SMART JOB - Emission du lundi 22 avril

  • il y a 5 mois
Lundi 22 avril 2024, SMART JOB reçoit Jean-Claude Beaujour (avocat international en droit des affaires, France-Amériques) , Caroline Galliaerde (Partner, Yourside) , Jean-Christophe Hauguel (directeur, ISC Paris) et Alexis Bataille-Hembert (infirmier et co-rédacteur du rapport sur la santé des professionnels de santé (Octobre 2023))

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00:00 [Musique]
00:08 Bonjour à tous, ravi de vous retrouver dans Smart Job, votre rendez-vous, emploi, RH, débat, analyse, expertise et vos rubriques habituelles évidemment.
00:16 Bien dans Smart Job, aujourd'hui on parle des jeunes, des 18-24 ans, c'est quoi le bonheur pour eux ?
00:21 Une étude passionnante qui est sortie, on va en parler justement avec Jean-Christophe Augel, il est directeur de l'ISC Paris, étude évidemment réalisée par cette école,
00:30 pour savoir ce qu'attendent les jeunes, leur rapport au bonheur, on en parle avec lui dans quelques instants.
00:34 Le cercle RH, comment organiser sa vie privée, oui la vie privée, lorsqu'on est un expatrié, est-ce qu'on reste replié dans sa maison sans voir personne,
00:42 ou est-ce que justement on s'ouvre à la vie locale, à la vie du pays, c'est une question importante, on en parlera avec deux experts, Caroline Galliard et Jean-Claude Beaujour.
00:51 Et puis enfin pour terminer notre émission, fenêtre sur l'emploi, les métiers du soin et le retour de terrain à travers le travail mené par Alexis Bataille-Amber,
00:59 il est infirmier et surtout co-rédacteur du rapport sur la santé des professionnels de santé, professionnels hospitaliers ou libéraux, on en parlera avec lui,
01:08 parce que évidemment, vous le savez, la profession est en crise. Voilà le programme, tout de suite, c'est Bien dans son job.
01:14 Bien dans son job, qu'est-ce qu'ont ces jeunes de 18-24 ans dans la tête ? C'est une question que se pose beaucoup de RH, de décideurs et de directeurs d'école.
01:34 Quel est leur rapport au bonheur ? Comment ils regardent ce mot ? On en parle avec vous, Jean-Christophe Augel, vous êtes directeur de l'ISC Paris, qui est une belle institution.
01:44 Combien d'écoles intégrées ?
01:46 Alors c'est une école qui représente 2000 étudiants sur deux campus à Paris et Orléans et on y visite depuis 60 ans, école de management et de commerce.
01:54 Management et commerce. Avec ce baromètre, pourquoi avoir voulu tremper le thermomètre pour en savoir plus sur ces jeunes ? Plus de 1000 jeunes, c'est ça ?
02:02 1250, puisqu'on l'a fait en partenariat avec BVA, organisme de sondage bien connu.
02:08 Donc un tampon officiel. Qu'est-ce qui ressort de ce baromètre ?
02:12 En fait, des choses très intéressantes à la fois, je pense, pour les gens qui travaillent dans l'enseignement supérieur, mais aussi pour les entreprises, qui est quand même le client final.
02:21 Ils vont en sortir de votre école.
02:23 Exactement. Et donc en fait, il y a des choses, je dirais, à la fois déroutantes et paradoxales.
02:28 On a une génération qu'on appelle la génération Z, qui n'a pas forcément toujours bonne presse auprès du grand public et des entreprises.
02:36 Et pourtant, elle a tellement de caractéristiques intéressantes que c'est pour ça qu'on fait ce genre de sondage.
02:41 Il y a un chiffre intéressant parce qu'on nous dit la génération Z, c'est le sens, c'est la génération d'Internet et du téléphone.
02:48 On voit quand même que la priorité de ces 18-24, c'est pas que le sens, c'est la rémunération comme l'un des principaux éléments leviers pour choisir une entreprise.
02:59 On revient du classique, en fait, là.
03:01 Exactement, exactement. La question des valeurs et de la RSE, c'est important pour eux, mais moins que le salaire, moins que la bonne ambiance, moins que la flexibilité au travail.
03:12 Tout ça, c'est des éléments qu'ils vont aller mettre au-dessus dans ce qu'ils vont se représenter à leur job de rêve.
03:18 Alors en revanche, là, ce qui devient plus intéressant et qui est un vrai indicateur pour les employeurs et les recruteurs, c'est 86% d'entre eux,
03:26 ça, c'est la proportion qui estime que l'entreprise doit prendre soin des salariés pour être performant.
03:32 Alors ça, c'est très intéressant parce qu'ils disent globalement, moi, je veux bien venir chez vous si vous me donnez un salaire convenable, mais par contre, il faut prendre soin de moi.
03:39 C'est peut-être ça qui déroute un petit peu les recruteurs.
03:42 Oui, parce qu'en fait, ils ne savent pas trop par quel bout le prendre.
03:45 Parce que par ailleurs, ils nous disent dans cette enquête que 80% des jeunes sont satisfaits de leur job, pour ceux qui sont en situation d'être en emploi,
03:53 mais 53% sont prêts à bouger après une première expérience professionnelle.
03:58 Donc d'un côté, on a des enquêtes, on se dit, bah tiens, tout va bien, le turnover ne va pas être si élevé que ça.
