Les informés de l'europe 28.04

  • il y a 5 mois
Vers une défense nucléaire européenne ?

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00:00 (Générique)
00:05 Comme chaque dimanche, il est l'heure de retrouver les informés de l'Europe sur France Info, la radio et sur le canal 27 de la TNT avec François Baudonnet.
00:13 Bonjour François. - Bonjour Jean-Rémi.
00:15 - Rédacteur en chef de la rédaction européenne de France Télévisions. On vous retrouve le matin sur France Info TV pour décrypter l'actualité internationale.
00:21 Deux sujets cette semaine. Faut-il une défense européenne nucléaire ?
00:26 C'est Emmanuel Macron qui se dit prêt à ouvrir le débat, un sujet essentiel évidemment face notamment à la menace russe.
00:31 Et puis on est à, rappelons-le, 42 jours des élections européennes. Nous allons dresser un bilan de l'activité du Parlement européen autour des cinq dernières années.
00:39 Cinq dernières années qui ont été quand même largement chargées avec de très nombreuses crises.
00:46 D'abord François, qui sont nos informés de l'Europe cette semaine ?
00:48 - Eh bien ce matin nous sommes avec Tam Tranuy qui est journaliste à Public Sénat.
00:53 Et également avec Laurent Marchand, journaliste spécialiste de l'Europe pour le quotidien Ouest France.
00:58 - Bonjour à tous les deux. Merci d'être là. On commence donc avec cette nouvelle déclaration,
01:02 déclaration chope du président de la République au sujet de la défense européenne, François.
01:07 - Oui alors c'est une nouvelle déclaration, vous l'avez dit, qui semble modifier la doctrine de la France en matière de défense.
01:13 Jeudi déjà, lors de son discours sur l'Europe à la Sorbonne, il avait évoqué la possibilité d'un bouclier antimissile.
01:20 Or jusqu'à présent, la France ne voulait pas d'un bouclier antimissile.
01:24 - Un projet allemand d'ailleurs.
01:25 - Exactement. Elle ne voulait pas intégrer le projet allemand Sky Shield.
01:28 Aujourd'hui, donc, dans un entretien publié par les journaux du groupe Ebra,
01:32 le président de la République se dit prêt à "ouvrir le débat" d'une défense européenne comprenant l'arme nucléaire.
01:39 - Alors vous savez que depuis le Brexit, la France est le seul pays de l'Union Européenne doté,
01:43 donc comme on dit, de l'arme nucléaire. Il y a des armes nucléaires ailleurs en Europe,
01:47 mais ce sont des armes de l'OTAN. Il y en a en particulier en Belgique, en Allemagne, aux Pays-Bas, en Italie,
01:53 mais ce sont des têtes nucléaires de l'OTAN. Donc ces pays ne pourraient pas décider de les activer seuls.
02:00 C'est une décision avec l'OTAN et donc avec Washington,
02:02 même si ces bombes se trouvent physiquement sous les ailes des chasseurs allemands ou italiens.
02:07 Et donc depuis le début de la guerre en Ukraine, la question se posait de savoir
02:09 si la dissuasion nucléaire française pourrait servir pour ses alliés.
02:13 Allez, on va prendre un exemple. Si l'Allemagne est attaquée, est-ce que la France utilisera ou non l'arme nucléaire ?
02:19 Là, il y avait de l'ambiguïté stratégique, donc pas de réponse.
02:22 Il semblait que oui, parce qu'effectivement, si les intérêts vitaux de la France sont menacés,
02:28 en fait, si les intérêts, je vais y arriver, vitaux de l'Allemagne sont menacés,
02:32 les intérêts vitaux de la France le sont par voie de conséquence.
02:34 Donc là, ce matin, et puis je vais terminer là-dessus, le président de la République va plus loin.
02:38 Ça pose en tout cas de nombreuses questions.
02:40 Est-ce que ce sera uniquement dans le cadre, un cadre européen, sans l'OTAN ?
02:44 C'est assez peu probable. Est-ce que ça sera dans l'OTAN ?
02:47 C'est très compliqué également. Est-ce que ça sera aux côtés de l'OTAN ?
02:50 C'est ce que semble dire Emmanuel Macron. Mais vous voyez, Jean-Rémi, ça pose énormément de questions.
02:55 Laurent Marchand de West France. Là, on est aussi dans de la politique.
