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Xerfi Canal a reçu Philippe Silberzahn, professeur de stratégie et entrepreneuriat, emlyon business school, pour parler de la singularité et de la résilience.
Une interview menée par Jean-Philippe Denis.

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00:00Bonjour Philippe Silberzan, professeur de stratégie entrepreneuriat EMU Business School,
00:15auteur du blog philippesilberzan.com. Combien d'années maintenant ? 14 ans. 14 ans de papier,
00:23autant d'articles à lire ? 800 articles à peu près. Alors il y a un thème qui vous est cher
00:29en ce moment, c'est celui de la singularité et avec un axe que j'aime beaucoup, c'est
00:34singularité et résilience, c'est-à-dire le fait que la singularité finalement c'est sans doute
00:38la réponse, le ressort invisible vous dites face aux situations extrêmes. Alors peut-être d'abord
00:43vous avez une conception particulière de la singularité et brièvement c'est arrêtez de
00:47croire que vous êtes formidable, arrêtez de croire que vous allez devenir un leader exceptionnel,
00:50arrêtez de lire la littérature en développement personnel en gros. Oui alors je vais me faire
00:54plein d'émis donc je ne dirai pas ça. Vous allez créer la faillite des éditeurs. Non non je crois
01:00pas. La singularité ça vient de singulier, donc c'est l'idée qu'on a tous, alors individu comme
01:07organisation, parce que la lecture est la même, que l'enjeu en incertitude c'est pas d'aller
01:12copier les autres. L'enjeu en incertitude, enfin au sens large d'ailleurs, c'est de développer une
01:18réponse propre, une identité propre, chacun a une originalité, une différence et donc une
01:24identité propre. Donc la singularité c'est ça et c'est de dire que dans un monde incertain, ce qui
01:31est important effectivement c'est si on va copier les autres, un peu à peu, moi j'appelle ça des
01:36feux extérieurs, on se fait un peu grignoter par les feux extérieurs, c'est-à-dire que si on se sent
01:40fragilisé, on va se dire ah bah moi ce que je fais c'est pas bien mais ce que fait machin qui a l'air
01:44très sûr de lui c'est bien donc je vais faire pareil, ou j'ai lu dans un livre que je devais
01:48être un leader ceci cela donc je vais faire ça. Et donc on a tendance à se soumettre aux fausses
01:55évidences, à ces feux extérieurs. Et donc ça sonne faux. Voilà alors non seulement ça sonne
01:59faux bien sûr mais en plus ça alimente un cercle vicieux qui est que je me noie ou je m'invisibilise
02:06de plus en plus au profit de ces vérités extérieures et je deviens ce que Clément Rosset
02:11appelle un homme de papier, c'est-à-dire je crée une espèce de masque que je présente à l'extérieur
02:16et à l'intérieur il n'y a plus rien en fait donc c'est extrêmement nocif. L'idée c'est l'inverse c'est
02:21de dire non la singularité c'est alors de façon très sereine et très modeste c'est pas je vais
02:27écraser le monde de mon égo non c'est de dire j'ai une dimension singulière j'ai une identité
02:32propre par mon parcours par ma personnalité etc encore une fois pas de façon métaphysique ça
02:37peut être très très simple et je vais l'alimenter donc je vais avoir une réponse propre alors je
02:42peux m'inspirer de ce qu'il y a autour de moi bien sûr c'est une posture aussi d'ouverture pas
02:46d'écrasement mais ça doit pas non plus être dans l'autre sens il ne doit pas non plus être écrasé
02:49par les deux, ni je t'écrase ni je ne m'écrase et comme ça la singularité ça permet aussi parce
02:55que et ça c'est les psychologues dont l'on dit depuis très longtemps la seule chose vraiment
03:00stable et puissante en incertitude c'est quand tout le reste est incertain c'est qui nous sommes en
03:04fait c'est l'ancrage dont on a besoin et à partir duquel on peut je dirais vivre et survivre voire
03:11plus en incertitude. Alors c'est le point sur lequel je fais de réagir parce qu'évidemment quand ça va
03:16mal c'est un peu naturel d'aller chercher des réponses ailleurs et de voir ce qui a réussi et
03:21comment vous vous dites non non non non non surtout pas c'est cette singularité qui est la recense
03:25ultime face à l'adversité face aux situations extrêmes. Alors il y a quelqu'un qui a bossé sur
03:31ces situations extrêmes qui est le psychologue Gustave Nicolas Fischer et il a étudié des gens
03:36qui ont alors vécu dans des camps de concentration qui ont eu un traumatisme personnel qui ont perdu
03:41des proches en situation extrême comme celle qu'on a pu vivre pendant le covid et ce qui est
03:46très intéressant c'est qu'il dit que dans ces situations extrêmes on va aller côtoyer des
03:50ressources inconnues, inexplorées, insoupçonnées, qui au fond révèlent qui nous sommes vraiment. Et
04:00donc ce qu'on fait des gens qui ont réussi à passer ces événements extrêmement douloureux
04:05physiquement ou moralement c'est qu'ils sont allés chercher des ressources au fond d'eux-mêmes. Alors
04:12la flamme intérieure lui parle de ressort intérieur et c'est dans l'extrême qu'on côtoie qui on est
04:18vraiment. Alors donc c'est cette notion de ressort intérieur qui est très puissante qui peut être
04:24mobilisée donc la question c'est de dire mais pourquoi attendre l'événement extrême en fait
04:28et donc dans un contexte moins dramatique au long cours mais dans l'incertitude qu'on vit actuellement
04:35c'est de se dire pourquoi aller chercher à l'extérieur ce qu'on peut très bien avoir à
04:39l'intérieur. Voilà et donc on revient sur cette idée de l'identité, la singularité qui nous sommes
04:45individuellement ou en tant qu'organisation c'est cet ancrage qui peut nous servir à construire une
04:51réponse aux défis qu'on peut rencontrer aujourd'hui que ce soit sur nos marchés ou autres au sens le
04:57plus large. Bien sûr face à la litanie des appels au changement et révolutionnez-vous etc etc
05:04réinventez-vous etc. Exactement. Commençons à penser à rester soi-même. Exactement. Et aller
05:10de l'avant. Exactement. Merci à vous Philippe. Merci Jean-Philippe.

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