• il y a 7 mois
Avec Charles Joseph-Oudin, avocat au barreau de Paris

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##C_EST_DANS_L_ACTU_8-2024-04-28##

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Transcription
00:00 Androcur, reconnaissez, retenez bien ce nom en tout cas, c'est un médicament qui était considéré comme
00:07 miracle, qui aurait provoqué des tumeurs chez des milliers de malades, alors des tumeurs parfois
00:12 bénignes. C'est un médicament qui était notamment donné pour traiter l'acné ou alors la chute de
00:17 cheveux ou l'apparition de poils à hirsut, parfois même donné comme contraceptif, un médicament qui
00:23 a peut-être fait des victimes. On en parle avec notre invité Charles-Joseph Oudin, bonjour à vous.
00:27 Bonjour. Soyez le bienvenu sur Sud Radio, vous êtes avocat au Barreau de Paris et vous
00:33 représentez l'association Ama-VA qui regroupe 900 patientes atteintes de méningiome après la prise
00:41 de l'androcur. Est-ce qu'on est face à un scandale sanitaire pour vous ?
00:45 Incontestablement, on a là tous les ingrédients d'un scandale sanitaire majeur. D'abord beaucoup
00:53 de victimes, vous l'avez dit, des femmes qui souffrent de tumeurs à l'intérieur du cerveau,
01:00 qui peuvent créer des lésions neurologiques extrêmement graves, qui nécessitent d'être
01:04 opérées. Une responsabilité de l'État, du laboratoire Bayer notamment, mais d'abord une
01:11 responsabilité de l'État. C'est donc effectivement un scandale de santé publique majeure avec,
01:17 on en reparlera dans les procédures judiciaires, un retard extrêmement dommageable de l'information
01:23 qui n'a pas été communiquée en temps et en heure aux médecins et aux femmes qui ont continué à
01:29 être exposées à ce produit dangereux. C'est un médicament qui est donné depuis les années 80,
01:34 quand même, donc c'est un médicament quand même très répandu. On témoigne d'ailleurs le nombre
01:39 de patientes qui sont représentées dans l'association Ama-VA. Concrètement, à quoi
01:44 il servait ce traitement ? Pourquoi on le donnait ? C'est un traitement qui fait partie des hormones
01:50 de synthèse, de substitution qu'on donnait à des femmes qui souffraient, vous l'avez dit,
01:56 de problèmes de peau type acné, de problèmes d'irsutisme, c'est-à-dire de poils. C'est un
02:03 médicament de confort, certes important pour certaines des patientes, mais quand même un
02:08 médicament de confort. On a en réalité découvert que depuis 2004, il existait des doutes extrêmement
02:14 sérieux sur ce risque de méningiose. C'est-à-dire il y a 20 ans, 2004, c'est il y a 20 ans quand
02:21 même. Il y a 20 ans et il faudra attendre jusqu'en 2017-2018 pour qu'une information
02:27 soit correctement donnée aux patientes et aux médecins. En réalité, on a au cabinet pas loin
02:34 de 450 dossiers en cours de constitution, 50 expertises qui sont en cours, une vingtaine
02:40 terminées et nous avons saisi le tribunal administratif contre l'autorité de santé pour
02:46 faire juger la faute de l'état de l'autorité de santé qui n'a pas correctement exercé sa mission
02:53 de police sanitaire. Alors est-ce qu'aujourd'hui les médecins le prescrivent toujours ce médicament ?
02:58 Alors aujourd'hui ce médicament est toujours sur la liste des médicaments qui peuvent être
03:05 prescrits et nous espérons que les médecins le prescrivent moins parce que c'est un médicament
03:10 dangereux et en tout cas il faut le prescrire avec une bonne surveillance pour éviter ces
03:17 méningiomes qui ne sont pas anodins. C'est extrêmement problématique d'avoir une tumeur
03:25 qui peut faire la taille d'une orange à l'intérieur du cerveau. Donc nous avons engagé la responsabilité
