• il y a 8 mois
Le Premier ministre était l'invité ce jeudi soir de "Face à BFM" après avoir annoncé son plan pour lutter contre les violences entre mineurs. Pour Matthieu Croissandeau, Gabriel Attal a montré qu'il était capable de s'exprimer clairement sur le sujet. Mais sur le fond, c'est "la brocante [...] il y a du bon et du moins bon". Certaines annonces sont "inapplicables en l'état pour des raisons juridiques ou constitutionnelles" comme le volet sur la justice des mineures. La volonté du Premier ministre de faire rester les élèves à l'école de 8 heures à 18 heures est "inapplicable pour des raisons de moyens", comme l'ont déjà souligné les syndicats.

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Transcription
00:00 La politique. Mathieu Croissando, Gabriel Attal, était donc l'invité de face à BFM hier soir, une journée d'ailleurs chargée pour le Premier ministre, en visite à Viri-Châtillon,
00:08 avec un long discours sur l'autorité avant donc de commenter, détailler ces mesures sur notre antenne.
00:14 Est-ce que vous pensez que c'est une opération réussie pour le chef du gouvernement ?
00:17 Alors tout dépend de l'objectif qui était recherché. Du point de vue du moment choisi de l'opinion publique, on va dire oui, ce discours était bienvenu.
00:25 Il faudra attendre de voir bien sûr comment les Français l'auront perçu, mais on sort d'une période, souvenez-vous, qui a été entamée à l'été dernier avec les émeutes urbaines,
00:32 qui ces derniers jours a été marquée par des faits divers particulièrement atroces qui ont horrifié les Français.
00:38 Et du coup, on se demandait s'il y avait une prise de conscience dans l'exécutif. On sait que l'opinion publique attend des mesures d'ordre.
00:47 Et bien là, pour le coup, on a vu un Premier ministre disant les choses, capable de s'exprimer clairement sur le sujet, ce qui n'était pas forcément évident
00:55 parce qu'Emmanuel Macron n'avait pas beaucoup parlé. Après les émeutes, il y avait des petites phrases distillées au détour des conseils des ministres,
00:59 une interview dans le point. Elisabeth Borne avait fait un discours, mais qui n'avait pas imprimé. Donc là, la réponse est oui.
01:03 Second point positif, il y a un cadre qui est fixé, huit semaines de concertation, un point d'étape au bout de quatre semaines.
01:08 Pour éviter que cela ne se transforme en foire à la saucisse, comme dirait le président, les sujets ont été balisés.
01:13 On marquera juste au passage que ça bouscule l'agenda de la priorité, parce que si la violence est à ce point endémique et systémique dans la société,
01:20 eh bien ça va être le sujet numéro un. Qu'est-ce que va devenir la transition écologique ? Que vont devenir les autres sujets ?
01:24 Et sur le fond, que pensez-vous des mesures ?
01:26 Là, c'est plus mitigé. On n'est pas dans la foire à la saucisse, mais on est plutôt dans la brocante, si j'ose dire.
01:31 Vous savez comment ça se passe. On prépare un discours, on demande à ses conseillers qu'est-ce qu'on pourrait dire,
01:34 qu'est-ce qu'il y a dans les tiroirs, des choses qui ont été faites, des choses qui n'ont jamais été faites, des choses qui ont été abandonnées.
01:39 Il y a du bon, il y a du moins bon, il y a des mesures qui existaient déjà, il y en a d'autres qui sont inapplicables en l'État pour des raisons juridiques ou constitutionnelles.
01:46 Je pense à tout le volet sur la justice des mineurs. Il y en a d'autres qui sont inapplicables en l'État pour des raisons de moyens.
01:50 Je pense faire rester les élèves de 8h à 18h au collège, très bien, mais avec qui, comment, pourquoi faire ?
01:55 Ça, c'est ce que n'ont pas manqué de souligner les syndicats. En fait, il y a une intention avec des grands principes,
02:00 et puis il y a des mesures très détaillées, mais il n'y a pas vraiment de projet digne de ce nom, c'est-à-dire quelque chose d'intermédiaire.
02:05 Ce n'est pas étrvenant, en fond, parce que le pouvoir n'a pas de doctrine en la matière. Il navigue un peu à vue.
02:10 Dans le premier quinquennat, le macronisme, c'était la lutte contre le chômage parce qu'on pensait que ça allait tout résoudre, et puis ça n'a pas tout résolu.
02:17 Dans le second quinquennat, la lutte contre la drogue parce qu'on pensait que ça allait tout résoudre.
02:20 En fait, le problème de la violence dans la société, il est plus compliqué. La seule certitude, c'est que le macronisme, il a commencé dans l'émancipation et il finit aujourd'hui dans la sanction.
02:27 Bon, tout ça donne évidemment du grain à moudre aux oppositions.
02:30 Oui, qui a réagi mal, évidemment, on s'en doutait. À gauche, on dénonce une logique purement répressive, reposant sur les épaules de fonctionnaires déjà débordés.
02:37 À droite, on dénonce une énième opération de communication. L'autorité va à Gabriel Attal comme un tablier et une vache, a même dit Marine Le Pen.
02:44 Mais la vérité, c'est que le RN et LR sont un peu coincés parce qu'un certain nombre de mesures figurent dans leurs programmes respectifs.
02:51 Ils passent leur temps à dénoncer l'ensauvagement de la société. Ils ont du mal à ne pas aller discuter avec le Premier ministre et peut-être même à ne pas voter les mesures.
02:58 Or, il ne vous a pas échappé que nous sommes à moins de deux mois du scrutin européen. La ficelle est un peu grosse de la part de Gabriel Attal, mais ça peut fonctionner.
03:06 Et dans la majorité ?
03:07 Alors, c'est là que ça devient intéressant parce que le Premier ministre a posé quand même un acte fort hier sur un sujet régalien, comme on dit,
03:12 et dans le bocal de pirania de la Macronie, ça commence à faire tousser.
03:15 À commencer par le Président de la République qui a tenté hier de lui couper l'herbe sous le pied, avant-hier, je veux dire, en réclamant une grande concertation, un grand Grenelle.
03:22 C'est drôle de voir qu'à chaque fois que le Premier ministre prend ses marques, le Président de la République essaie de ramasser la mise.
03:26 On l'avait vu sur le dossier agricole, ça s'était plutôt bordélisé qu'arrangé.
03:29 Mais le discours de Gabriel Attal, il va aussi bousculer les prétendants pour 2027.
03:33 Souvenez-vous, Edouard Philippe voulait ramener de l'ordre dans les comptes et de l'ordre dans la rue.
03:36 Si Gabriel Attal le fait, qu'est-ce qu'il lui reste ?
03:38 Et puis, ça passe aussi par la droite de Gérald Darmanin, j'allais dire, le premier flic de France.
03:42 Il est dépassé.
03:43 D'un point de vue personnel, en tout cas pour le Premier ministre, l'opération d'hier a plutôt fonctionné.
03:48 Merci Mathieu.

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