriels, d'hommes et de femmes, qui ne viennent pas tous du même endroit.
00:49C'est moi qui fixe la ligne. Il y aura des mesures rigoureuses pour maîtriser l'immigration, mieux contrôler les frontières européennes, et puis quand il le faudra, nous contrôlerons nos propres frontières.
00:57Et pourquoi je peux allier l'humanité ou la dignité avec la fermeté ? C'est que si on maîtrise l'immigration, et nous allons la maîtriser concrètement, on pourra accueillir plus dignement ceux que nous accueillons.
01:11Voilà, le Premier ministre Michel Barnier, c'est moi qui fixe la ligne, Raphaël Stainville, alors que le nouveau ministre de l'Intérieur enregistre une hausse de 6 points d'image positive. Il est à 21% dans le classement des personnalités du baromètre, et là pour les échos.
01:25Et c'est dans l'électorat de Marie-Hélène Le Pen et d'Éric Zemmour qu'il progresse le plus.
01:29Oui, parce que je pense que son discours répond très directement à un certain nombre d'aspirations à la sécurité, à plus de sécurité, moins d'immigration, qu'une certaine partie de la population, si ce n'est une immense majorité de français, attendent.
01:46Donc il a su trouver les mots, le ton, pour finalement imposer un message fort, qui contraste finalement avec beaucoup de ses prédécesseurs Placebovo, qui étaient peut-être dans leur expression plus mesurées.
02:02Mais Michel Barnier a dit quand même hier soir, on l'a entendu, c'est moi qui fixe la ligne, genre c'est moi le boss quand même.
02:07Oui, c'est inévident, il rappelle les faits. Mais Michel Barnier se félicite d'avoir un gouvernement pluriel, comme si c'était une chance que d'avoir à la fois des gens venus de la gauche et puis des gens venus de la droite.
02:22Je ne suis pas sûr que ce soit très fonctionnel. On a besoin d'une ligne claire, et même lorsque Michel Barnier nous explique qu'il ne s'interdit pas de fermer les frontières lorsque l'occasion se présentera,
02:35on se demande ce qu'il attend. Ça fait quand même des années qu'on voit que les frontières extérieures sont plus que des passoires. La vérité, c'est qu'il n'y a pas de filtre.
02:47Elles sont ouvertes au grand vent, et il faudrait peut-être encore attendre pour fermer nos frontières extérieures. Pour rappel, l'Allemagne, qui souvent nous devance dans ce genre de mesures, a déjà pris cette disposition pour six mois.
03:00Il a un discours accrocheur, c'est vrai Bruno Retailleau, il occupe l'espace médiatique, même si effectivement Michel Barnier dit que c'est lui qui dirige. Est-ce que Michel Barnier ne s'en sert pas un peu aussi de Bruno Retailleau comme d'un levier pour maintenir un lien de confiance avec le RN ?
03:18D'abord, il est sûr que M. Retailleau a un discours très précis. Depuis déjà pas mal de temps, les discours des ministres de l'Intérieur qui se sont succédés n'étaient pas hostiles pour limiter l'immigration invasive, même s'ils ne le disaient pas comme ça.
03:40M. Retailleau a effectivement dit les choses de manière... il y a une ligne claire, si j'ose dire, pour ne pas dire une ligne droite.
03:49Est-ce qu'il va pouvoir la maintenir cette ligne ?
03:52Alors là, très sincèrement, franchement, d'abord que M. Barnier présente, comme l'a très bien dit Raphaël, la pluralité comme une qualité, il manquerait plus que ça. Malheureusement non, c'est un défaut.
04:08De ce point de vue-là, en dehors du discours, et je n'ironise pas, c'est important un discours, mais en dehors du discours, pardon de le dire, le Premier ministre est assez nu, il n'a pas une majorité, il n'a pas de majorité qualifiée.
04:24Et d'ailleurs, il est obligé lui-même, parce qu'il est le premier concerné, il est lui-même obligé dans son discours de composer pour ne vexer ni Pierre ni Paul.
04:36Et justement, on va écouter Didier Migaud, le ministre de la Justice, et les revenus sur la polémique autour de l'état de droit.
04:42J'ai eu l'occasion de rappeler mon attachement à l'état de droit, c'est un attachement que doit avoir tout citoyen, et il faut bien faire la différence entre un état de droit et puis l'état du droit, qui lui-même peut évoluer dans le respect de l'état de droit.
05:00Voilà Didier Migaud...
05:02Non mais pardon de le dire, M. Migaud qui ne m'inspire pas de manière naturelle forcément une sympathie démesurée, sur ce point-là précis, n'a pas tort.
05:16J'ai dit moi-même que M. Barnier aurait mieux fait, ou M. Retailleau plutôt, aurait mieux fait de parler de lui-même, de l'état du droit, de l'état de droit.
