Chaque vendredi, zoom sur un sujet qui fait l'actualité en France. Aujourd'hui, le mauvais état des routes du pays.
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00:00 Mais d'abord, comme chaque vendredi à 7h40, c'est l'heure de l'enquête de la rédaction d'Europe 1 consacrée cette semaine à l'état des routes en France.
00:06 Très inquiétant. L'entretien par endroit laisse nettement à désirer avec des conséquences, on va le voir, sur la sécurité routière.
00:13 Bonjour Jean-Luc Bougeon.
00:14 Bonjour Dimitri, bonjour à tous.
00:16 Jean-Luc, vous êtes le correspondant d'Europe 1 en Auvergne-Rhône-Alpes.
00:18 Vous n'avez pas eu à aller bien loin de chez vous pour trouver des routes dans un sale état ?
00:22 Non, je suis parti à Sous-Yonjarais, à 20 minutes de Lyon, et là on monte dans la voiture de Christophe qui est un artisan qui sillonne tous les jours les routes du secteur.
00:29 Là, on est sur une route communale direction Chaponneau.
00:32 Cette route-là, elle est en goudron, mais quand on la prend, on a l'impression d'être sur un chemin en terre.
00:37 Là, vous voyez, dans un virage, on a des graviers parce qu'il y a eu un nid de poule qui a été bouché un petit peu à la va-vite,
00:44 un autre nid de poule tout de suite derrière, une tranchée qui traverse, qui a été rebouchée, qui fait presque un dodan.
00:50 Voilà, on avance, c'est un patchwork, on a des raccords de toutes les couleurs.
00:53 Un coup, c'est glissant, au milieu, ça fait un glacis, il ne faut pas passer là quand c'est mouillé ou quoi.
00:58 Et on entend la voiture qui vibre, qui saute presque.
01:01 Et cette route est dans cet état depuis des années.
01:04 Alors, chaque été, on remet un peu de goudron liquide et de gravier, on bricole, on rafistole.
01:08 On ne peut pas bien faire mieux, car tout cela coûte très cher, explique Arnaud Savoie, le maire de la commune.
01:13 On n'a pas les moyens pour faire une réflexion complète de cette route.
01:16 On ne peut pas tout faire. La voirie, c'est vraiment quelque chose qui coûte énormément d'argent.
01:20 On voit que cette année, avec l'inflation au niveau de l'énergie, nous, on a fait plus de 100 % au niveau de la commune.
01:25 Donc, il faut bien sûr prioriser certains axes routiers.
01:28 Et là, effectivement, ce n'est pas un axe qui est prioritaire, mais par contre, c'est bien un axe qui sera retravaillé dans les années à venir.
01:33 Alors, Jean-Luc, le cas de Soucieux-en-Jarret est loin d'être isolé.
01:37 Oui, car c'est la même chose dans tous les départements de France.
01:41 Selon l'Office national de la route, 20 % de nos axes secondaires sont aujourd'hui en mauvais état.
01:47 Ce qui est incroyable, c'est qu'en 2012, la France était classée première par le Forum économique mondial pour la qualité de ses infrastructures routières.
01:54 Aujourd'hui, on est 12 ans après, la France est 18e de ce même classement.
01:59 Alors, indéniablement, le dérèglement climatique et les intempéries abîment nos routes, beaucoup plus qu'avant.
02:05 Mais pour Alexandra Le Gendre, porte-parole de la Ligue des conducteurs, qui recense tous les problèmes de voirie, il y a une autre cause.
02:11 Le changement climatique a bondo.
02:12 La gestion de la voirie est rendue extrêmement difficile, en particulier depuis la disparition des directions départementales de l'équipement en 2010.
02:20 Les DDE, comme on les appelait, avaient une connaissance très fine du réseau.
02:24 C'était des spécialistes qui habitaient sur place la plupart du temps, qui connaissaient extrêmement bien l'évolution du réseau et savaient prioriser les interventions quand il le fallait.
02:33 Aujourd'hui, on est passé à des directions interdépartementales.
02:36 Donc, on a perdu en compétence et on a perdu en connaissance de l'état du réseau.
02:41 Jean-Luc, à qui la faute de ce déclin routier national est-ce la faute de l'État ?
02:45 En tout cas, au niveau des départements, à qui l'État a cédé une partie de son réseau routier il y a quelques années,
02:50 on estime qu'il y a effectivement des engagements de l'État.
02:53 Écoutez François Durevray, il est chargé des mobilités à l'Assemblée des départements de France.
02:58 L'État s'est clairement désengagé, déjà sur son propre réseau, puisqu'il a divisé par deux les crédits.
03:03 Et il compte encore les diviser par deux en investissement dans les cinq ans qui viennent.
03:07 Et que s'agissant des départements, on nous a supprimé tout impôt.
03:10 Donc, aucune faculté aujourd'hui d'avoir des recettes pour effectuer ces travaux.
03:15 Alors, le résultat de tout ça, c'est que nos routes moins bien entretenues sont de plus en plus dangereuses.
03:19 On estime que dans 30% des accidents mortels aujourd'hui,
03:23 l'état des routes apparaît comme un des facteurs ayant joué un rôle.
03:26 L'enquête signée du correspondant d'Europe 1 en Auvergne-Rhône-Alpes, Jean-Luc Bougeon.
03:30 Merci beaucoup Jean-Luc.