04:04 Mais pour autant, ils ont envie de bouger, non pas parce qu'ils ne se sentent pas bien, mais parce qu'ils ont envie de connaître pas mal d'expériences.
04:10 Et donc c'est là que les entreprises doivent avoir une perspective de pouvoir les faire évoluer sur les tâches, sur les métiers, pour pouvoir entretenir finalement la flamme.
04:18 Alors justement, leur bonheur, c'est intéressant de rentrer un peu dans le détail.
04:21 Les carrières qui font rêver les 18-24, alors on évoque ceux qui sont déjà en emploi.
04:25 Puis on a interrogé, vous avez interrogé ceux qui sont encore aux études.
04:30 47% envisagent une reconversion au cours de carrière, alors ça on l'entend, vous aurez deux ou trois emplois, donc on s'y est préparé.
04:36 29% envisagent de créer leur entreprise, très intéressant l'esprit d'entrepreneur.
04:40 14% envisagent une expatriation, tiens, tiens, tiens, on va en parler.
04:44 Et 10% souhaitent travailler dans la fonction publique.
04:46 Et 10% enfin souhaitent travailler dans une grande entreprise.
04:49 10%, 10% commençons par le bas, dans la fonction publique et dans l'entreprise, ça c'est très intéressant.
04:54 Assez peu attractif finalement, un gros travail de la fonction publique et des grandes entreprises pour attirer à eux les jeunes.
05:00 Et en tout cas pour certains ils le font, il y a énormément de programmes pour les attirer.
05:05 Mais c'est quoi, c'est la planque ou ils veulent faire la révolution de la fonction publique ?
05:08 Non, je pense que c'est une volonté d'indépendance, ils ont envie à l'étranger, l'herbe est mieux ailleurs, créer sa propre entreprise.
05:15 Liberté.
05:16 Je vais être indépendant et je vais être libre, ça je pense c'est dans l'ADN de ces jeunes là.
05:20 Très important.
05:21 Les grands entreprises ou fonctions publiques, à tort ou à raison, ils le perçoivent comme quelque chose de beaucoup plus contraignant.
05:26 Donc il n'y a pas d'attractivité, c'est comme ça que vous l'analysez, en tout cas c'est les deux derniers items.
05:30 Fonction publique pas assez attractive, un peu plan plan, puis grandes entreprises, énormes machines, on ne s'y retrouve pas, c'est bien ça l'enjeu ?
05:36 Alors oui, mais il faut voir aussi que par exemple pour les PME, c'est aussi 5%.
05:40 Les start-up c'est pas énorme non plus, les associations c'est pas énorme.
05:43 Ça veut dire qu'ils sont assez contradictoires, ils veulent de la liberté, ils veulent un bon salaire.
05:47 Est-ce qu'ils ne veulent pas le beurre et l'argent du beurre, cette génération Z ?
05:50 Alors on pourrait dire ça.
05:52 Vous qui êtes le directeur de ces jeunes.
05:54 C'est à nous de trouver les leviers justement pour faire un mix.
05:56 Il faut voir aussi qu'ils ont assez peu d'expérience professionnelle.
05:58 Il faut les faire redescendre un peu.
06:00 Donc c'est normal, ils sont un peu idéalistes, ils imaginent plein de choses.
06:03 Sur la création d'entreprises, on sait quand même que 29% d'entre eux ne créeront pas en fait leur entreprise, mais 29% à l'idée.
06:09 Et ça je pense que c'est très positif pour le pays, ça veut dire que la fibre entrepreneuriale elle est là.
06:13 Juste avant de nous quitter Jean-Christophe, vous avez des directeurs de programmes, vous avez des directeurs de pédagogie.
06:18 Comment réinventer sa pédagogie ?
06:20 Justement en s'inspirant par exemple de ce qu'il nous disait.
06:23 L'ISC, on a une raison d'être qui est de transmettre à chacun le goût de l'engagement pour contribuer à bâtir un monde heureux.
06:29 Et donc ça nous amène à travailler sur des étudiants heureux.
06:33 Donc on les fait travailler, on a une application de santé mentale, on innove beaucoup pédagogiquement.
06:38 On a la semaine du bonheur, on les fait travailler les soft skills sur cette partie je dirais qui leur permet de comprendre qui ils sont.
06:47 Et donc ce qui est important je pense qu'on est amené ensuite à créer son entreprise ou être un futur manager.
06:53 Donc en fait on les fait travailler finalement plus là-dessus que sur le marketing, la finance, les RH, où ça c'est très important.
06:59 Mais finalement ça peut s'acquérir.
07:01 Là le côté personnel je pense que c'est vraiment fondamental.
07:04 Oui les soft skills et la posture quoi, qui ils sont, apprendre à se connaître.
07:08 Et c'est difficile de se connaître quand on a 19 ans ou 20 ans.
07:10 En fait on connaît facilement plus les autres que soi-même.
07:13 Donc on fait travailler là-dessus, on a tout un tas de coachs qui les amènent à réfléchir là-dessus.
07:18 Merci Jean-Christophe Augel, directeur de l'ISC Paris qui a, vous l'avez entendu, revu, repensé aussi sa pédagogie à l'aune de ces nouvelles psychologies,
07:27 de ces nouvelles manières d'être et de regarder le travail.
07:30 Merci de nous avoir rendu visite.
07:31 Merci à vous.
07:32 On tourne une page, direction, et bien justement on l'évoquait dans notre sondage, les expatriés parce que certains jeunes ont envie de partir à l'étranger.