03:31 de l'état et en parallèle nous souhaitons conduire une discussion avec le ministère de la santé pour
03:37 mettre en place un dispositif d'indemnisation comme ça a pu être fait dans d'autres scandales
03:42 sanitaires que nous connaissons bien y compris nous les citoyens, le Mediator, la Depakine.
03:48 Lorsqu'il y a une responsabilité de l'état un dispositif spécifique d'indemnisation doit être
03:55 mis en place pour venir en aide à ces femmes qui sont en réalité nos mères, nos tantes et nos
04:01 grands-mères. Alors on parle dans certains cas d'une multiplication par 20 du risque d'apparition de
04:08 méningiomes en cas de prise longue et régulière pendant plusieurs années de ce médicament. Ça fait
04:14 quand même une différence assez notable. Est-ce que l'information commence à circuler parmi les
04:18 médecins ou pas ? Alors le risque est effectivement très important. Imaginez si je vous dis vous
04:25 pouvez traverser la rue en fermant les yeux et vous avez 20 fois plus de chances de vous faire
04:30 écraser. Assez naturellement vous ouvrez les yeux et vous ne traversez pas la rue les yeux fermés.
04:34 Donc c'est un risque extrêmement grave qui d'ailleurs pose la question de la pertinence
04:41 de la prescription. Le jeu en vaut la chandelle. Ensuite s'agissant de l'information il y a
04:48 eu un véritable travail qui a été fait notamment grâce à l'association AMAVEA et à sa présidente
04:54 madame Mignaton qui fait tout ce qu'elle peut, l'association, la présidente, mais aussi les
04:59 autorités de santé pour informer. C'est essentiel que les médecins s'interrogent sur la pertinence
05:05 d'une prescription. Quelle est l'avis aujourd'hui des patientes qui ont été atteintes de méningiomes
05:11 et qui sont notamment représentées dans cette association AMAVEA ? Les patients
05:18 représentés par l'association sont très agacés d'avoir été exposés à un tel produit. Surtout
05:24 on leur a pas dit depuis 2004 ou depuis 2008 qu'il fallait au minimum faire des examens
05:33 cérébraux pour vérifier qu'on n'avait pas de méningiome. On a des patientes qui sont opérées
05:38 dans les années 2015 d'un méningiome et à qui on continue de donner le produit et les méningiomes
05:45 réapparaissent. Donc les patientes sont furieuses et souhaitent aujourd'hui que le ministère de la
05:52 santé puisse ouvrir une réflexion sur ce dispositif qui sera de nature à réparer les
05:59 erreurs du passé et surtout d'éviter à tout prix de continuer de prescrire ce médicament.
06:04 Et quelle est leur vie quotidienne aujourd'hui, celles qui ont eu un méningiome et qui ont dû
06:08 être opérées ? Alors les méningiomes c'est une tumeur qui pousse à l'intérieur du crâne et qui
06:14 vient comprimer certaines régions du cerveau. Donc on peut avoir des atteintes neurologiques
06:19 qui apparaissent, qui vont varier selon la localisation du méningiome et par exemple si
06:25 ça pousse sur le nerf olfactif, on perd l'odorat. Si ça pousse sur les nerfs visuels, on va perdre
06:30 la capacité visuelle mais ça peut impacter la mémoire, ça peut créer des crises d'épilepsie,
06:36 ça peut impacter le moteur, c'est à dire la coordination des membres. Ce sont des méningiomes
06:43 qui peuvent être très gros et créer des lésions irrémédiables qui malgré l'opération laissent
06:48 des séquelles très importantes. Et une opération évidemment par définition très difficile à cet
06:52 endroit. Merci pour cet éclairage, on sera amené à en reparler je suppose sur Sud Radio. Charles
06:58 Joseph Houdin, je rappelle que vous êtes avocat au barreau de Paris et que vous représentez
07:01 l'association Amavea, qui a regroupe 900 patientes atteintes de méningiomes après la prise de ce
07:07 médicament, notamment le médicament AndroQ.

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