02:58 On est dans une campagne. Donc évidemment, Emmanuel Macron, il pousse des sujets,
03:02 des sujets qui vont cliver. Ça, on le sait très bien.
03:04 Est-ce qu'on sait si, par ailleurs, il y a une demande de nos partenaires européens
03:07 d'être protégés par l'arme nucléaire française ou le bouclier de l'OTAN ?
03:11 Est-ce que ça leur suffit ?
03:12 Alors, une demande, le mot est un peu fort. C'est-à-dire que jusqu'ici, au contraire,
03:16 la plupart des partenaires européens de la France sont plutôt hostiles à ce sujet
03:21 et ont réaffirmé que leur engagement était au sein de l'OTAN
03:24 et que la dissuasion française n'était pas vraiment le parapluie qu'ils recherchaient.
03:28 Cela dit, cette question se pose de plus en plus.
03:31 C'est Emmanuel Macron qui l'explicite publiquement. Ça, c'est une vraie nouveauté de cette interview hier.
03:36 Mais néanmoins, le cadre stratégique et politique pose de nouvelles questions.
03:41 Il y a deux éléments nouveaux depuis deux ans. C'est bien sûr l'agression de l'Ukraine,
03:44 mais qui n'est pas uniquement l'agression de l'Ukraine,
03:45 qui est une agression sous couverture nucléaire par Poutine d'un pays qui n'est pas doté de l'arme nucléaire.
03:52 Ça pourrait être le même scénario dans les Pays-Baltes ou en Pologne.
03:55 Bien sûr.
03:56 Et l'autre information essentielle, c'est la perspective d'un retour de Donald Trump,
04:01 qui lui-même a déjà dit que si la Russie attaquait un pays de l'OTAN,
04:04 rien n'assurait qu'il viendrait en solidarité.
04:07 Donc cette nouvelle donne stratégique fait qu'on a un acteur agressif qui attaque sous couvert de sa propre dissuasion
04:12 un pays non doté et on a en face, qu'a-t-on en face ?
04:15 C'est ça la question que pose Emmanuel Macron. Elle est très compliquée.
04:19 En France même, il y aurait évidemment une levée de bouclier contre le fait de renoncer
04:23 à ce symbole majeur de la souveraineté.
04:26 Mais la question, elle, s'oppose, et je crois de manière un peu provocatrice,
04:29 comme il sait le faire dans son style.
04:31 Mais néanmoins, elle existe indépendamment du président Macron.
04:34 Tam Tranhuy, est-ce qu'on sait déjà comment en France cette déclaration,
04:38 cette idée est perçue par les oppositions notamment ?
04:40 On le sait parce qu'au mois de janvier, Emmanuel Macron avait eu une prise de parole
04:46 qui avait déjà été interprétée comme une inflexion sur le sujet de la dissuasion nucléaire.
04:50 Ensuite, l'Élysée avait dit que ça n'avait pas eu lieu.
04:52 Mais du coup, tout le monde avait déjà réagi.
04:54 Et on avait vu du côté du Rassemblement national cette levée de bouclier de façon très claire.
04:59 Et depuis, d'ailleurs, Marine Le Pen a dit qu'elle voulait que la dissuasion nucléaire française
05:02 soit inscrite dans la Constitution comme un droit inaliénable.
05:06 On avait eu aussi la réponse très, très claire de la France insoumise,
05:11 complètement opposée à toute modification de la doctrine dans la dissuasion nucléaire.
05:17 Et puis, après, on a des personnes qui ont des positions un petit peu différentes.
05:20 Par exemple, ce matin, sur votre plateau, David Cormand, qui est numéro 2 sur la liste écologiste,
05:26 a dit "au fond, ça ne change pas grand-chose ce que vient de dire Emmanuel Macron,
05:31 puisque finalement, il y a quand même une forme de solidarité entre les 27 à l'heure actuelle".
05:36 Donc, on voit bien qu'il y en a certains qui estiment que ça ressemble à ce qu'il avait pu dire par le passé,
05:40 ce qui n'est pas faux.
05:41 Emmanuel Macron avait déjà eu des prises de parole en disant
05:43 "les intérêts vitaux de l'Europe sont les nôtres, et ça depuis 2020".
05:48 François Pétain, vous connaissez bien les questions de défense.
05:50 Ça ne changerait vraiment rien de mettre en place un nouveau dispositif comme ça ?