07:39 Comment faire quand on est expat, comment avoir une vie privée, une vie personnelle ?
07:45 Ce n'est pas si simple.
07:46 Et comment s'épanouir à l'étranger ?
07:48 On en parle avec des experts, acteurs, et ils l'ont vécu eux-mêmes.
07:51 C'est le cercle RH, c'est le débat de Smart Job.
08:06 On parle expatriation aujourd'hui, on en parle régulièrement sur notre antenne, mais pas tant sur l'aspect juridique que sur l'aspect sociologique.
08:13 Pour savoir qu'une expatriation, ce n'est pas uniquement gérer sa carte Sécu et la maison dans laquelle on va habiter, mais c'est aussi pouvoir s'immerger dans l'espace dans lequel on va s'installer.
08:22 Et on va en parler avec deux experts.
08:24 Ce sont des experts, mais ils l'ont vécu, j'allais dire, dans leur chair pour nous expliquer peut-être et vous donner quelques tips, quelques conseils.
08:31 Caroline Galliard, ravie de vous accueillir.
08:33 Vous êtes partenaire chez YourSide.
08:37 Alors, YourSide ne fait pas que l'expatriation, mais parmi vos clients, vous avez aussi un accompagnement des expatriés et de leur famille dans les sites.
08:46 Et peut-être vous nous parlerez des expatriés inversés, vous allez chercher des expatriés à l'étranger pour peut-être les faire revenir ici sur notre territoire.
08:54 C'est bien cela, puisque vous l'aviez raconté la fois dernière.
08:56 Jean-Claude Beaujour, ravi de vous accueillir.
08:58 Vous êtes avocat international en droit des affaires et vous avez un pied presque...
09:03 J'ai été expatrié, absolument.
09:06 Mais un pied aux Etats-Unis, un pied en France.
09:08 En tout cas, merci à vous deux d'être là.
09:11 D'abord, commençons par vous, par vos histoires, parce qu'après tout, on fait beaucoup de techniques.
09:15 Vous êtes parti en Russie.
09:17 Est-ce que la clé d'une expatriation réussie, c'est d'abord s'ouvrir vraiment, avec sincérité, sans arrogance,
09:25 les Français ont quand même cette culture, ce savoir, la littérature, sans arrogance,
09:29 s'ouvrir à la culture du pays dans lequel on s'installe ?
09:32 Oui, je crois que c'est vraiment la clé.
09:34 En gros, on a deux options quand on arrive.
09:36 Soit on reste tranquillement dans son coin, dans sa zone de confort, et tout va bien, c'est très rassurant.
09:41 Soit on décide de se confronter à la culture du pays, à une forme d'adversité, on peut le dire ainsi.
09:47 Et là, bien sûr, on sort de sa zone de confort, c'est un peu insécurisant.
09:51 Et là, en même temps, ça représente plein d'opportunités, plein d'occasions, finalement,
09:56 de découvrir des choses nouvelles et de faire des choses nouvelles.
09:58 Mais ça veut dire, je poserai la même question évidemment à Jean-Claude,
10:01 mais ça veut dire partir à la découverte au-delà de la culture traditionnelle des peintres et de la littérature.
10:07 C'est comprendre comment marche le pays dans sa complexité, sa sécu, sa vie politique, ses enjeux.
10:13 C'est ça aussi, comprendre un pays.
10:14 C'est ça, et c'est donc quelque part vivre un peu...
10:17 Comme.
10:18 Comme, voilà. Moi, quand je suis partie en Russie, pendant 15 ans, j'ai vécu à la Russe.
10:23 J'ai vécu un peu comme une Russe, c'est-à-dire que je faisais des choses que les Russes faisaient.
10:26 J'allais au beignat, le 19 janvier, je faisais le bain de la théophanie,
10:30 où on se plonge trois fois d'affilée dans une eau gelée quand il fait -20 dehors.
10:34 Cette fameuse image, ouais.
10:35 Pour se laver de ses péchés pour toute l'année.
10:38 Et donc, chaque année, on le faisait.
10:39 Et c'est important, quand on veut s'intégrer dans la communauté russe,
10:42 de dire, d'arriver le 20 janvier, et dire "j'ai fait la théophanie hier".
10:45 "J'ai pas froid".
10:46 Voilà, "j'ai pas froid", c'est d'aller faire du patin à glace le dimanche,
10:48 c'est d'aller faire du ski de fond, c'est d'aller au Bolchoy avec des Russes.
10:53 C'est ça, en fait, vivre dans un pays.
10:55 Aux Etats-Unis, alors, on a le sentiment que cette culture est plus proche de la culture russe,
10:59 et j'en suis pas si sûr.
11:01 Oui, il y a énormément de choses qui...
11:03 Très différentes.
11:04 Qui sont différentes, parce qu'on a une histoire différente,
11:06 on a... voilà, il y a des communautés, il y a des communautés aux Etats-Unis.
11:10 Une première chose sur votre question, je pense que lorsqu'on parle expatriation,
11:14 on ne part pas simplement pour...
11:16 C'est pas un morceau de français que l'on va reconstituer,
11:19 ou un morceau de France que l'on va reconstituer.
11:21 On va s'ouvrir.
11:23 C'est l'occasion de s'ouvrir, c'est l'occasion de s'enrichir de ce qui est différent.
