Télétravail et Club Med pour les caïds en prison

  • il y a 5 mois


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00:00 - En cas de la rédaction d'Europe 1, dans les prisons françaises cette semaine, des prisons qui prennent des heures de club de vacances,
00:07 à lire les révélations du journal Le Parisien. Hier, Le Quotidien s'est procuré les rapports du renseignement pénitentiaire
00:13 qui avait sonorisé la cellule de Mohamed Hamra, dit la mouche, l'évadé du PH d'Uncarville.
00:20 Il s'est des sonorisations lorsqu'il était incarcéré à la prison de la Santé à Paris. Bonjour William Mollinier.
00:27 - Bonjour Dimitri, bonjour à tous.
00:28 - Vous êtes le spécialiste sécurité d'Europe 1. Alors, le cas Hamra révèle de manière très humiliante pour l'administration pénitentiaire française
00:35 que les hauts murs des maisons d'arrêt, les barbelés, les filets n'empêchent absolument pas les trafiquants de gérer à distance leurs activités criminelles.
00:42 - Oui, la prison est devenue le lieu de tous les trafics et même un accélérateur de carrière parce que c'est là que les alliances avec les autres réseaux se font et se défont.
00:50 C'est aussi en détention que sont fomentés les projets criminels, les assassinats ciblés.
00:55 La casse-prison est considérée par les trafiquants comme un passage au quasi-obligé.
00:59 Assumés, pris en compte dans leur plan de carrière de voyous, ils savent qu'un jour, ils devront nécessairement poursuivre leur business derrière les barreaux.
01:06 Une sorte de télétravail imposé et donc ils mettent en place très tôt un système qui leur permet de survivre.
01:13 D'où les téléphones portables qui rentrent, d'où les contacts avec leurs complices à l'extérieur et d'où le cash mis de côté.
01:19 Mais aussi pour améliorer leurs conditions de détention, une sorte de cagnotte prélevée sur le butin de guerre de leur crime,
01:25 une assurance vie pour traverser ce qu'ils considèrent comme un accident de parcours.
01:29 - On a du mal à comprendre, William, par où les téléphones entrent dans les prisons.
01:34 - Il faut comprendre que la prison, c'est le lieu par excellence du bricolage où une fourchette en plastique peut être brûlée pour en faire une arme artisanale très tranchante.
01:42 Tout finalement peut traverser les murs, cela dépend de la taille de l'objet à faire passer.
01:46 Vous avez le parloir, la grande porte d'entrée principale, les fouilles ne sont pas systématiques.
01:51 Une carte SIM cachée sous la langue passe inaperçue pour faire rentrer un téléphone ou de la drogue.
01:56 Cela se passe sur la coursive, on appelle ça des parachutages en fait.
01:59 Des complices qui appartiennent au réseau lancent depuis l'extérieur des murs de la prison des paquets vers la cour de promenade.
02:04 Ils seront ensuite récupérés par les détenus quelques heures plus tard.
02:08 Et si des policiers ou des gendarmes patrouillent dans le coin, ce sont des drones pilotés à distance qui déposent directement les colis sous les fenêtres des détenus.
02:16 Et enfin, pour les objets les plus sensibles comme les armes ou les grosses quantités de drogue, cela passe par les surveillants pénitentiaires eux-mêmes.
02:22 Certains, c'est une réalité, tombent dans la corruption.
02:25 D'autres peuvent aussi être menacés, eux ou leur famille, et donc contraints de collaborer avec un réseau criminel.
02:31 - Mais pour revenir au cas Mohamed Hamra, il y a quelque chose qu'on a du mal à comprendre William.
02:36 La cellule était sur écoute, donc la justice savait ce qui se passait à l'intérieur.
02:41 - Oui, et elle n'a pas réagi.
02:43 Alors deux hypothèses, soit la stratégie d'enquête c'était de le laisser poursuivre son activité criminelle pour pouvoir remonter à plus haut que lui.
02:49 C'est une technique assez classique des enquêteurs, soit.
02:52 Et c'est quand même l'option la plus probable.
02:54 La justice a considéré Hamra comme un délinquant de milieu de tableau, alors que c'est clairement un caïd du niveau d'un grossiste.
03:01 Il a une surface financière de sans doute plusieurs millions d'euros, plusieurs réseaux de soutien en dessous de lui.
03:06 Répondre à cette question, c'est primordial, parce que si l'analyse de dangerosité de Mohamed Hamra a failli,
03:12 l'État a une part de responsabilité dans la mort des deux agents pénitentiaires tués par le commando au péage d'un Carville.
03:18 - C'est un scénario effrayant quand même William.
03:20 Pour revenir sur ces prisons passoires, on a le sentiment que les autorités laissent faire. Est-ce que c'est vrai ?
03:26 - Pendant des années, l'administration pénitentiaire s'est attachée à trouver un équilibre entre un impératif de sécurité et la paix sociale.
03:33 Parce que la priorité d'un directeur de prison, c'est que la détention se passe bien en clair,
03:37 qu'il n'y ait pas d'émeute, pas de mutinerie, pas de surveillants agressés.
03:40 Et donc, de façon un peu parallèle, l'étau s'est desserré autour des détenus à l'intérieur des prisons.
03:46 La télévision, le téléphone fixe, les connexions internet ont fait leur apparition,
03:49 jusqu'à des objets récréatifs ou en tout cas d'agrément, la console de jeu, la chicha ou encore la drogue.
03:55 Les UVF par exemple, les unités de visite familiale sont aujourd'hui surnommées par les surveillants,
04:00 les bébés par Loar Cela sous couvert d'avoir le droit de voir leur famille,
04:04 que des détenus font parfois venir des prostituées pour assouvir une activité sexuelle qui leur est impossible derrière les barreaux.
04:11 L'enquête sur les prisons françaises, ces prisons, passe soir.
04:15 Signé William Molligny, le spécialiste sécurité d'Europe.

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