05:54 Non. Alors, en fait, ce qui est étonnant, c'est qu'il y ait une déclaration publique aussi claire du président de la République.
06:00 Pourquoi fait-il ça, maintenant, publiquement ?
06:02 Après, ce qui... Aujourd'hui, par exemple...
06:05 On a la réponse à cette question. C'est parce que c'est la campagne. C'est pour cliver.
06:08 Oui, et peut-être pas uniquement, quand même. C'est dans un cadre peut-être un peu plus large.
06:11 Depuis quelques semaines, on a vu qu'il prenait des positions très dures sur la Russie.
06:15 On peut imaginer qu'il y a aussi un peu cet aspect-là.
06:17 Après, je crois qu'il y a deux types de pays en Europe.
06:19 Vous avez les pays, s'ils étaient attaqués, qui représenteraient une vraie menace pour les intérêts vitaux de la France.
06:24 Je parlais de l'Allemagne, mais il y en a d'autres, les grands pays proches.
06:27 Après, effectivement, on se pose la question, par exemple, qu'est-ce qui se passerait si l'Estonie était attaquée ?
06:31 Est-ce que l'Estonie, qui fait partie de l'Union européenne, qui fait partie de l'OTAN...
06:34 Est-ce que c'est un intérêt vital français ?
06:36 Est-ce que... Voilà. Donc, ça veut dire que s'il y a ce système qui se met en place,
06:40 si la France met à disposition son arme nucléaire pour l'ensemble des pays de l'Europe,
06:46 ça veut dire que même si l'Estonie ou la Lituanie est attaquée,
06:49 ça veut dire que la France, à ce moment-là, utiliserait son arme nucléaire.
06:53 Et là, eh ben aujourd'hui, on n'y est pas. C'est clair.
06:56 Laurent Marchand.
06:57 Oui, juste deux précisions. C'est que des discussions de très haut niveau ont déjà lieu entre Français et Allemands
07:02 sur comment faire évoluer ce dossier. Donc ça ne sort pas de nulle part.
07:06 Ça avait même été évoqué à la conférence sur la sécurité à Munich, il y a deux ou trois ans.
07:10 Et le deuxième point essentiel, au moment où Emmanuel Macron parlait à la Sorbonne,
07:13 le ministre polonais des Affaires étrangères, M. Sikorski, parlait, lui, devant le Parlement polonais.
07:19 Et il a pour la première fois engagé son propre pays vers ce qu'on appelle l'Europe puissance.
07:24 Donc on est dans une évolution du débat dictée par le contexte plus que par les propos d'Emmanuel Macron.
07:29 Tham Phran Nguyen, un dernier mot.
07:30 Oui, très rapidement, il y a le texte et il y a le contexte.
07:33 Le texte, c'est le même que ce qu'avait pu dire Hollande en 2015,
07:36 ce qu'avait pu dire Chirac en 1995 en parlant du Royaume-Uni,
07:40 qui à l'époque appartenait à l'Union européenne.
07:43 Mais le contexte a entièrement changé et c'est la raison pour laquelle on le commente autant aujourd'hui.
07:47 On va passer à la deuxième partie de cette émission.
07:49 Cette semaine, c'était d'ailleurs jeudi précisément, le Parlement européen a cessé ses travaux,
07:54 puisqu'on le sait, la législature dure cinq ans.
07:56 Cette législature qui reprendra avec le nouveau Parlement issu des élections européennes.
08:01 Donc ce sera en juin, en juillet prochain.
08:03 Cette législature, elle s'achève, François, elle n'a pas été de tout repos.
08:07 Non, alors c'est une législature qui a été marquée par de grandes crises.
08:11 Et moi, ce qui me frappe, si vous voulez, moi qui couvre l'Europe depuis quelques années maintenant,
08:15 c'est que la crise suivante est toujours plus forte que la crise précédente.
08:20 Alors, au cours de ces cinq dernières années, l'Europe a dû affronter la crise du Covid,
08:23 puis la guerre d'Ukraine, mais également la crise climatique, la crise migratoire.
08:27 Conséquence, depuis 2019, donc depuis cinq ans, le Parlement européen a voté des centaines et des centaines de textes
08:33 dans chacun de ces domaines.
08:35 Je vous propose d'écouter Roberta Metzola, la présidente du Parlement européen,
08:38 en ouverture de la dernière session plénière de cette législature.