11:27 Donc, je partage ce qui vient d'être dit,
11:29 c'est comprendre le pays, c'est...
11:31 Ça peut être faire l'effort d'apprendre la langue,
11:34 mais aussi de lire la littérature,
11:36 de s'impliquer dans la vie locale.
11:38 Vous savez, moi j'ai fait...
11:39 Ou associative.
11:40 L'associative, organisation des ONG,
11:43 l'association de quartier, les voisins,
11:46 aider les uns et les autres.
11:48 Parce que là encore, si vous vous ouvrez à l'autre,
11:51 il va aussi s'ouvrir à vous,
11:53 et va vous faire découvrir des choses que vous ne maîtrisez pas.
11:57 - Mais qu'est-ce que vous avez appris, vous, des Etats-Unis, quand vous êtes arrivé ?
12:00 - Moi, j'ai commencé lorsque j'étais adolescent.
12:03 Il y a des choses très différentes.
12:06 Par exemple, à l'époque, il y a un bout de temps,
12:08 les moins de 20 ans ne peuvent pas connaître,
12:11 la colocation n'existait pas vraiment en France.
12:14 Et donc, quand vous arrivez, que vous avez des colocataires ou des colocatrices,
12:20 eh bien, on apprend à vivre avec des gens qu'on ne connaît pas,
12:23 des jeunes qu'on ne connaît pas.
12:25 Souvent, pour les jeunes français, on disait "attention"...
12:27 - C'est très serviable.
12:28 - Oui, mais attention, un sourire ne veut pas dire un engagement à aller au-delà.
12:32 Donc ce sont des petites...
12:34 - Tous les clichés qu'on a sur les...
12:36 - Absolument. Vous voyez, c'est tout simple.
12:38 Ça ne veut pas dire...
12:40 Il faut imaginer autre chose.
12:42 - Vous parlez de vous, jeune, jeune étudiant, même adolescent,
12:45 mais quand on parle business, parce que l'expatrié qui part,
12:48 il part soit... Alors, je mets bien des parenthèses,
12:50 parce que les statuts d'expatrié sont de plus en plus rares,
12:52 mais il part dans un pays étranger pour soit développer sa boîte,
12:55 diriger une filiale, et globalement, on lui fait quand même comprendre
12:58 qu'il a quand même un terrain de jeu à conquérir
13:00 et qu'il n'est pas là uniquement pour découvrir la vie politique et sociale.
13:03 C'est utile pour le business aussi de jouer cette carte-là ?
13:07 - Oui, c'est très utile, mais en réalité, par rapport à votre question, Arnaud,
13:10 moi, ce que j'ai envie de dire, c'est que l'expatrié, lui,
13:13 a priori, tout va bien se passer pour lui.
13:15 Il va être accompagné, il va être préparé.
13:17 - C'est la famille. - Il va être cocooné.
13:19 En revanche, ce qui risque de rester un peu à la traîne,
13:21 c'est effectivement la famille, le conjoint.
13:23 Alors, je ne dis pas l'épouse, parce que maintenant,
13:25 les choses sont déséquilibrées.
13:27 Mais vous connaissez le principe "happy life, happy wife".
13:30 - Oui, ça marche comme ça.
13:32 Et si le conjoint n'est pas pris en compte, si le conjoint...
13:34 Parce que souvent, moi, quand je suis partie en Russie,
13:36 j'ai démissionné de mon job. Je suis arrivée là-bas...
13:39 - Vous avez annoncé à votre mari que vous démissionniez.
13:41 - Oui, bien sûr. - C'est-à-dire par là, c'est un enjeu fort.
13:43 Je démissionne et tu vas venir avec moi.
13:45 - Et quand je suis arrivée en Russie, je l'ai suivie, je suis arrivée,
13:47 je n'avais pas de boulot, je repars de zéro dans mon parcours professionnel.
13:50 - C'est à vous de trouver qu'il était possible de faire quelque chose.
13:52 - Et pour le coup, rien n'a été prévu pour moi.
13:54 - Ce qui veut dire qu'effectivement, parce que je l'avais noté,
13:57 quelle est la place du conjoint, quelle que soit sa forme, d'une part,
14:01 et des enfants, comment est-ce qu'on organise la vie de famille,
14:04 dans quelle ville on va aller, comment stabiliser la famille, etc.
14:08 Donc, vous disiez comment on peut organiser la vie de famille
14:12 dans le cadre d'une expatriation qu'on veut comme réussie.
14:15 Si on ne réussit pas sa vie privée, on ne réussit pas correctement son expatriation.
14:21 Donc, ça c'est une première chose et c'est la raison pour laquelle
14:24 réussir sa vie privée est fondamentale si on veut réussir son expatriation.
14:27 - En creux, ça veut dire que l'épouse ou l'époux qui a suivi...
14:30 - Ou l'homme ou la conjointe.
14:32 - Ou la conjointe, ou la conjointe, qu'importe, celui qui n'est pas parti pour son emploi
14:35 mais a suivi son mari ou sa femme, lui doit aussi relever les manches
14:39 et s'immerger, s'engager, arrêter à faire le ménage toute la journée.
14:43 - Absolument. Il faut qu'il ou elle soit heureux dans cette aventure.
14:47 D'ailleurs, un certain nombre d'entreprises, et notamment aussi l'administration française,
14:51 je le dis, souvent essaient d'avoir ce qu'on appelle les doubles postes.
