Biogaran produit 90% des médicaments génériques en France et en Europe, dont l'amoxicilline. Mis en vente par les laboratoires Servier, il pourrait être revendu à une firme indienne. Le gouvernement français peut s'opposer au rachat d'une entreprise privée lorsqu'elle fait partie d'un stratégique et risque d'être reprise par un groupe étranger.
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00:00 Stéphane Pedradi, le gouvernement pourrait s'opposer au rachat du laboratoire Biogarant ?
00:04 Oui, Biogarant c'est un fabricant de médicaments génériques.
00:06 Il fabrique à peu près une boîte de médicaments sur huit qui est vendue en France,
00:10 mais il risque d'être racheté effectivement par un groupe étranger.
00:13 Biogarant a été mis en vente par son propriétaire, le laboratoire Servier,
00:17 et selon le journal Les Echos, deux groupes indiens seraient intéressés.
00:21 Le problème c'est que Biogarant est le seul fabricant de génériques
00:25 à produire à peu près 90% de ses médicaments en France ou en Europe,
00:29 et il produit notamment l'amoxycyline.
00:31 Vous savez, c'est l'antibiotique le plus utilisé en France,
00:34 qui est notamment frappé de pénurie, d'où la réaction du gouvernement.
00:37 Roland Lescure, le ministre délégué en charge de l'industrie,
00:40 a promis d'être vigilant, sous-entendu en langage ministériel,
00:45 ça veut dire que le gouvernement pourrait s'y opposer à ce rachat.
00:47 Est-ce que le gouvernement a les moyens de s'opposer à une opération privée ?
00:52 Alors, le gouvernement a complètement la possibilité de s'opposer à l'opération
00:57 si c'est un rachat par un groupe étranger,
00:59 et si l'entreprise cible fait partie d'un certain nombre de secteurs stratégiques.
01:03 Alors, il y a évidemment tout ce qui est lié à la défense et à la sécurité nationale,
01:06 mais il y a aussi une catégorie assez large
01:10 qui regroupe tout ce qui est considéré comme essentiel à la garantie des intérêts du pays.
01:14 On peut y mettre beaucoup de choses dedans,
01:15 mais il y a notamment les transports et la santé.
01:17 Donc, légalement, oui, le gouvernement peut intervenir.
01:19 D'ailleurs, il l'a déjà fait plusieurs fois par le passé.
01:22 En 2005, il s'était opposé à un éventuel rachat de Danone par PepsiCo,
01:26 il y avait des rumeurs d'OPEA.
01:28 Et en 2012, il s'était clairement opposé au rachat de Dailymotion par l'américain Yahoo.
01:34 Alors, parfois, le gouvernement dit oui, il autorise des opérations,
01:37 mais à sortie de certaines conditions.
01:39 Ça, c'est une position alternative.
01:41 C'est parfaitement légal, mais ce n'est pas totalement sans risque pour notre économie.
01:44 Alors, le risque, effectivement, si on le fait trop souvent,
01:47 c'est de décourager les investisseurs étrangers en France.
01:49 Et ça, on en a besoin.
01:51 Si on regarde les chiffres de Business France, il y a eu en 2023
01:55 à peu près 1800 décisions d'investissement étrangers en France
01:59 qui ont permis de créer ou de maintenir pratiquement 60 000 emplois.
02:03 Donc, d'un point de vue économique, c'est nécessaire.
02:06 L'autre risque, c'est la réciprocité, tout simplement.
02:08 Si on interdit trop de groupes étrangers d'investir en France,
02:10 il risque de se passer exactement la même chose avec les entreprises françaises
02:14 qui, elles, souhaitent investir dans d'autres pays.
02:16 Merci beaucoup Stéphane, à tout à l'heure.