08:42 Nous avons adopté une législation révolutionnaire sur l'intelligence artificielle,
08:47 une sur l'asile et l'immigration, d'autres sur le climat, sur la création d'emplois,
08:51 sur la sauvegarde de l'industrie et de l'agriculture européenne.
08:55 Nous avons adopté des lois européennes sur les nouvelles technologies,
08:58 sur les services et les marchés numériques.
09:00 Nous avons adopté des textes importants sur l'égalité et renforcer l'Europe sociale.
09:05 Alors voilà, ce sont des textes pour répondre aux crises venant de l'extérieur de l'Union européenne.
09:11 Mais au cours de ces cinq dernières années, le Parlement européen a dû également faire face à des crises
09:15 le touchant, on va dire, à l'intérieur, et en particulier avec des affaires de corruption présumées
09:19 et d'ingérence de puissances étrangères, comme le Qatar, et plus récemment, la Russie et également la Chine.
09:25 En résumé, Jean-Rémi, la législature 2019-2024 du Parlement européen a été à la fois la législature la plus dense,
09:32 mais aussi la plus agitée qu'ait connue l'institution.
09:35 Les informés, je vous donne la parole dans un instant pour parler de cette législature
09:38 et essayer de faire un bilan de ces cinq dernières années.
09:40 Mais pour l'heure, il est 9h50, c'est évidemment l'heure du Fil info de Diane Fersheet.
09:44 Eric Dupond-Moretti parle d'un dispositif totalement nouveau, le garde des Sceaux,
09:48 présente dans la tribune dimanche, deux mesures pour mieux lutter contre les réseaux criminels de narcotrafique,
09:53 la création d'un statut de repenti avec un changement définitif d'identité et une peine allégée,
09:59 ainsi qu'un nouveau parquet, le Parquet national contre le crime organisé.
10:03 Cette réforme doit être présentée en octobre prochain.
10:06 A Châteauroux, dans l'Inde, un adolescent de 15 ans meurt de plusieurs coups de couteau dans une bagarre.
10:11 L'agresseur présumé est suspecté d'être l'auteur d'une extorsion au couteau la semaine dernière,
10:15 affaire dans laquelle deux mineurs sont mis en examen.
10:19 En Israël, nouvelle manifestation des familles d'otages à Tel Aviv,
10:23 alors que le Hamas étudie toujours la contre-proposition d'Israël.
10:26 En vue d'une trêve, le Hamas a publié une vidéo montrant deux Israéliens enlevés le 7 octobre dernier.
10:32 Deuxième vidéo d'otages diffusée par le Hamas cette semaine.
10:36 Le sacre des Parisiens doit encore attendre une défaite de Monaco.
10:40 Ce soir à Lyon, le PSG a fait match nul face au Havre, trois partout.
10:43 Hier, la 31e journée de Ligue 1 de football qui se poursuit avec sept rencontres au total.
10:48 A noter aussi qu'à 21h, Lens se déplace à Marseille.
10:52 Retour sur le plateau des informés de l'Europe avec François Bodonnet,
11:06 avec Laurent Marchand de West France et Tam Tran Ngui de Public Sénat.
11:10 Tam, on va revenir un petit peu sur les crises dont parlait à l'instant François Bodonnet
11:15 sur les cinq dernières années. Crise internationale, crise sanitaire, crise commerciale,
11:19 des affaires de corruption en interne, le Qatar Gate, le Russia Gate, le China Gate.
11:23 Bref, est-ce qu'au-delà de tout ça, au fil des traités, on a désormais une institution européenne,
11:29 si on parle du Parlement, qui est malgré tout plus puissante qu'avant ?
11:33 Oui, indéniablement. Il suffit d'avoir quelques jalons historiques.
11:36 Dans les années 50, c'était un organe purement consultatif avec quelques dizaines de parlementaires.
11:41 En 1979, on a la première élection au suffrage universel direct.
11:45 C'est aussi de là que le Parlement européen tire sa légitimité.
11:49 Au fur et à mesure des traités, il a gagné en pouvoir.
11:53 Désormais, aujourd'hui, il est doté du pouvoir législatif.
11:56 Les co-législateurs d'eux-mêmes que le Conseil de l'Union européenne,
12:00 ils amendent, ils votent les taxes. C'est quand même un pouvoir essentiel.
12:04 Ils votent aussi sur le budget de l'Union européenne.