14:55 On offre un poste à monsieur et puis un poste à madame
14:58 parce que l'on sait bien que c'est aussi un frein à l'expatriation
15:02 de ne pas pouvoir offrir une affectation au conjoint.
15:06 Alors, ça n'est pas facile en fonction des postes que l'on occupe.
15:08 Mais après, il y a différentes façons de faire les choses.
15:11 Certains de mes amis, aux Etats-Unis, on en choisit pour soit recommencer les études,
15:16 soit pour écrire un bouquin, soit pour avoir une activité.
15:20 Et je connais même une expatriée qui est partie aux Etats-Unis.
15:24 Elle est rentrée, mais c'est monsieur qui a développé son business.
15:27 Mais ils sont toujours parfaitement ensemble.
15:29 - Vous sauriez, Jean-Claude, mais il y a quand même un enjeu aussi de risque de divorce.
15:33 Si le mari va vite et vous dites "oh oui, parce que j'ai vu qu'il y avait quand même des..."
15:37 Ça percute fortement la vie personnelle intime.
15:40 Parce que le mari ou la femme est la tête dans le guidon
15:44 parce qu'elle a besoin d'apprendre la langue, de se faire du réseau.
15:47 C'est x5 dans un pays étranger.
15:50 Et l'autre, il reste sur la touche à attendre le retour du compagnon ou de la femme.
15:54 - C'est exactement ça. L'expatrié, lui, est très occupé.
15:57 Il voyage souvent. - Il vit plein de choses.
15:59 - Ici, par exemple, quand il voyageait, ce n'était pas un aller-retour sur une journée.
16:02 Quand il partait à l'autre bout du pays, à Novosibirsk en Sibérie,
16:06 le voyage durait immédiatement trois jours.
16:08 Donc, l'épouse, ce que j'ai connu, c'était plutôt des épouses qui restaient à la maison.
16:12 Elle reste toute seule avec les enfants qui, eux aussi, ont...
16:15 - C'est la femme du pêcheur. - Oui.
16:17 Et donc, c'est compliqué. - Et donc, ça a des incidences dans le cou.
16:20 - Bien sûr, ça percute. - Ça peut avoir.
16:22 - Et il y a énormément de divorces. Ça, c'est certain.
16:26 D'autant plus que, pour ce qui est de la Russie, en tout cas,
16:29 les femmes russes appréciaient beaucoup les expatriés.
16:33 Non, mais c'est vrai. - Pourquoi ? Les raisons financières ?
16:35 - Oui. Et le passeport. - Et le passeport.
16:38 - Ça a changé, mais à l'époque... - Le sésame. - Oui, bien sûr.
16:41 - Donc, il fallait être vigilant des cocktails, pas trop de femmes russes, quoi.
16:45 - Les couples étaient malmenés. - Oui.
16:47 - Non, mais c'est un vrai sujet. - C'est pour cette raison que c'est au départ que ça se gère.
16:51 C'est au départ qu'il faut y réfléchir.
16:53 Il faut avoir sa stratégie en tête, savoir ce que chacun...
16:57 - La durée de son départ aussi. - La durée du séjour d'expatriation.
17:02 Vous disiez vie privée.
17:04 Quel que soit le couple, quel que soit l'élément du couple,
17:07 parce que ça aussi, ça a une incidence sur la stabilité du foyer,
17:09 pour ne pas se sentir isolé, il faut imaginer ponctuellement
17:12 de rentrer aussi en France pour retrouver ses racines,
17:15 pour retrouver sa famille, pour retrouver les siens,
17:18 et ne pas vivre un isolement, parce que psychologiquement, ça peut être difficile.
17:22 - Un mot, Caroline, sur les enfants, parce qu'on parle de l'épouse, du compagnon,
17:26 et on voit que ça crée des turbulences, mais il faut que l'école soit sécurisée,
17:29 parce que les enfants, eux, doivent rapidement, malgré tout, apprendre la langue.
17:33 Ce sont des expats. Eux aussi, ils doivent s'intégrer avec des copains d'école.
17:37 - Pour ma part, j'ai fait le choix de mettre mes filles à la maternelle russe en arrivant.
17:41 - Tout de suite ? - Tout de suite.
17:43 - Pour qu'elles s'immergent dans la langue ?
17:45 - Immerger immédiatement dans le bain de la culture russe, dans la langue.
17:48 Ça veut dire une rentrée des classes en septembre, au mois de décembre,
17:50 elles parlent les russes toutes les deux.
17:52 Mais ce n'était pas simple, parce qu'en réalité, dans les maternelles russes,
17:55 les enfants ne boivent pas d'eau, ils boivent du thé.
17:58 Mes filles ne buvaient pas de thé, donc elles finissaient la journée totalement déshydratées.
18:01 Et je ne savais pas pourquoi au départ, parce qu'elles ne me le disaient pas.
18:04 Elle m'a demandé de partir avec une bouteille d'eau, et je lui ai demandé pourquoi.
18:07 Et là, elle m'a dit "parce que dans la journée, ils ne me donnent que du thé, et moi, je n'en bois pas".
18:11 Donc des petites choses comme ça, très bêtes, mais en réalité, ça a son importance.
18:15 - Vous, Jean-Claude, excusez-moi, parce que là, on a compris que Caroline était revenue en France,
18:18 et que je pense que la Russie, c'est derrière vous.
18:21 Mais dans votre relation avec ce pays, les Etats-Unis,
18:24 on voit l'amour que vous portez aux Etats-Unis.
