[#Exclusif] Interview de Jeff François Elle Ngomo sur le déguerpissement des populations à Plaine Oréty

  • il y a 5 mois
[#Exclusif] Interview de Jeff François Elle Ngomo sur le déguerpissement des populations à Plaine Oréty

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00:00 Je m'appelle Jeff François Elengomou, je suis le porte-parole du collectif des populations de Pleine-Huriti menacées de déguerpissement.
00:16 Comme tout le monde l'a suivi à travers la presse, le Premier ministre est allé donner un document, un dossier bien ficelé au président de la République pour le démarrage des travaux sur le site de Pleine-Huriti où nous résidons.
00:35 Dans sa déclaration, il a parlé des squatters, il a parlé que nous n'avons pas le droit d'être là et que l'État en manque de locaux et veut faire une cité administrative.
00:54 Le principe ne nous fâche pas parce que nous savons tous que l'État est le maître des terres, le gestionnaire exclusif des terres.
01:08 Mais c'est le terme squatter qui nous choque parce que Pleine-Huriti c'est quand même une agglomération qui existe depuis très longtemps.
01:21 Dans les années 40, les autochtones de la zone, c'est-à-dire les Mpongwe et les Sékiani, les Bakota faisaient de la chasse sur cette zone de Pleine.
01:31 Et dans les années 50, début 60, les faussoyeurs qui travaillaient au cimetière des prêtres à l'espace actuel du supermarché Mbolo ont conçu les premières cabanes à Pleine-Huriti.
01:50 En 1962, en 1960, dans les années 70 avec les deux boumes pétroliers, la plupart des chantiers qui sont nés autour de la vallée Sainte-Marie,
02:02 tels que l'université dans les années 70, le boulevard Triomphal, l'avenue Jean-Paul II, le ministère des affaires étrangères et tous les équipements, les infrastructures de la zone ont réuni beaucoup d'ouvriers.
02:18 Ce sont ces ouvriers à la décennie 70 qui ont vraiment densifié le quartier Pleine-Huriti.
02:23 Donc ça voudrait dire que nous sommes là, ça a toujours été notre village.
02:27 Nous ne savons pas pourquoi on peut parler de nous des squatters, parce que nous n'avons rien squatté.
02:37 Nous avons toujours vécu là. Il n'y avait pas un projet de l'État là, c'était une forêt, tout le monde le sait.
02:44 Alors c'est en 1974 que l'État a commencé à avoir des projets, et ces projets étaient bien spécifiques.
02:53 C'était des îlots que l'État voulait prendre, il délogait les populations pour aller les loger à la cité d'Amas.
03:01 Donc d'autres populations sont restées. En 1994, on a encore délogé d'autres.
03:09 Il y avait encore un autre projet en 2014, mais qui a échoué.
03:14 Donc en 1974, lorsqu'on a délogé les gens, certaines personnes ont été indemnisées sans leur donner des terrains.
03:23 Ces personnes-là, faute d'un circuit de vente de terrain, étaient obligées de revenir là.
03:30 Parce qu'avec l'argent qu'ils ont reçu, ils ont cherché un peu partout pour avoir un lopin de terre, ils ne l'ont pas trouvé.
03:36 Et pour ne pas continuer à louer alors que l'argent est fini, ils sont revenus dans l'ancien site.
03:43 C'est vrai, c'est peut-être cette petite fourchette de personnes, ils ne sont même pas 10% de la population de Plain-de-Routy,
03:51 qui sont venus dans leur espace.
03:54 Donc on ne peut pas traiter tout un quartier qui a plus de 1500 ménages, que nous sommes des squatteurs.
04:02 Je vous ai dit d'emblée, tout au début, que nous ne sommes pas contre le projet de l'État.
04:09 Qui peut être contre le développement de sa ville ?
04:13 Vous savez, ça fait mal quand vous allez à l'étranger, vous voyez comment les choses s'organisent.
04:18 Et quand vous arrivez chez vous, c'est vraiment... on tourne en rond.
04:23 Ce que nous demandons à l'État, c'est de suivre également l'exemple de ce qui se passe ailleurs.
04:28 Lorsque vous allez, par exemple, vous voyez un peu comment on a créé des villes d'Abou Dja et de Yamoussoukro.
04:37 C'est parce que Lagos, au Nigeria, la capitale Lagos au Nigeria était saturée.
04:42 On a dû enlever les ruralités de la ville de Lagos pour aller les installer dans la nouvelle ville, Abou Dja.
04:51 C'est la même chose qu'on a fait en Côte d'Ivoire.
04:54 C'est ce que nous demandons à l'État.
04:56 Et surtout que le président de la transition, Oligi, a eu une idée ingénieuse de créer Libreville 2,
05:05 que les gens n'ont pas pu faire depuis des années.
05:07 Nous, à plein Odi, avant même qu'on parle de ce projet-là, on commençait déjà à rêver.
05:15 Donc nous disons que nous voulons partir, mais respectons un peu les droits.
05:25 Parce que c'est vrai que nous n'avons pas de titre foncier, mais nous sommes des Gabonais.
05:29 Il y a le droit, il y a quand même des droits.
05:32 Parce que quand vous regardez le préambule de la constitution dans son article 1 à l'inéadis,
05:41 on dit que toute personne a droit à la propriété.
05:47 Nous sommes des Gabonais, c'est l'État qui doit nous loger.
05:50 Moi, là où je suis, c'est mon père qui était là.
05:53 Alors, il est parti, je l'ai succédé.
05:57 Moi aussi, j'ai plus de 50 ans, je m'en vais.
06:00 Voilà une génération de Gabonais qui se succède sur un espace dont l'État ne leur promet même pas un avenir radieux
06:08 en ayant un espace de terre où ils peuvent vivre comme tout Gabonais chez eux.
06:15 C'est ça qui nous préoccupe.
06:17 Nous ne sommes pas contre le projet du président Oligi.
06:21 Au contraire, on voudrait bien nous lancer là-dedans.
06:24 On veut s'approprier ce projet-là pour que le président de la République fasse tout
06:31 pour créer les conditions d'un relogement acceptable, sécurisé.
06:36 Donc, c'est un peu ça.
06:38 Nous ne sommes pas là pour créer une polémique inutile.
06:41 Mais ce que nous refusons, c'est de vouloir faire croire à l'opinion que nous sommes des squatters,
06:46 nous avons pris l'argent de l'État et qu'on s'est entêtés, on est restés là.
06:50 Il faut vite qu'on corrige.
06:52 Parce que nous connaissons la rigueur du premier ministre.
06:56 C'est quelqu'un dont on a été inspiré par un dossier qu'il a lu.
07:01 Donc, nous connaissons la rigueur de ce monsieur-là.
07:05 Il a certainement été mal briefé.
07:08 C'est pour ça que nous demandons à ce Gabonais-là, à ce monsieur intègre,
07:14 au président de la République, de trouver une solution pour nous.
07:17 [Générique]

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