12:06 Ils votent enfin sur l'élection du président, actuellement la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen.
12:13 Voilà pour le côté vers à moitié plein, vers à moitié vide.
12:18 Par rapport à l'Assemblée nationale, aujourd'hui, il n'a toujours pas l'initiative parlementaire.
12:22 Donc, il ne peut pas proposer une loi. C'est uniquement la Commission européenne qui peut le décider.
12:26 Et puis aussi, on peut quand même parler de la dimension moins médiatique de ces parlementaires.
12:30 Leur voix ne porte pas de la même façon au niveau national.
12:33 Ce qui ne veut pas dire qu'ils ont pour autant moins d'influence.
12:36 Ça pourrait même être le contraire.
12:38 Moi, on parle de vous, plus on a d'influence au Parlement européen.
12:41 Vous voulez dire que les plus médiatiques, les eurodéputés les plus médiatiques,
12:44 ne sont pas ceux qui ont le plus d'influence ?
12:46 Absolument, c'est très clair.
12:48 Laurent Marchand, il y a eu des textes très importants.
12:51 On parlait de ce pouvoir du Parlement européen.
12:53 Des textes très importants dans les cinq dernières années.
12:55 Il y en a un que beaucoup de gens ont en tête, ou auront bientôt en tête.
12:59 En tout cas, c'est la fin des ventes de voitures neuves à moteur thermique en 2035.
13:03 Ça, c'est évidemment une révolution.
13:05 Mais on a l'impression que finalement, le politique européen avance très fort.
13:09 Et que néanmoins, peut-être que ça ne se fera pas.
13:11 Oui, vous avez raison.
13:12 La tendance peine un peu à suivre.
13:14 Et ça vaut pour d'autres sujets, d'ailleurs, y compris sur le numérique.
13:17 Ça va être l'application dans les prochaines législatures.
13:19 L'application de ces nombreuses décisions de la législature qui se terminent actuellement.
13:23 Qui va être le véritable enjeu de la prochaine législature.
13:26 Sur les moteurs thermiques, évidemment, tout le monde a compris.
13:28 Ça concerne tout le monde.
13:30 A priori, en 2035, il n'y aurait plus de vente de voitures à moteur thermique.
13:34 On peut en douter pour plusieurs raisons.
13:36 Faire une telle transition industrielle en moins de 15 ans paraît d'une ambition assez folle.
13:41 Et puis surtout, on a des signaux qui arrivent d'un peu partout.
13:43 Des constructeurs, des dirigeants politiques, des partis politiques.
13:46 Mais aussi de la Cour des comptes européennes.
13:47 Elle a publié une série de rapports dans lesquels elle dit qu'on n'est pas prêt.
13:50 Parce qu'il a fallu 11 ans pour que le premier règlement sur la réduction de gaz à effet de serre soit vraiment efficace.
13:56 On n'est pas prêt parce qu'il n'y a pas de plan sur toutes les énergies.
13:59 Le biocarburant, l'hydrogène alternative, en quelque sorte.
14:03 Donc tout ça est très lent.
14:04 Et puis surtout, il va y avoir une grande bataille qui concerne tout le monde.
14:07 Et je crois que tous les citoyens se posent la question.
14:09 Qui va payer cette transition ?
14:10 Avec la crainte, bien sûr, derrière cette question.
14:12 Est-ce que c'est moi qui vais payer pour refaire mes fenêtres, pour changer de voiture ?
14:16 Or, avec l'inflation et le sentiment de l'opinion publique actuellement,
14:19 on voit bien que cette transition trop brusque va susciter des réactions politiques.
14:24 Et les élections vont probablement être un des premiers symptômes.
14:28 Et puis les grands constructeurs européens, notamment les constructeurs allemands,
14:32 ne sont pas prêts pour ce virage.
14:33 Il faut savoir que les capacités de production de voitures électriques sont aux trois quarts dans les mains de la Chine.
14:38 Donc si on accélère...
14:39 – Qui est en train d'inonder le marché européen.
14:41 – Voilà, avec les meilleures intentions du monde, on peut faire une nouvelle faveur aux Chinois.
14:45 – François, ce que vient de décrire Laurent, une forme de retour en arrière,
14:49 en tout cas une crainte de retour en arrière,
14:51 est-ce qu'il y a d'autres textes, d'autres impulsions européennes qui pourraient être revues à la baisse ?