05:30Mais ce qui est complètement comique, enfin si ça n'était pas dramatique, c'est qu'on en ait fait, je sais pas, une polémique sur presque une semaine, parce qu'effectivement M. Retailleau avait parlé de ça.
05:44C'est d'un ridicule achevé.
05:46Ceci fermement posé, sur ce plan-là, le garde des Sceaux n'a pas tort.
05:52Raphaël Stainville ?
05:54Non mais en fait, il ne s'agit pas d'avoir un débat philosophique pour savoir si c'est notre état de droit qu'il faudrait remettre en cause, ou c'est seulement l'état de notre droit qu'il faudrait accommoder, arranger, corriger.
06:09La question c'est que tout le monde en est bien conscient, en l'état actuel des choses, l'état de droit aujourd'hui pose un certain nombre de... enfin l'état de droit, et on l'a commenté déjà dans la première partie, est presque plus favorable pour les criminels et un certain nombre de personnes qui jouissent d'une sorte d'impunité quand les victimes se sentent abandonnées.
06:37Ça, il faut pouvoir le corriger.
06:39Bien sûr qu'il ne s'agit pas de disserter sur l'état de droit, mais en revanche, un certain nombre de dispositifs...
06:45Et d'ailleurs, Michel Barnier, dans son discours de politique générale, après avoir tapé sur les doigts sur son ministre de l'Intérieur, qui aurait pu s'éviter une polémique inutile, dans les dispositions qu'il a égrainées sur la sécurité, montrait finalement que justement notre état du droit aujourd'hui devait urgentement être corrigé.
07:06Et justement, Bruno Retailleau, en Italie, qui est en Italie pour participer au sommet des ministres de l'Intérieur de l'Union Européenne, il voulait créer une tasque-force avec l'Italie pour lutter contre l'immigration clandestine, et ça y est, il a signé, c'est officiel, sur l'unité de recherche opérationnelle franco-italienne, allait signer cette Bruno Retailleau qu'il annonce lui-même. Cette tasque-force, vous y croyez ? C'est une bonne idée ?
07:28Pourquoi pas ?
07:30L'Italie qui, voilà, qui effectivement a sérieusement réduit son immigration clandestine.
07:35Bien sûr, ça ne posait pas de problème juridique. Il peut parfaitement le faire, est-ce que ça va être opérationnel ? J'en accepte l'augure, mais pour terminer là-dessus, sur l'état du droit, puisque vous me demandiez si M. Barnier avec M. Retailleau allaient s'en sortir, en dehors même de leur problème de majorité, et c'est un problème d'état du droit,
07:57ils ont des contre-pouvoirs contre eux qui sont immensément moins contrôlés que leurs pouvoirs politiques. Le pouvoir médiatique, le pouvoir du conseil d'état, le pouvoir du conseil constitutionnel, le pouvoir judiciaire, tous ces pouvoirs qui louchent à gauche,
08:22et bien sont infiniment plus puissants que le malheureux pouvoir politique dont il n'a même pas la majorité.
08:29Et est-ce qu'il ne faut pas plutôt travailler avec l'Espagne qu'avec l'Italie, en parlant de cette tasque-force ?
08:34Non, mais c'est un jeu de base communicant, c'est-à-dire que la politique menée par Mélanie, et qui connaît des résultats, fait que de nouvelles routes sont en train de se créer, de se rengorger, avec les Canaries qui sont devenues aujourd'hui une nouvelle porte d'entrée massive vers l'Europe.
08:52Plus compliqué de discuter avec Pedro Sanchez qu'avec Jean-Jacques Mélanie, pour Bruno Retailleau.
08:57Oui, ça c'est une certitude, mais on va être contraint à la fois de parler avec l'Espagne, de parler aussi avec la Grèce, qui sont de nouveau devenues des points de passage béants sur l'Europe.
09:12Et on ne peut pas se contenter de discuter avec les pays qui auraient déjà une politique parmi les plus restrictives de l'Europe.
09:21Et puis surtout, sans vouloir diminuer les mérites de Signora Mélanie, la grande différence est qu'elle a comme interlocuteur la Tunisie et la Libye, tandis que nous on est censé avoir l'Algérie, qui ne nous regarde pas avec une amitié particulière.
09:38Il y a quelque chose d'ailleurs qui est intéressant, c'est que quand vous êtes en Espagne, à une centaine de kilomètres de la frontière française, tous les panneaux qui indiquent la France sont en arabe.
09:47Comme si finalement ce n'était pas le problème de l'Espagne, mais qu'ils savaient que cette immigration qui passait par chez eux était presque directement conduite et dirigée vers chez nous.

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