18:27 Vous êtes déchiré en permanence entre ces deux pays ?
18:29 - Alors, moi, je ne suis pas déchiré, j'ai des enfants qui ont continué.
18:33 Vous voyez, de réflexes qu'on avait.
18:36 Je me souviens, pour faire, pour être, finalement, pour ne pas vivre,
18:40 il faut rester français et ne pas vivre en français.
18:44 Il faut aussi se mettre dans le bain.
18:47 Je me souviens de mon fils qui allait à l'université,
18:50 qui était, il y avait plusieurs heures d'aube,
18:52 et il me demandait si je partais le conduire à l'université en voiture,
18:57 5 heures allées, 5 heures retours.
18:59 Et je me souviens lui avoir dit "écoute, tu feras comme tous les jeunes américains,
19:02 je ferai comme tout jeune père américain,
19:04 je vais t'emmener à la station Greyhound,
19:06 et puis tu vas prendre ton baluchon, tu vas y aller, machin,
19:10 et voilà, c'est comme ça que ça se passe.
19:12 - Et il a fait donc le bus, il a fait quoi le train ?
19:14 - Il a fait le bus, il m'a expliqué que c'était un peu galère,
19:17 parce qu'aux Etats-Unis, les transports en commun sont parfois galères,
19:20 mais finalement, avec le recul, il me dit "c'était génial,
19:23 parce que j'ai rencontré des gens que je n'aurais pas rencontrés
19:26 si j'étais confortablement en voiture,
19:28 et nous nous efforçions d'aller aux rentrées universitaires,
19:32 les fameux "freshmen", il y avait des fêtes,
19:35 c'est un moment convivial, et puis les jeunes s'installent, etc.
19:40 Donc oui, les remises de diplômes,
19:43 et puis les gamins étaient tellement heureux dans la rue,
19:47 les félicitations parce qu'on est diplômés.
19:50 - Ce qu'on n'a pas en France, il y a des remises de diplômes,
19:52 mais ce n'est pas aussi fort.
19:54 - Donc c'est vraiment, moi je n'imagine pas,
19:56 et quel que soit le pays, parce que j'ai aussi vécu
19:58 dans d'autres pays autres que les Etats-Unis,
20:00 on vient là pour connaître et pour s'enrichir de l'autre.
20:05 - Mais côté "your side", "recruiteur",
20:07 vous allez jusqu'à dire à la personne que vous avez en face de vous,
20:10 qui cherche un accompagnement, est-ce que votre couple est stable ?
20:14 C'est quand même une question préalable,
20:16 il y a quand même une vérification du couple,
20:19 parce que sinon le monsieur va dans le mur,
20:21 ou la femme va dans le mur.
20:22 - On ne va pas poser la question de cette façon-là,
20:25 pas aussi explicitement, parce qu'on n'a pas le droit
20:27 de poser des questions privées,
20:29 mais évidemment qu'on va quand même un minimum tenter de s'assurer
20:32 que l'infrastructure déjà va suivre,
20:36 et puis qu'il y a un relatif équilibre dans le pays.
20:39 - Déjà on vous pose des questions, le candidat vous demande,
20:41 vous sentez tout de suite les choses,
20:43 le candidat va vous demander, est-ce que vous pensez
20:45 que son conjoint ou sa conjointe peut trouver un emploi,
20:48 la grandeur de l'appartement, donc sans entrer dans l'intimité,
20:52 mais vous avez un profil, c'est pas la même chose
20:54 quand on est tout seul sur deux ou trois pièces,
20:56 quand on a une grande famille...
20:57 - On reste ou on reste pas quand on est expat,
20:59 c'est une question un peu débile, mais quand on est expat,
21:01 on sait qu'on va rester trois ans en poste, ou cinq ans, on revient.
21:03 Est-ce qu'il y a des gens qui disent, moi écoute,
21:05 je me sens tellement bien dans ce pays que je ne reviens pas ?
21:07 - Oui, il y a des gens qui restent, alors ce qu'ils font,
21:08 c'est que comme en général le contrat d'expatrié,
21:10 vous le diterez justement, a une période limitée,
21:12 dans ces cas-là, les personnes passent en contrat local,
21:14 ce qui a quelques conséquences évidemment sur le plan financier,
21:16 sur le plan logistique.
21:17 - Mais ils aiment tellement qu'ils acceptent.
21:19 - Voilà, exactement, il y en a beaucoup.
21:21 - Je voudrais quand même préciser, je rappelle que lorsqu'on est étranger,
21:23 on n'est jamais qu'étranger chez l'autre,
21:25 et que pour une raison ou pour une autre,
21:27 à tout moment, on peut vous demander de rentrer en France,
21:29 et nous l'avons déjà dit sur ce plateau,
21:31 bien vivre son expatriation,
21:35 ou le fait d'être étranger à l'étranger,
21:38 c'est de toujours avoir le plan B,
21:40 et d'anticiper par exemple les questions de retraite,
21:43 moi je travaille beaucoup avec les Français qui vivent à l'étranger,
21:46 il y a aussi un peu de pauvreté dans certains pays,
21:49 parce qu'on n'a pas anticipé, on n'a pas prévu,
21:51 et il y a des pays pour lesquels, une fois que vous avez perdu votre emploi,
21:54 on vous dit "on est désolé pour vous, mais rentrez chez vous".