14:56 – Oui, d'ailleurs c'est très marquant, parce qu'on va dire depuis 6 mois, 1 an,
14:59 c'est difficile de dater exactement le début,
15:01 mais le Parlement européen a viré à droite,
15:04 sous la pression des opinions publiques, sous la pression des agriculteurs,
15:08 et bien sûr à l'approche des élections européennes.
15:11 Conséquence, il y a eu un coup de frein, ou carrément parfois des rejets des textes
15:15 du ce qu'on appelle le pacte vert européen,
15:18 par exemple sur les pesticides, ou encore un texte sur la restauration de la nature.
15:22 Et bien sûr, il y a aussi également, on va dire un retour en arrière,
15:26 sur la toute nouvelle PAC, la politique agricole commune.
15:28 Vous savez qu'elle était entrée en vigueur seulement début 2023,
15:31 donc en fait c'est tout récent, mais elle a déjà été modifiée,
15:35 justement pour calmer la colère des agriculteurs.
15:37 – François, en quelques mots, on a aussi la législature européenne
15:40 qui se termine sur le pacte asile-immigration.
15:43 – Oui, absolument, ça a été voté en toute dernière minute, il y a 15 jours,
15:47 ce sont des discussions qui ont chopé depuis 9 ans, avec deux piliers,
15:51 d'abord plus de contrôle aux frontières, avec plus d'expulsions également,
15:55 et puis aussi une forme de solidarité obligatoire entre les pays européens.
15:58 Alors là se posent les questions de son applicabilité,
16:01 c'est une usine à gaz en fait, et puis il y a des pays qui n'en veulent pas,
16:04 par exemple la Pologne, la Hongrie.
16:06 Ce pacte en plus sera mis en place en 2026, c'est-à-dire dans 2 ans seulement,
16:10 et d'ici là, rien ne dit qu'il n'aura pas été détricoté
16:13 par le futur Parlement européen.
16:15 – Je sais que la question de l'immigration, on en parle notamment beaucoup en France,
16:18 mais est-ce que ce sujet est un sujet important de campagne électorale
16:21 dans les autres pays en Europe ?
16:22 – Ça dépend où, ce n'est pas uniforme en Europe,
16:24 on a des pays où l'immigration arrive en tête des préoccupations,
16:27 c'est le cas par exemple en Allemagne qui paye le contre-coût
16:30 de sa politique d'immigration d'ouverture après la crise syrienne depuis 2015,
16:34 on le voit aussi aux Pays-Bas par exemple,
16:36 après les élections législatives de l'automne dernier
16:39 qui ont placé en position victorieuse le parti de Gerd Wilder,
16:43 c'est un extrême droite,
16:44 puis vous avez des pays où l'immigration est beaucoup moins
16:46 au cœur des préoccupations de la population,
16:48 on prend la Finlande, on peut penser qu'ils sont beaucoup plus préoccupés
16:51 par la guerre en Ukraine et une possible agression de la Russie aujourd'hui,
16:55 vous avez aussi par exemple la Roumanie, où ce n'est pas forcément le sujet numéro 1,
16:59 en France c'est important mais on est dans une position intermédiaire,
17:03 ça a été un sujet mouliné par les partis politiques à la rentrée,
17:07 mais finalement on a vu, il y a eu d'autres choses qui sont passées devant
17:10 depuis, la crise agricole, notamment le changement climatique, la guerre en Ukraine,
17:15 donc c'est un sujet important mais qui n'importe pas tout,
17:18 qui ne va pas faire l'élection dans son entier.
17:20 En tout cas cette élection, on la suit de très près dans les informés de l'Europe,
17:23 on rappelle la date des élections européennes ?
17:26 Le 9 juin et il y a un seul tour.
17:29 C'est important de le rappeler, scrutin de liste, un seul tour.
17:32 Voilà, proportionnel, et c'est la seule élection en France où il y a un seul tour, donc c'est important.
17:36 Merci beaucoup François Bodonnet, rédacteur en chef de la rédaction européenne de France Télévisions,
17:39 merci beaucoup Tam Tramuy de Public Sénat
17:42 et Laurent Marchand, journaliste spécialiste de l'Europe pour le quotidien Ouest-France.
17:45 Merci beaucoup d'avoir été les informés de l'Europe ce dimanche, merci.
17:50 - Merci.

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