21:57 - Le fameux plan B dont on parle beaucoup ces derniers temps.
21:59 - Et la préparation du retour dont on parle aussi.
22:01 - Toujours penser au retour.
22:03 Merci Caroline Galliard, partenaire chez Yourside,
22:05 entre autres en charge des sujets d'expat,
22:07 mais aussi plus largement du recrutement,
22:09 et merci à Jean-Claude Bloujour, vous l'aurez compris,
22:11 avocat international, qui est un peu les deux,
22:13 mais qui est surtout très français.
22:15 - Avec un seul passeport.
22:17 - Avec un seul passeport, non mais c'est important de savoir,
22:19 parce que vous êtes tellement attaché à ce pays,
22:21 qu'un seul passeport met un amour pour ce pays.
22:23 Les Etats-Unis, avocat international en droit des affaires,
22:26 merci de nous avoir rendu visite,
22:28 et de nous avoir fait partager vos expériences personnelles.
22:30 Merci à vous deux.
22:32 On tourne une page, fenêtre sur l'emploi,
22:34 et j'accueille mon invité.
22:36 (Générique)
22:48 Fenêtre sur l'emploi, et on termine par un sujet
22:50 dont on a beaucoup parlé ici sur le plateau,
22:52 la situation professionnelle des infirmiers libéraux et hospitaliers.
22:57 Ils ont tous les deux des revendications et des besoins,
23:00 et même des souffrances au travail, on en a parlé sur ce plateau.
23:02 Alexis Bataille, Imbert, merci d'être avec nous.
23:05 De profession, vous étiez, je parle à l'imparfait, infirmier.
23:09 Aujourd'hui, vous êtes le co-rédacteur d'un rapport
23:11 sur la santé des professionnels de santé,
23:13 remis à l'ancienne ministre de la Santé,
23:15 madame Agnès Firmin-Lebaudot.
23:17 Et puis, se profite, dans plus d'un mois maintenant,
23:20 ce grand salon des infirmiers, on l'appelle comme ça ?
23:23 C'est ça, salon infirmier.
23:25 Et au milieu de ça, vous, vous avez mené un parcours assez incroyable,
23:29 parce que vous avez démarré au plus bas de l'échelle,
23:31 au sein de l'institution militaire, si je ne m'abuse,
23:33 pour devenir infirmier, et puis peut-être ouvrir les yeux sur quoi ?
23:37 Sur les souffrances, sur les difficultés du métier,
23:39 sur le manque de reconnaissance ?
23:41 C'était tout ça qui vous a poussé à écrire ce rapport ?
23:44 En fait, la genèse de ce rapport, c'est de se dire tout simplement
23:46 que les professionnels de santé, aujourd'hui,
23:48 pour prendre soin des autres, il faut d'abord prendre soin de soi.
23:50 Mais quid des urgences, des grands besoins ?
23:53 Et puis surtout, le sujet en filigrane,
23:55 lorsqu'on parle du sujet de la santé des professionnels de santé,
23:57 c'est aussi celui de la santé des femmes,
23:59 puisque la plupart des soignants, en fait, sont des soignantes.
24:02 À partir de là, Philippe de Normandie, chirurgien,
24:04 Marine Kresge, lui, médecin généraliste libéral à Marseille,
24:07 puis moi, on a bossé sur ce sujet,
24:09 en essayant non pas de réinventer la roue,
24:12 il ne s'agissait pas d'inventer de nouveaux dispositifs,
24:14 mais de s'appuyer sur ce que le terrain pouvait dire de mieux,
24:17 et on a mené une grande consultation nationale.
24:20 De quoi ont-ils besoin ?
24:22 Alors, effectivement, ce sont souvent des infirmières,
24:24 et il y a aussi des hommes qui travaillent dans ce milieu,
24:26 mais principalement des femmes.
24:28 C'est quoi leur besoin ? De quoi elles ont besoin ?
24:30 On les a vues pendant le Covid, on les a applaudies,
24:32 mais elles, elles souffraient. C'est quoi leur besoin ?
24:34 Alors, nous, nos deux grands axes,
24:37 c'était la santé physique et la santé psychique.
24:39 À partir de là, les grands besoins qu'ils assignent,
24:41 c'est d'abord sur le plan de la santé physique,
24:43 c'est des troubles musculosquelettiques très importants,
24:46 parce que la plupart de ces métiers,
24:48 notamment chez les infirmiers, sont des métiers très physiques.
24:51 En réa, à faite huit.
24:53 La station debout prolongée, le port de charge lourde,
24:55 que ce soit des patients ou du matériel de soins,
24:59 c'est également l'épuisement professionnel
25:02 qui pèse sur la santé physique,
25:04 mais qui fait le lien également avec la santé psychique,
25:06 puisque cet épuisement professionnel
25:09 peut conduire dans certains cas à des situations de burn-out.
25:12 Et dans notre panel interrogé,
25:13 donc près de 50 000 professionnels de santé,
25:15 plus de la moitié estiment avoir vécu
25:17 au moins un épisode de burn-out dans sa vie professionnelle.
25:20 Mais ça veut dire, Alexis, que tout ça est prolongé
25:22 parfois après le burn-out ou dans des situations de dépression
25:25 à une démission.
25:26 On a vu des vagues de démissions à l'hôpital
25:29 et on voit aujourd'hui des infirmières libérales
25:31 qui disent qu'on n'en peut plus, c'est très dur
25:34 et on est très peu rémunérés pour le travail que l'on fait,
25:36 parce que c'est une des revendications des infirmières libérales.
25:39 On est quoi, dans la grande démission des infirmières ou pas ?
25:42 Je pense qu'on doit essayer de se limiter à l'infirmière bashing
25:45 en disant que tout va mal
25:47 et que cette profession est complètement pourrie
25:50 et qu'il faut justement ne pas s'engager,
25:52 puisqu'on assiste aussi quand même à un désengagement profond
25:55 des jeunes vers ces métiers,
25:57 parce que l'actualité fait peur
25:59 et l'image sociétale qu'on renvoie de ces métiers
26:02 est absolument catastrophique.
26:03 On doit quand même dire à ces jeunes que ces métiers sont beaux
26:06 et qu'il y a de belles carrières qui peuvent se profiler.
26:09 En revanche, il faut être en capacité de dire
26:11 quels sont les avantages, mais aussi les inconvoyants de ces métiers.
26:14 Mais c'est le salaire qui pêche ?
26:15 Parce qu'il y a eu quand même le Grenelle,
26:16 les salaires ont été augmentés.
26:17 Dans notre consultation nationale,
26:19 les verbatims nous ont fait remonter que,
26:21 effectivement, la rémunération était un sujet,
26:23 comme pour plein d'autres professions,
26:25 mais qu'il y avait un sujet à la fois d'organisation de travail,
26:28 d'équilibre privé-professionnel,
26:30 de formation, d'évolution, de lisibilité des parcours,
26:33 mais aussi, et ça je pense que c'est important de le souligner,
26:36 de la place dans la société que ces professionnels de santé
26:38 peuvent avoir.
26:39 Leur reconnaissance.
26:40 Leur reconnaissance.
26:41 Et aujourd'hui, et l'actualité nous le rappelle,
26:43 les violences qui sont faites aux infirmières notamment
26:46 sont un marqueur de cette image qu'on peut avoir
26:49 vis-à-vis des infirmières,
26:51 qui doit s'éloigner de l'image de la vocation
26:53 et du dévouement tel qu'on peut l'avoir connue
26:57 pendant de nombreuses années,
26:58 parce que la culture et l'histoire de cette profession
27:00 est quand même inscrite dans la vie religieuse,
27:02 mais aujourd'hui, et comme je le dis assez régulièrement,
27:04 les soutanes et les cornettes sont rangées
27:06 depuis très longtemps,
27:07 et une infirmière c'est une professionnelle de santé,
27:10 experte, qui met à disposition
27:12 d'une personne soignée des compétences,
27:13 qui a une formation scientifique de qualité,
27:15 et qui peut avoir des évolutions de carrière
27:18 qui sont extrêmement académiques
27:20 et qui doivent être valorisées aussi pour cela.
27:22 - On l'entend que ce salon infirmier et infirmière,
27:25 parce que c'est un métier,
27:26 est une manière de revaloriser ce métier
27:28 et de dire que c'est un beau métier.
27:30 Est-ce qu'elle souffre aussi de la bureaucratie ?
27:32 Il y a eu beaucoup de débats pendant le Covid
27:34 de l'ARS, de fonctionnaires un peu technocratiques,
27:37 très éloignés de la réalité du terrain.
27:39 Vous avez exercé ce métier.
27:41 Est-ce qu'on ne peut pas comme ça
27:42 un peu réconcilier ce métier avec son administration ?
27:45 - La vie d'un soignant de façon générale, déjà,
27:49 est très administrative,
27:50 parce que, tout simplement,
27:52 les process, la qualité, la sécurité des soins
27:54 exigent qu'on remplisse un certain nombre de process
27:57 qui pèsent sur le cœur de métier.
28:00 Aujourd'hui, je crois qu'il est grand temps
28:02 de redonner du temps de soins aux soignants,
28:04 parce que les professionnels de santé
28:07 et les infirmières en tête
28:08 ne s'engagent pas pour remplir des formulaires administratifs,
28:11 mais s'engagent pour prendre soin des autres.
28:14 - Merci Alexis Bataille.
28:15 Albert, allez jeter un oeil et lisez ce rapport,
28:18 co-rédacteur du rapport sur la santé
28:20 des professionnels de santé, c'est octobre 2023,
28:22 et allez vous rendre au Salon Infirmiers,
28:25 ce sera...
28:26 - 21-23 mai, à Paris Expo, Porte de Versailles.
28:28 - Porte de Versailles, c'est une adresse
28:29 que tout le monde connaît.
28:30 Allez voir, et peut-être que des vocations vont naître aussi,
28:33 parce que c'est tout l'intérêt aussi.
28:34 - Pas des vocations, des engagements.
28:36 - Voilà, on revient toujours à la sémantique religieuse,
28:39 des engagements, je l'entends.
28:40 Merci de nous avoir rendu visite.
28:42 Merci à vous, l'émission est terminée.
28:44 Merci de votre fidélité, évidemment.
28:46 Merci pour vos messages, vos réactions sur les réseaux sociaux.
28:48 Merci à toute l'équipe.
28:49 Merci à Angèle à la réalisation.
28:51 Merci à Saïd Ausson.
28:52 Merci à l'équipe de programmation, Nicolas Juchat et Annaëlle.
28:55 Merci à vous, et je vous dis à très très bientôt.
28:57 Bye bye.
28:58 ♪ ♪ ♪